Pendant ce temps, au domaine de Mortelune…
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Re: Pendant ce temps, au domaine de Mortelune…
- C’est l’heure d’aller se battre. On va aller dans la forêt. Parce que c’est bien là bas.
L'esclave acquiesce, emboîte le pas à Eol. Ils passent par les cuisines, où Eol prend à manger et à boire. Puis ils sortent, pour rejoindre la forêt. Alors qu'ils arrivent à l'extérieur, des voix leur parviennent. Nïn reconnaît celle du baron. Elle espère qu'Eol et elle ne s'approcheront pas...
Ils vont jusqu'aux écuries, rejoindre le cheval d'Eol, sur lequel celui-ci la hisse. Elle a une pointe d'appréhension, mais Eol a dit qu'il allait l'entraîner au combat, pas à monter à cheval. Et le combat, il se trouve qu'elle s'y connaît un petit peu. Elle ne maîtrise pas d'armes, faute de l'entraînement adéquat, mais elle sait utiliser ses pieds et ses poings. Elle espère que ce sera une bonne surprise pour Eol. Il sera peut-être content d'elle.
Sauf... sauf qu'ils s'approchent maintenant des voix. Elle voudrait prier Eol de faire demi-tour. Lui demander de ne pas s'approcher du baron. De ne surtout pas s'approcher de lui. LA douleur encore présente dans son dos lui hurle de fuir, tout comme ses entrailles nouées. Mais ils s'avancent, et Eol interrompt même la conversation en cours pour lancer :
- Oh ! Bonjour Yawldaec. Je suis content que tu sois revenu me voir. Tu m’as manqué.
Nïn, qui avait les yeux baissés, les lève pour regarder à qui Eol s'adresse. Elle trouve ça étrange de le voir exprimer de la joie à voir quelqu'un... Puis elle comprend. Yawldaec est un centaure. Sans doute le centaure dont lui a déjà parlé Eol. Centaure qui était visiblement en train de parler au baron, et Nïn n'est pas certaine que celui-ci ait apprécié l'interruption d'Eol. Elle évite de le regarder. Ne pas attirer son attention. Et espérer...
Mais Eol s'approche du trio - un homme de Théoblad est là aussi - et se met à rire. Un rire joyeux. Qu'interrompt le baron :
- Eol ! Qu’est-ce que… Nïn ? Nïn… Non !
Si elle pouvait disparaître , la demi-elfe le ferait. Elle envisage même de se transformer et de partir en courant. Mais ils la rattraperaient. Ils la tueraient. L'once n'est pas souhaitable, mis à part pour Eol. Elle attend donc la suite, figée par la peur.
- Toi, le centaure, tu ne bouges pas d’ici. Eol, disparais de ma vue, je suis occupé. Nïn, tu viendras me voir ce soir, c’est un ordre.
Elle acquiesce. Elle n'a pas le choix. Elle a la sensation que ses entrailles forment un bloc. Elle peut à peine respirer. Jamais personne ne lui a autant fait peur. Son ancien maître était sévère, dur, c'est lui qui l'a dressée, lui a gravé dans sa chair sa condition... Et pourtant, si elle le respectait et le craignait, il ne l'emplissait pas de terreur. Il lui faisait mal pour la punir. Et il prenait garde à ne pas trop l'abîmer. Théobald lui fait mal pour lui faire mal. Et elle est certaine qu'il la tuerait sans problème. Qu'il la tuera. Qu'il va la tuer. Cette fois ou une autre. L'homme qui l'a dressée tenait à elle. Ce baron... elle a l'impression qu'il a déjà tué plusieurs de ses esclaves. Peut-être est-ce même simplement pour punir Eol qu'il lui fait mal ? Elle ne comprend pas bien. Tout ce qu'elle comprend, c'est qu'elle ne veut pas aller le voir ce soir. Mais elle y sera obligée.
Eol, quant à lui, ne semble pas atteint par la même crainte qu'elle. Le baron lui a ordonné de partir. Pourtant, il se rapproche encore du centaure, et tend la main, pour la lui passer dans les crins. Nïn se tend. Le baron ne va pas apprécier. Il lui a demandé de partir. Ils feraient mieux de disparaître. Eol ne ressent-il pas le danger que représente son demi-frère ? Elle le supplie intérieurement de partir. De les tirer de là. Mais il caresse ce centaure. Elle est tentée de fermer les yeux.
L'esclave acquiesce, emboîte le pas à Eol. Ils passent par les cuisines, où Eol prend à manger et à boire. Puis ils sortent, pour rejoindre la forêt. Alors qu'ils arrivent à l'extérieur, des voix leur parviennent. Nïn reconnaît celle du baron. Elle espère qu'Eol et elle ne s'approcheront pas...
Ils vont jusqu'aux écuries, rejoindre le cheval d'Eol, sur lequel celui-ci la hisse. Elle a une pointe d'appréhension, mais Eol a dit qu'il allait l'entraîner au combat, pas à monter à cheval. Et le combat, il se trouve qu'elle s'y connaît un petit peu. Elle ne maîtrise pas d'armes, faute de l'entraînement adéquat, mais elle sait utiliser ses pieds et ses poings. Elle espère que ce sera une bonne surprise pour Eol. Il sera peut-être content d'elle.
Sauf... sauf qu'ils s'approchent maintenant des voix. Elle voudrait prier Eol de faire demi-tour. Lui demander de ne pas s'approcher du baron. De ne surtout pas s'approcher de lui. LA douleur encore présente dans son dos lui hurle de fuir, tout comme ses entrailles nouées. Mais ils s'avancent, et Eol interrompt même la conversation en cours pour lancer :
- Oh ! Bonjour Yawldaec. Je suis content que tu sois revenu me voir. Tu m’as manqué.
Nïn, qui avait les yeux baissés, les lève pour regarder à qui Eol s'adresse. Elle trouve ça étrange de le voir exprimer de la joie à voir quelqu'un... Puis elle comprend. Yawldaec est un centaure. Sans doute le centaure dont lui a déjà parlé Eol. Centaure qui était visiblement en train de parler au baron, et Nïn n'est pas certaine que celui-ci ait apprécié l'interruption d'Eol. Elle évite de le regarder. Ne pas attirer son attention. Et espérer...
Mais Eol s'approche du trio - un homme de Théoblad est là aussi - et se met à rire. Un rire joyeux. Qu'interrompt le baron :
- Eol ! Qu’est-ce que… Nïn ? Nïn… Non !
Si elle pouvait disparaître , la demi-elfe le ferait. Elle envisage même de se transformer et de partir en courant. Mais ils la rattraperaient. Ils la tueraient. L'once n'est pas souhaitable, mis à part pour Eol. Elle attend donc la suite, figée par la peur.
- Toi, le centaure, tu ne bouges pas d’ici. Eol, disparais de ma vue, je suis occupé. Nïn, tu viendras me voir ce soir, c’est un ordre.
Elle acquiesce. Elle n'a pas le choix. Elle a la sensation que ses entrailles forment un bloc. Elle peut à peine respirer. Jamais personne ne lui a autant fait peur. Son ancien maître était sévère, dur, c'est lui qui l'a dressée, lui a gravé dans sa chair sa condition... Et pourtant, si elle le respectait et le craignait, il ne l'emplissait pas de terreur. Il lui faisait mal pour la punir. Et il prenait garde à ne pas trop l'abîmer. Théobald lui fait mal pour lui faire mal. Et elle est certaine qu'il la tuerait sans problème. Qu'il la tuera. Qu'il va la tuer. Cette fois ou une autre. L'homme qui l'a dressée tenait à elle. Ce baron... elle a l'impression qu'il a déjà tué plusieurs de ses esclaves. Peut-être est-ce même simplement pour punir Eol qu'il lui fait mal ? Elle ne comprend pas bien. Tout ce qu'elle comprend, c'est qu'elle ne veut pas aller le voir ce soir. Mais elle y sera obligée.
Eol, quant à lui, ne semble pas atteint par la même crainte qu'elle. Le baron lui a ordonné de partir. Pourtant, il se rapproche encore du centaure, et tend la main, pour la lui passer dans les crins. Nïn se tend. Le baron ne va pas apprécier. Il lui a demandé de partir. Ils feraient mieux de disparaître. Eol ne ressent-il pas le danger que représente son demi-frère ? Elle le supplie intérieurement de partir. De les tirer de là. Mais il caresse ce centaure. Elle est tentée de fermer les yeux.
Nïn- Elite
Re: Pendant ce temps, au domaine de Mortelune…
Yawldaec avait tous les sens en alerte. Non seulement la vue et l'ouïe mais aussi l'odorat. Il surveillait les phéromones de Théobald, cet Humain lui faisait peur, il voulait l'éviter autant que possible, et devait anticiper le moment où il chercherait à s'en prendre à lui. Tous les indices étaient donc bienvenus pour sentir l'imminence du danger. Alors qu'il reniflait, le Centaure sentit un cheval approcher. Comme tout Centaure, Yawldaec était très sensible aux phéromones des chevaux, plus qu'à celles des Humains. Il n'avait cependant pas le nez affûté d'un Homme-lézard pour vraiment faire attention à l'odeur du cavalier posé sur le cheval. C'est quand ses yeux s'en allèrent fugacement vers lui qu'il le reconnut : Eol !
Il ne sut sourire tout de suite en le voyant approcher. Apparemment, Eol l'avait entendu et sûrement reconnu... peut-être... Yawldaec l'espérait en tout cas. Sinon... tant pis, ce ne serait pas grave, Yawldaec n'était pas venu ici pour ça de toute façon. Il était venu ici pour aider Fyaln en retrouvant la trace de son amie ; subsidiairement, il avait très envie de discuter avec cette amie car elle avait une histoire intéressante pour lui.
Son attention ne manqua pas de revenir très vite sur Théobald. Yawldaec n'oubliait jamais que le danger venait de lui avant tout. Il ne devait pas se laisser distraire par Eol. Il venait de décliner l'invitation du baron à entrer. Loin de maîtriser l'étiquette dans la société humaine, il ne se doutait pas que cela pût paraître à ce point impoli. Il se doutait en revanche que cela contrarierait le baron. Ce dernier ne ferait pas ce qu'il voudrait de lui. Pas plus que la première fois, une dizaine de mois plus tôt.
THEOBALD – Tu ne « désires » pas entrer ?! Je ne t'ai pas demandé ce que tu dési...
Il se fit couper la parole par Eol, mais le peu de mots qu'il avait eu le temps de prononcer suffisaient à exprimer le genre de personnes qu'il était. Il méprisait les Centaures, et en entendre un utiliser le verbe “désirer” à la première personne lui était inacceptable. Yawldaec ne devait surtout pas entrer dans ce domaine, du moins pas tant qu'il aurait la certitude que Théobald ou ses soldats ne tenteraient rien contre lui.
EOL – Oh ! Bonjour Yawldaec. Je suis content que tu sois revenu me voir. Tu m'as manqué.
Eol venait de montrer qu'il reconnaissait Yawldaec. Théobald allait donc forcément se rappeler. Yawldaec ne pouvait pas en vouloir au jeune Demi-Drow, il était naturel de s'exclamer de la sorte, il ne pouvait pas savoir que Yawldaec espérait ne pas être reconnu par Théobald.
Eol affirma notamment que Yawldaec lui avait manqué. A l'inverse, Yawldaec ne pouvait honnêtement pas dire qu'Eol lui avait manqué, mais cela n'empêchait pas que ce fût un vrai plaisir de le revoir. Surtout, il avait l'air en bonne santé, malgré ce qu'il s'était passé lors de leur première rencontre. Avant qu'ils ne se séparassent, Eol avait craint que Théobald le punisse. Théobald l'avait forcément puni, mais sa rancœur n'avait pas duré des mois, puisque ce jour, Eol avançait librement à cheval et se portait bien.
Il y avait une femme avec lui sur le cheval. Yawldaec la renifla brièvement. Elle avait une odeur très douce. Aussi douce que celle d'Eol. C'était extrêmement rare de trouver des Humains avec une odeur aussi douce.
Eol se mit à rire gaiement. Etait-ce simplement du fait de revoir Yawldaec ? C'était un rire naturel, en tout cas. Un rire de joie. Eol avait l'air vraiment très heureux de revoir Yawldaec. Ca faisait plaisir à voir. Il laissa son cheval approcher du Centaure, tout près, et ce dernier se laissa renifler par l'animal.
THEOBALD – Eol ! Qu'est-ce que... Nïn ? Nïn... Non !
Evidemment, Théobald réagissait mal. Yawldaec ne s'était attendu à rien d'autre. Nïn, ce devait être le nom de la femme assise derrière Eol sur le cheval. Etait-ce une esclave ? Yawldaec ne savait pas si Théobald prenait autre chose que des Centaures en esclaves, mais ça ne l'étonnerait pas.
THEOBALD – Toi, le Centaure, tu ne bouges pas d'ici. Eol, disparais de ma vue, je suis occupé. Nïn, tu viendras me voir ce soir, c'est un ordre.
Yawldaec fronça les sourcils. Théobald parlait mal à Eol, encore une fois, et ce dernier allait probablement se laisser faire alors que ce n'était pas pour son bien. Si Yawldaec pouvait pousser Eol à se rebeller contre Théobald, ce serait une excellente chose. Il avait déjà eu l'occasion de voir qu'il en était capable. Quant à Nïn, ce n'était de toute évidence pas un soldat, alors de quel droit Théobald lui parlait-il ainsi ? Théobald ne méritait pas d'être un baron. Pour Yawldaec, déjà, “baron”, ça ne voulait rien dire. Il ne pouvait qu'essayer de faire l'analogie avec un chef de tribu. Et si Théobald était un Centaure – quelle drôle d'image – il ne mériterait pas d'être chef de tribu. Il ne méritait donc pas de donner des ordres à qui que ce soit ici. Ni à Eol, ni même à cette femme dont Yawldaec ne savait rien d'autre que son nom. Et surtout, il n'avait pas d'ordre à donner à Yawldaec.
YAWLDAEC – Vous n'avez aucun ordre à me donner ! Ni à Eol ! Ni à cette femme.
Yawldaec ne cessa d'être attentif à la moindre chose. Il sentait très bien les phéromones du cheval juste à côté de lui, aussi celles de Théobald, mais puisque tous ses sens étaient en alerte, il perçut le mouvement suspect d'Eol. En fait, ce dernier tendait la main vers sa crinière, sûrement pour le caresser. Yawldaec eut d'instinct un vif mouvement de recul. Il se rappelait trop bien avoir, contre sa nature, apprécié les caresses d'Eol. Mais il n'y avait eu aucun témoin, et Yawldaec n'avait jamais été à l'aise en repensant à cela. Il n'était donc pas prêt à se laisser faire déjà, surtout devant Théobald et ces autres personnes.
YAWLDAEC – Eol, ne l'écoute pas, fais comme tu le souhaites, rien ne t'oblige à lui obéir.
La mission de Yawldaec allait être très difficile. Il était en fait la pire personne que Kyaln avait pu envoyer pour chercher Kae'Wuo, mais il n'avait pas pu le savoir. Avant de parler au tanneur, rien n'avait pu laisser deviner que Kae'Wuo s'était rendue au domaine de Théobald.
Yawldaec s'adressa de nouveau au baron :
YAWLDAEC – Je ne fais pas partie de votre... clan. Je suis donc libre d'entrer ou non. J'ai besoin d'être sûr que vous ne me ferez rien. Je vois comment vous parlez à votre frère, et je sais ce que vous avez déjà essayé de me faire. Je ne vous laisserai pas faire. Je parlerai à Galdin et à Eol.
Il ne sut sourire tout de suite en le voyant approcher. Apparemment, Eol l'avait entendu et sûrement reconnu... peut-être... Yawldaec l'espérait en tout cas. Sinon... tant pis, ce ne serait pas grave, Yawldaec n'était pas venu ici pour ça de toute façon. Il était venu ici pour aider Fyaln en retrouvant la trace de son amie ; subsidiairement, il avait très envie de discuter avec cette amie car elle avait une histoire intéressante pour lui.
Son attention ne manqua pas de revenir très vite sur Théobald. Yawldaec n'oubliait jamais que le danger venait de lui avant tout. Il ne devait pas se laisser distraire par Eol. Il venait de décliner l'invitation du baron à entrer. Loin de maîtriser l'étiquette dans la société humaine, il ne se doutait pas que cela pût paraître à ce point impoli. Il se doutait en revanche que cela contrarierait le baron. Ce dernier ne ferait pas ce qu'il voudrait de lui. Pas plus que la première fois, une dizaine de mois plus tôt.
THEOBALD – Tu ne « désires » pas entrer ?! Je ne t'ai pas demandé ce que tu dési...
Il se fit couper la parole par Eol, mais le peu de mots qu'il avait eu le temps de prononcer suffisaient à exprimer le genre de personnes qu'il était. Il méprisait les Centaures, et en entendre un utiliser le verbe “désirer” à la première personne lui était inacceptable. Yawldaec ne devait surtout pas entrer dans ce domaine, du moins pas tant qu'il aurait la certitude que Théobald ou ses soldats ne tenteraient rien contre lui.
EOL – Oh ! Bonjour Yawldaec. Je suis content que tu sois revenu me voir. Tu m'as manqué.
Eol venait de montrer qu'il reconnaissait Yawldaec. Théobald allait donc forcément se rappeler. Yawldaec ne pouvait pas en vouloir au jeune Demi-Drow, il était naturel de s'exclamer de la sorte, il ne pouvait pas savoir que Yawldaec espérait ne pas être reconnu par Théobald.
Eol affirma notamment que Yawldaec lui avait manqué. A l'inverse, Yawldaec ne pouvait honnêtement pas dire qu'Eol lui avait manqué, mais cela n'empêchait pas que ce fût un vrai plaisir de le revoir. Surtout, il avait l'air en bonne santé, malgré ce qu'il s'était passé lors de leur première rencontre. Avant qu'ils ne se séparassent, Eol avait craint que Théobald le punisse. Théobald l'avait forcément puni, mais sa rancœur n'avait pas duré des mois, puisque ce jour, Eol avançait librement à cheval et se portait bien.
Il y avait une femme avec lui sur le cheval. Yawldaec la renifla brièvement. Elle avait une odeur très douce. Aussi douce que celle d'Eol. C'était extrêmement rare de trouver des Humains avec une odeur aussi douce.
Eol se mit à rire gaiement. Etait-ce simplement du fait de revoir Yawldaec ? C'était un rire naturel, en tout cas. Un rire de joie. Eol avait l'air vraiment très heureux de revoir Yawldaec. Ca faisait plaisir à voir. Il laissa son cheval approcher du Centaure, tout près, et ce dernier se laissa renifler par l'animal.
THEOBALD – Eol ! Qu'est-ce que... Nïn ? Nïn... Non !
Evidemment, Théobald réagissait mal. Yawldaec ne s'était attendu à rien d'autre. Nïn, ce devait être le nom de la femme assise derrière Eol sur le cheval. Etait-ce une esclave ? Yawldaec ne savait pas si Théobald prenait autre chose que des Centaures en esclaves, mais ça ne l'étonnerait pas.
THEOBALD – Toi, le Centaure, tu ne bouges pas d'ici. Eol, disparais de ma vue, je suis occupé. Nïn, tu viendras me voir ce soir, c'est un ordre.
Yawldaec fronça les sourcils. Théobald parlait mal à Eol, encore une fois, et ce dernier allait probablement se laisser faire alors que ce n'était pas pour son bien. Si Yawldaec pouvait pousser Eol à se rebeller contre Théobald, ce serait une excellente chose. Il avait déjà eu l'occasion de voir qu'il en était capable. Quant à Nïn, ce n'était de toute évidence pas un soldat, alors de quel droit Théobald lui parlait-il ainsi ? Théobald ne méritait pas d'être un baron. Pour Yawldaec, déjà, “baron”, ça ne voulait rien dire. Il ne pouvait qu'essayer de faire l'analogie avec un chef de tribu. Et si Théobald était un Centaure – quelle drôle d'image – il ne mériterait pas d'être chef de tribu. Il ne méritait donc pas de donner des ordres à qui que ce soit ici. Ni à Eol, ni même à cette femme dont Yawldaec ne savait rien d'autre que son nom. Et surtout, il n'avait pas d'ordre à donner à Yawldaec.
YAWLDAEC – Vous n'avez aucun ordre à me donner ! Ni à Eol ! Ni à cette femme.
Yawldaec ne cessa d'être attentif à la moindre chose. Il sentait très bien les phéromones du cheval juste à côté de lui, aussi celles de Théobald, mais puisque tous ses sens étaient en alerte, il perçut le mouvement suspect d'Eol. En fait, ce dernier tendait la main vers sa crinière, sûrement pour le caresser. Yawldaec eut d'instinct un vif mouvement de recul. Il se rappelait trop bien avoir, contre sa nature, apprécié les caresses d'Eol. Mais il n'y avait eu aucun témoin, et Yawldaec n'avait jamais été à l'aise en repensant à cela. Il n'était donc pas prêt à se laisser faire déjà, surtout devant Théobald et ces autres personnes.
YAWLDAEC – Eol, ne l'écoute pas, fais comme tu le souhaites, rien ne t'oblige à lui obéir.
La mission de Yawldaec allait être très difficile. Il était en fait la pire personne que Kyaln avait pu envoyer pour chercher Kae'Wuo, mais il n'avait pas pu le savoir. Avant de parler au tanneur, rien n'avait pu laisser deviner que Kae'Wuo s'était rendue au domaine de Théobald.
Yawldaec s'adressa de nouveau au baron :
YAWLDAEC – Je ne fais pas partie de votre... clan. Je suis donc libre d'entrer ou non. J'ai besoin d'être sûr que vous ne me ferez rien. Je vois comment vous parlez à votre frère, et je sais ce que vous avez déjà essayé de me faire. Je ne vous laisserai pas faire. Je parlerai à Galdin et à Eol.
Yawldaec- Elite
Re: Pendant ce temps, au domaine de Mortelune…
Théobald, le baron de Mortelune
Le centaure n’avait pas l’air commode. Je me rendais compte à présent qu’il n’avait pas changé depuis la dernière fois que je l’avais vu.
Les centaures, aberrations de la nature, étaient nos inférieurs. Ceux qui se rebellaient, comme celui-ci l’avait fait quelques mois plus tôt, se devaient d’être matés. Je me voyais déjà lui infliger la correction qu’il méritait. Mais pas en public. Je n’en avais pas le droit. Le roi d’Estandre avait accordé un traitement de faveur au centaures. Je ne pouvais m'y soustraire. Du moins en apparence.
– Vous n'avez aucun ordre à me donner ! Ni à Eol ! Ni à cette femme.
Je bouillais intérieurement. Ce centaure n’avait pas conscience de la place qu'il avait dans ce monde. Il me fallait lui expliquer l'évidence et remettre les choses au clair, aussi bien pour les deux demi-elfes, que pour ce centaure. De plus mon soldat observait la scène avec intérêt. Lui aussi, avait besoin de voir que j’étais le seul maître de ces lieux.
Cependant, je n’eu pas le temps d’ouvrir la bouche qu'Eol fit sa première stupidité de la journée : il tendit la main pour caresser le centaure. A mon grand soulagement, ce dernier eu un vif mouvement de recul. Comme quoi, Eol n’avait pas non plus réussi à apprivoiser cette bête sauvage.
Ce fut une jouissance de voir la suite : le visage d’Eol se ferma complètement. Je le vis serrer les lèvres, froncer le nez et les sourcils dans une grimace honteuse. Le demi-elfe était sur le point de pleurer. Je l’avais déjà vu faire cette tête. La dernière fois, c’était quand j’avais tué son cheval, Egfroi. Je lisais en lui comme dans un livre ouvert. Le geste du centaure l’avait blessé au plus haut point. J’aurais donné cher pour voir encore plus longtemps l’expression de douleur qui se dessinait sur son visage. J’avais lu l’incompréhension, l’abandon, et une tristesse immense avant que sa figure ne disparaisse à mes yeux quand il la baissa. Il glissa ensuite son visage dans le cou de Nïn, assise devant lui.
Eol tremblait de tout son corps. Je me demandais quand est-ce qu’il exploserait. A chaque fois qu’il se mettait dans tous ses états, je le corrigeais en le battant et lui expliquait qu’un homme ne montrait pas ses émotions.
Je cru voir une larme couler le long de l’épaule de Nïn.
– Eol, ne l'écoute pas, fais comme tu le souhaites, rien ne t'oblige à lui obéir.
Qu’il était agaçant… Il ne devait pas se rendre compte que l’esprit d’Eol était actuellement submergé par les émotions et qu’il était complètement hermétique à ce qu’il pouvait bien lui dire.
En même temps que le centaure parlait, je vis quelque chose d’autre. Et cette fois-ci, ce fut moi qui eu mal. Le visage d'Eol était enfoui au creux du cou de Nïn. Le drow l'entourait de ses bras puisqu’il tenait les rênes de son cheval, juste devant la demi-elfe. Je le vis serrer Nïn contre lui en continuant de trembler comme une feuille.
Eol ne touchait jamais la peau de personne. Même pas la mienne. Les seuls contacts physiques que nous avions venaient des moments où je le battais. A chaque fois que quelqu’un le touchait, il cherchait à s’éloigner et il grimaçait… même avec moi, son soi-disant « demi-frère ». Et pourtant, en cet instant, je le voyais serrer une demi-femme contre lui. En plus, ses bras étaient nus. Et la main droite d’Eol était en contact direct avec sa peau. Je le vis même déplacer ses doigts tout en douceur, comme quand il caressait un chien ou un cheval. Je sentais la rage monter en moi.
Eol leva doucement la tête et se mit à respirer les cheveux de Nïn, comme si son odeur le calmait. Il posa même ses lèvres sur la blancheur de sa chevelure, exactement de la même façon qu’il le faisait avec tous ses animaux adorés. Il était donc bien capable de toucher Nïn. Je les imaginais tous les deux, la nuit dernière… Ç’en était trop pour moi…
Dire que c’était moi qui avait voulu et provoqué cela. Et à présent je ne pouvais que m’en repentir. Nïn avait réussi à mettre la main sur mon frère qui n’avait jamais voulu me toucher, moi. Et Eol était en train de caresser la douce peau de celle qui faisait bruler mon esprit !
– Je ne fais pas partie de votre... clan. Je suis donc libre d'entrer ou non. J'ai besoin d'être sûr que vous ne me ferez rien. Je vois comment vous parlez à votre frère, et je sais ce que vous avez déjà essayé de me faire. Je ne vous laisserai pas faire. Je parlerai à Galdin et à Eol.
Comme on pouvait s’y attendre, Eol ne répondit rien. Il utilisait Nïn de la même façon qu’il aurait utilisé un animal, à cet instant précis. Quand il était au bord du gouffre, comme à cet instant, il se collait à une de ses bêtes afin de se calmer. Nïn n’avait rien d’un animal, et pourtant elle semblait lui faire le même effet.
D’un côté, c’était une bonne chose qu’Eol n’entende rien de ce que lui disait le centaure. J’en profitais pour répondre, en utilisant la voix ferme mais patiente d’un adulte apprenant la vie à un imbécile :
- Eol et Nïn ne sont pas humains et ils m’appartiennent. Comme tout esclaves, ils se doivent de m’obéir. Vous par contre, vous êtes… libre. Je ferais donc appeler Galdin pour qu’il vienne discuter avec vous de cette affaire.
Je fis signe au soldat d’aller chercher Galdin. Ce dernier s’en fut en courant.
- Quand à Eol, qui m’appartient, il n’a pas à vous parler. D’autant plus qu’il n’est pas concerné par cette histoire.
Je me tournais vers Eol. J’étais sa seule famille. Le seul qui ne l’eut jamais abandonné. Celui qui lui avait appris à s’en sortir dans un monde dont il ne comprenait jamais rien. Sa référence, la seule personne qui marquait la continuité de sa vie, depuis qu’il était né. Il le savait aussi bien que moi.
- Nïn, j’ai changé d’avis, viens avec moi maintenant.
En cet instant, j’avais besoin d’elle. Bien plus qu’Eol. Je ne pouvais supporter de les voir collés l’un à l’autre. Et passer quelques heures en sa compagnie ne pourrait que me remettre d’aplomb. Je regardais les courbes parfaites de son corps. Mes fantasmes les plus sordides me revenaient en tête et je me sentais déjà mieux.
- Eol, je n’aime pas me répéter. Fais la descendre et disparait de ma vue.
Il desserra son étreinte, lui permettant de descendre si elle le désirait. J’attendais qu’elle me rejoigne. Eol partirait pleurer en forêt et Galdin s’occuperait de ce maudit centaure.
Je ne pu entendre le murmure que le demi-drow souffla au creux de l’oreille de Nïn :
- Reste avec moi. Je t'en prie. J’ai besoin de… quelqu’un.
Eol- Champion
- Race : Demi-sang
Re: Pendant ce temps, au domaine de Mortelune…
Nïn a l'impression d'étouffer. La peur que lui inspire Théobald lui serre la poitrine. Et Eol qui semble ne rien remarquer et se concentre sur le centaure, tendant sa main vers lui, dans la visible intention de le caresser... Mais le centaure esquive la caresse. Il se recule. Ce n'est pas étonnant. Les centaures son difficiles. Nïn le sait. Ils se croient libres. Ils sont fiers et ne se laissent pas briser par les humains. Ils rendent tout compliqué. Mais c'est grâce à l'un d'eux que Nïn a pu échapper au vendeur d'esclave et trouver Schizae. Parce-qu'il s'était rebellé. L'esclave ne sait pas trop si elle les admire ou si elle a pitié d'eux. Quelque-chose entre les deux. Elle les admire pour leur fierté et leur résistante, mais a pitié d'eux car ils ne supportent pas d'être des esclaves. Lutter, c'est douloureux.
Celui-là, en tous cas, ne se considère vraiment pas comme un esclave. Il est fier. Il ne veut pas des caresses d'Eol. Et il tient tête à Théoblad :
– Vous n'avez aucun ordre à me donner ! Ni à Eol ! Ni à cette femme.
Nïn en reste sans voix. Elle oublie un peu sa peur, tant elle est impressionnée. Le centaure a jeté son ordre à la tête du baron. Et il les a même inclus, Eol et elle. Ne se rend-il pas compte de la personne qu'il a en face de lui ? Visiblement pas. La demi-elfe frissonne. Elle a peur de ce que cela va provoquer chez le baron. Peur pour le centaure. Et peur pour Eol et elle-même. Elle se rend compte, soudain, qu'Eol a changé d'attitude. Évaporé, le rire de joie qu'a fait naître le centaure. Il s'est renfermé, de façon soudaine. Elle ne comprend pas bien pourquoi. Elle sent son visage, qui se pose dans son cou. Elle frémit un peu à ce contact. Elle n'a pas l'habitude qu'on la touche. Pas de cette façon, dénuée d'agressivité ou de désir. Elle sent que son visage est mouillé. Elle en déduit qu'il pleure. Elle ne sait pas quoi faire, quoi penser. Le centaure ne s'aperçoit de rien, il continue sur sa lancée :
– Eol, ne l'écoute pas, fais comme tu le souhaites, rien ne t'oblige à lui obéir.
Nïn est perdue. Les émotions, en elle, se mélangent. La peur du baron. L'admiration du centaure, un peu mêlée de désapprobation ; il va trop loin, là n'est pas sa place. Et Eol, qui pleure dans son cou, qui la serre contre lui, la caresse doucement, lui respire les cheveux, les lui embrasse. Elle est à lui. Elle est son esclave, ou son once, puisqu'il préfère l'once. Mais là, il ne se comporte pas comme son maître. Ou pas comme ses autres maîtres se sont comportés. Schizae est une exception. C'est une enfant. Pas Eol. Nïn ne comprend pas.
– Je ne fais pas partie de votre... clan. Je suis donc libre d'entrer ou non. J'ai besoin d'être sûr que vous ne me ferez rien. Je vois comment vous parlez à votre frère, et je sais ce que vous avez déjà essayé de me faire. Je ne vous laisserai pas faire. Je parlerai à Galdin et à Eol.
Elle écoute le centaure d'une oreille. Son attention ne peut quitter Eol. Elle sait pourtant que c'est le baron qu'il faut surveiller. De lui vient le danger. Mais Eol... Elle ne sait pas ce qui le bouleverse. Mais il est de toute évidence bouleversé, et il la serre, elle, comme si elle pouvait le protéger de ce qui lui fait mal. Elle se sent toute petite contre lui. Frêle. Et pourtant elle lui est un peu un bouclier. Quelque-part, elle a envie de le serrer en retour, de lui montrer qu'elle est là. Mais Eol est son maître, elle est une esclave. Elle ne comprend rien.
La voix de Théoblad résonne soudain, la faisant sursauter, et Eol passe au second plan, ses émotions contradictoires diminuent, laissant place à la peur :
- Eol et Nïn ne sont pas humains et ils m’appartiennent. Comme tout esclaves, ils se doivent de m’obéir. Vous par contre, vous êtes… libre. Je ferais donc appeler Galdin pour qu’il vienne discuter avec vous de cette affaire.
Sur un signe, l'homme de Théobald exécute l'ordre, et le baron reprend :
- Quand à Eol, qui m’appartient, il n’a pas à vous parler. D’autant plus qu’il n’est pas concerné par cette histoire.
Les yeux du baron se tournent vers Eol et elle, et Nïn sent sa peur monter d'un cran. Il va les punir. A cause du centaure. Ces demi-chevaux ne causent que des problèmes. Il est mal de ne pas accepter sa place. Et surtout, de mêler les autres à ça.
- Nïn, j’ai changé d’avis, viens avec moi maintenant. Eol, je n’aime pas me répéter. Fais la descendre et disparait de ma vue.
Non. Elle ne veut pas. Elle ne veut pas qu'il l'emmène. Elle hait le centaure. Elle le hait plus que tout au monde. A cause de lui, elle va mourir. Elle va prendre pour l'énervement qu'il a causé au baron. C'est injuste. Elle supplie intérieurement Eol de refuser qu'elle parte. Mais ses bras se desserrent autour d'elle. Elle sent les larmes lui monter aux yeux. Elle retient sa respiration pour les ravaler, s'apprête à descendre. Les mots d'Eol ne sont qu'un chuchotement, et pourtant, ils la clouent sur place, et déclenchent en elle un ouragan :
- Reste avec moi. Je t'en prie. J’ai besoin de… quelqu’un.
Elle ne peut bouger. Sa supplique murmurée agit sur elle bien plus fort que l'ordre de Théobald.
La respiration de la demi-elfe s'accélère. Elle sait ce qu'elle risque en désobéissant au baron. Si elle accentue son énervement par une refus de le suivre, il ne lui fera que plus de mal. Elle n'ose même pas imaginer la punition que cela peut engendrer. Et, gravée en elle, dans sa chair et son esprit, l'obligation d'obéir aux maîtres lui hurle de descendre du cheval, de suivre le baron. Pourtant, autre-chose la retient, lui donne la force de rester. Après tout, Théobald ne l'a-t-il pas donnée à Eol ? C'est donc à lui qu'elle appartient, qu'elle doit obéissance. Pas au baron.
Mais il y a autre-chose. Le baron lui fait bien plus peur qu'Eol. Elle est presque sûre que celui-ci ne la punirait pas si elle obéissait au baron plutôt qu'à lui. Ou, du moins, bien moins méchamment que le baron. Et pourtant... pourtant, elle reste. Quelque-chose lui en donne la force. Elle comprend, au moment où elle prend sa décision, et répond au baron, la voix tremblante, mais sûre d'elle-même :
- Sauf votre respect, monsieur, c'est à Eol que j'appartiens. Il m'a demandée de l'accompagner à cheval, et c'est donc avec lui que je resterai, à moins qu'il ne me congédie.
Elle garde les yeux fixés dans ceux du baron. Elle est morte de peur, de ce qu'elle va y découvrir, mais elle tient bon. Parce-que c'est à Eol qu'elle appartient. Pas parce-que Théoblad la lui a donnée et certainement pas parce-qu'elle le craint plus que lui... Non, parce-qu'elle le sent dans ses tripes. Parce-qu'Eol l'a sauvée quand le baron la punissait, parce-qu'Eol l'a soignée. Parce-qu'Eol a gagné un respect bien plus profond que celui que lui inspire Théoblad par la crainte : un respect par la confiance. Eol la protège. Il le lui a dit. Alors, elle le sert, lui. Et pas son imposteur de frère.
Celui-là, en tous cas, ne se considère vraiment pas comme un esclave. Il est fier. Il ne veut pas des caresses d'Eol. Et il tient tête à Théoblad :
– Vous n'avez aucun ordre à me donner ! Ni à Eol ! Ni à cette femme.
Nïn en reste sans voix. Elle oublie un peu sa peur, tant elle est impressionnée. Le centaure a jeté son ordre à la tête du baron. Et il les a même inclus, Eol et elle. Ne se rend-il pas compte de la personne qu'il a en face de lui ? Visiblement pas. La demi-elfe frissonne. Elle a peur de ce que cela va provoquer chez le baron. Peur pour le centaure. Et peur pour Eol et elle-même. Elle se rend compte, soudain, qu'Eol a changé d'attitude. Évaporé, le rire de joie qu'a fait naître le centaure. Il s'est renfermé, de façon soudaine. Elle ne comprend pas bien pourquoi. Elle sent son visage, qui se pose dans son cou. Elle frémit un peu à ce contact. Elle n'a pas l'habitude qu'on la touche. Pas de cette façon, dénuée d'agressivité ou de désir. Elle sent que son visage est mouillé. Elle en déduit qu'il pleure. Elle ne sait pas quoi faire, quoi penser. Le centaure ne s'aperçoit de rien, il continue sur sa lancée :
– Eol, ne l'écoute pas, fais comme tu le souhaites, rien ne t'oblige à lui obéir.
Nïn est perdue. Les émotions, en elle, se mélangent. La peur du baron. L'admiration du centaure, un peu mêlée de désapprobation ; il va trop loin, là n'est pas sa place. Et Eol, qui pleure dans son cou, qui la serre contre lui, la caresse doucement, lui respire les cheveux, les lui embrasse. Elle est à lui. Elle est son esclave, ou son once, puisqu'il préfère l'once. Mais là, il ne se comporte pas comme son maître. Ou pas comme ses autres maîtres se sont comportés. Schizae est une exception. C'est une enfant. Pas Eol. Nïn ne comprend pas.
– Je ne fais pas partie de votre... clan. Je suis donc libre d'entrer ou non. J'ai besoin d'être sûr que vous ne me ferez rien. Je vois comment vous parlez à votre frère, et je sais ce que vous avez déjà essayé de me faire. Je ne vous laisserai pas faire. Je parlerai à Galdin et à Eol.
Elle écoute le centaure d'une oreille. Son attention ne peut quitter Eol. Elle sait pourtant que c'est le baron qu'il faut surveiller. De lui vient le danger. Mais Eol... Elle ne sait pas ce qui le bouleverse. Mais il est de toute évidence bouleversé, et il la serre, elle, comme si elle pouvait le protéger de ce qui lui fait mal. Elle se sent toute petite contre lui. Frêle. Et pourtant elle lui est un peu un bouclier. Quelque-part, elle a envie de le serrer en retour, de lui montrer qu'elle est là. Mais Eol est son maître, elle est une esclave. Elle ne comprend rien.
La voix de Théoblad résonne soudain, la faisant sursauter, et Eol passe au second plan, ses émotions contradictoires diminuent, laissant place à la peur :
- Eol et Nïn ne sont pas humains et ils m’appartiennent. Comme tout esclaves, ils se doivent de m’obéir. Vous par contre, vous êtes… libre. Je ferais donc appeler Galdin pour qu’il vienne discuter avec vous de cette affaire.
Sur un signe, l'homme de Théobald exécute l'ordre, et le baron reprend :
- Quand à Eol, qui m’appartient, il n’a pas à vous parler. D’autant plus qu’il n’est pas concerné par cette histoire.
Les yeux du baron se tournent vers Eol et elle, et Nïn sent sa peur monter d'un cran. Il va les punir. A cause du centaure. Ces demi-chevaux ne causent que des problèmes. Il est mal de ne pas accepter sa place. Et surtout, de mêler les autres à ça.
- Nïn, j’ai changé d’avis, viens avec moi maintenant. Eol, je n’aime pas me répéter. Fais la descendre et disparait de ma vue.
Non. Elle ne veut pas. Elle ne veut pas qu'il l'emmène. Elle hait le centaure. Elle le hait plus que tout au monde. A cause de lui, elle va mourir. Elle va prendre pour l'énervement qu'il a causé au baron. C'est injuste. Elle supplie intérieurement Eol de refuser qu'elle parte. Mais ses bras se desserrent autour d'elle. Elle sent les larmes lui monter aux yeux. Elle retient sa respiration pour les ravaler, s'apprête à descendre. Les mots d'Eol ne sont qu'un chuchotement, et pourtant, ils la clouent sur place, et déclenchent en elle un ouragan :
- Reste avec moi. Je t'en prie. J’ai besoin de… quelqu’un.
Elle ne peut bouger. Sa supplique murmurée agit sur elle bien plus fort que l'ordre de Théobald.
La respiration de la demi-elfe s'accélère. Elle sait ce qu'elle risque en désobéissant au baron. Si elle accentue son énervement par une refus de le suivre, il ne lui fera que plus de mal. Elle n'ose même pas imaginer la punition que cela peut engendrer. Et, gravée en elle, dans sa chair et son esprit, l'obligation d'obéir aux maîtres lui hurle de descendre du cheval, de suivre le baron. Pourtant, autre-chose la retient, lui donne la force de rester. Après tout, Théobald ne l'a-t-il pas donnée à Eol ? C'est donc à lui qu'elle appartient, qu'elle doit obéissance. Pas au baron.
Mais il y a autre-chose. Le baron lui fait bien plus peur qu'Eol. Elle est presque sûre que celui-ci ne la punirait pas si elle obéissait au baron plutôt qu'à lui. Ou, du moins, bien moins méchamment que le baron. Et pourtant... pourtant, elle reste. Quelque-chose lui en donne la force. Elle comprend, au moment où elle prend sa décision, et répond au baron, la voix tremblante, mais sûre d'elle-même :
- Sauf votre respect, monsieur, c'est à Eol que j'appartiens. Il m'a demandée de l'accompagner à cheval, et c'est donc avec lui que je resterai, à moins qu'il ne me congédie.
Elle garde les yeux fixés dans ceux du baron. Elle est morte de peur, de ce qu'elle va y découvrir, mais elle tient bon. Parce-que c'est à Eol qu'elle appartient. Pas parce-que Théoblad la lui a donnée et certainement pas parce-qu'elle le craint plus que lui... Non, parce-qu'elle le sent dans ses tripes. Parce-qu'Eol l'a sauvée quand le baron la punissait, parce-qu'Eol l'a soignée. Parce-qu'Eol a gagné un respect bien plus profond que celui que lui inspire Théoblad par la crainte : un respect par la confiance. Eol la protège. Il le lui a dit. Alors, elle le sert, lui. Et pas son imposteur de frère.
Dernière édition par Nïn le Jeu 10 Aoû 2017 - 14:40, édité 1 fois
Nïn- Elite
- Race : demi-elfe
Re: Pendant ce temps, au domaine de Mortelune…
A la manière d'un vrai cheval, Yawldaec tira les oreilles en arrière, en plus d'agiter vivement la queue, signe des émotions et de la nervosité qui s'emparaient de lui. Il sentait, à mesure qu'il parlait, qu'il envenimait les choses. Il y avait déjà une tension entre Théobald et Eol, et en essayant de défendre Eol, Yawldaec ne faisait sans doute que rendre la relation entre les deux demi-frères plus conflictuelle. Le Centaure sentait à plein nez l'énervement de Théobald. Phéromones ou pas, le baron avait du mal à cacher sa contrariété. Et en même temps, du côté d'Eol, c'était un tout autre sentiment : la tristesse. Yawldaec se rendit compte que le Demi-Drow était en train de sangloter dans les cheveux de la femme assise devant lui sur le cheval.
Pourquoi ? Il avait eu un rire franc l'instant d'avant, et le voilà maintenant tout triste. Yawldaec ne sut comprendre. Avait-il dit quelque chose qu'il ne fallait pas ? Eol était-il triste de devoir se rebeller contre son demi-frère ? Ca n'avait pas trop de sens. Quelque chose lui échappait, forcément, un détail auquel il n'avait pas prêté attention ou qu'il n'avait pas su bien interpréter. Yawldaec n'avait pas envie de rendre Eol triste, et il espérait vraiment ne pas être responsable de cela. Il avait besoin que quelqu'un lui explique. Théobald lui expliqua autre chose :
THEOBALD – Eol et Nïn ne sont pas Humains et ils m'appartiennent. Comme tout esclaves, ils se doivent de m'obéir. Vous par contre, vous êtes... libre. Je ferai donc appeler Galdin pour qu'il vienne discuter avec vous de cette affaire.
Yawldaec ne comprenait pas bien, là encore. Théobald disait qu'Eol et Nïn n'étaient pas Humains et qu'ils lui appartenaient. Nïn devait être une Demi-Elfe, et une esclave, ce que Yawldaec avait deviné. Mais Eol ? C'était un Demi-Drow, mais surtout le demi-frère de Théobald ! Les Humains étaient-ils vils au point d'asservir leurs propres frères ?
D'un signe de la main, Théobald ordonna au soldat à côté de lui d'aller chercher le dénommé Galdin. Yawldaec fut soulagé de savoir qu'il allait pouvoir poser ses questions en restant hors de l'enceinte du domaine. Il restait néanmoins troublé par la situation dans sa globalité, et Théobald en remit une couche :
THEOBALD – Quand à Eol, qui m'appartient, il n'a pas à vous parler. D'autant plus qu'il n'est pas concerné par cette histoire.
Il accentua le verbe “appartenir” et Yawldaec comprit bien le message, ce qui confirma son trouble : comment son demi-frère pouvait-il lui appartenir ? Et pourquoi diable Eol était-il triste ?
Perplexe et muet, Yawldaec regarda Théobald s'adresser à ses deux prétendus esclaves, ordonnant à Nïn de venir avec lui et répétant à Eol de s'en aller hors de sa vue. Cette fois-ci, Yawldaec n'osa pas le défendre. Tout du moins pas directement. Il avait d'abord besoin de comprendre :
YAWLDAEC – Vous prenez votre demi-frère pour esclave ?!
Théobald n'allait pas pouvoir lui expliquer la tristesse d'Eol, mais Yawldaec pouvait au moins s'étonner de ça. Théobald répondit d'un ton d'évidence :
THEOBALD – Eol n'est pas mon demi-frère. Il n'est pas Humain.
Yawldaec n'était pas du genre à pinailler, pourtant l'évidence était qu'Eol était né d'un parent Humain et d'un parent Drow. Quant à son lien de parenté avec Théobald, Yawldaec n'en avait aucune preuve, il n'avait fait qu'entendre Eol parler de Théobald comme de son demi-frère, mais peut-être est-ce que ça n'avait été qu'une expression pour décrire leur relation ?
NIN – Sauf votre respect, Monsieur, c'est à Eol que j'appartiens. Il m'a demandé de l'accompagner à cheval, et c'est donc avec lui que je resterai, à moins qu'il ne me congédie.
Yawldaec ne comprenait décidemment plus rien. Ces histoires d'esclavagisme, de toute façon, ne rentraient pas dans sa logique de pensée et il semblait ne jamais pouvoir s'y faire. Eol et Nïn étaient tous deux les esclaves de Théobald, mais Nïn appartenait à Eol... Ca avait encore moins de sens que ça avait pu en avoir au départ.
Yawldaec avait seulement hâte d'une chose : que Théobald rentre dans son manoir, avec ou sans Nïn. Il voulait s'entretenir l'esprit tranquille avec Galdin... et tout autant avec Eol. Laissant Théobald répondre à Nïn sur un sujet qui ne l'intéressait pas et auquel il ne comprenait rien, Yawldaec se pencha vers Eol pour lui demander à voix basse :
YAWLDAEC – Qu'est-ce qui t'attriste, Eol ?
Pourquoi ? Il avait eu un rire franc l'instant d'avant, et le voilà maintenant tout triste. Yawldaec ne sut comprendre. Avait-il dit quelque chose qu'il ne fallait pas ? Eol était-il triste de devoir se rebeller contre son demi-frère ? Ca n'avait pas trop de sens. Quelque chose lui échappait, forcément, un détail auquel il n'avait pas prêté attention ou qu'il n'avait pas su bien interpréter. Yawldaec n'avait pas envie de rendre Eol triste, et il espérait vraiment ne pas être responsable de cela. Il avait besoin que quelqu'un lui explique. Théobald lui expliqua autre chose :
THEOBALD – Eol et Nïn ne sont pas Humains et ils m'appartiennent. Comme tout esclaves, ils se doivent de m'obéir. Vous par contre, vous êtes... libre. Je ferai donc appeler Galdin pour qu'il vienne discuter avec vous de cette affaire.
Yawldaec ne comprenait pas bien, là encore. Théobald disait qu'Eol et Nïn n'étaient pas Humains et qu'ils lui appartenaient. Nïn devait être une Demi-Elfe, et une esclave, ce que Yawldaec avait deviné. Mais Eol ? C'était un Demi-Drow, mais surtout le demi-frère de Théobald ! Les Humains étaient-ils vils au point d'asservir leurs propres frères ?
D'un signe de la main, Théobald ordonna au soldat à côté de lui d'aller chercher le dénommé Galdin. Yawldaec fut soulagé de savoir qu'il allait pouvoir poser ses questions en restant hors de l'enceinte du domaine. Il restait néanmoins troublé par la situation dans sa globalité, et Théobald en remit une couche :
THEOBALD – Quand à Eol, qui m'appartient, il n'a pas à vous parler. D'autant plus qu'il n'est pas concerné par cette histoire.
Il accentua le verbe “appartenir” et Yawldaec comprit bien le message, ce qui confirma son trouble : comment son demi-frère pouvait-il lui appartenir ? Et pourquoi diable Eol était-il triste ?
Perplexe et muet, Yawldaec regarda Théobald s'adresser à ses deux prétendus esclaves, ordonnant à Nïn de venir avec lui et répétant à Eol de s'en aller hors de sa vue. Cette fois-ci, Yawldaec n'osa pas le défendre. Tout du moins pas directement. Il avait d'abord besoin de comprendre :
YAWLDAEC – Vous prenez votre demi-frère pour esclave ?!
Théobald n'allait pas pouvoir lui expliquer la tristesse d'Eol, mais Yawldaec pouvait au moins s'étonner de ça. Théobald répondit d'un ton d'évidence :
THEOBALD – Eol n'est pas mon demi-frère. Il n'est pas Humain.
Yawldaec n'était pas du genre à pinailler, pourtant l'évidence était qu'Eol était né d'un parent Humain et d'un parent Drow. Quant à son lien de parenté avec Théobald, Yawldaec n'en avait aucune preuve, il n'avait fait qu'entendre Eol parler de Théobald comme de son demi-frère, mais peut-être est-ce que ça n'avait été qu'une expression pour décrire leur relation ?
NIN – Sauf votre respect, Monsieur, c'est à Eol que j'appartiens. Il m'a demandé de l'accompagner à cheval, et c'est donc avec lui que je resterai, à moins qu'il ne me congédie.
Yawldaec ne comprenait décidemment plus rien. Ces histoires d'esclavagisme, de toute façon, ne rentraient pas dans sa logique de pensée et il semblait ne jamais pouvoir s'y faire. Eol et Nïn étaient tous deux les esclaves de Théobald, mais Nïn appartenait à Eol... Ca avait encore moins de sens que ça avait pu en avoir au départ.
Yawldaec avait seulement hâte d'une chose : que Théobald rentre dans son manoir, avec ou sans Nïn. Il voulait s'entretenir l'esprit tranquille avec Galdin... et tout autant avec Eol. Laissant Théobald répondre à Nïn sur un sujet qui ne l'intéressait pas et auquel il ne comprenait rien, Yawldaec se pencha vers Eol pour lui demander à voix basse :
YAWLDAEC – Qu'est-ce qui t'attriste, Eol ?
Yawldaec- Elite
- Race : Centaure
Re: Pendant ce temps, au domaine de Mortelune…
La Mort de Théoblad, baron de Mortelune
Ses cheveux d’argents étaient si doux… Je lui retirerais cette robe et caresserais toutes les parties de son corps, sans en oublier aucune. Je voulais sentir chaque courbe, chaque mystère qui se cachait derrière ces tissus. Je voulais goûter chacune de ses…
– Sauf votre respect, Monsieur, c'est à Eol que j'appartiens. Il m'a demandé de l'accompagner à cheval, et c'est donc avec lui que je resterai, à moins qu'il ne me congédie.
Comment osait-elle ? Non, ce n’était pas moi qui entrerais en elle pour l’emmener au pays des plaisirs. Je ne lui offrirais pas la jouissance, mais la Mort. Tout ce qu’elle méritait de voir entrer en elle était mon poignard. J’allais le faire pénétrer dans son ventre d’un seul coup. Ma lame aiguisée et dure déchirerait sa peau pour entrer dans sa chaire, jusqu’à ses entrailles ! Je les ferais sortir et les étalerais sur l’herbe. Et je tiendrais son visage, si beau et si fin, juste au dessus de ses tripes fumantes. Là elle se rendrait compte de son erreur. Elle comprendrait qu’elle n’était que boyaux puants et qu’elle ne pouvait pas s’opposer à ma volonté ! Je la laisserais agoniser doucement et douloureusement. Pendant ce temps, elle tenterait vainement de remettre ses viscères dans son ventre. Ah ! Elle se croyait belle ! Elle pensait pouvoir m’ensorceler et me manipuler comme elle le faisait avec Eol ?! Et bien elle se trompait.
La rage m’envahissait. J'allais la tuer.
- On n’a pas le droit de dire que Théo est mon frère quand il y a des gens. Et c’est toi ! C’est toi qui me rends triste… Tu étais gentil. Je te brossais et tu m’…
Le niaiseux Eol n’eut pas le temps de finir sa tirade nigaude et naïve. De toute façon je me fichais bien de ce qu’il racontait au centaure. J’attrapais vivement le pied de Nïn et tirait dessus de toutes ma puissance. Ce fut plus lourd que je ne le pensais car Eol la tenait fermement. Mais ma rage décuplait mes forces et les fit chuter tous les deux.
Je n’étais plus que haine. Je plantais mon poignard dans le ventre de cette maudite sorcière. Sauf que mon geste fut dévié au dernier moment. Je lâchais mon arme et regardais mon bras. Le cimeterre qui y était planté se retira immédiatement pour aller s’enfoncer droit dans mon cœur.
Cela n’avait duré qu’une seconde. Eol était un excellant combattant. J’avais fait en sorte qu’il soit formé de la meilleure façon possible. Je ne m’étais jamais imaginé qu’il put être aussi rapide. Ni qu’un jour il utiliserait ses talents martiaux pour me tuer…
Pourquoi ? Parce qu’il me connaissait bien. Et il savait pertinemment que quand j’étais dans cet état, quelqu’un allait mourir. J’avais tué tellement d'animaux et d’esclaves devant ses yeux. La dernière fois que j'étais entré dans une telle colère, j'avais tué son cheval, Egfroi. Habituellement, Eol se contentait de regarder tristement le sol en comptant les pierres que le sang recouvrait. Mais aujourd'hui, sa réaction était tout autre. Il n'avait jamais supporté que je tue Egfroi. Et aujourd'hui, il refusait que je fasse la même chose avec Nïn. Cette demi-elfe l'avait transformé en un monstre prêt à tuer sa propre famille.
Je me sentais glisser. Je vis la peau blanche de Nïn. Je rencontrais une dernière fois le plus beau regard au monde. Cet océan bleu dans lequel j’avais tant désiré me perdre. Jamais plus je ne pourrais la caresser. Jamais plus je ne pourrais la tuer. De toute façon, elle était bien trop belle pour moi.
Quand mon dernier battement de cœur retentit, je sentis la main de mon demi-frère posée sur mon cou. La main de celui que j’avais toujours protégé. Celui que j’avais tenté d’humaniser. Mais mon dressage n’avait jamais fonctionné. Eol… Pourquoi fallait-il qu’il me touche enfin le jour de ma mort ? Pourquoi n’avais-je jamais réussi à lui faire comprendre comment vivre ? Mes yeux croisèrent les siens. Ça aussi, c’était la toute première fois. Jamais il ne m’avait regardé dans les yeux. Et il fallait que ce jour n’arrive que maintenant. Que trop tard…
Ma tête partait en arrière. Ma dernière vision serait celle de cette maudite bête qui rendait toujours Eol fou. Cette saleté de centaure… Pour la seconde et dernière fois, il me volait mon frère. Mes yeux se perdaient dans son poil foncé, tombant sur son œil entièrement noir. J’avais toujours haïs les centaures. Et par leur faute, je mourrais.
Maudite bestiole, me dis-je, l'esprit de plus en plus flou, il me faut te parler, sale bête.
Je me concentrais afin de réunir mes dernières forces pour lui dire :
- Emmène Eol avant que…
Avant que les gardes n’arrivent et ne le tuent. Mais je ne pus formuler ces dernières paroles. Dans ma bouche, le sang prenait la place des mots. Tout devenait noir. Mon esprit s’embrumait. Je partais.
Eol. Il fallait qu'il survive.
Mon frère…
Eol- Champion
- Race : Demi-sang
Re: Pendant ce temps, au domaine de Mortelune…
Le visage de son interlocuteur se métamorphose. Ses traits se tendent, et une flamme inquiétante brille dans ses yeux. Nïn peut à peine respirer. Mais il n'est plus temps de regretter ses mots. De toute façon, Eol est avec elle, il... il parle au centaure, qui lui a murmuré quelque-chose, que Nïn n'a pas entendu, trop concentrée sur le baron. Son attention se fixe de nouveau sur Eol, qui répond au centaure :
- On n’a pas le droit de dire que Théo est mon frère quand il y a des gens. Et c’est toi ! C’est toi qui me rends triste… Tu étais gentil. Je te brossais et tu m’…
Le demi-drow n'a pas le temps de finir sa phrase. Tout à coup, Nïn se sent tirée par son pied. Elle n'a que le temps de se retourner et de voir que c'est le baron Théobald qui la tire vers le bas, puis elle tombe du cheval, Eol, qui la tenait, avec elle. Elle pousse un petit cri lorsque le choc vient lui écraser le flanc, puis sa tête heurte le sol à son tour. Elle n'a pas le temps de reprendre ses esprits que le baron est déjà sur elle, une dague en avant, fusant vers sa poitrine. Trop vive pour qu'elle réagisse. Les yeux écarquillés, elle la regarde... l'effleurer.
Au dernier moment, l'arme a été déviée par une autre lame, qui entaille profondément le bras du baron avant de se retirer et de revenir en un arc de cercle meurtrier se planter dans sa poitrine. D'après ce que Nïn en sait, l'arme a touché le cœur. Elle regarde, hébétée, les yeux de Théobald, qui semble tout aussi surpris qu'elle. Yeux qui se fixent un moment dans les siens, avant de les quitter alors que le baron glisse, doucement. Elle le regarde tomber, incapable de la moindre réaction. Puis son regard se lève sur Eol. Eol, le propriétaire de l'arme qui vient d'enclencher la mort de son demi-frère. De l'arme qui lui a sauvé la vie, à elle.
Il est penché sur le baron. La main sur son cou. Guette-t-il son pouls ? Nïn sent le sien qui bat furieusement dans sa tête. Eol a tué Théoblad. Pour qu'il ne la tue pas, elle. A cause d'elle, à cause de sa désobéissance, il a tué son frère. Il a tué un homme, pire, un baron, pour la sauver, elle, une esclave, pire, une esclave sorcière. Alors qu'il est lui-même un demi-elfe, et donc un esclave. Pour public, un centaure, encore un esclave. Ils vont tous mourir. Tous les trois. A cause d'elle. De son stupide accès de fidélité à Eol. Eol qu'elle aurait bien mieux servi en suivant son frère. Eol qui ne serait pas condamné à mort.
Elle entend le mourant murmurer. Il prononce des mots, qu'elle devrait comprendre, et pourtant elle est incapable de leur donner un sens. Rien n'a plus de sens. Pas quand les esclaves désobéissent à leurs maîtres, pas quand les frères tuent leurs frères pour quelque-chose de si insignifiant que son existence à elle.
Le baron n'a pas fini sa phrase. Il ne la finira jamais. Il est mort. Nïn regarde Eol. Dans son océan de brume intérieur, une émotion parvient quand même à filtrer. Elle a peur. Pas d'être pourchassée, pas d'être punie et tuée pour son crime - ou, si, quelque-part, mais cette peur là se fond dans son incompréhension. Non, sa véritable peur, celle qui parvient à gagner en netteté, c'est la peur de la réaction d'Eol. La peur de sa douleur. La peur qu'il estime sien ce crime, sienne la faute. La peur que les remords l'assaillent, l'abattent, le rendent fou. Elle sait que c'est absurde. Qu'ils risquent fort d'être tués dans l'heure à venir. Et pourtant, c'est cette crainte, plus que les autres, qui lui semble réelle. Et la certitude que ce sera de sa faute, à elle.
- On n’a pas le droit de dire que Théo est mon frère quand il y a des gens. Et c’est toi ! C’est toi qui me rends triste… Tu étais gentil. Je te brossais et tu m’…
Le demi-drow n'a pas le temps de finir sa phrase. Tout à coup, Nïn se sent tirée par son pied. Elle n'a que le temps de se retourner et de voir que c'est le baron Théobald qui la tire vers le bas, puis elle tombe du cheval, Eol, qui la tenait, avec elle. Elle pousse un petit cri lorsque le choc vient lui écraser le flanc, puis sa tête heurte le sol à son tour. Elle n'a pas le temps de reprendre ses esprits que le baron est déjà sur elle, une dague en avant, fusant vers sa poitrine. Trop vive pour qu'elle réagisse. Les yeux écarquillés, elle la regarde... l'effleurer.
Au dernier moment, l'arme a été déviée par une autre lame, qui entaille profondément le bras du baron avant de se retirer et de revenir en un arc de cercle meurtrier se planter dans sa poitrine. D'après ce que Nïn en sait, l'arme a touché le cœur. Elle regarde, hébétée, les yeux de Théobald, qui semble tout aussi surpris qu'elle. Yeux qui se fixent un moment dans les siens, avant de les quitter alors que le baron glisse, doucement. Elle le regarde tomber, incapable de la moindre réaction. Puis son regard se lève sur Eol. Eol, le propriétaire de l'arme qui vient d'enclencher la mort de son demi-frère. De l'arme qui lui a sauvé la vie, à elle.
Il est penché sur le baron. La main sur son cou. Guette-t-il son pouls ? Nïn sent le sien qui bat furieusement dans sa tête. Eol a tué Théoblad. Pour qu'il ne la tue pas, elle. A cause d'elle, à cause de sa désobéissance, il a tué son frère. Il a tué un homme, pire, un baron, pour la sauver, elle, une esclave, pire, une esclave sorcière. Alors qu'il est lui-même un demi-elfe, et donc un esclave. Pour public, un centaure, encore un esclave. Ils vont tous mourir. Tous les trois. A cause d'elle. De son stupide accès de fidélité à Eol. Eol qu'elle aurait bien mieux servi en suivant son frère. Eol qui ne serait pas condamné à mort.
Elle entend le mourant murmurer. Il prononce des mots, qu'elle devrait comprendre, et pourtant elle est incapable de leur donner un sens. Rien n'a plus de sens. Pas quand les esclaves désobéissent à leurs maîtres, pas quand les frères tuent leurs frères pour quelque-chose de si insignifiant que son existence à elle.
Le baron n'a pas fini sa phrase. Il ne la finira jamais. Il est mort. Nïn regarde Eol. Dans son océan de brume intérieur, une émotion parvient quand même à filtrer. Elle a peur. Pas d'être pourchassée, pas d'être punie et tuée pour son crime - ou, si, quelque-part, mais cette peur là se fond dans son incompréhension. Non, sa véritable peur, celle qui parvient à gagner en netteté, c'est la peur de la réaction d'Eol. La peur de sa douleur. La peur qu'il estime sien ce crime, sienne la faute. La peur que les remords l'assaillent, l'abattent, le rendent fou. Elle sait que c'est absurde. Qu'ils risquent fort d'être tués dans l'heure à venir. Et pourtant, c'est cette crainte, plus que les autres, qui lui semble réelle. Et la certitude que ce sera de sa faute, à elle.
Nïn- Elite
- Race : demi-elfe
Re: Pendant ce temps, au domaine de Mortelune…
Yawldaec rabattit les oreilles en arrière, encore une fois. Aux yeux d'Eol, il devait vraiment avoir l'air d'un vrai cheval. Le Centaure sentait une incroyable tension monter de plus en plus, et ça le rendait terriblement nerveux. Il agitait la queue frénétiquement, la claquant sur ses jarrets et sur ses fesses comme le ferait un cheval qui rouspétait. Yawldaec n'avait aucun doute qu'Eol sût lire le langage corporel des chevaux, et Yawldaec avait exactement le même. Eol lisait en le Centaure comme dans un livre ouvert, c'était certain.
EOL – On n'a pas le droit de dire que Théo est mon frère quand il y a des gens. Et c'est toi ! C'est toi qui me rends triste... Tu étais gentil. Je te brossais et tu m'...
Yawldaec venait déjà presque de sursauter au moment où Eol l'accusa de l'avoir rendu triste – Yawldaec avait été gentil parce qu'il s'était laissé brosser, voilà qui laissa le Centaure troublé – mais ce qui s'ensuivit le fit sursauter d'autant plus, au point de lui faire émettre un hoquet équin et de le faire piaffer : Théobald agrippa la cheville de Nïn et la tira très violemment au sol, la faisant chuter de cheval. Ce geste avait été si brusque et si violent, il n'en avait pas fallu plus pour que le Centaure sauvage, dans son état de nervosité, eût un mouvement de panique.
Eol chuta avec Nïn, et le cheval lui-même agita la tête, n'appréciant pas bien ce qu'il se passait juste à côté de lui. L'animal aussi était rendu nerveux, et ça se comprenait.
Quand Yawldaec vit Théobald sortir une lame, il se sentit comme un spectateur en suspension, incapable de réagir – autrement qu'en prenant la fuite sans chercher à comprendre ce qu'il se passait. Le baron allait tuer Nïn, là, sous ses yeux et sous les yeux d'Eol.
Eol... Eol ! Non !
Incroyable...
Par tous les dieux !
Yawldaec piaffa encore tout en reculant de quelques pas, effaré.
Il vit Théobald glisser le long de la lame qui venait de l'empaler par un point vital. Une lame de cimeterre. Un cimeterre tenu par Eol.
Eol venait de tuer son demi-frère. Le Baron Théobald de Mortelune. Une ordure Humaine de la dernière espèce qui avait bien mérité ce sort.
Et c'est Eol qui venait de sceller ce sort.
Un instant figé, Théobald avait la main tendue vers Nïn, avant d'être désempalé et de tomber à la renverse, juste devant les pattes de Yawldaec, sur qui son regard alla mourir. Yawldaec ne sut quitter ce regard déjà à moitié livide. Il fut assailli par tant de sentiments contradictoires. Effarement, soulagement, choc et satisfaction...
La bouche de Théobald commença à bouger. Il voulut articuler quelques mots. Par réflexe, Yawldaec se pencha.
THEOBALD – Emmène Eol avant que...
Ce furent ses derniers mots. Une phrase inachevée, que Yawldaec dut constituer dans sa tête.
Le Centaure se redressa et regarda le domaine. Il n'y avait pas de témoins. Mais très vite, il y en aurait. Un soldat était parti trouver Galdin. Ce dernier allait s'approcher des portes d'un moment à l'autre. Sans parler de soldats en faction. D'esclaves peut-être, aussi. Il suffisait qu'une de ces personnes voie Théobald mort avec Eol sur lui, pour que ce dernier plus Nïn et Yawldaec soient tous trois pourchassés à mort.
« Emmène Eol avant que... »
… ça ne se produise.
Le sang de Yawldaec ne fit qu'un tour. Il n'y avait pas la moindre petite seconde à perdre.
YAWLDAEC – Eol ! Nïn ! Vite ! Remontez sur le cheval ! Fuyons !
Yawldaec saisit Eol par les aisselles pour le mettre debout. Il fit pareil à Nïn, sans prendre le temps de s'inquiéter d'une éventuelle blessure due à la chute.
YAWLDAEC – Allez ! Allez ! Allez !
lâcha le Centaure, hennissant à moitié en répétant ce mot.
EOL – On n'a pas le droit de dire que Théo est mon frère quand il y a des gens. Et c'est toi ! C'est toi qui me rends triste... Tu étais gentil. Je te brossais et tu m'...
Yawldaec venait déjà presque de sursauter au moment où Eol l'accusa de l'avoir rendu triste – Yawldaec avait été gentil parce qu'il s'était laissé brosser, voilà qui laissa le Centaure troublé – mais ce qui s'ensuivit le fit sursauter d'autant plus, au point de lui faire émettre un hoquet équin et de le faire piaffer : Théobald agrippa la cheville de Nïn et la tira très violemment au sol, la faisant chuter de cheval. Ce geste avait été si brusque et si violent, il n'en avait pas fallu plus pour que le Centaure sauvage, dans son état de nervosité, eût un mouvement de panique.
Eol chuta avec Nïn, et le cheval lui-même agita la tête, n'appréciant pas bien ce qu'il se passait juste à côté de lui. L'animal aussi était rendu nerveux, et ça se comprenait.
Quand Yawldaec vit Théobald sortir une lame, il se sentit comme un spectateur en suspension, incapable de réagir – autrement qu'en prenant la fuite sans chercher à comprendre ce qu'il se passait. Le baron allait tuer Nïn, là, sous ses yeux et sous les yeux d'Eol.
Eol... Eol ! Non !
Incroyable...
Par tous les dieux !
Yawldaec piaffa encore tout en reculant de quelques pas, effaré.
Il vit Théobald glisser le long de la lame qui venait de l'empaler par un point vital. Une lame de cimeterre. Un cimeterre tenu par Eol.
Eol venait de tuer son demi-frère. Le Baron Théobald de Mortelune. Une ordure Humaine de la dernière espèce qui avait bien mérité ce sort.
Et c'est Eol qui venait de sceller ce sort.
Un instant figé, Théobald avait la main tendue vers Nïn, avant d'être désempalé et de tomber à la renverse, juste devant les pattes de Yawldaec, sur qui son regard alla mourir. Yawldaec ne sut quitter ce regard déjà à moitié livide. Il fut assailli par tant de sentiments contradictoires. Effarement, soulagement, choc et satisfaction...
La bouche de Théobald commença à bouger. Il voulut articuler quelques mots. Par réflexe, Yawldaec se pencha.
THEOBALD – Emmène Eol avant que...
Ce furent ses derniers mots. Une phrase inachevée, que Yawldaec dut constituer dans sa tête.
Le Centaure se redressa et regarda le domaine. Il n'y avait pas de témoins. Mais très vite, il y en aurait. Un soldat était parti trouver Galdin. Ce dernier allait s'approcher des portes d'un moment à l'autre. Sans parler de soldats en faction. D'esclaves peut-être, aussi. Il suffisait qu'une de ces personnes voie Théobald mort avec Eol sur lui, pour que ce dernier plus Nïn et Yawldaec soient tous trois pourchassés à mort.
« Emmène Eol avant que... »
… ça ne se produise.
Le sang de Yawldaec ne fit qu'un tour. Il n'y avait pas la moindre petite seconde à perdre.
YAWLDAEC – Eol ! Nïn ! Vite ! Remontez sur le cheval ! Fuyons !
Yawldaec saisit Eol par les aisselles pour le mettre debout. Il fit pareil à Nïn, sans prendre le temps de s'inquiéter d'une éventuelle blessure due à la chute.
YAWLDAEC – Allez ! Allez ! Allez !
lâcha le Centaure, hennissant à moitié en répétant ce mot.
Yawldaec- Elite
- Race : Centaure
Re: Pendant ce temps, au domaine de Mortelune…
- Eol ! Nïn ! Vite ! Remontez sur le cheval ! Fuyons !
Je me penche un peu plus pour regarder le visage de Théo. Son œil droit est fermé. A gauche il y a une mèche de cheveux. Je vois son oreille. J’ai du mal à observer tout ça en entier. Je n’arrive qu’à voir des morceaux du tout. J’essaie de les assembler. Ça donne mon frère allongé. Les yeux fermés.
Je suis soulevé de terre. J’agrippe Théo. Il se retrouve à la vertical avec moi. Je le tiens fermement dans les bras.
- Allez ! Allez ! Allez !
C’est Yawldaec qui m’a remis sur pied. Il est à côté de Tarik. Le cadeau de Théo. Mon cheval est paniqué. C’est à cause de l’odeur du sang. Et de toute cette agitation. Ses yeux roulent dans leurs orbites. Je m’approche de lui. Je tiens toujours Théo contre moi. Et en même temps, j’essaie de réconforter mon cheval.
J’ai la nausée. Mes jambes ont du mal à me porter. Comme quand Théo me punissait et m’empêchait de manger pendant une semaine. Mais Yawldaec continue de nous presser. Il est encore plus affolé que Tarik.
Il se passe trop de choses en même temps. Je suis triste. Parce que Yawldaec ne veut pas que je le touche. Je croyais qu’il m’aimait. Mais Théo avait raison. Je me fais des illusions sur les races inférieures. Les centaures ne peuvent pas aimer. Surtout pas moi. Personne n'aime les demi-drow. Il me l'avait appris. Mais pendant un instant, j'avais cru que le contraire était possible. C'est injuste. Mais Théo a toujours raison. C'est moi qui était fou d'y croire.
Et puis ensuite, Théo a voulu tuer Nïn. Nïn… le tout dernier cadeau qu’il m’a fait. Je ne voulais pas qu’il l’abime. Je ne voulais pas qu'elle meurt. Et j’ai laissé les émotions m’envahir. Je n’ai rien contrôlé. Henry m’en voudra. C’est mon maître d’arme. Il voulait m’apprendre à garder mon sang froid. Mais ce n’est pas possible. Quand notre sang devient froid, on meurt.
On meurt…
Je regarde le cou de Théo. Sa joue. Son œil. On dirait qu’il dort. Je suis fatigué aussi. J’aimerais dormir avec lui. Mais Yawldaec m’en empêche. Allez, allez, allez…. Aller où ?
En avançant je fonce dans quelque chose de doux. Je regarde autour de moi. C’est Nïn que j’ai cogné. Je tente de m’excuser. Mais je n’arrive pas à parler. La lèvre inférieure de Nïn. Toute rose. Ses cheveux argentés. Le soleil qui se reflète dedans. C’est si beau. Je veux contempler ce spectacle. Encore. Toute ma vie. Je tiens Théo fort contre moi, d'un seul bras. Mon autre main va vers Nïn. Je la pose sur son visage. J'y laisse une grande trace de sang. Le sang de Théo est en train de tâcher son cadeau. Le plus beau cadeau qu'il m'ait jamais fait.
Mais pourquoi Yawldaec me presse-t-il comme ça !? Il veut que je monte sur Tarik avec Nïn. Il est fatiguant. Ce n'est pas le moment.
- D'accord, Yawldaec. D'accord, mais maintenant arrête de crier. Prends Théo. Je ne l'abandonnerais pas. Il va venir avec nous. Et fais attention à lui.
Je porte mon frère à bout de bras. Je le lui tends.
Je me penche un peu plus pour regarder le visage de Théo. Son œil droit est fermé. A gauche il y a une mèche de cheveux. Je vois son oreille. J’ai du mal à observer tout ça en entier. Je n’arrive qu’à voir des morceaux du tout. J’essaie de les assembler. Ça donne mon frère allongé. Les yeux fermés.
Je suis soulevé de terre. J’agrippe Théo. Il se retrouve à la vertical avec moi. Je le tiens fermement dans les bras.
- Allez ! Allez ! Allez !
C’est Yawldaec qui m’a remis sur pied. Il est à côté de Tarik. Le cadeau de Théo. Mon cheval est paniqué. C’est à cause de l’odeur du sang. Et de toute cette agitation. Ses yeux roulent dans leurs orbites. Je m’approche de lui. Je tiens toujours Théo contre moi. Et en même temps, j’essaie de réconforter mon cheval.
J’ai la nausée. Mes jambes ont du mal à me porter. Comme quand Théo me punissait et m’empêchait de manger pendant une semaine. Mais Yawldaec continue de nous presser. Il est encore plus affolé que Tarik.
Il se passe trop de choses en même temps. Je suis triste. Parce que Yawldaec ne veut pas que je le touche. Je croyais qu’il m’aimait. Mais Théo avait raison. Je me fais des illusions sur les races inférieures. Les centaures ne peuvent pas aimer. Surtout pas moi. Personne n'aime les demi-drow. Il me l'avait appris. Mais pendant un instant, j'avais cru que le contraire était possible. C'est injuste. Mais Théo a toujours raison. C'est moi qui était fou d'y croire.
Et puis ensuite, Théo a voulu tuer Nïn. Nïn… le tout dernier cadeau qu’il m’a fait. Je ne voulais pas qu’il l’abime. Je ne voulais pas qu'elle meurt. Et j’ai laissé les émotions m’envahir. Je n’ai rien contrôlé. Henry m’en voudra. C’est mon maître d’arme. Il voulait m’apprendre à garder mon sang froid. Mais ce n’est pas possible. Quand notre sang devient froid, on meurt.
On meurt…
Je regarde le cou de Théo. Sa joue. Son œil. On dirait qu’il dort. Je suis fatigué aussi. J’aimerais dormir avec lui. Mais Yawldaec m’en empêche. Allez, allez, allez…. Aller où ?
En avançant je fonce dans quelque chose de doux. Je regarde autour de moi. C’est Nïn que j’ai cogné. Je tente de m’excuser. Mais je n’arrive pas à parler. La lèvre inférieure de Nïn. Toute rose. Ses cheveux argentés. Le soleil qui se reflète dedans. C’est si beau. Je veux contempler ce spectacle. Encore. Toute ma vie. Je tiens Théo fort contre moi, d'un seul bras. Mon autre main va vers Nïn. Je la pose sur son visage. J'y laisse une grande trace de sang. Le sang de Théo est en train de tâcher son cadeau. Le plus beau cadeau qu'il m'ait jamais fait.
Mais pourquoi Yawldaec me presse-t-il comme ça !? Il veut que je monte sur Tarik avec Nïn. Il est fatiguant. Ce n'est pas le moment.
- D'accord, Yawldaec. D'accord, mais maintenant arrête de crier. Prends Théo. Je ne l'abandonnerais pas. Il va venir avec nous. Et fais attention à lui.
Je porte mon frère à bout de bras. Je le lui tends.
Eol- Champion
- Race : Demi-sang
Re: Pendant ce temps, au domaine de Mortelune…
Alors qu'elle fixe Eol, guettant ses réactions, c'est le centaure qui commence à s'agiter. Il s'adresse à eux :
- Eol ! Nïn ! Vite ! Remontez sur le cheval ! Fuyons !
Elle se tourne vers lui. Il est vraiment agité. Il semble prendre les choses en mains. Il les presse tous deux. Mais Eol ne réagit pas. Nïn se tourne de nouveau vers lui. Il regarde le baron, et ne semble pas faire attention à ce qui se passe autour. Le centaure s'approche de lui, et le saisit, pour le faire faire ce qu'il ne fait pas par lui-même. Mais Eol s'accroche à Théobald. Le centaure parvient quand même à le remettre debout. Puis il s'approche de Nïn, et la soulève à son tour. Elle se laisse faire. Elle-même ne sachant pas du tout quelle marche suivre, elle est prête à faire ce que leur demande le centaure. Il semble apprécier d'une certaine façon Eol. Il doit agir dans son intérêt. Mais Eol, lui, ne semble pas vraiment suivre les instructions du centaure. Celui-ci insiste :
- Allez ! Allez ! Allez !
Eol s'approche de son cheval. L'animal semble paniqué, ce qui est compréhensible. Il a dû sentir toute l'agitation, et l'odeur de sang qui émane du corps de Théobald doit aussi l'inquiéter. De plus, l'attitude du centaure ne doit pas le rassurer. Il lit sans doute son langage mieux que celui des humanoïdes, et son agitation doit l'atteindre. Eol essaie de le rassurer, mais il ne lâche pas le corps de son frère. Nïn le regarde faire, se demandant comment elle pourrait aider. Son maître ne lui donne pas la marche à suivre. Elle ne sait pas s'il convient, dans ce cas, d'obéir au centaure. Qui est un esclave. Mais après tout, Eol aussi est un demi-sang. Un esclave. Même s'il était frère de baron. La situation est bien trop compliquée. Alors elle attend, perdue. Elle a une pensée pour Schizae. Le baron ennemi est mort. Cela doit être bénéfique pour elle. Il faut qu'elle trouve un moyen de l'en informer. Mais ce n'est pas le plus urgent, étant données les circonstances...
Eol marche, pour accompagner son cheval qui bouge, mais il regarde Théobald en même temps, et percute Nïn. Il se retourne vers elle. Son regard ne croise pas ses yeux, mais il est quand même dirigé vers son visage. Elle le voit ouvrir la bouche, mais aucun son n'en sort. Tout en tenant son frère d'un bras, il avance l'autre main vers elle, la pose sur son visage. Nïn frémit. Elle avance un peu la tête, de sorte à l'appuyer dans sa main. Ça la rassure, d'une certaine façon. Elle est à Eol. Il la protège. Et elle l'aidera à se sortir de là. Elle fera tout ce qu'il faudra pour ça. Eol retire sa main, et elle sent qu'il a laissé quelque-chose de poisseux sur sa peau. Mais elle s'en moque. Tout ce qui compte, c'est qu'ils fuient. Qu'Eol s'en sorte.
Il s'est tourné vers le centaure, dont elle a oublié le nom. Il s'adresse à lui :
- D'accord, Yawldaec. D'accord, mais maintenant arrête de crier. Prends Théo. Je ne l'abandonnerais pas. Il va venir avec nous. Et fais attention à lui.
Il tend le cadavre de Théobald au centaure, Yawldaec. Nïn lève le regard vers lui. Intérieurement, elle le prie de faire ce qu'Eol lui demande. Celui-ci a perdu son frère. Un frère qui le battait, peut-être, un frère qui ne voulait pas admettre les qualités de ses plans en public, mais un frère qui les reconnaissait tout de même par la suite, un frère qui lui faisait des cadeaux, et qu'Eol devait aimer. Il a besoin de temps pour faire son deuil. Elle espère que Yawldaec va comprendre qu'il serait cruel de lui demander d'abandonner là le corps de la seule famille qu'elle connaisse à Eol.
- Eol ! Nïn ! Vite ! Remontez sur le cheval ! Fuyons !
Elle se tourne vers lui. Il est vraiment agité. Il semble prendre les choses en mains. Il les presse tous deux. Mais Eol ne réagit pas. Nïn se tourne de nouveau vers lui. Il regarde le baron, et ne semble pas faire attention à ce qui se passe autour. Le centaure s'approche de lui, et le saisit, pour le faire faire ce qu'il ne fait pas par lui-même. Mais Eol s'accroche à Théobald. Le centaure parvient quand même à le remettre debout. Puis il s'approche de Nïn, et la soulève à son tour. Elle se laisse faire. Elle-même ne sachant pas du tout quelle marche suivre, elle est prête à faire ce que leur demande le centaure. Il semble apprécier d'une certaine façon Eol. Il doit agir dans son intérêt. Mais Eol, lui, ne semble pas vraiment suivre les instructions du centaure. Celui-ci insiste :
- Allez ! Allez ! Allez !
Eol s'approche de son cheval. L'animal semble paniqué, ce qui est compréhensible. Il a dû sentir toute l'agitation, et l'odeur de sang qui émane du corps de Théobald doit aussi l'inquiéter. De plus, l'attitude du centaure ne doit pas le rassurer. Il lit sans doute son langage mieux que celui des humanoïdes, et son agitation doit l'atteindre. Eol essaie de le rassurer, mais il ne lâche pas le corps de son frère. Nïn le regarde faire, se demandant comment elle pourrait aider. Son maître ne lui donne pas la marche à suivre. Elle ne sait pas s'il convient, dans ce cas, d'obéir au centaure. Qui est un esclave. Mais après tout, Eol aussi est un demi-sang. Un esclave. Même s'il était frère de baron. La situation est bien trop compliquée. Alors elle attend, perdue. Elle a une pensée pour Schizae. Le baron ennemi est mort. Cela doit être bénéfique pour elle. Il faut qu'elle trouve un moyen de l'en informer. Mais ce n'est pas le plus urgent, étant données les circonstances...
Eol marche, pour accompagner son cheval qui bouge, mais il regarde Théobald en même temps, et percute Nïn. Il se retourne vers elle. Son regard ne croise pas ses yeux, mais il est quand même dirigé vers son visage. Elle le voit ouvrir la bouche, mais aucun son n'en sort. Tout en tenant son frère d'un bras, il avance l'autre main vers elle, la pose sur son visage. Nïn frémit. Elle avance un peu la tête, de sorte à l'appuyer dans sa main. Ça la rassure, d'une certaine façon. Elle est à Eol. Il la protège. Et elle l'aidera à se sortir de là. Elle fera tout ce qu'il faudra pour ça. Eol retire sa main, et elle sent qu'il a laissé quelque-chose de poisseux sur sa peau. Mais elle s'en moque. Tout ce qui compte, c'est qu'ils fuient. Qu'Eol s'en sorte.
Il s'est tourné vers le centaure, dont elle a oublié le nom. Il s'adresse à lui :
- D'accord, Yawldaec. D'accord, mais maintenant arrête de crier. Prends Théo. Je ne l'abandonnerais pas. Il va venir avec nous. Et fais attention à lui.
Il tend le cadavre de Théobald au centaure, Yawldaec. Nïn lève le regard vers lui. Intérieurement, elle le prie de faire ce qu'Eol lui demande. Celui-ci a perdu son frère. Un frère qui le battait, peut-être, un frère qui ne voulait pas admettre les qualités de ses plans en public, mais un frère qui les reconnaissait tout de même par la suite, un frère qui lui faisait des cadeaux, et qu'Eol devait aimer. Il a besoin de temps pour faire son deuil. Elle espère que Yawldaec va comprendre qu'il serait cruel de lui demander d'abandonner là le corps de la seule famille qu'elle connaisse à Eol.
Nïn- Elite
- Race : demi-elfe
Re: Pendant ce temps, au domaine de Mortelune…
En s'agitant, Yawldaec affolait le cheval. Il le voyait aussi bien qu'il le sentait. Le cheval n'aimait pas ce qu'il se passait, il venait d'y avoir trop de gestes brusques près de lui. Les oreilles en arrière, il secouait la tête verticalement, levant parfois l'encolure en se tournant légèrement. Yawldaec allait avoir du mal à le calmer. Peut-être Eol y arriverait-il mieux que lui ? Eol aimait les chevaux, Yawldaec avait pu le voir et se souvenait à ce sujet qu'Eol était très proche d'un cheval. Il avait oublié le nom de ce cheval mais se souvenait de sa robe. Ce n'était pas ce cheval ci-présent. C'était surprenant, en y repensant : pourquoi Eol n'était-il pas avec son cheval favori ?
Et pourquoi tenait-il son frère comme ça ? Yawldaec eut l'impression qu'Eol essayait à bout de force de le remettre debout. Il venait de le tuer ! Pourquoi le mettre debout ? Théobald n'allait pas tenir debout, il était mort. Eol ne semblait pas réaliser la situation. Il ne se pressait pas, il avait juste l'air fatigué ou agacé, l'expression sur son visage était fermée, pas comme celle de quelqu'un qui venait de tuer son demi-frère, pas comme celle de quelqu'un qui venait de tuer le baron qui lui donnait des ordres, pas comme celle de quelqu'un qui venait de se condamner à mort auprès de ses proches. Eol était simple d'esprit, c'est peut-être quelque part ce qui l'avait rendu attachant aux yeux de Yawldaec, ce qui avait expliqué pourquoi ce dernier lui avait pardonné de l'avoir capturé et réduit à l'esclavage, il y a dix mois de ça. Eol avait toujours agi en fonction de son frère, en s'ignorant lui-même. Et maintenant, son frère était mort. Par sa propre main.
Eol était ailleurs, dans sa tête. Il ne fit même plus attention à Nïn qu'il bouscula. Il planta son regard sur le visage de la Demi-Elfe censée être son esclave. Il lui caressa la joue, d'un geste lent. L'agitation de Yawldaec, à côté, l'agaçait, oui. Il n'y avait pourtant vraiment pas le temps pour les caresses et les regards dans le vague.
EOL – D'accord, Yawldaec. D'accord, mais maintenant arrête de crier. Prends Théo. Je ne l'abandonnerai pas. Il va venir avec nous. Et fais attention à lui.
Mais... Mais qu'est-ce qu'il racontait ? Faire attention à Théobald ?! Eol venait de le tuer, et maintenant il lui disait de faire attention à lui ?!
Déstabilisé, Yawldaec vit que Nïn venait de poser son regard sur lui, le regardant dans les yeux comme pour lui faire passer un message qu'il essaya de décrypter avant de reporter son attention sur Eol qui lui tendait le corps inanimé de son demi-frère.
Eol avait besoin de Théobald... même mort. Il ne voulait pas l'abandonner. Yawldaec ne s'imaginait pas demander à Eol de le laisser là. Et puis, les soldats ne tomberaient pas sur le corps assassiné, ils distingueraient tout au plus une tache de sang au sol. Ca ne changerait rien : leur baron aurait disparu, avec lui deux de ses esclaves. Eol ne serait plus jamais le bienvenu chez lui. Il serait mis à mort, de toute façon. Car les Humains n'exilaient pas les meurtriers : ils leur rendaient la pareille.
YAWLDAEC – D'accord. Pose-le sur mon dos.
Le Centaure se tourna, montrant son flanc à Eol, et tendant les bras pour l'aider à allonger le corps de Théobald sur son dos équin.
YAWLDAEC – Eloignons-nous vite avant qu'un soldat ne nous remarque. Galdin va arriver d'un instant à l'autre !
Mais le cheval allait-il se laisser monter, vu l'état de stress dans lequel il avait été mis ? Yawldaec voulait protéger Eol. Et aussi Nïn, qui serait sans doute injustement punie alors qu'elle n'avait aucune culpabilité dans ce qu'il venait de se passer ; mais ça, les soldats de Théobald n'en savaient rien.
Et pourquoi tenait-il son frère comme ça ? Yawldaec eut l'impression qu'Eol essayait à bout de force de le remettre debout. Il venait de le tuer ! Pourquoi le mettre debout ? Théobald n'allait pas tenir debout, il était mort. Eol ne semblait pas réaliser la situation. Il ne se pressait pas, il avait juste l'air fatigué ou agacé, l'expression sur son visage était fermée, pas comme celle de quelqu'un qui venait de tuer son demi-frère, pas comme celle de quelqu'un qui venait de tuer le baron qui lui donnait des ordres, pas comme celle de quelqu'un qui venait de se condamner à mort auprès de ses proches. Eol était simple d'esprit, c'est peut-être quelque part ce qui l'avait rendu attachant aux yeux de Yawldaec, ce qui avait expliqué pourquoi ce dernier lui avait pardonné de l'avoir capturé et réduit à l'esclavage, il y a dix mois de ça. Eol avait toujours agi en fonction de son frère, en s'ignorant lui-même. Et maintenant, son frère était mort. Par sa propre main.
Eol était ailleurs, dans sa tête. Il ne fit même plus attention à Nïn qu'il bouscula. Il planta son regard sur le visage de la Demi-Elfe censée être son esclave. Il lui caressa la joue, d'un geste lent. L'agitation de Yawldaec, à côté, l'agaçait, oui. Il n'y avait pourtant vraiment pas le temps pour les caresses et les regards dans le vague.
EOL – D'accord, Yawldaec. D'accord, mais maintenant arrête de crier. Prends Théo. Je ne l'abandonnerai pas. Il va venir avec nous. Et fais attention à lui.
Mais... Mais qu'est-ce qu'il racontait ? Faire attention à Théobald ?! Eol venait de le tuer, et maintenant il lui disait de faire attention à lui ?!
Déstabilisé, Yawldaec vit que Nïn venait de poser son regard sur lui, le regardant dans les yeux comme pour lui faire passer un message qu'il essaya de décrypter avant de reporter son attention sur Eol qui lui tendait le corps inanimé de son demi-frère.
Eol avait besoin de Théobald... même mort. Il ne voulait pas l'abandonner. Yawldaec ne s'imaginait pas demander à Eol de le laisser là. Et puis, les soldats ne tomberaient pas sur le corps assassiné, ils distingueraient tout au plus une tache de sang au sol. Ca ne changerait rien : leur baron aurait disparu, avec lui deux de ses esclaves. Eol ne serait plus jamais le bienvenu chez lui. Il serait mis à mort, de toute façon. Car les Humains n'exilaient pas les meurtriers : ils leur rendaient la pareille.
YAWLDAEC – D'accord. Pose-le sur mon dos.
Le Centaure se tourna, montrant son flanc à Eol, et tendant les bras pour l'aider à allonger le corps de Théobald sur son dos équin.
YAWLDAEC – Eloignons-nous vite avant qu'un soldat ne nous remarque. Galdin va arriver d'un instant à l'autre !
Mais le cheval allait-il se laisser monter, vu l'état de stress dans lequel il avait été mis ? Yawldaec voulait protéger Eol. Et aussi Nïn, qui serait sans doute injustement punie alors qu'elle n'avait aucune culpabilité dans ce qu'il venait de se passer ; mais ça, les soldats de Théobald n'en savaient rien.
Yawldaec- Elite
- Race : Centaure
Re: Pendant ce temps, au domaine de Mortelune…
Yawldaec m’aide à faire monter Théo sur son dos. Mais Théo ne tient pas assis. Il s’affale. Il se retrouve allongé sur le centaure. C’est qu’il doit aller vraiment mal. Je sens une goutte salée couler de mon œil. Je l’essuie avec le dos de ma main. Pourquoi est-ce que mes yeux coulent ?
- Eloignons-nous vite avant qu'un soldat ne nous remarque. Galdin va arriver d'un instant à l'autre !
Je croyais qu’il était mon ami. En fait, il ne m’aime pas. Et il veut que je m’enfuis. C’est injuste. Mais il porte Théo sur son dos. Alors je le suivrais. Même s’il est fou furieux. Il rend Tarik nerveux. Mon cheval. Mon cadeau. Je vois sa crinière qui se soulève par moment. Il secoue la tête. Mauvais signe. Ses oreilles sont plaquées en arrière. Mauvais signe aussi. Je me baisse pour prendre les rênes. Je les tiens fort. Je m’approche de lui. Il sent que je suis calme. Ferme. Froid.
Comme la Mort.
Je lève la main vers son cou. Elle est pleine de sang. D’où est-ce que ça peut bien venir ? Tarik gratte le sol. Je me mets à lui parler d’une voix douce et ferme. Je passe mon autre main, la propre, sur son encolure. Il regarde le méchant Yawldaec fou. Ça lui fait peur. Alors je le fais reculer. Pour qu'il puisse voir ce qui lui fait peur tout en s’en éloignant. Comme ça il ne s’enfuit pas. Il est moins agité maintenant. Je demande à Nïn d’approcher. Je l’aide à grimper sur Tarik. Je les garderais précieusement avec moi. Mes deux cadeaux. Je saute derrière elle. Je raccourcis les rênes. Je sers les jambes autour de mon cheval. Il se met immédiatement à galoper. Nïn est contre moi. Elle n’est pas douée pour faire du cheval. Alors je la maintiens. Je vois sa joue. Elle est rouge. C’est du sang.
Je jette un regard vers Yawldaec. Théo est secoué sur son dos. Encore du sang…
Je serre Nïn un peu plus fort. Je me concentre. Je me rappelle. Théo voulait la tuer. Je l’en ai empêché. J’ai mis mon cimeterre dans le bras de Théo. C’est de là que vient tout ce sang. Ensuite je l’ai mis dans son torse. C’est pour ça qu’il est allongé.
Parce qu’il est mort.
- Mon frère est mort.
Ma voix est faible. Ma bouche n’est qu’à quelques centimètres de l’oreille pointue de Nïn. Je continue de parler.
- Je l’ai tué.
Je dit ce qu’il s’est passé. Parce que j’ai besoin de prononcer ces mots.
- Pour protéger Nïn.
Quand je prononce ces mots, je me rappelle.
- Il voulait la tuer.
Quand je prononce ces mots, je revois tout.
- Parce qu’elle voulait m’obéir. A moi. Et pas à lui.
Et quand je prononce ces mots, ça devient vrai.
- Si Théo ne m’avait pas donné Nïn, je ne l’aurais pas tué.
Encore des larmes. Mais cette fois-ci je sais pourquoi elles coulent de mes yeux. Je ne vois plus rien. Juste les cheveux d’argent de mon cadeau. Les cheveux de celle que j’ai sauvé en tuant mon frère. Je la serre fort contre moi. Très, très fort. Je ne sais pas pourquoi. C’est comme si j’avais envie de l’étouffer. Comme si je voulais la tuer. Pourtant je l’aime. Théo me l’a donnée. Pour toute la vie. Mais si elle n’existait pas, j’aurais Théo. J’ai échangé mon frère contre elle. Je ne sais pas si je regrette.
Je regarde encore Théo. Ce n’est que son corps. Son esprit n'est plus dedans. Ses bras et ses jambes se balancent sur le dos de Yawldaec. On dirait une poupée ballottée dans tous les sens. J’ai envie de rire. J’ai envie de pleurer. J’ai envie de jeter Nïn par terre. J’ai envie de la serrer plus fort contre moi.
Je lève la tête. Je cri. Je hurle.
Tarik panique. Il fait un bond sur le côté. Je retiens Nïn. Je nous rééquilibre. Mon cheval part au triple galop. Les cheveux d’argent volent. Ils fouettent mon visage. Le vent aussi. Ça fait du bien.
- Eloignons-nous vite avant qu'un soldat ne nous remarque. Galdin va arriver d'un instant à l'autre !
Je croyais qu’il était mon ami. En fait, il ne m’aime pas. Et il veut que je m’enfuis. C’est injuste. Mais il porte Théo sur son dos. Alors je le suivrais. Même s’il est fou furieux. Il rend Tarik nerveux. Mon cheval. Mon cadeau. Je vois sa crinière qui se soulève par moment. Il secoue la tête. Mauvais signe. Ses oreilles sont plaquées en arrière. Mauvais signe aussi. Je me baisse pour prendre les rênes. Je les tiens fort. Je m’approche de lui. Il sent que je suis calme. Ferme. Froid.
Comme la Mort.
Je lève la main vers son cou. Elle est pleine de sang. D’où est-ce que ça peut bien venir ? Tarik gratte le sol. Je me mets à lui parler d’une voix douce et ferme. Je passe mon autre main, la propre, sur son encolure. Il regarde le méchant Yawldaec fou. Ça lui fait peur. Alors je le fais reculer. Pour qu'il puisse voir ce qui lui fait peur tout en s’en éloignant. Comme ça il ne s’enfuit pas. Il est moins agité maintenant. Je demande à Nïn d’approcher. Je l’aide à grimper sur Tarik. Je les garderais précieusement avec moi. Mes deux cadeaux. Je saute derrière elle. Je raccourcis les rênes. Je sers les jambes autour de mon cheval. Il se met immédiatement à galoper. Nïn est contre moi. Elle n’est pas douée pour faire du cheval. Alors je la maintiens. Je vois sa joue. Elle est rouge. C’est du sang.
Je jette un regard vers Yawldaec. Théo est secoué sur son dos. Encore du sang…
Je serre Nïn un peu plus fort. Je me concentre. Je me rappelle. Théo voulait la tuer. Je l’en ai empêché. J’ai mis mon cimeterre dans le bras de Théo. C’est de là que vient tout ce sang. Ensuite je l’ai mis dans son torse. C’est pour ça qu’il est allongé.
Parce qu’il est mort.
- Mon frère est mort.
Ma voix est faible. Ma bouche n’est qu’à quelques centimètres de l’oreille pointue de Nïn. Je continue de parler.
- Je l’ai tué.
Je dit ce qu’il s’est passé. Parce que j’ai besoin de prononcer ces mots.
- Pour protéger Nïn.
Quand je prononce ces mots, je me rappelle.
- Il voulait la tuer.
Quand je prononce ces mots, je revois tout.
- Parce qu’elle voulait m’obéir. A moi. Et pas à lui.
Et quand je prononce ces mots, ça devient vrai.
- Si Théo ne m’avait pas donné Nïn, je ne l’aurais pas tué.
Encore des larmes. Mais cette fois-ci je sais pourquoi elles coulent de mes yeux. Je ne vois plus rien. Juste les cheveux d’argent de mon cadeau. Les cheveux de celle que j’ai sauvé en tuant mon frère. Je la serre fort contre moi. Très, très fort. Je ne sais pas pourquoi. C’est comme si j’avais envie de l’étouffer. Comme si je voulais la tuer. Pourtant je l’aime. Théo me l’a donnée. Pour toute la vie. Mais si elle n’existait pas, j’aurais Théo. J’ai échangé mon frère contre elle. Je ne sais pas si je regrette.
Je regarde encore Théo. Ce n’est que son corps. Son esprit n'est plus dedans. Ses bras et ses jambes se balancent sur le dos de Yawldaec. On dirait une poupée ballottée dans tous les sens. J’ai envie de rire. J’ai envie de pleurer. J’ai envie de jeter Nïn par terre. J’ai envie de la serrer plus fort contre moi.
Je lève la tête. Je cri. Je hurle.
Tarik panique. Il fait un bond sur le côté. Je retiens Nïn. Je nous rééquilibre. Mon cheval part au triple galop. Les cheveux d’argent volent. Ils fouettent mon visage. Le vent aussi. Ça fait du bien.
Eol- Champion
- Race : Demi-sang
Re: Pendant ce temps, au domaine de Mortelune…
Le centaure semble hésiter. Il croise le regard de Nïn. Finalement, après un moment qui semble une éternité à l'esclave, il se saisit su baron et le place sur son dos. De nouveau, il presse Eol de s'éloigner. Nïn est d'accord. Il leur faut partir. Mais elle ne dit rien. Elle observe Eol. Il pleure. La demi-elfe en a la poitrine serrée. Elle ne sait pas quoi faire.
Eol s'approche de son cheval. Il lui parle et le caresse. Puis il le fait reculer. Cela a un effet magique sur l'animal, que Nïn voit se calmer peu à peu. Puis il l'appelle elle. Elle s'approche. Elle voudrait lui dire quelque-chose, faire quelque-chose, mais elle ne trouve rien, alors elle demeure muette, et laisse Eol la hisser sur sa monture. Il monte derrière elle, et soudain le cheval part au galop. L'esclave frémit un peu de la peur de tomber, mais Eol la maintient, et elle se laisse porter. Devant eux, Yawldaec galope aussi, la silhouette désarticulée de Théobald remuant sur son dos.
Elle sent l'étreinte d'Eol se resserrer sur elle. Il lui ferait presque mal. Elle ne comprend pas trop ce qui se passe en elle. Elle a un peu peur, parce-que cette étreinte a quelque-chose de brutal. Mais en même temps, cela la rassure un peu. Parce-qu'elle sait que grâce à lui, elle ne va pas tomber. Et parce-qu'il la protège. Tout cela crée un véritable chaos en elle. Comment quelque-chose qui lui fait peur peut-il en même temps la rassurer ?
Elle est tirée de ses pensées par la voix d'Eol. Celle-ci est faible, mais les mots viennent se déposer directement dans son oreille :
- Mon frère est mort.
Il marque une pause. Sans le voir, parce-qu'il est dans son dos, Nïn sent son désarroi. Elle ne dit rien. Il n'y a rien à dire. Il continue :
- Je l’ai tué.
La poitrine de Nïn se serre. Elle a l'impression que la souffrance du demi-drow augmente au fur et à mesure qu'il parle. Et il n'a pas fini :
- Pour protéger Nïn.
Elle a mal, elle aussi. Mal qu'il ait mal. Mal d'en être responsable. Mal de ne pas savoir, de ne pas comprendre ce que cela provoque en lui. Elle comprend que s'il décide de la punir, ou même de la tuer, elle n'essaiera pas le moins du monde de s'y soustraire. Et pas parce-qu'elle a peur. Pas parce-qu'elle lui doit obéissance. Mais parce-qu'elle est d'accord avec ce qu'il décidera. Quoi qu'il décide. D'autres mots viennent, encore :
- Il voulait la tuer.
Eol donne les faits. Il reconstitue la scène. Nïn écoute. Elle attend.
- Parce qu’elle voulait m’obéir. A moi. Et pas à lui.
Elle se sent trembler. Toute son attention est tournée vers Eol, qui la serre contre lui, et conclue, tout contre son oreille :
- Si Théo ne m’avait pas donné Nïn, je ne l’aurais pas tué.
Elle a mal. Très mal. D'une douleur bien différente des souffrances physiques qu'ont pu lui infliger les humains pour la dresser ou la punir. L'étreinte d'Eol sur elle se resserre encore. Ça aussi, ça lui fait mal, mais de façon mitigée. Il y a la douleur physique, la sensation de ne pas respirer convenablement, la peur que cela injecte en elle, peur qu'il l'étouffe, peur qu'il la tue, parce-que son étreinte ne ressemble plus à celle qu'il a pu lui donner précédemment, à l'étreinte de quelqu'un qui cherche du réconfort, ou plus seulement. Il y a, en plus, un certain désespoir, et quelque-chose qui donne à Nïn l'impression que d'une certaine façon, Eol veut la détruire. Et elle a peur, peur qu'il la détruise. Mais dans le même temps, cette peur qui se diffuse en elle amène dans son sillage une autre émotion, qu'elle a déjà pu ressentir, mais jamais à ce point, jamais aussi distinctement. Le fait de savoir, de sentir dans tout son être que celui-ci appartient à Eol, que sa vie et sa mort dépendent entièrement de lui, de son bon vouloir, qu'il pourrait la détruire et qu'il ne tient qu'au fait qu'il ait décidé de ne pas le faire - pour l'instant - qu'elle soit encore en vie, la projette sur un seuil, un seuil où elle pourrait lutter, lutter pour reprendre le pouvoir, ou tenter de le reprendre, pour essayer de lui ôter ce choix, cette toute puissance sur elle qu'il possède en cet instant. Ou bien elle pourrait abandonner. Lui laisser, lui céder ce pouvoir. Et cet abandon a quelque-chose de terriblement tentant et rassurant. Alors elle lâche prise, lui cédant volontairement tout contrôle, abandonnant son dernier sursaut de lutte, sa dernière volonté de ne pas tout céder. Elle n'essaie même plus de s'appartenir. Et c'est rassurant. Elle lui fait confiance pour faire ce qui est bon de faire. Elle a peur qu'il la tue, mais elle d'accord pour qu'il le fasse.
Eol crie derrière elle. Dans le vent amplifié par leur chevauchée. Et Nïn se laisse emporter.
Eol s'approche de son cheval. Il lui parle et le caresse. Puis il le fait reculer. Cela a un effet magique sur l'animal, que Nïn voit se calmer peu à peu. Puis il l'appelle elle. Elle s'approche. Elle voudrait lui dire quelque-chose, faire quelque-chose, mais elle ne trouve rien, alors elle demeure muette, et laisse Eol la hisser sur sa monture. Il monte derrière elle, et soudain le cheval part au galop. L'esclave frémit un peu de la peur de tomber, mais Eol la maintient, et elle se laisse porter. Devant eux, Yawldaec galope aussi, la silhouette désarticulée de Théobald remuant sur son dos.
Elle sent l'étreinte d'Eol se resserrer sur elle. Il lui ferait presque mal. Elle ne comprend pas trop ce qui se passe en elle. Elle a un peu peur, parce-que cette étreinte a quelque-chose de brutal. Mais en même temps, cela la rassure un peu. Parce-qu'elle sait que grâce à lui, elle ne va pas tomber. Et parce-qu'il la protège. Tout cela crée un véritable chaos en elle. Comment quelque-chose qui lui fait peur peut-il en même temps la rassurer ?
Elle est tirée de ses pensées par la voix d'Eol. Celle-ci est faible, mais les mots viennent se déposer directement dans son oreille :
- Mon frère est mort.
Il marque une pause. Sans le voir, parce-qu'il est dans son dos, Nïn sent son désarroi. Elle ne dit rien. Il n'y a rien à dire. Il continue :
- Je l’ai tué.
La poitrine de Nïn se serre. Elle a l'impression que la souffrance du demi-drow augmente au fur et à mesure qu'il parle. Et il n'a pas fini :
- Pour protéger Nïn.
Elle a mal, elle aussi. Mal qu'il ait mal. Mal d'en être responsable. Mal de ne pas savoir, de ne pas comprendre ce que cela provoque en lui. Elle comprend que s'il décide de la punir, ou même de la tuer, elle n'essaiera pas le moins du monde de s'y soustraire. Et pas parce-qu'elle a peur. Pas parce-qu'elle lui doit obéissance. Mais parce-qu'elle est d'accord avec ce qu'il décidera. Quoi qu'il décide. D'autres mots viennent, encore :
- Il voulait la tuer.
Eol donne les faits. Il reconstitue la scène. Nïn écoute. Elle attend.
- Parce qu’elle voulait m’obéir. A moi. Et pas à lui.
Elle se sent trembler. Toute son attention est tournée vers Eol, qui la serre contre lui, et conclue, tout contre son oreille :
- Si Théo ne m’avait pas donné Nïn, je ne l’aurais pas tué.
Elle a mal. Très mal. D'une douleur bien différente des souffrances physiques qu'ont pu lui infliger les humains pour la dresser ou la punir. L'étreinte d'Eol sur elle se resserre encore. Ça aussi, ça lui fait mal, mais de façon mitigée. Il y a la douleur physique, la sensation de ne pas respirer convenablement, la peur que cela injecte en elle, peur qu'il l'étouffe, peur qu'il la tue, parce-que son étreinte ne ressemble plus à celle qu'il a pu lui donner précédemment, à l'étreinte de quelqu'un qui cherche du réconfort, ou plus seulement. Il y a, en plus, un certain désespoir, et quelque-chose qui donne à Nïn l'impression que d'une certaine façon, Eol veut la détruire. Et elle a peur, peur qu'il la détruise. Mais dans le même temps, cette peur qui se diffuse en elle amène dans son sillage une autre émotion, qu'elle a déjà pu ressentir, mais jamais à ce point, jamais aussi distinctement. Le fait de savoir, de sentir dans tout son être que celui-ci appartient à Eol, que sa vie et sa mort dépendent entièrement de lui, de son bon vouloir, qu'il pourrait la détruire et qu'il ne tient qu'au fait qu'il ait décidé de ne pas le faire - pour l'instant - qu'elle soit encore en vie, la projette sur un seuil, un seuil où elle pourrait lutter, lutter pour reprendre le pouvoir, ou tenter de le reprendre, pour essayer de lui ôter ce choix, cette toute puissance sur elle qu'il possède en cet instant. Ou bien elle pourrait abandonner. Lui laisser, lui céder ce pouvoir. Et cet abandon a quelque-chose de terriblement tentant et rassurant. Alors elle lâche prise, lui cédant volontairement tout contrôle, abandonnant son dernier sursaut de lutte, sa dernière volonté de ne pas tout céder. Elle n'essaie même plus de s'appartenir. Et c'est rassurant. Elle lui fait confiance pour faire ce qui est bon de faire. Elle a peur qu'il la tue, mais elle d'accord pour qu'il le fasse.
Eol crie derrière elle. Dans le vent amplifié par leur chevauchée. Et Nïn se laisse emporter.
Nïn- Elite
- Race : demi-elfe
Re: Pendant ce temps, au domaine de Mortelune…
Contrairement à ce que Yawldaec craignait, le cheval se laissa monter, par Nïn et par Eol, bien que ce dernier mît trop de temps au goût de Yawldaec. Le Centaure trépignait, anxieux. Il savait qu'il affolait le cheval mais il ne pouvait pas s'en empêcher. Ses yeux roulaient frénétiquement vers l'intérieur du domaine, appréhendant l'arrivée du dénommé Galdin ou d'un soldat, de n'importe qui en fait. Eol prenait trop son temps, Yawldaec ne comprenait pas à quoi il jouait.
Enfin, le Demi-Drow prit place derrière Nïn et talonna les flancs de son cheval qui comprit l'ordre, partant au galop. Yawldaec détala immédiatement. Il était gêné par le cadavre de Théobald, pas tant à cause de son poids qu'à cause de son instabilité. Le corps n'était pas sanglé, et cette sensation d'instabilité crispait Yawldaec par réflexe, l'empêchant de galoper aussi vite qu'il le voulait. Il retint le corps en tendant les bras derrière lui, ce qui ne l'aida pas à aller plus vite au final, mais au moins s'assurait-il plus ou moins qu'Eol ne verrait pas son demi-frère tomber inerte au sol dans une violente chute depuis un Centaure au galop. Il voulait lui épargner ça, il voulait respecter son deuil. Qu'Eol l'eût accusé de le rendre triste en refusant de se laisser caresser, n'avait plus aucune importance.
Ou peut-être qu'inconsciemment, si, ça en avait : et si Yawldaec voulait se faire pardonner par Eol ? C'était stupide, Yawldaec n'avait pas à se faire pardonner pour avoir refusé de se laisser caresser comme un animal domestique.
Yawldaec entendit Eol parler, mais entre le bruit de son propre galop et celui du cheval, il ne comprit rien de sa première phrase. Il tendit l'oreille pour essayer de comprendre la phrase suivante.
EOL – Je l'ai tué.
Yawldaec réalisa que s'il n'avait pas pu comprendre la première phrase, c'est aussi parce qu'Eol avait la voix nouée.
Nouée par les larmes.
Eol continuait à pleurer. De plus en plus. Et cette fois-ci, Yawldaec savait qu'il n'était en rien en cause dans la tristesse du Demi-Drow.
Au début, Yawldaec avait eu l'impression qu'Eol n'avait même pas réalisé son geste ni la situation générale, il s'était comporté comme si Théobald n'était pas mort. La dure vérité frappait soudainement Eol en plein visage. C'était rude. Même pour Yawldaec.
De ses larges narines, le Centaure renifla. Il se racla la gorge. Lui aussi, il l'avait nouée. Il s'en rendit compte à cet instant. Il y avait trop d'émotions fortes. La peur cédait place à la tristesse. Eol était affligé, mais pas seulement lui. Les phéromones émotives se propageaient. Un chien pleure quand son maître est triste, parce qu'il ressent cette tristesse juste en étant à côté de lui. Yawldaec ressentait la tristesse d'Eol et, sans le réaliser, celle de Nïn aussi. Etait-ce vraiment de la tristesse pure, ou un mélange d'émotions plus complexe ? Yawldaec fut incapable de l'analyser à ce point, mais il en fut affligé. Eol continuait à parler, par petites phrases, mais Yawldaec n'écoutait pas.
Eol serrait Nïn très fort. Trop fort. Mais c'était sûrement normal dans l'état émotif qu'il subissait.
Et soudain... Eol hurla.
Yawldaec bondit en même temps que le cheval. Il était trop sensible, trop nerveux. Il entendit ce hurlement exutoire qui lui glaça le sang. Yawldaec cramponna le corps de Théobald avec ses deux mains, galopant toujours plus alors que le cheval semblait même accélérer.
Yawldaec plissa les paupières. Tiens... Il pleurait. Lui aussi.
Enfin, le Demi-Drow prit place derrière Nïn et talonna les flancs de son cheval qui comprit l'ordre, partant au galop. Yawldaec détala immédiatement. Il était gêné par le cadavre de Théobald, pas tant à cause de son poids qu'à cause de son instabilité. Le corps n'était pas sanglé, et cette sensation d'instabilité crispait Yawldaec par réflexe, l'empêchant de galoper aussi vite qu'il le voulait. Il retint le corps en tendant les bras derrière lui, ce qui ne l'aida pas à aller plus vite au final, mais au moins s'assurait-il plus ou moins qu'Eol ne verrait pas son demi-frère tomber inerte au sol dans une violente chute depuis un Centaure au galop. Il voulait lui épargner ça, il voulait respecter son deuil. Qu'Eol l'eût accusé de le rendre triste en refusant de se laisser caresser, n'avait plus aucune importance.
Ou peut-être qu'inconsciemment, si, ça en avait : et si Yawldaec voulait se faire pardonner par Eol ? C'était stupide, Yawldaec n'avait pas à se faire pardonner pour avoir refusé de se laisser caresser comme un animal domestique.
Yawldaec entendit Eol parler, mais entre le bruit de son propre galop et celui du cheval, il ne comprit rien de sa première phrase. Il tendit l'oreille pour essayer de comprendre la phrase suivante.
EOL – Je l'ai tué.
Yawldaec réalisa que s'il n'avait pas pu comprendre la première phrase, c'est aussi parce qu'Eol avait la voix nouée.
Nouée par les larmes.
Eol continuait à pleurer. De plus en plus. Et cette fois-ci, Yawldaec savait qu'il n'était en rien en cause dans la tristesse du Demi-Drow.
Au début, Yawldaec avait eu l'impression qu'Eol n'avait même pas réalisé son geste ni la situation générale, il s'était comporté comme si Théobald n'était pas mort. La dure vérité frappait soudainement Eol en plein visage. C'était rude. Même pour Yawldaec.
De ses larges narines, le Centaure renifla. Il se racla la gorge. Lui aussi, il l'avait nouée. Il s'en rendit compte à cet instant. Il y avait trop d'émotions fortes. La peur cédait place à la tristesse. Eol était affligé, mais pas seulement lui. Les phéromones émotives se propageaient. Un chien pleure quand son maître est triste, parce qu'il ressent cette tristesse juste en étant à côté de lui. Yawldaec ressentait la tristesse d'Eol et, sans le réaliser, celle de Nïn aussi. Etait-ce vraiment de la tristesse pure, ou un mélange d'émotions plus complexe ? Yawldaec fut incapable de l'analyser à ce point, mais il en fut affligé. Eol continuait à parler, par petites phrases, mais Yawldaec n'écoutait pas.
Eol serrait Nïn très fort. Trop fort. Mais c'était sûrement normal dans l'état émotif qu'il subissait.
Et soudain... Eol hurla.
Yawldaec bondit en même temps que le cheval. Il était trop sensible, trop nerveux. Il entendit ce hurlement exutoire qui lui glaça le sang. Yawldaec cramponna le corps de Théobald avec ses deux mains, galopant toujours plus alors que le cheval semblait même accélérer.
Yawldaec plissa les paupières. Tiens... Il pleurait. Lui aussi.
Yawldaec- Elite
- Race : Centaure
Re: Pendant ce temps, au domaine de Mortelune…
Théobald est là bas. Je cours vers lui. Il tient un cheval par le licol. Et dessus il y a une fille. Il me tend la corde. Je la prends. Je regarde Nïn assise sur Tarik. Ils sont beaux. Théo me tapote la tête. Il se retourne. Il va s’en aller. Je lâche la corde. Je le poursuis. Mon frère se retourne et me gronde.
- Ne lâche jamais cette corde ! Ne les abandonne jamais ! Ils sont pour toi. Ils sont moi.
Théo me prend dans les bras. Il me serre. Très fort. Trop fort. J’ai mal. J’étouffe. Je pousse un cri. Je me réveille en sursaut.
Quand j'ouvre les yeux, tout me revient en tête. Je ne reverrais jamais Théo. Il est mort. Nous sommes arrivés quelque part, avec Nïn, Tarik et Yawldaec. Je ne me souviens pas d’avoir galopé. Je ne me souviens pas qu’on se soit arrêtés. Je ne sais pas où on est. Je m’en fiche.
Théo… son corps était tout froid. J’ai posé ma main sur son torse. J’ai fait une prière à tous les Dieux. Même ceux qu’il n’aimait pas. Ensuite je l’ai laissé. Je ne sais plus où. Je ne voulais plus le voir. De toute façon mon frère n’était plus là. Ce n’était plus que son corps. Vide.
Je ne me souviens pas de m’être endormi. Je sais juste que je n’ai pas lâché Nïn. Pas une seule seconde. Tarik avait fini par s’éloigner. Mais pas Nïn. Je l’avais serrée contre moi. Elle était chaude. Ensuite… je ne sais plus. J’ai perdu conscience de tout. Du temps. De l'espace. Combien de jours se sont écoulés ? Combien d’années ?
Je referme les yeux. Je ne veux pas me réveiller. Parce qu’il n’y aura plus personne si je me lève.
Je revois Yawldaec. C'est encore un rêve. Pourquoi pleure-t-il ? Je ne comprends rien. Je ne veux plus penser. Je veux mourir. Je ne veux pas laisser Théo s’en aller tout seul. Il doit avoir froid et peur.
- Ne lâche jamais cette corde ! Ne les abandonne jamais ! Ils sont pour toi. Ils sont moi.
Théo me prend dans les bras. Il me serre. Très fort. Trop fort. J’ai mal. J’étouffe. Je pousse un cri. Je me réveille en sursaut.
Quand j'ouvre les yeux, tout me revient en tête. Je ne reverrais jamais Théo. Il est mort. Nous sommes arrivés quelque part, avec Nïn, Tarik et Yawldaec. Je ne me souviens pas d’avoir galopé. Je ne me souviens pas qu’on se soit arrêtés. Je ne sais pas où on est. Je m’en fiche.
Théo… son corps était tout froid. J’ai posé ma main sur son torse. J’ai fait une prière à tous les Dieux. Même ceux qu’il n’aimait pas. Ensuite je l’ai laissé. Je ne sais plus où. Je ne voulais plus le voir. De toute façon mon frère n’était plus là. Ce n’était plus que son corps. Vide.
Je ne me souviens pas de m’être endormi. Je sais juste que je n’ai pas lâché Nïn. Pas une seule seconde. Tarik avait fini par s’éloigner. Mais pas Nïn. Je l’avais serrée contre moi. Elle était chaude. Ensuite… je ne sais plus. J’ai perdu conscience de tout. Du temps. De l'espace. Combien de jours se sont écoulés ? Combien d’années ?
Je referme les yeux. Je ne veux pas me réveiller. Parce qu’il n’y aura plus personne si je me lève.
Je revois Yawldaec. C'est encore un rêve. Pourquoi pleure-t-il ? Je ne comprends rien. Je ne veux plus penser. Je veux mourir. Je ne veux pas laisser Théo s’en aller tout seul. Il doit avoir froid et peur.
Eol- Champion
- Race : Demi-sang
Re: Pendant ce temps, au domaine de Mortelune…
Le dragon observe la demi-elfe. Invisible à ses yeux, il a suivi tout son parcours, depuis qu’elle a quitté les montagnes. A sa façon, il cherche à la protéger. Il n’a rien dit quand Schizæ l’a abandonnée aux mains d’un esclavagiste. Son humaine de compagnie savait pourtant que Nïn risquait sa vie. Le dragon n’a toujours pas compris cet acte égoïste.
Son humaine a grandit à ses côtés et à il a tenté de lui inculquer un certain savoir-vivre. Malgré cela, elle continue à se comporter tel un vulgaire humain. Elle met en danger Nïn, qu’elle considère comme son inférieure. Elle ne se rend même pas compte que sa prétendue «esclave» lui est bien supérieure, puisqu’elle est en partie elfe, race incomparables aux vils humains.
Alors, quand il voit Nïn fuir le danger avec un centaure et un demi-drow en guise de compagnie, il décide que c’est à elle qu’il confiera la Grande Tâche. Oui, Nïn est bien plus sage que son humaine avec ses désirs de propriété insensés. Cette demi-elfe aura la mission de détruire la pierre maudite. En effet, dans de mauvaises mains, cette pierre pourrait mettre l’humanité en position de grande force. Et si ce jour devait arriver, alors le monde deviendrait bien sombre pour les non-humains…
Malheureusement, le dragon n’a trouvé aucun moyen pour détruire cette source du mal. Il a perdu beaucoup de temps et il lui faut trouver l’endroit où se situe les autres pierres afin qu’il les détruise toutes. Il lui faut donc déléguer la tâche de détruire la pierre à quelqu’un d’autre. Et ce quelqu’un sera Nïn.
Voilà pourquoi il décide de mettre en relation Schizæ, qui détient la pierre, et Nïn, qui la détruira.
Le dragon attend, invisible à tous les sens du trio qui s’affaire plus bas. Il attend que le centaure s’éloigne, pour une raison ou une autre. Il a tout son temps. Le demi-drow ne semble pas en état de remarquer sa présence. Il ne cesse de geindre et de délirer en s'accrochant désespérément à Nïn.
Quand enfin le centaure s’éloigne, le dragon se laisse tomber près des deux demi-elfes. Comme prévu, le semi-drow reste perdu dans un sommeil agité. Nïn, quand à elle, est bien éveillée.
DRAGON – Monte, je t’emmène à Schizæ.
Pendant un instant, il se demande si la demi-elfe obéira. Il ajoute, sans être sûr que cela la fera changer d’avis :
DRAGON – Je te ramènerais ici après.
Son humaine a grandit à ses côtés et à il a tenté de lui inculquer un certain savoir-vivre. Malgré cela, elle continue à se comporter tel un vulgaire humain. Elle met en danger Nïn, qu’elle considère comme son inférieure. Elle ne se rend même pas compte que sa prétendue «esclave» lui est bien supérieure, puisqu’elle est en partie elfe, race incomparables aux vils humains.
Alors, quand il voit Nïn fuir le danger avec un centaure et un demi-drow en guise de compagnie, il décide que c’est à elle qu’il confiera la Grande Tâche. Oui, Nïn est bien plus sage que son humaine avec ses désirs de propriété insensés. Cette demi-elfe aura la mission de détruire la pierre maudite. En effet, dans de mauvaises mains, cette pierre pourrait mettre l’humanité en position de grande force. Et si ce jour devait arriver, alors le monde deviendrait bien sombre pour les non-humains…
Malheureusement, le dragon n’a trouvé aucun moyen pour détruire cette source du mal. Il a perdu beaucoup de temps et il lui faut trouver l’endroit où se situe les autres pierres afin qu’il les détruise toutes. Il lui faut donc déléguer la tâche de détruire la pierre à quelqu’un d’autre. Et ce quelqu’un sera Nïn.
Voilà pourquoi il décide de mettre en relation Schizæ, qui détient la pierre, et Nïn, qui la détruira.
Le dragon attend, invisible à tous les sens du trio qui s’affaire plus bas. Il attend que le centaure s’éloigne, pour une raison ou une autre. Il a tout son temps. Le demi-drow ne semble pas en état de remarquer sa présence. Il ne cesse de geindre et de délirer en s'accrochant désespérément à Nïn.
Quand enfin le centaure s’éloigne, le dragon se laisse tomber près des deux demi-elfes. Comme prévu, le semi-drow reste perdu dans un sommeil agité. Nïn, quand à elle, est bien éveillée.
DRAGON – Monte, je t’emmène à Schizæ.
Pendant un instant, il se demande si la demi-elfe obéira. Il ajoute, sans être sûr que cela la fera changer d’avis :
DRAGON – Je te ramènerais ici après.
Schizae- Elite
- Race : Humain
Re: Pendant ce temps, au domaine de Mortelune…
Le cheval et le centaure galopent toujours. Mais ils commencent à fatiguer. Surtout le cheval, sous sa double charge. Eol, qui pourtant semble aimer tellement son cheval, n'a pas l'air de vouloir faire quoi que ce soit pour lui permettre de se reposer. Il ne voit sans doute même pas que sa monture fatigue. Nïn comprend qu'il est ailleurs. Perdu dans ses pensées, sans doute, dans ses émotions.
Yawldaec semble avoir compris que le demi-elfe ne prend pas en main la situation. Et il doit se rendre compte que Nïn, elle non plus, ne va pas prendre la moindre décision. C'est donc lui qui prend l'initiative de ralentir, ce qui fait ralentir aussi le cheval. Ils trottent un moment. Nïn trouve cette allure particulièrement inconfortable. Puis ils ralentissent encore. Le centaure semble chercher quelque-chose. Finalement, il doit trouver, car ils s'arrêtent. Nïn se dit que c'est sans doute pour que le cheval et le centaure se reposent un peu. Eol descend de son cheval, sans lâcher Nïn, tandis que Yawldaec descend son chargement de son dos. Eol s'avance vers son demi-frère. Ses yeux sont pleins de larmes. Nïn le suit. Il semble vouloir la garder avec lui. Elle ne sait pas trop bien quoi faire. Le centaure ne sait sans doute pas plus. C'est le deuil d'Eol, après tout, et eux ne peuvent que demeurer à ses côtés, mais pas le porter à sa place.
Le demi-drow s'agenouille et pose sa main sur le torse de son frère. Il commence à énoncer des paroles que Nïn reconnaît comme étant des prières. Elle écoute ce qu'il dit. Et ça la rend triste. Parce-qu'elle sent sa tristesse à lui. Elle attend, à ses côtés. Elle ne le regarde pas vraiment. Et elle ne regarde pas Yawldaec non plus. Elle attend.
Finalement, Eol se détourne. Nïn regarde le corps de Théobald puis, ne pouvant vraiment soutenir cette vue, qui provoque en elle des réactions contradictoires - soulagement, peur, chagrin, remords - reporte son regard sur Eol. Le demi-elfe s'éloigne du corps, sans plus le regarder, attirant encore Nïn avec lui. Il la serre dans ses bras. Très fort.
Plus tard, ils repartent. Sans Théobald. Quand ils s'arrêtent de nouveau, la nuit va tomber. Eol et Nïn se couchent. Le demi-elfe ne semble pas vouloir la lâcher. Cela ne la dérange pas. Elle voudrait bien se changer en once, pour lui apporter le réconfort de sa douce fourrure, mais elle n'ose pas se transformer devant Yawldaec.
Elle n'arrive pas trop à savoir dans quel état est Eol. Depuis qu'il a laissé derrière lui le corps de Théobald, il semble avoir perdu toute conscience. Il s'accroche juste à elle, et elle remarque régulièrement qu'il pleure. Il gémit, aussi, mais ce qu'il semble ne semble pas cohérent à la demi-elfe. C'est un peu comme s'il était malade. Il a peut-être de la fièvre. Elle ne sait pas comment le voir. Elle pourrait peut-être lui préparer des plantes pour le soigner... mais cela semble difficile, puisqu'il n'a pas l'air de vouloir la lâcher.
Yawldaec s'est éloigné. Eol semble légèrement plus calme. Elle ne sait pas s'il dort. Elle se dégage doucement de son étreinte, pensant aller lui chercher des plantes qui pourraient l'aider à s'apaiser. Elle sursaute. Devant elle, une forme sombre vient de se laisser tomber. Un dragon. Ashkore.
L'espace d'un instant, l'esclave reste figée. Elle ne s'attendait pas à ce que le dragon apparaisse si soudainement. Et au delà de ça, elle ne sait plus du tout où elle en est. Tout ce qui s'est passé dernièrement a tout mis sans dessus dessous dans sa tête. Eol, auprès du frère de qui elle était en infiltration pour Schizae, a tué son dit frère, pour la sauver elle, et un lien qu'elle ne saurait qualifié, mais un lien certain, est né entre le demi-drow et elle. Et maintenant, elle est en exil avec lui.
Et puis, que dire au dragon ? Comment résumer tout ce qui s'est passé depuis que lui et Schizae l'ont confiée au marchand d'esclaves ? Le temps qu'elle tente de rassembler ses pensées, Ashkore, lui, s'est déjà mis à parler :
– Monte, je t’emmène à Schizæ.
Nïn le fixe, incapable de la moindre réaction. Il n'est pas venu lui demander de rapport. Il veut l'amener à Schizae. Schizae est sa maîtresse. Elle doit avoir besoin d'aide. Nïn fait un pas vers Ashkore. Puis elle se fige. Elle regarde Eol. Elle ne peut pas le laisser. Lui aussi est son maître. Il la protège. Et elle lui obéit. Elle se retourne vers Ashkore. Muette. Elle ne sait pas quoi dire. Le dragon continue :
– Je te ramènerais ici après.
Elle regarde de nouveau Eol. Ce n'est pas possible. Mais elle ne peut pas non plus laisser Schizae. Elle ne peut désobéir au dragon. Elle est déchirée. Et cela l'immobilise. Elle lève les yeux vers Ashkore. Et chuchote bêtement :
- Je ne peux pas... Je ne peux pas laisser Eol, il faut que... Mais je ne peux pas non plus laisser Schizae. Je ne sais pas quoi faire.
Elle regarde de nouveau Eol, et s'agenouille près de lui. Ce n'est soudain plus elle qui est là, mais l'once. Elle s'allonge contre Eol. Se met à ronronner, la tête posée sur sa poitrine. Puis, finalement, la panthère des neiges se relève. Elle pousse une sorte de miaulement, rauque et doux. Tendre. Une promesse. Elle reviendra. Puis elle se retourne vers Ashkore, ses contours ondulent, elle reprend l'apparence d'une jeune humanoïde aux oreilles pointues et aux cheveux blancs striés de noir. Elle monte sur le dragon. Incapable de regarder Eol, tant elle se sent coupable de ce qu'elle fait.
C'est quand le dragon prend une brusque poussée, qu'elle se tourne finalement vers son maître. De ses yeux bleus coulent des larmes. Mais elle est déterminée. Elle va revenir, dès qu'elle aura vu Schizae. Elle ne laissera pas Eol. Elle va revenir. Elle le lui promet, alors que le dragon prend son envol.
Yawldaec semble avoir compris que le demi-elfe ne prend pas en main la situation. Et il doit se rendre compte que Nïn, elle non plus, ne va pas prendre la moindre décision. C'est donc lui qui prend l'initiative de ralentir, ce qui fait ralentir aussi le cheval. Ils trottent un moment. Nïn trouve cette allure particulièrement inconfortable. Puis ils ralentissent encore. Le centaure semble chercher quelque-chose. Finalement, il doit trouver, car ils s'arrêtent. Nïn se dit que c'est sans doute pour que le cheval et le centaure se reposent un peu. Eol descend de son cheval, sans lâcher Nïn, tandis que Yawldaec descend son chargement de son dos. Eol s'avance vers son demi-frère. Ses yeux sont pleins de larmes. Nïn le suit. Il semble vouloir la garder avec lui. Elle ne sait pas trop bien quoi faire. Le centaure ne sait sans doute pas plus. C'est le deuil d'Eol, après tout, et eux ne peuvent que demeurer à ses côtés, mais pas le porter à sa place.
Le demi-drow s'agenouille et pose sa main sur le torse de son frère. Il commence à énoncer des paroles que Nïn reconnaît comme étant des prières. Elle écoute ce qu'il dit. Et ça la rend triste. Parce-qu'elle sent sa tristesse à lui. Elle attend, à ses côtés. Elle ne le regarde pas vraiment. Et elle ne regarde pas Yawldaec non plus. Elle attend.
Finalement, Eol se détourne. Nïn regarde le corps de Théobald puis, ne pouvant vraiment soutenir cette vue, qui provoque en elle des réactions contradictoires - soulagement, peur, chagrin, remords - reporte son regard sur Eol. Le demi-elfe s'éloigne du corps, sans plus le regarder, attirant encore Nïn avec lui. Il la serre dans ses bras. Très fort.
Plus tard, ils repartent. Sans Théobald. Quand ils s'arrêtent de nouveau, la nuit va tomber. Eol et Nïn se couchent. Le demi-elfe ne semble pas vouloir la lâcher. Cela ne la dérange pas. Elle voudrait bien se changer en once, pour lui apporter le réconfort de sa douce fourrure, mais elle n'ose pas se transformer devant Yawldaec.
Elle n'arrive pas trop à savoir dans quel état est Eol. Depuis qu'il a laissé derrière lui le corps de Théobald, il semble avoir perdu toute conscience. Il s'accroche juste à elle, et elle remarque régulièrement qu'il pleure. Il gémit, aussi, mais ce qu'il semble ne semble pas cohérent à la demi-elfe. C'est un peu comme s'il était malade. Il a peut-être de la fièvre. Elle ne sait pas comment le voir. Elle pourrait peut-être lui préparer des plantes pour le soigner... mais cela semble difficile, puisqu'il n'a pas l'air de vouloir la lâcher.
Yawldaec s'est éloigné. Eol semble légèrement plus calme. Elle ne sait pas s'il dort. Elle se dégage doucement de son étreinte, pensant aller lui chercher des plantes qui pourraient l'aider à s'apaiser. Elle sursaute. Devant elle, une forme sombre vient de se laisser tomber. Un dragon. Ashkore.
L'espace d'un instant, l'esclave reste figée. Elle ne s'attendait pas à ce que le dragon apparaisse si soudainement. Et au delà de ça, elle ne sait plus du tout où elle en est. Tout ce qui s'est passé dernièrement a tout mis sans dessus dessous dans sa tête. Eol, auprès du frère de qui elle était en infiltration pour Schizae, a tué son dit frère, pour la sauver elle, et un lien qu'elle ne saurait qualifié, mais un lien certain, est né entre le demi-drow et elle. Et maintenant, elle est en exil avec lui.
Et puis, que dire au dragon ? Comment résumer tout ce qui s'est passé depuis que lui et Schizae l'ont confiée au marchand d'esclaves ? Le temps qu'elle tente de rassembler ses pensées, Ashkore, lui, s'est déjà mis à parler :
– Monte, je t’emmène à Schizæ.
Nïn le fixe, incapable de la moindre réaction. Il n'est pas venu lui demander de rapport. Il veut l'amener à Schizae. Schizae est sa maîtresse. Elle doit avoir besoin d'aide. Nïn fait un pas vers Ashkore. Puis elle se fige. Elle regarde Eol. Elle ne peut pas le laisser. Lui aussi est son maître. Il la protège. Et elle lui obéit. Elle se retourne vers Ashkore. Muette. Elle ne sait pas quoi dire. Le dragon continue :
– Je te ramènerais ici après.
Elle regarde de nouveau Eol. Ce n'est pas possible. Mais elle ne peut pas non plus laisser Schizae. Elle ne peut désobéir au dragon. Elle est déchirée. Et cela l'immobilise. Elle lève les yeux vers Ashkore. Et chuchote bêtement :
- Je ne peux pas... Je ne peux pas laisser Eol, il faut que... Mais je ne peux pas non plus laisser Schizae. Je ne sais pas quoi faire.
Elle regarde de nouveau Eol, et s'agenouille près de lui. Ce n'est soudain plus elle qui est là, mais l'once. Elle s'allonge contre Eol. Se met à ronronner, la tête posée sur sa poitrine. Puis, finalement, la panthère des neiges se relève. Elle pousse une sorte de miaulement, rauque et doux. Tendre. Une promesse. Elle reviendra. Puis elle se retourne vers Ashkore, ses contours ondulent, elle reprend l'apparence d'une jeune humanoïde aux oreilles pointues et aux cheveux blancs striés de noir. Elle monte sur le dragon. Incapable de regarder Eol, tant elle se sent coupable de ce qu'elle fait.
C'est quand le dragon prend une brusque poussée, qu'elle se tourne finalement vers son maître. De ses yeux bleus coulent des larmes. Mais elle est déterminée. Elle va revenir, dès qu'elle aura vu Schizae. Elle ne laissera pas Eol. Elle va revenir. Elle le lui promet, alors que le dragon prend son envol.
Nïn- Elite
- Race : demi-elfe
Re: Pendant ce temps, au domaine de Mortelune…
Cette émotion forte rendait le galop plus lourd, plus fatiguant. Yawldaec était endurant, mais il ne pouvait continuer à galoper en ayant l'esprit aussi préoccupé et en sentant des larmes lui embuer la vue. De plus, il entendait le souffle rauque du cheval, signe qu'il fatiguait lui aussi. Il fallait se reposer, remettre ses esprits en place, faire le point sur ce qu'il venait de se passer et reprendre un nouveau souffle.
Le Centaure ralentit ; le voyant faire, le cheval, n'attendant que cela, se mit à ralentir également. Eol était le plus troublé de tous, et ne sembla même pas réaliser que sa monture n'était plus au galop. Ils étaient dans un bosquet prêt d'un domaine fortifié dont le baron venait d'être assassiné et enlevé. Des gens patrouilleraient dans la zone dans peu de temps – un jour, deux jours peut-être, pas beaucoup plus en tout cas. Il fallait éviter de rester près des sentiers mais au contraire faire halte loin de tout endroit exposé. Personne ne devait les voir. En même temps, le cheval devait avoir soif, et Yawldaec devait bien dire qu'il commençait à ressentir de la soif lui aussi.
Le Centaure se mit donc en quête d'un endroit bien camouflé par la végétation et à proximité d'un point d'eau. Il trouva bien un endroit isolé, mais pas de point d'eau. Il allait falloir se déplacer encore mais pour le moment il s'arrêta, expliquant à Nïn qu'il fallait faire une pause, que tout le monde avait besoin de repos, aussi bien le cheval, qu'Eol et que lui-même.
Avec précaution, Yawldaec se déchargea du corps de Théobald qu'il allongea dans l'herbe. Eol alla se recueillir auprès de celui-ci. Yawldaec l'entendit adresser une prière. Théobald lui manquait déjà. Eol l'avait lui-même tué, mais sans réaliser son geste. Parce qu'Eol n'était pas comme tous ces Humains qui l'entouraient. Eol voyait le monde avec des yeux d'enfant obéissant et capricieux à la fois. Il avait eu un geste incontrôlé envers son frère, le geste de trop. Et maintenant, Eol était perdu et triste.
Yawldaec écrasa ses larmes. Il ne pleurait pas la mort de Théobald, il aurait au contraire envie de s'en réjouir ; il pleurait par affection pour Eol, parce que la cause de la tristesse de ce dernier était trop particulière, et que ça le touchait donc deux fois plus.
Eol s'éloigna du corps de Théobald, ne voulant même plus le voir. Yawldaec regarda un instant l'homme qu'il avait si vite haï. Eol, son demi-frère, après avoir pleuré sa mort, le laissait là, exposé aux charognards. Yawldaec n'avait pas la force de lui offrir une dépose funeste décente, car il ne pouvait pas oublier qui était Théobald. Eol n'en faisait même pas le vœu. Alors, tous s'éloignèrent, et repartirent quelques minutes plus tard, mais au pas cette fois. Eol serrait toujours Nïn contre lui. Il avait vraiment une relation particulière avec elle. Au fond de Yawldaec, très profondément même, il y eut un petit peu de jalousie, un tout petit peu, mais il y en eut. Il n'en fut même pas conscient, mais il repensa à la façon dont Eol l'avait traité, et surtout à la façon dont lui-même avait réagi à ces traitements, car ça avait été là le plus étonnant.
Yawldaec trouva enfin l'endroit idéal : loin des sentiers traversant le bosquet, et près d'un tout petit étang. Yawldaec ne voulait pas bivouaquer juste à côté de l'étang, mais il y mena le cheval qui eut plaisir à s'abreuver. Il revint sans ce dernier auprès d'Eol et de Nïn. Eol s'assoupit encore contre son esclave, et Yawldaec ne sut pas quoi dire à cette dernière. Il ne trouva aucun mot, comme si c'était la situation même qui ne se prétait pas à la moindre discussion. Yawldaec retourna à l'étang, le cheval était toujours là, et il se passa de l'eau sur le visage, dans les cheveux et dans la crinière, s'immergeant les pattes jusqu'aux genoux. Il quitta ensuite l'étang et se camoufla dans la végétation pour un besoin naturel. Alors qu'il allait revenir, il entendit un bruit étrange qu'il ne sut identifier, à l'opposé de lui par rapport à Eol. Ayant peur qu'un danger approche, il pressa le pas, et trouva Eol... seul.
Nïn n'était plus là. Yawldaec n'eut même pas le temps de se demander où elle était passée, que son attention fut attirée vers le ciel par un bruit similaire au premier qu'il avait entendu.
Un dragon s'éloignait.
Un dragon ?! Avait-il un rapport avec la disparition de Nïn ? Eol somnolait toujours, épuisé par ses émotions, et ne s'était rendu compte de rien. Le cheval était toujours probablement à l'étang. Inspectant le sol, Yawldaec trouva des empreinte de pas, correspondant probablement à celles de Nïn, s'éloignant vers l'endroit d'où s'était envolé le dragon. Suivant les empreintes, Yawldaec n'eut plus de doute quand il arriva à cet endroit même. Nïn n'avait donc pas été enlevée par le dragon : elle était allée à lui. Elle s'en était allée avec lui.
Perplexe, Yawldaec revint vers Eol. Comment lui annoncer que Nïn venait de partir avec un dragon, sachant l'état émotionnel dans lequel il demeurait ? Eol avait besoin de repos, mais il en voudrait à Eol d'avoir attendu avant de lui rapporter l'évènement. Eol avait serré Nïn tout le long de leur déplacement. Il n'allait plus pouvoir la serrer. Il fallait qu'il sache tout de suite.
Yawldaec se pencha vers Eol. Il lui posa une main sur l'épaule, et inspira un grand coup. Pauvre Eol... Avant même de le réveiller, Yawldaec déplaça sa main et lui caressa les cheveux. Puis il reposa sa main sur son épaule, et la secoua doucement.
YAWLDAEC – Eol ? Eol ?
l'appela-t-il doucement à se réveiller.
YAWLDAEC – Eol, réveille-toi.
Il attendit d'avoir l'attention du Demi-Drow.
YAWLDAEC – Je... Il s'est passé quelque chose. Je viens de voir un dragon dans le ciel, et... Nïn est partie avec lui.
Pourquoi Nïn serait-elle partie avec un dragon ? Connaissait-elle un dragon ? Comment une esclave de Théobald pourrait-elle être l'amie d'un dragon ? Ca n'avait aucun sens. Yawldaec était perdu, il ne pouvait qu'expliquer à Eol ce qu'il s'était passé, sans savoir quoi en penser. Ca n'avait aucun sens, et Eol allait devoir encaisser ça au pire moment.
Le Centaure ralentit ; le voyant faire, le cheval, n'attendant que cela, se mit à ralentir également. Eol était le plus troublé de tous, et ne sembla même pas réaliser que sa monture n'était plus au galop. Ils étaient dans un bosquet prêt d'un domaine fortifié dont le baron venait d'être assassiné et enlevé. Des gens patrouilleraient dans la zone dans peu de temps – un jour, deux jours peut-être, pas beaucoup plus en tout cas. Il fallait éviter de rester près des sentiers mais au contraire faire halte loin de tout endroit exposé. Personne ne devait les voir. En même temps, le cheval devait avoir soif, et Yawldaec devait bien dire qu'il commençait à ressentir de la soif lui aussi.
Le Centaure se mit donc en quête d'un endroit bien camouflé par la végétation et à proximité d'un point d'eau. Il trouva bien un endroit isolé, mais pas de point d'eau. Il allait falloir se déplacer encore mais pour le moment il s'arrêta, expliquant à Nïn qu'il fallait faire une pause, que tout le monde avait besoin de repos, aussi bien le cheval, qu'Eol et que lui-même.
Avec précaution, Yawldaec se déchargea du corps de Théobald qu'il allongea dans l'herbe. Eol alla se recueillir auprès de celui-ci. Yawldaec l'entendit adresser une prière. Théobald lui manquait déjà. Eol l'avait lui-même tué, mais sans réaliser son geste. Parce qu'Eol n'était pas comme tous ces Humains qui l'entouraient. Eol voyait le monde avec des yeux d'enfant obéissant et capricieux à la fois. Il avait eu un geste incontrôlé envers son frère, le geste de trop. Et maintenant, Eol était perdu et triste.
Yawldaec écrasa ses larmes. Il ne pleurait pas la mort de Théobald, il aurait au contraire envie de s'en réjouir ; il pleurait par affection pour Eol, parce que la cause de la tristesse de ce dernier était trop particulière, et que ça le touchait donc deux fois plus.
Eol s'éloigna du corps de Théobald, ne voulant même plus le voir. Yawldaec regarda un instant l'homme qu'il avait si vite haï. Eol, son demi-frère, après avoir pleuré sa mort, le laissait là, exposé aux charognards. Yawldaec n'avait pas la force de lui offrir une dépose funeste décente, car il ne pouvait pas oublier qui était Théobald. Eol n'en faisait même pas le vœu. Alors, tous s'éloignèrent, et repartirent quelques minutes plus tard, mais au pas cette fois. Eol serrait toujours Nïn contre lui. Il avait vraiment une relation particulière avec elle. Au fond de Yawldaec, très profondément même, il y eut un petit peu de jalousie, un tout petit peu, mais il y en eut. Il n'en fut même pas conscient, mais il repensa à la façon dont Eol l'avait traité, et surtout à la façon dont lui-même avait réagi à ces traitements, car ça avait été là le plus étonnant.
Yawldaec trouva enfin l'endroit idéal : loin des sentiers traversant le bosquet, et près d'un tout petit étang. Yawldaec ne voulait pas bivouaquer juste à côté de l'étang, mais il y mena le cheval qui eut plaisir à s'abreuver. Il revint sans ce dernier auprès d'Eol et de Nïn. Eol s'assoupit encore contre son esclave, et Yawldaec ne sut pas quoi dire à cette dernière. Il ne trouva aucun mot, comme si c'était la situation même qui ne se prétait pas à la moindre discussion. Yawldaec retourna à l'étang, le cheval était toujours là, et il se passa de l'eau sur le visage, dans les cheveux et dans la crinière, s'immergeant les pattes jusqu'aux genoux. Il quitta ensuite l'étang et se camoufla dans la végétation pour un besoin naturel. Alors qu'il allait revenir, il entendit un bruit étrange qu'il ne sut identifier, à l'opposé de lui par rapport à Eol. Ayant peur qu'un danger approche, il pressa le pas, et trouva Eol... seul.
Nïn n'était plus là. Yawldaec n'eut même pas le temps de se demander où elle était passée, que son attention fut attirée vers le ciel par un bruit similaire au premier qu'il avait entendu.
Un dragon s'éloignait.
Un dragon ?! Avait-il un rapport avec la disparition de Nïn ? Eol somnolait toujours, épuisé par ses émotions, et ne s'était rendu compte de rien. Le cheval était toujours probablement à l'étang. Inspectant le sol, Yawldaec trouva des empreinte de pas, correspondant probablement à celles de Nïn, s'éloignant vers l'endroit d'où s'était envolé le dragon. Suivant les empreintes, Yawldaec n'eut plus de doute quand il arriva à cet endroit même. Nïn n'avait donc pas été enlevée par le dragon : elle était allée à lui. Elle s'en était allée avec lui.
Perplexe, Yawldaec revint vers Eol. Comment lui annoncer que Nïn venait de partir avec un dragon, sachant l'état émotionnel dans lequel il demeurait ? Eol avait besoin de repos, mais il en voudrait à Eol d'avoir attendu avant de lui rapporter l'évènement. Eol avait serré Nïn tout le long de leur déplacement. Il n'allait plus pouvoir la serrer. Il fallait qu'il sache tout de suite.
Yawldaec se pencha vers Eol. Il lui posa une main sur l'épaule, et inspira un grand coup. Pauvre Eol... Avant même de le réveiller, Yawldaec déplaça sa main et lui caressa les cheveux. Puis il reposa sa main sur son épaule, et la secoua doucement.
YAWLDAEC – Eol ? Eol ?
l'appela-t-il doucement à se réveiller.
YAWLDAEC – Eol, réveille-toi.
Il attendit d'avoir l'attention du Demi-Drow.
YAWLDAEC – Je... Il s'est passé quelque chose. Je viens de voir un dragon dans le ciel, et... Nïn est partie avec lui.
Pourquoi Nïn serait-elle partie avec un dragon ? Connaissait-elle un dragon ? Comment une esclave de Théobald pourrait-elle être l'amie d'un dragon ? Ca n'avait aucun sens. Yawldaec était perdu, il ne pouvait qu'expliquer à Eol ce qu'il s'était passé, sans savoir quoi en penser. Ca n'avait aucun sens, et Eol allait devoir encaisser ça au pire moment.
Yawldaec- Elite
- Race : Centaure
Re: Pendant ce temps, au domaine de Mortelune…
Un dragon tombe du ciel. Il ouvre grand sa gueule. Il crache du feu. Les flammes m’encerclent. Je brûle!
Je rêve encore?
Il y a des voix. Je plaque mes mains sur mes oreilles. Je ne veux rien entendre. Je ne veux pas me réveiller. Je ne veux pas penser.
Je sens une fourrure. Elle est blanche. Elle est noire. Et tellement douce. Je la caresse. C’est Nïn… Elle ronronne. Ça me berce. Je sens son corps. Son odeur féline. Ses poils doux. Sa peau souple. Ses muscles fins. Ses os saillants. Le frémissement de son ronronnement.
C’est tellement apaisant.
Mes épaules se relâchent. Mon corps entier se détend. Qu’importe la mort. Qu’importe tout le reste. Si Nïn est là, plus rien d’autre n’a d’importance.
Sa chaleur s’éloigne. J’ouvre les yeux. Je la cherche. Elle est en face, à côté d’un dragon noir. Elle a repris la forme d’une demi-elfe. Je la regarde. En plein dans les yeux. Même si c’est difficile. De l’eau sort de tout ce bleu. Elle aussi, elle pleure. Mais son regard est beau. Je ne m’étais pas rendu compte qu’elle était aussi belle.
Elle est belle et elle est à moi. Ma possession. Je le vois. Tout son être le dit. Ou alors c’est moi qui le veux tellement que je finis par m’en convaincre. Théo me disait tout le temps… Mais il est mort. Il est mort et Nïn est vivante. Alors j’ai le droit de penser qu’elle sera toujours là pour moi.
Je me rendors. Tout devient noir. Mais tout va bien. Jusqu’à ce que je sente à nouveau quelque chose. Des doigts qui se déposent sur mon épaule. C’est comme un oiseau qui se pose sur moi. Les doigts remontent. Ils caressent mes cheveux. Je sais à qui ils sont. J’ai entendu ses sabots. Ce ne sont pas les même que ceux de Tarik. Et j’ai reconnu son odeur. Je me recroqueville. Les doigts redescendent et me secouent. Ce n’est plus comme un oiseau. Ça ressemble plus au museau d’un chien qui me pousse pour me réveiller. La voix du centaure m’appelle. Je ne veux pas lui répondre. Il ne m’aime pas, alors je le déteste. Mais il me dit de me réveiller. Je lui obéis. Parce que j’obéis toujours.
Je regarde derrière lui. Je ne veux pas le voir. Ça me rendrait triste.
– Je... Il s'est passé quelque chose. Je viens de voir un dragon dans le ciel, et... Nïn est partie avec lui.
- Théo me l'a donnée pour qu'elle fasse de moi un homme. Alors elle est à moi et je deviendrais un homme. Nous sommes liés. Elle me reviendra toujours. Je le sais.
Théo m’aurait appelé «fol» en m’entendant dire ça. Je désigne mon cœur avec mon index. Je suis plein de ferveur quand je parle. Ou bien c’est du désespoir, je ne sais plus. Et je suis brulant. C’est peut-être de la fièvre… Je tremble, j'ai chaud et froid. Je dois être malade de tristesse. C'est pour ça que tout ce que je raconte est délirant.
Je regarde le bras de Yawldaec. Je tends la main vers lui. Et j’arrête mon mouvement en plein milieu. Il va s’éloigner de moi, comme la dernière fois. Il ne veut plus que je le caresse. Je regarde ce bras avec haine.
- Toi, je ne sais pas comment je dois te voir. Fais ce que tu veux, Eol. Je ne te contrôle pas. Tu as une âme aussi, Eol. Eol, tu dois connaître mon vrai nom maintenant.
Je répète inlassablement toutes ces paroles gentilles qu’il m’avait dites. Je ne sais pas pourquoi je les prononce à voix haute. Peut être parce que je suis triste. Et parce que je veux les rendre réelles, me rappeler qu’il était gentil avec moi. Je croyais qu’il m’aimait. Je ne sais même pas s’il s’en souvient, lui. Personne n’a autant de mémoire que moi. Surtout pas un méchant centaure écervelé!
Je rêve encore?
Il y a des voix. Je plaque mes mains sur mes oreilles. Je ne veux rien entendre. Je ne veux pas me réveiller. Je ne veux pas penser.
Je sens une fourrure. Elle est blanche. Elle est noire. Et tellement douce. Je la caresse. C’est Nïn… Elle ronronne. Ça me berce. Je sens son corps. Son odeur féline. Ses poils doux. Sa peau souple. Ses muscles fins. Ses os saillants. Le frémissement de son ronronnement.
C’est tellement apaisant.
Mes épaules se relâchent. Mon corps entier se détend. Qu’importe la mort. Qu’importe tout le reste. Si Nïn est là, plus rien d’autre n’a d’importance.
Sa chaleur s’éloigne. J’ouvre les yeux. Je la cherche. Elle est en face, à côté d’un dragon noir. Elle a repris la forme d’une demi-elfe. Je la regarde. En plein dans les yeux. Même si c’est difficile. De l’eau sort de tout ce bleu. Elle aussi, elle pleure. Mais son regard est beau. Je ne m’étais pas rendu compte qu’elle était aussi belle.
Elle est belle et elle est à moi. Ma possession. Je le vois. Tout son être le dit. Ou alors c’est moi qui le veux tellement que je finis par m’en convaincre. Théo me disait tout le temps… Mais il est mort. Il est mort et Nïn est vivante. Alors j’ai le droit de penser qu’elle sera toujours là pour moi.
Je me rendors. Tout devient noir. Mais tout va bien. Jusqu’à ce que je sente à nouveau quelque chose. Des doigts qui se déposent sur mon épaule. C’est comme un oiseau qui se pose sur moi. Les doigts remontent. Ils caressent mes cheveux. Je sais à qui ils sont. J’ai entendu ses sabots. Ce ne sont pas les même que ceux de Tarik. Et j’ai reconnu son odeur. Je me recroqueville. Les doigts redescendent et me secouent. Ce n’est plus comme un oiseau. Ça ressemble plus au museau d’un chien qui me pousse pour me réveiller. La voix du centaure m’appelle. Je ne veux pas lui répondre. Il ne m’aime pas, alors je le déteste. Mais il me dit de me réveiller. Je lui obéis. Parce que j’obéis toujours.
Je regarde derrière lui. Je ne veux pas le voir. Ça me rendrait triste.
– Je... Il s'est passé quelque chose. Je viens de voir un dragon dans le ciel, et... Nïn est partie avec lui.
- Théo me l'a donnée pour qu'elle fasse de moi un homme. Alors elle est à moi et je deviendrais un homme. Nous sommes liés. Elle me reviendra toujours. Je le sais.
Théo m’aurait appelé «fol» en m’entendant dire ça. Je désigne mon cœur avec mon index. Je suis plein de ferveur quand je parle. Ou bien c’est du désespoir, je ne sais plus. Et je suis brulant. C’est peut-être de la fièvre… Je tremble, j'ai chaud et froid. Je dois être malade de tristesse. C'est pour ça que tout ce que je raconte est délirant.
Je regarde le bras de Yawldaec. Je tends la main vers lui. Et j’arrête mon mouvement en plein milieu. Il va s’éloigner de moi, comme la dernière fois. Il ne veut plus que je le caresse. Je regarde ce bras avec haine.
- Toi, je ne sais pas comment je dois te voir. Fais ce que tu veux, Eol. Je ne te contrôle pas. Tu as une âme aussi, Eol. Eol, tu dois connaître mon vrai nom maintenant.
Je répète inlassablement toutes ces paroles gentilles qu’il m’avait dites. Je ne sais pas pourquoi je les prononce à voix haute. Peut être parce que je suis triste. Et parce que je veux les rendre réelles, me rappeler qu’il était gentil avec moi. Je croyais qu’il m’aimait. Je ne sais même pas s’il s’en souvient, lui. Personne n’a autant de mémoire que moi. Surtout pas un méchant centaure écervelé!
Eol- Champion
- Race : Demi-sang
Re: Pendant ce temps, au domaine de Mortelune…
EOL – Théo me l'a donnée pour qu'elle fasse de moi un homme. Alors elle est à moi et je deviendrai un homme. Nous sommes liés. Elle me reviendra toujours. Je le sais.
Eh bien ! Yawldaec s'attendait à le voir crier de détresse, pleurer encore plus, ou tout du moins gémir, ou encore s'énerver contre lui, chercher un exutoire... Rien de tout ça : Eol accueillit la nouvelle avec un flegme tout à fait étonnant. Yawldaec ne comprenait même pas ce qu'il disait : « pour qu'elle fasse de moi un homme », qu'est-ce que cela voulait bien dire ? En quoi Nïn pouvait-elle aider Eol à « devenir un homme » ? Dans un certain nombre de cultures, on « devient un homme » une fois que l'on a accompli un acte de bravoure, tué une proie importante lors d'une chasse, vaincu un ennemi au nom de la tribu, ou plus spirituellement une fois que l'on a atteint un degré de sagesse, gagné en maturité... Yawldaec ne voyait pas quelle aide Nïn pouvait apporter à Eol pour remplir la moindre de ces conditions.
Eol eut donc une toute autre réaction que ce à quoi Yawldaec s'attendait. Il avait l'air certain que Nïn lui reviendrait. Il la considérait comme sienne. Rien ne l'obligeait à revenir vers lui, et qu'est-ce qui garantissait, même si Nïn en avait la volonté, que le dragon accepterait de la ramener ?
Autre chose perturba Yawldaec : Eol lui parlait sans le regarder. Pas une seule seconde, il ne croisa son regard. Il semblait le fuir. Yawldaec était vraiment perdu. Eol l'avait, un peu plus tôt, accusé de le rendre triste, et Yawldaec n'avait pas compris comment ; cela devait avoir un rapport avec le fait qu'Eol évitait son regard maintenant. Il lui avait rappelé qu'il avait « été gentil », évoquant ces moments où il s'était laissé brosser. Yawldaec se crispa. Oui, lui, le Centaure indomptable, avait apprécié certains traitements d'ordinaire réservés aux animaux, parce qu'Eol était quelqu'un de touchant et parce qu'il n'y avait eu aucun témoin. Mais quel rapport avec la situation actuelle ?
Yawldaec remarqua la main d'Eol s'approcher de son bras puis s'arrêter en plein mouvement. Le Centaure n'eut même pas eu de geste de recul pourtant.
Yawldaec ne comprenait rien du tout à la situation, ni le ressentiment d'Eol, ni son flegme à la nouvelle du départ de Nïn, ni même son absence de surprise quant à l'évocation d'un dragon.
EOL – « Toi, je ne sais pas comment je dois te voir. Fais ce que tu veux, Eol. Je ne te contrôle pas. Tu as une âme aussi, Eol. Eol, tu dois connaître mon vrai nom maintenant. »
Toutes ces phrases avivèrent des souvenirs chez Yawldaec, et il finit par deviner que c'est lui-même qui les avait prononcées. Eol le citait, comme s'il était nostalgique de leur première rencontre. Yawldaec soupira. De ses yeux noirs de cheval, il continuait à fixer le Demi-Drow, restant penché sur lui.
YAWLDAEC – Je me souviens, Eol. Je me souviens que tu m'as fait Kelnozz puis que je suis redevenu Yawldaec. Je me souviens de tout ça. Je me souvenais de toi et j'avais... espoir de te revoir en venant ici, et de te trouver en bonne santé. Pourquoi me répètes-tu ces phrases ? Pourquoi ne me regardes-tu pas ? Qu'ai-je fait pour déclencher ta tristesse et ton ressentiment ? Nous ne sommes plus que tous les deux, alors parle-moi librement.
Eh bien ! Yawldaec s'attendait à le voir crier de détresse, pleurer encore plus, ou tout du moins gémir, ou encore s'énerver contre lui, chercher un exutoire... Rien de tout ça : Eol accueillit la nouvelle avec un flegme tout à fait étonnant. Yawldaec ne comprenait même pas ce qu'il disait : « pour qu'elle fasse de moi un homme », qu'est-ce que cela voulait bien dire ? En quoi Nïn pouvait-elle aider Eol à « devenir un homme » ? Dans un certain nombre de cultures, on « devient un homme » une fois que l'on a accompli un acte de bravoure, tué une proie importante lors d'une chasse, vaincu un ennemi au nom de la tribu, ou plus spirituellement une fois que l'on a atteint un degré de sagesse, gagné en maturité... Yawldaec ne voyait pas quelle aide Nïn pouvait apporter à Eol pour remplir la moindre de ces conditions.
Eol eut donc une toute autre réaction que ce à quoi Yawldaec s'attendait. Il avait l'air certain que Nïn lui reviendrait. Il la considérait comme sienne. Rien ne l'obligeait à revenir vers lui, et qu'est-ce qui garantissait, même si Nïn en avait la volonté, que le dragon accepterait de la ramener ?
Autre chose perturba Yawldaec : Eol lui parlait sans le regarder. Pas une seule seconde, il ne croisa son regard. Il semblait le fuir. Yawldaec était vraiment perdu. Eol l'avait, un peu plus tôt, accusé de le rendre triste, et Yawldaec n'avait pas compris comment ; cela devait avoir un rapport avec le fait qu'Eol évitait son regard maintenant. Il lui avait rappelé qu'il avait « été gentil », évoquant ces moments où il s'était laissé brosser. Yawldaec se crispa. Oui, lui, le Centaure indomptable, avait apprécié certains traitements d'ordinaire réservés aux animaux, parce qu'Eol était quelqu'un de touchant et parce qu'il n'y avait eu aucun témoin. Mais quel rapport avec la situation actuelle ?
Yawldaec remarqua la main d'Eol s'approcher de son bras puis s'arrêter en plein mouvement. Le Centaure n'eut même pas eu de geste de recul pourtant.
Yawldaec ne comprenait rien du tout à la situation, ni le ressentiment d'Eol, ni son flegme à la nouvelle du départ de Nïn, ni même son absence de surprise quant à l'évocation d'un dragon.
EOL – « Toi, je ne sais pas comment je dois te voir. Fais ce que tu veux, Eol. Je ne te contrôle pas. Tu as une âme aussi, Eol. Eol, tu dois connaître mon vrai nom maintenant. »
Toutes ces phrases avivèrent des souvenirs chez Yawldaec, et il finit par deviner que c'est lui-même qui les avait prononcées. Eol le citait, comme s'il était nostalgique de leur première rencontre. Yawldaec soupira. De ses yeux noirs de cheval, il continuait à fixer le Demi-Drow, restant penché sur lui.
YAWLDAEC – Je me souviens, Eol. Je me souviens que tu m'as fait Kelnozz puis que je suis redevenu Yawldaec. Je me souviens de tout ça. Je me souvenais de toi et j'avais... espoir de te revoir en venant ici, et de te trouver en bonne santé. Pourquoi me répètes-tu ces phrases ? Pourquoi ne me regardes-tu pas ? Qu'ai-je fait pour déclencher ta tristesse et ton ressentiment ? Nous ne sommes plus que tous les deux, alors parle-moi librement.
Yawldaec- Elite
- Race : Centaure
Re: Pendant ce temps, au domaine de Mortelune…
Les mots sortent de ma bouche. Mais j’imagine que c’est Yawldaec qui les prononce. Je pense très fort à ça. Et j’ai l’impression de les entendre avec un accent équin. Ce sont des mots doux. Ils me réchauffent. Parce que j’ai froid. Même si je suis brulant.
Le centaure se remet à parler. Je répète une phrase juste après qu’il la prononce. Je l'ajoute à ma liste de phrases gentilles. Je me les répéterais quand j'irais mal :
- J'avais espoir de te revoir en venant ici.
- Pourquoi me répètes-tu ces phrases ? Pourquoi ne me regardes-tu pas ? Qu'ai-je fait pour déclencher ta tristesse et ton ressentiment ? Nous ne sommes plus que tous les deux, alors parle-moi librement.
Je pousse un soupir à mon tour. Je regarde le bras du centaure. Mes yeux remontent le long de son torse jusqu’à atteindre son cou. Je n’aime pas regarder les gens dans les yeux. Mais là, ce n’est pas ça le problème.
- Je veux les entendre à nouveau. Alors je les dis.
Première question. Première réponse. Plutôt simple et évident.
- Je n’ai pas envie de te voir.
Deuxième question. Deuxième réponse. Tout aussi simple et évident.
- Je pensais que tu m’aimais. Alors j’ai voulu te caresser comme avant. Mais tu m’as rejeté. Théo m’a toujours dit que j’étais stupide d’aimer un centaure. Parce que vous n’avez pas d’âme. Pas de sentiments. Il a dit que ça me rendrait triste. Je pensais qu’il se trompait. Mais il avait raison. Ça m'a rendu triste. Sauf que… un nouvel élément entre en compte.
Je répète sa dernière phrase parce qu’elle me met sur une piste. Je crois que je comprends. Je l’espère. Peut être que Yawldaec ne me déteste pas.
- Tu as dit : Nous ne sommes plus que tous les deux, alors parle-moi librement.
Je voudrais que ce ne soit pas juste l’espoir qui parle. Je ne veux pas encore souffrir en me rendant compte que Théo a toujours raison. Yawldaec est le seul à m’avoir fait douter. Le seul à m’avoir dit que mon frère se trompait. Pourvu que ce soit vrai. Pourvu que Yawldaec ne me déteste pas.
- Tu ne veux pas m’aimer quand il y a d’autres gens. Tu fais comme Théo en public. Il me faisait très mal. Avec ses mots et avec ses coups. Pareil pour toi : tu n’es pas gentil et tu me rejettes. Tu as honte de moi. De tes sentiments pour moi. De mes caresses. Mais quand on était seul, Théo m’écoutait. Il regardait mes plans. Il était gentil. Pareil pour toi. Alors… maintenant qu'on est seuls… tu as le droit d’être gentil avec moi ? Maintenant je peux… ?
Je tends la main vers sa patte antérieure gauche. J’espère très fort que Yawldaec est comme mon frère. J’espère qu’il a juste honte de moi. Qu'il se montre méchant pour que les autres voient qu’il est un vrai homme. Mais qu’il a le droit de me laisser le caresser quand personne ne peut nous voir.
Le centaure se remet à parler. Je répète une phrase juste après qu’il la prononce. Je l'ajoute à ma liste de phrases gentilles. Je me les répéterais quand j'irais mal :
- J'avais espoir de te revoir en venant ici.
- Pourquoi me répètes-tu ces phrases ? Pourquoi ne me regardes-tu pas ? Qu'ai-je fait pour déclencher ta tristesse et ton ressentiment ? Nous ne sommes plus que tous les deux, alors parle-moi librement.
Je pousse un soupir à mon tour. Je regarde le bras du centaure. Mes yeux remontent le long de son torse jusqu’à atteindre son cou. Je n’aime pas regarder les gens dans les yeux. Mais là, ce n’est pas ça le problème.
- Je veux les entendre à nouveau. Alors je les dis.
Première question. Première réponse. Plutôt simple et évident.
- Je n’ai pas envie de te voir.
Deuxième question. Deuxième réponse. Tout aussi simple et évident.
- Je pensais que tu m’aimais. Alors j’ai voulu te caresser comme avant. Mais tu m’as rejeté. Théo m’a toujours dit que j’étais stupide d’aimer un centaure. Parce que vous n’avez pas d’âme. Pas de sentiments. Il a dit que ça me rendrait triste. Je pensais qu’il se trompait. Mais il avait raison. Ça m'a rendu triste. Sauf que… un nouvel élément entre en compte.
Je répète sa dernière phrase parce qu’elle me met sur une piste. Je crois que je comprends. Je l’espère. Peut être que Yawldaec ne me déteste pas.
- Tu as dit : Nous ne sommes plus que tous les deux, alors parle-moi librement.
Je voudrais que ce ne soit pas juste l’espoir qui parle. Je ne veux pas encore souffrir en me rendant compte que Théo a toujours raison. Yawldaec est le seul à m’avoir fait douter. Le seul à m’avoir dit que mon frère se trompait. Pourvu que ce soit vrai. Pourvu que Yawldaec ne me déteste pas.
- Tu ne veux pas m’aimer quand il y a d’autres gens. Tu fais comme Théo en public. Il me faisait très mal. Avec ses mots et avec ses coups. Pareil pour toi : tu n’es pas gentil et tu me rejettes. Tu as honte de moi. De tes sentiments pour moi. De mes caresses. Mais quand on était seul, Théo m’écoutait. Il regardait mes plans. Il était gentil. Pareil pour toi. Alors… maintenant qu'on est seuls… tu as le droit d’être gentil avec moi ? Maintenant je peux… ?
Je tends la main vers sa patte antérieure gauche. J’espère très fort que Yawldaec est comme mon frère. J’espère qu’il a juste honte de moi. Qu'il se montre méchant pour que les autres voient qu’il est un vrai homme. Mais qu’il a le droit de me laisser le caresser quand personne ne peut nous voir.
Eol- Champion
- Race : Demi-sang
Re: Pendant ce temps, au domaine de Mortelune…
Yawldaec faillit se laisser couper la parole quand Eol répéta juste après lui : « J'avais espoir de te revoir en venant ici. ». Cela ne fit que donner plus de sens à sa question : pourquoi Eol lui répétait-il ses phrases ? Yawldaec avait déjà compris qu'Eol était une personne simplette et soumise, qui essayait d'obéir aux ordres sans forcément en saisir le bon sens. Par exemple, il se souvenait de la fois où Eol avait voulu lui donner à boire contre l'ordre du Louvetier, lui valant de se faire rosser ; Eol s'était alors laissé faire comme un chien, comme s'il estimait que si on le frappait, c'était forcément mérité, pourtant sa façon si simple de voir les choses l'avait poussé à désobéir. Eol était une personnalité assez complexe, difficile donc à cerner. Voilà pourquoi Yawldaec avait été stupéfait de le voir oser tuer Théobald, et voilà pourquoi il ne comprenait pas pourquoi Eol répétait plusieurs phrases de Yawldaec sans rien autour.
La question de Yawldaec fit pousser à Eol un soupir. Le Demi-Drow aux beaux cheveux blancs leva lentement les yeux jusqu'au cou de Yawldaec, refusant toujours de croiser son regard.
EOL – Je veux les entendre à nouveau. Alors je les dis. Je n'ai pas envie de te voir.
Yawldaec avait posé trois questions différentes à la suite tant il était perplexe, et Eol y répondait dans l'ordre de la façon la plus concise possible. Il voulait ententre les phrases de Yawldaec à nouveau... mais n'expliqua pas pourquoi alors que c'était le fond de la question. Il ne voulait pas voir Yawldaec... mais n'expliqua pas pourquoi, alors que c'était évidemment le sens de la question. Yawldaec n'était pas doué pour poser des questions et Eol n'était pas doué pour y répondre. Ils n'iraient pas loin comme ça, tous les deux...
EOL – Je pensais que tu m'aimais. Alors j'ai voulu te caresser comme avant. Mais tu m'as rejeté.
Ce petit mouvement de recul n'avait été qu'un réflexe chez Yawldaec mais Eol l'avait pris personnellement et y avait accordé une importance mal placée. Yawldaec aurait eu ce même réflexe avec n'importe qui d'autre, mais pour Eol, cela signifiait qu'il ne l'aimait pas.
« te caresser comme avant »... Ces mots troublèrent le Centaure qui ne savait vraiment plus quoi penser de l'attitude qu'il avait osé avoir lors de leur première rencontre.
EOL – Théo m'a toujours dit que j'étais stupide d'aimer un Centaure. Parce que vous n'avez pas d'âme. Pas de sentiments.
Yawldaec renâcla à la façon d'un cheval. Il se frotta nerveusement le nez et fouetta l'air de sa queue. Si Théobald avait été le seul Humain à penser ces sottises injurieuses, sa mort aurait pu changer quelque chose.
EOL – Il a dit que ça me rendrait triste. Je pensais qu'il se trompait. Mais il avait raison. Ca m'a rendu triste. Sauf que... un nouvel élément entre en compte. Tu as dit : « Nous ne sommes plus que tous les deux, alors parle-moi librement. ». Tu ne veux pas m'aimer quand il y a d'autres gens. Tu fais comme Théo en public. Il me faisait très mal. Avec ses mots et avec ses coups. Pareil pour toi : tu n'es pas gentil et tu me rejettes. Tu as honte de moi. De tes sentiments pour moi. De mes caresses. Mais quand on était seuls, Théo m'écoutait. Il regardait mes plans. Il était gentil. Pareil pour toi. Alors... maintenant qu'on est seuls... tu as le droit d'être gentil avec moi ? Maintenant je peux... ?
Eol posait les choses d'une façon... que Yawldaec eut du mal à trouver ses mots pour lui expliquer comment il se trompait. Le Centaure braqua son regard sur cette main qui se rapprocha un peu plus de sa patte. Eol voulait le caresser. Yawldaec dut se faire violence pour ne pas bouger la patte, pour entraver ses réflexes et ainsi n'avoir aucun geste de recul, car il sut que s'il faisait ce geste à cet instant-là, ce serait définitivement fini dans l'esprit d'Eol qui ne comprendrait pas.
Eol, lui et sa façon si simple de voir les choses... Trop simple pour être juste. Pour lui, si Yawldaec refusait de se laisser caresser, c'est qu'il était méchant, qu'il ne voulait pas l'aimer. Ca faisait mal d'entendre ça, car Yawldaec n'avait jamais eu l'intention de se montrer méchant envers Eol, pas du moins depuis qu'il avait appris à le connaître et à s'attacher à lui. Il avait espéré trouver Eol ici ou au moins avoir de bonnes nouvelles de lui, et voilà qu'Eol pensait qu'il le rejettait. Quelle ironie... Eol croyait que Yawldaec avait honte de lui, de ses sentiments pour lui. Yawldaec voulut là encore dire que c'était faux... Mais l'était-ce vraiment ? La honte, voilà ce qui animait l'indomptable Centaure. Honte de se sentir caressé comme un animal, pansé comme un cheval, vu comme une monture. Et pourtant, il y avait quelque chose de différent avec Eol, mais Yawldaec avait du mal à l'assumer.
Dans sa simplicité d'esprit, Eol était souvent à côté de la vérité, mais parfois il lui arrivait de taper si juste que c'en était bouleversant. Seulement, Yawldaec ne pouvait pas le laisser dire qu'il avait honte de lui. Eol se dévalorisait, alors qu'aux yeux de Yawldaec, il valait infiniment plus que son demi-frère.
YAWLDAEC – Cela n'a rien à voir avec toi. Je n'ai pas honte de toi. Je voudrais hurler à tous que tu vaux plus que ton demi-frère car tu comprends et perçois des choses qu'il ne comprend pas. J'ai une âme, Egfroi a une âme, et c'est toi qui as raison. Je ne peux pas avoir honte de toi.
Yawldaec parlait sans savoir que Théobald avait tué Egfroi.
Yawldaec se crispa en sentant la main d'Eol lui toucher la patte antérieure gauche. Ne surtout pas bouger. Le laisser faire. Yawldaec inspira un grand coup.
YAWLDAEC – La raison est autre. Aurais-tu l'idée de caresser un Humain qui serait ton ami ? Tu ne caresses pas tes amis, tu caresses des animaux. Je ne suis pas un simple cheval ; ça, c'est ce que Théobald et trop d'autres Humains aiment dire, mais les Centaures ont droit à la même considération qu'eux. Il n'y a pas les Humains au-dessus et les Centaures au-dessous avec les animaux. Humains, Centaures et animaux forment la même ronde. Je ne suis pas un cheval et tu n'es pas un chien.
Il y avait un tel fossé entre la culture humaine et la culture centaure que Yawldaec peinait à expliquer son comportement. Eol était pourtant plus enclin à comprendre qu'un Humain. Yawldaec espérait un jour réconcilier les deux cultures, il ne voyait pas comment il pourrait un jour accomplir cet objectif... mais ce jour, il s'entraînait avec Eol. Si seulement Eol pouvait comprendre...
Se laisser caresser la patte était mentalement difficile pour Yawldaec. Eol put le sentir tendu, crispé. Yawldaec regarda tout autour de lui. Mais il n'y avait que les arbres, les lapins, les écureuils et les oiseaux autour d'eux. Eux, ils pouvaient regarder Eol le caresser, ils n'en penseraient rien.
La question de Yawldaec fit pousser à Eol un soupir. Le Demi-Drow aux beaux cheveux blancs leva lentement les yeux jusqu'au cou de Yawldaec, refusant toujours de croiser son regard.
EOL – Je veux les entendre à nouveau. Alors je les dis. Je n'ai pas envie de te voir.
Yawldaec avait posé trois questions différentes à la suite tant il était perplexe, et Eol y répondait dans l'ordre de la façon la plus concise possible. Il voulait ententre les phrases de Yawldaec à nouveau... mais n'expliqua pas pourquoi alors que c'était le fond de la question. Il ne voulait pas voir Yawldaec... mais n'expliqua pas pourquoi, alors que c'était évidemment le sens de la question. Yawldaec n'était pas doué pour poser des questions et Eol n'était pas doué pour y répondre. Ils n'iraient pas loin comme ça, tous les deux...
EOL – Je pensais que tu m'aimais. Alors j'ai voulu te caresser comme avant. Mais tu m'as rejeté.
Ce petit mouvement de recul n'avait été qu'un réflexe chez Yawldaec mais Eol l'avait pris personnellement et y avait accordé une importance mal placée. Yawldaec aurait eu ce même réflexe avec n'importe qui d'autre, mais pour Eol, cela signifiait qu'il ne l'aimait pas.
« te caresser comme avant »... Ces mots troublèrent le Centaure qui ne savait vraiment plus quoi penser de l'attitude qu'il avait osé avoir lors de leur première rencontre.
EOL – Théo m'a toujours dit que j'étais stupide d'aimer un Centaure. Parce que vous n'avez pas d'âme. Pas de sentiments.
Yawldaec renâcla à la façon d'un cheval. Il se frotta nerveusement le nez et fouetta l'air de sa queue. Si Théobald avait été le seul Humain à penser ces sottises injurieuses, sa mort aurait pu changer quelque chose.
EOL – Il a dit que ça me rendrait triste. Je pensais qu'il se trompait. Mais il avait raison. Ca m'a rendu triste. Sauf que... un nouvel élément entre en compte. Tu as dit : « Nous ne sommes plus que tous les deux, alors parle-moi librement. ». Tu ne veux pas m'aimer quand il y a d'autres gens. Tu fais comme Théo en public. Il me faisait très mal. Avec ses mots et avec ses coups. Pareil pour toi : tu n'es pas gentil et tu me rejettes. Tu as honte de moi. De tes sentiments pour moi. De mes caresses. Mais quand on était seuls, Théo m'écoutait. Il regardait mes plans. Il était gentil. Pareil pour toi. Alors... maintenant qu'on est seuls... tu as le droit d'être gentil avec moi ? Maintenant je peux... ?
Eol posait les choses d'une façon... que Yawldaec eut du mal à trouver ses mots pour lui expliquer comment il se trompait. Le Centaure braqua son regard sur cette main qui se rapprocha un peu plus de sa patte. Eol voulait le caresser. Yawldaec dut se faire violence pour ne pas bouger la patte, pour entraver ses réflexes et ainsi n'avoir aucun geste de recul, car il sut que s'il faisait ce geste à cet instant-là, ce serait définitivement fini dans l'esprit d'Eol qui ne comprendrait pas.
Eol, lui et sa façon si simple de voir les choses... Trop simple pour être juste. Pour lui, si Yawldaec refusait de se laisser caresser, c'est qu'il était méchant, qu'il ne voulait pas l'aimer. Ca faisait mal d'entendre ça, car Yawldaec n'avait jamais eu l'intention de se montrer méchant envers Eol, pas du moins depuis qu'il avait appris à le connaître et à s'attacher à lui. Il avait espéré trouver Eol ici ou au moins avoir de bonnes nouvelles de lui, et voilà qu'Eol pensait qu'il le rejettait. Quelle ironie... Eol croyait que Yawldaec avait honte de lui, de ses sentiments pour lui. Yawldaec voulut là encore dire que c'était faux... Mais l'était-ce vraiment ? La honte, voilà ce qui animait l'indomptable Centaure. Honte de se sentir caressé comme un animal, pansé comme un cheval, vu comme une monture. Et pourtant, il y avait quelque chose de différent avec Eol, mais Yawldaec avait du mal à l'assumer.
Dans sa simplicité d'esprit, Eol était souvent à côté de la vérité, mais parfois il lui arrivait de taper si juste que c'en était bouleversant. Seulement, Yawldaec ne pouvait pas le laisser dire qu'il avait honte de lui. Eol se dévalorisait, alors qu'aux yeux de Yawldaec, il valait infiniment plus que son demi-frère.
YAWLDAEC – Cela n'a rien à voir avec toi. Je n'ai pas honte de toi. Je voudrais hurler à tous que tu vaux plus que ton demi-frère car tu comprends et perçois des choses qu'il ne comprend pas. J'ai une âme, Egfroi a une âme, et c'est toi qui as raison. Je ne peux pas avoir honte de toi.
Yawldaec parlait sans savoir que Théobald avait tué Egfroi.
Yawldaec se crispa en sentant la main d'Eol lui toucher la patte antérieure gauche. Ne surtout pas bouger. Le laisser faire. Yawldaec inspira un grand coup.
YAWLDAEC – La raison est autre. Aurais-tu l'idée de caresser un Humain qui serait ton ami ? Tu ne caresses pas tes amis, tu caresses des animaux. Je ne suis pas un simple cheval ; ça, c'est ce que Théobald et trop d'autres Humains aiment dire, mais les Centaures ont droit à la même considération qu'eux. Il n'y a pas les Humains au-dessus et les Centaures au-dessous avec les animaux. Humains, Centaures et animaux forment la même ronde. Je ne suis pas un cheval et tu n'es pas un chien.
Il y avait un tel fossé entre la culture humaine et la culture centaure que Yawldaec peinait à expliquer son comportement. Eol était pourtant plus enclin à comprendre qu'un Humain. Yawldaec espérait un jour réconcilier les deux cultures, il ne voyait pas comment il pourrait un jour accomplir cet objectif... mais ce jour, il s'entraînait avec Eol. Si seulement Eol pouvait comprendre...
Se laisser caresser la patte était mentalement difficile pour Yawldaec. Eol put le sentir tendu, crispé. Yawldaec regarda tout autour de lui. Mais il n'y avait que les arbres, les lapins, les écureuils et les oiseaux autour d'eux. Eux, ils pouvaient regarder Eol le caresser, ils n'en penseraient rien.
Yawldaec- Elite
- Race : Centaure
Re: Pendant ce temps, au domaine de Mortelune…
Je pose le bout de mes doigts sur la patte de Yawldaec. Le centaure est tendu. Je le vois.
Il se met à me parler. Il dit des mots gentils. Il dit qu’il n’a pas honte de moi. Je l’écoute. J’essaie de le caresser. Mais il se tend encore plus. Comme un cheval qui n’a pas encore été dressé. Alors j’enlève ma main. Je ne le brusque pas. Il parle d’Egfroi. Je ferme les yeux. Entendre son nom me rend toujours triste.
– La raison est autre. Aurais-tu l'idée de caresser un Humain qui serait ton ami ?
J’aimerais. Mais je n’y arrive pas. Parce qu’ils n’ont pas de fourrure. Je n’aime pas qu’on me touche. Je n’arrive pas à toucher la peau des gens. Sauf celle de Nïn. Mais c’est différent. Car Nïn est une panthère.
- Tu ne caresses pas tes amis, tu caresses des animaux. Je ne suis pas un simple cheval ; ça, c'est ce que Théobald et trop d'autres Humains aiment dire, mais les Centaures ont droit à la même considération qu'eux. Il n'y a pas les Humains au-dessus et les Centaures au-dessous avec les animaux. Humains, Centaures et animaux forment la même ronde. Je ne suis pas un cheval et tu n'es pas un chien.
Quelle ronde ? Ce que dit Yawldaec est étrange. J’ai beau réfléchir, je ne comprends pas bien. Ou alors je n’ai pas envie de comprendre. Je ne sais pas. Je regarde le ciel. Je l’aperçois entre les feuilles des arbres. Il est bleu. Et les feuilles sont vertes. C’est beau. Mais je suis quand même triste. Parce que Yawldaec n’aime pas que je le touche.
- Les centaures et les humains doivent recevoir la même considération. On ne doit pas les caresser. Les animaux peuvent être caressés. Donc ils ont droit à moins de considération. Mais ils font quand même partie de la même ronde…. Je ne comprends pas bien. J’aurais préféré être un chien. Ou plutôt un cheval. Ce serait plus simple. On aurait le droit de se caresser.
Je décide d’arrêter d’y penser. Il ne veut pas que je le touche. Alors je ne le toucherais pas. C’est triste. Mais ce n’est pas grave. Je ferme les yeux. Je pense à Nïn. Est-ce que j’ai le droit de la caresser, elle ? Elle est aussi un peu humaine. A peu près à moitié. Mais si elle imagine être une once, je peux quand même la caresser ? C’est tellement complexe… Je lui demanderais ce qu’elle en pense.
Je me demande où elle est. Il ne faut pas bouger. Sinon elle ne saura pas où nous trouver. Elle va finir par revenir. Mais est-ce que ça va durer longtemps ?
Je me sens fiévreux. Je pourrais m’endormir. Mais j’ai encore beaucoup de choses à dire à Yawldaec. Je dois lui annoncer la mort d’Egfroi. Je regarde ses yeux noirs. Je n’aime pas ça. Mais je le fais quand même. Parce que c’est ce qu’il faut faire quand on doit dire des choses importantes.
Il se met à me parler. Il dit des mots gentils. Il dit qu’il n’a pas honte de moi. Je l’écoute. J’essaie de le caresser. Mais il se tend encore plus. Comme un cheval qui n’a pas encore été dressé. Alors j’enlève ma main. Je ne le brusque pas. Il parle d’Egfroi. Je ferme les yeux. Entendre son nom me rend toujours triste.
– La raison est autre. Aurais-tu l'idée de caresser un Humain qui serait ton ami ?
J’aimerais. Mais je n’y arrive pas. Parce qu’ils n’ont pas de fourrure. Je n’aime pas qu’on me touche. Je n’arrive pas à toucher la peau des gens. Sauf celle de Nïn. Mais c’est différent. Car Nïn est une panthère.
- Tu ne caresses pas tes amis, tu caresses des animaux. Je ne suis pas un simple cheval ; ça, c'est ce que Théobald et trop d'autres Humains aiment dire, mais les Centaures ont droit à la même considération qu'eux. Il n'y a pas les Humains au-dessus et les Centaures au-dessous avec les animaux. Humains, Centaures et animaux forment la même ronde. Je ne suis pas un cheval et tu n'es pas un chien.
Quelle ronde ? Ce que dit Yawldaec est étrange. J’ai beau réfléchir, je ne comprends pas bien. Ou alors je n’ai pas envie de comprendre. Je ne sais pas. Je regarde le ciel. Je l’aperçois entre les feuilles des arbres. Il est bleu. Et les feuilles sont vertes. C’est beau. Mais je suis quand même triste. Parce que Yawldaec n’aime pas que je le touche.
- Les centaures et les humains doivent recevoir la même considération. On ne doit pas les caresser. Les animaux peuvent être caressés. Donc ils ont droit à moins de considération. Mais ils font quand même partie de la même ronde…. Je ne comprends pas bien. J’aurais préféré être un chien. Ou plutôt un cheval. Ce serait plus simple. On aurait le droit de se caresser.
Je décide d’arrêter d’y penser. Il ne veut pas que je le touche. Alors je ne le toucherais pas. C’est triste. Mais ce n’est pas grave. Je ferme les yeux. Je pense à Nïn. Est-ce que j’ai le droit de la caresser, elle ? Elle est aussi un peu humaine. A peu près à moitié. Mais si elle imagine être une once, je peux quand même la caresser ? C’est tellement complexe… Je lui demanderais ce qu’elle en pense.
Je me demande où elle est. Il ne faut pas bouger. Sinon elle ne saura pas où nous trouver. Elle va finir par revenir. Mais est-ce que ça va durer longtemps ?
Je me sens fiévreux. Je pourrais m’endormir. Mais j’ai encore beaucoup de choses à dire à Yawldaec. Je dois lui annoncer la mort d’Egfroi. Je regarde ses yeux noirs. Je n’aime pas ça. Mais je le fais quand même. Parce que c’est ce qu’il faut faire quand on doit dire des choses importantes.
Eol- Champion
- Race : Demi-sang
Re: Pendant ce temps, au domaine de Mortelune…
Eol bougea de nouveau le regard sans toujours le placer dans celui de Yawldaec mais cette fois-ci vers le ciel. Il avait bien tout écouté mais Yawldaec n'était de toute façon pas satisfait de ce qu'il avait dit. Le Centaure sauvage avait cherché ses mots, sans trouver les tournures de phrases qu'il voulait exactement. Il n'avait pas une bonne rhétorique. Comment pourrait-il un jour concilier cultures centaures et humaines s'il n'arrivait pas à mieux exprimer ses idées et ses points de vue ? Oui, Eol était un bon entraînement pour cela.
EOL – Les Centaures et les Humains doivent recevoir la même considération. On ne doit pas les caresser. Les animaux peuvent être caressés. Donc ils ont droit à moins de considération.
A ce moment précis Yawldaec eut envie de soupirer car il apparut qu'Eol n'avait rien compris.
EOL – Mais ils font quand même partie de la même ronde... Je ne comprends pas bien. J'aurais préféré être un chien. Ou plutôt un cheval. Ce serait plus simple. On aurait le droit de se caresser.
Yawldaec ne s'exprimait pas souvent par métaphores, et voilà qu'il le faisait devant Eol qui ne comprenait pas les métaphores. Ce dialogue n'allait mener à rien. Pourtant, Yawldaec se dit qu'il devait s'accrocher. S'il baissait les bras devant Eol, alors autant baisser tout de suite les bras devant la race Humaine tout entière. Entre faire comprendre à Eol pourquoi un Centaure ne se laissait pas caresser, et réussir à réconcilier Humains et Centaures en faisant comprendre aux premiers l'importance du respect de la Nature et aux seconds l'importance d'éviter les massacres, il y avait tout de même deux degrés de difficulté différents, et Yawldaec ne pouvait pas se permettre d'abandonner au plus bas.
En tout cas, Eol avait arrêté de lui caresser la patte. Le problème est qu'il n'avait pas compris pourquoi il avait dû arrêter. Yawldaec était d'autant plus mal pour l'expliquer, qu'au fond de lui, il appréciait les caresses d'Eol.
Soudain, le Demi-Drow le regarda dans les yeux. Enfin. Yawldaec sentit son cœur se réchauffer, car il interpréta cela comme une première réussite : Eol n'était plus fâché contre lui. Le Centaure sourit, ne lâchant pas Eol de ses yeux aussi sombres que ceux d'un cheval.
YAWLDAEC – Les animaux n'ont pas droit à moins de considération. Ils ont droit à autant de considération qu'Humains et Centaures. Le problème vient du fait que les Humains... asservissent les animaux, ils utilisent les chevaux, et parce que mon corps ressemble à celui d'un cheval, ils pensent qu'ils peuvent m'utiliser et me caresser de la même manière. Ils ne doivent pas penser ainsi. Caresser quelqu'un par tendresse, ce n'est pas pareil que le caresser parce qu'on le traite comme un animal.
Yawldaec conclut en voulant s'assurer d'une chose :
YAWLDAEC – Me traites-tu comme un animal, Eol ? Penses-tu que je suis identique à un cheval ?
Ainsi, les choses seraient claires et Yawldaec saurait si Eol avait compris.
EOL – Les Centaures et les Humains doivent recevoir la même considération. On ne doit pas les caresser. Les animaux peuvent être caressés. Donc ils ont droit à moins de considération.
A ce moment précis Yawldaec eut envie de soupirer car il apparut qu'Eol n'avait rien compris.
EOL – Mais ils font quand même partie de la même ronde... Je ne comprends pas bien. J'aurais préféré être un chien. Ou plutôt un cheval. Ce serait plus simple. On aurait le droit de se caresser.
Yawldaec ne s'exprimait pas souvent par métaphores, et voilà qu'il le faisait devant Eol qui ne comprenait pas les métaphores. Ce dialogue n'allait mener à rien. Pourtant, Yawldaec se dit qu'il devait s'accrocher. S'il baissait les bras devant Eol, alors autant baisser tout de suite les bras devant la race Humaine tout entière. Entre faire comprendre à Eol pourquoi un Centaure ne se laissait pas caresser, et réussir à réconcilier Humains et Centaures en faisant comprendre aux premiers l'importance du respect de la Nature et aux seconds l'importance d'éviter les massacres, il y avait tout de même deux degrés de difficulté différents, et Yawldaec ne pouvait pas se permettre d'abandonner au plus bas.
En tout cas, Eol avait arrêté de lui caresser la patte. Le problème est qu'il n'avait pas compris pourquoi il avait dû arrêter. Yawldaec était d'autant plus mal pour l'expliquer, qu'au fond de lui, il appréciait les caresses d'Eol.
Soudain, le Demi-Drow le regarda dans les yeux. Enfin. Yawldaec sentit son cœur se réchauffer, car il interpréta cela comme une première réussite : Eol n'était plus fâché contre lui. Le Centaure sourit, ne lâchant pas Eol de ses yeux aussi sombres que ceux d'un cheval.
YAWLDAEC – Les animaux n'ont pas droit à moins de considération. Ils ont droit à autant de considération qu'Humains et Centaures. Le problème vient du fait que les Humains... asservissent les animaux, ils utilisent les chevaux, et parce que mon corps ressemble à celui d'un cheval, ils pensent qu'ils peuvent m'utiliser et me caresser de la même manière. Ils ne doivent pas penser ainsi. Caresser quelqu'un par tendresse, ce n'est pas pareil que le caresser parce qu'on le traite comme un animal.
Yawldaec conclut en voulant s'assurer d'une chose :
YAWLDAEC – Me traites-tu comme un animal, Eol ? Penses-tu que je suis identique à un cheval ?
Ainsi, les choses seraient claires et Yawldaec saurait si Eol avait compris.
Yawldaec- Elite
- Race : Centaure
Re: Pendant ce temps, au domaine de Mortelune…
Je cherche mes mots pour lui annoncer la mort d'Egfroi. Mais Yawldaec parle. Je lui annoncerais après.
Le centaure m’explique à nouveau. Ce qu’il dit est plus simple. Je comprends mieux. Enfin, je crois. Tout le monde doit être considéré de la même façon. Animaux. Humains. Centaures.
- Le problème vient du fait que les Humains… asservissent les animaux, ils utilisent les chevaux, et parce que mon corps ressemble à celui d'un cheval, ils pensent qu'ils peuvent m'utiliser et me caresser de la même manière. Ils ne doivent pas penser ainsi.
Ça fait beaucoup d’informations d’un coup. Je les décompose l’une après l’autre. Asservir les animaux est un problème. Et c'est aussi valable pour les centaures et les humains. Parce qu'il faut tous les traiter de la même façon.
- Caresser quelqu'un par tendresse, ce n'est pas pareil que le caresser parce qu'on le traite comme un animal.
Là je ne comprends pas. Je retiens ma question pour plus tard.
- Me traites-tu comme un animal, Eol ? Penses-tu que je suis identique à un cheval ?
J'ai bien compris ce qu'il m'a enseigné. Je réponds fièrement à sa première question.
- Oui, je te traite comme un animal. Parce ce que tout le monde a droit au même traitement. Animaux, humains et centaures. C'est la même ronde pour tous.
Même si je ne sais pas pourquoi on a choisit que ce serait une ronde. Je réfléchis ensuite à sa deuxième question.
- Non, je ne pense pas que tu sois identique à un cheval. Tu es différent. Tu as des bras. Tu as un torse humanoïde. Tu as un nez plus fin qu'un museau de cheval…
Sa question est évidente. J’énumère les différences les unes après les autres. Mais je ne peux pas toutes les dire. Il y en a bien trop. Je m’arrête au bout d’une vingtaine. J’ai répondu à ses deux questions. Mais quelque chose d’autre m’embête. J’aime les animaux. Beaucoup. Mais j’aime aussi les centaures. Alors je le lui précise.
- Tu n’es pas identique à un cheval. C’est vrai. Mais je t’aime beaucoup quand même.
Je reviens à mon interrogation de tout à l'heure.
- Tu dis que caresser quelqu'un par tendresse, ce n'est pas pareil que le caresser parce qu'on le traite comme un animal. Je caresse les animaux par tendresse. Pas parce que je les traite comme des animaux. Et toi je te traite comme un animal. Mais ce n'est pas pour ça que je te caresse. C'est aussi par tendresse.
Même si quelque chose ne fonctionne pas bien dans cette histoire.
- Tout est toujours si compliqué. Est-ce qu'on ne peut pas simplement demander aux autres s'ils veulent bien qu'on les caresse ou pas ? Si oui, on peut le faire. Si non, on ne le fait pas. C'est plus simple que de chercher à savoir si on le fait parce qu'ils sont humains, centaures ou animaux… Toi tu ne veux pas que je te touche, donc je ne le fais pas.
Je dois maintenant lui parler d'Egfroi. J'attends qu'il ait fini de répondre.
Le centaure m’explique à nouveau. Ce qu’il dit est plus simple. Je comprends mieux. Enfin, je crois. Tout le monde doit être considéré de la même façon. Animaux. Humains. Centaures.
- Le problème vient du fait que les Humains… asservissent les animaux, ils utilisent les chevaux, et parce que mon corps ressemble à celui d'un cheval, ils pensent qu'ils peuvent m'utiliser et me caresser de la même manière. Ils ne doivent pas penser ainsi.
Ça fait beaucoup d’informations d’un coup. Je les décompose l’une après l’autre. Asservir les animaux est un problème. Et c'est aussi valable pour les centaures et les humains. Parce qu'il faut tous les traiter de la même façon.
- Caresser quelqu'un par tendresse, ce n'est pas pareil que le caresser parce qu'on le traite comme un animal.
Là je ne comprends pas. Je retiens ma question pour plus tard.
- Me traites-tu comme un animal, Eol ? Penses-tu que je suis identique à un cheval ?
J'ai bien compris ce qu'il m'a enseigné. Je réponds fièrement à sa première question.
- Oui, je te traite comme un animal. Parce ce que tout le monde a droit au même traitement. Animaux, humains et centaures. C'est la même ronde pour tous.
Même si je ne sais pas pourquoi on a choisit que ce serait une ronde. Je réfléchis ensuite à sa deuxième question.
- Non, je ne pense pas que tu sois identique à un cheval. Tu es différent. Tu as des bras. Tu as un torse humanoïde. Tu as un nez plus fin qu'un museau de cheval…
Sa question est évidente. J’énumère les différences les unes après les autres. Mais je ne peux pas toutes les dire. Il y en a bien trop. Je m’arrête au bout d’une vingtaine. J’ai répondu à ses deux questions. Mais quelque chose d’autre m’embête. J’aime les animaux. Beaucoup. Mais j’aime aussi les centaures. Alors je le lui précise.
- Tu n’es pas identique à un cheval. C’est vrai. Mais je t’aime beaucoup quand même.
Je reviens à mon interrogation de tout à l'heure.
- Tu dis que caresser quelqu'un par tendresse, ce n'est pas pareil que le caresser parce qu'on le traite comme un animal. Je caresse les animaux par tendresse. Pas parce que je les traite comme des animaux. Et toi je te traite comme un animal. Mais ce n'est pas pour ça que je te caresse. C'est aussi par tendresse.
Même si quelque chose ne fonctionne pas bien dans cette histoire.
- Tout est toujours si compliqué. Est-ce qu'on ne peut pas simplement demander aux autres s'ils veulent bien qu'on les caresse ou pas ? Si oui, on peut le faire. Si non, on ne le fait pas. C'est plus simple que de chercher à savoir si on le fait parce qu'ils sont humains, centaures ou animaux… Toi tu ne veux pas que je te touche, donc je ne le fais pas.
Je dois maintenant lui parler d'Egfroi. J'attends qu'il ait fini de répondre.
Eol- Champion
- Race : Demi-sang
Re: Pendant ce temps, au domaine de Mortelune…
EOL – Oui, je te traite comme un animal. Parce ce que tout le monde a droit au même traitement. Animaux, Humains et Centaures. C'est la même « ronde » pour tous.
Aux premiers mots de cette réponse, Yawldaec sentit son sang se glacer sous l'impression d'échec, mais cette sensation disparut presque aussitôt pour laisser place à de l'hébétement. Eol n'avait rien compris... et en même temps il avait tout compris ; et il voyait les choses de façon si simple que Yawldaec s'en sentit bête. Comme si le raisonnement d'Eol coulait de source, en fait : oui, puisque Yawldaec demandait à ce que les animaux et les races dites “intelligentes” soient traités à égalité, alors Eol trait Yawldaec comme un animal. Yawldaec n'en fut même pas vexé car il devina qu'Eol aurait répondu la même chose à un Humain. Comment corriger Eol alors qu'en répondant à côté il énonçait une autre vérité que Yawldaec avait essayé de lui inculquer ?
Yawldaec était encore une fois mis face à son incapacité d'expliquer de façon claire la différence entre avoir autant de considération pour tout le monde du vivant et traiter les Centaures et autres non-Humains en tant que personnes. Eol n'était pas quelqu'un de méchant, et finalement, si Yawldaec tenait tant à réussir à lui faire comprendre ces choses, ce n'était pas pour Eol mais pour lui-même. Il voulait en fait se donner une bonne raison d'accepter les caresses d'Eol en s'assurant qu'il n'y avait pas de confusion avec les chevaux. Il s'y prenait tellement mal qu'il créait au contraire la confusion chez Eol.
EOL – Non, je ne pense pas que tu sois identique à un cheval. Tu es différent. Tu as des bras. Tu as un torse humanoïde. Tu as un nez plus fin qu'un museau de cheval...
Eol continua d'énumérer toutes les différences entre un Centaure et un cheval, si bien que Yawldaec eut envie de l'arrêter, mais en même temps celui lui fit du bien d'entendre quelqu'un récapituler tout cela. Seulement, qu'est-ce que cela prouvait ? Eol était un esprit simple : il expliquait simplement savoir faire la différence entre un cheval et un Centaure, cela ne voulait pas dire qu'il savait qu'il ne fallait pas traiter les Centaures de la même manière.
Par tous les dieux, que c'était compliqué...
EOL – Tu n'es pas identique à un cheval. C'est vrai. Mais je t'aime beaucoup quand même.
Yawldaec sourit. Eol l'aimait. Ces mots lui réchauffèrent le cœur en même temps qu'il fut amusé par la tournure du propos : « tu n'es pas un cheval mais je t'aime quand même ». Eol aimait beaucoup les chevaux. Et il aimait tout autant Yawldaec. C'était réciproque. Surtout, Yawldaec eut la preuve qu'Eol n'était pas définitivement fâché contre lui. La tristesse l'avait quitté et aucune rancœur ne l'habitait. Yawldaec retrouvait le Eol qu'il avait connu. Ca le rendit joyeux.
EOL – Tu dis que « caresser quelqu'un par tendresse, ce n'est pas pareil que le caresser parce qu'on le traite comme un animal ». Je caresse les animaux par tendresse. Pas parce que je les traite comme des animaux. Et toi je te traite comme un animal. Mais ce n'est pas pour ça que je te caresse. C'est aussi par tendresse.
Encore une fois, le point de vue d'Eol tenait si bien debout que Yawldaec ne sut pas comment s'y prendre pour mieux lui expliquer les choses. Il savait que quand Eol lui disait le traiter comme un animal, il n'y avait là rien de dégradant. Le problème, c'est qu'en poussant justement ce raisonnement de mettre races “intelligentes” et animaux dans le même sac, Eol donnait de la tendresse de la même manière aux uns et aux autres. Il avait de la tendresse pour les animaux, et Yawldaec ne pouvait donc pas faire passer son propos.
Ce fut un véritable exercice d'ouverture d'esprit pour Yawldaec. Il ne fallait pas se braquer, il fallait se montrer patient et compréhensif. Heureusement, Yawldaec possédait ces qualités, et c'est grâce à cela que le dialogue n'avait pas déjà tourné court dans l'agacement.
EOL – Tout est toujours si compliqué. Est-ce qu'on ne peut pas simplement demander aux autres s'ils veulent bien qu'on les caresse ou pas ? Si oui, on peut le faire. Si non, on ne le fait pas. C'est plus simple que de chercher à savoir si on le fait parce qu'ils sont Humains, Centaures ou animaux... Toi tu ne veux pas que je te touche, donc je ne le fais pas.
L'ingénuité d'Eol était si bouleversante... C'est justement ce qui le rendait si attachant aux yeux de Yawldaec. C'est grâce à cela que, lors de leur première rencontre, Yawldaec n'avait pas pu avoir le même regard mauvais envers Eol. Il l'avait trouvé différent, très tôt, et plus il discutait avec lui, plus il comprenait pourquoi il l'avait trouvé différent.
YAWLDAEC – Tu as raison. On peut demander aux gens. Mais... Comment te dire, Eol... Même un Humain que tu apprécies, si tu lui demande de le caresser, pourra te rétorquer qu'il n'est pas un chien. On ne se comporte pas envers une personne de la même manière que l'on se comporte envers un animal. Tous les êtres vivants méritent le même respect, même les arbres et les fleurs, car tous ont une âme ; mais il faut aussi... savoir... se mettre “au niveau” de l'être vivant, de la même manière que tu ne parleras pas à un enfant comme à un adulte, ni à un adulte comme à un enfant. C'est le même principe. L'adulte et l'enfant méritent la même considération, le même respect, mais tu ne les traiteras pas de la même manière. Si nous, les Centaures, évitons les Humains, c'est parce qu'ils veulent trop nous traiter de la même manière que des chevaux, ils pensent que notre rôle est de les porter, et s'ils nous caressent, ce sera seulement pour nous rappeler qu'à leurs yeux nous sommes comme des chevaux, alors qu'ils nieront la vérité : nous sommes des personnes, autant qu'eux. Je sais que ce n'est pas facile, car il y a finalement peu de différences entre les personnes et les animaux.
Tout cela était très théorique. Eol avait peut-être besoin de pratique pour comprendre.
YAWLDAEC – La discussion que j'ai avec toi, par exemple, je ne l'aurais pas avec un animal. Et je pourrais te caresser comme je caresserais un animal, et tu pourrais être vexé de ne pas être traité tel que tu es réellement. Mais...
Yawldaec tendit la main pour venir, délicatement et tendrement, caresser la joue puis les cheveux d'Eol.
YAWLDAEC – ... si je te caresse de cette manière, je le fais parce que j'ai de la tendresse pour la personne que tu es. Moi aussi je t'aime, Eol. Et je veux bien que tu me touches, mais seulement si je suis certain que tu le feras de cette manière-ci... et devant nul témoin qui ferait la confusion.
Aux premiers mots de cette réponse, Yawldaec sentit son sang se glacer sous l'impression d'échec, mais cette sensation disparut presque aussitôt pour laisser place à de l'hébétement. Eol n'avait rien compris... et en même temps il avait tout compris ; et il voyait les choses de façon si simple que Yawldaec s'en sentit bête. Comme si le raisonnement d'Eol coulait de source, en fait : oui, puisque Yawldaec demandait à ce que les animaux et les races dites “intelligentes” soient traités à égalité, alors Eol trait Yawldaec comme un animal. Yawldaec n'en fut même pas vexé car il devina qu'Eol aurait répondu la même chose à un Humain. Comment corriger Eol alors qu'en répondant à côté il énonçait une autre vérité que Yawldaec avait essayé de lui inculquer ?
Yawldaec était encore une fois mis face à son incapacité d'expliquer de façon claire la différence entre avoir autant de considération pour tout le monde du vivant et traiter les Centaures et autres non-Humains en tant que personnes. Eol n'était pas quelqu'un de méchant, et finalement, si Yawldaec tenait tant à réussir à lui faire comprendre ces choses, ce n'était pas pour Eol mais pour lui-même. Il voulait en fait se donner une bonne raison d'accepter les caresses d'Eol en s'assurant qu'il n'y avait pas de confusion avec les chevaux. Il s'y prenait tellement mal qu'il créait au contraire la confusion chez Eol.
EOL – Non, je ne pense pas que tu sois identique à un cheval. Tu es différent. Tu as des bras. Tu as un torse humanoïde. Tu as un nez plus fin qu'un museau de cheval...
Eol continua d'énumérer toutes les différences entre un Centaure et un cheval, si bien que Yawldaec eut envie de l'arrêter, mais en même temps celui lui fit du bien d'entendre quelqu'un récapituler tout cela. Seulement, qu'est-ce que cela prouvait ? Eol était un esprit simple : il expliquait simplement savoir faire la différence entre un cheval et un Centaure, cela ne voulait pas dire qu'il savait qu'il ne fallait pas traiter les Centaures de la même manière.
Par tous les dieux, que c'était compliqué...
EOL – Tu n'es pas identique à un cheval. C'est vrai. Mais je t'aime beaucoup quand même.
Yawldaec sourit. Eol l'aimait. Ces mots lui réchauffèrent le cœur en même temps qu'il fut amusé par la tournure du propos : « tu n'es pas un cheval mais je t'aime quand même ». Eol aimait beaucoup les chevaux. Et il aimait tout autant Yawldaec. C'était réciproque. Surtout, Yawldaec eut la preuve qu'Eol n'était pas définitivement fâché contre lui. La tristesse l'avait quitté et aucune rancœur ne l'habitait. Yawldaec retrouvait le Eol qu'il avait connu. Ca le rendit joyeux.
EOL – Tu dis que « caresser quelqu'un par tendresse, ce n'est pas pareil que le caresser parce qu'on le traite comme un animal ». Je caresse les animaux par tendresse. Pas parce que je les traite comme des animaux. Et toi je te traite comme un animal. Mais ce n'est pas pour ça que je te caresse. C'est aussi par tendresse.
Encore une fois, le point de vue d'Eol tenait si bien debout que Yawldaec ne sut pas comment s'y prendre pour mieux lui expliquer les choses. Il savait que quand Eol lui disait le traiter comme un animal, il n'y avait là rien de dégradant. Le problème, c'est qu'en poussant justement ce raisonnement de mettre races “intelligentes” et animaux dans le même sac, Eol donnait de la tendresse de la même manière aux uns et aux autres. Il avait de la tendresse pour les animaux, et Yawldaec ne pouvait donc pas faire passer son propos.
Ce fut un véritable exercice d'ouverture d'esprit pour Yawldaec. Il ne fallait pas se braquer, il fallait se montrer patient et compréhensif. Heureusement, Yawldaec possédait ces qualités, et c'est grâce à cela que le dialogue n'avait pas déjà tourné court dans l'agacement.
EOL – Tout est toujours si compliqué. Est-ce qu'on ne peut pas simplement demander aux autres s'ils veulent bien qu'on les caresse ou pas ? Si oui, on peut le faire. Si non, on ne le fait pas. C'est plus simple que de chercher à savoir si on le fait parce qu'ils sont Humains, Centaures ou animaux... Toi tu ne veux pas que je te touche, donc je ne le fais pas.
L'ingénuité d'Eol était si bouleversante... C'est justement ce qui le rendait si attachant aux yeux de Yawldaec. C'est grâce à cela que, lors de leur première rencontre, Yawldaec n'avait pas pu avoir le même regard mauvais envers Eol. Il l'avait trouvé différent, très tôt, et plus il discutait avec lui, plus il comprenait pourquoi il l'avait trouvé différent.
YAWLDAEC – Tu as raison. On peut demander aux gens. Mais... Comment te dire, Eol... Même un Humain que tu apprécies, si tu lui demande de le caresser, pourra te rétorquer qu'il n'est pas un chien. On ne se comporte pas envers une personne de la même manière que l'on se comporte envers un animal. Tous les êtres vivants méritent le même respect, même les arbres et les fleurs, car tous ont une âme ; mais il faut aussi... savoir... se mettre “au niveau” de l'être vivant, de la même manière que tu ne parleras pas à un enfant comme à un adulte, ni à un adulte comme à un enfant. C'est le même principe. L'adulte et l'enfant méritent la même considération, le même respect, mais tu ne les traiteras pas de la même manière. Si nous, les Centaures, évitons les Humains, c'est parce qu'ils veulent trop nous traiter de la même manière que des chevaux, ils pensent que notre rôle est de les porter, et s'ils nous caressent, ce sera seulement pour nous rappeler qu'à leurs yeux nous sommes comme des chevaux, alors qu'ils nieront la vérité : nous sommes des personnes, autant qu'eux. Je sais que ce n'est pas facile, car il y a finalement peu de différences entre les personnes et les animaux.
Tout cela était très théorique. Eol avait peut-être besoin de pratique pour comprendre.
YAWLDAEC – La discussion que j'ai avec toi, par exemple, je ne l'aurais pas avec un animal. Et je pourrais te caresser comme je caresserais un animal, et tu pourrais être vexé de ne pas être traité tel que tu es réellement. Mais...
Yawldaec tendit la main pour venir, délicatement et tendrement, caresser la joue puis les cheveux d'Eol.
YAWLDAEC – ... si je te caresse de cette manière, je le fais parce que j'ai de la tendresse pour la personne que tu es. Moi aussi je t'aime, Eol. Et je veux bien que tu me touches, mais seulement si je suis certain que tu le feras de cette manière-ci... et devant nul témoin qui ferait la confusion.
Yawldaec- Elite
- Race : Centaure
Re: Pendant ce temps, au domaine de Mortelune…
Yawldaec m’explique les choses. Tout doucement. Il est gentil. D’habitude, les gens n’aiment pas expliquer les choses trop longtemps. Ils finissent par dire : « Mais c’est évident, si tu ne comprends pas ça, je ne peux rien pour toi ». Et ils m’appellent sot ou arriéré. Mais Yawldaec ne fait pas ça. Je comprends ce qu’il me dit parce qu’il détaille tout. Très clairement.
- Tous les êtres vivants méritent le même respect, même les arbres et les fleurs, car tous ont une âme ; mais il faut aussi... savoir... se mettre “au niveau” de l'être vivant, de la même manière que tu ne parleras pas à un enfant comme à un adulte, ni à un adulte comme à un enfant.
Le centaure illustre ses propos. Mais là, ça devient compliqué. Se mettre au niveau des autres… J’ai toujours eu du mal à faire ça. J’ai du mal à imaginer que les autres ne pensent pas comme moi. Qu’ils sont différents. Qu’ils savent des choses que je ne sais pas. Et que je sais des choses qu’ils ne savent pas. On me le rappelle souvent. Mais c’est difficile d’y penser tout le temps. Souvent je l’oublie.
- La discussion que j'ai avec toi, par exemple, je ne l'aurais pas avec un animal.
Moi si. Souvent j’explique des choses aux animaux. Je leur parle. Mais Yawldaec a raison. Parce que quand je fais ça, les gens me disent que je suis idiot. Je devrais arrêter. Me mettre au niveau des animaux quand je suis avec eux. Mais je ne sais pas quel est le niveau des animaux. C’est tellement compliqué…
– … si je te caresse de cette manière, je le fais parce que j'ai de la tendresse pour la personne que tu es. Moi aussi je t'aime, Eol. Et je veux bien que tu me touches, mais seulement si je suis certain que tu le feras de cette manière-ci… et devant nul témoin qui ferait la confusion.
Yawldaec pose sa main sur ma joue. Je suis tétanisé. Il remonte dans mes cheveux. Il… il me caresse les cheveux !!! Sept Dieux ! C’est… tellement étrange. Je n’ose pas bouger. Je n’ose même pas respirer. Même quand la caresse se termine. Tout mon corps est tendu. Je ne sais pas comment réagir. J’ai toujours repoussé les gens qui me touchaient. Moi, je voulais juste caresser Yawldaec sur son corps équin. Le caresser là où il y a une fourrure, comme… comme celle d’un cheval.
Mes pensées vont trop vite. J’ai du mal à réfléchir. Je crois que je comprends. Ça y est, oui. Je comprends tout. Je voulais caresser Yawldaec comme un cheval. Pas comme il l’a fait. Pas par tendresse. Parce que j’aime caresser les animaux. Mais je n’aime pas toucher la peau des humains. Je ne l’ai jamais fait. Sauf avec Nïn. Mais Nïn, c’est différent.
Et là, la main du centaure n’est pas un museau d’animal. Non. C’est le contact de sa peau. Le contact de sa tendresse.
- C’est différent d’un animal. C’est… haaa…
Je ne sais pas comment décrire ça.
- C’est très difficile à supporter. C’est douloureux. Comme de regarder quelqu’un dans les yeux.
Le contact avec l’autre est douloureux. Sa présence. Son existence. Sa différence. Tous ces mots qui finissent en -ence.
- Et en même temps c’est agréable.
Je pose une main sur ma tête. Je ne sais pas quoi faire. Lui demander de recommencer ? Lui demander d’arrêter ? J’essaie de le regarder dans les yeux. J’essaie de tendre ma main vers lui. Mais c’est trop dur. Je me balance d’avant en arrière. J’essaie de ne pas ressentir trop de choses. J’essaie de me focaliser sur ce balancement. Pour ne pas exploser.
- Tous les êtres vivants méritent le même respect, même les arbres et les fleurs, car tous ont une âme ; mais il faut aussi... savoir... se mettre “au niveau” de l'être vivant, de la même manière que tu ne parleras pas à un enfant comme à un adulte, ni à un adulte comme à un enfant.
Le centaure illustre ses propos. Mais là, ça devient compliqué. Se mettre au niveau des autres… J’ai toujours eu du mal à faire ça. J’ai du mal à imaginer que les autres ne pensent pas comme moi. Qu’ils sont différents. Qu’ils savent des choses que je ne sais pas. Et que je sais des choses qu’ils ne savent pas. On me le rappelle souvent. Mais c’est difficile d’y penser tout le temps. Souvent je l’oublie.
- La discussion que j'ai avec toi, par exemple, je ne l'aurais pas avec un animal.
Moi si. Souvent j’explique des choses aux animaux. Je leur parle. Mais Yawldaec a raison. Parce que quand je fais ça, les gens me disent que je suis idiot. Je devrais arrêter. Me mettre au niveau des animaux quand je suis avec eux. Mais je ne sais pas quel est le niveau des animaux. C’est tellement compliqué…
– … si je te caresse de cette manière, je le fais parce que j'ai de la tendresse pour la personne que tu es. Moi aussi je t'aime, Eol. Et je veux bien que tu me touches, mais seulement si je suis certain que tu le feras de cette manière-ci… et devant nul témoin qui ferait la confusion.
Yawldaec pose sa main sur ma joue. Je suis tétanisé. Il remonte dans mes cheveux. Il… il me caresse les cheveux !!! Sept Dieux ! C’est… tellement étrange. Je n’ose pas bouger. Je n’ose même pas respirer. Même quand la caresse se termine. Tout mon corps est tendu. Je ne sais pas comment réagir. J’ai toujours repoussé les gens qui me touchaient. Moi, je voulais juste caresser Yawldaec sur son corps équin. Le caresser là où il y a une fourrure, comme… comme celle d’un cheval.
Mes pensées vont trop vite. J’ai du mal à réfléchir. Je crois que je comprends. Ça y est, oui. Je comprends tout. Je voulais caresser Yawldaec comme un cheval. Pas comme il l’a fait. Pas par tendresse. Parce que j’aime caresser les animaux. Mais je n’aime pas toucher la peau des humains. Je ne l’ai jamais fait. Sauf avec Nïn. Mais Nïn, c’est différent.
Et là, la main du centaure n’est pas un museau d’animal. Non. C’est le contact de sa peau. Le contact de sa tendresse.
- C’est différent d’un animal. C’est… haaa…
Je ne sais pas comment décrire ça.
- C’est très difficile à supporter. C’est douloureux. Comme de regarder quelqu’un dans les yeux.
Le contact avec l’autre est douloureux. Sa présence. Son existence. Sa différence. Tous ces mots qui finissent en -ence.
- Et en même temps c’est agréable.
Je pose une main sur ma tête. Je ne sais pas quoi faire. Lui demander de recommencer ? Lui demander d’arrêter ? J’essaie de le regarder dans les yeux. J’essaie de tendre ma main vers lui. Mais c’est trop dur. Je me balance d’avant en arrière. J’essaie de ne pas ressentir trop de choses. J’essaie de me focaliser sur ce balancement. Pour ne pas exploser.
Eol- Champion
- Race : Demi-sang
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