Pendant ce temps, au domaine de Mortelune…
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Pendant ce temps, au domaine de Mortelune…
Théobald, le baron de Mortelune
Quarante pièces ! Il osait me demander quarante pièces pour un minotaure qui était à deux sabots de la tombe. Son pelage couleur merde était si clairsemé que, de là où je me trouvais, je pouvais voir sa peau crouteuse entre les poils blanchissants.
L’avide commerçant me regardait avec des yeux de rapace. Sale torgne… J’avais envie de l’estriller, de lui enfoncer ma chausse dans le nez en le traitant de houlier de mes deux… ! Mais je me contentais de serrer les dents avant de lâcher d’un air blasé :
- Trop vieux.
- J’ai aussi de magnifiques centaures, Monsieur, désirez-vous les voir ?
- Non ! Trouvez-moi mieux que ça.
Et d’un mouvement magistral, je le congédiais avant de m’affaler dans mon siège massif. Je poussais un soupir, exaspéré. Je n’aimais pas les centaures. Inutile de me demander pourquoi. Inutile de me rappeler cette humiliation ! Rien que d’y penser, le goût de la haine revenait massivement dans ma bouche. Je crachais au sol. Tout ça, c’était la faute d’Eol. Encore et toujours lui ! Oser s’enfuir avec MON esclave, MON centaure, et disparaitre pendant des jours sans donner de nouvelle !
Sur le coup, je m’étais dit que la folie l’avait pris et qu’il reviendrait vite à la raison et donc à la maison. Je l’avais attendu jusqu’au soir, mon fouet prêt. Mais il n’était pas rentré. Ni ce soir-là, ni le suivant. Au bout d’une semaine, je l’avais fait chercher. Mais mes soldats ne l’avaient pas trouvé. J’avais passé ma colère sur ces inutiles couards. Cela avait duré un mois et trois jours. Deux de mes hommes désertèrent tant ma colère leur fit peur, et trois esclave périrent sous mes coups. Encore la faute d’Eol ! C’était la première fois qu’il me mettait autant en colère. Pourtant, Kaluni sait combien de fois il m’avait énervé. Sept Dieux ! Ce coquebert n’avait aucune considération pour tout ce que j’avais fait pour lui.
Le bâtard avait fini par réapparaitre un beau jour pour choir à mes pieds, tel un houlier. Il avait abandonné le centaure et était revenu seul, en marchant sur ses deux pattes. Le fol ! Je l’avais corrigé comme il se doit. Et dans ma grande bonté, je ne l’avais pas occis. Jamais je ne m’étais jamais débarrassé de lui alors qu’il l’aurait mérité tant de fois… J’étais trop bon avec lui. Peut-être avais-je encore l’espoir que sa stupidité ne soit pas irréversible. Pourtant, son considérable retard mental ne s’était jamais amenui avec le temps. Ce demi-rien était chronique. Complétement et simplement con.
Le nigaud garderait des cicatrices à vie, suite à ma correction. Pendant des mois il n’avait pas pu se rendre utile en continuant les plans du temple que je faisais construire puisque j’avais cassé chacun de ses doigts l'un après l'autre. Mais cela ne lui avait rien fait du tout en comparaison de l’ultime punition que je lui avais donné.
J’avais fait tuer son cheval devant ses yeux.
Et depuis, il n’était plus le même. Il était devenu complètement fou. Il s’était enfermé dans la bibliothèque et n’avait presque rien mangé depuis. Il avait fait des calculs, puis, quand ses doigts furent réparés, il était passé au dessin de plans, tout en parlant tout seul. Il ne m’avait pas adressé un seul mot depuis le jour où j’avais tué son satané cheval. Je pensais que ça lui passerait, au bout de quelques mois, mais rien n’y changeait. D’un côté, cela avait du bon : il avait rapidement terminé les plans du temple et avait proposé une bonne dizaine d’idées de constructions plus originales les unes que les autres. L’air de rien, ses dessins s’avéraient parfois complètement naze, alors que parfois, ils frôlaient le divin. Mes constructions étaient devenues célèbres dans mon cercle d’«amis» nobles. Cercle qui, grâce à tout ça, ne cessait de s’élargir. Comme quoi, garder Eol présentait tout de même un certain intérêt. Mais le comportement de ce foutu demi-sang devenait du grand n’importe quoi.
Tout venait de ce satané esclave demi-cheval sans cervelle qui lui avait fait gober des histoires et maintenant j’avais peur de ne plus maîtriser Eol. Que disais-je ? Peur ? Non, ce n’était pas moi. Eol avait été mon premier serviteur. Déjà gamin, il m’avait sorti de chez ces pourritures d’elfes noirs. Il n’allait pas changer maintenant. Il resterait mon servile Eol pour toujours.
Dernière édition par Eol le Lun 20 Mar 2017 - 21:21, édité 1 fois
Eol- Champion
- Race : Demi-sang
Re: Pendant ce temps, au domaine de Mortelune…
Théobald, le baron de Mortelune
- Théobald…
Je cachais ma surprise d’entendre à nouveau la voix d’Eol.
- EOL !
Je le fusillais du regard. Il baissa les yeux tel un chiot pris en faute.
C’était la première fois depuis des mois et des mois que j’apercevais cette tignasse blanche. Malheureusement, elle ne dissimulait aucun cerveau. Le demi-sang avait oublié qu’il n’avait pas à s’adresser à moi d’une telle façon. Nos différences de rangs et de sangs ne le permettaient pas.
- … Monseigneur ?
- C’est mieux.
- Monseigneur. J’ai besoin d’un centaure, Monseigneur. Je vais en acheter un.
Ça y est, il était guéri. Non pas de sa bêtise, mais au moins de sa tristesse. Il me fallu quelques secondes pour me remettre de ma surprise et lui répondre.
- C’est la première fois que je t’entends faire une demande sensée, bien que cela soit un comble de la part d’un esclave de vouloir un esclave. Je viens d’acheter un homme-lion, mais il ne sait même pas se battre, il m’est complètement inutile, je te l’offre.
Le tigrain en question était en réalité un excellent combattant. Mais je n’avais pas hésité une seconde à le lui donner. Voir mon Eol sortir de sa bibliothèque après des mois d’enfermement m’aurait fait faire des folies bien plus importantes. En plus, cette demande particulière m’inquiétait pour une autre raison.
- Non, c’est un centaure que je veux. Pas un esclave. Je veux monter et parler avec un centaure.
Foutre Méphiti ! J’en étais sûr, c’était exactement ce que je craignais. Eol voulait remplacer son cheval par une de ces créatures maléfiques qui me l’avaient déjà volé une fois. On ne me le prendrait pas une seconde fois. J’exterminerais tout centaure qui passerait le pas de mon domaine s’il le fallait.
- Non, tu n’auras pas un centaure. Je peux t’acheter un autre cheval si…
Je me tus en le voyant baisser la tête. L’évocation de sa bête le blessait encore. Fichtre… Je ne voulais pas qu’il m’échappe à nouveau. Je changeais de conversation.
- Je te trouverais un esclave parfait pour toi. Quelque chose qui te plaira bien, tu verras. Fais confiance en ton frère. Tu as confiance en moi ?
« Ton frère »… Depuis quand acceptais-je l’idée qu’il soit mon demi-frère ? Je perdais moi-même la raison. Il n’empêche que ce mensonge eu un effet des plus intéressants. Eol leva la tête et ses yeux suppliant pétillaient d’un espoir nouveau.
- C’est la première fois que tu dis que…
- Oui, oui, c’est bon, on ne va pas en faire tout un plat. Tu me fais confiance et tu vas manger, histoire de te remplumer un peu, ensuite tu retourneras à tes exercices de combats, tu les a délaissés depuis trop longtemps.
- Oui Théob… Monsieur.
Le maigre demi-elfe tourna les talons et se dirigea droit vers les cuisines. Incroyable. Cet imbécile m’épatait. Il suffisait de lui donner un simple mot (des plus désagréable à prononcer) pour qu’il redevienne mon petit chien obéissant. Eol était un être décontenançant.
Je me mis à hurler :
- Mistrëy !
Un halfelin apparu immédiatement. En bon esclave, il était apeuré et tremblait de tout son corps.
- Vas m’acheter un cheval. Le meilleur d’Estandre. Et plus vite que ça.
Eol- Champion
- Race : Demi-sang
Re: Pendant ce temps, au domaine de Mortelune…
Théobald, le baron de Mortelune
J’avais envoyé Mystrëy, mon halfelin tremblant, à l’autre bout d’Orcande et il semblait avoir péri en route. Il avait pour consigne de me rapporter quelque chose d’original dans de lointaines contrées, mais il n’était pas revenu. Sa courte vie ne m’avait pas été bien utile.
J’avais continué mes recherches avec l’aide de divers amis et esclaves. Tout ça pour Eol… J’en venais à me demander lequel de nous deux était le plus benêt dans cette histoire. Offrir un cadeau à son esclave, depuis quand étais-je tombé aussi bas ?
Enfin, ce n’était pas tout à fait ça. J’essayais de me rassurer en me disant que je lui donnais quelque chose pour qu’il soit plus opérationnel. Ce n’était pas une histoire affective, mais une simple réparation. Et les esclaves, c’est comme ça qu’on les répare. Simplement.
Comme chaque jour, des revendeurs se présentaient à ma porte. Humbert, mon majordome, faisait un pré-tri qui conduisait la grande majorité de ces négociants dehors. Aujourd’hui cependant, il y en avait deux qui semblaient avoir des marchandises de qualité. Humbert les avait fait entrer dans le jardin où ils patientaient tous deux. C’était malin de sa part, créer de la concurrence les amènerait à faire baisser leurs prix. Et les faire attendre leur montrerait qu’ils n’étaient pas bien important pour moi.
Je fini par sortir à leur rencontre. Le premier marchand était… Par Kaluni ! Je détestais ça ! C’était un homme-lézard. Quoi de pire qu’un animal qui vend ses semblables ?! Je lui lançais un regard noir, me retenant de lui dire que sa place était de l’autre côté des chaînes qu’il tenait. Si Humbert l’avait fait entrer, c’est qu’il m’apportait potentiellement quelque chose d’intéressant. Je jetais donc un regard derrière lui. Une femelle drow. Quelques autres esclaves suivaient la vile créature, mais aucun n’attira mon regard plus que cette bête Méphitienne. Je haïssais bien plus les drows que les animaux vendant leurs semblables. Surtout les femelles. Je me tournais donc vers l’homme lézard et lui dit : « Ta marchandise ne vaut rien. A la rigueur, une drow, c’est plutôt rare. Mais bon, ça reste peu docile, on ne peut rien en tirer… ».
D’un signe de ma part, Humbert se mit à négocier le prix de l’horrible femelle, tandis que je me dirigeais vers l’autre marchand, la tête déjà remplie d’idées. Je m’imaginais passer toute ma colère sur cette représentante du peuple qui m’avait asservi. Je la ferais souffrir de la même façon qu’elles nous avaient fait souffrir. Elle pleurera à mes pieds et me suppliera de l’achever. Toute la souffrance infligée sera sublimée dans les tortures que je lui ferais subir. Voilà qui était excitant.
Je cachais mon sourire derrière un regard glacial.
Le second marchand avait une tête de Telbaran. J’avais toujours haïs les Telbarans. Ils formaient un peuple de bêtes sauvages et sans intelligences. L’homme s’approcha de moi en se frottant les mains. Il sentait la cupidité à plein nez. Même son sourire était avare de dents. Il siffla puis attendit, l’air suffisant. Je l’ignorais en me demandant ce qui avait poussé Humbert à lui faire franchir la porte de mon domaine. Quelques secondes plus tard, je compris : une charrette apparue, tirée par six chiens… avec un total de dix-huit têtes. Comment était-ce possible d’avoir six cerbères ?! Probablement une portée qu’il aurait dressée dès la naissance… C’était peu croyable. Et puis les chiens disparurent et se transformèrent en une centauresse ! Mais qu’elle était cette magie ?! « Mimine fait toujours une magnifique impression, n’est-ce pas ma Mimine ? » L’humain se mit à flatter le cheval à tête de femme. « Mimine est une magicienne. Elle est capable de vous faire voir des choses qui n’existent pas. Très intéressant pour épater les gens de la haute société ou mettre en déroute des ennemis ! » Je ne pouvais m’empêcher d’être épaté… Mais depuis le jour où l’un d’entre eux était parti avec Eol, JE HAÏSSAIS LES CENTAURES !!! Alors même si je ratais une belle affaire, je n’achèterais jamais cette Mimine.
Je levais donc les yeux au ciel, faisant mine d’être agacé par ces futilités. Dans la charrette se trouvait un humain au visage émacié. « Un homme-loup. Loup-garou diront certains », mais je n’en croyais pas un mot. Le Telbaran m’en fit l’éloge, mais je savais bien que les loups garous n’existaient que dans les contes pour enfant. De plus, comment pouvais-je faire confiance à un homme m’ayant prouvé que sa marchandise n’était qu’illusion ? Il se fourvoyait en s’imaginant pouvoir me duper ce roubl… Attendez. Mais qu’était-ce que cela ? Entre une harpie aux ailes de colombes et un arbuste mouvant (probablement une dryade), se trouvait un truc sur lequel se focalisa toute mon attention. Kaluni, qu’est-ce que c’était beau ! De grands yeux bleus qui me dévoraient tout entier. Je n’avais jamais rien vu d’aussi profond, comme un océan infini dans lequel on ne peut que finir noyé. Ils brillaient tout autant que les fils d’argent qui volaient devant. Sa chevelure ressemblait à celles des drow, mais au lieu d’être glaciale et laide, elle semblait douce et attraper chaque rayon de soleil pour les réfléchir et m’éblouir. Vous voyez la neige sous le soleil ? Et bien cette cascade de cheveux me blessait tout autant les yeux. Etonnement, des mèches noires parsemaient cette pureté blanche d’une touche de mystère. Des oreilles sortaient timidement de la chevelure, dévoilaient la vraie nature de cette créature : ni assez longues pour appartenir à une elfe pure-sang, ni assez arrondies pour être celles d’une humaine.
Pourquoi est-ce que mon cœur semblait oublier le rythme auquel il devait battre ? Cette curieuse bestiole représentait quelque chose d’un peu particulier pour moi. Je n’arrivais pas à comprendre. Si j’avais eu la possibilité de remettre mon cerveau en marche, peut-être me serais-je dit qu’elle ressemblait à ceux qui m’avaient rendu esclave, ceux qui m’avaient nourri et torturé. Elle représentait mon bourreau, mais sublimé par la douceur, la chaleur et l’innocence. Et le fait qu’elle soit demi-sang la rendait à la fois proche (puisqu’à moitié comme moi) et intouchable et lointaine (puisqu’appartenant à un autre univers). Je voulais la détruire, la posséder, la dominer ! Je voulais que ce visage si beau, si pâle et innocent soit défiguré par la souffrance que je lui infligerais. Elle avait la peau blanche, encore vierge des souffrances de la vie, une peau d'enfant que je désirais griffer. Et ses lèvres roses et fines, tremblantes de peur, me donnaient envie de les mordre. Je voulais qu'elle soit à la merci de tous mes fantasmes les plus profonds et les plus inavouables !
« Je me demande quelle elfe sera la moins chère ? » dis-je haut et fort. « Entre la drow indocile et la godiche qui n’en est qu’une moitié… ». Encore une fois, je fis comprendre à Humbert que je prendrais les deux, une fois que les prix auraient baissé.
Oui, mieux valait que je prenne les deux. L’instant où mes yeux avaient croisé ce regard bleu, j’avais tout oublié. Mais maintenant que je scrutais le mur d’enceinte du domaine, je reprenais peu à peu mes esprits. C’était pour Eol qu’il me fallait un esclave. Et ce nigaud avait besoin de quelque chose qui lui permette d’oublier son cheval. Quoi de mieux que cette femme ? Si elle me faisait perdre la tête, je pouvais l’utiliser pour qu’elle ait un effet inverse avec Eol. Le niaiseux devait devenir un homme et revenir à la réalité plutôt que de vivre dans son univers. Elle m’aiderait. La première étape serait de le déniaiser. Et moi et mes fantasmes, nous nous soulagerions sur la drow. C'était mieux que de tout donner à Eol et ne rien avoir.
Je m’approchais de la demie-elfe, laissant Humbert et les marchands se disputer. « Qu’est-ce que tu donnes au lit ? » lui demandais-je sans tourner autour du pot (pour lui faire comprendre que j’étais un vrai homme) et, surtout, sans la regarder (pour ne pas perdre mes moyens).
Eol- Champion
- Race : Demi-sang
Re: Pendant ce temps, au domaine de Mortelune…
Nïn garde les yeux fixés sur les planches de la charrette qui la transporte depuis de longs jours, tachant d'ignorer les autres esclaves, présents autour d'elle. Certains ont bien tenté d'entamer la discussion, sans doute encouragés par son air qu'elle ne sait pas trop rendre autre que doux... mais elle les a laissés parler. Cela ne sert à rien de se lier. Ils trouveront sans doute chacun un maître différent, ne se reverront jamais. Et surtout, Nïn ne veut pas sympathiser, car sympathiser signifie partager les potentielles souffrances de l'autre... Or, Nïn a bien assez de sa propre souffrance. La souffrance du manque. De l'absence de Schizae.
Savoir qu'elle fait cela pour la jeune baronne la réconforte. Celle-ci a besoin d'une espionne dans le domaine de Mortelune, son domaine, qu'elle doit rendre à sa famille par le biais de son cousin, si Nïn a bien compris. Et cette espionne, ce sera elle. En effet, qui mieux qu'une esclave peut écouter sans être entendue, voir sans être vue ? Personne ne prête attention à un esclave. Nïn sera donc les yeux et les oreilles de Schizae, qui elle-même ne peut s'approcher ouvertement du domaine, de peur d'être reconnue.
Sa maîtresse a donc confiée à un marchand d'esclave de l'offrir à l'homme qui règne sur le domaine appartenant à Schizae. Elle l'a payée pour cela, et Nïn a suivi le marchand. Elle se trouve donc de nouveau dans une charrette qui l'emporte au domaine de Mortelune, et au baron qui règne sur celui-ci. Autour d'elle, divers esclaves, de diverses races non humaines. Le vendeur a même une centauresse illusionniste, et il met en avant ses tours ! Nïn, en revanche, cache sa magie. Elle sait que c'est mal vu, mais elle ne voit pas l'utilité d'informer le marchand. C'est son problème et celui de la centaure, pas le sien. Elle, de toute façon, elle sera offerte au baron. Elle n'a donc sans doute pas besoin de se mettre plus que cela en avant, même si évidemment, elle compte mettre toutes les chances du côté de Schizae.
Soudain, la charrette s'arrête. Nïn entend la voix du vendeur, qui s'entretient visiblement avec la centauresse. Nïn n'écoute pas. Elle est perdue dans ses pensées. Elle pense à Schizae. Où est-elle en ce moment ? Que fait-elle ? La demi-elfe est rassurée par la présence du jeune dragon avec elle. Il la protégera, elle le sait.
Quand le chariot s'ébranle de nouveau, après un sifflement du vendeur, qui s'était éloigné, Nïn prend conscience qu'ils arrivent au terme de leur périple. Elle se tend. Le chariot s'arrête. Le vendeur met en avant les talents d'illusion de Mimine, la centauresse. Puis il se tourne vers les esclaves, regroupés dans la charrette, et commence à désigner l'un des leurs. Nïn, elle, jette un coup d'oeil à son interlocuteur. Bien habillé, il dégage une impression de puissance, d'autorité. La certitude qu'il s'agit du baron s'impose à elle. Elle baisse vite les yeux. Veut baisser les yeux. Elle n'a pas été assez rapide. Ceux du baron se fichent dans les siens, et, tandis qu'il la fixe avec intensité, elle frissonne. Quelque-chose en lui lui fait peur. Non, plusieurs choses lui font peur. D'une part, la puissance qui sourd de lui. C'est un maître, et une esclave comme elle craint les maîtres. D'autre part, elle lui trouve un air cruel. Elle ne sait pas à quoi il pense, mais elle devine que cet homme là n'a pas pour habitude de choyer ses esclaves comme l'a fait pour elle Schizae... Enfin, elle reconnaît, dans l'attitude qu'il prend en la découvrant, des signes qu'elle a déjà perçu, notamment chez son précédent maître. Et c'est cela, surtout, qui achève de la faire trembler. De réelle crainte, cette fois, et non uniquement par obligation, elle baisse les yeux.
La voix de l'homme s'élève :
« Je me demande quelle elfe sera la moins chère ? Entre la drow indocile et la godiche qui n’en est qu’une moitié… »
Nïn sursaute. Quelle elfe sera la moins chère ? Mais... elle n'est pas à vendre ! Discrètement, elle jette un oeil au marchand qui l'a amenée là... Et comprend qu'il compte bien tirer un prix d'elle, et non respecter la demande de Schizae de la vendre. Nïn sent son sang bouillonner, et comme cela lui arrive de plus en plus fréquemment, cela active son pouvoir, qu'elle doit se concentrer pour réprimer. Impuissante, elle se contente d'attendre et d'espérer. Elle ne peut s'élever contre la parole d'un humain. Elle n'est qu'une demi-elfe. Une esclave. Ses mots ne valent rien. Elle se tient les yeux baissés, espérant que le baron l'achète elle, et non l'autre elfe qu'il a désignée, qui appartient à un autre vendeur. Le baron l'a dite indocile. Il lui faut montrer qu'elle est, elle, docile. Elle n'est peut-être qu'une moitié, mais une esclave indocile, même elfe pure, doit bien valoir moins qu'une demi-elfe bien dressée...
Nïn perçoit le baron s'approcher d'elle. Elle retient son souffle. Est-ce que cela veut dire qu'il la choisit, elle ? Il le faut... Sa voix s'élève, lui demandant :
« Qu’est-ce que tu donnes au lit ? »
Nïn est un instant perdue. Elle ne s'attendait pas à cela. Pas ainsi, pas de façon si... Elle se reprend. Il doit l'acheter. Elle et non l'elfe noire que vend un autre marchand.
- Je... Je sais faire, Monsieur. Mon premier propriétaire m'a dressée à cela.
Elle ne sait pas trop quoi ajouter. Son ancien maître l'utilisait, mais en secret. Pourtant, elle a cru comprendre que le baron avait une femme. Mais ce n'est peut-être pas pour lui qu'il demande cela... Ou alors, peut-être qu'il s'en moque. Nïn n'ose pas le regarder. Elle a peur qu'il voit sa crainte, peur qu'il la juge inapte... et peur, aussi, de croiser dans ses yeux la flamme de désir qu'elle allume parfois dans les regards des hommes. Elle tente de se concentrer. Il faut que le baron l'achète. Qu'elle soit l'espionne de Schizae. C'est tout ce qui compte. Ce qu'elle aura à faire pour cela n'est que du détail.
Savoir qu'elle fait cela pour la jeune baronne la réconforte. Celle-ci a besoin d'une espionne dans le domaine de Mortelune, son domaine, qu'elle doit rendre à sa famille par le biais de son cousin, si Nïn a bien compris. Et cette espionne, ce sera elle. En effet, qui mieux qu'une esclave peut écouter sans être entendue, voir sans être vue ? Personne ne prête attention à un esclave. Nïn sera donc les yeux et les oreilles de Schizae, qui elle-même ne peut s'approcher ouvertement du domaine, de peur d'être reconnue.
Sa maîtresse a donc confiée à un marchand d'esclave de l'offrir à l'homme qui règne sur le domaine appartenant à Schizae. Elle l'a payée pour cela, et Nïn a suivi le marchand. Elle se trouve donc de nouveau dans une charrette qui l'emporte au domaine de Mortelune, et au baron qui règne sur celui-ci. Autour d'elle, divers esclaves, de diverses races non humaines. Le vendeur a même une centauresse illusionniste, et il met en avant ses tours ! Nïn, en revanche, cache sa magie. Elle sait que c'est mal vu, mais elle ne voit pas l'utilité d'informer le marchand. C'est son problème et celui de la centaure, pas le sien. Elle, de toute façon, elle sera offerte au baron. Elle n'a donc sans doute pas besoin de se mettre plus que cela en avant, même si évidemment, elle compte mettre toutes les chances du côté de Schizae.
Soudain, la charrette s'arrête. Nïn entend la voix du vendeur, qui s'entretient visiblement avec la centauresse. Nïn n'écoute pas. Elle est perdue dans ses pensées. Elle pense à Schizae. Où est-elle en ce moment ? Que fait-elle ? La demi-elfe est rassurée par la présence du jeune dragon avec elle. Il la protégera, elle le sait.
Quand le chariot s'ébranle de nouveau, après un sifflement du vendeur, qui s'était éloigné, Nïn prend conscience qu'ils arrivent au terme de leur périple. Elle se tend. Le chariot s'arrête. Le vendeur met en avant les talents d'illusion de Mimine, la centauresse. Puis il se tourne vers les esclaves, regroupés dans la charrette, et commence à désigner l'un des leurs. Nïn, elle, jette un coup d'oeil à son interlocuteur. Bien habillé, il dégage une impression de puissance, d'autorité. La certitude qu'il s'agit du baron s'impose à elle. Elle baisse vite les yeux. Veut baisser les yeux. Elle n'a pas été assez rapide. Ceux du baron se fichent dans les siens, et, tandis qu'il la fixe avec intensité, elle frissonne. Quelque-chose en lui lui fait peur. Non, plusieurs choses lui font peur. D'une part, la puissance qui sourd de lui. C'est un maître, et une esclave comme elle craint les maîtres. D'autre part, elle lui trouve un air cruel. Elle ne sait pas à quoi il pense, mais elle devine que cet homme là n'a pas pour habitude de choyer ses esclaves comme l'a fait pour elle Schizae... Enfin, elle reconnaît, dans l'attitude qu'il prend en la découvrant, des signes qu'elle a déjà perçu, notamment chez son précédent maître. Et c'est cela, surtout, qui achève de la faire trembler. De réelle crainte, cette fois, et non uniquement par obligation, elle baisse les yeux.
La voix de l'homme s'élève :
« Je me demande quelle elfe sera la moins chère ? Entre la drow indocile et la godiche qui n’en est qu’une moitié… »
Nïn sursaute. Quelle elfe sera la moins chère ? Mais... elle n'est pas à vendre ! Discrètement, elle jette un oeil au marchand qui l'a amenée là... Et comprend qu'il compte bien tirer un prix d'elle, et non respecter la demande de Schizae de la vendre. Nïn sent son sang bouillonner, et comme cela lui arrive de plus en plus fréquemment, cela active son pouvoir, qu'elle doit se concentrer pour réprimer. Impuissante, elle se contente d'attendre et d'espérer. Elle ne peut s'élever contre la parole d'un humain. Elle n'est qu'une demi-elfe. Une esclave. Ses mots ne valent rien. Elle se tient les yeux baissés, espérant que le baron l'achète elle, et non l'autre elfe qu'il a désignée, qui appartient à un autre vendeur. Le baron l'a dite indocile. Il lui faut montrer qu'elle est, elle, docile. Elle n'est peut-être qu'une moitié, mais une esclave indocile, même elfe pure, doit bien valoir moins qu'une demi-elfe bien dressée...
Nïn perçoit le baron s'approcher d'elle. Elle retient son souffle. Est-ce que cela veut dire qu'il la choisit, elle ? Il le faut... Sa voix s'élève, lui demandant :
« Qu’est-ce que tu donnes au lit ? »
Nïn est un instant perdue. Elle ne s'attendait pas à cela. Pas ainsi, pas de façon si... Elle se reprend. Il doit l'acheter. Elle et non l'elfe noire que vend un autre marchand.
- Je... Je sais faire, Monsieur. Mon premier propriétaire m'a dressée à cela.
Elle ne sait pas trop quoi ajouter. Son ancien maître l'utilisait, mais en secret. Pourtant, elle a cru comprendre que le baron avait une femme. Mais ce n'est peut-être pas pour lui qu'il demande cela... Ou alors, peut-être qu'il s'en moque. Nïn n'ose pas le regarder. Elle a peur qu'il voit sa crainte, peur qu'il la juge inapte... et peur, aussi, de croiser dans ses yeux la flamme de désir qu'elle allume parfois dans les regards des hommes. Elle tente de se concentrer. Il faut que le baron l'achète. Qu'elle soit l'espionne de Schizae. C'est tout ce qui compte. Ce qu'elle aura à faire pour cela n'est que du détail.
Nïn- Elite
- Race : demi-elfe
Re: Pendant ce temps, au domaine de Mortelune…
Théobald, le baron de Mortelune
- Je... Je sais faire, Monsieur. Mon premier propriétaire m'a dressée à cela.
Je frémissais en entendant sa voix. Douce. Depuis combien de temps n'avais-je entendu autant de douceur dans la voix de quelqu’un ? Je n’aurais su le dire. Je gardais les yeux fixés vers l’horizon. Ne pas la regarder. C’était forcément une sorcière. Une ensorceleuse. Je ne voyais que ça. Et je n’allais pas tomber dans ses filets, au contraire, je me servirais de ses pouvoirs pour… pour transformer Eol en homme. C’était ce que je m’obligeais à penser. Mais était-ce vraiment pour ces raisons étranges que je désirais autant en faire ma possession ?
« Dressée à cela », avait-elle dit. Pourvu que personne n’ai remarqué que mes cheveux s’étaient hérissés sur ma tête à ces mots. Au premier regard, je l’aurais prise pour une vierge apeurée. Mais sa réponse était sans détour : elle était spécialiste dans le domaine. C’était tellement… Ah ! Mais quel gâchis de la donner à Eol ! Elle m’avait appelée « Monsieur » avec tellement de soumission, c’était à m'en faire perdre la tête. Mais je me devais de la garder bien droite sur mes épaules, aussi, même si c’était un terrible gaspillage, il valait mieux que je ne l’approche pas trop. Elle aurait pu trouver mes failles et me rendre vulnérable. Cette demie-elfe me faisait découvrir des faiblesses que je ne me connaissais pas. C’était à la fois effrayant et excitant.
- Parfait, alors use de tes talents auprès de celui que je te présenterais. Si tu n'arrives pas à le satisfaire, crois-moi, tu le regretteras.
Je tournais les talons, sans m’abaisser à attendre sa réponse. Humbert m’avait compris, vu les négociations qu’il menait. Il allait m’acheter les deux elfes et je n’avais plus besoin de perdre mon temps ici. Non, je ne fuyais pas son regard à la profondeur de l’océan et à l’éclat du saphir. Je m’en retournais simplement à mes occupations : il me fallait choisir un cheval pour Eol. J’en avais trouvé plusieurs, tous plus superbes les uns que les autres. Je prendrais celui qui ressemblerait le plus à son ancienne monture.
Je ne fuyais pas.
Eol
Plusieurs jours sont passés. Théo m’a promis de m’offrir un cadeau qui me plaira. Je ne sais pas de quoi il parle. Je me lève de ma chaise. Je m’avance vers l’étagère et prend un livre. J’ai besoin de bouger. Je ne veux plus penser depuis que mon frère à tué Egfroi. Ce qu’il a fait n’est pas bien. Mais je n’ai pas le droit de penser ça. Parce que c’est mon frère. Parce qu’il est bon. Alors il vaut mieux ne pas y penser.
Je n’arrive pas non plus à dormir. Je fais des cauchemars. Quand je ferme les yeux, je vois des images. Je ne sais pas pourquoi, avant, ça faisait juste du noir. Maintenant, je vois Egfroi qui saigne et qui meurt. Ce n’est pas la réalité. C’est mes pensées. Des images dans ma tête. Je sais que ce n’est pas vrai. Mais à chaque fois, ça me fait peur. Je veux crier et le sauver. Mais je ne peux pas parce qu’il est déjà mort.
- Eol, le maître te demande.
Je me retourne. Un esclave me regarde. C’est un humain. Je ne l’aime pas. Il vole beaucoup de choses. C’est mal de voler. Je devrais le dire à Théo. Mais si je le dis, il le fera tuer. Je n’ai plus envie que les gens meurent. Je n'aime pas ça. C’est comme pour Egfroi. Je n'aime pas qu'il soit mort. Mais Théo dit que je ne peux pas savoir ce qui est bien et ce qui est mal. Il dit que je dois tout lui dire. Il dit qu'il juge pour moi, parce que je n'en suis pas capable. Alors je devrais lui parler. Mais je n’y arrive plus. Tout a changé depuis que j'ai rencontré Kelnozz et que Egfroia été tué. Je n’arrive plus à maîtriser mes pensées depuis que j’ai parlé au centaure. C’est compliqué.
Théo me manque. Je dois lui parler. Il est le seul à pouvoir m’aider.
Je marche derrière l’esclave. Il a les cheveux noirs. Ils sont sales. Les esclaves ont toujours les cheveux sales. Je n’aime pas ça.
On arrive dans la grande salle. Théo est assis sur le trône. La première (et la seule) chose que je vois, c’est un cheval. Il est magnifique. Je m’avance dans la salle.
- Eol, je te présente Nïn…
Je vais vers le cheval. Je passe une main sur son encolure. Il est doux. Il est très grand. Il baisse un peu la tête. Son museau et sa crinière sont noirs. Son poil a la couleur du blé. Il me regarde. Il a de très grands yeux. Tout noir. Il les ferme et les rouvre. Je passe mes bras autour de son encolure.
- Tu es magnifique Nïn, je t’aime…
Eol- Champion
- Race : Demi-sang
Re: Pendant ce temps, au domaine de Mortelune…
- Parfait, alors use de tes talents auprès de celui que je te présenterais. Si tu n'arrives pas à le satisfaire, crois-moi, tu le regretteras.
Nïn a l'impression qu'un poids s'envole de ses épaules. Un énorme poids. D'une part, cela veut dire qu'il l'achète. Elle va pouvoir accomplir la mission pour laquelle Schizae l'a envoyée ici. Et d'autre part, elle est soulagée que le baron ne veuille pas d'elle pour lui. Son ancien maître n'était pas tendre, mais il n'était pas non plus cruel. Il la blessait quand elle fautait, jamais gratuitement. Elle n'est pas certaine de pouvoir affirmer qu'il en va de même pour ce baron... Elle ne sait trop ce qui lui fait songer cela. Son attitude ? La façon dont les autres le regardent, sans doute, aussi. Avec respect... et crainte.
Le baron s'éloigne. Le soulagement de Nïn s'agrandit encore. Certes, il l'a menacée. Mais cela ne l'effraie pas particulièrement. Un esclave doit obéir, satisfaire les exigences pour lesquelles on l'a acquis. S'il l'achète à des fins de plaisir, il est normal qu'elle soit punie si elle ne les remplit pas. Elle jette un oeil au marchand, qui termine la transaction avec l'homme du baron. Elle ne manquera pas de rapporter à Schizae qu'il a triché sur leur accord. Le marchand n'est peut-être pas un esclave, mais il est inférieur à la jeune baronne. Il n'avait pas à désobéir.
Nïn est ensuite entraînée dans le palais. La demeure est riche. Nïn songe que tout cela est à Schizae, et non au baron. Et elle fera tout pour que sa jeune maîtresse le récupère.
On emmène Nïn à une femme, chargée de la préparer. Aux discussions autour d'elle, la demi-elfe comprend que celui à qui elle va être offerte n'est pas très estimé. Les serviteurs s'interrogent sur les raisons de "Théobald" (c'est là le nom du baron). Ils cancanent, se moquent. Nïn ne dit rien. Elle ne doit rien dire. Ces serviteurs sont supérieurs à elle. Ils sont des humains. Elle ne sait pas trop s'ils sont des esclaves ou non, mais peu importe : elle et la drow (qui a aussi été achetée) sont tout en bas dans la hiérarchie. De simples objets de plaisir. La drow, elle, est visiblement pour le baron. Nïn la plaint un peu, mais tâche de se concentrer sur elle-même.
Une fois prête, on un homme emmène Nïn à travers le palais. Sur le chemin, il l'informe de la chance qu'elle a d'être "pour Eol, et non pour le baron". Il affirme que "le gamin" ne voudra sans doute même pas la toucher. La situation le fait visiblement bien rire. Cela intrigue beaucoup Nïn. L'homme conclut par un "on aura tout vu" qui termine de la convaincre que quelque-chose cloche. Pourquoi le baron compte-t-il l'offrir à cet Eol, si celui-ci est si peu respecté, pire, si même les serviteurs osent se moquer de lui ? Elle s'inquiète un peu, aussi. Comment mener à bien l'office à laquelle le baron l'a destinée, si son acquéreur ne veut pas d'elle ?
L'esclave doit remettre ses questions à plus tard, car elle entre dans une grande salle, dans laquelle le baron siège sur un trône. Près de lui, un serviteur tient la longe d'un cheval majestueux. Nïn se demande ce que l'animal fait dans la salle. Comme on la fait se tenir non loin de lui, elle devine qu'il doit aussi s'agir d'un cadeau.
Puis un autre serviteur arrive, précédant un jeune homme à la peau sombre, aux oreilles pointues, et aux cheveux aussi pâles que ceux de Nïn. L'esclave devine qu'il n'est que demi-drow. Que fait-il ici ? Il a l'air un peu... perdu, ou triste, Nïn ne saurait pas trop dire. Son regard s'assortit mal à son corps, qui affiche les muscles d'un combattant. Tout cela donne un ensemble assez étrange.
Dans son trône, le baron Théobald prend la parole :
- Eol, je te présente Nïn…
Ainsi, c'est lui Eol. C'est à lui qu'elle va devoir servir. Nïn s'apprête à courber la tête, mais le regard du demi-drow s'est fixé sur le cheval, et un air béas vient illuminer son visage. Il s'avance vers l'animal son même accorder un regard à l'esclave, et enlace son encolure en déclarant :
- Tu es magnifique Nïn, je t’aime…
Nïn est un peu perdue. Il a cru que c'était le cheval que lui présentait le baron... Elle ne sait comment réagir. Ce n'est sans doute pas à elle de le faire. Elle attend sagement que le baron rétablisse la vérité, sans pouvoir s'empêcher de songer que c'est mal parti. Le demi-drow, loin d'afficher à sa vue le désir qu'elle a pu lire dans le regard du baron - et d'autres hommes avant lui - ne lui a pour l'instant même pas accordé un regard.
Nïn a l'impression qu'un poids s'envole de ses épaules. Un énorme poids. D'une part, cela veut dire qu'il l'achète. Elle va pouvoir accomplir la mission pour laquelle Schizae l'a envoyée ici. Et d'autre part, elle est soulagée que le baron ne veuille pas d'elle pour lui. Son ancien maître n'était pas tendre, mais il n'était pas non plus cruel. Il la blessait quand elle fautait, jamais gratuitement. Elle n'est pas certaine de pouvoir affirmer qu'il en va de même pour ce baron... Elle ne sait trop ce qui lui fait songer cela. Son attitude ? La façon dont les autres le regardent, sans doute, aussi. Avec respect... et crainte.
Le baron s'éloigne. Le soulagement de Nïn s'agrandit encore. Certes, il l'a menacée. Mais cela ne l'effraie pas particulièrement. Un esclave doit obéir, satisfaire les exigences pour lesquelles on l'a acquis. S'il l'achète à des fins de plaisir, il est normal qu'elle soit punie si elle ne les remplit pas. Elle jette un oeil au marchand, qui termine la transaction avec l'homme du baron. Elle ne manquera pas de rapporter à Schizae qu'il a triché sur leur accord. Le marchand n'est peut-être pas un esclave, mais il est inférieur à la jeune baronne. Il n'avait pas à désobéir.
Nïn est ensuite entraînée dans le palais. La demeure est riche. Nïn songe que tout cela est à Schizae, et non au baron. Et elle fera tout pour que sa jeune maîtresse le récupère.
On emmène Nïn à une femme, chargée de la préparer. Aux discussions autour d'elle, la demi-elfe comprend que celui à qui elle va être offerte n'est pas très estimé. Les serviteurs s'interrogent sur les raisons de "Théobald" (c'est là le nom du baron). Ils cancanent, se moquent. Nïn ne dit rien. Elle ne doit rien dire. Ces serviteurs sont supérieurs à elle. Ils sont des humains. Elle ne sait pas trop s'ils sont des esclaves ou non, mais peu importe : elle et la drow (qui a aussi été achetée) sont tout en bas dans la hiérarchie. De simples objets de plaisir. La drow, elle, est visiblement pour le baron. Nïn la plaint un peu, mais tâche de se concentrer sur elle-même.
Une fois prête, on un homme emmène Nïn à travers le palais. Sur le chemin, il l'informe de la chance qu'elle a d'être "pour Eol, et non pour le baron". Il affirme que "le gamin" ne voudra sans doute même pas la toucher. La situation le fait visiblement bien rire. Cela intrigue beaucoup Nïn. L'homme conclut par un "on aura tout vu" qui termine de la convaincre que quelque-chose cloche. Pourquoi le baron compte-t-il l'offrir à cet Eol, si celui-ci est si peu respecté, pire, si même les serviteurs osent se moquer de lui ? Elle s'inquiète un peu, aussi. Comment mener à bien l'office à laquelle le baron l'a destinée, si son acquéreur ne veut pas d'elle ?
L'esclave doit remettre ses questions à plus tard, car elle entre dans une grande salle, dans laquelle le baron siège sur un trône. Près de lui, un serviteur tient la longe d'un cheval majestueux. Nïn se demande ce que l'animal fait dans la salle. Comme on la fait se tenir non loin de lui, elle devine qu'il doit aussi s'agir d'un cadeau.
Puis un autre serviteur arrive, précédant un jeune homme à la peau sombre, aux oreilles pointues, et aux cheveux aussi pâles que ceux de Nïn. L'esclave devine qu'il n'est que demi-drow. Que fait-il ici ? Il a l'air un peu... perdu, ou triste, Nïn ne saurait pas trop dire. Son regard s'assortit mal à son corps, qui affiche les muscles d'un combattant. Tout cela donne un ensemble assez étrange.
Dans son trône, le baron Théobald prend la parole :
- Eol, je te présente Nïn…
Ainsi, c'est lui Eol. C'est à lui qu'elle va devoir servir. Nïn s'apprête à courber la tête, mais le regard du demi-drow s'est fixé sur le cheval, et un air béas vient illuminer son visage. Il s'avance vers l'animal son même accorder un regard à l'esclave, et enlace son encolure en déclarant :
- Tu es magnifique Nïn, je t’aime…
Nïn est un peu perdue. Il a cru que c'était le cheval que lui présentait le baron... Elle ne sait comment réagir. Ce n'est sans doute pas à elle de le faire. Elle attend sagement que le baron rétablisse la vérité, sans pouvoir s'empêcher de songer que c'est mal parti. Le demi-drow, loin d'afficher à sa vue le désir qu'elle a pu lire dans le regard du baron - et d'autres hommes avant lui - ne lui a pour l'instant même pas accordé un regard.
Nïn- Elite
- Race : demi-elfe
Re: Pendant ce temps, au domaine de Mortelune…
Nïn est très beau. Il me fait penser à Egfroi. Ça me rend un peu triste de penser à lui. Je caresse sa crinière noire.
- Par tous les dieux, Eol, tu es un idiot ! Nïn est ici !
Je regarde Théo. Son bras est étendu devant lui. Au bout de son bras, sa main tient un autre bras. C’est celui de quelqu’un qui est plus petit que lui. Quelqu'un qui a un cou blanc, tout fin. Et il y a des cheveux, blancs aussi, qui passent devant ce cou.
- Il s’appelle aussi Nïn ?
- Hein ? De quoi est-ce que tu parles… ? Peu importe, viens donc voir.
Je viens voir mon frère. Son menton est barbu. Il laisse pousser sa barbe. Moi je n’en ai pas. Il dit que c’est parce que je ne suis pas un homme. C’est la faute de mon père. Les drow n'ont pas de barbe. J'aurais bien aimé en avoir pourtant.
- Alors, qu’est-ce que tu en penses ?
- C’est le plus beau des cadeaux.
- … Vraiment ?
- Il a une belle robe isabelle.
- Hein ? Mais… tu… Eol ! Je ne te parle pas du cheval !
Je ne comprends pas bien. Nïn est un grand et beau cheval. Il me l’a offert. Je suis content. C’est la première fois que Théo me fait un cadeau. Mais lui, il n’est pas content.
- Il ne s’appelle pas Nïn.
- Pourquoi ?
- Parce qu’il s’appelle Tarik. Maintenant, regarde ça et dit-moi ce que tu en penses, par Kaluni !
Théo a une main sur l’épaule de l’homme. Son autre main est sur son torse. C’est bizarre. Il tient quelque chose de rond. Ça a l'air mou parce que sa main s'enfonce dedans. C’est un sein. C’est…
- Une femme ?
- Oui… Mais encore ?
- Je peux monter le cheval ?
- Sept dieux…
Théo frappe sa tête. Ça doit faire mal. Je ne comprends vraiment pas. Théo parle doucement. Je crois qu’il ne s’adresse pas à moi. Je n’entends pas tout.
- Vois ? Tu sais ce qu’il te reste à faire … … uses de tes talents … … faire de lui un homme … … qu’il sorte de son monde … … éveille en lui … … qu'il s'ouvre à … … C'est mon meilleur esclave, il est très bon au combat mais … … manque quelque chose … … tout essayé … … dernier recours … …
- Théoba… heu… monseigneur, est-ce que je peux monter le cheval ?
- Non, pour le moment tu vas faire visiter le domaine à Nïn. Présente-toi à elle. Montre lui et explique lui tout ce qu’elle te demandera. Et toi, Nïn, soit gentille avec Eol.
Théo parle bizarrement. Sa peau est toute rouge. On dirait qu’il est fiévreux. Il dit des choses étranges. Peut-être est-il malade. Sa main reste sur le sein de la femme. Il la serre contre lui. Ensuite il la pousse vers moi.
- D'accord, et après est-ce que je pourrais monte…
- EOL ! OBÉIS !
Je me tais. Je baisse la tête. Je me tourne vers l'autre Nïn. Je regarde son bras. Théo m'a toujours dit de me méfier des femmes. Il m'a toujours dit qu'elles représentaient le mal. "Elles nous empoisonnent l'esprit", il dit. Alors pourquoi est-ce qu'il m'en donne une ? Je ne dis rien. Je n'aime pas mon frère quand il est rouge et fiévreux comme ça. Quelque chose ne va pas. Mais j'obéis. Je dis à voix haute :
- Suis-moi.
Je salue mon frère. Et je me retourne. J'emmène la femme dans le domaine.
J'obéis à tout ce que demande Théo : je me présente et je lui fais visiter.
- Je m'appelle Eol, je suis un demi-drow. Ma mère est une humaine. Elle est esclave. Mon père est un drow. J'ai vécu chez les elfes noirs pendant onze ans. C'était difficile. Ils sont mauvais. Surtout les femelles. Mais l'architecte m'a appris beaucoup de choses. Il m'a fait lire des plans. J'ai vu qu'il y avait des sorties. J'ai demandé à Théo de venir avec moi. Parce que c'est le fils de ma mère. Donc c'est mon grand frère. Ma mère est gentille. Elle l'aime beaucoup. Et moi aussi. Alors on est sortis tous les deux. Et il m'a sauvé. Parce que dans ce nouveau monde, c'est difficile de vivre quand on est demi-elfe. Je n'en étais pas capable. Alors il m'a dit comment faire. J'ai eu un maître d'arme. Il s'appelle Henry. Il m'a tout appris. Pendant que j'étais loin avec Henry, Théo a marié une femme. Il a eu le domaine de Mortelune. Avant il s'appelait domaine de Triant. Et puis Théo est devenu baron. Sa femme est morte après. C'est une petite fille qui l'a tuée. Je sais qui c'est, la petite fille. Parce que je lis les livres de la bibliothèque qui parlent du domaine. Mais Théo ne me croit pas. Il ne me croit jamais. C'est pas grave. De toute façon je n'aimais pas Aliénor. Elle se moquait de moi. Elle me faisait de mauvaises choses. Heureusement j'avais Egfroi. J'étais moins seul avec lui. Je le brossais tous les jours. Je le montais aussi, mais pas tous les jours. Il m'aimait bien. Mais il est mort. Théo l'a tué. Parce que j'ai fait de mauvaises choses. Les chevaux sont des animaux très utiles. Les humains s'en servent pour…
Je détaille tout ce que je sais des chevaux. Et j'en sais beaucoup. J'ai lu quatorze livre spécialisés sur les chevaux. Je parle en marchant. Je fais tout le tour du domaine. La femme va voir absolument tout.
- Par tous les dieux, Eol, tu es un idiot ! Nïn est ici !
Je regarde Théo. Son bras est étendu devant lui. Au bout de son bras, sa main tient un autre bras. C’est celui de quelqu’un qui est plus petit que lui. Quelqu'un qui a un cou blanc, tout fin. Et il y a des cheveux, blancs aussi, qui passent devant ce cou.
- Il s’appelle aussi Nïn ?
- Hein ? De quoi est-ce que tu parles… ? Peu importe, viens donc voir.
Je viens voir mon frère. Son menton est barbu. Il laisse pousser sa barbe. Moi je n’en ai pas. Il dit que c’est parce que je ne suis pas un homme. C’est la faute de mon père. Les drow n'ont pas de barbe. J'aurais bien aimé en avoir pourtant.
- Alors, qu’est-ce que tu en penses ?
- C’est le plus beau des cadeaux.
- … Vraiment ?
- Il a une belle robe isabelle.
- Hein ? Mais… tu… Eol ! Je ne te parle pas du cheval !
Je ne comprends pas bien. Nïn est un grand et beau cheval. Il me l’a offert. Je suis content. C’est la première fois que Théo me fait un cadeau. Mais lui, il n’est pas content.
- Il ne s’appelle pas Nïn.
- Pourquoi ?
- Parce qu’il s’appelle Tarik. Maintenant, regarde ça et dit-moi ce que tu en penses, par Kaluni !
Théo a une main sur l’épaule de l’homme. Son autre main est sur son torse. C’est bizarre. Il tient quelque chose de rond. Ça a l'air mou parce que sa main s'enfonce dedans. C’est un sein. C’est…
- Une femme ?
- Oui… Mais encore ?
- Je peux monter le cheval ?
- Sept dieux…
Théo frappe sa tête. Ça doit faire mal. Je ne comprends vraiment pas. Théo parle doucement. Je crois qu’il ne s’adresse pas à moi. Je n’entends pas tout.
- Vois ? Tu sais ce qu’il te reste à faire … … uses de tes talents … … faire de lui un homme … … qu’il sorte de son monde … … éveille en lui … … qu'il s'ouvre à … … C'est mon meilleur esclave, il est très bon au combat mais … … manque quelque chose … … tout essayé … … dernier recours … …
- Théoba… heu… monseigneur, est-ce que je peux monter le cheval ?
- Non, pour le moment tu vas faire visiter le domaine à Nïn. Présente-toi à elle. Montre lui et explique lui tout ce qu’elle te demandera. Et toi, Nïn, soit gentille avec Eol.
Théo parle bizarrement. Sa peau est toute rouge. On dirait qu’il est fiévreux. Il dit des choses étranges. Peut-être est-il malade. Sa main reste sur le sein de la femme. Il la serre contre lui. Ensuite il la pousse vers moi.
- D'accord, et après est-ce que je pourrais monte…
- EOL ! OBÉIS !
Je me tais. Je baisse la tête. Je me tourne vers l'autre Nïn. Je regarde son bras. Théo m'a toujours dit de me méfier des femmes. Il m'a toujours dit qu'elles représentaient le mal. "Elles nous empoisonnent l'esprit", il dit. Alors pourquoi est-ce qu'il m'en donne une ? Je ne dis rien. Je n'aime pas mon frère quand il est rouge et fiévreux comme ça. Quelque chose ne va pas. Mais j'obéis. Je dis à voix haute :
- Suis-moi.
Je salue mon frère. Et je me retourne. J'emmène la femme dans le domaine.
J'obéis à tout ce que demande Théo : je me présente et je lui fais visiter.
- Je m'appelle Eol, je suis un demi-drow. Ma mère est une humaine. Elle est esclave. Mon père est un drow. J'ai vécu chez les elfes noirs pendant onze ans. C'était difficile. Ils sont mauvais. Surtout les femelles. Mais l'architecte m'a appris beaucoup de choses. Il m'a fait lire des plans. J'ai vu qu'il y avait des sorties. J'ai demandé à Théo de venir avec moi. Parce que c'est le fils de ma mère. Donc c'est mon grand frère. Ma mère est gentille. Elle l'aime beaucoup. Et moi aussi. Alors on est sortis tous les deux. Et il m'a sauvé. Parce que dans ce nouveau monde, c'est difficile de vivre quand on est demi-elfe. Je n'en étais pas capable. Alors il m'a dit comment faire. J'ai eu un maître d'arme. Il s'appelle Henry. Il m'a tout appris. Pendant que j'étais loin avec Henry, Théo a marié une femme. Il a eu le domaine de Mortelune. Avant il s'appelait domaine de Triant. Et puis Théo est devenu baron. Sa femme est morte après. C'est une petite fille qui l'a tuée. Je sais qui c'est, la petite fille. Parce que je lis les livres de la bibliothèque qui parlent du domaine. Mais Théo ne me croit pas. Il ne me croit jamais. C'est pas grave. De toute façon je n'aimais pas Aliénor. Elle se moquait de moi. Elle me faisait de mauvaises choses. Heureusement j'avais Egfroi. J'étais moins seul avec lui. Je le brossais tous les jours. Je le montais aussi, mais pas tous les jours. Il m'aimait bien. Mais il est mort. Théo l'a tué. Parce que j'ai fait de mauvaises choses. Les chevaux sont des animaux très utiles. Les humains s'en servent pour…
Je détaille tout ce que je sais des chevaux. Et j'en sais beaucoup. J'ai lu quatorze livre spécialisés sur les chevaux. Je parle en marchant. Je fais tout le tour du domaine. La femme va voir absolument tout.
Eol- Champion
- Race : Demi-sang
Re: Pendant ce temps, au domaine de Mortelune…
Le demi-drow caresse le cheval. Nïn jette un coup d’œil au baron. Celui-ci a l'air un peu agacé, mais pas si surpris. Il désigne Nïn du bras, tout en hélant le demi-drow :
- Par tous les dieux, Eol, tu es un idiot ! Nïn est ici !
Le regard de l'elfe noir, un peu perdu, se pose sur l'esclave, rapidement, avant de remonter vers le baron.
- Il s’appelle aussi Nïn ?
Nïn est interdite. Elle a l'impression que le demi-drow est simple d'esprit. Il ne comprend rien. L'esclave se demande pourquoi le baron du domaine de Mortelune tient à l'offrir à cet Eol. Déjà, il est tout aussi bâtard qu'elle. Il ne peut être qu'un esclave. De plus, pourquoi lui offrir une esclave de plaisir, alors qu'il ne semble même pas savoir de quoi il s'agit ?
Mias le baron Théobald ne se démonte pas. Il fait signe à Nïn de se rapprocher de lui, et pose une main sur son épaule, tandis que l'autre commence à palper son sein. Nïn baisse la tête. Elle a honte, quelque-part. Elle voudrait disparaître, ne plus sentir la main de cet homme, ne plus être présentée ainsi devant tous, comme une marchandise... Mais c'est ce qu'elle est. Elle est une esclave, et les hommes font ce qu'ils veulent d'elle. Son premier propriétaire la réservait pour lui-même, et ne supportait pas que d'autres hommes la touchent... Mais ici, la donne est différente. Le baron essaie visiblement d'attirer l'attention du demi-drow sur elle.
- Hein ? De quoi est-ce que tu parles… ? Peu importe, viens donc voir.
Eol s'approche. Le baron embraye :
- Alors, qu’est-ce que tu en penses ?
- C’est le plus beau des cadeaux.
- … Vraiment ?
- Il a une belle robe isabelle.
- Hein ? Mais… tu… Eol ! Je ne te parle pas du cheval !
Ça s'annonce vraiment mal. L'attention du demi-drow reste focalisée sur le cheval. Nïn devine que l'agacement est en train d'envahir le baron. Elle voudrait bien être à des lieues de là... Toutefois, le baron Théobald prend la peine de préciser :
- Il ne s’appelle pas Nïn.
- Pourquoi ?
- Parce qu’il s’appelle Tarik. Maintenant, regarde ça et dit-moi ce que tu en penses, par Kaluni !
Eol regarde Nïn. Nïn regarde le cheval. Elle tâche de ne pas penser. De ne pas penser à l'homme qui lui palpe la poitrine, vraisemblablement pour attirer sur elle l'attention du simplet à qui il veut l'offrir.
- Une femme ?
- Oui… Mais encore ?
- Je peux monter le cheval ?
Le baron jure. Il se frappe la tête de sa main. Le demi-drow l'énerve, cela ne fait aucun doute. Nïn en oublie presque sa situation. L'obsession du sang-mêlé pour le cheval lui semble démesurée, la scène, presque irréelle. Comment peut-on à ce point ne rien comprendre ? Et pourquoi, pourquoi le baron l'offre-t-il à cet individu ?
Le baron, justement, se tourne vers elle, l'attirant à lui. Il lui explique, plus bas, qu'elle a pour mission de faire d'Eol un homme, de le faire sortir de son monde. Il affirme que le demi-drow est son meilleur esclave, un très bon guerrier, mais qu'il lui manque quelque-chose. Selon le baron, il a tout essayé pour changer cela, mais rien n'y a fait, c'est pourquoi il a eu l'idée d'utiliser Nïn. L'esclave comprend enfin. Elle comprend ce que le baron veut dire, lorsqu'il affirme qu'il manque quelque-chose à Eol. Et elle comprend que le baron cherche à y faire quelque-chose. Si le demi-drow est aussi bon guerrier qu'il le dit, il pourrait vraiment être un atout redoutable... s'il était un peu plus en phase avec le monde.
Nïn acquiesce, murmure un "oui, Monsieur" en courbant la tête.
Le demi-sang, lui, ne lâche pas son idée :
- Théoba… heu… monseigneur, est-ce que je peux monter le cheval ?
Nïn retient un soupir. Elle ignore comment elle va pouvoir remplir la tâche qui lui a confié le baron. Elle n'a pas fait la moindre impression à cet Eol, qui demeure focalisé sur le cheval. Le baron répond :
- Non, pour le moment tu vas faire visiter le domaine à Nïn. Présente-toi à elle. Montre lui et explique lui tout ce qu’elle te demandera. Et toi, Nïn, soit gentille avec Eol.
Nïn acquiesce, une fois de plus, mais le demi-drow, lui, insiste encore :
- D'accord, et après est-ce que je pourrais monte…
- EOL ! OBÉIS !
Nïn lutte pour ne pas se recroqueviller. Si elle comprend désormais sa tâche, et pourquoi le baron l'offre au jeune combattant, l'attitude de celui-ci envers le baron demeure très étrange. Plutôt que de se plier aux ordres de son Maître, il insiste. Il a même manqué l'appeler par son prénom. Ce qui est bien étrange, pour un esclave.
Le demi-drow se tourne vers Nïn. Il la fixe, en fronçant un peu les sourcils. Puis il lui ordonne de la suivre, non sans saluer le baron. Nïn suit Eol, qui l'entraîne à travers le palais, puis à l'extérieur. Il commence à lui expliquer :
- Je m'appelle Eol, je suis un demi-drow. Ma mère est une humaine. Elle est esclave. Mon père est un drow. J'ai vécu chez les elfes noirs pendant onze ans. C'était difficile. Ils sont mauvais. Surtout les femelles. Mais l'architecte m'a appris beaucoup de choses. Il m'a fait lire des plans. J'ai vu qu'il y avait des sorties. J'ai demandé à Théo de venir avec moi. Parce que c'est le fils de ma mère. Donc c'est mon grand frère.
Son grand frère ! L'esclave comprend mieux. Tout s'éclaircit enfin. La raison pour laquelle le demi-drow ne se comporte pas en véritable esclave, ce pourquoi le baron veut tant lui offrir des cadeaux malgré son statut et son évidente bêtise... Eol ne semble pas avoir perçu la soudaine compréhension de Nïn. Il a continué ses phrases courtes, d'une voix égale, mettant tout au même niveau comme s'il se contentait de réciter des choses, sans émotion, comme si sa propre vie ne le concernait pas vraiment.
- Ma mère est gentille. Elle l'aime beaucoup. Et moi aussi. Alors on est sortis tous les deux. Et il m'a sauvé. Parce que dans ce nouveau monde, c'est difficile de vivre quand on est demi-elfe. Je n'en étais pas capable. Alors il m'a dit comment faire. J'ai eu un maître d'arme. Il s'appelle Henry. Il m'a tout appris. Pendant que j'étais loin avec Henry, Théo a marié une femme. Il a eu le domaine de Mortelune. Avant il s'appelait domaine de Triant. Et puis Théo est devenu baron. Sa femme est morte après. C'est une petite fille qui l'a tuée.
Une petite fille... Nïn tâche de ne pas afficher d'émotion. Mais, de toute façon, Eol ne la regarde pas vraiment. Il continue à réciter, et Nïn lutte pour s'accrocher, ne pas penser à Schizae, la nièce de feu la femme du baron. Tout ce qu'elle peut apprendre de la bouche d'Eol pourrait servir à sa jeune maîtresse. Il lui faut se concentrer, malgré le ton monotone.
- Je sais qui c'est, la petite fille. Parce que je lis les livres de la bibliothèque qui parlent du domaine. Mais Théo ne me croit pas. Il ne me croit jamais. C'est pas grave. De toute façon je n'aimais pas Aliénor. Elle se moquait de moi. Elle me faisait de mauvaises choses. Heureusement j'avais Egfroi. J'étais moins seul avec lui. Je le brossais tous les jours. Je le montais aussi, mais pas tous les jours. Il m'aimait bien. Mais il est mort. Théo l'a tué. Parce que j'ai fait de mauvaises choses. Les chevaux sont des animaux très utiles.
Nïn s'autorise enfin à décrocher. Eol est parti sur un sujet qui visiblement le passionne : celui des chevaux. Ce qui l'intéresse, elle, à savoir tout ce qui concerne la baronnerie de Triant et la famille de Schizae, semble être loin des véritables préoccupations d'Eol. Quoiqu'il lui ai révélé une information importante. Il sait, pour Schizae. Il a lu des livres. Il l'a identifiée. Heureusement, le baron ne l'écoute pas. Nïn en est soulagée. Si le baron connaissait l'identité de Schizae, qui sait ce qu'il ferait pour l'évincer ?
L'esclave jette à la dérobade un coup d’œil au demi-drow. Il n'est sans doute finalement pas idiot, s'il a pu faire le lien entre ce qu'il a lu dans un livre et la jeune fille qui a assassiné la femme du baron. Schizae, avant de quitter Nïn, lui a brièvement expliqué la situation. Nïn n'a pas tout intégré. La preuve, elle avait oublié que c'était la femme du baron, Aliénor, la tante de Schizae si elle a bien suivi, qui avait été tuée lorsque Schizae était venue voir les tombes. Les liens familiaux sont complexes, mais elle commence à se faire une bonne représentation mentale de la chose. Comment le demi-drow, lui, a-t-il pu identifier Schizae ? Quels sont les livres qu'il a en sa possession ? Sont-ils importants pour la jeune baronne ?
Nïn, encore une fois, retient un soupir. Si elle veut rester pour apporter à la jeune baronne les informations dont elle a besoin, elle a un problème assez urgent à régler. Et pas la moindre idée de la façon d'en venir à bout.
- Par tous les dieux, Eol, tu es un idiot ! Nïn est ici !
Le regard de l'elfe noir, un peu perdu, se pose sur l'esclave, rapidement, avant de remonter vers le baron.
- Il s’appelle aussi Nïn ?
Nïn est interdite. Elle a l'impression que le demi-drow est simple d'esprit. Il ne comprend rien. L'esclave se demande pourquoi le baron du domaine de Mortelune tient à l'offrir à cet Eol. Déjà, il est tout aussi bâtard qu'elle. Il ne peut être qu'un esclave. De plus, pourquoi lui offrir une esclave de plaisir, alors qu'il ne semble même pas savoir de quoi il s'agit ?
Mias le baron Théobald ne se démonte pas. Il fait signe à Nïn de se rapprocher de lui, et pose une main sur son épaule, tandis que l'autre commence à palper son sein. Nïn baisse la tête. Elle a honte, quelque-part. Elle voudrait disparaître, ne plus sentir la main de cet homme, ne plus être présentée ainsi devant tous, comme une marchandise... Mais c'est ce qu'elle est. Elle est une esclave, et les hommes font ce qu'ils veulent d'elle. Son premier propriétaire la réservait pour lui-même, et ne supportait pas que d'autres hommes la touchent... Mais ici, la donne est différente. Le baron essaie visiblement d'attirer l'attention du demi-drow sur elle.
- Hein ? De quoi est-ce que tu parles… ? Peu importe, viens donc voir.
Eol s'approche. Le baron embraye :
- Alors, qu’est-ce que tu en penses ?
- C’est le plus beau des cadeaux.
- … Vraiment ?
- Il a une belle robe isabelle.
- Hein ? Mais… tu… Eol ! Je ne te parle pas du cheval !
Ça s'annonce vraiment mal. L'attention du demi-drow reste focalisée sur le cheval. Nïn devine que l'agacement est en train d'envahir le baron. Elle voudrait bien être à des lieues de là... Toutefois, le baron Théobald prend la peine de préciser :
- Il ne s’appelle pas Nïn.
- Pourquoi ?
- Parce qu’il s’appelle Tarik. Maintenant, regarde ça et dit-moi ce que tu en penses, par Kaluni !
Eol regarde Nïn. Nïn regarde le cheval. Elle tâche de ne pas penser. De ne pas penser à l'homme qui lui palpe la poitrine, vraisemblablement pour attirer sur elle l'attention du simplet à qui il veut l'offrir.
- Une femme ?
- Oui… Mais encore ?
- Je peux monter le cheval ?
Le baron jure. Il se frappe la tête de sa main. Le demi-drow l'énerve, cela ne fait aucun doute. Nïn en oublie presque sa situation. L'obsession du sang-mêlé pour le cheval lui semble démesurée, la scène, presque irréelle. Comment peut-on à ce point ne rien comprendre ? Et pourquoi, pourquoi le baron l'offre-t-il à cet individu ?
Le baron, justement, se tourne vers elle, l'attirant à lui. Il lui explique, plus bas, qu'elle a pour mission de faire d'Eol un homme, de le faire sortir de son monde. Il affirme que le demi-drow est son meilleur esclave, un très bon guerrier, mais qu'il lui manque quelque-chose. Selon le baron, il a tout essayé pour changer cela, mais rien n'y a fait, c'est pourquoi il a eu l'idée d'utiliser Nïn. L'esclave comprend enfin. Elle comprend ce que le baron veut dire, lorsqu'il affirme qu'il manque quelque-chose à Eol. Et elle comprend que le baron cherche à y faire quelque-chose. Si le demi-drow est aussi bon guerrier qu'il le dit, il pourrait vraiment être un atout redoutable... s'il était un peu plus en phase avec le monde.
Nïn acquiesce, murmure un "oui, Monsieur" en courbant la tête.
Le demi-sang, lui, ne lâche pas son idée :
- Théoba… heu… monseigneur, est-ce que je peux monter le cheval ?
Nïn retient un soupir. Elle ignore comment elle va pouvoir remplir la tâche qui lui a confié le baron. Elle n'a pas fait la moindre impression à cet Eol, qui demeure focalisé sur le cheval. Le baron répond :
- Non, pour le moment tu vas faire visiter le domaine à Nïn. Présente-toi à elle. Montre lui et explique lui tout ce qu’elle te demandera. Et toi, Nïn, soit gentille avec Eol.
Nïn acquiesce, une fois de plus, mais le demi-drow, lui, insiste encore :
- D'accord, et après est-ce que je pourrais monte…
- EOL ! OBÉIS !
Nïn lutte pour ne pas se recroqueviller. Si elle comprend désormais sa tâche, et pourquoi le baron l'offre au jeune combattant, l'attitude de celui-ci envers le baron demeure très étrange. Plutôt que de se plier aux ordres de son Maître, il insiste. Il a même manqué l'appeler par son prénom. Ce qui est bien étrange, pour un esclave.
Le demi-drow se tourne vers Nïn. Il la fixe, en fronçant un peu les sourcils. Puis il lui ordonne de la suivre, non sans saluer le baron. Nïn suit Eol, qui l'entraîne à travers le palais, puis à l'extérieur. Il commence à lui expliquer :
- Je m'appelle Eol, je suis un demi-drow. Ma mère est une humaine. Elle est esclave. Mon père est un drow. J'ai vécu chez les elfes noirs pendant onze ans. C'était difficile. Ils sont mauvais. Surtout les femelles. Mais l'architecte m'a appris beaucoup de choses. Il m'a fait lire des plans. J'ai vu qu'il y avait des sorties. J'ai demandé à Théo de venir avec moi. Parce que c'est le fils de ma mère. Donc c'est mon grand frère.
Son grand frère ! L'esclave comprend mieux. Tout s'éclaircit enfin. La raison pour laquelle le demi-drow ne se comporte pas en véritable esclave, ce pourquoi le baron veut tant lui offrir des cadeaux malgré son statut et son évidente bêtise... Eol ne semble pas avoir perçu la soudaine compréhension de Nïn. Il a continué ses phrases courtes, d'une voix égale, mettant tout au même niveau comme s'il se contentait de réciter des choses, sans émotion, comme si sa propre vie ne le concernait pas vraiment.
- Ma mère est gentille. Elle l'aime beaucoup. Et moi aussi. Alors on est sortis tous les deux. Et il m'a sauvé. Parce que dans ce nouveau monde, c'est difficile de vivre quand on est demi-elfe. Je n'en étais pas capable. Alors il m'a dit comment faire. J'ai eu un maître d'arme. Il s'appelle Henry. Il m'a tout appris. Pendant que j'étais loin avec Henry, Théo a marié une femme. Il a eu le domaine de Mortelune. Avant il s'appelait domaine de Triant. Et puis Théo est devenu baron. Sa femme est morte après. C'est une petite fille qui l'a tuée.
Une petite fille... Nïn tâche de ne pas afficher d'émotion. Mais, de toute façon, Eol ne la regarde pas vraiment. Il continue à réciter, et Nïn lutte pour s'accrocher, ne pas penser à Schizae, la nièce de feu la femme du baron. Tout ce qu'elle peut apprendre de la bouche d'Eol pourrait servir à sa jeune maîtresse. Il lui faut se concentrer, malgré le ton monotone.
- Je sais qui c'est, la petite fille. Parce que je lis les livres de la bibliothèque qui parlent du domaine. Mais Théo ne me croit pas. Il ne me croit jamais. C'est pas grave. De toute façon je n'aimais pas Aliénor. Elle se moquait de moi. Elle me faisait de mauvaises choses. Heureusement j'avais Egfroi. J'étais moins seul avec lui. Je le brossais tous les jours. Je le montais aussi, mais pas tous les jours. Il m'aimait bien. Mais il est mort. Théo l'a tué. Parce que j'ai fait de mauvaises choses. Les chevaux sont des animaux très utiles.
Nïn s'autorise enfin à décrocher. Eol est parti sur un sujet qui visiblement le passionne : celui des chevaux. Ce qui l'intéresse, elle, à savoir tout ce qui concerne la baronnerie de Triant et la famille de Schizae, semble être loin des véritables préoccupations d'Eol. Quoiqu'il lui ai révélé une information importante. Il sait, pour Schizae. Il a lu des livres. Il l'a identifiée. Heureusement, le baron ne l'écoute pas. Nïn en est soulagée. Si le baron connaissait l'identité de Schizae, qui sait ce qu'il ferait pour l'évincer ?
L'esclave jette à la dérobade un coup d’œil au demi-drow. Il n'est sans doute finalement pas idiot, s'il a pu faire le lien entre ce qu'il a lu dans un livre et la jeune fille qui a assassiné la femme du baron. Schizae, avant de quitter Nïn, lui a brièvement expliqué la situation. Nïn n'a pas tout intégré. La preuve, elle avait oublié que c'était la femme du baron, Aliénor, la tante de Schizae si elle a bien suivi, qui avait été tuée lorsque Schizae était venue voir les tombes. Les liens familiaux sont complexes, mais elle commence à se faire une bonne représentation mentale de la chose. Comment le demi-drow, lui, a-t-il pu identifier Schizae ? Quels sont les livres qu'il a en sa possession ? Sont-ils importants pour la jeune baronne ?
Nïn, encore une fois, retient un soupir. Si elle veut rester pour apporter à la jeune baronne les informations dont elle a besoin, elle a un problème assez urgent à régler. Et pas la moindre idée de la façon d'en venir à bout.
Nïn- Elite
- Race : demi-elfe
Re: Pendant ce temps, au domaine de Mortelune…
Je marche. Je passe le couloir. Je sors dehors. Je traverse le jardin. Il y a les tombes. Il y a tous les serviteurs des De Triant. Théo ne fait pas comme les anciens propriétaires. Il renvoie les corps des serviteurs à leurs familles et donne ceux des esclaves aux chiens. Il dit que les esclaves doivent servir jusqu’à la fin, même quand ils sont morts. Ensuite il y a la famille De Triant. Les dernières tombes sont ouvertes, toutes brisées. On m'a tout raconté. Ils se sont transformés en zombie et ont attaqué Aliénor. C'est la présence de la petite fille qui les a ranimés. D'ailleurs, ma belle-sœur est enterrée juste à côté de sa famille. Ensuite il y a la haie. Je marche et je parle en même temps des chevaux. Je n’explique pas où je suis. C’est un jardin. C’est un cimetière. C’est évident. En face c’est le temple que j'ai fait. Il y a les statues d’Elasgol.
Je retourne dans le bâtiment. Un couloir. La salle à manger. Ça ne servirait à rien d'expliquer puisque ça se voit bien. Alors je continue à parler de l'évolution des chevaux après le développement de l'humanité sur Orcande. J'arrive à la bibliothèque. Je détaille la façon dont les chevaux ont réussi à survivre après la seconde invasion des orcs dans les terres du nord. Je m’avance vers un livre. Et je me retrouve en face de Nïn. Je regarde son cou tout fin. J’avais oublié qu’elle me suivait. Je m’arrête de parler. Sa présence m’a coupé dans mes explications. Théo n’aime pas que je parle comme ça. Il dit que je dois donner la parole à l’autre et ne pas monologuer.
La vie de cette personne ne m’intéresse pas du tout. Les femmes sont mauvaises. Soit elles se moquent de moi, soit elles me font de mauvaises farces. Je ne comprends rien à ce qu’elles disent. Théo dit que je dois regarder les gens dans les yeux. Mais je n'y arrive pas. Il dit que leurs sourires, leurs rires et leurs regards permettent de comprendre leurs mots. Il dit "les femmes parlent avec leurs corps, la vérité est souvent l'inverse de leurs mots". Alors forcément, comment est-ce que je pourrais y comprendre quelque chose… ?
Je n’aime pas quand les gens disent des choses fausses. Je n’ai pas envie de l’écouter parler. Je ne veux pas la connaître. Mais on m'a appris ce qu'il faut faire. Alors je le fais :
- Est-ce que ça va, toi ? Qu’est-ce que tu fais ici ?
Je retourne dans le bâtiment. Un couloir. La salle à manger. Ça ne servirait à rien d'expliquer puisque ça se voit bien. Alors je continue à parler de l'évolution des chevaux après le développement de l'humanité sur Orcande. J'arrive à la bibliothèque. Je détaille la façon dont les chevaux ont réussi à survivre après la seconde invasion des orcs dans les terres du nord. Je m’avance vers un livre. Et je me retrouve en face de Nïn. Je regarde son cou tout fin. J’avais oublié qu’elle me suivait. Je m’arrête de parler. Sa présence m’a coupé dans mes explications. Théo n’aime pas que je parle comme ça. Il dit que je dois donner la parole à l’autre et ne pas monologuer.
La vie de cette personne ne m’intéresse pas du tout. Les femmes sont mauvaises. Soit elles se moquent de moi, soit elles me font de mauvaises farces. Je ne comprends rien à ce qu’elles disent. Théo dit que je dois regarder les gens dans les yeux. Mais je n'y arrive pas. Il dit que leurs sourires, leurs rires et leurs regards permettent de comprendre leurs mots. Il dit "les femmes parlent avec leurs corps, la vérité est souvent l'inverse de leurs mots". Alors forcément, comment est-ce que je pourrais y comprendre quelque chose… ?
Je n’aime pas quand les gens disent des choses fausses. Je n’ai pas envie de l’écouter parler. Je ne veux pas la connaître. Mais on m'a appris ce qu'il faut faire. Alors je le fais :
- Est-ce que ça va, toi ? Qu’est-ce que tu fais ici ?
Eol- Champion
- Race : Demi-sang
Re: Pendant ce temps, au domaine de Mortelune…
Eol continue sur les chevaux. Nïn lui prête une oreille distraite. Ils marchent, dans un jardin. Ils vont vers des tombes. Nïn ralentit. Ce doivent être les tombes de la famille de Schizae. Mais l'esclave ne sait pas lire. Il ne sert à rien de regarder bêtement les épitaphes. Elle doit accélérer pour rejoindre Eol, mais celui-ci n'y prête guère attention. Il continue, inlassablement, de parler de chevaux. Nïn se demande un instant comment il sait tout ça. Une fois encore, elle se dit qu'il n'est pas si bête. C'est bizarre, ce paradoxe. D'un côté, il ne comprend rien aux choses élémentaires, et d'un autre côté, il sait et comprend des choses qu'elle serait bien incapable d'appréhender.
Ils passent près d'un temple, puis retourne à l'intérieur. La demeure est immense. Ils passent dans une salle à manger, parviennent à une bibliothèque. Beaucoup de livre. Peut-être ceux qu'Eol a lu se trouvent-ils là ? Mais Nïn serait incapable de le dire. Tout ce qui est écrit là-dedans lui est inaccessible. Ça en fait, des choses inaccessibles...
Elle fixe de nouveau son attention sur Eol, toujours occupé à parler de chevaux. Et d'orcs, aussi, semble-t-il. En d'autres circonstances, Nïn aurait peut-être écouté. Le demi-elfe est un vrai puits à informations ! Toutefois, là, elle se demande plutôt comment elle va faire pour "faire de lui un homme", comme le lui a demandé le baron. Visiblement, ce qui n'a pas une croupe, une encolure, une crinière et des sabots ne l'intéresse pas vraiment... Nïn n'a pas d'animosité particulière envers les chevaux, elle les respecte au même titre que tous les autres êtres vivants. Mais l'admiration d'Eol à leur encontre lui semble démesurée. Et, surtout, cela risque de lui compliquer fortement la tâche.
Eol la regarde, et semble prendre conscience de son existence. Il arrête de parler. Nïn se dit que ce devrait être l'inverse. C'est quand quelqu'un est là, qu'on parle, pas quand on se croit seul... Il la regarde. Il n'a pas l'air à l'aise.. Nïn lui sourit, tout en baissant la tête pour lui montrer qu'elle est une bonne esclave. Elle se doute qu'on ne lui a jamais offert d'esclave de plaisir, il ne sait peut-être pas comment agir, elle veut lui faciliter la tâche.
- Est-ce que ça va, toi ? Qu’est-ce que tu fais ici ?
Les mots sont sortis de sa bouche, beaucoup moins enjoués que lorsqu'il parlait des chevaux. Nïn se rend compte a posteriori que, durant son exposition, il avait perdu son ton monotone, visiblement intéressé par ce qu'il disait. Elle, en revanche, elle ne semble pas l'intéresser outre mesure...
- Tout va bien, monsieur, je vous remercie.
Pour la seconde question, elle hésite, cherche ses mots, avant de répondre :
- Monsieur le baron m'a achetée pour vous, monsieur, je suis à votre disposition.
Nïn se tait, hésite encore. Elle a l'impression que si elle s'arrête là, comme elle le devrait, le demi-elfe va se détourner, se remettre à se parler des chevaux, ou simplement aller voir le baron, pour monter son cheval. Elle a bien compris qu'elle ne l'intéressait pas. Il faut qu'elle fasse quelque-chose. Dans l'urgence, de peur de le voir se détourner, elle lance la première chose qui lui vient à l'esprit :
- C'est... c'est un très beau cheval que l'on vous a offert, monsieur. Vous en savez long sur les chevaux. Je n'ai jamais vu quelqu'un avec un tel savoir.
Nïn baisse la tête. Elle s'est empourprée. Elle a la sensation d'avoir fait n'importe quoi. Mais en même temps, qu'espérait ce baron en l'offrant à cet Eol ? Le cadeau qui a le plus frappé le demi-elfe, ce n'est pas elle, mais le cheval de robe isabelle. Elle se rassure en se disant que le contact peut prendre du temps à s'établir. Elle pourra, par exemple, proposer à Eol de danser ou chanter pour lui. Peut-être que ça lui plaira, et le mettra plus à l'aise. Et alors, elle avisera.
Ils passent près d'un temple, puis retourne à l'intérieur. La demeure est immense. Ils passent dans une salle à manger, parviennent à une bibliothèque. Beaucoup de livre. Peut-être ceux qu'Eol a lu se trouvent-ils là ? Mais Nïn serait incapable de le dire. Tout ce qui est écrit là-dedans lui est inaccessible. Ça en fait, des choses inaccessibles...
Elle fixe de nouveau son attention sur Eol, toujours occupé à parler de chevaux. Et d'orcs, aussi, semble-t-il. En d'autres circonstances, Nïn aurait peut-être écouté. Le demi-elfe est un vrai puits à informations ! Toutefois, là, elle se demande plutôt comment elle va faire pour "faire de lui un homme", comme le lui a demandé le baron. Visiblement, ce qui n'a pas une croupe, une encolure, une crinière et des sabots ne l'intéresse pas vraiment... Nïn n'a pas d'animosité particulière envers les chevaux, elle les respecte au même titre que tous les autres êtres vivants. Mais l'admiration d'Eol à leur encontre lui semble démesurée. Et, surtout, cela risque de lui compliquer fortement la tâche.
Eol la regarde, et semble prendre conscience de son existence. Il arrête de parler. Nïn se dit que ce devrait être l'inverse. C'est quand quelqu'un est là, qu'on parle, pas quand on se croit seul... Il la regarde. Il n'a pas l'air à l'aise.. Nïn lui sourit, tout en baissant la tête pour lui montrer qu'elle est une bonne esclave. Elle se doute qu'on ne lui a jamais offert d'esclave de plaisir, il ne sait peut-être pas comment agir, elle veut lui faciliter la tâche.
- Est-ce que ça va, toi ? Qu’est-ce que tu fais ici ?
Les mots sont sortis de sa bouche, beaucoup moins enjoués que lorsqu'il parlait des chevaux. Nïn se rend compte a posteriori que, durant son exposition, il avait perdu son ton monotone, visiblement intéressé par ce qu'il disait. Elle, en revanche, elle ne semble pas l'intéresser outre mesure...
- Tout va bien, monsieur, je vous remercie.
Pour la seconde question, elle hésite, cherche ses mots, avant de répondre :
- Monsieur le baron m'a achetée pour vous, monsieur, je suis à votre disposition.
Nïn se tait, hésite encore. Elle a l'impression que si elle s'arrête là, comme elle le devrait, le demi-elfe va se détourner, se remettre à se parler des chevaux, ou simplement aller voir le baron, pour monter son cheval. Elle a bien compris qu'elle ne l'intéressait pas. Il faut qu'elle fasse quelque-chose. Dans l'urgence, de peur de le voir se détourner, elle lance la première chose qui lui vient à l'esprit :
- C'est... c'est un très beau cheval que l'on vous a offert, monsieur. Vous en savez long sur les chevaux. Je n'ai jamais vu quelqu'un avec un tel savoir.
Nïn baisse la tête. Elle s'est empourprée. Elle a la sensation d'avoir fait n'importe quoi. Mais en même temps, qu'espérait ce baron en l'offrant à cet Eol ? Le cadeau qui a le plus frappé le demi-elfe, ce n'est pas elle, mais le cheval de robe isabelle. Elle se rassure en se disant que le contact peut prendre du temps à s'établir. Elle pourra, par exemple, proposer à Eol de danser ou chanter pour lui. Peut-être que ça lui plaira, et le mettra plus à l'aise. Et alors, elle avisera.
Nïn- Elite
- Race : demi-elfe
Re: Pendant ce temps, au domaine de Mortelune…
- Tout va bien, monsieur, je vous remercie.
Je regarde autour de moi. Théo n’est pas là. Il n’y a personne d’autre avec nous. Je ne pense pas qu’elle parle toute seule. C’est moi qu’elle appelle « monsieur ». Étrange idée.
- Monsieur le baron m'a achetée pour vous, monsieur, je suis à votre disposition.
- Oui.
C’est mon esclave. Mais à quoi sert-elle ? Je vais lui demander. Mais elle parle avant.
- C'est... c'est un très beau cheval que l'on vous a offert, monsieur. Vous en savez long sur les chevaux. Je n'ai jamais vu quelqu'un avec un tel savoir.
- Tu aimes les chevaux, alors on va aller voir Tarik.
Elle veut voir le cheval. C’est bien. Je me dirige vers les écuries. On va pouvoir monter Tarik. Elle aussi. Parce que Théo veut que je lui montre tout ce qu’elle veut.
Je n’ai rien répondu par rapport à ce qu’elle a dit. Je dois lui donner la réplique, c’est comme ça que ça marche. Mais elle n’a pas posé de question. Je dois quand même dire quelque chose. Sinon les gens pensent que je n’ai pas entendu. Qu’est-ce que je pourrais lui dire ? Elle a dit que :
1. C’était un très beau cheval. Je n’ai rien à ajouter. Les gens disent des mots inutiles. Par exemple « il fait beau » : tout le monde le voit. Alors à quoi ça sert de le dire ?
2. J’en sais long sur les chevaux : bien sûr, c’est évident, après tout ce que je lui ai dit. Elle aurait pu simplement poser une question au lieu d'affirmer l'évidence. Ça ne m'aide pas.
3. Elle n’a jamais vu quelqu’un avec un tel savoir. Je cherche, je cherche, je cherche. Et je trouve une idée :
- Je sais beaucoup de choses parce que j’ai lu toutes ces informations. Je retiens tout.
Voilà. Mais ça ne suffit pas. Je repense à Henry. Il dit « pose des questions aux gens, ils auront l’impression que tu t’intéresses à eux et ils engageront la conversation avec toi, c’est comme ça que ça marche ici bas ». Je ne vois pas l’intérêt. Mais je sais que je ne comprends pas grand-chose. Alors je dois juste appliquer ce qu’on m’apprend.
- Tu aimes les livres ?
Je regarde autour de moi. Théo n’est pas là. Il n’y a personne d’autre avec nous. Je ne pense pas qu’elle parle toute seule. C’est moi qu’elle appelle « monsieur ». Étrange idée.
- Monsieur le baron m'a achetée pour vous, monsieur, je suis à votre disposition.
- Oui.
C’est mon esclave. Mais à quoi sert-elle ? Je vais lui demander. Mais elle parle avant.
- C'est... c'est un très beau cheval que l'on vous a offert, monsieur. Vous en savez long sur les chevaux. Je n'ai jamais vu quelqu'un avec un tel savoir.
- Tu aimes les chevaux, alors on va aller voir Tarik.
Elle veut voir le cheval. C’est bien. Je me dirige vers les écuries. On va pouvoir monter Tarik. Elle aussi. Parce que Théo veut que je lui montre tout ce qu’elle veut.
Je n’ai rien répondu par rapport à ce qu’elle a dit. Je dois lui donner la réplique, c’est comme ça que ça marche. Mais elle n’a pas posé de question. Je dois quand même dire quelque chose. Sinon les gens pensent que je n’ai pas entendu. Qu’est-ce que je pourrais lui dire ? Elle a dit que :
1. C’était un très beau cheval. Je n’ai rien à ajouter. Les gens disent des mots inutiles. Par exemple « il fait beau » : tout le monde le voit. Alors à quoi ça sert de le dire ?
2. J’en sais long sur les chevaux : bien sûr, c’est évident, après tout ce que je lui ai dit. Elle aurait pu simplement poser une question au lieu d'affirmer l'évidence. Ça ne m'aide pas.
3. Elle n’a jamais vu quelqu’un avec un tel savoir. Je cherche, je cherche, je cherche. Et je trouve une idée :
- Je sais beaucoup de choses parce que j’ai lu toutes ces informations. Je retiens tout.
Voilà. Mais ça ne suffit pas. Je repense à Henry. Il dit « pose des questions aux gens, ils auront l’impression que tu t’intéresses à eux et ils engageront la conversation avec toi, c’est comme ça que ça marche ici bas ». Je ne vois pas l’intérêt. Mais je sais que je ne comprends pas grand-chose. Alors je dois juste appliquer ce qu’on m’apprend.
- Tu aimes les livres ?
Eol- Champion
- Race : Demi-sang
Re: Pendant ce temps, au domaine de Mortelune…
- Tu aimes les chevaux, alors on va aller voir Tarik.
Nïn s'admoneste mentalement. Elle n'aurait jamais dû le relancer sur les chevaux. Quoique, d'une certaine façon, cela la fait davantage rentrer dans les intérêts du demi-drow. Il va lui montrer son cheval. Peut-être sera-t-il ensuite plus à l'aise avec elle. Nïn lui emboîte donc le pas. Tandis qu'ils marchent, Eol se retourne vers elle, et lui confie :
- Je sais beaucoup de choses parce que j’ai lu toutes ces informations. Je retiens tout.
Nïn a un instant de flottement, puis comprend qu'il dit cela parce-qu'elle l'a complimenté sur son savoir. La réponse d'Eol est un peu décalée, mais au moins, il a entendu ce qu'elle a dit. Ainsi, c'est par les livres qu'il a appris tout ce qu'il sait... Le demi-drow doit lire beaucoup. Nïn ressent une pointe d'envie. Elle ne peut pas lire. Et toutes ces choses que sait Eol lui sont par conséquent interdites. Toutefois, cette pensée s'efface très vite. Elle s'en es toujours sortie sans lire. Et puis, si elle ne connaît pas les lettres, elle connaît la nature, pour avoir vécue dans une forêt avec sa mère elfe étant enfant. Les plantes et les animaux lui sont familiers, elle connaît leurs comportements, les gestes à éviter avec eux... Des choses que ces humains connaissent rarement. Et elle entre dans les éléments. Qu'est-ce que l'ignorance des lettres pèse à côté de la jouissance que lui procure le fait d'envoyer sa volonté dans une flamme ?
Eol ajoute, la tirant de ses pensées :
- Tu aimes les livres ?
Nïn sourit. Il ignore donc que sa connaissance des lettres est un privilège qui n'est accordé qu'à peu d'esclaves ?
- Je n'ai pas été formée à la lecture, monsieur, cela n'intéressait pas mes maîtres. En revanche, on m'a formée à la danse et au chant. Si vous le voulez, je peux chanter ou danser pour vous, monsieur.
Elle espère que cela intéressera Eol. Il n'a pas parlé de danse ou de chant, elle ignore s'il aime ça. Elle l'espère. La voir danser réveille parfois le désir des hommes. Le demi-elfe n'y sera peut-être pas insensible. Elle tait en revanche qu'elle sait se battre. Elle a hésité. Eol est un guerrier, cela les aurait peut-être rapprochés... Mais elle a trop peur qu'il le répète à son frère et maître. Elle se tait donc. Elle ajoute plutôt:
- J'ai aussi été formée au plaisir des hommes, monsieur.
Elle le précise, même si elle ne sait pas si Eol va comprendre. Elle tait qu'elle a en fait été formée au plaisir d'un homme. Son maître. Qui la gardait pour lui seul, la protégeant de ce fait des autres hommes. Elle fait taire le sentiment de la trahison, à l'idée qui l'a vendue, qui remonte en elle et est bien malvenu.
Puis une idée germe dans son esprit. Elle se retourne vers Eol, et ajoute :
- Toutefois, j'aime qu'on me lise des livres. Ma mère m'en lisait, quand j'étais jeune. Des livres qui parlaient d'elfes, d'autres qui parlaient de centaures, d'autres encore de nains... Mais mes préférés étaient ceux qui mettait en scène des chevaliers et des dragons.
Elle garde le regard fixé sur Eol, guettant sa réaction. L'évocation de dragons va-t-elle le faire tiquer ? D'une part, sa question vise à voir s'il sait, pour le dragon. D'autre part, elle espère ainsi qu'il lui propose de lui lire des livres parlant de dragons (et donc potentiellement un livre parlant de Schizae, auquel cas elle pourrait lui dérober le livre en question afin qu'il ne tombe pas entre les mains du baron et qu'elle puisse le donner à Schizae), ou qu'il lui révèle ce qu'il sait sur sa jeune maîtresse.
Nïn s'admoneste mentalement. Elle n'aurait jamais dû le relancer sur les chevaux. Quoique, d'une certaine façon, cela la fait davantage rentrer dans les intérêts du demi-drow. Il va lui montrer son cheval. Peut-être sera-t-il ensuite plus à l'aise avec elle. Nïn lui emboîte donc le pas. Tandis qu'ils marchent, Eol se retourne vers elle, et lui confie :
- Je sais beaucoup de choses parce que j’ai lu toutes ces informations. Je retiens tout.
Nïn a un instant de flottement, puis comprend qu'il dit cela parce-qu'elle l'a complimenté sur son savoir. La réponse d'Eol est un peu décalée, mais au moins, il a entendu ce qu'elle a dit. Ainsi, c'est par les livres qu'il a appris tout ce qu'il sait... Le demi-drow doit lire beaucoup. Nïn ressent une pointe d'envie. Elle ne peut pas lire. Et toutes ces choses que sait Eol lui sont par conséquent interdites. Toutefois, cette pensée s'efface très vite. Elle s'en es toujours sortie sans lire. Et puis, si elle ne connaît pas les lettres, elle connaît la nature, pour avoir vécue dans une forêt avec sa mère elfe étant enfant. Les plantes et les animaux lui sont familiers, elle connaît leurs comportements, les gestes à éviter avec eux... Des choses que ces humains connaissent rarement. Et elle entre dans les éléments. Qu'est-ce que l'ignorance des lettres pèse à côté de la jouissance que lui procure le fait d'envoyer sa volonté dans une flamme ?
Eol ajoute, la tirant de ses pensées :
- Tu aimes les livres ?
Nïn sourit. Il ignore donc que sa connaissance des lettres est un privilège qui n'est accordé qu'à peu d'esclaves ?
- Je n'ai pas été formée à la lecture, monsieur, cela n'intéressait pas mes maîtres. En revanche, on m'a formée à la danse et au chant. Si vous le voulez, je peux chanter ou danser pour vous, monsieur.
Elle espère que cela intéressera Eol. Il n'a pas parlé de danse ou de chant, elle ignore s'il aime ça. Elle l'espère. La voir danser réveille parfois le désir des hommes. Le demi-elfe n'y sera peut-être pas insensible. Elle tait en revanche qu'elle sait se battre. Elle a hésité. Eol est un guerrier, cela les aurait peut-être rapprochés... Mais elle a trop peur qu'il le répète à son frère et maître. Elle se tait donc. Elle ajoute plutôt:
- J'ai aussi été formée au plaisir des hommes, monsieur.
Elle le précise, même si elle ne sait pas si Eol va comprendre. Elle tait qu'elle a en fait été formée au plaisir d'un homme. Son maître. Qui la gardait pour lui seul, la protégeant de ce fait des autres hommes. Elle fait taire le sentiment de la trahison, à l'idée qui l'a vendue, qui remonte en elle et est bien malvenu.
Puis une idée germe dans son esprit. Elle se retourne vers Eol, et ajoute :
- Toutefois, j'aime qu'on me lise des livres. Ma mère m'en lisait, quand j'étais jeune. Des livres qui parlaient d'elfes, d'autres qui parlaient de centaures, d'autres encore de nains... Mais mes préférés étaient ceux qui mettait en scène des chevaliers et des dragons.
Elle garde le regard fixé sur Eol, guettant sa réaction. L'évocation de dragons va-t-elle le faire tiquer ? D'une part, sa question vise à voir s'il sait, pour le dragon. D'autre part, elle espère ainsi qu'il lui propose de lui lire des livres parlant de dragons (et donc potentiellement un livre parlant de Schizae, auquel cas elle pourrait lui dérober le livre en question afin qu'il ne tombe pas entre les mains du baron et qu'elle puisse le donner à Schizae), ou qu'il lui révèle ce qu'il sait sur sa jeune maîtresse.
Nïn- Elite
- Race : demi-elfe
Re: Pendant ce temps, au domaine de Mortelune…
Théobald, baron de Mortelune
- Je peux chanter ou danser pour vous, monsieur.
Je sursautais. C’était Sa voix. Par réflexe, j’ouvrais la porte sur ma droite et me glissais dans la pièce. C’était une chambre commune à plusieurs serviteurs. Mais comment se faisait-il que, moi, le baron de ce lieu, j'en vienne à me cacher quand ma propre esclave traversait le couloir ? Ça aurait dû être l’inverse… Cependant, coincé entre quatre couchettes, je n’osais plus faire un geste. Si on me surprenait là, de quoi aurais-je l’air ?
- J'ai aussi été formée au plaisir des hommes, monsieur.
Bang !
Je venais de me cogner contre un minuscule meuble de chambre. Mais qu’est-ce qui lui prenait de dire ça ? Forcément, ça m’avait fait tomber à la renverse. Heureusement, personne ne semblait avoir entendu le bruit que j’avais fait. Les pas se rapprochaient. Elle accompagnait forcément Eol. Mais ce dernier ne devait pas être inspiré par ce qu’elle lui disait puisqu’il ne répondait rien. En même temps, le chant, la danse et les plaisirs de la chair étaient des sujets qui lui passaient trèèèèèès loin au dessus de la tête. La pauvrette, elle ne pouvait pas s'en douter.
Fichtre, pourquoi était-ce lui qui marchait à ses côtés ? Je m’imaginais un instant à sa place. Si ça avait été moi, jamais je n’aurais répondu ce qu’il était en train de lui dire suite à l'évocation qu'elle avait fait des livres qui lui plaisaient.
- Les livres de centaures sont les meilleurs. Les chevaliers sont des idiots. Ils veulent posséder une femme. Et pour ça ils tuent tout ce qui bouge. Surtout le dragon qui la protège. Ils veulent juste en faire leur esclave, l’insulter et la frapper. Ça n'a aucun intérêt.
Par Kaluni, Eol, arrête-toi là ! Dieux, je vous en prie, qu’elle ne fasse pas le rapprochement avec moi… me disais-je en priant pour qu’elle ne se doute pas que j’étais le seul exemple masculin qu’Eol avait en matière de couple. Heureusement, il changea de conversation.
- Je lisais les livres que j’aimais à Egfroi. Il ne savait pas lire. C’était mon ami. Mon cheval s’est appelé comme lui, après. Mais toi, je ne te lirais pas de livres sur les chevaliers tueurs de dragon. Parce que je n’aime pas ça. Je vais t’apprendre à lire. Et tu les liras toute seule. J’aime les livres sur les centaures. Sur les elfes aussi, ça va. Mais je ne t’en lirais pas non plus. Ce n’est pas la peine. Parce que je les connais par cœur. Je vais te raconter tout ça.
Je l’enviais de pouvoir lui parler si librement. Il était égal à lui-même et ne laissait pas place à la parole de Nïn. C’était frustrant, j’avais envie d’entendre encore les douces notes de sa voix innocente. Mais Eol prenait toute la place. Quand ils furent hors de portée, il était déjà en train de lui raconter tout ce qu’il savait sur les centaures. On aurait dit qu’il récitait un livre.
Quand ils furent assez loin, je me décidais à sortir de ma cachette. J’ouvris la porte pour tomber nez-à-nez avec un serviteur. Je lui criais d’aller travailler, que ce n’était pas l’heure qu’il se rende à sa chambre. J’étais mortifié qu’il m’y ai vu, même si, fort heureusement, il ne pouvait se douter de la raison qui m’y avait conduite.
Je m’avançais vers les écuries, hypnotisé par l’ensorceleuse. Je m’arrêtais sur une terrasse. De loin, je vis Eol sortir le cheval que je lui avais offert ce jour. Je m’appuyais contre la balustrade, la tête posée sur mes mains, rêveur.
Elle semblait toute petite à côté d’Eol. Je me demandais de quoi ils pouvaient bien parler, et ce qu’elle pensait d’Eol. Et de moi aussi… J’aurais donné cher pour pouvoir lire dans ses pensées à cet instant. Sa robe volait dans le vent frais. Le tissu caressait son corps frêle et gracieux. Son métissage la magnifiait. Elle avait reçu la grâce des elfes, leur finesse et leur beauté féerique. Des humains, elle avait gardé les formes pleines et rebondies qu’ont les jeunes humaines plantureuses. Rien à voir avec la planche-à-pain de Drow que j’avais gardé pour moi. Je n’étais même pas allé la voir. Elle me paraissait tellement insipide à côté de celle que j'avais sous les yeux… J’étais ébloui par ses cheveux d’argent. Ils flottaient le long de son corps, passant et repassant sur la courbe de ses seins. Qu’est-ce que je n’aurais pas donné pour devenir une de ces mèches de cheveux…
Je voulais la toucher, la mordre, voir son doux visage ravagé par des émotions qu’elle même ne comprenait pas. Je voulais la serrer, lui faire perdre son souffle, la faire crier… Alors quand je vis Eol la prendre par les hanches et la soulever de terre, j’eu mal. Très mal. Elle ne devait rien peser car le demi-drow la posa sur le cheval comme il l'aurait fait avec une plume. Eol ne lui avait même pas mis de selle. Il avait ce goût étrange pour la monte à crue.
Je finis par détourner les yeux quand Eol monta à son tour sur l’animal, tout contre Nïn, et qu’il fit partir le cheval hors des murs du domaine. Je ne pouvais contempler ce spectacle douloureux plus longtemps.
Eol- Champion
- Race : Demi-sang
Re: Pendant ce temps, au domaine de Mortelune…
- Les livres de centaures sont les meilleurs. Les chevaliers sont des idiots. Ils veulent posséder une femme. Et pour ça ils tuent tout ce qui bouge. Surtout le dragon qui la protège. Ils veulent juste en faire leur esclave, l’insulter et la frapper. Ça n'a aucun intérêt.
Ainsi, pas de réaction à l'évocation des dragons. Nïn se dit qu'il ne doit donc pas savoir. Tant mieux. Mieux vaut que les de Mortelune ignorent le plus de choses à propos des de Triant. Elle ne comprend pas trop pourquoi Eol dit que les chevaliers veulent faire des femmes leurs esclaves... Ils n'ont pas du lire les mêmes livres. Ou alors, elle s'en souvient mal. Cela remonte à tellement longtemps... Et sa mère ne lui a pas lu tant de livres de ce type.
- Je lisais les livres que j’aimais à Egfroi. Il ne savait pas lire. C’était mon ami. Mon cheval s’est appelé comme lui, après. Mais toi, je ne te lirais pas de livres sur les chevaliers tueurs de dragon. Parce que je n’aime pas ça. Je vais t’apprendre à lire. Et tu les liras toute seule. J’aime les livres sur les centaures. Sur les elfes aussi, ça va. Mais je ne t’en lirais pas non plus. Ce n’est pas la peine. Parce que je les connais par cœur. Je vais te raconter tout ça.
Nïn s'emmêle les pinceaux avec les deux Egfroi, mais ne dit rien, tentant de se concentrer sur les mots du demi-drow. Il lui parle de centaures. Il aime les centaures, visiblement. Peut-être autant que les chevaux. Nïn écoute, attentive... les cinq premières minutes. Puis, alors qu'ils arrivent dans les écuries et qu'Eol flatte son cheval tout en continuant son discours, l'agacement commence à l'envahir. La tâche que lui a donné le baron est complètement idiote. Tout ce qui intéresse le demi-drow, ce sont les chevaux et les centaures, et Nïn n'est rien de cela !
Puis, alors qu'Eol la soulève pour la poser sur le cheval, la peur commence à remplacer son agacement. Elle craint la punition que lui réserve le baron si elle échoue. Eol monte sur le cheval, derrière elle, et fait avancer celui-ci. Nïn s'en aperçoit à peine, le corps tendu, s'imaginant échouer, elle voit le baron se munir d'un fouet, et l'abattre sur son dos. Elle frissonne, tandis que le cheval prend de la vitesse, et qu'elle doit se caler contre Eol pour n'être pas déséquilibrée. Son ancien maître l'a punie maintes et maintes fois, au début, pour la dresser. Il a fait entrer en elle sa condition d'esclave, par le biais des lacérations que le fouet traçait dans sa chaire. Il lui a appris sa condition, et le respect qu'elle lui devait. Elle l'a craint, et, avec le temps, cette crainte s'est transformée en sorte d'admiration. Elle se doute bien que le baron ne se montrera pas plus tendre que lui, et n'hésitera pas à la punir si elle manque à ses devoirs. Il lui faut séduire Eol.
Elle se recentre sur la chevauchée. Le cheval les emporte sans effort. Elle admire sa puissance. Elle a une pensée pour sa condition à lui, qui est aussi celle d'un esclave. Visiblement, il l'a bien intégrée. Tant mieux. Il n'en est que plus heureux. Il n'y a rien de pire que de rejeter une condition qui est la sienne. Mieux vaut s'en accommoder. C'est la seule façon de bien la vivre.
Profitant de la promenade, Nïn se blottit contre Eol. Elle sent son corps musclé derrière elle. Peut-être que le fait de partager ce moment avec elle l'inclinera davantage à l'entraîner dans son lit.
Ainsi, pas de réaction à l'évocation des dragons. Nïn se dit qu'il ne doit donc pas savoir. Tant mieux. Mieux vaut que les de Mortelune ignorent le plus de choses à propos des de Triant. Elle ne comprend pas trop pourquoi Eol dit que les chevaliers veulent faire des femmes leurs esclaves... Ils n'ont pas du lire les mêmes livres. Ou alors, elle s'en souvient mal. Cela remonte à tellement longtemps... Et sa mère ne lui a pas lu tant de livres de ce type.
- Je lisais les livres que j’aimais à Egfroi. Il ne savait pas lire. C’était mon ami. Mon cheval s’est appelé comme lui, après. Mais toi, je ne te lirais pas de livres sur les chevaliers tueurs de dragon. Parce que je n’aime pas ça. Je vais t’apprendre à lire. Et tu les liras toute seule. J’aime les livres sur les centaures. Sur les elfes aussi, ça va. Mais je ne t’en lirais pas non plus. Ce n’est pas la peine. Parce que je les connais par cœur. Je vais te raconter tout ça.
Nïn s'emmêle les pinceaux avec les deux Egfroi, mais ne dit rien, tentant de se concentrer sur les mots du demi-drow. Il lui parle de centaures. Il aime les centaures, visiblement. Peut-être autant que les chevaux. Nïn écoute, attentive... les cinq premières minutes. Puis, alors qu'ils arrivent dans les écuries et qu'Eol flatte son cheval tout en continuant son discours, l'agacement commence à l'envahir. La tâche que lui a donné le baron est complètement idiote. Tout ce qui intéresse le demi-drow, ce sont les chevaux et les centaures, et Nïn n'est rien de cela !
Puis, alors qu'Eol la soulève pour la poser sur le cheval, la peur commence à remplacer son agacement. Elle craint la punition que lui réserve le baron si elle échoue. Eol monte sur le cheval, derrière elle, et fait avancer celui-ci. Nïn s'en aperçoit à peine, le corps tendu, s'imaginant échouer, elle voit le baron se munir d'un fouet, et l'abattre sur son dos. Elle frissonne, tandis que le cheval prend de la vitesse, et qu'elle doit se caler contre Eol pour n'être pas déséquilibrée. Son ancien maître l'a punie maintes et maintes fois, au début, pour la dresser. Il a fait entrer en elle sa condition d'esclave, par le biais des lacérations que le fouet traçait dans sa chaire. Il lui a appris sa condition, et le respect qu'elle lui devait. Elle l'a craint, et, avec le temps, cette crainte s'est transformée en sorte d'admiration. Elle se doute bien que le baron ne se montrera pas plus tendre que lui, et n'hésitera pas à la punir si elle manque à ses devoirs. Il lui faut séduire Eol.
Elle se recentre sur la chevauchée. Le cheval les emporte sans effort. Elle admire sa puissance. Elle a une pensée pour sa condition à lui, qui est aussi celle d'un esclave. Visiblement, il l'a bien intégrée. Tant mieux. Il n'en est que plus heureux. Il n'y a rien de pire que de rejeter une condition qui est la sienne. Mieux vaut s'en accommoder. C'est la seule façon de bien la vivre.
Profitant de la promenade, Nïn se blottit contre Eol. Elle sent son corps musclé derrière elle. Peut-être que le fait de partager ce moment avec elle l'inclinera davantage à l'entraîner dans son lit.
Nïn- Elite
- Race : demi-elfe
Re: Pendant ce temps, au domaine de Mortelune…
Je veux monter Tarik. Mais je dois obéir à Théo. Alors Nïn doit venir avec moi. Mais elle ne sert pas le cheval avec ses cuisses. Je vois directement qu’elle ne sait pas bien monter. Je n’ai pas le choix. Je dois lui montrer tout ce qu’elle veut. Je dois rester avec elle. Alors je suis obligé de monter avec elle.
Elle est devant. Je sens les muscles du cheval contre mes jambes. Et je sens aussi Nïn. Je n’aime pas qu’on me touche. Mais là, c’est pour qu’elle tienne sur Tarik. Alors j’ai mes bras qui font le tour de son corps. Comme ça elle ne peut pas tomber. Tarik obéit bien. On ne se connait pas. Mais il est très bien dressé. Je sers les jambes et il accélère. Il ne cherche pas à nous désarçonner.
Nïn s’appuie contre moi. Je la tiens bien. Mais elle a quand même besoin d’un dossier. Je vais lui apprendre à monter seule. Comme ça je pourrais passer mon temps avec Tarik, et elle avec un autre cheval.
Maintenant, j’ai le nez dans ses cheveux. Ils sont doux. Beaucoup plus doux qu’une crinière. Ils sentent bon. J’aime bien ça. Je regarde la lumière et l’ombre dans ses cheveux. Quand on avance, les arbres cachent le soleil par moment. Lumière, ombre, lumière, ombre… je ne m’en lasse pas.
Je remarque alors ses oreilles. Elles sont un peu pointues. Je comprends immédiatement. Ce n’est pas une humaine.
- Toi aussi tu es une elfe. Pas pur-sang. C’est ta maman qui était une elfe ?
J’écoute tout en descendant de Tarik. Je me mets au niveau de ses jambes. J’attrape ses hanches et la tire en avant. J’appuie sa cuisse contre le flanc du cheval. Je lui dis de serrer. Je glisse son pied en avant. Je le place juste avant la patte avant de Tarik. Un peu en dessous. Je lui dis de soulever le pied. Comme ça, elle devrait tenir. Je prends ses mains. Elles sont toutes petites et toutes blanches. Je les mets dans la crinière de Tarik. C’est la bonne position. Je fais avancer Tarik. Je les regarde de là où je suis. Nïn fait n’importe quoi. Je lui dis de se tenir plus droite. De gainer le ventre. De relever la tête. De regarder bien en avant. J’effectue quelques modifications dans son positionnement jusqu’à ce qu’elle se tienne bien.
Elle est devant. Je sens les muscles du cheval contre mes jambes. Et je sens aussi Nïn. Je n’aime pas qu’on me touche. Mais là, c’est pour qu’elle tienne sur Tarik. Alors j’ai mes bras qui font le tour de son corps. Comme ça elle ne peut pas tomber. Tarik obéit bien. On ne se connait pas. Mais il est très bien dressé. Je sers les jambes et il accélère. Il ne cherche pas à nous désarçonner.
Nïn s’appuie contre moi. Je la tiens bien. Mais elle a quand même besoin d’un dossier. Je vais lui apprendre à monter seule. Comme ça je pourrais passer mon temps avec Tarik, et elle avec un autre cheval.
Maintenant, j’ai le nez dans ses cheveux. Ils sont doux. Beaucoup plus doux qu’une crinière. Ils sentent bon. J’aime bien ça. Je regarde la lumière et l’ombre dans ses cheveux. Quand on avance, les arbres cachent le soleil par moment. Lumière, ombre, lumière, ombre… je ne m’en lasse pas.
Je remarque alors ses oreilles. Elles sont un peu pointues. Je comprends immédiatement. Ce n’est pas une humaine.
- Toi aussi tu es une elfe. Pas pur-sang. C’est ta maman qui était une elfe ?
J’écoute tout en descendant de Tarik. Je me mets au niveau de ses jambes. J’attrape ses hanches et la tire en avant. J’appuie sa cuisse contre le flanc du cheval. Je lui dis de serrer. Je glisse son pied en avant. Je le place juste avant la patte avant de Tarik. Un peu en dessous. Je lui dis de soulever le pied. Comme ça, elle devrait tenir. Je prends ses mains. Elles sont toutes petites et toutes blanches. Je les mets dans la crinière de Tarik. C’est la bonne position. Je fais avancer Tarik. Je les regarde de là où je suis. Nïn fait n’importe quoi. Je lui dis de se tenir plus droite. De gainer le ventre. De relever la tête. De regarder bien en avant. J’effectue quelques modifications dans son positionnement jusqu’à ce qu’elle se tienne bien.
Eol- Champion
- Race : Demi-sang
Re: Pendant ce temps, au domaine de Mortelune…
Eol fait ralentir son cheval, et prend soudainement la parole pour parler à Nïn :
- Toi aussi tu es une elfe. Pas pur-sang. C’est ta maman qui était une elfe ?
Nïn acquiesce :
- Oui, monsieur. J'ai vécu avec elle jusqu'à ce que des hommes ne me capturent... et ne la tuent, probablement.
Nïn se concentre sur ses mains, qu'elle se met à fixer, par réflexe, afin de fuir ces pensées dont elle ne veut pas. Eol, qui est descendu du cheval, repositionne l'esclave, qui essaie de se tenir comme il le faut. Ce n'est pas facile. La position ne lui semble pas naturelle. Et elle n'est de toute façon pas à l'aise avec l'idée de monter sur le dos d'un cheval. Elle ne sait pas ce que le cheval pense. Il n'a peut-être pas du tout envie qu'elle soit là. Elle comprendrait, s'il la faisait tomber exprès. Mais Eol a l'air décidé à lui faire monter son cheval. Les mains plongées dans la crinière de celui-ci, elle essaie de ne pas être déstabilisée par son pas. La panthère en elle lui hurle que tout cela n'est pas naturel, et elle a juste envie de bondir à bas de la monture.
Eol n'est visiblement pas satisfait. Il lui dit de se tenir plus droite, de relever la tête, etc... Tout le contraire de ce que son corps lui hurle de faire, c'est à dire se recroqueviller, prête à bondir de là. Il la repositionne, et elle lutte contre elle-même pour garder la bonne position. Les cheveux de sa nuque sont hérissés.
De nouveau, Eol la regarde pendant que le cheval avance, et de nouveau, il la corrige. Nïn le trouve têtu. Ne voit-il donc pas qu'elle n'y arrivera jamais ? Mais elle est bien obligée d'obéir. Elle tâche de se tenir au mieux, de lutter contre son instinct, de discipliner son corps pour le forcer à faire ce qui semble aller contre son inclinaison naturelle.
Elle admire aussi la patience du cheval. Sans doute ne se pose-t-il pas de question. Il a assimilé que son rôle était d'obéir. Nïn essaie d'être aussi patiente et docile que lui. Elle fait tout ce qu'Eol dit. Elle se redresse, elle regarde devant, elle gaine son ventre, elle tient bien ses jambes... tout en espérant que la leçon se terminera vite, une certitude ancrée dans son corps et son esprit : les onces ne montent pas à cheval.
- Toi aussi tu es une elfe. Pas pur-sang. C’est ta maman qui était une elfe ?
Nïn acquiesce :
- Oui, monsieur. J'ai vécu avec elle jusqu'à ce que des hommes ne me capturent... et ne la tuent, probablement.
Nïn se concentre sur ses mains, qu'elle se met à fixer, par réflexe, afin de fuir ces pensées dont elle ne veut pas. Eol, qui est descendu du cheval, repositionne l'esclave, qui essaie de se tenir comme il le faut. Ce n'est pas facile. La position ne lui semble pas naturelle. Et elle n'est de toute façon pas à l'aise avec l'idée de monter sur le dos d'un cheval. Elle ne sait pas ce que le cheval pense. Il n'a peut-être pas du tout envie qu'elle soit là. Elle comprendrait, s'il la faisait tomber exprès. Mais Eol a l'air décidé à lui faire monter son cheval. Les mains plongées dans la crinière de celui-ci, elle essaie de ne pas être déstabilisée par son pas. La panthère en elle lui hurle que tout cela n'est pas naturel, et elle a juste envie de bondir à bas de la monture.
Eol n'est visiblement pas satisfait. Il lui dit de se tenir plus droite, de relever la tête, etc... Tout le contraire de ce que son corps lui hurle de faire, c'est à dire se recroqueviller, prête à bondir de là. Il la repositionne, et elle lutte contre elle-même pour garder la bonne position. Les cheveux de sa nuque sont hérissés.
De nouveau, Eol la regarde pendant que le cheval avance, et de nouveau, il la corrige. Nïn le trouve têtu. Ne voit-il donc pas qu'elle n'y arrivera jamais ? Mais elle est bien obligée d'obéir. Elle tâche de se tenir au mieux, de lutter contre son instinct, de discipliner son corps pour le forcer à faire ce qui semble aller contre son inclinaison naturelle.
Elle admire aussi la patience du cheval. Sans doute ne se pose-t-il pas de question. Il a assimilé que son rôle était d'obéir. Nïn essaie d'être aussi patiente et docile que lui. Elle fait tout ce qu'Eol dit. Elle se redresse, elle regarde devant, elle gaine son ventre, elle tient bien ses jambes... tout en espérant que la leçon se terminera vite, une certitude ancrée dans son corps et son esprit : les onces ne montent pas à cheval.
Nïn- Elite
- Race : demi-elfe
Re: Pendant ce temps, au domaine de Mortelune…
- Oui, monsieur. J'ai vécu avec elle jusqu'à ce que des hommes ne me capturent... et ne la tuent, probablement.
- C’est triste.
C’est triste quand les gens meurent.
Et je continue à faire avancer Tarik.
Je n’arrive pas bien à faire parler Nïn. Normalement les questions fonctionnent bien. Mais elle, elle ne parle pas beaucoup. Elle me complique tout. Je n'arrive pas à appliquer sur elle ce qu'on m'a enseigné. En plus elle se tient n’importe comment. C’est énervant. Tarik le sens aussi. Mais il est gentil. Il a été bien dressé. Il ne bouge pas. Il l’aide. Si ça avait été un autre cheval, elle serait déjà tombée. Elle est toute raide. Toute crispée. Elle le tient mal. Tarik fait un pas de côté. Il baisse les oreilles. Ça doit lui faire mal, là. Ça m’énerve.
- Mais tu fais n’importe quoi !
Je lui ai tout dit. Je l’ai positionnée comme il fallait. C’est pourtant simple. Mais ça ne fonctionne pas. Pourquoi est-ce que Théo me l’a donnée ? Elle danse et chante. Ça ne sert à rien ! Elle ne sait pas monter à cheval. Elle ne sait pas lire. Elle ne comprend rien à ce que je lui dis. Je m'approche de Tarik. Je lui caresse la nuque. Il est calme. Même si elle s'accroche à lui n'importe comment.
- C’est quoi ton problème ? Tu le fais exprès ?
C’est une vraie question. Ce n’est pas pour « amener la discussion », comme dit Henry. Je ne comprends pas pourquoi elle n’y arrive pas. Je veux savoir quel est son problème. Si elle est juste idiote ou pas.
- C’est triste.
C’est triste quand les gens meurent.
Et je continue à faire avancer Tarik.
Je n’arrive pas bien à faire parler Nïn. Normalement les questions fonctionnent bien. Mais elle, elle ne parle pas beaucoup. Elle me complique tout. Je n'arrive pas à appliquer sur elle ce qu'on m'a enseigné. En plus elle se tient n’importe comment. C’est énervant. Tarik le sens aussi. Mais il est gentil. Il a été bien dressé. Il ne bouge pas. Il l’aide. Si ça avait été un autre cheval, elle serait déjà tombée. Elle est toute raide. Toute crispée. Elle le tient mal. Tarik fait un pas de côté. Il baisse les oreilles. Ça doit lui faire mal, là. Ça m’énerve.
- Mais tu fais n’importe quoi !
Je lui ai tout dit. Je l’ai positionnée comme il fallait. C’est pourtant simple. Mais ça ne fonctionne pas. Pourquoi est-ce que Théo me l’a donnée ? Elle danse et chante. Ça ne sert à rien ! Elle ne sait pas monter à cheval. Elle ne sait pas lire. Elle ne comprend rien à ce que je lui dis. Je m'approche de Tarik. Je lui caresse la nuque. Il est calme. Même si elle s'accroche à lui n'importe comment.
- C’est quoi ton problème ? Tu le fais exprès ?
C’est une vraie question. Ce n’est pas pour « amener la discussion », comme dit Henry. Je ne comprends pas pourquoi elle n’y arrive pas. Je veux savoir quel est son problème. Si elle est juste idiote ou pas.
Eol- Champion
- Race : Demi-sang
Re: Pendant ce temps, au domaine de Mortelune…
Le cheval, soudain, s'agite, il fait un pas sur le côté et couche ses oreilles en arrière. Nïn comprend que ce qu'elle fait ne lui plaît pas. Il doit en avoir marre, et elle le comprend. Elle aussi en a marre. Visiblement, Eol également, car il arrête le cheval, et apostrophe l'esclave vertement :
- Mais tu fais n’importe quoi !
Nïn sursaute. Balbutie :
- Pardon, Monsieur.
Elle se tait. Elle le sait bien, qu'elle fait n'importe quoi... Elle baisse la tête, ne sachant comment réagir. Elle n'y arrive pas. Que peut-elle faire ? C'est vraiment mal parti pour plaire à Eol et satisfaire le baron... Le demi-drow s'approche du cheval et le caresse. Nïn demeure silencieuse, ne sachant que dire. Visiblement, Eol est vraiment énervé, car il continue :
- C’est quoi ton problème ? Tu le fais exprès ?
Il énerve un peu Nïn, à lui crier dessus comme ça. Elle ne sait pas monter à cheval, c'est ainsi, mais elle sait faire d'autres choses ! Pourquoi s'entête-t-il là dessus ? Toutefois, elle lui a été donnée, et même si lui aussi est un demi-elfe, il est le demi-frère du baron, donc elle lui doit obéissance et respect. Elle répond donc :
- Non, Monsieur. J'ai simplement du mal à appliquer ce que vous me dîtes. Monter à cheval ne semble pas être mon fort. J'en suis désolée.
Elle ne sait pas quoi faire. Eol est en colère contre elle. Elle ne pense pas qu'il la punisse, mais il pourrait se plaindre au baron, qui, lui, la punirait à coup sûr. Elle en frissonne d'avance. Comment faire pour qu'Eol l'apprécie davantage, et qu'elle ne soit pas punie pour son incapacité à le satisfaire - et à le séduire ? Il n'a pas réagi quand elle lui a dit ce qu'elle savait faire. Que peut-elle mettre en avant ? Il aime les chevaux, et les centaures... et lire. Des choses qui ne sont pas son fort, à elle. Il sait se battre, et elle aussi... mais elle n'ose pas le lui avouer, de peur qu'il le répète au baron, et que celui-ci trouve cela suspect. Pour la magie, elle ignore si cela lui plairait, mais de même, elle craint trop d'en parler. C'est mal vu, une esclave qui fait de la sorcellerie. Elle ne sait pas non plus s'il aime les onces, et, de toute façon, ça passerait aussi pour de la sorcellerie. Nïn a soudain une idée. Elle connaît bien les animaux et les plantes. Elle dit à Eol :
- En revanche, si vous le voulez, je peux vous montrer des plantes qui pourront servir à étriller votre cheval, ou des plantes pour le soigner s'il est malade, ou pour chasser les parasites qui pourraient se mettre dans ses crins. Je peux prendre soin de lui, à défaut de pouvoir monter sur lui...
Elle ne sait pas si ça va lui plaire. Mais il lui faut bien tenter quelque-chose.
- Mais tu fais n’importe quoi !
Nïn sursaute. Balbutie :
- Pardon, Monsieur.
Elle se tait. Elle le sait bien, qu'elle fait n'importe quoi... Elle baisse la tête, ne sachant comment réagir. Elle n'y arrive pas. Que peut-elle faire ? C'est vraiment mal parti pour plaire à Eol et satisfaire le baron... Le demi-drow s'approche du cheval et le caresse. Nïn demeure silencieuse, ne sachant que dire. Visiblement, Eol est vraiment énervé, car il continue :
- C’est quoi ton problème ? Tu le fais exprès ?
Il énerve un peu Nïn, à lui crier dessus comme ça. Elle ne sait pas monter à cheval, c'est ainsi, mais elle sait faire d'autres choses ! Pourquoi s'entête-t-il là dessus ? Toutefois, elle lui a été donnée, et même si lui aussi est un demi-elfe, il est le demi-frère du baron, donc elle lui doit obéissance et respect. Elle répond donc :
- Non, Monsieur. J'ai simplement du mal à appliquer ce que vous me dîtes. Monter à cheval ne semble pas être mon fort. J'en suis désolée.
Elle ne sait pas quoi faire. Eol est en colère contre elle. Elle ne pense pas qu'il la punisse, mais il pourrait se plaindre au baron, qui, lui, la punirait à coup sûr. Elle en frissonne d'avance. Comment faire pour qu'Eol l'apprécie davantage, et qu'elle ne soit pas punie pour son incapacité à le satisfaire - et à le séduire ? Il n'a pas réagi quand elle lui a dit ce qu'elle savait faire. Que peut-elle mettre en avant ? Il aime les chevaux, et les centaures... et lire. Des choses qui ne sont pas son fort, à elle. Il sait se battre, et elle aussi... mais elle n'ose pas le lui avouer, de peur qu'il le répète au baron, et que celui-ci trouve cela suspect. Pour la magie, elle ignore si cela lui plairait, mais de même, elle craint trop d'en parler. C'est mal vu, une esclave qui fait de la sorcellerie. Elle ne sait pas non plus s'il aime les onces, et, de toute façon, ça passerait aussi pour de la sorcellerie. Nïn a soudain une idée. Elle connaît bien les animaux et les plantes. Elle dit à Eol :
- En revanche, si vous le voulez, je peux vous montrer des plantes qui pourront servir à étriller votre cheval, ou des plantes pour le soigner s'il est malade, ou pour chasser les parasites qui pourraient se mettre dans ses crins. Je peux prendre soin de lui, à défaut de pouvoir monter sur lui...
Elle ne sait pas si ça va lui plaire. Mais il lui faut bien tenter quelque-chose.
Nïn- Elite
- Race : demi-elfe
Re: Pendant ce temps, au domaine de Mortelune…
Théoblad, le baron de Mortelune
Je n’étais pas en train de la… heu… LES guetter. J’étais juste occupé à corriger l’elfe noire quand je les entendis arriver. J’avais alors laissé la drow dans son sang, membres brisés, les dents et un œil en moins. Elle m’aurait presque fait de la peine, à geindre comme ça sur le sol. Presque. Je ne l’achevais pas, mais il y avait fort à parier qu’elle serait morte à mon retour. Elle ne m’était de toute façon plus utile. Je n’en avais tiré aucun plaisir. Mes pensées étaient ailleurs.
Eol était derrière Nïn, sur son nouveau cheval. Ils avançaient au pas. Plus ils s’approchaient, plus je voyais la mine déconfite d’Eol. Je souris, impatient de savoir ce qui avait bien pu se passer. Quand ils descendirent de la monture, je fis signe à Eol de me rejoindre. Le grand benêt s’approcha d’un pas craintif. Je lui demandais discrètement comment la ballade s’était passée. Il me répondit d’abord tout un éloge sur son magnifique cadeau que représentait… son cheval, bien évidement. Je l’aiguillais sur la demie-elfe, et son regard s’assombrit.
- Je vais lui apprendre à lire, c’est au moins ça. Je ne sais pas si elle y arrivera. Tu sais qu’elle n’arrive même pas à monter à cheval !
Je passais sur l'utilisation du tutoiement car je venais de comprendre ce qui le dérangeait à ce point. Il avait du mal à comprendre que Nïn ne soit pas comme lui. En fait, il avait du mal à comprendre, d’une façon générale, que les gens lui soient différents. Je cherchais à le faire parler d’elle. Qu’avait-elle tenté ? Qu’avait-elle fait ? Je voulais tout savoir.
- Elle dit qu’elle sait danser, chanter, qu’elle connaît les plantes pour s’occuper de Tarik. Mais j’ai rien répondu quand elle a parlé de plantes. Je ne me suis pas énervé. C’est vrai, je t'assure. On est juste rentrés.
Les plantes ! Voilà bien le dernier souci d’Eol. Je ris intérieurement. Il faudrait encore beaucoup de temps à Nïn, pour réussir à comprendre mon demi-drow. Eol n’était intéressé que par le tir à l’arc, le maniement de l’épée, le combat en général et… tout ce qui s'apparentait aux chevaux. Il y avait aussi la lecture d’un certain type de livre (pas les romans à l’eau de rose, ma douce Nïn, me dis-je, mais plutôt les documentaires incompréhensibles…), les plans, les calculs et la construction.
Il se tut un instant avant de reprendre :
- Je sais pas à quoi elle sert. Je vois pas pourquoi tu me l’as donnée.
Je ne répondis rien. Eol, obéissant, allait retourner auprès de Nïn. Je l’arrêtais et lui dit de me laisser avec elle, précisant que je lui expliquerais ce qu'elle avait à faire et qu'il ne devait pas se prendre la tête avec elle. Mais mes mots n'eurent pas d'impacts, je voyais bien qu'il bouillonnait intérieurement. Il n'arrivait vraiment pas à comprendre qu'elle n'apprécie pas de monter son si précieux cheval.
Je m’approchais de l’esclave. Plus je marchais, plus j’avais chaud. Encore un de ses sortilèges. Mais ce n’était pas en me faisant transpirer et devenir rouge qu’elle m’empêcherait de mettre la main sur ce que je possédais. Je lui attrapais le bras et la tirais derrière moi jusque dans une salle sombre du domaine.
- Eol se demande pourquoi je lui un donné ça.
Je posais mon index sur son front, d’un geste dédaigneux. D’ailleurs, ça me brulait le doigt. Et pas que…
- Il dit qu'il ne sait pas « à quoi elle sert » !
Mon ton se faisait plus froid, plus calme, presque doucereux. Mon doigt descendit de son front vers son nez, si fin, puis se déplaça encore jusqu’à ses lèvres. Argh ! Ses lèvres ! Mon cœur fit un bond sur lui-même. Je cachais mon malaise et mon tremblement en attrapant son menton entre mes doigts. On aurait dit une poupée de porcelaine, si fragile et si pâle, tellement gracieuse qu’on la croirait irréelle. Mes doigts descendirent vers son cou. J’aurais presque pu l’étrangler d’une seule main tellement il était long et fin.
- Elle n’arrive pas à satisfaire mes demandes alors qu’elle m’appartient. Que devrais-je faire de cette esclave qui ne m’obéit pas ?
Le bout de mes doigts effleurait la naissance de sa gorge et attirait légèrement le tissu de sa robe vers sa poitrine. Je vis alors de longues cicatrices qui balafraient sa peau si douce. Je serrais les dents. D’autres lui avaient fait subir ça. Je caressais la cicatrice.
- Réponds !
Je m’apprêtais à suivre la cicatrice de tout son long, quitte à retirer ces tissus inutiles qui la dissimulaient. Qui lui avait fait ça, et comment ? J’allais recouvrir toutes ces cicatrices par de nouvelles scarifications. Nïn m’appartenait, et seules mes marques couvriraient son corps. J’avais une main posée sur elle, et l’autre cherchait un fouet qui me permettrait de faire disparaitre les stigmates sous les blessures que moi-seul avait désormais le droit de lui infliger.
Eol- Champion
- Race : Demi-sang
Re: Pendant ce temps, au domaine de Mortelune…
Eol ne répond rien. Sans mot dire, il monte sur le cheval, derrière Nïn. Celle-ci sent que c'est mauvais pour elle. Sa proposition ne lui a pas plu. Il dirige les cheval vers les écuries, pour l'y ramener, sans doute. Et après ? Va-t-il punir Nïn pour son incapacité ? Il semble réellement contrarié.
Arrivés non loin des écuries, Nïn sursaute. Le baron est là, non loin, il semble les attendre. Il fait signe à Eol de le rejoindre, et le demi-elfe s'approche donc de lui. Nïn suit, un peu en retrait. Elle ne sait où se mettre. Elle garde les yeux baissés. Elle a peur de ce que va dire Eol. De ce que va penser le baron. Il lui a donné une mission, et pour l'instant elle a été complètement incapable de la mener à bien. Eol ne l'apprécie pas. Et il ne semble pas non plus attiré physiquement par elle... ni même comprendre qu'on puisse l'être pour quelqu'un.
Eol, soudain, s'éloigne. Nïn se retrouve seule avec le baron, qui s'approche d'elle. L'esclave a l'impression qu'un piège se referme sur elle. Eol a dû tout lui dire. Il va la punir. Son cœur bat trop vite. Elle a peur. Soudain, le baron lui attrape le bras, et l'entraîne derrière lui, jusqu'à ce qu'ils atteignent une salle sombre, dont il ferme la porte derrière eux. LE pouls de Nïn s'est encore accéléré. Elle tente de juguler la panique qui monte en elle, et le flux magique qui, avec elle, l'envahit. Autour d'eux, un petit vent se lève, mais la demi-elfe se contient, afin qu'il ne forcisse pas. Elle garde le regard baissé. Et d'une certaine façon, cela l'arrange de n'avoir pas à croiser les yeux du baron.
- Eol se demande pourquoi je lui un donné ça.
Nïn sursaute quand le baron pose un doigt sur son front. Elle frissonne. Ce qu'elle pensait se confirme. Eol a tout raconté. Le baron doit être furieux.
- Il dit qu'il ne sait pas « à quoi elle sert » !
L'esclave tâche de maîtriser ses tremblements. Il va la punir. Et après ? Elle sait ce que c'est. Cela va faire mal, mais elle résistera. Elle l'a toujours fait. Alors qu'avant, elle n'avait pas Schizae. Cette pensée lui permet de s'apaiser. Le doigt du baron glisse sur son visage, ses lèvres, puis sa main saisit son menton. Nïn ne réagit pas. Elle attend la suite, qui ne tarde pas à venir.
- Elle n’arrive pas à satisfaire mes demandes alors qu’elle m’appartient. Que devrais-je faire de cette esclave qui ne m’obéit pas ?
Les doigts du baron descendent sur son cou, puis jusqu'au col de sa robe, qu'il tire vers le bas. Nïn ne bouge pas. Ne pas se débattre. Ne pas tâcher de résister. Cela n'a jamais attendri personne. Ça rend juste parfois les maîtres plus furieux encore. Attendre la punition, puis retourner vers cet Eol, et faire ce qu'elle peut. Ne plus donner de raison d'être punie. Elle a voulu prendre son temps. Elle a eu tort. Elle va payer son manque de jugement.
- Réponds !
Le baron a haussé la voix, Nïn sursaute. Elle tâche de répondre ce qu'elle peut, même si elle ne sait pas, si elle ne trouve pas les mots, si elle sait qu'il ne comprendra pas...
- Je suis désolée monsieur, il... seul son cheval l'intéresse, j'ai essayé de... pas assez sans doute... Je vais m'acquitter de ma tâche, monsieur, je vais trouver le moyen.
Alors qu'elle avait un peu relevé le regard lorsque le baron l'a fait sursauter, elle baisse de nouveau les yeux, dans une attitude contrite. Du coin de l'oeil, elle voit le baron s'emparer d'un fouet, et se retient de frissonner. Cela fait longtemps qu'on ne l'a pas fouettée. Elle n'a pas oublié. Elle sait qu'elle va souffrir. Qu'elle va combattre, et la douleur, et sa magie, qui ne demandera qu'à flamboyer en réaction à la douleur, jusqu'à aller mourir, quand celle-ci se fera trop forte, et que tout en elle renoncera, se recroquevillera. Elle espère qu'elle pourra la retenir jusque là. Sinon, elle se doute bien qu'elle en sera quitte pour une punition plus longue, plus dure. Voire pire... Elle tâche de ne pas y penser. Se concentre sur l'épreuve à venir. Tout son être est tendu dans la prévision de ce qui l'attend.
Arrivés non loin des écuries, Nïn sursaute. Le baron est là, non loin, il semble les attendre. Il fait signe à Eol de le rejoindre, et le demi-elfe s'approche donc de lui. Nïn suit, un peu en retrait. Elle ne sait où se mettre. Elle garde les yeux baissés. Elle a peur de ce que va dire Eol. De ce que va penser le baron. Il lui a donné une mission, et pour l'instant elle a été complètement incapable de la mener à bien. Eol ne l'apprécie pas. Et il ne semble pas non plus attiré physiquement par elle... ni même comprendre qu'on puisse l'être pour quelqu'un.
Eol, soudain, s'éloigne. Nïn se retrouve seule avec le baron, qui s'approche d'elle. L'esclave a l'impression qu'un piège se referme sur elle. Eol a dû tout lui dire. Il va la punir. Son cœur bat trop vite. Elle a peur. Soudain, le baron lui attrape le bras, et l'entraîne derrière lui, jusqu'à ce qu'ils atteignent une salle sombre, dont il ferme la porte derrière eux. LE pouls de Nïn s'est encore accéléré. Elle tente de juguler la panique qui monte en elle, et le flux magique qui, avec elle, l'envahit. Autour d'eux, un petit vent se lève, mais la demi-elfe se contient, afin qu'il ne forcisse pas. Elle garde le regard baissé. Et d'une certaine façon, cela l'arrange de n'avoir pas à croiser les yeux du baron.
- Eol se demande pourquoi je lui un donné ça.
Nïn sursaute quand le baron pose un doigt sur son front. Elle frissonne. Ce qu'elle pensait se confirme. Eol a tout raconté. Le baron doit être furieux.
- Il dit qu'il ne sait pas « à quoi elle sert » !
L'esclave tâche de maîtriser ses tremblements. Il va la punir. Et après ? Elle sait ce que c'est. Cela va faire mal, mais elle résistera. Elle l'a toujours fait. Alors qu'avant, elle n'avait pas Schizae. Cette pensée lui permet de s'apaiser. Le doigt du baron glisse sur son visage, ses lèvres, puis sa main saisit son menton. Nïn ne réagit pas. Elle attend la suite, qui ne tarde pas à venir.
- Elle n’arrive pas à satisfaire mes demandes alors qu’elle m’appartient. Que devrais-je faire de cette esclave qui ne m’obéit pas ?
Les doigts du baron descendent sur son cou, puis jusqu'au col de sa robe, qu'il tire vers le bas. Nïn ne bouge pas. Ne pas se débattre. Ne pas tâcher de résister. Cela n'a jamais attendri personne. Ça rend juste parfois les maîtres plus furieux encore. Attendre la punition, puis retourner vers cet Eol, et faire ce qu'elle peut. Ne plus donner de raison d'être punie. Elle a voulu prendre son temps. Elle a eu tort. Elle va payer son manque de jugement.
- Réponds !
Le baron a haussé la voix, Nïn sursaute. Elle tâche de répondre ce qu'elle peut, même si elle ne sait pas, si elle ne trouve pas les mots, si elle sait qu'il ne comprendra pas...
- Je suis désolée monsieur, il... seul son cheval l'intéresse, j'ai essayé de... pas assez sans doute... Je vais m'acquitter de ma tâche, monsieur, je vais trouver le moyen.
Alors qu'elle avait un peu relevé le regard lorsque le baron l'a fait sursauter, elle baisse de nouveau les yeux, dans une attitude contrite. Du coin de l'oeil, elle voit le baron s'emparer d'un fouet, et se retient de frissonner. Cela fait longtemps qu'on ne l'a pas fouettée. Elle n'a pas oublié. Elle sait qu'elle va souffrir. Qu'elle va combattre, et la douleur, et sa magie, qui ne demandera qu'à flamboyer en réaction à la douleur, jusqu'à aller mourir, quand celle-ci se fera trop forte, et que tout en elle renoncera, se recroquevillera. Elle espère qu'elle pourra la retenir jusque là. Sinon, elle se doute bien qu'elle en sera quitte pour une punition plus longue, plus dure. Voire pire... Elle tâche de ne pas y penser. Se concentre sur l'épreuve à venir. Tout son être est tendu dans la prévision de ce qui l'attend.
Nïn- Elite
- Race : demi-elfe
Re: Pendant ce temps, au domaine de Mortelune…
Théobald, baron de Mortelune
Son visage apeuré quand elle se défendait en bégayant. Sa voix brisée par la peur, aussi tremblante que ses lèvres. L’infini océan de ses yeux qui se troublait. Son visage qui se baissait quand elle m’appellait « monsieur ». Mes doigts sur son cou qui la forçaient à ployer. Son corps fragile qui obéissait à chacun de mes gestes et qui ployait sous moi dans un angle droit. Ses longues jambes contre les miennes, debout, et le haut de son corps, à plat ventre, sur une table. Ses cheveux soyeux que j’agrippais pour poser délicatement son visage contre les planches de bois. Ma main qui paraissait si grande face à la fragilité qui se dégageait de cette créature féérique. Mes doigts qui faisaient descendre le tissu de sa robe pour dévoiler des omoplates fines et décollée. Des ailes prêtes à s’envoler. De longues cicatrices qui décoraient ce dos si blanc. Mes ongles qui les caressaient l’une après l’autre.
Et puis la lanière de cuir qui fusait vers cette peau si pure. Le sifflement délicieux qui précèdait le cri de surprise ou, mieux, celui de la douleur. La délicieuse attente du gémissement qui sortirait d’entre ses lèvres trop parfaites pour être vraies. Le cuir qui ouvrait la peau et qui la pénétrait, traçant un sillon rouge sur blanc. Continuant sa course jusqu’au bout, puis s’envolant pour frapper à nouveau. Encore et encore. A un rythme d’abord langoureux, puis de plus en plus rapide. Exultation. La sueur qui coulait entre mes doigts. Les mouvements de mon corps sur le sien. Chacune de ses moindres réactions. Le liquide poisseux qui coulait d’elle, rouge, et qui s’imprimait sur le cuir et sur mes mains, qui giclait jusqu’à mon visage. Une goutte de sang qui tombait sur ma joue. Happée par ma langue. Le goût de ma sueur et de son sang. Salé et métallique. Et surtout, surtout… la vue de son visage au cours de ma violence.
De plus en plus rapidement et bestialement, jusqu’aux derniers claquements. Violent, profond, le dernier coup arrachait des morceaux de peau qui s’envolaient devant mes yeux. Mon corps qui ployait à son tour sur le sien. Le fouet qui glissait d’entre mes mains. Mon visage sur son dos, mon souffle sur sa peau. Mes lèvres, tout contre la blessure, qui s’entrouvraient pour laisser ma langue glisser à l’intérieur de sa chair, dans la plaie. Le chemin qu’elle faisait jusqu’à atteindre le bord de la scarification, sur son flanc. Mon désir ardent et incontrôlable. Ma main qui glissait vers son ventre et remontait à la recherche de sa poitrine.
- Sorcière !
Eol
- Ta colère te perdra, Eol.
C’est la voix de Henry. Mon maître d’arme. Mon mentor. Je le cherche du regard. Il est de l’autre côté de Tarik. Je pose mes brosses. Je le regarde. J’attends qu’il parle encore.
- Tu m’as entendu? Oui, c’est vrai, j’oubliais que tu… enfin, bref, je veux dire que Nïn est à toi maintenant. Même si ça fait rire tout le monde. Elle est gentille. Tu devrais prendre soin de tes affaires.
- Je ne comprends pas.
- Ce que je veux dire, c’est que c’est fort triste qu’elle soit punie parce qu’elle n’aime pas le cheval. J’ai entendu ta conversation avec Monsieur le Baron.
- Je ne l’ai pas punie.
- Mais tu as dit à Monsieur le Baron qu’elle ne te satisfaisait pas, alors il le fera.
Je regarde les sabots de Tarik. Henry est incroyable. Je ne sais pas comment il peut en savoir autant. Comment fait-il pour deviner que Théo punira Nïn ? Je n'y avais même pas pensé.
- C’est une femelle. Et une demie-humaine. Si Théo la punie, c’est qu’il estime qu'elle doit être punie.
- Ce n’est pas ton Théo qui a choisi de la punir, mais toi qui lui a dit de le faire.
- Mais non !
- En effet, tu ne lui as pas clairement dit de le faire, mais c’est comme ça qu’il l’a compris.
Je ne suis vraiment pas satisfait de cet échange.
- Je ne peux rien y faire si Théo a décidé ça. La prochaine fois je ne lui dirais pas que Nïn est inutile.
Henry s’en va. Il souffle. Ça m’énerve. Je ne sais pas ce qu’il pense. Je finis de panser Tarik. Après, je range tout. Et puis je me dirige vers le domaine.
- Mais je te jure que j’ai vu un dragon !
- Par Kaluni, tais-toi, si le Baron l’apprenait, il te ferait fouetter ! Cesse de boire durant tes services !
- Mais je l’ai vu !
- Chut ! Eol arrive !
J’ai entendu toute la conversation des gardes. Ils sont idiots. Je continue à marcher. Je vais vers les étages. Tout en haut. Dans la bibliothèque. Je suis très énervé. Je n’aime pas que les gens soient punis. Je n’aime pas que les gens souffrent. Je n’aime pas l’injustice. Mais je ne dois rien faire contre Théo. Il sait tout mieux que moi. Il sait que les femelles doivent payer. Il sait que les non-humains doivent disparaître. Théo a raison. Moi je ne sais rien. Alors je ne dois rien faire. Parce que je ne comprends rien. Mais tout ça m’énerve quand même !
- Hé, salut le bipède !
Je cherche d’où vient la voix.
- Regarde en haut !
C’est un garçon. Il a des écailles noires autour du visage. Il est assis tout en haut d’une étagère. C’est très haut.
- C’est dangereux.
- Je ne peux pas tomber, je suis un dragon.
- J’ai l’impression que tu es un garçon.
- Je suis un dragon qui peut se transformer en rampant. Enfin… en garçon quoi. Ça arrive quand j'ai peur. Et c'est ce qu'il s'est passé quand un de ces rampants casqué m'a vu. je volais juste là, de l'autre côté de la fenêtre. Il a tiré une flèche à l'arc. Il ne m'a pas touché, il devait être saoul, vu son odeur. Mais "Pouf", je me suis transformé. Heureusement que j'étais tout près de la fenêtre, j'ai pu m'y raccrocher.
- Tu n’as pas le droit d’être ici. Je dois te tuer.
Je sors mon cimeterre.
- Attends ! Je vais m’en aller, je suis juste venu te parler. Une fois que ça sera fait, je m’envolerait loin d’ici.
Je le regarde. Je garde mon cimeterre dans la main. J’attends qu’il me parle.
- C’est un “oui” ? Ok, très bien. Je suis étonné que tu ne me demandes pas de preuve, concernant ma nature de dragon.
- Pourquoi ? Si tu le dis, je te crois. Je n’ai pas besoin de preuve.
- …
- …
- Je suis venu te parler de Nïn. Je vous ai suivi dans la forêt. Je n’ai pas tout compris, mais ce que je sais, c’est que le corps de la drow est sorti du domaine les pieds en premiers. S’il arrive la même chose à Nïn, ou si elle est juste blessée ou triste, nous te tuerons. Je suis un dragon puissant. J’ai de nombreux amis qui peuvent réduire ce domaine à néant.
- Vous êtes les deux dragons des De Triant. Ceux qui ont été élevés ici et que Théo a libéré. Vous avez abandonné vos maîtres.
- Tu es fort. C’est ça. Sauf que je n’ai pas de maître. Les maîtres, dans l’histoire, c’est nous. Hum… je m’égare. Tu dois protéger Nïn.
- Parce qu’elle est à moi. Comme Tarik. Comme Egfroi, mais Théo l’a tué.
- Quoi ? Je ne sais pas qui c’est, mais s’il est mort, c’est de ta faute. Ce n’est pas ton maître qui l’a tué, mais toi qui l’a laissé faire et qui le laisse encore faire. Tu n’as pas le droit de le laisser continuer. Ou Nïn sera la suivante !
- Ce n’est pas ma faute si Egfroi est mort !!!!
- …
- CE N’EST PAS MA FAUTE !!!!
- Si.
Je m’énerve vraiment. Je m’énerve. Je m’en veux. Je ne voulais pas qu’Egfroi meurt. Je vais très très mal depuis qu’il est mort. Maintenant, j’ai Tarik. Je l’aime. Mais il ne remplace pas Egfroi. Je ne voulais pas ! L’enfant continue de dire « si ». Il le dit encore. J’attrape une étagère et je la fait tomber par terre.
- Tu as le pouvoir de changer les choses qui ne te plaisent pas. Nïn finira par mourir PAR TA FAUTE si tu ne fais rien.
Je fracasse une deuxième étagère.
- Et plus tu t’énerves, plus tu perds du temps.
Il a raison. C’est injuste. Tout est toujours tellement injuste avec Théo. Je ne veux pas que des gens souffrent et meurent. Et surtout pas à cause de moi. Nïn n’aime pas le cheval. C’est une femelle. Elle n’est qu’à moitié humaine. Mais je ne veux pas non plus qu’elle ait mal.
Je sais où elle est. Si Théo la puni, ils sont dans la chambre. Celle où il m’a torturé souvent. Pour mon bien. Je vais aller la récupérer. Elle est à moi. Je cours vers la porte.
- Et si je vois qu’il arrive quoi que ce soit à Nïn, nous vous tuerons tous, jusqu’au dernier, surtout toi et ton Baron !
Je ne le vois pas sourire. Je ne le vois pas non plus s'approcher de la fenêtre et sauter.
Je retiens ses paroles. Je retiens toujours tout. Je cours vers la salle sombre. Ça y est. La chambre est là. Juste devant moi. Fermée. Je me précipite.
Eol- Champion
- Race : Demi-sang
Re: Pendant ce temps, au domaine de Mortelune…
Nïn a mal. Le buste plaqué sur une table par le baron, la peau offerte à ses coups de fouet par l'absence du tissu, qu'il a descendu en bas de son dos, Nïn a mal. Au premier coup de fouet, elle a grogné, sa voix se brisant dans sa gorge sous l'effet de la douleur qui l'a envahie, aussi vive que soudaine. Déchirante. Cinglante. La douleur propre au fouet, douleur ciblée, qui ne se répand pas comme avec un objet plus lourd, mais qui vient frapper un endroit précis, et semble le déchirer. Morsure qui se transforme en brûlure, après l'impact, brûlure des chairs lacérées. Plus supportable que l'impact. Qui permettra peut-être de supporter le suivant, s'il n'est pas trop fort, s'il se perd dans cette chaleur qui se répand.
Mais c'est peine perdue. Le fouet claque ailleurs, la douleur explose, tout le corps de Nïn se tend, tandis qu'elle retient, cette fois, un cri qui, étouffé, devient gémissement. Chaleur, puis douleur, à nouveau, aiguë, tranchante, comme la lanière du fouet qui vient la lacérer. Puis Nïn s'enfonce. Violemment. Dans une spirale de douleur qui augmente, au fur et à mesure que sa résistance s'étiole. Plus rien d'autre n'existe que le fouet, ses claquements, ses coups qu'elle ne peut prévoir, qu'elle ne peut plus encaisser. Elle se met à hurler. Vraiment. La douleur n'est plus acceptable, elle ne la maîtrise plus, elle se sent entrer dans la phase de lutte, phase redoutée, car la douceur s'accentue, au centuple, dès lors que son corps se met à la refuser, à tâcher de la contrer, plutôt qu'à la laisser le pénétrer.
Nïn a mal. Nïn refuse. La main qui plaque sa tête à la table l'empêche de se relever, le baron est trop fort pour elle, et pourtant elle hurle, elle transforme chaque coup de fouet reçu, chaque vague de douleur déchirante en une rage folle qu'elle ne contrôle plus, rage qui fait monter sa magie, qui appelle l'once, le vent, l'eau, la terre... le feu. Tout brûle en elle. Elle a à peine conscience du fait que ses mains se mettent à brûler davantage que son dos, qu'elle devrait l'empêcher...
Nouveau coup qui déchire son dos, nouvelle vague de douleur fureur. Sa magie enfle... se brise. La fureur retombe, annihilée, vaincue par la douleur, trop forte. Ses mains s'éteignent, la magie reflue, jusqu'à s'éteindre, disparaître. Le hurlement de Nïn se transforme en sanglots, irrépressibles. Elle est vaincue. Elle est brisée. Le fouet est partout. Il la transforme en boule de souffrance, qui ne peut plus que râler d'une voix brisée, et pleurer, des larmes de défaite, de renoncement. Elle sent à peine le sang qui coule, dans son dos. Sous les coups de fouet, de plus en plus violents, elle croit mourir. Elle n'en a cure. Elle a juste mal. Mal. Tellement mal.
Et soudain, c'est fini. Silence. Plus de claquements, le fouet a cessé sa danse, seulement ses sanglots et la respiration du baron, dans son dos. Son dos qui brûle. Son dos déchiré. Les mains du baron sur elle. Elle s'en fiche. C'est fini. Elle va pouvoir... Les lèvres du baron dans son dos. Qui brûlent. Sa langue, qui s'infiltre... Nïn a mal. Nïn a peur. Ses pleurs redoublent. L'inconscience n'est plus très loin. Elle la supplie de l'emporter.
Mais c'est peine perdue. Le fouet claque ailleurs, la douleur explose, tout le corps de Nïn se tend, tandis qu'elle retient, cette fois, un cri qui, étouffé, devient gémissement. Chaleur, puis douleur, à nouveau, aiguë, tranchante, comme la lanière du fouet qui vient la lacérer. Puis Nïn s'enfonce. Violemment. Dans une spirale de douleur qui augmente, au fur et à mesure que sa résistance s'étiole. Plus rien d'autre n'existe que le fouet, ses claquements, ses coups qu'elle ne peut prévoir, qu'elle ne peut plus encaisser. Elle se met à hurler. Vraiment. La douleur n'est plus acceptable, elle ne la maîtrise plus, elle se sent entrer dans la phase de lutte, phase redoutée, car la douceur s'accentue, au centuple, dès lors que son corps se met à la refuser, à tâcher de la contrer, plutôt qu'à la laisser le pénétrer.
Nïn a mal. Nïn refuse. La main qui plaque sa tête à la table l'empêche de se relever, le baron est trop fort pour elle, et pourtant elle hurle, elle transforme chaque coup de fouet reçu, chaque vague de douleur déchirante en une rage folle qu'elle ne contrôle plus, rage qui fait monter sa magie, qui appelle l'once, le vent, l'eau, la terre... le feu. Tout brûle en elle. Elle a à peine conscience du fait que ses mains se mettent à brûler davantage que son dos, qu'elle devrait l'empêcher...
Nouveau coup qui déchire son dos, nouvelle vague de douleur fureur. Sa magie enfle... se brise. La fureur retombe, annihilée, vaincue par la douleur, trop forte. Ses mains s'éteignent, la magie reflue, jusqu'à s'éteindre, disparaître. Le hurlement de Nïn se transforme en sanglots, irrépressibles. Elle est vaincue. Elle est brisée. Le fouet est partout. Il la transforme en boule de souffrance, qui ne peut plus que râler d'une voix brisée, et pleurer, des larmes de défaite, de renoncement. Elle sent à peine le sang qui coule, dans son dos. Sous les coups de fouet, de plus en plus violents, elle croit mourir. Elle n'en a cure. Elle a juste mal. Mal. Tellement mal.
Et soudain, c'est fini. Silence. Plus de claquements, le fouet a cessé sa danse, seulement ses sanglots et la respiration du baron, dans son dos. Son dos qui brûle. Son dos déchiré. Les mains du baron sur elle. Elle s'en fiche. C'est fini. Elle va pouvoir... Les lèvres du baron dans son dos. Qui brûlent. Sa langue, qui s'infiltre... Nïn a mal. Nïn a peur. Ses pleurs redoublent. L'inconscience n'est plus très loin. Elle la supplie de l'emporter.
Nïn- Elite
- Race : demi-elfe
Re: Pendant ce temps, au domaine de Mortelune…
J’entends Nïn crier. C’est un hurlement qui fait mal. Oui, j’ai mal dans la poitrine quand j'entends ça. J'essaie d'ouvrir la porte. Elle est fermée à clé. J’entends des pleurs. Et j’entends Théo. Il rit. Un rire qui fait froid. Un rire qui fait peur.
- Oh oui ! C'est magnifique ! Laisse moi voir ton visage quand tu…
Je fracasse la porte. Théo est debout. Il tient la tête de Nïn en arrière. Il a sa bouche ouverte sur elle. Il a du sang sur ses lèvres. Il est en train de la manger ! Nïn est à moitié allongée sur la table. Cette table est tâchée de sang. Celui de Nïn, rouge. Et celui d’autres, marron, sec. Il y a le mien aussi. Je me souviens de tout ce que j'ai subi sur cette table.
- EOL ! QU’EST-CE QUE TU FAIS ICI !
- Nïn est à moi ! Tu n’as pas le droit de l’abimer. Tu n’as pas le droit de tuer ceux qui sont à moi ! Tu n’avais pas le droit de tuer Egfroi !
- Sors d’ici immédiatement !
Je m’avance vers mon frère. J’ai de la rage en moi. Tellement de rage.
- Tu n’avais pas le droit de tuer Egfroi ! Je l’aimais ! Tu me l’avais donné et il était à moi. Il n’avait rien fait de mal !
Mon frère ne dit rien. Je m’étais retenu si longtemps. J’avais passé toutes les journées dans la bibliothèque. Je me suis empêché de lui en vouloir. Je sais que je suis idiot. Mais je n’arrive pas à être heureux comme ça. Je n’arrive pas à accepter cette injustice. Même si je sais que j’ai tort.
- Je ne veux pas que tu tues ce qui est à moi ! Ni Tarik, ni Nïn ! Je la prend, elle est à moi.
Mon frère ne dit toujours rien. Il ne bouge pas. Je vais vers Nïn. De grosses larmes coulent sur ses joues. Son dos est blessé.
- C’est fini, Nïn, c’est fini.
Je lui parle comme je parlais à Egfroi. Je lui caresse la tête pleine de cheveux. Pareil qu’avec la crinière d’Egfroi. Mais c’est plus doux. Je pose mon visage dessus et j'appuie. Ça n’a pas l’odeur d’un cheval, mais ce n’est pas désagréable non plus.
Je la porte. J’essaie de ne pas mettre mes mains sur ses blessures. Mais c’est dur parce qu’il y en a partout dans son dos. Elle ne pèse rien. Elle est toute mouillée. De sang. De larme.
Bizarrement, Théo ne dit rien. Il me regarde fixement. Ses mains tremblent. Je ne sais pas ce qu'il pense. Pour l'instant, ça m'est égal. J'emmène Nïn voir Martyn, le hongreur. C’était lui qui soignait Egfroi. Il va s’occuper des blessures de Nïn.
En partant, j'entends Théo murmurer pour lui-même :
- Cette femme est une sorcière…
Je ne sais pas pourquoi, mais ça voix me fait vraiment vraiment peur.
- Oh oui ! C'est magnifique ! Laisse moi voir ton visage quand tu…
Je fracasse la porte. Théo est debout. Il tient la tête de Nïn en arrière. Il a sa bouche ouverte sur elle. Il a du sang sur ses lèvres. Il est en train de la manger ! Nïn est à moitié allongée sur la table. Cette table est tâchée de sang. Celui de Nïn, rouge. Et celui d’autres, marron, sec. Il y a le mien aussi. Je me souviens de tout ce que j'ai subi sur cette table.
- EOL ! QU’EST-CE QUE TU FAIS ICI !
- Nïn est à moi ! Tu n’as pas le droit de l’abimer. Tu n’as pas le droit de tuer ceux qui sont à moi ! Tu n’avais pas le droit de tuer Egfroi !
- Sors d’ici immédiatement !
Je m’avance vers mon frère. J’ai de la rage en moi. Tellement de rage.
- Tu n’avais pas le droit de tuer Egfroi ! Je l’aimais ! Tu me l’avais donné et il était à moi. Il n’avait rien fait de mal !
Mon frère ne dit rien. Je m’étais retenu si longtemps. J’avais passé toutes les journées dans la bibliothèque. Je me suis empêché de lui en vouloir. Je sais que je suis idiot. Mais je n’arrive pas à être heureux comme ça. Je n’arrive pas à accepter cette injustice. Même si je sais que j’ai tort.
- Je ne veux pas que tu tues ce qui est à moi ! Ni Tarik, ni Nïn ! Je la prend, elle est à moi.
Mon frère ne dit toujours rien. Il ne bouge pas. Je vais vers Nïn. De grosses larmes coulent sur ses joues. Son dos est blessé.
- C’est fini, Nïn, c’est fini.
Je lui parle comme je parlais à Egfroi. Je lui caresse la tête pleine de cheveux. Pareil qu’avec la crinière d’Egfroi. Mais c’est plus doux. Je pose mon visage dessus et j'appuie. Ça n’a pas l’odeur d’un cheval, mais ce n’est pas désagréable non plus.
Je la porte. J’essaie de ne pas mettre mes mains sur ses blessures. Mais c’est dur parce qu’il y en a partout dans son dos. Elle ne pèse rien. Elle est toute mouillée. De sang. De larme.
Bizarrement, Théo ne dit rien. Il me regarde fixement. Ses mains tremblent. Je ne sais pas ce qu'il pense. Pour l'instant, ça m'est égal. J'emmène Nïn voir Martyn, le hongreur. C’était lui qui soignait Egfroi. Il va s’occuper des blessures de Nïn.
En partant, j'entends Théo murmurer pour lui-même :
- Cette femme est une sorcière…
Je ne sais pas pourquoi, mais ça voix me fait vraiment vraiment peur.
Dernière édition par Eol le Ven 5 Mai 2017 - 20:48, édité 1 fois
Eol- Champion
- Race : Demi-sang
Re: Pendant ce temps, au domaine de Mortelune…
De la lumière. D'abord, elle ne comprend pas d'où elle vient. Elle ne sait plus, de toute façon. Puis elle comprend. La porte. La porte est ouverte. C'est Eol. Il se tient là. Elle ne comprend pas. Le baron non plus. Elle l'entend crier :
- EOL ! QU’EST-CE QUE TU FAIS ICI !
Elle frémit. Elle n'en peut plus. Elle ne veut pas qu'il s'énerve, elle a peur de ce qu'il va lui faire, peur qu'il passe sa colère sur elle. Elle n'en peut plus. Son ancien maître arrêtait toujours avant que ça ne menace sa santé. C'était juste pour la punir. Lui faire mal. La soumettre. Mais le baron lui... il... il aime ça. Elle a peur. Elle ne sait pas jusqu'où il pourrait aller. Il va la tuer.
- Nïn est à moi ! Tu n’as pas le droit de l’abimer. Tu n’as pas le droit de tuer ceux qui sont à moi ! Tu n’avais pas le droit de tuer Egfroi !
Nïn tressaille. Il est venu la chercher. Mais il est lui-même un esclave. Bien qu'il soit le demi-frère du baron. Il ne peut venir la chercher.
- Sors d’ici immédiatement !
Elle a peur. Elle supplie intérieurement Eol de partir. Tout en le suppliant de rester. Il choisit la seconde option :
- Tu n’avais pas le droit de tuer Egfroi ! Je l’aimais ! Tu me l’avais donné et il était à moi. Il n’avait rien fait de mal !
Il y a de la souffrance dans sa voix. Souffrance rage. Le baron ne répond rien. Nïn ignore si c'est la rage qui le rend muet, ou la surprise de voir son demi-frère se révolter ainsi. Elle ignore si c'est bon ou mauvais. Si Eol et elle vont tous deux être punis par le baron. Sans doute. Il aime faire mal. Il l'a regardée souffrir. Et ça lui a plu. Plus Nïn recouvre ses esprits, plus la crainte et l'horreur l'envahissent. Il ne fait pas mal pour punir ou dresser. Ou pas uniquement. Il fait mal par plaisir. Ce qui change tout, puisque cela enlève toute limite, la souffrance n'étant plus calculée, utile. En devenant superflue, elle devient illimitée. Mais Eol n'a pas peur. Il continue :
- Je ne veux pas que tu tues ce qui est à moi ! Ni Tarek, ni Nïn ! Je la prend, elle est à moi.
Puis il s'approche d'elle. Lui murmure des mots rassurants. Il lui assure que c'est fini. Il caresse sa tête, ses cheveux, pose sa tête sur la sienne. Puis il la prend dans ses bras, pour la porter. Elle commence seulement à oser espérer. Espérer que ce soit terminé. Que le baron ne va pas continuer à lui faire mal. Elle ne comprend plus grand chose. Elle croyait que c'était Eol qui avait demandé au baron de la punir. Ou au moins qu'il était d'accord. Il l'avait laissée au baron pour cela... Elle ne comprend plus. Un esclave qui se révolte contre son seigneur, pour protéger une esclave qu'on lui a donnée et qui, de plus, lui déplaît. Rien n'est logique. Mais il l'emporte. Il l'éloigne. Il l'arrache à son tortionnaire. Et celui-ci ne dit rien, il laisse faire, marmonnant seulement tout bas, des mots que Nïn n'entend pas. Elle ne sait pas où Eol l'emmène. Mais cela n'a pas d'importance.
Avec un effort immense, Nïn parvient à lui murmurer :
- Merci, monsieur.
Puis l'inconscience l'emporte.
- EOL ! QU’EST-CE QUE TU FAIS ICI !
Elle frémit. Elle n'en peut plus. Elle ne veut pas qu'il s'énerve, elle a peur de ce qu'il va lui faire, peur qu'il passe sa colère sur elle. Elle n'en peut plus. Son ancien maître arrêtait toujours avant que ça ne menace sa santé. C'était juste pour la punir. Lui faire mal. La soumettre. Mais le baron lui... il... il aime ça. Elle a peur. Elle ne sait pas jusqu'où il pourrait aller. Il va la tuer.
- Nïn est à moi ! Tu n’as pas le droit de l’abimer. Tu n’as pas le droit de tuer ceux qui sont à moi ! Tu n’avais pas le droit de tuer Egfroi !
Nïn tressaille. Il est venu la chercher. Mais il est lui-même un esclave. Bien qu'il soit le demi-frère du baron. Il ne peut venir la chercher.
- Sors d’ici immédiatement !
Elle a peur. Elle supplie intérieurement Eol de partir. Tout en le suppliant de rester. Il choisit la seconde option :
- Tu n’avais pas le droit de tuer Egfroi ! Je l’aimais ! Tu me l’avais donné et il était à moi. Il n’avait rien fait de mal !
Il y a de la souffrance dans sa voix. Souffrance rage. Le baron ne répond rien. Nïn ignore si c'est la rage qui le rend muet, ou la surprise de voir son demi-frère se révolter ainsi. Elle ignore si c'est bon ou mauvais. Si Eol et elle vont tous deux être punis par le baron. Sans doute. Il aime faire mal. Il l'a regardée souffrir. Et ça lui a plu. Plus Nïn recouvre ses esprits, plus la crainte et l'horreur l'envahissent. Il ne fait pas mal pour punir ou dresser. Ou pas uniquement. Il fait mal par plaisir. Ce qui change tout, puisque cela enlève toute limite, la souffrance n'étant plus calculée, utile. En devenant superflue, elle devient illimitée. Mais Eol n'a pas peur. Il continue :
- Je ne veux pas que tu tues ce qui est à moi ! Ni Tarek, ni Nïn ! Je la prend, elle est à moi.
Puis il s'approche d'elle. Lui murmure des mots rassurants. Il lui assure que c'est fini. Il caresse sa tête, ses cheveux, pose sa tête sur la sienne. Puis il la prend dans ses bras, pour la porter. Elle commence seulement à oser espérer. Espérer que ce soit terminé. Que le baron ne va pas continuer à lui faire mal. Elle ne comprend plus grand chose. Elle croyait que c'était Eol qui avait demandé au baron de la punir. Ou au moins qu'il était d'accord. Il l'avait laissée au baron pour cela... Elle ne comprend plus. Un esclave qui se révolte contre son seigneur, pour protéger une esclave qu'on lui a donnée et qui, de plus, lui déplaît. Rien n'est logique. Mais il l'emporte. Il l'éloigne. Il l'arrache à son tortionnaire. Et celui-ci ne dit rien, il laisse faire, marmonnant seulement tout bas, des mots que Nïn n'entend pas. Elle ne sait pas où Eol l'emmène. Mais cela n'a pas d'importance.
Avec un effort immense, Nïn parvient à lui murmurer :
- Merci, monsieur.
Puis l'inconscience l'emporte.
Nïn- Elite
- Race : demi-elfe
Re: Pendant ce temps, au domaine de Mortelune…
- Merci, monsieur.
Elle parle faiblement. Et puis elle s’endort dans mes bras. Sa tête ballotte contre mon épaule. Je l’emmène à Martyn. Il pose ses mains sur le dos de Nïn. Il écarte les plaies.
- Emmène-la au temple… Je soigne les chevaux, moi, pas les filles…
J’obéis. Le prêtre me demande de poser Nïn sur un autel. Je les laisse. J’attends sur une chaise du temple. C’est un beau temple. Parce que c’est moi qui l’ai conçu. On se sent bien ici. Je ferme les yeux. J’essaie de réfléchir. Les dragons qui habitaient ici sont encore là. Ils surveillent encore le domaine. Et ils ne sont pas contents. Ils pensent que c’est ma faute si Egfroi est mort. Je fronce les sourcils. La colère s’en va. Je me sens mal. J’ai l’impression d’être seul au monde.
- Mon fils, l’enfant est soignée. Il faudra que vous veniez me parler de ce que vous vivez. Vous n’avez pas l’air bien…
Je regarde l’homme. C’est la première fois qu’un humain me parle comme ça. J’ai compris. Je suis d’accord. Je ne dis rien. Le prêtre a l'air d'attendre quelque chose. Il reste un moment sur place. Et puis il finit par s’en aller. Je rentre dans la salle. Les murs de pierre amortissent tous les bruits. C’est calme. Les vitraux laissent passer la lumière. Ils la transforment en couleur. C’est moi qui ai fait ça aussi. C’est la première fois qu’un temple a des vitres en couleur.
Nïn est allongée sur l’autel en marbre. Une statue d’Elasgol est tout près. On dirait qu’il veille sur elle. Je m’approche. Elle est blanche. J’approche mon visage de sa joue. Je sens son souffle. Elle est en vie. Tout va bien. Je m’assoie à côté d'Elasgol. Je continue à réfléchir. Cette fois-ci à voix haute.
- Les dragons veillent sur Nïn et sur Tarik. Pourquoi est-ce qu’ils sont encore là ? Ils pouvaient partir très loin. Ils sont peut-être attachés au domaine. Et pourquoi est-ce qu’ils me demandent de les protéger ? Ils n’ont jamais défendu personne d’autre ici. Si je le revois, je lui demanderais. Peut-être que Nïn et Tarik le connaissent.
Je repense à ce qu’il a dit.
- Il a dit que c’était ma faute si Egfroi est mort.
Toute ma colère est partie. Je suis triste. Seul. J’ai mal. J’en veux à Théo d’avoir tué mon cheval. Je m’en veux de l’avoir laissé faire. Je suis tellement peiné. Je pose ma tête sur l’autel, contre le bras de Nïn. De l'eau déborde de mon œil. La goutte dégouline sur ma joue. C’est la première fois que ça arrive depuis qu’Egfroi est mort. Je me sens vide.
- Je les protégerais. Ça n'arrivera plus.
Plus personne ne mourra.
Elle parle faiblement. Et puis elle s’endort dans mes bras. Sa tête ballotte contre mon épaule. Je l’emmène à Martyn. Il pose ses mains sur le dos de Nïn. Il écarte les plaies.
- Emmène-la au temple… Je soigne les chevaux, moi, pas les filles…
J’obéis. Le prêtre me demande de poser Nïn sur un autel. Je les laisse. J’attends sur une chaise du temple. C’est un beau temple. Parce que c’est moi qui l’ai conçu. On se sent bien ici. Je ferme les yeux. J’essaie de réfléchir. Les dragons qui habitaient ici sont encore là. Ils surveillent encore le domaine. Et ils ne sont pas contents. Ils pensent que c’est ma faute si Egfroi est mort. Je fronce les sourcils. La colère s’en va. Je me sens mal. J’ai l’impression d’être seul au monde.
- Mon fils, l’enfant est soignée. Il faudra que vous veniez me parler de ce que vous vivez. Vous n’avez pas l’air bien…
Je regarde l’homme. C’est la première fois qu’un humain me parle comme ça. J’ai compris. Je suis d’accord. Je ne dis rien. Le prêtre a l'air d'attendre quelque chose. Il reste un moment sur place. Et puis il finit par s’en aller. Je rentre dans la salle. Les murs de pierre amortissent tous les bruits. C’est calme. Les vitraux laissent passer la lumière. Ils la transforment en couleur. C’est moi qui ai fait ça aussi. C’est la première fois qu’un temple a des vitres en couleur.
Nïn est allongée sur l’autel en marbre. Une statue d’Elasgol est tout près. On dirait qu’il veille sur elle. Je m’approche. Elle est blanche. J’approche mon visage de sa joue. Je sens son souffle. Elle est en vie. Tout va bien. Je m’assoie à côté d'Elasgol. Je continue à réfléchir. Cette fois-ci à voix haute.
- Les dragons veillent sur Nïn et sur Tarik. Pourquoi est-ce qu’ils sont encore là ? Ils pouvaient partir très loin. Ils sont peut-être attachés au domaine. Et pourquoi est-ce qu’ils me demandent de les protéger ? Ils n’ont jamais défendu personne d’autre ici. Si je le revois, je lui demanderais. Peut-être que Nïn et Tarik le connaissent.
Je repense à ce qu’il a dit.
- Il a dit que c’était ma faute si Egfroi est mort.
Toute ma colère est partie. Je suis triste. Seul. J’ai mal. J’en veux à Théo d’avoir tué mon cheval. Je m’en veux de l’avoir laissé faire. Je suis tellement peiné. Je pose ma tête sur l’autel, contre le bras de Nïn. De l'eau déborde de mon œil. La goutte dégouline sur ma joue. C’est la première fois que ça arrive depuis qu’Egfroi est mort. Je me sens vide.
- Je les protégerais. Ça n'arrivera plus.
Plus personne ne mourra.
Eol- Champion
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