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Savez-vous sauver les choux ?

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Message  Müss Dim 6 Mai 2018 - 19:52

L’odeur du sang humain emplissait totalement l’air. C’était mauvais signe… très mauvais signe….

Le Floranide avait fini de récupérer et passa à l’attaque alors que je venais d’esquiver les feuilles de son allié. C’est alors que je le vis arriver derrière la créature végétale telle une bourrasque de vent. Sa lame entra à l’arrière du crâne du Floranide pour ressortir par sa bouche. Surpris, l’autre créature se tourna vers Félix et je profitais de son inattention pour abattre mon sabre sur lui d’un mouvement circulaire. Son cou ne soutint par le choc et sa tête tomba au sol. Ainsi décapité, il rejoint son camarade dans la gueule de Sercanth.

« Je crois… que j'ai besoin de repos… »

Je replaçais mon sabre dans son fourreau. Lorsque ma main lâcha l'arme, je sentis l'inquiétude m'envahir. Félix avait la jambe gauche en sang. Son épaule controlatérale n’était pas en bien meilleur état…. Ses habits déchirés par endroits laissaient deviner de nombreuses autres plaies, un peu partout sur son corps, qui lui faisaient perdre une quantité de sang non-négligeable.

Alors que je mesurais l’étendue des dégâts qu'il avait subi, il se laissa glisser au sol, les yeux fermés. Non, il n’allait pas mourir maintenant ? Pas comme ça ! Je m’approchais de lui en essayant de ne pas céder à la panique. Je me penchais vers son bras gauche et attrapais sa manche avec les dents, tirant fortement pour arracher plusieurs morceaux de tissu. Aussi vite que possible, j’enroulais un lambeau autour de sa jambe en serrant assez fort pour stopper momentanément l’hémorragie. Je fis ensuite de même avec l’épaule, mais le bandage hâtif ne suffisait pas. Il me fallait l’emmener rapidement dans un lieu où on pourrait le soigner.

Son visage était pâle. Il avait l’air déjà mort. Je ne pu m’empêcher de glisser deux doigts dans son cou pour vérifier que son pouls battait encore. Je sentis une faible pulsation.

« Tenez bon ! »

Je passais une main dans son dos et l’autre sous ses genoux pour le soulever de terre. Le bougre, il avait beau avoir perdu une sale quantité de sang, il pesait son poids ! Cependant, je n’avais pas de temps à perdre et j’avançais aussi rapidement que je le pouvais, me concentrant pour ne pas flancher. J’avais un pied blessé, mais ce n’était pas ça qui allait me ralentir.

Je me dirigeais vers la ferme des Xolons dans une course boiteuse. Elle me paraissait tout à coup bien loin. Avions nous marché autant à l’allée ? Au cours de ma progression, j’avais l’impression que l’esprit de Félix s’envolait. Que de sang perdu. Quel gâchis…. Allait-il vraiment mourir comme ça ? Je n’aurais jamais dû l’écouter. J'aurais dû rester combattre les Floranides à ses côtés avant de m’en prendre au Tréant. Je me maudissais intérieurement.

« On arrive. Ne mourez pas maintenant, on n’est plus qu’à quelques mètres. Rehb va s’occuper de vous, ça va aller… »

Je voyais déjà les bâtiments et la porte principale qui semblait me hurler d’accélérer.

« Et s’il ne peut pas vous sauver, je pourrais le faire… si vous voulez…. »

Je ne sais pas ce qui me prenait. Je n’avais pas eu le temps de lui demander ce qu’il aurait préféré entre mourir ou être sauvé en devenant un vampire. Réflexion stupide. Personne ne choisirait volontairement d’être transformé en monstre. Et de toute façon, Félix n’était pas en état d’entendre ce que je lui disais, encore moins de donner son avis.

Enfin, nous finîmes par traverser le porche.

« A l’aide ! On a besoin d’aide ! »

Je hurlais de toutes mes forces et la lumière d’une chandelle apparu bientôt, suivie d’un bruit de pas lourd. Un Xolon apparu, en tenue de nuit, les yeux encore rouges et le regard perdu. Il vit le corps de Félix et le prit dans les bras pour l'emporter dans la maison. Je le suivi en courant. Une femelle Xolon apparu à son tour et le couple se mit à parler de la marche à tenir. Félix fut emporté dans une chambre et le Xolon mâle me demanda d’attendre à l’écart, m’affirmant que sa femme prendrait soin de lui. Quant à lui, il parti en ville chercher quelqu’un capable de soigner de telles blessures.

Le calme se fit tout à coup. Je restais quelques secondes devant la porte de la chambre, figée. Je finis par me rendre dans une petite cuisine pour m’asseoir sur une massive chaise de bois. Mes mains étaient rougies par le sang de l'Humain. Par réflexe, je les portai à mes lèvres pour les lécher, distraitement.

C’était tellement… délicieux…

Je sentis une goutte d'eau s’échapper d’entre mes cils pour couler le long de ma joue et s’écraser au sol. Cette larme fut bientôt suivie par une autre, puis par un torrent qui inonda mes yeux. C’était fini. Le calme était revenu. J’avais le droit de craquer maintenant.

Au bout d’un moment, Rehb revint accompagné par un Tigrain portant une caisse de bois. Ce dernier entra dans la chambre tandis que le Xolon vint me rejoindre sur une seconde chaise. Nous attendîmes là une bonne partie de la nuit. Finalement, le Tigrain-soigneur sortit de la chambre, accompagné de la Xolon. Tous deux avaient l’air à bout de souffle.

« J’ai fait ce que j’ai pu. S’il survit jusqu’à demain soir, c’est qu’il est tiré d’affaire. »

Il me demanda si j’avais également besoin de soins et je mentis en affirmant ne pas avoir été blessée. Je fermais les yeux et la femelle Xolon me proposa d’aller me coucher à mon tour. Elle m’installa une couchette de fortune dans une pièce qui servait à stocker des céréales. Je m’étendis là sans me faire prier.

Les heures passèrent lentement. J’attendais, l’esprit brumeux.

Je ne ressentais plus rien.

Pas même la soif.

Au final, quand la journée commença à mourir, je finis par sortir de ma couchette pour aller affronter la triste vérité. La porte derrière laquelle se trouvaient la femelle Xolon et Félix était ouverte. Je me glissais dans la chambre et jetais un coup d’œil à ce que j’espérais ne pas être un cadavre.

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Message  Félix d'Azgal Lun 14 Mai 2018 - 16:43

Un bretteur maniant la rapière excelle à combattre un seul ennemi, au corps-à-corps. Il est également, grâce à sa propension à l'esquive, un adversaire très honorable pour les archers de toutes sortes, bien qu'une flèche tirée à bout portant soit un challenge à éviter. Ma magie me permettait de faire face à plusieurs ennemis, et mon entraînement m'avait même donné les outils pou occuper deux floranides en même temps, quand bien même j'avais été cantonné à la défense. Mais c'était bien trop peu. Lozir n'avais pas eu le temps de faire de moi un maître duelliste, quand bien même les bases solides qu'il m'avait transmises m'avaient permis de défendre mon honneur sans grande peine à la cour. Et les années passées à la cour, justement, ne m'avaient offert que peu d'occasion d'affûter mes talents. Si bien que j'étais, en ce moment même, allongé dans un lit et couvert de bandages.


Je gardais les yeux fermés, respirant assez fort pour rassurer sur mon état, et assez doucement pour maintenir l'illusion du sommeil. Mais mes sens invisibles étaient étendus autour de moi, et j'écoutais. j'avais repris conscience depuis l'équivalent d'une heure ou deux selon mes estimations, assez pour que la personne qui s'était occupée des soins reviennent et discute à voix basse avec la femme de Rehb. Le plus gros soucis avait été la perte de sang : mis à part mon épaule et ma jambe, la plupart de mes blessures, si elles avaient laissé le précieux liquide couler, restaient superficielles. Pour ce qui était des deux véritables soucis, le médecin pensait que mon épaule mettrait deux semaine à se remettre. Pas un grand soucis, c'était mon épaule droite, et j'étais gaucher. En revanche, pour ce qui était de ma jambe …


La blessure originelle n'était pas gravissime. Certes, une branchette en travers de la cuisse c'est douloureux, mais le bois n'avait rien touché de vital ou d'important. En revanche, un stress malvenu avait été appliqué aux muscles, et ils avaient été salement atteints. Rien qui ne puisse être réparé avec le temps heureusement, mais si il fallait compter là encore deux semaines avant que je puisse marcher au calme, la convalescence complète se comptait en mois : 3 pour être précis, à moins de trouver quelqu'un capable d'utiliser la magie de soin naturellement. J'avais écouté tout cela sans réagir, soucieux d'entendre la vérité pure plutôt qu'une version inutilement édulcorée pour me ménager.


Depuis, j'étais resté immobile, songeur. Il me fallait réfléchir à mes priorités. Me faire payer pour mon travail, sermonner Rehb pour son manque de précision … et rentrer ? Je ferais mieux de ne pas trop traîner de toute façon, Longe était à plusieurs jours de trajet et Je n'avais eu une ristourne auprès de cette chère aubergiste que pour un temps limité. Je ne risquais pas de me retrouver à la rue pour autant, mais mes maigres possessions restées là-bas, si. Du moment que je la payais à nouveau en rentrant, je n'aurais à déplorer la perte que de quelques livres et vêtements, à moins qu'elle n'ai trouvé quelqu'un d'autre à loger à ma place évidemment.

C'est pendant que je réfléchissais à cela, immobile et feignant le sommeil, que je perçu une nouvelle approche. quelqu'un qui n'était pas un xolon approchait. Je la reconnu à son manque de .. respiration. Je n'avais plus rien à obtenir à dissimuler mon état de veille. Je me tournai donc vers la porte, reportant mon attention vers la vampire. Je ne tentais pas de me redresser de peur de compromettre les soins qui m'avaient été apportés, mais je doutais que parler soit bien dangereux.

- Je pensais que vous étiez partie : il paraît que je suis resté inconscient un moment. Je repensais un instant au style de combat de la vampire : maintenant que je pouvais m'inquiéter d'autre chose que ma sécurité, ma curiosité était piquée. Je … merci. Et … ce que vous avez fait … avec vos sabres … Je toussotai, me demandant comment amener le sujet sans sembler indélicat. Enfin … disons que je voulais d'abord en savoir plus sur la nature de ces phénomènes. C'était … ce n'était pas lié à votre condition ? C'était très impressionnant.


Je n'avais entendues que des rumeurs sur des maîtres d'armes capables de faire des miracles avec leurs lames. Mais j'avais vu Müss sortir un sabre du sien, forcer sa lame à enserrer une gorge sans la trancher … je m'étais toujours montré dubitatif devant ces récits, d'autant que mon ami mage ne semblait rien connaître de comparable, mais j'avais eu la preuve qu'il ne s'agissait pas de fables. De tels pouvoirs seraient sans aucun doute un avantage face à des adversaires comme les floranides. Mais Müss était une vampire : sa magie était-elle liée à sa condition de morte-vivante ? Verrait-elle un quelconque intérêt à m'enseigner ses secrets si ce n'était pas le cas ? Ou préfèrerait-elle disparaître vers son monde nocturne ? Dans ce dernier cas, je ne pourrais rien faire : même au sommet de ma forme je ne pouvais espérer la poursuivre, et sans soin magique je mettrais des semaines à retrouver mes capacités entières.

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Message  Müss Mar 15 Mai 2018 - 12:37

Voyant que l’Humain dormait, apaisé, la femme de Rehb tourna les talons. Elle m’aperçu et posa une main compatissante sur mon épaule avant de quitter la chambre. Je m’approchais du lit sans savoir quel comportement adopter quand Félix ouvrit les yeux et se mit à parler.

« Je pensais que vous étiez partie : il paraît que je suis resté inconscient un moment. »

Je hochais la tête sans rien dire. Comment pouvait-il s’imaginer que j’étais partie alors qu’il était dans cet état ? Il me remercia et, encore une fois, je me contentais de hocher la tête. Je pouvais dire la même chose : sans lui, je ne m’en serais pas sortie avec quelques doigts en moins et un pied blessé. Trois voyous, une dryade, un tréant et deux floranides… non, je n’aurais pas tenu bien longtemps seule face à tant d’adversaires.

« Et … ce que vous avez fait … avec vos sabres … C'était … ce n'était pas lié à votre condition ? C'était très impressionnant. »

Je ne pu m’empêcher de sourire face à sa remarque. Il venait de frôler la mort mais ça ne l’avait pas refroidi, le voilà qui s’intéressait déjà à de nouvelles techniques de combat. Je réfléchis à sa question, les yeux fixés sur le plafond, pensive. Il est vrai que j’avais développé cette aptitude avec le sabre de ce satané vampire, juste après avoir été transformée. Mais était-ce vraiment dû à ma condition, comme disait Félix ? Non, je ne pensais pas. Lorsque j'étais encore humaine, j'allongeais la lame de la faux que j'utilisais aux champs. Mais j’avais toujours caché ce pouvoir qui m’aurait fait passer pour une fille maudite aux yeux de mes pairs. Et si j’avais tant amélioré cette aptitude après être devenue un vampire, c’est parce que j’avais pu la travailler à longueur de journée, après avoir radicalement changé de vie.

Avec hésitation, je répondis donc ceci :

« Je ne pense pas que ce soit lié à ma condition… »

Je continuais à observer le plafond avec attention, perdue dans mes pensées.

« J’imagine qu’avec beaucoup de travail, il serait possible de maîtriser ces… heu… ces techniques… notamment pour quelqu’un ayant déjà une certaine affinité avec le… la… enfin, la… magie… »

J’avais du mal à prononcer ce mot compliqué. La magie. C’était quelque chose de très mal vu de par chez moi, vers Estandre. Les mages n’étaient pas sensé exister hors de la haute société. Ils se réunissaient en secret et ne dévoilaient jamais leur véritable nature aux autres mortels. Mais Félix avait fait preuve de certaines capacités hors du commun et, même si je n’osais pas l’accuser ouvertement d’être un magicien, je devinais qu’il faisait partie de « ces gens-là ». Aussi, non sans mal, j’avais osé prononcer ce fameux mot.
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Message  Félix d'Azgal Dim 20 Mai 2018 - 16:43

- J’imagine qu’avec beaucoup de travail, il serait possible de maîtriser ces… heu… ces techniques… notamment pour quelqu’un ayant déjà une certaine affinité avec le… la… enfin, la… magie…

Je manquais de rire, mais je me retins en prenant en compte le fait que cela pourrait raviver quelques douleurs. Je me contentais donc d'un grand sourire amusé, dû à l'hésitation dans la voix de la vampire. Pouvait-on vraiment vivre une vie immortelle et toujours n'oser évoquer la magie qu'à demi-mot ? Certes je savais que les estanols étaient peu accueillants au regard de la magie, mais il n'y avait rien à craindre ici, loin s'en faut ! Même en Tacomnal la magie n'était pas aussi violemment perçue qu'en Estandre, mais il faut dire que là-bas, mieux vaut ne pas lancer de sorts.

- Vous étes ... ou étiez estanole, n'est-ce pas ? Pour ce qui est de la magie, (j'appuyais le mot, trop amusé pour ne pas insister sur son petit mal-être, bien qu'il s'agisse au pire de taquinerie) j'ai eu un professeur à la cour tacomane. Je ne maîtrise qu'un sort ceci dit, mais comme vous l'avez vu, il me permet de manier mon arme avec une efficacité redoutable. Je poussais un petit soupir, reprenant mon sérieux. Mais comme en atteste la situation présente, ce n'est pas toujours suffisant. Je dois rentrer sous peu à Longe, à une petite semaine d'ici. Si vous vous sentez l'âme d'un professeur, peut-être accepteriez-vous de m'entraîner un peu ? J'aimerais beaucoup réussir ce genre d'exploits moi aussi.


Je voulais au moins récupérer les affaires que j'avais laissées à l'auberge. Je doutais que Müss soit intéressée par, ou même envisage de vivre dans ou près de Longe. Les siens sont chassés par beaucoup, même à Telbara, et il est difficile de cacher son identité quand on ne peut vivre que la nuit. A moins donc qu'elle garde une surprise dans sa manche, je m'apprêtais à suivre Müss sur les routes ou, du moins, là où elle irait. Sacrifier quelques semaines de confort dans le but de manipuler ce genre de pouvoir me semblait tout à fait acceptable. Grâce à ma monture je ne la ralentirais pas, mais si nous avions l'occasion de croiser quelque soigneur magique en route, ce n'en serait que mieux. Dans tous les cas, je devrais attendre demain avant de pouvoir partir de la ferme, alors je demandais également à Müss d'aller chercher Rehb : Il était temps de se faire payer, et de lui rappeler que remplacer "dryades" par "bandits" sur une annonce n'est pas une bonne idée !
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Message  Müss Dim 27 Mai 2018 - 11:54

Railleur, il me demanda si j’étais bien Estanole. Je hochais la tête, me rendant compte que, venant de Tacomnal, il ne devait pas avoir la même vision de la magie que ceux qui m’avaient élevé. Je grimaçais quand il insista volontairement sur le mot que j’avais eu tant de mal à prononcer.

Il allait falloir m’habituer à parler plus librement de ces choses si je voulais éviter ses moqueries…

« Je dois rentrer sous peu à Longe, à une petite semaine d'ici. Si vous vous sentez l'âme d'un professeur, peut-être accepteriez-vous de m'entraîner un peu ? J'aimerais beaucoup réussir ce genre d'exploits moi aussi. »

Il voulait donc apprendre à manier sa lame en utilisant la magie. Et il me demandait de devenir son professeur ! Mon regard se perdait dans la contemplation de son visage. Je me demandais si j’étais capable de répondre à sa requête. Je réfléchissais également à ce que j’aurais pu faire d’autre. J’étais arrivée ici par hasard, à la recherche de sang frais et humain. Je n’avais plus l’intention de nier ma nouvelle nature et de chercher un remède. Mais cela ne changeait rien au fait que j’étais chassée à vue par tous ceux qui se doutaient de mon mal. Et mon mode de vie nocturne ne me permettait pas d'être accueillie parmi les humains. Il était rare que l’un d’entre eux m’accepte telle que j’étais. Voyager avec lui serait un atout pour ne pas être suspectée… et rencontrer d’autres délicieux humains.

Oh j’avais tellement soif !

« Pourquoi pas…, commençais-je, d’abord hésitante, avant de terminer d’un ton plus assuré : oui, je suis d’accord. »

J’essayais de cacher mes mauvaises intentions derrière un visage neutre, même si Félix s’était révélé doué pour déchiffrer mes envies de sang. Je repris rapidement la parole pour détourner mon attention de ces pensées obnubilantes :

« Longe, ce n’est pas là-bas que se trouve votre domaine, n’est-ce pas ? »

Il venait de Tacomnal et se nommait « d’Azgal », ce qui me laissait supposer que Longe n’était qu’une étape sur sa route de retour.

Je l’imaginais baron, vicomte ou duc. Il avait un nom de famille et une arme qui siérait à un seigneur si elle n’avait pas perdu quelques ornements … sans parler du fait qu’il faisait référence à la cour tacomnane. La seule autre personne noble que j’avais connue était Mademoiselle Luna de Chantelombre qui avait pour lubie, elle aussi, de voyager seule dans de lointaines contrées.

Cependant Félix avait également évoqué le fait d’être décapité sur la place publique s’il tentait de retrouver son maître d’arme. Alors peut-être avait-il été banni par les siens. Toutes ces histoires de nobliaux étaient toujours fort compliquées….
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Message  Félix d'Azgal Mer 6 Juin 2018 - 1:37

- Longe, ce n’est pas là-bas que se trouve votre domaine, n’est-ce pas ?

Je décidai de me contenter de hausser un sourcil, l'activité étant bien moins douloureuse que de repartir d'un nouveau rire éclatant. C'était étonnant de voir une vampire aussi dangereuse (j'avais révisée mon opinion, je ne tiendrais probablement même pas une poignée de secondes face à elle) dévoiler un côté aussi ... naïf ? Ou alors toutes ces années de politiques avaient fait de moi quelqu'un de vraiment trop subtil pour le commun des mortels, peut-être. Mais fi de me jeter des fleurs, malgré tout Müss m'avait sans doute sauvée la vie, et plus encore elle avait accepté de tenter de m'enseigner les secrets de sa magie. La moindre des choses était de ne pas trop me moquer d'elle, fut-ce gentiment : après tout je ne la connaissait que très peu au final.

- Je doute de pouvoir rejoindre la plaine d'Azgal en une semaine. Quand à mon domaine … j'ai peut-être manqué de clarté. Je suis en exil forcé, et je peux déjà me considérer heureux d'avoir encore la tête sur les épaules. Longe est juste une ville telbarane assez proche. Je ne sais pas vraiment comment ses habitants vous accueilleraient s'il connaissaient votre nature, mais je dois seulement y récupérer quelques effets personnels. De plus, il n'y a là-bas aucun prêtre ou guérisseur usant de magie, et d'après le médecin j'ai intérêt à en voir un si je veux pouvoir me déplacer correctement avant la fin du mois prochain.

Trois mois pour retrouver toute ma mobilité, c'était bien trop long. Je nettoierais mon ardoise avec l'aubergiste, et je demanderais à mes connaissances si ils connaissent quelqu'un susceptible de me remettre d'aplomb rapidement. De toute façon c'était nécessaire : l'argent de la prime ne couvrirait jamais trois mois d'inactivité. Puis j'irais chercher ledit soigneur. la vampire n'avait pas parlé d'obligations pour sa part, je supposais donc qu'elle n'avait pas de port d'attache. Et en y réfléchissant c'était très probablement le cas, les vampires sont souvent forcés de vivre reclus. Je me pris à me demander quelle était l'histoire de Müss. Elle n'avait probablement pas reçue une éducation aussi complète que la mienne, et n'avait pas eu les même moyens que Lozir qui avait pu se cacher en vivant parmi la noblesse Estanole sans être découvert. Quoiqu'il en soit, j'aurais sans doute l'occasion de lui en dire plus sur mon passé et d'en savoir plus sur le sien entre deux leçons.

------

Deux jours plus tard, j'étais suffisamment remis pour pouvoir monter sur mon cheval et prendre la route de Longe. Je m'entendais tout de même avec Müss pour partir à un horaire qui ne risquait pas de lui causer du tort, aussi mon petit lozi s'était-il roulé en boule sur le pommeau de ma selle et dormait-il comme un bienheureux. Quand à moi, j'avais pu prendre toute la mesure des dégâts en allant jusqu'à mon cheval et en me mettant en selle. C'était très simple : la douleur était telle que je n'avais pu faire ni l'un ni l'autre sans aide. Le médecin m'avait confié une bâton de marche pour soulager ma jambe blessée, et a insisté pour que je ne tente pas de marcher sans avant au moins la fin de la semaine à moins de recevoir des soins magiques entre temps. De fait, je ne pouvais pas me tenir correctement en selle, et même si il n'avait pas fallut avancer à un rythme que Müss pouvait suivre, je n'aurais jamais eu même l'idée de mettre ma monture au trot. Nous avions avancé en silence pendant la première demi-heure : premièrement parce que nous n'avions pas encore eu le temps de nous ennuyer complètement, mais également parce qu'il m'avait fallut ce temps pour réussir à ignorer la douleur qui me lançait quand ma monture faisait un pas de côté.


- Si ce n'est pas trop indiscret, J'aimerais profiter du voyage pour faire un peu connaissance avec ma tutrice. Et je me posais une question qui pourrait justement paraître indiscrète mais … cela fait longtemps que vous avez été … vous savez … changée ?

J'étais curieux. Les vampires sont virtuellement immortels, et on parlait de créatures aisément séculaires, mais il fallait bien qu'ils commencent "petit" au final. Müss était impressionnante au combat, mais elle semblait bien moins experte dans nombre d'autre domaines. Son talent martial dérivait-il seulement de sa condition, était-il un don, ou le travail de décennies d'entraînement acharné ? Mieux la connaître me permettrait, je l'espérais aussi, de mieux la cerner afin de m'assurer que ma confiance était bien placée.


Dernière édition par Félix d'Azgal le Dim 10 Juin 2018 - 11:57, édité 1 fois
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Message  Müss Sam 9 Juin 2018 - 20:23

Félix était donc vraiment un noble exilé des plaines d’Azgal. J’ignorais ce qu’il avait pu faire pour être banni par les siens, mais je trouvais cela romanesque. Alors qu’il avait fini de parler et semblait perdu dans ses pensées, probablement sur son état de santé, je le laissais là pour qu’il se repose. Et pour m’éviter de me laisser emporter par mes élans bestiaux. Dans cette petite chambre, son odeur d’humain frais était bien trop forte mais il n’eut pas été avisé de ma part de me nourrir sur un allié blessé…. Je quittais donc les lieux pour aller me sustenter bien plus loin, dans la forêt où nous avions mené notre sanglant combat contre la dryade. A l’affut, je traquais un renard qui finit sous mes crocs. Ma soif étanchée, je regagnais la ferme des Xolons.

Durant les jours suivants, la famille de Rehb fut surprise, peut-être même un peu vexée, de me voir systématiquement refuser leur proposition de partager leur table. En plus de cela, je passais les journées au lit et ne me levais qu’à la nuit tombée, lorsque eux-mêmes allaient se coucher. Mon comportement pouvait leur paraître rude et j’avais hâte que Félix se remette pour que nous puissions quitter les lieux avant qu’ils ne me suspectent d’autre chose que de simple grossièreté.

Finalement, nous pûmes partir deux jours plus tard, au couché du soleil. Félix tenait sur son cheval, même si cela ne semblait pas être une partie de plaisir à ses yeux. Sa posture rigide et son visage plissé trahissaient ses douleurs. Nous avancions donc au pas. Mon corps se balançait légèrement de droite à gauche, au rythme régulier de mon cheval. Le paysage se déroulait lentement devant nos yeux, nous passions par des forêts, puis par de longues plaines éclairées par la pâle lueur des étoiles et de la lune.

Un monde en noir et blanc.

Félix finit par rompre cette monotonie en m’interrogeant sur le moment de ma transformation. Je le regardais en souriant, heureuse qu’il me pose ce genre de question. Je n’avais pas l’habitude de parler de ce genre de sujets qui étaient habituellement secrets, ou du moins tabous. Même si j'étais un peu gênée, comme lorsqu'il il m'avait parlé ouvertement de magie, je ne pouvais m'empêcher de me sentir soulagée à l'idée de confesser ces anciennes histoires.

« J’avais dix-sept ans quand c’est arrivé. C’était il y a…, je fis le compte mentalement, hum… environ… une dizaine d’années de cela. »

Oui, si mon calcul était exact, j’aurais dû avoir vingt-sept ou vingt-huit ans. Tant de choses s’étaient passées depuis cette fameuse date….

« Avant, je travaillais pour un fermier. J’ai rencontré le vampire qui m’a transformé alors que j’étais aux champs. C’était un étranger d’une grande gentillesse et je ne me doutais de rien. En y repensant, j’aurais dû deviner l'entourloupe dès le début. Mais au lieu de cela, je me suis laissée emportée dans une affaire qui a signé ma perte. Et la sienne aussi, par la même occasion. Ce sabre, je désignais la poignée de mon arme, il lui appartenait. Lorsque je suis devenue un vampire, quelque chose s’est produit entre cette arme et moi. Elle s'est retrouvé dans ma main et, à ce moment, j’ai eu l’impression de ne plus être moi-même. Les choses se sont passées tellement vite…. Son ancien propriétaire est mort, décapité par sa propre lame et c'était comme si je ne faisais plus qu’un avec ce sabre. C’est toujours le cas d’ailleurs. Quand je l’ai en main, on dirait que je deviens quelqu’un d’autre. Invulnérable et insensible, je deviens… je deviens ce sabre. Ou plutôt, c’est comme s’il était une partie de moi que je retrouvais. Et c’est tellement… fusionnel que par ma simple volonté, ou par la sienne qui devient mienne, je m’y perds parfois un peu, alors il se meut, se déforme et frappe ! »

J'avais mimé une attaque frontale et me repris immédiatement. Je partis dans un petit rire gêné. Depuis quand est-ce que je me laissais emporter par de tels discours ? Je vérifiais rapidement que Félix n’était pas en train de s’endormir à mes propos, ou pire, de se moquer de moi.

« Excusez-moi, je m’emballe un peu. »
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Message  Félix d'Azgal Ven 15 Juin 2018 - 15:59

J'écoutais l'histoire -le prologue ?- de Müss. Comme je l'avais deviné, elle venait d'un milieu fort modeste. Je ne pus retenir un petit sourire surpris en apprenant qu'elle était même plus jeune que moi, fut-ce de quelques années. Mais oui, il fallait bien que les vampires multiséculaires aient eu un âge raisonnable à un moment donné n'est-ce pas ? Tout en l'écoutant, je laissais mes pensées dériver vers la vie éternelle et la régénération rapide, me demandant combien de temps je parviendrais à vivre avant de devenir fou. Lozi (mon maître, pas mon petit lozir) avait eu à cœur de me parler des siens, et j'avais été surpris d'apprendre que la première cause de mortalité chez les vampires était le suicide. Müss avait de longues décennies devant elle avant que l'ennui n'ai un tel effet sur sa psychée cependant, on pouvait le deviner à la passion qu'elle laissait transparaître en parlant de son arme.

- Excusez-moi, je m’emballe un peu.

- Non, je vous en prie : il est dit que les liens entre un combattant et son arme sont le secret des maîtres, après tout. Je marquais une pause, puis décidai de me livrer à mon tour aux présentations plus approfondies. Pour ma part, je suis né dans une famille de la petite noblesse tacomane. Mon père était un combattant reconnu sur le champ de bataille, mais il n'avait aucun représentant à la cour. N'étant pas son premier-né, il avait décidé que ce serait ma charge. Je laissais les souvenirs affluer. Pendant mon enfance, ma vie semblait toute tracée : j'avais un nom, un destin, et des tuteurs chargés de me mener jusqu'à celui-ci. Cependant, la mode des duels d'honneur s'est répandue à la cour, et lui et ses maîtres d'arme avaient un style ... particulier. Disons que je ne pense pas que j'aurais pu me présenter armé d'une hache de guerre à un duel de gentilhommes. Je pouffais à la simple idée d'essayer de manier un tel monstre de bois et de métal dans les couloirs étroits du palais royal. Non, il me fallait apprendre l'escrime la plus raffinée qui soit, afin de pouvoir vaincre les fâcheux tout en restant ... gracieux. C'est là que ma brute de frère aîné a fait un prisonnier de guerre singulier : un vampire, qui se cachait jusque-là parmi la noblesse estanole, et avait été forcé de monter au front par la force des choses. Et qui d'autre qu'une brute comme mon père aurait envisagé de confier la formation de son enfant à un vampire ?

Certes j'avais appris à ne pas juger les vampires par leur race en étant au contact de Lozi, mais même ainsi il me semblait incroyablement hasardeux et stupide de confier son enfant à un vampire. Réduire un vampire en esclavage était déjà particulièrement … exotique pour être poli, mais laisser sa progéniture à la merci de ses crocs ? Non, mon père avait été un imbécile chanceux jusqu'à la fin, j'en ai bien peur. Et on frère une terreur sur le champ de bataille à n'en pas douter : je restais d'ailleurs encore choqué de savoir que le manoir avait réellement pu être mis à sac. Enfin … Je regardais Müss -enfin je la percevais plus qu'autre chose, car nous ne nous déplacions pas aux heures les plus claires du jour- : j'étais prêt à continuer si cela l'intéressait, mais nous avions encore du chemin à faire, et je ne voulais pas non plus l'ennuyer avec mon histoire si elle n'avait pas su attirer son attention.
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Message  Müss Mar 19 Juin 2018 - 21:20

A l’écoute de mon histoire, Félix souriait parfois, puis semblait se perdre dans ses réflexions. Je me demandais ce qu’il pensait. Le petit lozi qui l’accompagnait depuis le début de la route roupillait sur la selle de son cheval. Au début, j’avais été étonnée de le voir accompagné d’un tel lézard. J’avais d'abord vu cette bestiole comme un animal de compagnie, mais plus nous avancions et plus j'avais l’impression qu’il s’agissait d’un ami pour Félix.

L’humain évoqua ensuite sa propre histoire et je dévorais avec avidité chacun de ses mots. Il me parla de sa famille, de son apprentissage de l’escrime et de sa rencontre avec le vampire qui devint son tuteur. Il n’était alors qu’un enfant… cette partie de son histoire ne pouvait que titiller ma curiosité. Il était tellement rare de rencontrer d’autres vampires que j’aurais voulu qu’il m’en raconte plus sur le sujet. Et en même temps, je mourais d’envie d’en savoir plus sur sa vie. Je ne savais pas par où commencer.

« Ce vampire… quel âge avait-il ? De quoi se nourrissait-il ? N’a-t-il jamais tenté de faire de vous l’un des siens ? »

Un vampire vivant seul parmi les humains, entouré constamment par leur odeur…. La tentation devait être forte, si ce n’était de transformer son disciple, ne serait-ce que de boire son sang…. J’imaginais un vampire séculaire et sage, capable de maîtriser ses pulsions bien mieux que moi.

J’écoutais Félix avec attention avant de l’interroger sur la suite de son histoire :

« Et qu’avez-vous faire pour être banni de chez vous ? »
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Message  Félix d'Azgal Jeu 28 Juin 2018 - 23:10

- Ce vampire… quel âge avait-il ? De quoi se nourrissait-il ? N’a-t-il jamais tenté de faire de vous l’un des siens ?

- Lozir avait … un siècle et demi je crois ? Il ne parlait pas beaucoup de son passé, mais apparamment il avait utilisé des illusions pour se faire passer pour sa propre descendance et conserver ses titres et ses terres. Une fois capturé, il avait un statut à la frontière entre serviteur et esclave : mon frère le laissait se nourrir sur les prisonniers de guerre ou les criminels qui étaient retenus dans nos geôles. Je marquais une petite pause pour répondre à la suite de ses questions, réfléchissant à mon vécu. Je ne crois pas qu'il ai tenté de me transformer. Ou du moins je n'en ai pas été conscient. Mon frère avait réussit à le vaincre sur le champ de bataille, et l'avait brisé sur le chemin du retour. Je ne saurais imaginer ce qui s'est passé, mais c'était assez traumatisant pour que Lozir change complètement d'attitude en présence de mon frère. Quand on réalise à quel point les vampires sont puissants, je ne peux m'empêcher de penser que mon frère était une sorte de monstre à sa manière, lui aussi.

Et ce pour plusieurs raisons. C'était mon grand-père qui avait gagné notre titre de noblesse sur le champ de bataille. Mon père était un combattant né et reconnu, pourtant il ne cessait de dire qu'il n'arrivait pas à la cheville du fondateur de notre lignée. Mon frère aîné, en revanche, recevait les plus hautes louange de père, et était toujours comparé à grand-père … en bien. Il avait développé une personnalité féroce et une forme de fierté mal placée également. Mais jusqu'à ce qu'il ramène Lozir à la maison, je n'aurais pus imaginer qu'il soit en mesure de vaincre un immortel aussi unilatéralement. C'était aussi un fait que les autres membres de la fratrie étaient traités avec une condescendance différente : mon frère aîné pensait valoir bien plus que moi ou le second de la fratrie, mais nous avions des tâches à remplir, aussi nous traitait-il bien. J'avais tout de même parfois eu l'impression qu'il considérait que c'était nous gâcher que nous tenir loin des champs de bataille.

- Et qu’avez-vous faire pour être banni de chez vous ?

- J'ai eu les bonnes fréquentations. Je souris, sachant que ma réponse semblait incohérente. Je poursuivis donc, pour effacer le doute de l'esprit de la vampire. Tout d'abord, il faut savoir que Lozi m'a entraîné jusqu'à mes 20 ans, après quoi j'ai été envoyé à la cour pour y représenter ma famille et y jouer un rôle d'intermédiaire en quelque sorte. Ma maîtrise de la rapière me servait à défendre mon honneur, et j'ai rencontré un mage là-bas, qui m'a apprit ce petit tour de passe-passe que vous avez déjà vu. Lorsque mon père est mort, c'est mon frère aîné qui a reprit la gestion du domaine. Je pense que son éducation a beaucoup trop tournée autour des arts de la guerre. Il taxait nos gens trop durement, et plusieurs fois je dû adoucir les bords avec la cour quand il se montrait irrespectueux envers les membres de puissantes familles. Je ne sais pas exactement ce qui s'est passé, mais à peu près un an après sa prise de fonction, notre domaine a été rasé.

Par qui ? Pour quoi ? Quand bien même Müss aurait l'idée de me poser la question, je ne saurait répondre. Des tribus de séladien en révolte déferlant du marais ? Des villageois se révoltant et prenant le domaine par la force du nombre ? un attentat politique commandité par une famille dont l'orgueil avait été trop profondément blessé ?De toute façon, ce n'était pas ce qui était pertinent pour l'histoire que je racontais. Après une courte pause où je me rappelais le contenu de la missive qui m'était parvenue ensuite, je repris la parole.

- Dans la lettre que j'ai reçu pour me prévenir, il était précisé que tous les membres de la maisonnée avaient été identifiés, et que tous étaient morts. Mais, et c'est là que les ennuis ont commencés pour moi, des documents compromettants ont également été mis au jour. Il semblerait que mon frère avait commencé à comploter contre Tacomnal et son gouvernement dans le dos de tout le monde, y compris le mien. Comme je l'ai dis, j'étais désormais le dernier survivant des d'Azgal. Donc le seul sur qui reporter les accusations de trahison. De fait, j'ai fais jouer toutes mes relations pour échapper à l'exécution pure et simple, ne récoltant qu'un simple exil et la confiscation de mes terres et de mon patrimoine.

Et oui, c'était là mon histoire : celle d'un gamin élevé en partie par un vampire, envoyé dans la jungle politique de la cour tacomane et qui réussit à sauver sa tête du billot au dernier moment. Le reste … un peu de misère, et du mercenariat pour mettre du beurre dans la soupe. Je gardais un profond regret de ne pas avoir pu passer plus de temps à perfectionner mon maniement de la rapière. Cependant, la conversation s'était éternisée, et dans le lointain, une ombre informe signalait la présence d'un village. Ce serait le lieu idéal pour passer la journée. Je me demande parfois ce qui serait arrivé si j'avais pu reprendre les rênes du domaine. J'avais pris goût au fait de voyager c'est vrai, mais le luxe me manquait aussi, parfois. Je me tournais vers Müss, curieux de savoir si mon histoire l'avait intéressée ou pas. Peut-être pourrions-nous également échanger quelques anecdotes sur nos vies de bohème pendant le trajet ? Après tout nous avions encore 4 ou 5 nuits à tuer avant d'arriver à l'auberge où je logeais pour le moment.
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Message  Müss Ven 29 Juin 2018 - 12:52

De peur qu’il ne se taise, je n’osais couper Félix et me contentais de l’écouter avec passion. Ses descriptions de la cour m’emportaient dans un univers rempli de valeureux guerriers, de comtesses originaires de contrées lointaines, de danses, de musiques, mais aussi de combats épiques. Je ne pouvais m’empêcher de repenser au livre que j’avais volé à la bibliothèque de Telbara, quelques années plus tôt. Le héro était un chevalier intrépide qui bravait toutes les épreuves avec un courage sans faille. Dans mon imagination, il ressemblait trait pour trait à Félix. L’humain utilisait les beaux mots propres à ceux de son rangs, les même que ceux du livre. A côté de lui, je n’étais qu’une rustre fermière au vocabulaire aussi développé que celui d’un enfant de quatre ans, ne pouvant que rêver de l’univers inatteignable dans lequel Félix avait grandi.

Si ce monde m’était si lointain, cela n’avait rien à voir avec ma condition de vampire. En effet, son maître d’arme à sang froid avait été anobli et avait conservé son titre pendant plus d’un siècle. Quelle prouesse pour quelqu’un incapable de sortir en pleine journée et ne pouvant participer à aucun festin ! Non, si je me démarquais tant de cet univers, c’était simplement que j’étais née dans un autre monde, celui de la fange, celui du petit peuple qui observe les grands de ce monde avec admiration ou jalousie.

« Votre vie ressemble à un roman d’aventures… » murmurais-je quand il eu fini de parler.

Je n’avais pas envie de paraître sotte en m’extasiant face à sa triste histoire, mais mon timbre de voix trahissait ma fascination. Ses histoires familiales n’avaient pourtant rien de belles. Entre trahison, injustice et complots, Félix avait réussi à s’en tirer à bon compte. Il avait tout perdu… sauf la vie. Je jetais un discret regard vers mon compagnon de route, cherchant à deviner ses pensées. J’étais habituée à observer le monde à travers l’ombre de la nuit et je distinguais ses traits sans grande difficulté. Il avait le regard rivé sur l’horizon, ne trahissant aucune émotion. J’aurais pu le regarder pendant des heures si son odeur ne me déstabilisait pas tant. Heureusement, nous arrivions à un village et j’aurais enfin l’occasion de me rassasier de sang humain ! Cela faisait si longtemps…

« Ce voyage me fait penser au passé. Longtemps j’ai voyagé en compagnie d’un autre vampire, exactement comme nous le faisons cette nuit. Enfin… jusqu’à ce qu’il se fasse attraper et tuer par une guilde en quête de monstruosités telles que  nous. J’étais en effet persuadée que mon ancien ami avait été tué par les Corbeaux du Crépuscule puisque la Guilde m’avait fait croire à sa mort par le biais d’illusions. Si notre identité est révélée, nous nous retrouvons vite traqués par les mortels…. J’ai parfois tenté de vivre parmi les Hommes, mais cela s’avère plus compliqué qu’il n’y parait. J’ai cru avoir réussi dans un petit village du royaume d’Estandre. Je travaillais dans une auberge, cuisinant le matin avant le levé du soleil, servant les clients à la nuit tombée. Et de temps en temps, j’aidais un barbier lorsqu’il pratiquait des saignées sur des malades. C’était parfait. Mais je ne suis malheureusement pas maîtresse des illusions comme votre maître d’arme le fut. J’ai fini par être découverte, encore une fois…. Par la suite, rare furent les mortels qui m’acceptèrent sans chercher à me trucider. Mais j’en ai tout de même rencontrés quelques uns… »

Je repensais à la gentillesse de l’humaine Poledra, à la curiosité du minotaure Jawbol et à l’aide que m’avait apportée Elazi, l’arachnéen…. Non, décidément, ce monde n’était pas rempli uniquement de haine.

« Une femme seule, arrivant de nuit dans un village humain, ne mangeant pas et ne sortant jamais au soleil, éveille rapidement les soupçons. Voyager à vos côtés me rend moins suspecte. Cependant, cela pourrait s’avérer dangereux pour vous. Les villageois ne doivent pas découvrir ma véritable nature, sinon vous aussi seriez en danger. »

J’hésitais un instant avant de lui avouer mes véritables pensées :

« J’ai faim et ce village est rempli d’humain. J’ai besoin de me nourrir avant le jour. Je tâcherais de me montrer discrète. »

Je jetais encore un coup d’œil à Félix, me demandant ce qu’il en penserait. J’avais décidé de ne plus avoir honte de cette partie de moi, mais je ne pouvais m’empêcher de craindre sa réaction. Cette peur me fit parler un peu plus. Je voulais qu'il me pense capable de lui apporter autre chose que le risque de se promener avec un vampire :

« Nous pourrions louer une chambre dans une auberge et après avoir… mangé…, je pourrais vous en apprendre un peu plus sur la magie des lames. »
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Message  Félix d'Azgal Ven 6 Juil 2018 - 18:00

- Votre vie ressemble à un roman d’aventures…

Je me contentai de sourire, un peu étonné ; je dois avouer ne jamais avoir vu les choses ainsi. Mais il est vrai que le simple fait d'être né dans l'aristocratie et d'avoir été chassé de mes terres avait une forme de … comment dire ? Et bien, simplement, c'était le genre d'évènements qu'on pouvait lire si le genre romantique intéressait. C'était aussi peut-être le fait de l'entendre ainsi condensée ? Ma vie ne m'avait jamais paru trépidante. Etrange à cause de Lozir, ennuyeuse à la cour, et ni plus ni moins que dangereuse depuis. Preuve en était ma jambe qui commençait à se tétaniser, à force de se contracter pour tenter de limiter les mouvements de balancier de ma monture qui étaient douloureux. Mais il est vrai que quelques éléments inhabituels et un ou deux retournements de situation suffisent aux écrivains pour construire une histoire.

- J’ai faim et ce village est rempli d’humain. J’ai besoin de me nourrir avant le jour. Je tâcherais de me montrer discrète. Nous pourrions louer une chambre dans une auberge et après avoir… mangé…, je pourrais vous en apprendre un peu plus sur la magie des lames.

Cette fois je tiquai, revenant au moment présent et à la réalité. Autant je ne m'étais pas sentis concerné à l'idée que Müss s'attaque à des bandits ; autant de simples citoyens ? Mais il fallait se rendre à l'évidence : il n'y avait pas de geôle ici où elle aurait pu se servir, et nous n'avions pas les moyens de soudoyer des gardes pour la laisser faire son œuvre de toute façon. De plus, plus elle tarderait, plus la faim risquait de lui faire perdre ses moyens. Il n'y avait donc pas le choix, même si cela ne me plaisait guère. J'envisageai même un instant de lui proposer de se servir sur moi pour éviter de s'en prendre à des innocents (sans compter les risques encourus en entrant chez les gens et/ou en les agressants). Mais je me découvris assez frileux à l'idée avant même de la proposer, sans parler du fait que mon état de santé devrait me faire considérer mon bien-être avant beaucoup de chose pour les prochaines semaines. Et puis, la dernière partie de sa proposition m'intéressait.

- Soit. En arrivant à l'auberge, nous louerons une chambre et ferons livrer deux repas dans celle-ci. J'ai faim et Lozir aussi, et au pire il y aura toujours quelque chat ou keren pour finir l'assiette. En partant par les toits et en restant discrète, vous ne devriez pas attirer les soupçons sur nous. Du moins, pas avant que nous soyons déjà repartis. Je fis une pose avant de plonger mon regard dans le sien afin d'appuyer la suite. Je me moquai de ce qui pouvait arriver aux bandits, mais nous parlons ici d'honnêtes gens : ne leur faites pas plus de mal que nécessaire je vous prie.

Je préférais que les choses soient claires dès maintenant. Peut importe ce qu'elle faisait avec les déchets criminels de ce monde, mais je ne tolèrerai pas de violence gratuite sur de simples citoyens. Enfin … J'étais bien incapable d'agir contre elle dans mon état de toute façon, et même sans cela je doutais d'avoir mes chances, mais je tenais à ce qu'elle le sache. J'avais entendu plusieurs histoires de vampires qui vidaient tellement leurs proies de leur sang qu'elles en mourraient : je ne pensais pas que Müss soit de ceux-là, mais encore une fois mieux valait que tout soit claire. Malheureusement nous n'eûmes guère le temps d'épiloguer sur le sujet car nous approchions du village. Je payais un supplément au palefrenier pour qu'il m'aide à descendre de ma monture, et me saisis de mon bâton de marche avant de lui laisser ma monture. Le jeune regardait ma jambe avec une expression indescriptible, et il fallait dire que les pansements gonflaient de façon assez grotesque mes bas. Qu'importe, je me dirigeai donc vers l'auberge, où quelques habitués ainsi qu'un groupe de trois voyageurs (reconnaissables à leur accoutrement autant que nous l'étions nous-même) se trouvaient déjà. Je me contentai d'agir le plus naturellement du monde, et bientôt nous fûmes dans une chambre propre, avec deux repas devant nous, et une fenêtre qui laissait passer une douce brise nocturne.
Je m'installais, laissant mon lozi commencer à piocher dans l'autre assiette, avant d'adresser encore à Müss.

- Eh bien … bon appétit. A tout à l'heure.

Nous pourrions discuter plus avant à son retour : je serais le dernier des idiots si je tentai de me mettre entre un vampire assoiffé et son repas.
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Message  Müss Mar 17 Juil 2018 - 21:53

Le toit de l’auberge était couvert de chaume et la fenêtre de notre chambre, simple trou dans le torchis du mur, était à peine visible depuis le sol. D’un bond, je m’élançais vers le ciel étoilé. De larges ailes noires se déplièrent dans mon dos pour me porter jusqu’à l’anfractuosité qui était juste assez grande pour que je puisse m’y faufiler. Une fois arrivée à destination, mes ailes se rétractèrent pour reprendre leur place initiale, invisibles derrière un dos redevenu normal. Je me laissais glisser au sol sans faire de bruit. Mon corps était brulant et tous mes sens étaient aux abois. D’un mouvement de poignet, j’essuyais les coins de ma bouche avec ma manche afin d’être certaine qu’aucune goutte de sang n’y restait. Ah ce sang… je revoyais encore la propriétaire de ce fluide si doux qui coulait désormais dans mes veines : une jeune femme endormie qui se croyait en sécurité dans sa miteuse maisonnette. Une pulsation régulière se devinait sous la peau blanche de son cou, telle une offrande à mes crocs. Bien sûr, la morsure l’avait éveillée, mais je l’avais maintenue de force dans sa couchette de paille, une main posée sur sa bouche pour retenir le hurlement qu’elle tentait de pousser et l’autre maintenant son corps dans une position telle qu’elle ne puisse voir le visage de son agresseur. Je sentais encore le liquide au goût métallique et unique, spécifique à celui du sang humain, couler entre mes lèvres, sur ma langue, jusque dans ma gorge.

C’était si bon… !

Elle avait fini par s’évanouir. De peur ou d’anémie, je ne pourrais le dire. Je l’avais laissée là, étendue dans son lit. Elle était belle, avec sa chevelure blonde flottant autour de son visage pâle. Sa poitrine se soulevait au rythme lent de sa respiration et on aurait pu croire qu’elle dormait s’il n’y avait ces deux petits points rouges sur la gorge.

Son sang rosissait désormais mes joues et mes lèvres. Mon corps n’était plus aussi blanc, ni aussi froid qu’avant. En cet instant, j’avais l’air humaine. Pour quelques heures, j'avais retrouvé la grisante sensation d'être en vie.

Félix était là, face à ses deux assiettes vides, comme prévu. Je lui souris, heureuse car gorgée de sang et noyée dans une sensation de plénitude. Je repensais à ses derniers mots, quand il m’avait demandé de ne pas faire plus de mal que nécessaire à ma victime. Il faisait attention au sort des honnêtes gens, comme il les appelait, alors que celui des bandits lui importait peu. Je me demandais de quel côté il me situait, moi, la vampire se nourrissant au cou des honnêtes gens.

Je m’assis face à lui, prête à tenir ma promesse. Il était l’heure de faire cours. Je passais une dernière fois ma langue sur mes lèvres, mais le goût du sang avait déjà disparu.

« Êtes-vous prêt ? »

C’était bien la première fois que je transmettais à quelqu’un mes connaissances sur la magie et je ne savais pas bien par quoi commencer. Je me décidais et débutais par des futilités, espérant que cela me mettrait plus à l’aise pour continuer :

« Je ne sais pas d’où vient la magie : des esprits invisibles, d’une force venue de nous-mêmes, ou si elle nous entoure et que certaines personnes sont capables de capter son essence pour l’utiliser…. Mais même sans savoir ce qu’il en est réellement nous pouvons avoir une certaine emprise sur cette puissance mystérieuse. Vous avez l’avantage d’être déjà magicien, vous n’avez donc sûrement aucun mal à le concevoir. »

Je jetais un coup d’œil à l’arme de Félix. Elle semblait avoir une longue histoire. Sur son manche je pouvais voir des enfonçures qui avaient dû servir à maintenir des pierres précieuses incrustées dans le métal.

De mon côté, je détachais le fourreau de ma ceinture pour le poser devant moi. Comme toujours, le sabre qu’il contenait était présent dans mon esprit. Comment expliquer mes ressentis avec des mots ? Je fermais les yeux pour trouver la meilleure façon de m’exprimer. Utiliser la magie des lames était devenu instinctif et spontané. Décortiquer les différentes étapes pour y parvenir représentait un exercice compliqué.

« Vous connaissez bien votre rapière. Si votre main est posée sur sa garde, même avec les yeux fermés, vous pouvez deviner l’emplacement exact de la lame. Essayez de ressentir ce lien qui vous unis à votre arme, sa présence qui s’impose à vous…. »

C’était la première étape. Plutôt facile.

« Ensuite, le but du jeu sera de vider votre esprit. Quand vous vous sentirez apaisé et serein, vous pouvez essayer de prendre totalement conscience de votre lame, comme s’il s’agissait d’une partie de votre corps. Votre esprit s’en emplit jusqu’à ce qu’il n’y ait rien d’autre que vous et elle. Ainsi, vous devriez être capable de sentir sa présence où qu’elle soit sans avoir besoin de la voir ni de la toucher, et ce même si je la déplaçais. »

Non, je n’étais décidément pas douée pour cet exercice. J'avalais ma salive avant de continuer sur ma lancée.

« Tout commence par cette prise de conscience du lien qui vous unis à votre lame. Elle est une partie de vous. Par conséquent, vous pouvez la mouvoir de la même façon que vous le faites avec votre propre corps. »

J’illustrais mes propos en dégainant mon sabre pour le tenir devant moi. Je modifiais la forme de ma lame qui se déforma en angle droit avant de reprendre sa forme initiale, tel un bras qui se serait plié en deux au niveau du coude.

Je levais le nez pour regarder Félix. Je me sentais ridicule et le rouge me montait aux joues. C’était chose possible quand un vampire venait de se nourrir…
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Message  Félix d'Azgal Ven 27 Juil 2018 - 17:29

Je préférais ne pas poser trop de questions : après tout, moins j'en saurais, mieux ce serait en cas de soucis. Je m'étais donc contenté de m'installer confortablement, un Lozi au ventre rebondit dormant déjà comme un bienheureux au niveau des oreillers du lit. Prenant garde à ma position pour éviter d'éveiller la douleur de ma jambe, j'écoutais les explications de Müss. C'était peut-être un peu confus au début, mais l'idée était assez claire.

- L'idée de base c'est de ne faire qu'un avec son arme donc. J'avais déjà entendu cette phrase, mais jusqu'à présent ça n'avait jamais été évoqué que comme une métaphore.

Et bien entendu je connaissais par cœur les dimensions et l'équilibre de ma rapière. Je me rappelais autant de ces informations avant que je ne doive en faire retirer des parties, mais aussi de leurs valeurs actuelles, et presque de chaque étape intermédiaire. Je pourrais même tracer sur la lame, de mémoire, l'évolution de son centre de gravité. Mais de là à pouvoir modifier mon arme par la seule force de ma volonté ? Il y avait énormément de chemin à faire entre savoir ce que je savais sur mon arme, et être capable de la considérer effectivement comme une extension de mon corps.

En combat bien sûr c'était ... plus simple ? pas forcément. Il s'agissait plus de mouvements tellement répétés qu'ils en devenaient des réflexes. Des automatismes. Je connaissais mon arme sur le bout des doigts, mais de là à ressentir un lien entre ma rapière et moi-même, au point de considérer n'être que deux parties de la même entité ? Je tenais à mon arme c'est vrai, elle était la dernière de mes véritables possessions d'avant mon exil. Mais je n'avais pas hésité tant que cela avant de l'amputer de plusieurs éléments, transformant la magnifique lame en une rapière très classique. Je jetais un œil au fourreau de ladite arme. Si elle était une personne, l'arme aurait sans doute le visage d'une vieille grand-mère ridée et fatiguée, avec dans les yeux un éclat rappelant un temps où elle était une jeune fille resplendissante. Je décidai de m'ouvrir en partie de tut cela à Müss : peut-être cela risquait-il de ralentir mon apprentissage, ou au moins l'affecter ?

- Ma rapière … n'est que l'ombre de ce qu'elle était. J'ai du faire déchausser des gemmes de la garde, retirer des décorations … C'est certes la dernière de mes possessions d'avant mon exil mais … si lien il y a, ne risque-t-il pas d'avoir été affecté par un tel traitement ?

Alors, non, il ne s'agissait pas de se moquer ou de prétendre que mon arme avait une conscience. Mais je savais que je ne pouvais retenir un petit pincement de culpabilité quand je regardais mon arme en pensant à ce à quoi elle devrait ressembler. Cette culpabilité, pouvait-elle se mettre en travers de mon chemin ?
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Message  Müss Dim 5 Aoû 2018 - 16:25

Je parlais, l’humain écoutait et son lozi dormait sur l’oreiller. Quand j’eu fini, Félix récapitula mes propos, sans jamais se rire de moi. Il sembla se perdre un instant dans ses pensées et je pu observer les traits de son visage se modifier en fonction des émotions qui le traversaient.

« Ma rapière… n'est que l'ombre de ce qu'elle était. J'ai du faire déchausser des gemmes de la garde, retirer des décorations… C'est certes la dernière de mes possessions d'avant mon exil mais… si lien il y a, ne risque-t-il pas d'avoir été affecté par un tel traitement ? »

Je n’en étais pas certaine, mais mon intuition me soufflait l’inverse.

La nuit s’était glissée dans la chambre et seule la faible lueur de la lune me permettait de distinguer le plafond. Je contemplais la charpente de bois en me perdant dans mes pensées, pensées que je prononçais à voix haute :

« Peut-on être attaché à sa rapière et, dans un même temps, la défigurer ? »

Je ne pouvais que m’appuyer sur ma propre expérience. Mon sabre appartenait au vampire qui m’avait transformée, aussi me rappelait-il les pires souvenirs de mon existence… mais également mon salut, puisque c’est par lui que j’avais tué son ancien propriétaire. Ces sentiments paradoxaux m’avaient permis de considérer l’arme d’une façon bien différente que s’il s’était agit d’un simple objet.

Je continuais à penser à voix haute :

« Peut-on haïr son sabre et, dans un même temps, lui confier sa vie ? Je me tournais vers Félix pour reprendre d’une voix plus assurée : Oui, bien sûr. Je me remis à contempler le plafond pour répondre plus précisément à sa question.Votre histoire affecte sûrement les liens qui vous unissent à votre rapière. Cela les rend… plus complexes et plus profonds que si vous n’aviez eu aucune influence sur votre arme : elle vous a permis de survivre quand vous l’avez privée de son ancien éclat. Et malgré sa nouvelle apparence, fruit de votre chemin commun, vous ne vous êtes jamais séparés. De plus, vos craintes prouvent que vous vous souciez d’elle, et peut-être éprouvez vous une certaine culpabilité par rapport au traitement que vous lui avez fait subir… mais c’est justement ce mélange de sentiments confus qui va nourrir vos liens. »

Au final, c’était un peu comme les relations interpersonnelles. Quand on s’attachait à quelqu’un, on finissait parfois par ressentir une gamme de sentiments confus, voir contradictoires… on pouvait s’en vouloir ou en vouloir à l’autre, l’aimer tout en le détestant de nous blesser… et finir par s'en sentir tellement proche qu’on aurait l’impression d’être amputé d’une partie de nous-mêmes si cette personne venait à disparaitre. Une partie de nous même… c’était le même principe qu’avec la magie des lames.

« Vous pourriez faire quelques passes. En pleine action, il peut être plus facile d’utiliser la magie des lames. Les mouvements viendront naturellement et vos pensées se focaliseront sur votre lame et votre corps. Imaginez une cible trop distante de votre bras armée pour que vous puissiez l’atteindre et faites en sorte que cet écart soit comblé par l’allongement de votre lame. De toute façon il fait tellement noir que vous ne pourrez pas voir si cela fonctionne ou pas. Alors pour cette nuit, vous pourriez vous contenter d’y croire. »
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Message  Félix d'Azgal Mer 3 Oct 2018 - 23:47

- Alors pour cette nuit, vous pourriez vous contenter d’y croire.

J'avais attentivement écoutée Müss en ce qui concernait le fait que ces sentiments alimenteraient mon lien avec la lame. Un peu comme une personne, avait-elle dit. L'état d'esprit qui nécessitait l'utilisation de cette magie était à la fois très simple et complexe, j'en avais bien peur. L'arme devait être à la fois une compagne et une extension de soit. Une alliée et une main tout à la fois. Oui, cela risquait d'être bien compliqué. Cependant, la dernière proposition de la vampire attira un sourire sur mon visage. Je regardais la jeune femme un peu perdue qui se trouvait devant moi. Elle était indéniablement dans une toute autre ligue que moi si nous parlions de combat, mais à côté de cela … je restais son aîné de plusieurs années, et elle n'avait vécue qu'une vie campagnarde avant de se réfugier dans une forme d'ermitage. Le gouffre était tout aussi abyssal, mais en ma faveur cette fois, dans d'autres domaines. principalement celui de l'évaluation d'autrui. Tentant de cacher un peu mon sourire de peur qu'elle ne le prenne pour de la moquerie ou de la suffisance, je lui répondis.

- He bien … j'ignore si je serrais capable d'y croire. Si vous vous rappelez notre première rencontre, vous vous souviendrez peut-être que je n'ai pas besoin de voir. En vérité, je suis, en tout temps, capable de percevoir tous les mouvements se passant autour de moi. En me concentrant suffisamment, je peux même capter la respiration de quelqu'un. C'est d'ailleurs comme ça que j'ai compris que vous n'étiez pas humaine : cette nuit-là, vous êtes restée beaucoup trop immobile beaucoup trop longtemps.

Et de fait, si mon arme en venait à s'allonger, je suspectais que non seulement je percevrai se changement grâce à ma capacité, mais en plus il y avait de fortes chances que son point d'équilibre se meuve également. Quand à l'idée de faire des passes d'arme … ma jambe ne me portait même pas sans bâton pour l'y aider, et cela risquait de durer encore un moment. Toutefois le principe en lui-même était bon, je n'en doutais pas. Par expérience, je savais que la magie fonctionnait de bien des façons, mais que la foi en votre sort est un facteur important : personne ne jettera de boule de feu s'il s'en considère incapable. Je savais pouvoir affiner mes perceptions en me concentrant dessus, peut-être pourrais-je tenter de faire l'inverse ? De m'en couper ?

- Mais je vais tenter de me couper de cela, même si j'ignore si j'en suis capable. Quoiqu'il en soit, merci pour ses premiers conseils. Je me doute que jouer les professeurs ne doit pas être évident pour vous. Vous êtes bien meilleure combattante que moi, et je n'ai plus les moyens de payer un précepteur depuis longtemps, mais s'il y a une quelconque faveur que je puisse un jour remplir pour vous remercier pour ces leçons, et pour m'accompagner alors que je ne suis pas en état de me défendre seul, n'hésitez pas à me le faire savoir. Je ne suis plus noble mais j'aime à penser que j'ai gardé une trace de mon honneur.

Je ne pratiquais l'exercice qu'une petite demi-heure toutefois. Me couper de mon sixième sens se révéla très difficile, voir impossible, mais j'arrivai à le reléguer à l'état de "bruit de fond" auquel je pouvais ne pas prêter attention. Là, dans le noir, assis sur un lit, je répétai lentement le geste de base du maniement de la rapière : l'estoc. Je laissai ma lame pénétrer les ombres, lentement, imaginant atteindre un mur que je savais pourtant trop éloigné. C'était bien plus difficile de se convaincre que cela était possible que je ne l'aurai pensé, également. Cependant, notre journée de voyage m'avait fatigué. Si je ne poussai pas les exercices plus longtemps, c'était moins par manque de motivation que par fatigue. Après m'être excusé de la courte durée de mon entraînement auprès de la vampire, je m'allongeai dans le lit et fermai les yeux, épuisé.

_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _

C'est un mouvement qui m'éveilla. Des pas lourds dans l'escalier. Un homme probablement, une masse de muscle dans tous les cas, qui montaient les marches jusqu'à atteindre les combles où nous nous trouvions. La personne possédait une arme rudimentaire, probablement un gourdin, qui se balançait à sa hanche. Je craignis un instant que Müss n'ai été découverte et que nous ne soyons la cible d'une personne peu satisfaite de la situation, mais les pas, à présent audible, passèrent devant notre porte pour amener la montagne au fond du couloir, vers une autre chambre. J'avais probablement dormis de longues heures, au final. Je retins un gémissement en sentant ma jambe me lancer alors que je me redressai, cherchant ma préceptrice vampirique des yeux. Dans tous les cas, je jurai entre mes dents en réalisant que Lozi était passé par la fenêtre et se baladait sur le toit de l'auberge, profitant des rayons du soleil. Je n'avais plus qu'à prier qu'aucun chat ou oiseau de proie ne décide d'en faire son casse-croûte avant qu'il ne revienne ...
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Message  Müss Sam 12 Oct 2019 - 22:00

La rapière de Félix reflétait les dernières lueurs de la lune, emplissant la chambre de fugitifs éclats blancs. Malgré ses blessures, il s’entraînait avec une admirable persévérance qui ne frôla à aucun instant la folie puisqu’il eut la sagesse de ne pas trop en faire, s'épargnant le risque de rouvrir ses plaies.

Lorsqu’il s’endormit, je m’assis au pied de sa couchette et m’immobilisait là, la tête au creux de mes bras, écoutant le bruit de sa respiration tranquille et ceux des battements de son cœur, imaginant qu’il s’agissait des miens. De l’autre côté du mur, la lune et les étoiles disparaissaient progressivement pour laisser place au soleil. Les rayons se faufilèrent par la fenêtre et il me fallu m’éloigner dans un coin pour ne pas les laisser m’atteindre. Lorsque l’astre fut au plus haut de sa course, le lozir qui était resté jusque là blotti au creux de son maître se mit à s’agiter. Il quitta la pièce pour aller réchauffer son sang froid de reptile sur les toits baignés de soleil.

Je l’enviais.

En observant le souffle de Félix soulever régulièrement sa cage thoracique, je repensais aux derniers mots qu’il avait prononcés avant de s’endormir.

«  … mais s'il y a une quelconque faveur que je puisse un jour remplir pour vous remercier pour ces leçons, et pour m'accompagner alors que je ne suis pas en état de me défendre seul, n'hésitez pas à me le faire savoir. Je ne suis plus noble mais j'aime à penser que j'ai gardé une trace de mon honneur. »

J’avais retenu un sourire en l’entendant me proposer une quelconque faveur. Puisqu’il connaissait ma véritable nature, j’avais d’abord pensé que ses propos frôlaient la provocation, avant de me rendre compte que Félix ne me considérait nullement comme un simple monstre assoiffé qui n’avait aucun autre désir que celui de boire une bonne rasade de sang frais. Non, il avait une meilleure estime de moi et je me sentais presque obligée de lui donner raison. Mais qu’est-ce qu’une pouilleuse comme moi aurait pu vouloir d’autre ? Je me posais la question en observant les paupières de Félix qu’un rayon de soleil caressait, lorsque celles-ci s’ouvrirent brutalement, alertées par un bruit dans l’escalier. Par réflexe, je posais ma main sur la garde de mon arme, mais les pas vigoureux que nous entendions continuèrent leur chemin jusqu’à une chambre éloignée.

Soulagée, je me détendis en m’avachissant un peu plus contre le mur.

De son côté, Félix cherchait son compagnon du regard. « On dirait que je ne suis pas la seule qu’il vous faudra attendre pour pouvoir quitter le village », lui dis-je en souriant.

En effet, je ne pouvais pas sortir avant la nuit. Cependant, ce n’était pas le cas de Félix.

« Si vous voulez manger, chercher des informations sur un potentiel guérisseur qui ne travaillerait pas trop loin d’ici, ou faire… ce que vous avez à faire, je vous attendrais ici jusqu’au soir. »

Prisonnière derrière les barreaux que formaient les rayons du soleil, on ne peut pas vraiment dire que j’avais le choix.
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