Jouer avec le feu

Cela faisait 3 heures, peut-être 4 qu'Esthéol chevaucher sur la route, seul, Brise le cheval qu'il montait était sa toute récente acquisition, il l'avait échangé contre la promesse qu'il remplirait l'ordre de mission qu'il avait récupéré, le chevalier avait aussi dû laisser son arbalète comme garantie, ainsi que son bouclier portant la marque de sa famille. La mission qu'il devait effectuer l'amenait assez loin de Telbara, tel qu'on lui avait présenté, le mercenaire qui escortait une jeune fille de noble avait fini par abroger son contrat. D'une manière ou d'une autre. Lui devait alors servir d'escorte à la noble. Brise avait un pelage gris orné d'une crinière blanche, cette jument était assez têtue, et malgré l’entraînement du chevalier vert, Brise se permettait par moment des pauses d'une ou deux minutes. La jument avait même un pedigree, seulement personne ne voulait de la jument paresseuse et bien souvent les personnes qui l'achetait la ramenait quelques jours plus tard. Le jeune homme en armure avait senti ça, il avait vu les marques de coups de fouet, parfois même des cicatrices plus profondes.

Brise donnait le rythme de la promenade, alors Esthéol profitait de la route, le garçon adorait l'hiver, l'image des plaines et des forêts recouvertes d'un voile blanc lui donnait la nostalgie des années qu'il avait passé avec Nah, vivant ensemble dans la forêt, le premier hiver avait été rude, et les deux enfants ne s'était absolument pas préparé, ils avaient joué dans la neige jusqu'à ce que la harpie tombe malade. Même si le premier souvenir avait été désagréable, l'année suivante le duo s'était préparé, et ils avait autant joué sans qu'aucun ne tombe malade. Esthéol était triste à l'idée que les compères ne jouaient plus ensemble. Pourtant il souriait bêtement.

Absorbé par son esprit rêveur, le chevalier ne vit pas le temps passer jusqu'à arriver au niveau du véhicule, il mit Brise dans le même sens que la calèche, tendit le contrat au cocher et finalement posa sa main gantelé sur le rebord de la fenêtre et lança à la jeune femme qui se trouvait à l'intérieur : « Je suppose que vous êtes Lady Khalina'j ? »

J'aurai aimé retirer la neige de mes bottes et brosser Brise, mais une sueur froide glissa le long de mon dos quand je croisais un regard plus froid que l'hiver, celui qui prenait de haut et qui me fit comprendre toute l'impatience de son lanceur. De la main gauche je frottais rapidement la crinière de Brise puis mes propres cheveux qui avait viré au blanc le long du trajet. Je me racla la gorge avant d'annoncer, « Je suppose que l'on peut déjà y aller. »
Sans attendre de réaction de la part de Mademoiselle Khalina'j, je détacha Brise de la calèche pour passer en avant et demander au cocher de commencer à avancer. Je compris rapidement pourquoi on m'avait appelé, les mains du conducteur était celle d'homme éduqué au rôle de majordome, sa tenue et son nez rouge montrait aussi qu'il n'était pas fait pour l'hiver. La calèche avait l'air de bonne facture et pourrait tenir facilement la route. Pour le plus grand malheur du cocher, la neige recommençait à tomber et derrière le groupe les traces s'effaçaient déjà. Après quelques minutes de silence, je ralentis ma jument pour la ramener au niveau de ma cliente. Même s'il est vrai que j'apprécie le calme de l'hiver, une bonne conversation ne fait pas de mal.

« Hum, et donc, pourrais-je connaître les raisons de votre venue en Telbara ? »

Non, ça ne m’intéressait pas vraiment, c'était simplement le sujet le plus logique qui me vienne à l'esprit, je doute qu'une noble s'amuse à parler du temps qu'il fait ou de la faune locale.
Mon esprit était plus occupé par Hel'Nah, j’espérai qu'en attendant mon retour, elle n'en profite pas pour sortir dans les coins malfamés. Même si elle était à Telbara, certain esclavagiste sont assez téméraires pour oser s'aventurer dans la capitale.