Retour à la civilisation
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Orcande - forum de RP médiéval-fantastique :: Zones de RP :: Royaume de Tacomnal :: Plaine d'Azgal et Forêt de l'Abeille
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Retour à la civilisation
Les broussailles tressaillirent un instant, alors que la forme sombre s'y engouffrait en sautillant. Ses pattes rebondirent encore une ou deux fois sur l'humus humide, avant qu'elle ne s'arrête, les oreilles se tournant en tout sens, aux aguets, tandis qu'avec son museau, elle sentait l'odeur ambiante des sous-bois.
Rien d'anormal. L'humus, la terre, la sève et l'écorce des arbres... Elle sentit, un peu plus loin, une moufette et intérieurement frémit à l'idée de l'approcher et que cette dernière, à fin de se défendre, ne l'asperge de son atroce liquide nauséabond. Mais la potentielle menace s'en fut et la sombre louve, dont le pelage était strié par une fine rayure couleur de neige, soupira intérieurement de soulagement.
Elle en avait croisé une lors de sa fuite et l'odeur tenace qui avait agressé son odorat lui avait soulevé le coeur, l'obligeant à s'arrêter deux jours, le temps que ses sinus se remettent de la rencontre.
La louve jeta un dernier coup d’œil, avant de laisser tomber ce qu'elle tenait dans la gueule au sol : un lapin fort imprudent, qui avait eu le malheur de croiser sa route.
L'animal se tendit et un petit gémissement de douleur s'éleva, alors qu'elle se transformait.
Une minute plus tard, Nienor se tenait, vêtue comme au jour de sa naissance, ses cheveux d'ébènes, dont l'unité était cassée par une longue mèche blanche, lui tombant sur le front. La jeune femme, accroupit, fouilla un petit buisson et laissa échapper un bruit de gorge satisfait, alors qu'elle remettait la main sur ses vêtements. Enfin... "Ses" vêtements... Disons qu'elle les avait... "Emprunté pour une période indéterminée", pour être plus juste.
Il s'agissait d'une tenue de paysanne, conçue pour une personne aux hanches et aux formes plus larges que les siennes, mais elle n'en n'avait cure. Ils lui allaient, elle n'allait pas se plaindre, surtout étant donné les circonstances dans lesquelles elle avait mit la main dessus.
Elle se vêtit, attachant une corde usée à sa taille en guise de ceinture. Pour les chaussures, on repassera. Elle avait des cornes aux pieds qui étaient plus efficaces que la plupart des sabots de fermiers, sans avoir le désavantage de lui meurtrir les talons.
Une fois redevenue agréable à regarder, si tant est qu'elle puisse se trouver agréable aux yeux de quelqu'un, et hors des tabous de la décence, Nienor se rassit et prit le lapin.
Il était assez jeune, ce qui avait été une chance. Elle avait patienté non loin de son terrier, avant de le voir sortir et de se jeter dessus pour lui casser la nuque d'un coup de crocs.
Elle le prit à deux mains et déchira la chair de l'animal avec ses dents, arrachant une partie de la fourrure avec la viande. Puis, elle retira la peau avant d'avaler goulûment la viande du lapin, le sang du jeune animal maculant sa bouche, coulant sur son menton.
Oh, certes, elle pouvait prendre le temps de l'assaisonner, dans cette forêt inconnue, il y avait surement quelques plantes susceptibles de relever le goût, mais la jeune brune était littéralement affamée. Elle avait fuit ses geôliers voilà... Voyons, il y avait eu une semaine où elle s'était périodiquement transformée, avant de battre la campagne et les forêts, tuant tout sur son passage, fuyant les villageois vindicatifs... Et une autre semaine, son entrejambe avait saigné, ce qui avait été douloureux et l'avait obligée à s'arrêter dans une caverne, le temps que le saignement cesse. Environ un mois, selon ses estimations.
Elle était arrivée dans cette forêt deux nuits plus tôt et n'avait rien trouvée à se mettre sous la dent qu'une famille de mulots et une chouette inconsciente.
Nienor savait à peu près à quoi elle ressemblait. Elle avait vu son reflet dans une mare, alors qu'elle se désaltérait. Ses cheveux étaient en bataille, hérissés de branches cassées, ses yeux étaient cernés et ses joues creusées. Elle donnait l'impression d'être une sauvageonne qui avait chipé des vêtements à une famille de paysans, ce qui n'était guère loin de la vérité.
Alors qu'elle était en pleine mastication, elle entendit les aboiements.
Des chiens ? Ils devaient avoir senti l'odeur de la louve.
Affolée, elle lâcha la carcasse à demi-dévorée du lapin, qui tomba à terre dans un bruit mat et courut en direction d'un arbre proche. D'un bond, elle attrapa une branche. La brune entendit les chiens s'approcher. Prise de panique, elle se balança un instant et grimpa dans l'arbre, s'aidant de ses pieds pour trouver des prises.
Un des chiens déboula dans le taillis et s'arrêta près du lapin, tandis qu'un autre le dépassa en aboyant pour se poster en dessous de l'arbre où s'était réfugiée Nienor, attiré par le sang qui souillait son visage. Cette dernière était recroquevillée sur l'une des branches, étreignant le tronc de toutes ses forces en espérant ne pas tomber.
Rien d'anormal. L'humus, la terre, la sève et l'écorce des arbres... Elle sentit, un peu plus loin, une moufette et intérieurement frémit à l'idée de l'approcher et que cette dernière, à fin de se défendre, ne l'asperge de son atroce liquide nauséabond. Mais la potentielle menace s'en fut et la sombre louve, dont le pelage était strié par une fine rayure couleur de neige, soupira intérieurement de soulagement.
Elle en avait croisé une lors de sa fuite et l'odeur tenace qui avait agressé son odorat lui avait soulevé le coeur, l'obligeant à s'arrêter deux jours, le temps que ses sinus se remettent de la rencontre.
La louve jeta un dernier coup d’œil, avant de laisser tomber ce qu'elle tenait dans la gueule au sol : un lapin fort imprudent, qui avait eu le malheur de croiser sa route.
L'animal se tendit et un petit gémissement de douleur s'éleva, alors qu'elle se transformait.
Une minute plus tard, Nienor se tenait, vêtue comme au jour de sa naissance, ses cheveux d'ébènes, dont l'unité était cassée par une longue mèche blanche, lui tombant sur le front. La jeune femme, accroupit, fouilla un petit buisson et laissa échapper un bruit de gorge satisfait, alors qu'elle remettait la main sur ses vêtements. Enfin... "Ses" vêtements... Disons qu'elle les avait... "Emprunté pour une période indéterminée", pour être plus juste.
Il s'agissait d'une tenue de paysanne, conçue pour une personne aux hanches et aux formes plus larges que les siennes, mais elle n'en n'avait cure. Ils lui allaient, elle n'allait pas se plaindre, surtout étant donné les circonstances dans lesquelles elle avait mit la main dessus.
Elle se vêtit, attachant une corde usée à sa taille en guise de ceinture. Pour les chaussures, on repassera. Elle avait des cornes aux pieds qui étaient plus efficaces que la plupart des sabots de fermiers, sans avoir le désavantage de lui meurtrir les talons.
Une fois redevenue agréable à regarder, si tant est qu'elle puisse se trouver agréable aux yeux de quelqu'un, et hors des tabous de la décence, Nienor se rassit et prit le lapin.
Il était assez jeune, ce qui avait été une chance. Elle avait patienté non loin de son terrier, avant de le voir sortir et de se jeter dessus pour lui casser la nuque d'un coup de crocs.
Elle le prit à deux mains et déchira la chair de l'animal avec ses dents, arrachant une partie de la fourrure avec la viande. Puis, elle retira la peau avant d'avaler goulûment la viande du lapin, le sang du jeune animal maculant sa bouche, coulant sur son menton.
Oh, certes, elle pouvait prendre le temps de l'assaisonner, dans cette forêt inconnue, il y avait surement quelques plantes susceptibles de relever le goût, mais la jeune brune était littéralement affamée. Elle avait fuit ses geôliers voilà... Voyons, il y avait eu une semaine où elle s'était périodiquement transformée, avant de battre la campagne et les forêts, tuant tout sur son passage, fuyant les villageois vindicatifs... Et une autre semaine, son entrejambe avait saigné, ce qui avait été douloureux et l'avait obligée à s'arrêter dans une caverne, le temps que le saignement cesse. Environ un mois, selon ses estimations.
Elle était arrivée dans cette forêt deux nuits plus tôt et n'avait rien trouvée à se mettre sous la dent qu'une famille de mulots et une chouette inconsciente.
Nienor savait à peu près à quoi elle ressemblait. Elle avait vu son reflet dans une mare, alors qu'elle se désaltérait. Ses cheveux étaient en bataille, hérissés de branches cassées, ses yeux étaient cernés et ses joues creusées. Elle donnait l'impression d'être une sauvageonne qui avait chipé des vêtements à une famille de paysans, ce qui n'était guère loin de la vérité.
Alors qu'elle était en pleine mastication, elle entendit les aboiements.
Des chiens ? Ils devaient avoir senti l'odeur de la louve.
Affolée, elle lâcha la carcasse à demi-dévorée du lapin, qui tomba à terre dans un bruit mat et courut en direction d'un arbre proche. D'un bond, elle attrapa une branche. La brune entendit les chiens s'approcher. Prise de panique, elle se balança un instant et grimpa dans l'arbre, s'aidant de ses pieds pour trouver des prises.
Un des chiens déboula dans le taillis et s'arrêta près du lapin, tandis qu'un autre le dépassa en aboyant pour se poster en dessous de l'arbre où s'était réfugiée Nienor, attiré par le sang qui souillait son visage. Cette dernière était recroquevillée sur l'une des branches, étreignant le tronc de toutes ses forces en espérant ne pas tomber.
Nienor- Elite
- Race : Louve-Garou
Re: Retour à la civilisation
« Ils sont tout proche ! » lança le maitre-chien, d’une tirade saccadée, le souffle court.
Nous courions depuis prêt de cinq minutes, dans ces sous-bois suffisamment denses pour rendre trop périlleux toute progression à cheval. Le terrain, accidenté sous ses épaisses couches d’humus et de mousses, rendaient la course-poursuite des plus hasardeuses. Par deux fois, j’avais manqué de me tordre la cheville, alors que je posais le pied sur le sol meuble, rendu glissant par les précipitations de la nuit précédente.
Pour toute réponse, je lâchai un grognement agacé et réprobateur. En temps normal – c'est-à-dire lorsque Manfred savait tenir ses abrutis de cabots sans cervelle – je restais en retrait, confortablement installé sur la selle rembourrée de mon cheval, attendant que le gros gibier soit rabattu en terrain découvert, à porté de tir. Je n’avais alors plus qu’à bander mon arc pour faire mouche. Sauf que cette fois, rien ne s’était passé comme d’accoutumé.
D’après les fallacieuses excuses de mon incompétent maitre-chien, ses bêtes avaient sentir un prédateur, probablement un loup avait-il dit. Elles s’étaient alors lancées, tous crocs dehors, à la poursuite de cette piste invisible, répondant à leur instinct plutôt qu’aux ordres de leur maitre. Piste, que nous peinions à suivre à notre tour. Aussi stupides soient-elles, il était hors de question de les abandonner en pleine nature… Il fallait les retrouver, les calmer et les ramener à Pont-du-Roi, où elles recevraient les réprimandes qu’elles méritaient. Et si, moi, je participais à cette course-poursuite idiote, c’était simplement parce que je ne voulais pas laisser passer l’opportunité d’accrocher une tête de loup à ma collection de trophées de chasse…
Comme venait de le faire remarquer Manfred, nous les rattrapions. Les cabots s’étaient arrêtés, un peu plus loin. Je pouvais entendre leurs jappements surexcités, de l’autre coté d’un mur végétal touffus composé d’un mélange chaotique d’arbustes feuillus et de buissons épineux. Sans ralentir, je me précipitai dedans, désireux de mettre fin à cette farce qui n’avait que trop durée… Pour déboucher dans une petite clairière au centre de laquelle trônait un arbre centenaire. Je récoltai au passage quelques égratignures, là ou nom armure de cuir ne me protégeait des épines traitresses.
Un prédateur qu’il avait dit ? Incroyable. Je stoppai net ma course, pour lâcher un soupire de dépit, consterné. Tout ça pour ça ? Pensai-je de plus en plus agacé. Invariablement, la colère me montait au visage, celle-ci colorant encore plus mes joues déjà rosies par l’effort physique. Mon regard se fit assassin lorsque Manfred traversa à son tour le mur végétal, talonné de prêt par sa petite armée d’apprentis. Tous des incapables ! J’étais définitivement entouré d’incompétents !
« T’as intérêt à calmer tes chiens rapidement… Sinon c’est moi qui m’en occupe ! » Éructai-je, d’un ton autoritaire ne laissant place à aucune interprétation tandis que ma main gauche se posait sur le pommeau de l’épée courte qui ne quittait jamais mon flanc. Enervé comme je l’étais, j’aurais pu sans hésitation passer par le fer plusieurs de ces cabots écervelés. Oui, je prenais ces chasses très aux sérieux. Il s’agissait des rares moments dont je disposais pour m’évader, loin de toutes les obligations que m’imposait la gestion de la baronnerie de Pont-du-Roi. Autant dire que je ne plaisantais pas. Mais alors, pas du tout.
Le maitre-chien, et sa dizaine d’apprentis, s’exécutèrent immédiatement. Ils tentèrent de raisonner les bêtes en leurs hurlant des ordres secs. Couché, stop, vient ici… Et j’en passe… Mais rien n’y fit. Enragés, ceux-ci encerclaient l’arbre, ils tentaient stupidement – parce qu’ils n’avaient aucun moyen d’y parvenir – de sauter, la gueule ouverte, pour atteindre leur proie perchée. Ri-di-cu-le. Certains même, parmi les plus excités, gratteraient frénétiquement l’écorce centenaire de leurs griffes émoussées.
J’étais essoufflé, en nage, le visage, les cheveux et les vêtements détrempés par la sueur et l’humidité environnante. Autant dire que j’étais d’une humeur des plus massacrantes.
« Toi là ! C’est toi qui es responsable de ça ? » Hurlai-je en direction de l’inconnue suspendues aux branches, pour couvrir la surenchère assourdissante d’aboiements tout en désignant de la main la carcasse sanguinolente du lapin. « Descends de là immédiatement ! » Malgré mon ton autoritaire, je ne m’attendais pas à ce qu’elle obéisse aussi facilement. Il ne fallait pas être sorcier pour comprendre que cette dernière ne reposerait pas pied au sol tant que les chiens l’encercleraient. D’ailleurs ceux-ci, peinaient à se calmer. Le poil hérissé, la bave aux lèvres, on aurait pu les croire enragés, au sens littéral du terme. Manfred et ses assistants les empoignaient fermement, leurs donnaient des coups de pieds et de fouets. Incroyable qu’il en faille arriver à de telles extrémités pour se faire obéir. Fort heureusement, parce que je perdais le peu de patience qu’il me restait, ils finirent par coopérer.
« Hors de ma vue ! » Ordonnai-je alors, désireux de voir disparaitrais ces incapables et leurs bêtes imbéciles. « Vous voyez bien que vous lui faites peur ! »
« Mais… » Tenta de répondre Manfred, visiblement surpris.
« Il n’y a pas de mais… T’as parlé d’un loup hein ? Et bien, je te conseille de m’en trouver un, sinon, c’est ta tête qui me servira de trophée ! » Et avec une célérité impressionnante, ils disparurent tous, sans exception, dans les fourrées. Je me retrouvais là, seul avec l’inconnue. Moi au pied de l’arbre, elle perchée dans les branches. Mon maitre-chien craignait-il pour ma vie ? J'étais armé, entrainé. Cette femme ne représentait strictement aucune menace...
« Tu ferais mieux de descendre rapidement… Je ne sais pas ce que tu as fait aux chiens pour qu’ils réagissent comme ça… Mais tu ferais mieux de me dire qui tu es, d’où tu viens, et, surtout, ce que tu fais ici, sur mes terres… »
De là ou je me trouvais, en contrebas, je pouvais l’observer, bien que les feuillages et leurs jeux d’ombres dissimulaient toujours la partie supérieur de son corps. A ses jambes, ses hanches, à son allure, à l’état de ses pieds, je ne pouvais douter de mon jugement pourtant hâtif : il s’agissait sans nulle doute possible d’une femme, habillée comme une mendiante, clairement habituée à marcher pied nu … Une souillone donc, une vagabonde… A moins qu’il ne s’agisse d’une sorte de sauvageonne. J’avais entendu parler de ces humains, fuyant le joug de leur seigneur local, qui retournaient vivre dans les bois pratiquement à l’état sauvage, comme des bêtes. Quoi qu’il en soit, à cet instant, elle m’intriguait… Nous étions à plusieurs dizaines de kilomètres de la ferme la plus proche, proche de la lisière de ces bois certes, mais en pleine nature toute de même.
Nous courions depuis prêt de cinq minutes, dans ces sous-bois suffisamment denses pour rendre trop périlleux toute progression à cheval. Le terrain, accidenté sous ses épaisses couches d’humus et de mousses, rendaient la course-poursuite des plus hasardeuses. Par deux fois, j’avais manqué de me tordre la cheville, alors que je posais le pied sur le sol meuble, rendu glissant par les précipitations de la nuit précédente.
Pour toute réponse, je lâchai un grognement agacé et réprobateur. En temps normal – c'est-à-dire lorsque Manfred savait tenir ses abrutis de cabots sans cervelle – je restais en retrait, confortablement installé sur la selle rembourrée de mon cheval, attendant que le gros gibier soit rabattu en terrain découvert, à porté de tir. Je n’avais alors plus qu’à bander mon arc pour faire mouche. Sauf que cette fois, rien ne s’était passé comme d’accoutumé.
D’après les fallacieuses excuses de mon incompétent maitre-chien, ses bêtes avaient sentir un prédateur, probablement un loup avait-il dit. Elles s’étaient alors lancées, tous crocs dehors, à la poursuite de cette piste invisible, répondant à leur instinct plutôt qu’aux ordres de leur maitre. Piste, que nous peinions à suivre à notre tour. Aussi stupides soient-elles, il était hors de question de les abandonner en pleine nature… Il fallait les retrouver, les calmer et les ramener à Pont-du-Roi, où elles recevraient les réprimandes qu’elles méritaient. Et si, moi, je participais à cette course-poursuite idiote, c’était simplement parce que je ne voulais pas laisser passer l’opportunité d’accrocher une tête de loup à ma collection de trophées de chasse…
Comme venait de le faire remarquer Manfred, nous les rattrapions. Les cabots s’étaient arrêtés, un peu plus loin. Je pouvais entendre leurs jappements surexcités, de l’autre coté d’un mur végétal touffus composé d’un mélange chaotique d’arbustes feuillus et de buissons épineux. Sans ralentir, je me précipitai dedans, désireux de mettre fin à cette farce qui n’avait que trop durée… Pour déboucher dans une petite clairière au centre de laquelle trônait un arbre centenaire. Je récoltai au passage quelques égratignures, là ou nom armure de cuir ne me protégeait des épines traitresses.
Un prédateur qu’il avait dit ? Incroyable. Je stoppai net ma course, pour lâcher un soupire de dépit, consterné. Tout ça pour ça ? Pensai-je de plus en plus agacé. Invariablement, la colère me montait au visage, celle-ci colorant encore plus mes joues déjà rosies par l’effort physique. Mon regard se fit assassin lorsque Manfred traversa à son tour le mur végétal, talonné de prêt par sa petite armée d’apprentis. Tous des incapables ! J’étais définitivement entouré d’incompétents !
« T’as intérêt à calmer tes chiens rapidement… Sinon c’est moi qui m’en occupe ! » Éructai-je, d’un ton autoritaire ne laissant place à aucune interprétation tandis que ma main gauche se posait sur le pommeau de l’épée courte qui ne quittait jamais mon flanc. Enervé comme je l’étais, j’aurais pu sans hésitation passer par le fer plusieurs de ces cabots écervelés. Oui, je prenais ces chasses très aux sérieux. Il s’agissait des rares moments dont je disposais pour m’évader, loin de toutes les obligations que m’imposait la gestion de la baronnerie de Pont-du-Roi. Autant dire que je ne plaisantais pas. Mais alors, pas du tout.
Le maitre-chien, et sa dizaine d’apprentis, s’exécutèrent immédiatement. Ils tentèrent de raisonner les bêtes en leurs hurlant des ordres secs. Couché, stop, vient ici… Et j’en passe… Mais rien n’y fit. Enragés, ceux-ci encerclaient l’arbre, ils tentaient stupidement – parce qu’ils n’avaient aucun moyen d’y parvenir – de sauter, la gueule ouverte, pour atteindre leur proie perchée. Ri-di-cu-le. Certains même, parmi les plus excités, gratteraient frénétiquement l’écorce centenaire de leurs griffes émoussées.
J’étais essoufflé, en nage, le visage, les cheveux et les vêtements détrempés par la sueur et l’humidité environnante. Autant dire que j’étais d’une humeur des plus massacrantes.
« Toi là ! C’est toi qui es responsable de ça ? » Hurlai-je en direction de l’inconnue suspendues aux branches, pour couvrir la surenchère assourdissante d’aboiements tout en désignant de la main la carcasse sanguinolente du lapin. « Descends de là immédiatement ! » Malgré mon ton autoritaire, je ne m’attendais pas à ce qu’elle obéisse aussi facilement. Il ne fallait pas être sorcier pour comprendre que cette dernière ne reposerait pas pied au sol tant que les chiens l’encercleraient. D’ailleurs ceux-ci, peinaient à se calmer. Le poil hérissé, la bave aux lèvres, on aurait pu les croire enragés, au sens littéral du terme. Manfred et ses assistants les empoignaient fermement, leurs donnaient des coups de pieds et de fouets. Incroyable qu’il en faille arriver à de telles extrémités pour se faire obéir. Fort heureusement, parce que je perdais le peu de patience qu’il me restait, ils finirent par coopérer.
« Hors de ma vue ! » Ordonnai-je alors, désireux de voir disparaitrais ces incapables et leurs bêtes imbéciles. « Vous voyez bien que vous lui faites peur ! »
« Mais… » Tenta de répondre Manfred, visiblement surpris.
« Il n’y a pas de mais… T’as parlé d’un loup hein ? Et bien, je te conseille de m’en trouver un, sinon, c’est ta tête qui me servira de trophée ! » Et avec une célérité impressionnante, ils disparurent tous, sans exception, dans les fourrées. Je me retrouvais là, seul avec l’inconnue. Moi au pied de l’arbre, elle perchée dans les branches. Mon maitre-chien craignait-il pour ma vie ? J'étais armé, entrainé. Cette femme ne représentait strictement aucune menace...
« Tu ferais mieux de descendre rapidement… Je ne sais pas ce que tu as fait aux chiens pour qu’ils réagissent comme ça… Mais tu ferais mieux de me dire qui tu es, d’où tu viens, et, surtout, ce que tu fais ici, sur mes terres… »
De là ou je me trouvais, en contrebas, je pouvais l’observer, bien que les feuillages et leurs jeux d’ombres dissimulaient toujours la partie supérieur de son corps. A ses jambes, ses hanches, à son allure, à l’état de ses pieds, je ne pouvais douter de mon jugement pourtant hâtif : il s’agissait sans nulle doute possible d’une femme, habillée comme une mendiante, clairement habituée à marcher pied nu … Une souillone donc, une vagabonde… A moins qu’il ne s’agisse d’une sorte de sauvageonne. J’avais entendu parler de ces humains, fuyant le joug de leur seigneur local, qui retournaient vivre dans les bois pratiquement à l’état sauvage, comme des bêtes. Quoi qu’il en soit, à cet instant, elle m’intriguait… Nous étions à plusieurs dizaines de kilomètres de la ferme la plus proche, proche de la lisière de ces bois certes, mais en pleine nature toute de même.
Erdrek Bran- Novice
- Race : Humain
Re: Retour à la civilisation
Après les chiens, des chiens de chasse d'après ce que pouvais voir la jeune femme, vinrent les maîtres. D'abord un Humain de haute taille, plus grand qu'elle. Assez musclé, il devait peser lourd et être un bon tireur : l'arc qu'il tenait était un arc taillé pour la chasse. Son visage était rougi par l'effort voire même cramoisie quand il vit les mastiffs au pied de l'arbre, qui aboyaient en direction de la jeune femme en sautant pour tenter de l'atteindre.
D'autres Humains arrivèrent et une odeur de crasse et de sueur vint agresser les narines de la jeune femme. Le premier se tourna vers le plus âgé, l'invectivant et le sommant de calmer les chiens. Les veneurs, puisqu'il semblait que ce soit là leur fonction, se précipitèrent vers les chiens, leurs criant des ordres divers et variés.
L'un des canidé parvint à sauter plus haut que ses congénères et ses mâchoires claquèrent à quelques centimètres des talons de la jeune femme, qui se recroquevilla sur sa branche. Certains mastiffs griffèrent le tronc, tandis que deux ou trois Humains tentaient de les éloigner en tirant sur leurs colliers. L'Humain qui était arrivé en premier apostropha Nienor, lui demandant si elle était la cause de tout ce remue-ménage. Cette dernière choisit le mutisme. Si elle répondait par l'affirmative, qu'est-ce qui empêcherait l'Humain de lui tirer dessus et de la faire tomber pour la laisser se faire dévorer par les chiens ?
Il lui ordonna ensuite de descendre. Bien entendu, la jeune brune désobéit. Les chiens, quand à eux et à grand renforts de jurons, de coups de pieds et de coups de fouets, finirent par être maîtrisés. Le chef du groupe hurla encore une ou deux fois sur les veneurs et les envoya à la poursuite de loups. Nienor conclut assez rapidement qu'il lui fallait éviter alors de changer de peau, si elle tenait à la sienne, en présence de l'Humain.
Ce dernier s'approcha de l'arbre et l'apostropha à nouveau, lui ordonnant de descendre de l'arbre, d'expliquer ce qu'elle avait fait aux chiens et surtout ce qu'elle faisait sur ses terres.
Nienor jeta un coup d’œil derrière lui. La carcasse du lapin avait été épargnée par les chiens, c'était toujours ça. Elle prit appui sur une branche et sauta au sol. Quelques branches de petite taille se brisèrent dans sa chute et l'une d'entre elle lui laissa une estafilade sur l'épaule. A présent qu'elle était proche de l'Humain, elle pouvait le détailler. Plus grand qu'elle, plus costaud surtout, il avait de longs cheveux noirs et un visage qui semblait avoir été grossièrement taillé dans la roche, de son point de vue.
Elle se mordilla les lèvres. Il s'agissait sans nul doute d'un seigneur, son autorité sur l'Humain plus âgé, le fait qu'il parle de "ses" terres et surtout son armure, de meilleure facture que celle des autres Humains.
"Je.... J'ai fui... Et je suis affamée."
Lentement, elle le contourna et s'approcha du lapin. Une fois à portée, elle l'attrapa et le serra contre elle, de peur que cet Humain ne cherche à le lui prendre. Elle s'éloigna doucement, à un ou deux mètres de là, avant de s'asseoir au sol et de déchiqueter son repas avec les dents. Mais elle s'était assise de façon à prendre facilement la fuite si son interlocuteur tentait un geste brusque.
Pendant une ou deux minutes, on n'entendit que sa mastication et le bruit de ses dents déchirant la chair. Enfin, elle finit son repas et étouffa une éructation une fois la dernière bouchée avalée. Le sang du lapin avait coulé sur son cou et elle se lécha les lèvres, à défaut de se lécher les babines.
"Je ne viens pas d'ici. Je viens de la Forêt de la Vanille. Il y a longtemps. J'ai fui. Des bandits."
Sa voix était rauque. Elle n'avait plus parlé depuis un certain temps, avant même sa fuite. Elle toussa une ou deux fois, massa son cou.
Les mots sortaient difficilement de sa bouche.
"Je ne sais pas où je suis."
Elle regarda l'Humain, avec une certaine appréhension. Elle avait entendu des histoires sur les droits que possédaient les seigneurs sur leurs sujets. Et si ce dernier tentait d'en user sur elle ? Ou d'abuser d'elle ? Il rencontrerait un problème, et de taille. Elle n'hésiterait pas, en ce cas, à se défendre avec ce qu'elle pouvait.
D'autres Humains arrivèrent et une odeur de crasse et de sueur vint agresser les narines de la jeune femme. Le premier se tourna vers le plus âgé, l'invectivant et le sommant de calmer les chiens. Les veneurs, puisqu'il semblait que ce soit là leur fonction, se précipitèrent vers les chiens, leurs criant des ordres divers et variés.
L'un des canidé parvint à sauter plus haut que ses congénères et ses mâchoires claquèrent à quelques centimètres des talons de la jeune femme, qui se recroquevilla sur sa branche. Certains mastiffs griffèrent le tronc, tandis que deux ou trois Humains tentaient de les éloigner en tirant sur leurs colliers. L'Humain qui était arrivé en premier apostropha Nienor, lui demandant si elle était la cause de tout ce remue-ménage. Cette dernière choisit le mutisme. Si elle répondait par l'affirmative, qu'est-ce qui empêcherait l'Humain de lui tirer dessus et de la faire tomber pour la laisser se faire dévorer par les chiens ?
Il lui ordonna ensuite de descendre. Bien entendu, la jeune brune désobéit. Les chiens, quand à eux et à grand renforts de jurons, de coups de pieds et de coups de fouets, finirent par être maîtrisés. Le chef du groupe hurla encore une ou deux fois sur les veneurs et les envoya à la poursuite de loups. Nienor conclut assez rapidement qu'il lui fallait éviter alors de changer de peau, si elle tenait à la sienne, en présence de l'Humain.
Ce dernier s'approcha de l'arbre et l'apostropha à nouveau, lui ordonnant de descendre de l'arbre, d'expliquer ce qu'elle avait fait aux chiens et surtout ce qu'elle faisait sur ses terres.
Nienor jeta un coup d’œil derrière lui. La carcasse du lapin avait été épargnée par les chiens, c'était toujours ça. Elle prit appui sur une branche et sauta au sol. Quelques branches de petite taille se brisèrent dans sa chute et l'une d'entre elle lui laissa une estafilade sur l'épaule. A présent qu'elle était proche de l'Humain, elle pouvait le détailler. Plus grand qu'elle, plus costaud surtout, il avait de longs cheveux noirs et un visage qui semblait avoir été grossièrement taillé dans la roche, de son point de vue.
Elle se mordilla les lèvres. Il s'agissait sans nul doute d'un seigneur, son autorité sur l'Humain plus âgé, le fait qu'il parle de "ses" terres et surtout son armure, de meilleure facture que celle des autres Humains.
"Je.... J'ai fui... Et je suis affamée."
Lentement, elle le contourna et s'approcha du lapin. Une fois à portée, elle l'attrapa et le serra contre elle, de peur que cet Humain ne cherche à le lui prendre. Elle s'éloigna doucement, à un ou deux mètres de là, avant de s'asseoir au sol et de déchiqueter son repas avec les dents. Mais elle s'était assise de façon à prendre facilement la fuite si son interlocuteur tentait un geste brusque.
Pendant une ou deux minutes, on n'entendit que sa mastication et le bruit de ses dents déchirant la chair. Enfin, elle finit son repas et étouffa une éructation une fois la dernière bouchée avalée. Le sang du lapin avait coulé sur son cou et elle se lécha les lèvres, à défaut de se lécher les babines.
"Je ne viens pas d'ici. Je viens de la Forêt de la Vanille. Il y a longtemps. J'ai fui. Des bandits."
Sa voix était rauque. Elle n'avait plus parlé depuis un certain temps, avant même sa fuite. Elle toussa une ou deux fois, massa son cou.
Les mots sortaient difficilement de sa bouche.
"Je ne sais pas où je suis."
Elle regarda l'Humain, avec une certaine appréhension. Elle avait entendu des histoires sur les droits que possédaient les seigneurs sur leurs sujets. Et si ce dernier tentait d'en user sur elle ? Ou d'abuser d'elle ? Il rencontrerait un problème, et de taille. Elle n'hésiterait pas, en ce cas, à se défendre avec ce qu'elle pouvait.
Nienor- Elite
- Race : Louve-Garou
Re: Retour à la civilisation
Après avoir remis mon épée au fourreau, je croisai les bras sur ma poitrine, les sourcils froncés, dévisageant cette sauvageonne un peu trop désinvolte à mon goût. Cette moue dubitative vira rapidement un rictus de dégoût alors que je l'observais dévorer – au sens littéral du terme - son repas... Je lâchais un soupire, tout en hochant la tête de gauche à droite, en signe de dépit. J'avais appris à pas prendre pour argent comptant tout ce qui sortait de la bouche des petites gens. Les roturiers n'hésitaient jamais à mentir, tromper, tricheries... Ils n'avaient aucun honneur, aucun amour propre... Et après ils osaient se plaindre de leur misérable condition alors qu'elle ne reflétait que leur hygiène de vie. Je m'égarais.
Visiblement, cette jeune femme disait la vérité sur au moins une chose : elle avait faim... Elle devait même être affamée, sinon comment expliquer qu'elle puisse se jeter aussi goulûment sur une carcasse de lapin sanguinolente ? Pour le reste... Je n'avais que sa parole. Des bandits ? Venait-elle vraiment d'aussi loin ? Des questions qui finalement ne m'intéressaient guère. Non, en réalité, une seule m'occupait l'esprit : qu'allais-je faire d'elle ?
Pour certains, j'étais peut-être un seigneur arrogant, froid, bien loin de préoccupations du peuple. J'étais surtout un homme pragmatique, qui ne dérogeait que rarement à ses principes. Et parmi ceux-ci, trônait loin au dessus des autres le strict respect des lois royales. Une droiture derrière laquelle je pouvais aisément me cacher pour justifier mes actes. Hors, sur ce domaine, dont la couronne m'avait confié la gestion, le vagabondage ne pouvait être toléré, de près ou de loin. Chaque homme, chaque femme qui foulait ces terres devait travailler, payer des impôts, être utile à son seigneur, et par extension : à son roi. Ceux qui fuyaient leurs devoirs ne valaient pas mieux que des bandits...
D'une torsion vive de la tête, je fis craquer ma nuque, tout en portant ma main gantée à mon menton, en signe d'intense réflexion. Il ne fallait pas être né de la dernière pluie pour comprendre que la sauvageonne n'avait pas croisé l'un de se semblables depuis quelques temps déjà. Aussi, décidai-je, avant de pousser plus loin mes réflexions, d'en savoir un peu plus sur mon interlocutrice, même si cet exercice me répugnait déjà... Nouveau soupire, cette fois de résignation. Par où commencer ? Un silence s'était installé entre nous, comme si la nature elle-même retenait soudain son souffle... Silence qui fut rapidement brisé par le bruissement des feuilles, dans les frondaisons, au-dessous de nos têtes, caressées par cette bise printanière qui chassait un hivers qui n'avait que trop duré à mon goût. Coupé dans mes réflexions, j'arrachai sans ménagement le gant de ma main gauche avant de plonger celle-ci dans la sac de toile qui pendait à ma ceinture. J'en ressorti un épais morceau de viande séchée, aussi rigide que de la semelle.
« Tu devrais plutôt manger ça... » lui dis-je tout en lançant ma ration dans sa direction. Elle décrivit un bel arc de cercle avant de terminer sa course sur un lit de mousse, à moins d'un mètre de la jeune femme. Hors de question que je m'approche plus, je n'avais pas envie d'attraper des parasites. Après avoir déglutit pour parfaitement m’éclaircir la gorge après cette folle course-poursuite à travers les sous-bois, je repris :
« Sais-tu où tu te trouves ? Qui je suis ? » demandai-je, m'attendant à une réponse négative. Pour cette raison, je ne lui laissais même pas la possibilité de me répondre.
« Tu es sur mes terres. Je suis le Baron de Pont-du-Roi... Tout ce que tu peux voir autour de toi m'appartient... Y compris ce lapin, là, que tu tiens entre tes mains. Vois-tu, le braconnage est très sévèrement puni ici... Certains ont même été pendus pour moins que ça... » déclarai-je d'une voix froide et autoritaire. D'abord je lui jetai un morceau de viande, bienveillant, avant de lui tenir ces propos... J'agissais avec celle, comme je l'aurais fait avec cabot manquant sérieusement de dressage... Un main pour caresser dans le sens du poil, une autre pour réprimander sévèrement... Les gens du bas-peuple, comme des chiens, devaient apprendre le respect, la hiérarchie, le sens du mot autorité. Sans cela, ils ne valaient rien.
« Je ne sais pas comment ça se passe de là ou tu viens, mais ici, il y a des lois, des règles... La moindre des choses c'est de les respecter, simple question de politesse et de bon sens... Alors... Pour commencer... Tu vas sagement me demander pardon... Et qui sais... Peut-être saurais-je me montrer magnanime, pour une fois... »
En prononçant ces derniers mots, je bombais le torse, croisant à nouveau les bras devant. J'étais curieux de voir sa réaction, même si, sincèrement, je ne m'attendais pas à un miracle. Se rendait-elle compte que de son attitude, de sa réponse, dépendrait la manière dont se poursuivrait nos échanges ? Difficile à dire. Sous cet aspect hirsute, peut-être se cachait-il une seule once d'intelligence...
Visiblement, cette jeune femme disait la vérité sur au moins une chose : elle avait faim... Elle devait même être affamée, sinon comment expliquer qu'elle puisse se jeter aussi goulûment sur une carcasse de lapin sanguinolente ? Pour le reste... Je n'avais que sa parole. Des bandits ? Venait-elle vraiment d'aussi loin ? Des questions qui finalement ne m'intéressaient guère. Non, en réalité, une seule m'occupait l'esprit : qu'allais-je faire d'elle ?
Pour certains, j'étais peut-être un seigneur arrogant, froid, bien loin de préoccupations du peuple. J'étais surtout un homme pragmatique, qui ne dérogeait que rarement à ses principes. Et parmi ceux-ci, trônait loin au dessus des autres le strict respect des lois royales. Une droiture derrière laquelle je pouvais aisément me cacher pour justifier mes actes. Hors, sur ce domaine, dont la couronne m'avait confié la gestion, le vagabondage ne pouvait être toléré, de près ou de loin. Chaque homme, chaque femme qui foulait ces terres devait travailler, payer des impôts, être utile à son seigneur, et par extension : à son roi. Ceux qui fuyaient leurs devoirs ne valaient pas mieux que des bandits...
D'une torsion vive de la tête, je fis craquer ma nuque, tout en portant ma main gantée à mon menton, en signe d'intense réflexion. Il ne fallait pas être né de la dernière pluie pour comprendre que la sauvageonne n'avait pas croisé l'un de se semblables depuis quelques temps déjà. Aussi, décidai-je, avant de pousser plus loin mes réflexions, d'en savoir un peu plus sur mon interlocutrice, même si cet exercice me répugnait déjà... Nouveau soupire, cette fois de résignation. Par où commencer ? Un silence s'était installé entre nous, comme si la nature elle-même retenait soudain son souffle... Silence qui fut rapidement brisé par le bruissement des feuilles, dans les frondaisons, au-dessous de nos têtes, caressées par cette bise printanière qui chassait un hivers qui n'avait que trop duré à mon goût. Coupé dans mes réflexions, j'arrachai sans ménagement le gant de ma main gauche avant de plonger celle-ci dans la sac de toile qui pendait à ma ceinture. J'en ressorti un épais morceau de viande séchée, aussi rigide que de la semelle.
« Tu devrais plutôt manger ça... » lui dis-je tout en lançant ma ration dans sa direction. Elle décrivit un bel arc de cercle avant de terminer sa course sur un lit de mousse, à moins d'un mètre de la jeune femme. Hors de question que je m'approche plus, je n'avais pas envie d'attraper des parasites. Après avoir déglutit pour parfaitement m’éclaircir la gorge après cette folle course-poursuite à travers les sous-bois, je repris :
« Sais-tu où tu te trouves ? Qui je suis ? » demandai-je, m'attendant à une réponse négative. Pour cette raison, je ne lui laissais même pas la possibilité de me répondre.
« Tu es sur mes terres. Je suis le Baron de Pont-du-Roi... Tout ce que tu peux voir autour de toi m'appartient... Y compris ce lapin, là, que tu tiens entre tes mains. Vois-tu, le braconnage est très sévèrement puni ici... Certains ont même été pendus pour moins que ça... » déclarai-je d'une voix froide et autoritaire. D'abord je lui jetai un morceau de viande, bienveillant, avant de lui tenir ces propos... J'agissais avec celle, comme je l'aurais fait avec cabot manquant sérieusement de dressage... Un main pour caresser dans le sens du poil, une autre pour réprimander sévèrement... Les gens du bas-peuple, comme des chiens, devaient apprendre le respect, la hiérarchie, le sens du mot autorité. Sans cela, ils ne valaient rien.
« Je ne sais pas comment ça se passe de là ou tu viens, mais ici, il y a des lois, des règles... La moindre des choses c'est de les respecter, simple question de politesse et de bon sens... Alors... Pour commencer... Tu vas sagement me demander pardon... Et qui sais... Peut-être saurais-je me montrer magnanime, pour une fois... »
En prononçant ces derniers mots, je bombais le torse, croisant à nouveau les bras devant. J'étais curieux de voir sa réaction, même si, sincèrement, je ne m'attendais pas à un miracle. Se rendait-elle compte que de son attitude, de sa réponse, dépendrait la manière dont se poursuivrait nos échanges ? Difficile à dire. Sous cet aspect hirsute, peut-être se cachait-il une seule once d'intelligence...
Erdrek Bran- Novice
- Race : Humain
Re: Retour à la civilisation
Nienor regardait l'Humain devant elle. Elle était prête à fuir au cas ou. Ce dernier avait croisé ses bras sur sa poitrine, l'épée était à présent rangée. Il fit violemment craquer sa nuque, faisant sursauter la jeune femme qui se prépara à détaler en cas de danger. Mais il porta sa main gantée à son menton mal rasé, semblant se plonger dans une intense réflexion. Elle-même changea de position, à fin d'être plus confortablement installée, mais en étant toujours prête à fuir. Seul le vent dans les frondaisons brisait cette quiétude. Le colosse finit par retirer un gant et piocha un morceau de viande séchée, assez épais, qu'il envoya en direction de la jeune femme.
Le morceau de viande atterrit sur un tapis de mousse, proche de Nienor. Cette dernière fut offusquée. Il la prenait pour quoi ? Pour un de ses toutous allongés près de la cheminée, à qui il pouvait lancer les os du dîner ?
Mais son ventre gronda, assez fort. Le lapin n'était pas suffisant, elle était affamée. Surmontant son dégout et piétinant pour un instant sa fierté, elle prit le morceau de viande et le déchiqueta du mieux qu'elle put. Pendant ce temps, son interlocuteur lui demanda si elle savait où elle se trouvait. Avant même qu'elle puisse répondre, par la négative, il expliqua qu'elle était sur les terres du Baron de Port-Le-Roi, ses terres. Que le braconnage y était interdit et que le lapin qu'elle avait dévoré entrait dans la catégorie "braconnage". Il avait pendu des personnes pour moins que ça.
Enfin, il expliqua que, si elle s'excusait poliment, il saurait sans doute se montrer magnanime. Elle déglutit, péniblement. Que signifiait pour lui "S'excuser poliment" ? C'était un Baron, il venait de le dire. En tant que tel, il avait une autorité pratiquement sans limite sur ses gens. Pensait-il pouvoir agir comme cela avec elle ? Elle allait le savoir.
Nienor finit de manger le morceau de viande et se leva. La jeune brune fit une révérence, ou ce qui passait comme telle à ses yeux, c'est à dire qu'elle s'inclina en écartant les bras du corps.
"Pardonnez-moi pour avoir braconné sur vos terres."
Elle s'habituait à nouveau à parler et sa voix devenait un peu moins rauque. Elle se redressa et retira une branchette de ses cheveux, avant de les repousser en arrière, dégageant son visage. Elle passa sa main sur sa nuque. Est-ce que cela suffirait ? A priori, oui. C'était assez poli, de son point de vue.
Le morceau de viande atterrit sur un tapis de mousse, proche de Nienor. Cette dernière fut offusquée. Il la prenait pour quoi ? Pour un de ses toutous allongés près de la cheminée, à qui il pouvait lancer les os du dîner ?
Mais son ventre gronda, assez fort. Le lapin n'était pas suffisant, elle était affamée. Surmontant son dégout et piétinant pour un instant sa fierté, elle prit le morceau de viande et le déchiqueta du mieux qu'elle put. Pendant ce temps, son interlocuteur lui demanda si elle savait où elle se trouvait. Avant même qu'elle puisse répondre, par la négative, il expliqua qu'elle était sur les terres du Baron de Port-Le-Roi, ses terres. Que le braconnage y était interdit et que le lapin qu'elle avait dévoré entrait dans la catégorie "braconnage". Il avait pendu des personnes pour moins que ça.
Enfin, il expliqua que, si elle s'excusait poliment, il saurait sans doute se montrer magnanime. Elle déglutit, péniblement. Que signifiait pour lui "S'excuser poliment" ? C'était un Baron, il venait de le dire. En tant que tel, il avait une autorité pratiquement sans limite sur ses gens. Pensait-il pouvoir agir comme cela avec elle ? Elle allait le savoir.
Nienor finit de manger le morceau de viande et se leva. La jeune brune fit une révérence, ou ce qui passait comme telle à ses yeux, c'est à dire qu'elle s'inclina en écartant les bras du corps.
"Pardonnez-moi pour avoir braconné sur vos terres."
Elle s'habituait à nouveau à parler et sa voix devenait un peu moins rauque. Elle se redressa et retira une branchette de ses cheveux, avant de les repousser en arrière, dégageant son visage. Elle passa sa main sur sa nuque. Est-ce que cela suffirait ? A priori, oui. C'était assez poli, de son point de vue.
Nienor- Elite
- Race : Louve-Garou
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