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Des tueurs dans la ville

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Message  Maïlinya Sam 29 Aoû 2015 - 19:47

"Bien, fais ce que tu dois faire et laisse la revenir. Mais j’espère bien te revoir, nous avons beaucoup de choses à faire toi et moi…"

Elle lui adressa son sourire carnassier, puis laissa "je" revenir, assez satisfaite de retourner à son poste d'observatrice.

Je repris conscience et clignai des yeux, un peu perdue. Je regardai autour de moi. Les hommes qui voulaient nous faire payer une taxe n'étaient plus là, et nous étions à l'entrée de la ville.

"Ça va ? Tu ne m’a pas l’air dans ton assiette…"

Harzhan était toujours avec moi. Au moins l'autre ne lui avait-elle rien fait. Il semblait n'avoir toujours pas compris ce qui arrivait lorsque l'autre prenait le contrôle... Ne lui parlait-elle pas, lorsque c'était le cas? Pour la première fois depuis qu'elle partageait ma conscience, j'avais presque envie d'aller lui poser des questions. Pourquoi ne faisait-elle rien à Harzhan? Comment se comportait-elle avec lui? Cela me poussait à me poser des questions sur ses motivations. Apportait-elle une certaine importance à ma volonté? Je l'avais toujours cru folle et incontrôlable, et étais de ce fait terrorisée par elle. Mais je me trompais peut-être à son sujet...
Je m'éclaircis la gorge et répondis:

Maïlinya : Je... hum... Ça va. On peut entrer?

Je me dirigeai vers les gardes qui se trouvaient devant l'entrée et leur adressai un sourire un peu timide. Je n'avais pas vraiment l'habitude des gardes. Toutefois, mon inquiétude était infondée, et ils nous laissèrent passer sans anicroche. Je pus alors pénétrer dans Telbara.

Mes yeux s'agrandirent. Les rues fourmillaient de monde, des hommes croisaient des centaures, des minotaures parlaient à des naga... Emerveillée, je demeurai quelques temps à observer le flux et reflux de toutes ces personnes, si différentes les unes des autres. Il était certain qu'ici, j'allais trouver de quoi satisfaire ma curiosité. Je dus me contenir pour ne pas courir en tous sens et interroger tous ces gens sur leurs histoires et leurs connaissances. Trépignant sur place, je me tournai vers Harzhan:

Maïlinya : C'est merveilleux! Il y a tellement de gens, et c'est immense! Vous savez où trouver une auberge?

Je savais que beaucoup d'êtres allaient dans les auberges non seulement pour se loger, mais aussi pour s'abreuver ou se nourrir et que, de ce fait, ces auberges étaient des lieux de sociabilité. Si je voulais rencontrer des personnes, c'étaient des endroits idéaux.
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Message  Harzhan Sam 29 Aoû 2015 - 21:31

Harzhan la regardait toujours avec cet air faussement soucieux peint sur le visage, elle tentait de reprendre ses repères, et semblait réfléchir. Il se demanda si elle n’avait pas deviné sa supercherie, qu’elle savait pour l’autre et lui. Mais visiblement ses doutes semblaient infondés, elle ne fit rien, lui dit simplement qu’elle allait bien, et ils se remirent en route. Les portes de Telbara étaient massives, et ils n’étaient pas les seuls à s’y rendre. Ils rejoignirent un flot dispersé de personnes marchant vers les portes. Cela arrangeait Harzhan, les chances d’être repérés ainsi étaient plus faibles.

Ils approchèrent des gardes qui surveillaient les allées et venues des passants. Harzhan fit profil bas, il n’avait jamais eu aucun problème pour ça, les gardes ne faisaient jamais attention à lui. Il espérait que Maïlinya ne se ferait pas repérer, mais ils étaient à Telbara, là où la tolérance prône. Aussi ils n’eurent aucun souci à passer les portes.

Si Tacomnal était une ville gigantesque, Telbara était bien plus impressionnante. Il était habitué aux grandes villes, mais celle-ci était gigantesque. Mais ce qui le frappa le plus, c’est de voir toutes ces races réunies, en liberté, sans esclaves. Oui, cette ville était très cosmopolite, avec des minotaures, des centaures, des hommes-lézards… Il gardait néanmoins son sang-froid, ce qui n’était pas le cas de Maïlinya, qui semblait émerveillée. Elle regardait de tous côtés, des étoiles dans les yeux. Mais pour cette fois, il la comprenait, car cette ville était digne de cette réaction.

"C'est merveilleux! Il y a tellement de gens, et c'est immense! Vous savez où trouver une auberge?"
"Je pense qu’il y en a un peu partout. Il nous suffit d’en chercher une qui te convient pour… Les arbres."

Ils se mirent à marcher dans les rues bondées, à la recherche d’une auberge convenant. Ils traversèrent un parc, du moins un petit parc. Juste à côté, ils trouvèrent une auberge, nommée l’agneau farci, du nom de la spécialité de la maison a priori. Harzhan se tourna vers Maïlinya, un peu agacé et fatigué par leur recherche.

"Ça te va ici ?"
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Message  Maïlinya Lun 31 Aoû 2015 - 13:40

"Je pense qu’il y en a un peu partout. Il nous suffit d’en chercher une qui te convient pour… Les arbres."

Il m'entraîna à travers la foule cosmopolite. Nous marchâmes un moment, parcourant plusieurs rues, puis nous traversâmes un petit espace arboré. Il y avait donc bien quelques arbres dans la ville. J'en étais soulagée. Dans le pire des cas, si nous ne trouvions pas d'auberge, je pourrais monter dans un arbre, ici, et y dormir, comme je le faisais dans la forêt. Je ne considérais toutefois pas cette option très longtemps, puisque, à peine sortis du petit parc, Harzhan me désigna une porte surmontée d'une enseigne indiquant "l'agneau farci".

"Ça te va ici ?"

Je pus distinguer un certain agacement dans sa voix. Sans doute était-il fatigué. Après tout, cela faisait longtemps qu'ils marchaient et, étant un humain, il avait sans doute besoin de sommeil. Je lui adressai un grand sourire en répondant:

Maïlinya : C'est parfait!

En effet, l'auberge se trouvant juste à côté du petit parc où poussaient quelques arbres, c'était l'endroit idéal pour moi. Impatiente, je poussai la porte pour pénétrer dans les lieux. Aussitôt, je fus assaillie par un flot d'odeurs et de bruits. Assis à des tables, des personnes de toutes races mangeaient ou buvaient, tout en conversant bruyamment. Certains ne semblaient pas vraiment dans leur état normal, ils riaient fort et n'avaient plus l'air de maîtriser très bien leur corps, faisant des mouvements maladroits, ce qui leur faisait parfois renverser un peu du contenu de leurs verres. J'avais déjà entendu parler de cet état, qui, si je me souvenais bien, était dû à une grande consommation de certaines boissons.

Je me retournai vers Harzhan, interrogative.

Maïlinya : Comment faut-il faire pour pouvoir dormir ici?

Il me semblait qu'il fallait donner de l'argent pour pouvoir prétendre à cela, mais je n'en étais pas certaine. Ne possédant rien, je me demandais si les propriétaires des lieux accepteraient des baies en échange. J'avais également toujours sur moi quelques plantes aux effets médicinaux. Peut-être cela pourrait-il servir.
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Message  Harzhan Lun 31 Aoû 2015 - 18:48

Il était fatigué, autant par le manque de sommeil que par l’attitude enfantine de Maïlinya qui s’émerveillait devant absolument tout. Il devait la comprendre tout de même, elle n’avait sans doute jamais vu de ville humaine. Encore une fois, elle lui fit un grand sourire lorsqu’il lui demanda si l’auberge qu’ils avaient fini par trouver lui conviendrait. Ces sourires étaient désarmants d’innocence, mais aussi irritants par leur candeur mal placée. Elle n’avait toujours pas l’air de savoir à qui elle avait à faire, et pourtant elle était détendue en sa présence, là où tous se sentaient menacés, et dans un sens, il ne savait pas réellement ce que cette attitude lui inspirait : énervement ou bonheur.

"C'est parfait!"

Ils entrèrent donc dans le bâtiment, qui était bondé. En temps normal, Harzhan aurait choisi un lieu moins fréquenté, mais avec la dryade, dont il ne voulait pas se séparer à cause de l’autre, il devrait faire avec. La salle principale était encore plus bondée que toutes celles des auberges qu’il avait jamais vues. Une fois n’est pas coutume, Maïlinya semblait aux anges de voir tant de monde. Il y avait beaucoup de personnes déjà ivres, et d’autres qui le seraient dans peu de temps. Maïlinya le tira de ses pensées.

"Comment faut-il faire pour pouvoir dormir ici?"

Il se contint difficilement, bien sûr elle n’en savait rien puisqu’elle n’avait jamais mis les pieds hors de la forêt, mais cela impliquait qu’elle n’avait rien, pas un sou pour payer. Harzhan, lui, avait largement assez d’argent obtenu grâce à ses contrats d’assassin, mais cela le dérangeait de payer pour la dryade. S’il y consentit, c’était pour ne pas se séparer de l’autre. Il amena Maïlinya au comptoir et demanda une chambre pour deux. On lui en donna les clés et il paya, puis se tourna vers la dryade.

"Ne t’en fais pas, tu me rembourseras un jour."

Il pensait bien évidemment aux contrats qu’il remplirait avec l’autre, si elle était d’accord. Ils montèrent à l’étage. La chambre était plus grande qu’il n’était habitué, puisqu’il ne prenait que des chambres simples. Il y avait deux lits, et du mobilier simple et bon marché, mais l’endroit serait suffisamment confortable pour la durée de leur séjour. Il s’assit sur un lit et enleva sa ceinture à laquelle pendaient ses lames pour les poser à proximité. Il s’estimait en sécurité avec Maïlinya, car même si l’autre voulait tenter une chose contre lui, Maïlinya ne l’accepterait pas. De plus, l’autre défendait Maïlinya, donc elle n’aurait pas de raisons de sortir gratuitement.

"Bien, on va passer la nuit ici. Tu as des choses particulières à faire demain ? J’ai mes propres affaires à régler."

Il entendait trouver des contacts, des contrats, s’imposer auprès des bandits locaux, toutes ces choses qu’il faisait en arrivant dans une ville. Mais Telbara n’était pas une simple ville, la tâche serait ardue. Il aurait peut être besoin de l'autre, mais ne voulait pas la faire sortir de lui même car Maïlinya s'en rendrait compte, et il voulait garder leur collaboration secrète. Mieux valait laisser la dryade hors de ça.
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Message  Maïlinya Lun 31 Aoû 2015 - 21:30

Harzhan sembla, si cela était possible, encore plus glacial. Il m'entraîna devant le comptoir, et demanda une chambre de deux au tenancier, puis échangea des pièces contre des clefs. Je me sentis quelque peu gênée de le laisser payer pour nous deux... Mais, comme je n'avais absolument pas d'argent, je ne pouvais faire autrement. Mon compagnon se retourna vers moi, et me rassura:

"Ne t’en fais pas, tu me rembourseras un jour."

J'acquiesçai, et balbutiai un "merci" timide. Je comptais bien m’acquitter de la dette que je venais de contracter. Il pouvait compter sur moi pour le guérir à la moindre blessure qu'on lui ferait.

Nous empruntâmes des escaliers pour nous rendre à l'étage, où les chambres étaient situées. Harzhan ouvrit la porte de la nôtre, et je découvris une pièce meublée de deux lits et de quelques objets dont je ne connaissais pas toujours l'utilité. Tandis que je détaillais les lieux, Harzhan se débarrassa de ses armes, avant de m'adresser la parole:

"Bien, on va passer la nuit ici. Tu as des choses particulières à faire demain ? J’ai mes propres affaires à régler."

Je réfléchis un instant. J'avais en effet de nombreuses choses à faire. Il faudrait que je trouve une bibliothèque, afin de me plonger dans les nombreux savoirs que contenaient les livres. Je pouvais également me mêler aux clients, en bas, afin de rencontrer des membres de plusieurs races. Il serait très intéressant de passer un peu de temps dans ce lieu d''échange. Il me fallait aussi trouver un marché, afin de voir ce que les humains et les autres races y échangeaient. Peut-être pourrais-je m'y faire un peu d'argent et payer la dette que je devais à Harzhan!

Maïlinya : Oui, j'ai plein de choses à faire! La ville est tellement grande et vivante, je ne sais même pas par où ni par quoi commencer.

Je ne le questionnai pas sur ses affaires. Il était visiblement un être assez secret, qui n'aimait pas parler de lui, et je ne désirais pas le mettre mal à l'aise.
Je me tournai vers l'autre lit que celui dans lequel il s'était assis et le tâtai de la main. C'était vraiment étrange. Moi qui étais habituée à l'écorce d'un arbre, ou à un sol herbeux... Ça s'enfonçait sous la main. Je me mis dos au lit, puis me laissai basculer d'un seul coup. Je m'enfonçai légèrement, puis sentis une surface plus dure. Me retournant sur le ventre, je reniflai le couchage... qui n'avait pas du tout l'odeur à laquelle j'étais habituée.

Je relevai les yeux vers Harzhan, et lui fis remarquer:

Maïlinya : C'est la première fois que j'essaierai de dormir dans un lit.

J'avais précisé "essayer", car je n'étais vraiment pas certaine d'y parvenir. Comme je dormais par plaisir, je le faisais lorsque j'en avais envie, ce qui n'était pas vraiment le cas ; j'avais tellement plus envie de partir explorer la ville! Mais, en pleine nuit, cela serait sans doute inutile, puisque les autres êtres, eux, avaient besoin de dormir. Il allait donc bien falloir que j'essaie.
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Message  Harzhan Mer 2 Sep 2015 - 16:40

Il s’installait en silence, alors que la dryade semblait avoir des idées plein la tête et des étoiles dans les yeux. La ville l’enchantait, elle semblait heureuse de s’y trouver. Pour lui qui avait grandi dans les rues, qui savait la face cachée de chaque ville, il connaissait les horreurs qu’on pouvait y trouver. Aussi il ne comprenait pas qu’on puisse tant s’émerveiller sur la belle face apparente qu’une cité peut offrir à la vue. Mais Maïlinya n’avait jamais vu de ville, et elle risquait d’apprendre à ses dépens qu’un tel rassemblement de personnes n’offre pas que de bonnes choses.

"Oui, j'ai plein de choses à faire! La ville est tellement grande et vivante, je ne sais même pas par où ni par quoi commencer."

Il esquissa un sourire malgré son habituelle froideur. Dans un sens, cette candeur le touchait, elle lui rappelait son enfance avant qu’il ne devienne un assassin, et avant qu’il ne découvre le vice caché dans chaque homme. Elle donnait l’air de ne même pas connaitre les lits, ce qui n’était guère surprenant car elle devait dormir souvent à même le sol, dans l’herbe ou sur un arbre. Au moins, Harzhan avait toujours l’autre avec lui, et il se demandait quel profit il pourrait tirer d’une telle collaboration.

"C'est la première fois que j'essaierai de dormir dans un lit."
"De toute façon, tu ne dors pas non ? Mais tu verras, les lits sont assez confortables quand on prend le temps de s’allonger."

Sur ce, il s’allongea et ralentit sa respiration. Il tenta un long moment de dormir mais n’y parvint pas, il était trop excité par cette nouvelle ville et son lot de cibles potentielles. Il se releva et remit ses armes à sa ceinture puis se prépara à sortir. Il allait de suite chercher des informations et pourquoi pas tuer quelqu’un. Il regrettait de ne pas être accompagné de l’autre, mais Maïlinya ne devait pas être mise au courant de cette relation.

"Je sors, je reviendrai plus tard. Essaye de te reposer, de toute façon tout doit être fermé."
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Message  Maïlinya Jeu 3 Sep 2015 - 13:11

"De toute façon, tu ne dors pas non ? Mais tu verras, les lits sont assez confortables quand on prend le temps de s’allonger."

Je pris quelques secondes pour réfléchir, et lui répondis alors qu'il s'était allongé dans son propre lit.

Maïlinya : Je dors... Si je veux. Mais peut-être pas de la même façon que vous. C'est peut-être plutôt une sorte de méditation. Mais je ne sais pas si j'en serai capable, ici.

Je m'allongeai comme il le fallait dans le lit, et me mis à fixer la pénombre au dessus de moi. L'absence immédiate de végétaux m'empêchait de m'apaiser suffisamment pour déconnecter mon esprit. Il était si difficile de demeurer ici, alors que j'avais tellement hâte de sortir. Je focalisai mon attention sur le seul bruit présent dans la chambre : la respiration de Harzhan. Celle-ci s'était ralentie. Sans doute dormait-il.

Toutefois, je m'étais sans doute trompée puisque, soudain, il se leva et se mit à faire du bruit. Je m'assis dans le lit, intriguée. Que faisait-il donc? Avait-il également du mal à trouver le sommeil?

"Je sors, je reviendrai plus tard. Essaye de te reposer, de toute façon tout doit être fermé."

Sur ces mots, il quitta la chambre, et la porte se referma derrière lui. Allons bon. Ne voulait-il pas dormir? Ou bien s'était-il soudain souvenu d'une chose urgente à faire? Je descendis du lit et fis quelques pas dans la chambre. Maintenant que j'étais seule, celle-ci m'angoissait un peu. Je n'étais pas habituée à ce genre d'endroit, et être enfermée entre ces quatre murs me semblait soudain oppressant. Lorsque Harzhan était là, sa présence m'avait empêchée d'y faire attention... Mais là, la sensation d'être piégée me prenait à la gorge.

Je me dirigeai vers la porte et, doucement, l’entrebâillai. Je jetai un coup d'oeil dans le couloir et, le trouvant vide, je sortis avant de refermer derrière moi. Je descendis l'escalier le plus discrètement possible, et finis par déboucher dans la salle qui avait été peuplée de monde à notre arrivée. Elle était désormais vide. Je la traversai et empruntai la sortie. L'air de la nuit me soulagea aussitôt. La nuit avait une odeur particulière, très agréable à respirer. Elle était légèrement différente ici, en ville, mais gardait tout de même quelque-chose en commun, comme une variation dans un morceau de musique garde tout de même des éléments rappelant le thème. Je fus quelque-peu déçue de ne pas trouver Harzhan. S'il avait été là, non loin, j'aurais pu le suivre discrètement. Il était tellement amusant de suivre quelqu'un en cachette, puis de soudain lui sauter dessus! Quoique, lui ne l'aurait sans doute pas très bien pris. Mais, au moins, j'aurais pu voir ce qu'il était parti faire. Il éveillait ma curiosité, avec tous ses mystères. Mais visiblement, mon compagnon de voyage s'était déjà évaporé dans la nuit.

Je me tournai de tous côtés, pour voir quelle direction prendre. Finalement, j'avançai vers le parc, afin de saluer les arbres au passage. Guillerette, je me mis à chantonner un petit air. J'allai commencer à découvrir la ville!
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Message  Harzhan Jeu 3 Sep 2015 - 18:43

Il marchait tranquillement dans les rues, encapuchonné pour ne pas qu’on voit son visage. Il cherchait des gens susceptibles de lui servir d’informateurs pour ses futurs contrats. Il croisait des vagabonds et des gens ivres rentrant des auberges, mais rien qui l’intéresse. Sous sa cape, on ne voyait pas ses lames, il était aussi silencieux qu’une ombre. Il arriva dans une ruelle où semblaient se réunir trois personnes un peu alcoolisées, et certainement pas très en règle. Il devait s’agir de bandits de petite envergure. Il s’approcha jusqu’à ce qu’un des hommes le remarque.

"Hé ! Tu d’vrais pas êt’la toi ! Vaut mieux qu’tu rebrousses chemin !"
"Sinon ?"

Il continua d’avancer, jusqu’à ce que les hommes sortent leurs armes, des couteaux assez discrets. Rien de bien inquiétant pour lui, qui sortit doucement une seule de ses lames de son fourreau. Ces hommes devaient certainement connaître plus de choses que lui sur la ville, aussi il allait avoir besoin d’eux vivants, ce qui augmentait leurs chances de survie. En un éclair, il dévia un coup d’estoc et asséna un coup de poing en pleine figure du premier homme. Sans ralentir, il fit un balayage bas de sa lame qui entailla la jambe du second avant qu’il puisse se mettre complètement hors de portée. Enfin, il saisit le troisième et le plaqua contre un mur.

"Je veux simplement des informations, quand je les demanderai. Vous serez capable de m’en fournir ? cela augmentera votre durée de vie."
"Mec ! Déconne pas ! On connait plein d’choses nous ! On vit ici alors on connait ! C’quoi ton nom ?"
"Pas de noms. Je pourrai toujours vous trouver ici ?"
"Dans l’coin ouais, mais Telbara c’est vachement grand, on peut pas tout savoir hein !"
"Je m’en contenterai."

Il lâcha l’homme terrifié alors que les deux autres se relevaient, l’un tenant toujours sa jambe qui saignait assez abondamment, l’autre tenant son nez ensanglanté. Sans rien rajouter, il partit dans la nuit. La terreur était la meilleure des armes contre de telles personnes. Il allait continuer sa route dans les rues. Des femmes aux mœurs légères l’abordèrent mais il ne jeta même pas un regard, il avait un seul objectif. Mais la fatigue commençait à le reprendre, il devait rentrer. Il espérait que Maïlinya ne lui poserait pas de questions, il détestait les gens trop curieux. Il marchait seul dans une rue déserte, un lieu idéal. Un homme saisit sa jambe et le tira de ses pensées, par réflexe, il tira sa lame, et en un revers rapide, ouvrit le crâne de malheureux mendiant trop entreprenant. Il regarda froidement le corps, il se fichait pas mal d’avoir tué quelqu’un, ce n’était pas la première fois. Il essuya sa lame.

Il se figea alors en relevant la tête, il y avait quelqu’un d’autre dans la ruelle, un témoin potentiel. Ce n’était qu’une ombre dans la nuit à cette distance, peu de chances que cette personne l’ait identifié d’aussi loin, mais elle l’avait vu faire. Il garda sa lame hors de son fourreau, attendant une réaction de l’inconnu.
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Message  Maïlinya Ven 4 Sep 2015 - 19:12

Dans le parc, les arbres étaient paisibles, leurs feuilles qui s'agitaient doucement dans la légère brise murmuraient de mystérieux secrets. Je m'approchai de l'un d'entre eux et posai une main sur son tronc en fermant les yeux. Son écorce était agréable au contact et je sentis un calme immense descendre en moi. Ici, j'aurais été capable de me reposer. Mais j'avais prévu de faire autre chose, aussi, après avoir coller ma tête quelques minutes contre le tronc de l'arbre pour l'écouter, je quittai le parc et empruntai une rue au hasard. La ville semblait tellement différentes sans toutes ses personnes qui l'avaient parcourue dans la journée! Son vide et son silence étaient d'autant plus évident, après l'affluence et le vacarme qui y avaient régné.

Avisant une personne dans un coin, je m'approchai. C'était une femme, vêtue de vêtements rapiécés, qui était en train de grignoter un bout de pain noir, assise contre un mur. Me voyant venir vers elle, elle leva de grands yeux, l'air effrayé. Je m'immobilisai, ne la quittant pas des yeux. Ses traits étaient tirés, elle semblait épuisée et, maintenant que j'étais plus près, je voyais que sa peau était tendue par des os saillants. Je m'accroupis en face d'elle, pour ne pas l'effaroucher, et lui adressai un sourire rassurant.

Maïlinya : Attendez-moi ici, je reviens.

Je me détournai d'elle et partis en courant vers les arbres. Là, j'en approchai un qui portait des mirabelles dans ses branches. Après lui avoir expliqué la situation, je me permis d'en prendre autant que je pouvais en porter et rejoignis la femme en marchant plus lentement, puisque je portais les fruits en tendant le tissu de ma robe afin de former une sorte de toile dans laquelle je les avais posés. Je la retrouvai à la même place, et m'agenouillai en face d'elle, de façon à lui présenter ma cueillette.

Maïlinya : Prenez-les, c'est pour vous!

Et, pour lui montrer que j'étais de bonne foi, je prélevai une mirabelle, dans laquelle je croquai. Elles étaient bonnes, bien mûres. Prudemment, la femme avança une main, se saisit d'un fruit, et le porta à sa bouche, tout cela sans me quitter des yeux. Elle se méfiait. Mon sourire dut la convaincre, car elle finit par mordre dans le fruit. Elle sembla apprécier et le mangea en entier, recrachant le noyau avant d'en prendre un second. Amenant le bord de ma robe contre la mince couverture qui recouvrait ses jambes, je fis rouler les fruits sur elle, puis me relevai doucement.

Maïlinya : Si vous avez de la famille, partagez-les avec eux. Et n'hésitez pas à venir me trouver à l'auberge de l'agneau farci si vous avez besoin de quoi que ce soit. Je suis une shaman - une druide- donc je peux vous guérir si jamais vous souffrez de quelque-chose.

Je lui adressai un dernier sourire, puis la laissai manger ses fruits. Alors que je m'enfonçais dans la rue, je l'entendis murmurer un remerciement. Quelques rues plus loin, je m'arrêtai, afin de réfléchir à ce que je venais de voir. Personne ne donnait donc jamais à manger à cette pauvre femme, pour qu'elle soit si craintive devant ma réaction? Comment pouvait-on laisser des gens mourir de faim ainsi? L'image de ses os saillants sous sa peau m'avait vraiment peinée. Si je le pouvais, je me procurerais des habits pour les lui donner, afin qu'elle puisse se vêtir un peu plus chaudement pour la saison froide.

Continuant ma route, je m'engageai dans une rue sombre. Une masse, dans la même position que la femme que j'avais vue, attira mon attention. Un autre affamé? Mais avant que j'ai eu le temps d'avancer vers l'être, une silhouette passa en marchant. La masse sombre étira un bras pour saisir une des jambes du promeneur... et s'effondra au sol dans un borborygme d'agonie. J'avais à peine eu le temps de voir la silhouette du marcheur faire un mouvement vers la tête de celui qui s'était agrippé à sa jambe et de discerner l'éclat d'une lame. Je retins un hoquet de frayeur, eut un mouvement de recul. La silhouette, sans doute alertée par mon geste, se tourna vers moi, puis s'immobilisa.

Je reculai derechef, mais mon dos buta contre un mur. Mon pouls s'était précipité, et je sentis l'autre répondre à l'alerte qu'envoyait mon corps. Je la repoussai, et, à ma grande surprise, elle n'insista pas, se contentant de me dire:

L'autre: Nous sommes aussi un loup, et il est plutôt pratique dans ce genre de situation...

Pas bête. Trop effrayée, je n'y avais pas pensé. Je me glissai dans la peau du loup et, dans un réflexe animal, retroussai mes babines pour dévoiler mes crocs... Avant de me figer. Sous cette forme, mon odorat était assez sensible. Et ce flair lupin venait de reconnaître une odeur familière. Mon coeur fit un bond dans ma poitrine. La silhouette qui se tenait en face de moi... N'était autre que Harzhan. Je me retransformai aussitôt et balbutiai:

Maïlinya : Ha... Harzhan?
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Message  Harzhan Ven 4 Sep 2015 - 20:27

Il se dirigeait en marchant posément vers la silhouette quand celle-ci se changea en loup. Il resserra sa prise sur son arme, il ne connaissait qu’une personne capable de se changer en loup, mais il doutait qu’une coïncidence pareille puisse arriver. Si c’était vraiment Maïlinya, il espérait que c’était l’autre qui avait pris les commandes. Elle ne devait pas savoir, et il craignait sa réaction. Non pas qu’il avait peur d’elle, mais si elle s’éloignait de lui, l’autre aussi disparaitrait. Il en eut la confirmation lorsque le loup reprit forme humaine un peu plus près de lui.

"Ha... Harzhan?"

Il était repéré, elle savait à présent, et fuir ne servirait à rien. C’était donc certainement Maïlinya qui commandait, elle allait donc savoir pour lui, et il n’aimait pas la tournure que prenaient les évènements. Tenter de fuir était inutile, elle avait dû le sentir de loin pour pouvoir donner son nom à l’aveugle. Il gardait son épée sortie, hésitant entre se débarrasser d’elle, car il ne doutait pas de pouvoir y parvenir, ou tenter une approche plus diplomatique. Il opta pour la seconde option, espérant qu’il se montrerait suffisamment convainquant.

"Maïlinya ! cet homme m’a agressé ! il a dit vouloir ma peau alors je me suis défendu… Je… Me promenais, c’est tout !"

Il avait pris un air faussement paniqué, il espérait aussi que l’autre l’aiderait à se couvrir, car si la dryade fuyait, ils ne se reverraient jamais. Si elle pensait à prévenir les gardes, il n’hésiterait pas à la tuer.
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Message  Maïlinya Sam 5 Sep 2015 - 13:23

"Maïlinya ! cet homme m’a agressé ! il a dit vouloir ma peau alors je me suis défendu… Je… Me promenais, c’est tout !"

Agressé? J'écarquillai les yeux. Ce n'était pas du tout l'impression que j'avais eu. Bien sûr, j'avais pu ne pas entendre la menace. Mais quand bien même... Le pauvre homme semblait inoffensif. Je m'approchai du corps, que j'allongeai sur le dos. Il avait le même air de faiblesse que la femme que j'avais croisée, comme si la vie et ses souffrances avaient pompé toute la force qu'il avait pu avoir en lui. Je me retournai vers Harzhan et lui fis remarquer, des larmes dans la voix:

Maïlinya : Il était si faible... Il n'aurait pu causer le moindre mal.

Il était vrai qu'il avait eu ce geste de s'agripper à mon compagnon. L'avait-il menacé? J'avais envie de croire Harzhan, même si cela me semblait assez... étrange. Quoique l'homme, peut-être délirant de faim, avait pu se montrer agressif avec un passant n'apportant pas le moindre regard à sa misère. Peut-être que la douleur de ne jamais manger à sa guise l'avait rendu fou. Mais, même dans ce cas, le geste de mon compagnon de route ne s'expliquait pas. Comment avait-il pu ôter si froidement la vie à une pauvre créature souffrante? Son geste avait été si rapide... Comme un réflexe, à peine calculé. Qui pouvait bien répondre par la mort de façon aussi immédiate, presque automatique? A peine s'était-il senti agressé qu'il avait riposté en élimant la personne. Un geste qui me semblait démesuré. Un geste fou par sa disproportion et son immédiateté.

Maïlinya : Tu es fou...

L'autre s'agita en moi, et j'eus soudain envie de rire, avec son rire à elle. C'était bien à moi de parler de folie. L'autre aurait sans doute réagi de même façon, peut-être même sans besoin de la menace orale. La simple pression d'une poigne autour de ma jambe... l'aurait sans alertée. Elle aurait pu riposter de même façon, avec la rage en plus, à l'idée que quelqu'un me saisisse. J'étais vraiment mal placée pour juger. J'ignorais ce que Harzhan avait vécu. Mais il n'avait sans doute pas eu une vie semblable à la mienne, à courir les bois en toute quiétude. Il avait sans doute traversé des épreuves, pour acquérir ce regard si vide de tout sentiment, cet air glacial. Sa survie avait pu dépendre de sa capacité à se défendre... et de telles épreuves laissaient des marques, sans doute indélébile. Il avait sans doute son propre fardeau. Etait-ce à moi de critiquer son geste, lorsque l'autre me hantait?

Maïlinya : Mais je... Suis mal placée pour parler.

Je reportai mon regard sur le mort. Qu'allais-je faire de lui?

Maïlinya : Comment les humains prennent-ils soin de leurs morts?

Je fermai délicatement les paupières de l'homme, puis relevai la tête pour attendre la réponse de Harzhan.
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Message  Harzhan Sam 5 Sep 2015 - 18:42

Bien sûr, comme il s’y attendait, elle ne comprenait pas. Ce n’était guère surprenant, mais il aurait préféré apprendre que c’était l’autre aux commandes du corps. Son alibi ne tenait pas la route, elle s’en était sans doute rendu compte, et allait donc peut-être fuir. Il resserra sa main sur sa lame, prêt à en finir avec la dryade trop curieuse, qui s’était trouvée au mauvais endroit au mauvais moment. Si ça avait été quelqu’un d’autre, il n’aurait pas hésité, mais là c’était Maïlinya, qui cachait l’autre en elle.

"Tu es fou..."

Sur le coup, il faillit en finir immédiatement, surtout qu’il savait pour l’autre. Maïlinya avait un sérieux problème mental, de quel droit se permettait-elle de traiter les autres de fous ? Harzhan crut alors voir l’ombre d’un sourire, cruel, celui de l’autre apparaitre nerveusement sur le visage de la dryade. Elle aussi avait dû aimer la répartie mal placée de sa protégée, ça leur faisait un point commun de plus. Elle finit par se contenir et se dirigea vers le corps, passant à côté de Harzhan.

"Mais je... Suis mal placée pour parler."

En effet. C’était sa capacité a toujours réagir promptement aux agressions, cette obsession pour la prudence, qui l’avait maintenu en vie jusque-là, ça et le fait qu’il ne fasse pas d’états d’âme dans son travail. Elle aussi devait avoir vécu pareille chose pour engranger la création de l’autre, mais peut-être était-ce justement l’autre qui avait gardé toutes les séquelles, toute la colère, la haine, la froideur, des épreuves qu’avait dû subir Maïlinya ? Peut-être la dryade continuait-elle de vivre normalement, gaiement, alors que l’autre subissait toutes les choses qu’il avait lui-même subies ? Alors oui, en effet, elle était mal placée pour parler de folie, avec un bouclier pour la protéger de toutes ces horreurs. Elle s’agenouilla près du corps et lui ferma les paupières, encore un geste proprement inutile.

"Comment les humains prennent-ils soin de leurs morts?"
"Ils les enterrent, dans un lieu quelconque. Celui-là n’aura personne pour le pleurer de toute façon."

Si ça n’avait tenu qu’à lui, il aurait laissé le corps. Pas de traces, pas de témoins à part Maïlinya, il n’y aurait pas d’enquête. Mais il devait endormir la méfiance de la dryade une fois encore, alors ils transportèrent le corps jusqu’à l’extérieur de la ville, en prenant bien garde à ne pas attirer l’attention. Les rues étaient presque désertes à cette heure et ils avançaient rapidement. Ils enterrèrent le corps dans un parc désert à cette heure. Tout cela était proprement inutile, mais il devait le faire pour qu’elle se taise. Quelque chose attira alors son attention, à travers les brumes nocturnes, on distinguait une lumière vacillante de torche. La voix d’un homme s’éleva.

"Hé vous ! Que faites-vous là ?!"
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Message  Maïlinya Sam 5 Sep 2015 - 20:56

"Ils les enterrent, dans un lieu quelconque. Celui-là n’aura personne pour le pleurer de toute façon."

Cela était sans doute vrai, et fort triste. Cet homme avait dû se sentir si seul, si désespéré de devoir traverser par ses uniques moyens l'épreuve de la pauvreté et de la faim qu'elle induisait, sans personne pour le soutenir. Au moins nous devions-nous de lui offrir une sépulture décente, et non pas le laisser là, contre le mur, dans cette rue sombre.

Harzhan m'aida à me saisir du corps afin de le transporter ailleurs. Après avoir marché quelques temps dans les rues, nous trouvâmes un parc, dans la terre duquel nous creusâmes, afin de faire un trou. Puis nous y déposâmes le corps. Tout en rebouchant avec de la terre, je jetai avec le corps quelques feuilles mortes, afin qu'il soit moins seul dans sa tombe. Bientôt, elles comme entameraient leur processus de décomposition et contribueraient ainsi à la survie d'autres êtres.

Une fois l'homme enterré, je me redressai. Je me demandais si Harzhan m'en voulait d'avoir dû porter le corps de cet homme au travers de la ville. Mais il lui devait bien ça. J'eus une pensée pour la femme que j'avais nourrie. Mourrait-elle également dans l'anonymat, sans autre témoin que la personne responsable de sa mort, et se verrait-elle enterrée sans personne pour se souvenir d'elle. Ou, pire, n'aurait-elle pas même droit à une sépulture? J'espérais que non.

Alors que j'essuyais mes mains pleines de terre sur ma robe, je vis Harzhan tourner brusquement la tête et se tendre. Je tournai les yeux vers l'endroit où s'était fixé son regard, et discernai une lumière tremblotante, comme en produisaient les flammes. J'eus à peine le temps de me questionner sur ce phénomène qu'une voix trouait le silence nocturne.

"Hé vous ! Que faites-vous là ?!"

Je me tournai vers Harzhan. La terre retournée était encore bien visible à nos pieds. Avait-on été observés? Cela nous mettait-il en danger? J'avais bien envie de répondre à notre interlocuteur, mais je craignis que ma réaction ne satisfasse pas Harzhan. Après tout, j'ignorais totalement comment il était indiqué de se comporter dans ce genre de situation. J'attendis donc sa réaction en essayant de sonder ses yeux - sans succès, son regard étant toujours aussi vide et froid.
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Message  Harzhan Sam 5 Sep 2015 - 23:23

Que faire ? Ils étaient coincés. L’homme ne les avait pas encore bien vus, mais s’ils fuyaient maintenant, il alerterait la garde. C’était néanmoins un risque à prendre, ils avaient toujours des chances de leur échapper. La seconde option était le mensonge, mais si l’homme s’approchait, non seulement il les verrait, mais il risquait de découvrir la terre retournée. La troisième option était de le tuer lui aussi. Cette fois il n’y aurait pas de témoins, pas d’enquête, et en jouant assez finement, il pourrait même faire passer le meurtre pour un suicide commis après avoir enterré sa première victime. Cette option était de loin sa préférée, mais elle était irréalisable avec Maïlinya à côté. Elle saurait alors sa vraie nature d’assassin.

Justement, Maïlinya le regardait. Elle attendait qu’il lui donne une échappatoire, une manière d’agir. Elle se méfiait de ses actions, et même si cela signifiait qu’elle devait se douter de quelque chose, au moins cela avait le mérite d’être intelligent. Bien sûr elle devait mourir d’envie d’aller discuter avec l’inconnu, mais si elle le faisait, elle était bonne pour la prison. Il n’y avait qu’un moyen envisageable, et qui lui plaisait plus que les autres de s’en sortir. L’homme se rapprocha et tira une arme, il était lui-même garde de la ville, ou au moins milicien. L’acier luisait sous la lune.

"Dites-moi ce que vous faites là immédiatement !"

Il avait parlé fort et en se rapprochant, c’était le genre d’ouverture que Harzhan cherchait. Son attitude était assez menaçante, et il était armé. Il espérait que ce serait suffisant pour faire émerger l’autre, alors ils pourraient s’amuser un peu avec lui. Mais un rapide coup d’œil à la dryade lui montra qu’elle était toujours aux commandes. Ce n’était pas assez, mais si l’homme se rapprochait trop, il devrait agir, Maïlinya ou non, et alors il serait découvert. Il tenta alors le tout pour le tout, il voulait stimuler l’autre pour qu’elle sorte, sans montrer rien de suspect à Maïlinya.

"Là, je crois qu’on est vraiment mal Maïlinya. S’il approche, il nous arrêtera et il nous jettera en prison pour ce meurtre, et toi avec moi pour complicité. Il ne cherchera pas à comprendre, pendaison pour nous deux."

Si l’autre émergeait, il pourrait agir librement, et pourquoi pas profiter de sa présence pour discuter encore. Si la dryade restait aux commandes du corps, il devrait se dévoiler à elle, et donc il devrait aviser de ce qu’il ferait d’elle par la suite.
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Message  Maïlinya Dim 6 Sep 2015 - 14:55

La flamme, se rapprochant, laissa voir une lanterne que tenait un homme. Ce dernier tira une lame avant de nous apostropher:

"Dites-moi ce que vous faites là immédiatement !"

Son ton était dur. Avions-nous une chance de nous en tirer par des explications? Ou de partir en courant?
L'autre s'agitait. Elle voulait sortir.

Maïlinya : Mais laisse-moi tranquille...

Je commençais à paniquer, et mon ton laissait transparaître à la fois de la peur et une supplique.

L'autre : Tu ne peux pas fuir. Il faut se battre. Laisse-là s'en charger.

Je tremblai. Je savais qu'elle avait raison. J'avais besoin de son aide.

Maïlinya : Mais je... Et Harzhan?
L'autre : Ne t'inquiètes pas pour lui. Elle ne lui fait pas de mal.


Il était vrai que, pour le moment, je devais admettre que j'avais eu raison de faire confiance à l'autre sur ce point. Et puis, Harzhan semblait d'ailleurs tout à fait capable de se défendre d'elle...

Maïlinya : Fais quand même attention à toi. Il est peut-être dangereux.
L'autre : Elle le sait très bien. Elle ne le laissera pas te faire le moindre mal. Fais-lui confiance.


Bizarrement, ses paroles me rassurèrent. Je me rendis compte que, sur ce point, je faisais confiance à l'autre. Ce qui n'était pas vraiment pour me rassurer. Harzhan, alors que nous discutions, s'était tourné vers moi, et m'apostropha:

"Là, je crois qu’on est vraiment mal Maïlinya. S’il approche, il nous arrêtera et il nous jettera en prison pour ce meurtre, et toi avec moi pour complicité. Il ne cherchera pas à comprendre, pendaison pour nous deux."

Il avait raison. Ils avaient raison tous deux. Je fermai les yeux, et lâchai le contrôle.

Aussitôt qu'elle fut au contrôle, elle adressa à Harzhan son sourire-grimace et se mit en garde, prête à agir. L'homme, qui devait être une sorte de garde, s'approchait, l'épée au claire.

L'autre : Tu penses faire quoi de lui?
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Message  Harzhan Dim 6 Sep 2015 - 17:47

"Tu penses faire quoi de lui?"

Cette phrase rassura Harzhan, et un rapide coup d’œil de côté vers Maïlinya lui révéla immédiatement que ce n’était plus elle, mais l’autre aux commandes du corps. Maïlinya était donc rejetée loin dans son propre esprit, prisonnière du contrôle de l’autre, et ne verrait rien tant que l’autre ne lui céderait pas la place.

"A ton avis ? Ce qu’on fait de mieux toi et moi. J’avais seulement besoin que tu sois là pour voir à la place de Maïlinya, elle n’aurait pas apprécié."
"Hé ! Vous m’entendez ?! Je vais appeler la garde !"
"Non, s’il vous plait ! On était juste en train de… Vous voyez, ma petite-amie et moi…"

Harzhan regarda l’autre et haussa les épaules pour signaler qu’il lui fallait une excuse valable rapidement. Bien sûr, il n’avait jamais envisagé quoi que ce soit avec l’autre, seulement cette excuse passerait mieux qu’une excuse stupide comme prétendre se promener à cette heure. Il espérait que l’homme avait déjà eu à faire à ce genre de personnes, et qu’il comprendrait de quoi il voulait parler. Souvent, quand deux personnes veulent faire ça, et que leurs maisons sont occupées par leur parents par exemple, les parcs, de nuit, font souvent un bon compromis. Harzhan en savait un rayon sur ces pratiques, lui qui vivait dans les rues de nuit, mais en était-il de même pour cet homme ? Peut-être même que ce genre de choses ne se faisait même pas à Telbara.

Quoi qu’il en soit, l’homme baissa sa garde et cessa d’approcher, visiblement peu désireux de percer à travers le brouillard pour assister à ça. Il rangea son épée avant de reprendre d’une voix plus gênée.

"Ah oui… Je vois. Bah la prochaine fois faites ça ailleurs !"

Il se retourna en grommelant quelque chose comme « ces jeunes de nos jours, savent plus où l’faire. » Harzhan n’en attendait pas tant, il se lança silencieusement derrière l’homme et l’égorgea sans un bruit. Le corps tomba au sol dans un bruit sourd alors que Harzhan se retournait déjà vers la dryade.

"Pas de sépulture débile pour lui. J’ai eu mon compte avec Maïlinya. Il faut qu’on parte de suite, par contre, on ne sait jamais."

Il ne se pressa pas pour autant, et s’arrêta de nouveau une fois qu’ils furent à bonne distance de la scène du meurtre. Il se tourna vers l’autre et lui fit un sourire cruel.

"Tant que tu es là, tu as envie de t’amuser un peu ? Ce serait dommage que tu sois venue pour rien."

Plus loin se trouvaient trois silhouettes assises devant un feu de fortune. Décidément, il y avait bon nombre de vagabonds dans cette ville, une aubaine pour deux tueurs un peu sadiques. Il aimait bien la façon de faire de l’autre, et il voulait la tester en quelque sorte, voir si Maïlinya avait quand même un peu d’emprise sur elle. Si elle aimait réellement tuer, elle n’hésiterait pas, alors même que Maïlinya aurait rejeté cette idée de tout son être.

Il s’approcha alors un peu brusquement, prenant le visage de la dryade entre ses doigts, fermement, mais pas avec force. Son visage au sourire mortel, ses yeux glacés, à quelques centimètres à peine de l’autre.

"Et ne t’inquiète pas pour « je », je ne ferai aucun mal à ce joli minois."

Il parlait surtout de ce sourire qu’arborait continuellement l’autre, ce sourire railleur diablement attirant pour un tueur comme lui. Il savait que seule la sécurité de Maïlinya inquiétait l'autre, et qu'elle pourrait mettre fin à leur association si elle pensait qu'il risquait de faire du mal à la dryade.
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Message  Maïlinya Mar 8 Sep 2015 - 22:07

"A ton avis ? Ce qu’on fait de mieux toi et moi. J’avais seulement besoin que tu sois là pour voir à la place de Maïlinya, elle n’aurait pas apprécié."

Elle acquiesça. Il était vrai que "je" aurait sans doute tout fait pour préserver la vie de cet homme. Elle la connaissait, à force. Le pourquoi de ce genre de comportement, en revanche, demeurait un mystère...
L'homme insista, d'un ton menaçant, pour connaître l'impression de leur présence en ces lieux. L'assassin lui répondit alors:

"Non, s’il vous plait ! On était juste en train de… Vous voyez, ma petite-amie et moi…"

Que... ah, sans doute une excuse. Cela n'était pas bête. Endormir la méfiance du garde avant de se jeter sur lui... Harzhan se tourna vers elle en haussant les épaules, confirmant sa déduction. L'homme à la chandelle baissa alors sa garde, les encouragea à ne pas récidiver, puis se détourna en grommelant une phrase sur la façon dont se comportaient les "jeunes". A peine leur avait-il tourné le dos que Harzhan fondit vers lui afin de lui trancher la gorge d'une de ses lames. Le garde s'effondra comme une masse avec de sanglants gargouillis. Presque déçue par la rapidité de l'action, elle fixa de nouveau son attention sur Harzhan, qui revenait vers elle.

"Pas de sépulture débile pour lui. J’ai eu mon compte avec Maïlinya. Il faut qu’on parte de suite, par contre, on ne sait jamais."

Elle avait comme l'impression que "je" l'agaçait... Ce qui l'amusait assez. Il faudrait qu'elle soit plus attentive aux réactions de l'assassin lorsque "je" avait une de ces idées étranges dont elle était la spécialiste... Comme celle de traverser la ville pour enterrer le corps d'un homme inconnu. Elle eut un rictus amusé.

Harzhan la tira de sa réflexion en s'adressant à elle:

"Tant que tu es là, tu as envie de t’amuser un peu ? Ce serait dommage que tu sois venue pour rien."

Quelle proposition alléchante... Elle pencha la tête sur le côté en plissant les yeux de contentement, sourire aux lèvres.

L'autre : Elle a bien envie de profiter de cette belle nuit...

Il s'approcha soudain d'elle et saisit son visage de ses mains tout en vrillant son regard de tueur dans le sien, un froid sourire étirant ses lèvres. Instinctivement, elle manqua de reculer. Elle n'aimait pas qu'on l'approche ainsi. Surtout quelqu'un qui était si efficace au combat. Toutefois, quelque-chose dans son regard lui fit comprendre que ce comportement n'était pas une menace. Elle demeura sur place, le yeux levés vers les siens, tout proches.

"Et ne t’inquiète pas pour « je », je ne ferai aucun mal à ce joli minois."

Le rictus qu'elle arborait s'élargit encore un peu plus. Ainsi, elle n'aurait pas de raison de fuir ou de lutter contre le tueur, et de devoir soudain renoncer à s'amuser en sa compagnie. D'ailleurs, en parlant de s'amuser...

L'autre : Tu as quelques proies en vue? Ce soir, elle se sent une faim... de loup.

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Message  Harzhan Mer 9 Sep 2015 - 13:26

L’autre voulait profiter de sa nuit de liberté, Harzhan ne put qu’approuver sa décision. Ils allaient donc tuer ensemble, gratuitement, pour leur plaisir personnel. L’autre était la seule personne à ce jour avec qui il pouvait tuer librement, et qui approuvait cette manière de s’amuser. Car il s’agissait bien là d’un amusement. Harzhan craignait juste que Maïlinya n’apprenne leurs escapades communes avec l’autre, car jamais elle n’approuverait une telle chose. L’autre le regardait dans les yeux, son sourire cruel s’étirant encore devant l’idée de tuer.

"Tu as quelques proies en vue? Ce soir, elle se sent une faim... de loup."
"Regarde derrière moi, je pense qu’il y aura de quoi assouvir ta faim non ?"

Il sourit de plus belle en la lâchant pour la laisser regarder. Derrière lui se trouvaient trois personnes, à une cinquantaine de mètres, trois sans-abri de cette ville qui tentaient de passer ces nuits, fraiches malgré la saison, au coin d’un feu de fortune. Ils étaient encore éveillés, mais certainement somnolents, des proies faciles avec lesquelles s’amuser. Personne ne les pleurerait, personne ne tenterait de trouver le coupable, et si, comme il le pensait, l’autre prenait sa forme lupine pour les agresser, on penserait à une bête sauvage.

"Tu veux les trois pour toi toute seule, ou bien tu m’en laisses un ? J’ai tué le soldat sans te laisser t’amuser, alors le choix t’appartient."

Il ne laissait que rarement ses proies à quelqu’un d’autre, mais il se disait que l’autre apprécierait le geste. Il voulait aussi voir si Maïlinya gardait une influence quelconque sur le comportement de l’autre. S’il se disait que l’autre ne le trahirait pas, Maïlinya en serait capable. Il n’aimait pas le comportement de la dryade, trop idéaliste, mais il devait faire avec. Il se retourna vers leurs proies, posa les mains sur les gardes de ses lames, et attendit que l’autre réponde. Il écoutait les bruits dans les rues, au cas où, mais rien ne filtrait. La nuit serait sanglante.
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Message  Maïlinya Sam 12 Sep 2015 - 13:29

Il s'écarta pour lui désigner, derrière lui, trois personnes rassemblées autour de la lueur d'un feu. Elle pencha la tête, pensive. Ces humains, sans doute des personnes dépourvues de toit, comme celle que "je" avait aidé plus tôt, allaient sans doute être aisées à tuer. C'était moins drôle, puisqu'il n'y avait dans ce cas aucun défi. Elle aimait bien voir ses proies résister, se débattre, voire la mettre en difficulté... Mais il ne fallait sans doute pas faire la fine bouche. Et elle pourrait les effrayer, voir s'allumer la délectable lueur de la peur dans leur regard...

"Tu veux les trois pour toi toute seule, ou bien tu m’en laisses un ? J’ai tué le soldat sans te laisser t’amuser, alors le choix t’appartient."

Le tueur se montrait bien généreux. Peut-être que l'absence de challenge l'ennuyait.

L'autre : Elle t'en laisse un. Les lames font de jolies coupures.

Elle qui ne tuait qu'à mains nues ou avec ses crocs, elle appréciait de voir cette signature différente de la sienne sur les proies qu'ils attaquaient. Des plaies si propres, si précises, à l'exact inverse du déchirement de la chair qu’opéraient ses crocs. Et même la façon dont Harzhan les maniait... ses mouvements rapides, précis, qui ne laissaient aucune chance à ses ennemis. Son efficacité était belle à regarder.

Discrets comme des ombres, les deux tueurs se mirent à avancer vers le feu. A mesure qu'elle approchait, elle parvenait à distinguer les voix des hommes, qui chuchotaient des banalités. L'un des trois semblait particulièrement somnolent, et ne tarderait sans doute pas à s'endormir. Les deux autres semblaient occuper à reprendre grossièrement leurs habits, troués en maintes endroits, et qui devaient laisser entrer le froid.

Arrivée à quelques pas de leur feu, elle les héla:

L'autre : La nuit est un peu fraîche, messieurs? Un petit combat, ça vous dit? Ça vous fouette les sangs... Idéal pour se réchauffer.

Les hommes se retournèrent vers elle en sursaut. Dans leur regard, elle vit une certaine inquiétude... Qui fut rapidement substituée par de la surprise. Il était vrai que son apparence n'était pas très impressionnante. Une frêle jeune femme qui leur proposait un combat, voilà ce qu'ils devaient voir... Elle leur grimaça un sourire, amusée. Elle allait leur apprendre à ne pas se fier aux apparences... Ils ne profiteraient certes pas longtemps de cette leçon, mais ils l'auraient au moins assimilée avant de mourir...

Elle se retourna vers Harzhan et lui demanda:

L'autre: Tu prends lequel? Puisqu'elle en a deux, elle te laisse le choix.

Disant cela, elle modifia sensiblement sa posture, se plaçant en garde, prête à combattre.
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Message  Harzhan Dim 13 Sep 2015 - 21:35

"Elle t'en laisse un. Les lames font de jolies coupures."
"Comme tu voudras."

Il sourit, lui aussi aimait la signature précise, fine, et mortelle de ses lames. De telles incisions étaient magnifiques à infliger, le sang qui giclait des blessures suivant le tracé de la lame dans l’air, donnait un air presque poétique à son art, l’art du meurtre. Mais il aimait la sauvagerie de l’autre, ça se détachait de son propre style, c’était plus… bestial, direct. Elle avait toujours ce rictus, qu’il aimait tant. Il avait hâte qu’elle passe à l’action.

Parfois, il en venait à penser à Maïlinya, qui ignorait tout de ce qui se passait, et qui n’aurait pas apprécié. Ils approchèrent de leurs cibles, des proies trop faciles à son goût, mais ils pourraient plus s’amuser avec eux. Ils étaient affairés, et ne les virent pas approcher. L’autre surprit Harzhan en les appelants, une approche trop directe à son goût, mais pourquoi pas.

"La nuit est un peu fraîche, messieurs? Un petit combat, ça vous dit? Ça vous fouette les sangs... Idéal pour se réchauffer."

Les hommes semblèrent hésiter, en même temps, une femme qui veut se battre avec des hommes devait surprendre. Harzhan ne doutait pas qu’elle pourrait les battre à trois contre un, mais il se demandait si le corps de Maïlinya supporterait bien le choc, car il n’était pas fait pour combattre au corps à corps. L’autre se tourna vers lui, son éternel rictus barrant son visage.

"Tu prends lequel? Puisqu'elle en a deux, elle te laisse le choix."
"Celui qui est mort."

Il avait parlé d’un ton froid et déterminé en regardant l’homme qui se réveillait seulement. D’un geste expert, fluide, et rapide, il projeta un couteau qui passa près de l’avant-bras de l’homme. Celui-ci hurla et se releva rapidement, mais l’ombre dans sa cape était déjà sur lui, lames au clair. Il voulut fuir, mais il lui barra la route, sous les yeux médusés des deux autres, qui semblaient ne pas comprendre. Il jeta l’épée le plus court au sol.

"Ramasse ton arme et bats-toi."

Les regards des deux autres étaient tournés vers lui, alors que le troisième homme voulait fuir. Le ton inflexible de Harzhan le fit finalement se saisir de l’arme en hésitant. Harzhan écarta les bras, ouvrant sa garde, pour le laisser porter le premier coup. L’homme attaque d’estoc, décevant, prévisible, stupide.

La lame de Harzhan se mit en mouvement, déviant le coup avec une précision millimétrée, puis revenant vers l’homme. Un sillon rouge se dessina de son torse à son visage, alors que son regard s’écarquillait. Le coup était déjà létal, mais Harzhan ajouta trois entailles sur le torse de l’homme avant qu’il ne commence à tomber sans un bruit.

Il ramassa son arme des mains du mort, alors que les deux autres s’apprêtaient à tourner talons, encore sous le choc. Harzhan se mit derrière eux, les menaçant de la pointe de ses cimeterres. Ils ne pouvaient pas partir, et se retrouvaient piégés entre l’autre et lui. Harzhan la regarda, une lueur d’amusement dans les yeux, le sourire aux lèvres.

"La dame a demandé un combat, vous ne partirez pas avant qu’elle ne l’ait eu."
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Message  Maïlinya Dim 13 Sep 2015 - 22:22

"Celui qui est mort."

Sur ces mots, le tueur lança d'un geste vif une arme de jet sur celui des trois hommes qui avait été proche de s'endormir. La lame passant près de lui, l'homme sursauta et son visage se décomposa. Hurlant de peur, il se releva, tentant de fuir... mais Harzhan, qui avait dégainé ses deux longues lames, avait fondu sur lui, tel un faucon sur sa proie, ombre de mort inexorable.

"Ramasse ton arme et bats-toi."

L'homme, tremblant, obéit à la voix glaciale. Il ne devait pas désirer contrarier son auteur. Le tueur écarta alors les bras afin d'encourager son adversaire, dont le visage avait déjà perdu toute couleur, comme si son corps avait déjà compris sa mort imminente. Incertain, l'homme plaça une attaque, que l'assassin dévia avec une facilité déconcertante avant de contre-attaquer, dans un mouvement si fluide et gracieux qu'il s'apparentait presque à une danse. Danse mortelle, puisque la lame traça un sillon rouge le long du corps de l'homme, lui tirant un hoquet. Au coup mortel succédèrent encore trois entailles, avant que l'homme ne s'effondre, poupée de chiffon sanguinolente.

Alors que Harzhan se penchait pour récupérer son arme, les deux autres hommes semblèrent émerger de leur état d'ébêtement, et esquissèrent un mouvement de fuite... Qu'interrompit aussitôt le tueur en leur coupant la retraite, lames au clair.

"La dame a demandé un combat, vous ne partirez pas avant qu’elle ne l’ait eu."

Parfait. C'était parfait. Elle éclata de rire et résista à l'envie d'applaudir la manoeuvre. Les deux hommes, coincés, se retournèrent vers elle. A côté de Harzhan, elle devait leur sembler un moindre mal. Elle leur sourit, amusée. L'un des deux, plus bravache, lança à Harzhan:

"D'accord, moi j'veux pas la mort, j'me battrai cont'elle. Tu m'en veux pas si j'te l'abîme?"

Sans attendre la réponse du tueur, l'homme se rua soudain vers elle. Ses lèvres s'étirèrent en un sourire. Il était si facile de battre ceux qui la sous-estimaient ainsi... Elle laissa l'homme venir jusqu'à elle et saisir son poignet puis, virevoltant, elle retourna contre lui son propre élan et entendit nettement craquer l'os du bras de l'homme. Celui-ci, hurlant, se laissa tomber au sol en tenant contre lui son bras inutilisable. Elle s'approcha alors de lui et, dans un geste doux, plaça ses mains sur sa tête... avant de lui briser la nuque, mettant fin à sa complainte.

Elle se retourna alors vers le dernier homme qui la fixait, yeux écarquillés. Elle pencha la tête sur le côté et lui sourit, disant:

L'autre: Tu vois, lui, il a été courageux. Il est mort en combattant. Toi, tu es un pleutre. Tu mourras en fuyant.

Elle s'écarta alors, afin de lui laisser une issue. L'homme sembla hésiter. La peur se lisait dans son regard. Finalement, il dû juger qu'il avait une chance raisonnable de s'en tirer... Et se mit à courir. Elle se laissa glisser dans sa peau de loup, salivant d'avance, puis se jeta sur ses pas. Ses pattes puissantes la projetaient en avant et elle rattrapa le fuyard en quelques enjambées. Elle bondit devant lui, lui coupant la route, les crocs étincelants sous ses babines retroussées. L'homme, terrifié, fit demi-tour, manqua de tomber, puis reprit sa course, retournant sur ses pas, la louve aux trousses. Sa peur était délectable. La course, derrière ce gibier qui n'avait aucune chance de fuir, était jouissive. Arrivées à quelques pas de Harzhan, elle se jeta sur l'homme dans une détente plus puissante que les autres, le faisant chuter au sol. Puis, grondant, elle attendit qu'il se retourne sur le dos, afin de voir dans ses yeux la peur qu'elle lui inspirait. Lentement, elle approcha ses crocs de sa gorge, faisant durer cette dernière lutte. L'homme se débattait vainement. Finalement, elle referma ses crocs sur sa gorge et lui arracha la trachée, répandant au sol le flot de sa vie. Après quelques gémissements, la lueur de la vie quitta les yeux de l'homme.

Elle s'écarta de sa proie et releva ses yeux lupins vers Harzhan, qui la regardait. Étirant ses babines, elle lui adressa une sorte de sourire, les crocs encore ensanglantés. Puis elle reprit sa forme humanoïde, afin de lui dire:

L'autre : Décidément, elle s'amuse bien avec toi.
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Message  Harzhan Dim 13 Sep 2015 - 23:00

Le premier homme fit le brave, et se jeta vers l’autre, ce qui arracha un rire étouffé à Harzhan. L’autre se montra rapide, et tua son adversaire en deux prises. Elle était impressionnante en combat au corps à corps, malgré le fait qu’elle utilise le corps d’une frêle et faible dryade. Et visiblement, Maïlinya n’avait absolument aucune prise sur elle, car elle l’avait tué sans aucune pitié. Elle se tourna vers le second homme apeuré que Harzhan tenait toujours sous son joug.

"Tu vois, lui, il a été courageux. Il est mort en combattant. Toi, tu es un pleutre. Tu mourras en fuyant."

Elle laissa l’homme partir, mais il savait qu’il n’irait pas loin, alors il n’intervint pas. La louve se jeta à sa poursuite, le rattrapa et le tua. Elle faisait preuve d’une grande cruauté, et d’aucune pitié, exactement comme lui, et ça lui plaisait. La louve revint, reprenant la forme de Maïlinya, souriant toujours. Cette facette sauvage, cruelle, sadique de Maïlinya lui plaisait, la raison pour laquelle il ne s’était pas séparé d’elle. Il lui sourit également, un sourire qui ferait peur à n’importe quel bandit de bas étage, mais il savait que l’autre ne serait pas dérangée.

"Décidément, elle s'amuse bien avec toi."
"Tant mieux, on peut refaire ça aussi souvent que tu as le corps. J’apprécie bien plus mes sorties avec toi qu’avec Maïlinya, tu es plus… Brutale."

Il rangea ses lames, regardant les cadavres. La scène était belle à voir, un assassinat facile mais néanmoins intéressant. Maintenant, ils devaient rentrer, sans se faire repérer, pour se reposer. Il avait assouvi sa soif de meurtre, et il se doutait que l’autre ne souhaiterait pas garder le contrôle du corps trop longtemps.

"Bien, on devrait rentrer, et une fois couchés tu pourras rendre la place à Maïlinya, pour qu’elle ne pose pas trop de questions. Je compte sur toi pour garder notre secret, elle n’apprécierait pas."

Il trouvait cela tellement dommage que l’autre ne soit pas Maïlinya, il apprécierait bien plus les passages avec la dryade. Ils se mirent en route vers l’auberge, entrèrent, et se couchèrent. Avant que l’autre ne disparaisse, il la regarda, une question en tête. Il ne comprenait pas toutes les subtilités de leur partage de corps, et ignorait tout du fonctionnement de leur esprit.

"Dis-moi, tu peux influencer les actions de Maïlinya quand tu es spectatrice ? Ou bien lui faire avoir des sautes d’humeur ou ce genre de choses ? A quel point s’étend ton emprise sur elle ?"
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Message  Maïlinya Lun 14 Sep 2015 - 16:36

Harzhan lui dit préférer sa compagnie à celle de "je". En un sens, cela ne l'étonnait pas. Mais d'une autre part, cela lui semblait tellement... étrange. Elle n'était rien sans "je". Elle était "je", même si elle s'en distinguait. Elle n'arrivait pas à se concevoir, et essayer lui donnait des vertiges. Elle préféra secouer la tête pour en chasser cette étrange réflexion.

"Bien, on devrait rentrer, et une fois couchés tu pourras rendre la place à Maïlinya, pour qu’elle ne pose pas trop de questions. Je compte sur toi pour garder notre secret, elle n’apprécierait pas."

Tiens donc... Intéressant. Il voulait garder secrète leur collaboration. Elle avait bien remarqué qu'il faisait comme si de rien n'était chaque fois qu'elle laissait de nouveau la place à "je". A ce qu'il disait, c'était parce-qu'il craignait sa réaction. En effet, "je" n'aurait sans doute pas aimé. "Je" n'avait pas apprécié de le voir tuer l'homme, dans la rue. "Je" n'appréciait pas qu'elle blesse qui que ce soit. Mais en même temps, il aurait été assez intéressant de confronter "je" à la réalité de Harzhan, pour observer sa réaction. Mais pour l'instant, elle allait faire comme le voulait le tueur. Elle verrait bien si elle changeait d'avis par la suite.

Tous deux retournèrent alors jusqu'à leur chambre, où ils s'installèrent pour terminer cette nuit mouvementée par un peu de repos. Alors qu'elle allait laisser la place à "je", Harzhan lui posa une question:

"Dis-moi, tu peux influencer les actions de Maïlinya quand tu es spectatrice ? Ou bien lui faire avoir des sautes d’humeur ou ce genre de choses ? A quel point s’étend ton emprise sur elle ?"

Il devait être décidément interpellé par leur cohabitation. Il était vrai que c'était sans doute peu commun. Elle-même ne savait pas trop comment voir la chose. A vrai dire, elle n'y réfléchissait jamais. Elle n'aimait pas réfléchir, penser à elle-même... Elle-même? Quoi, elle-même? Qu'est-ce que c'était, elle-même? Cela la perdait. Elle n'y arrivait pas. Elle essaya toutefois de répondre aux questions du tueur, qui n'étaient pas encore trop compliquées.

L'autre: Elle peut parler. Elle peut parfois partager un peu. Se disputer le contrôle... Mais si "je" garde le contrôle, elle ne peut pas faire grand-chose, à part essayer de la convaincre.

Et convaincre "je" était une chose plutôt difficile. La plupart du temps celle-ci résistait fermement contre elle. Quoique ces derniers temps, leur relation semblât s'améliorer... Qu'aurait pensé "je" de ce qu'elle faisait avec Harzhan? Aurait-elle pu comprendre un tant soit peu l'assassin, elle, si prompte à pardonner tout le monde? "Je" aurait été triste, sans doute, de savoir à quoi le tueur occupait son temps libre... Il valait sans doute mieux qu'elle ne dise rien.

Après avoir livré cette explication à Harzhan, elle lui annonça qu'elle allait laisser "je" revenir. Elle prenait le contrôle plus souvent que d'ordinaire, ces temps-ci et, bien que cela fût pour s'amuser, elle en était assez fatiguée. Elle rendit le contrôle.

Une fois de plus, je me retrouvai dans un lieu différent de celui dans lequel j'avais perdu le contrôle. En mon absence, l'autre était retournée dans notre chambre. Harzhan se trouvait à côté, sur son lit. J'ignorais tout de ce qui avait pu se passer. Je ressentais une intense fatigue, qui pesait sur mes épaules. La gorge serrée, j'avais du mal à respirer. A vrai dire, j'étais épuisée. Epuisée que l'autre me fasse perdre conscience, et fasse vivre mon corps sans moi. Epuisée de me réveiller au monde et de me retrouver perdue, sans souvenir de ce qu'elle avait pu faire en mon absence.

Gémissant, je me pris la tête dans les mains. Le toucher familier des branches dans mes cheveux me rassura. J'étais toujours un minimum moi-même. Me tournant vers Harzhan, je lui signifiai que je me sentais mal, puis m'empressai de ressortir de la chambre et de me rendre de nouveau dans la rue. Là, je m'assis devant la porte et plongeai mon regard dans les étoiles.

J'avais l'impression de devenir folle. Je ne supportais pas que ma vie échappe à ce point à mon contrôle. Les apparitions de l'autre étaient d'ordinaire plus rares, et j'arrivais à les supporter... Mais là, c'était trop. Je me roulai en boule en fermant très fort les yeux. Qu'est-ce que Harzhan pouvait bien penser de moi? Je devais lui sembler tellement étrange, tellement changeante... Je ne savais même pas comment l'autre se comportait avec lui. Il aurait peut-être mieux valu que je m'en aille, avant qu'il ne se pose définitivement des questions sur ma santé mentale... Mais non, je ne le pouvais pas, je lui devais de l'argent. Il me fallait d'abord le rembourser. Peut-être pourrais-je soigner quelques personnes contre rémunération? L'idée de faire payer les gens me déplaisait assez. Mais sinon, comment pourrais-je rembourser ma dette? Peut-être pourrais-je lui proposer de l'aide. J'ignorais ce qu'il venait faire en ville, mais je pouvais peut-être lui être d'une certaine utilité.

Je me promis de lui en parler dès le lendemain puis, un peu calmée, rouvris les yeux afin de les replonger dans les étoiles, attendant que le ciel ne change de couleur avec la venue de l'aube. Ce beau spectacle et le calme alentour terminèrent de chasser l'autre de mes pensées et je souris au ciel, simplement heureuse d'être là.

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Message  Harzhan Lun 14 Sep 2015 - 18:27

L’assassin ne comprenait rien à la relation entre Maïlinya et l’autre, il essayait d’en savoir le maximum, car il n’aimait pas ignorer des choses sur les personnes qui l’accompagnaient parfois. Mais le domaine de l’esprit le dépassait totalement. La réponse de l’autre ne l’éclaira que peu, aussi il se résigna à rester dans l’incompréhension. L’autre lui dit qu’elle allait laisser Maïlinya revenir, alors il attendit qu’elle revienne.

Ce qu’il se passa fut curieux, car contrairement aux autres fois, où Maïlinya donnait seulement l’impression de chercher un moment ses repères, cette fois elle se mit à gémir en prenant sa tête dans ses mains. Il ne comprenait pas ce qu’elle pouvait ressentir dans ces instants, il ne comprendrait jamais, mais elle donnait vraiment l’impression de souffrir. La souffrance des autres n’avait jamais touché Harzhan, aussi il se contenta de la laisser gémir, puis partir quand elle disait aller mal.

Elle sortit donc, le laissant seul dans la chambre. Il allait pouvoir dormir au moins, car cela faisait deux jours qu’il ne l’avait pas fait. Et pourtant il n’arrivait pas à trouver le sommeil. Il se leva et regarda par l’unique fenêtre de la chambre, Maïlinya se trouvait en bas, assise devant l’auberge. Elle semblait aller mal, et Harzhan se sentit un peu troublé par son état. Même s’il n’aimait pas son attitude, il ne pouvait nier que la dryade était sa compagnie et que son état était en partie sa faute.

Il grommela un moment, rechignant à ce qu’il allait faire. Puis il descendit, s’approchant doucement d’elle et s’assit sur les pavés. Il ne savait même pas ce qu’il pouvait lui dire, il n’était pas habitué à ce comportement de sa part, et réconforter quelqu’un n’était pas son fort.

"Ca va Maïlinya... ?"
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Message  Maïlinya Mar 15 Sep 2015 - 12:55

J'entendis s'ouvrir la porte de l'auberge et sursautai en entendant la voix d'Harzhan:

"Ca va Maïlinya... ?"

Je me retournai vers lui, surprise. Ainsi, il n'était pas couché? Je haussai les épaules, ne sachant trop que lui répondre. Je ne m'attendais pas à ce qu'il descende me voir, lui qui était toujours si taciturne.

Maïlinya : Je... ça va mieux. Les étoiles sont apaisantes. Elles sont toujours à la même place, c'est un point fixe... C'est rassurant. Et leur lumière est si jolie.

Je m'interrompis, gênée. Il n'était sans doute pas descendu pour regarder les étoiles.

Maïlinya : Je suis juste un peu perdue. Parfois, j'ai l'impression de perdre pieds, l'impression que ma vie, mes actes m'échappent. C'est effrayant. J'essaie de faire au mieux mais... je n'ai pas toujours le choix.

Sans doute ne comprenait-il pas ce que je disais. Mais cela ne faisait rien, j'avais au moins quelqu'un qui m'écoutait. Ne voulant pas m’appesantir sur de tristes pensées, je bondis sur mes pieds, soudainement enjouée, et lui proposai:

Maïlinya : Ça te dit, un petit air de musique?

Je me penchai pour dénouer un cordon attaché à ma cuisse droite, que dissimulait ma robe, et me saisis d'une petite flûte en bois. J'amenai le biseau à mes lèvres, et me mis à souffler dedans tout en faisant jouer mes doigts, bouchant et débouchant les trous qui y étaient creusés. Une mélodie monta dans les airs, toute de notes aiguës, tissant une toile musicale mélancolique par laquelle j'essayais de transmettre à la fois le poids que l'autre faisait régner sur moi, et la beauté des étoiles dans le ciel. Je fermai les yeux, m'abandonnant toute entière à mon instrument, et aux émotions que je tentais de faire passer par lui.

La dernière note arriva finalement, point final du poème musical. Je rouvris les yeux et les relevai vers Harzhan, totalement apaisée, vidée de idées sombres par la musique, qui avait tout emporté. Un souffle de vent vint en balayer les derniers écho, je l’accueillis avec un grand sourire.
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