Un jour normal "Au Bonheur des aventuriers" (RP libre/ ouvert à plusieurs)

C'était l'aube quand Redwar se débarbouilla le visage devant son cabinet afin de l'aider à se réveiller. Son reflet borgne lui rappela encore une fois son accident de jeunesse mais cela ne le hantait plus autant qu'avant... surtout que ça intriguait les clients et il s'amusait à raconter diverses histoires sur le sujet.
Après avoir enfiler une bonne chemise en coton sombre, un pantalon et ses bottes, celui-ci prit un rapide petit déjeuner composé d'une miche de pain et de boeuf séché avec un peu de thé aux champignons provenant d'une exploitation naine. Quand il eut terminé son repas, le soleil commençait à se lever et il descendit au rez-de-chaussée pour ranger sa boutique. Celui-ci effectua plusieurs aller-retours entre sa réserve et la boutique pour combler les espaces vides avec de nouvelles armes et pièces d'armures toutes neuves.
Redwar s'était installé dans une bâtisse situé dans le quartier des artisans. Au rez-de-chaussée, il y avait trois pièces avec la boutique, suivi de l'atelier de forge et d'une réserve où était stocké les matières premières et marchandises en réserve de Redwar. L'étage faisait office de logement avec le minimum syndical pour tout nain qui se respecte : un bon garde manger, une chambre et une pièce pour la toilette.


Après avoir fini son rangement, il sortit de la boutique pour placer devant la porte son enseigne, une rondache en bois cerclé de fer sur lequel il était écrit "Au Bonheur des aventuriers" en langue commune, mais aussi en nanesque et en elfique.
Pourquoi un tel nom d'enseigne ? Selon le point de vue de Redwar, il y a peu de choses qui font le bonheur des aventuriers. Et un équipement de bonne qualité pour assurer leur survie au cours d'aventure rocambolesque en fait partie.
Il était arrivé à Telbara à la fin de l'automne et sa boutique était ouverte depuis le début de l'hiver, mais ça n'a pas empêché d'avoir quelques clients. Quelques fermiers mais aussi des fermiers qui étaient venus le voir pour faire affuter et remettre en état certains de leurs outils agricoles. Ils avaient fait payé pas trop cher car ce n'était pas un escroc mais vu l'état de certains faucilles et bêches, il fut tenté de produire quelques exemples pour toucher une autre clientèle.

Il revint à l'intérieur de sa boutique puis il rejoignit la seconde pièce où se tenait la forge. Celui-ci raviva le feu de son fourneau en activant le soufflet pour attiser le feu, ce qui augmenta la température de la forge mais aussi de la boutique, ce qui était bienvenue vu les températures du moment.
Alors qu'il était en train d'activer le soufflet, il entendit la sonnette accrocher à la porte de sa boutique sonner et celui-ci abandonna son soufflet.

- Bienvenue Au Bonheur des aventuriers ! Armures, boucliers et épées pour être bien équipé et se faire respecter ! Que puis-je pour vous ? demanda Redwar en venant derrière son comptoir tout en affichant un sourire au client...

Depuis que la lune avait chassé le soleil, le vent était devenu fougueux et glacial. Non pas qu'il ne soufflait pas sa rage auparavant mais les faibles rayons qui perçaient les nuages bas et épais réchauffaient les pauvres âmes qui remontaient les rues. A présent, il s'en prenait à chaque bout de chair qui n'était pas protégé. Mordant sans considération de races et sans peur, il allait jusqu'à faire s'envoler les écharpes et autres tissus qui lui cachaient les habitants et les gens de passage à Telbara.

Ôrora, bien que petite, n'échappait pas à ces attaques sans forme. Emmitouflée dans deux écharpes qui la laissaient à peine respirer, elle ne regardait pas devant elle. Elle avait bien essayé de lever les yeux mais il lui semblait que le vent pouvait geler ses yeux si elle lui tenait tête. Elle opta donc pour le trottoir, évitant au dernier moment les passants qui faisaient comme elle. Voleuse dans l'âme, elle n'envisagea même pas de piquer quelques biens aux personnes qu'elle percutait lorsqu'en essayant de s'éviter, ils allaient du même côté. Elle grognait juste son mécontentement et généralement on le lui rendait. Elle était alors entrée dans la première auberge qu'elle avait croisée. Qu'importe l'odeur où la qualité des chambres qu'elle y trouverait, elle préférait s'arracher aux griffes du vent. Une fois à l'intérieur, elle se mit dans un coin vers le fond et attendit de sentir à nouveau ses doigts. Une fois que son souffle chaud ne lui sembla plus si brûlant sous ses couches de tissus, elle les retira progressivement.
Une jeune serveuse traduisit ce geste par une opportunité d'approcher l'Alfelin afin de lui proposer de boire ou de manger. Ôrora prit un bouillon chaud où ne flottaient que peu de choses à mâcher au demeurant ainsi qu'un verre de graff. L'alcool de pomme lui réchauffa plus les entrailles que son repas. Elle se détendit même. Mais avant d'en arriver au point de danser elle préféra s'arrêter de boire et choisit d'aller demander une chambre.

Sa nuit fut proche de la perfection. A bout de forces à cause du froid et de son arrivée compliquée dans la ville, elle avait dormi d'un sommeil de plomb. Il est vrai que l'alcool avait eu un rôle dans cette affaire. Mais tout ce repos ne lui avait pas pour autant retiré son mal de crâne. A son réveil, elle s'étira puis se passa la main dans les cheveux. Sa plaie, peu profonde, ne saignait plus mais avait formé une belle croûte. Elle se força à ne pas repenser à sa dernière mésaventure, quelque chose lui disait que ce n'était pas le moment.

Ôrora resta un long moment à regarder par la fenêtre. La neige tombait à présent. Lorsqu'elle se décida à se lever, elle relança le feu en utilisant une des bûches mises à disposition dans le couloir entre les chambres. Elle attendit que la pièce soit bien chaude pour se laver. L'eau coula rouge de ses cheveux et elle grimaça en nettoyant sa plaie. Mais une fois propre et lavée des dernières traces de sa malchance, à part ses plaies, elle se sentit mieux. Son crâne ne résonnait plus comme des échos se répercutent entre des parois rocheuses.
La neige avait même cessé de tomber: il était temps de sortir à nouveau.

Dehors, le manteau blanc qui recouvrait la ville lui arrivait aux chevilles. Elle hésita sur la direction à prendre. Maintenant qu'elle regardait devant elle, elle découvrait la ville. Ôrora décida alors de flâner et de se trouver un petit déjeuner. Un mince sourire traversa son visage puis elle s'élança en enfonçant à nouveau sa tête dans ses écharpes.

Le froid de l'hiver s'empara rapidement de ses membres. Le ventre creux et les pieds gelés, Ôrora décida de s'arrêter dans la première boutique qu'elle croiserait. Sans lever les yeux, elle poussa une porte. Celle-ci glissa doucement sur ses gonds et prévint de sa présence en activant une cloche. Une voix grave l'accueillit et Ôrora sursauta en levant enfin les yeux. Elle regarda le nain de l'autre côté de la pièce les sourcils hauts sur son front à cause de la surprise. Puis, d'un rapide coup d'œil, elle le décrivit et comprit que c'était le propriétaire des lieux. Sans lui répondre, elle se dirigea vers le premier présentoir. Elle n'aimait pas être engourdie par le froid. De plus, elle n'aimait pas non plus être surprise. Bien que cette situation soit entièrement de sa faute, elle aurait dû lever les yeux, mais aussi tout à fait normale, il y a toujours des vendeurs dans les boutiques, elle était d'humeur boudeuse.