La quête des saphir épineux

Suite à de longue discussion entre lui et ses amis, Krënnes pensa plus sage de s'allier à un compagnon de route pour la mission que venait de lui confier Dorin Cassrane. Le chemin jusqu'à la forêt des rois risquait d'apporter de nombreux obstacles, pour lesquelles une autre paire de bras ne serait pas de refus. Avec un petit pincement au coeur, il fit ses derniers adieu à ses compagnons, regrettant qu'ils ne puissent se joindre à lui. Dernières poignées de mains pleine d'émotions, et le tigrain sortit de la taverne.
   A peine un pas dehors, Krënnes scruta la masse de passants défilant devant lui dans les vastes rues de Telbara, à la recherche de la silhouette qui intriguerait son regard. "Un minotaure! Certes doué d'une grande force mais si jamais nous avons besoin de discrétion... non, mauvaise idée. Et mais c'est... Aldorn! Un autre Tigrain ce serait parfait! Non, tout bien réfléchit Aldorn ne quitterait pour rien Telbara. Pourquoi pas cette homme lézard? Non, j'ai toujours eu du mal à m'entendre avec eux..."
   Krënnes fut amené à de longues réflexions , jusqu'à ce qu'il perçoive cette silhouette. Toute d'ombre, discrète, agile et gracieuse. Il tenta au mieux de la rattraper, quitte à bousculer sans trop de politesse quelques citadins. Petit à petit il se formait un chemin et arrivait enfin à elle. Krënnes posa sa main sur son épaule. Son interlocutrice se retourna brusquement vers Krënnes...

La tête d’un halfelin aux yeux vairons passa à travers la fenêtre et vérifia que la rue était bien déserte avant de s’échapper de la maison et… disparaitre littéralement.

Une rue plus loin, une silhouette se déplaça avec discrétion, avec les mêmes yeux que l’halfelin disparu : l’un bleu marine et l’autre vert. La silhouette rabattit sa capuche sur sa tête et remonta son écharpe jusqu’à son nez. L’hiver n’était pas particulièrement rude à Telbara, mais l’air marin rendait le froid humide et transperçant.

L’Épervier de jais venait d’accomplir la mission qui l’avait menée à Telbara. Elle laissait derrière elle un cadavre et personne ne pourrait remonter jusqu’à elle. Personne. Elle en était persuadée… jusqu’à ce qu’une solide poigne s’abatte sur son épaule. D’un geste vif, l’Épervier se retourna et, d’un mouvement expert, attrapa la main de son agresseur et tordit son poignet, maintenu par une clé dont il ne devait pouvoir se défaire.

Son assaillant n’avait nullement l’air de vouloir lui faire du mal mais, par sécurité, l’Épervier ne le lâcha pas immédiatement.

« Qu’est-ce que tu me veux ? »

En un instant, Krënnes se retrouvait plaqué le bras à moitié tordu et cela sans n'avoir rien compris à ce qu'il venait de se passer. Il laissa s'échapper un léger rugissement incontrôlé, et, tentant de détendre l'atmosphère, gémit:
_Wouaïe, C'est comme ça que tu dis bonjour l'ami?
L'épervier de jaïs serra d'autant plus fort le malheureux bras du Tigrain. Certes il ressentait une profonde douleur mais pourtant, ce tempérament lui plaisait. Son interlocutrice n'avait pas l'air d'être du genre à tergiverser.
_Ok Ok, écoute moi, aïe, si tu pouvais juste me lâcher ce serait quand même plus pratique
Cependant l'épervier de jais n'avait pas l'air de vouloir le laisser à ses ailes déployées.
_Bon, je suis venu à ta rencontre parceque je cherche quelqu'un, un partenaire pour une mission, et vu comme tu viens de m'accueillir, je ne doute pas de tes compétences martiales...
Maintenant pourrais tu me lâcher s'il te plaît, que je puisse t'expliquer tout cela plus précisément, arf, si tu es intéressé bien sûr gnn

L’autre rugit. Il s’agissait d’un tigrain. Sa fourrure blanche tachetée de noir laissait aisément deviner son typage de panthère des neiges. L’Épervier ne lâcha pas sa prise quand il lui demanda si c’était ainsi qu’elle saluait un ami. Ce n’était pas son ami. Elle n’avait pas d’ami.

Le tigrain lui demanda de le lâcher, mais elle maintint sa clé : il n’avait toujours pas répondu à sa question. Il dû finir par comprendre qu’elle ne le laisserait pas s’en aller si facilement puisqu’il finit par dire:

« Bon, je suis venu à ta rencontre parce que je cherche quelqu'un, un partenaire pour une mission, et vu comme tu viens de m'accueillir, je ne doute pas de tes compétences martiales... Maintenant pourrais tu me lâcher s'il te plaît, que je puisse t'expliquer tout cela plus précisément, arf, si tu es intéressé bien sûr gnn »

L’Épervier fronça le nez. C’était suspicieux. Cherchait-il vraiment un compagnon pour mener une mission en se jetant sur le premier inconnu marchant dans la rue, ou est-ce qu’il cachait quelque chose ? Dans tous les cas, ce n’est pas en le maintenant dans une telle position qu’elle en saurait plus. Elle finit donc par le lâcher en lui lançant :

« Je t’écoute. »

Enfin la forte douleur qui le maintenait paralysé s'enfuit. Il sentait que la puissante pression exercé par L'épervier de Jaïs avait disparu. Il remuait les doigts, profitant de sa liberté. Les tigrains déteste avoir les griffes ainsi entravés. Il se tourna vers l'inconnue. En l'examinant, Krënnes repéra 3 couteau, légèrement dissimulé dans les étoffes et les cuirs qu'elle portait. Et qui savait combien d'autres elle pouvait abriter des regards. Il n'avait pas affaire à une paysane ou quelque gentillhomme de bourgeoisie, mais cela, il l'avait remarqué d'un premier regard. Le tigrain se trompait rarement sur quelqu'un lorsqu'il écoutait son instinct. Cependant, il n'avait aucune intuition de danger. Elle avait l'air des plus agile, habile, et plutôt en forme. Il était désormais certains que c'était bien l'unique personne qu'il recherchait. Un petit sourire en coin de lèvre pris Krënnes inconsciemment.
_Un alchimiste de Telbara m'a confié la mission de partir à la recherche de saphirs épineux à la forêt des rois pour une création, j'ai besoin de quelqu'un, car le chemin risque bien d'être remplit de danger, entre les créatures hostiles et les groupes de bandits qui gangrènent les routes. L'allé jusqu'au port barbe se fera dans une caravane de commerce. Le voyage nous est offert en échange de notre présence pour la défendre. Le reste du chemin se fera à pieds et si nous sommes dans les temps exactes, nous pourrons rembarquer dans cette même caravane depuis le port barbe pour le retour. Nous devrions en avoir pour maximum 6 semaine de voyage. Et nous toucherons pour tout cela la somme de 8 pièce d'or. Bien sûr, comme nous partons ensemble de Telbara, nous partagerons la somme équitablement. Si tu te joins à moi, nous partons dès demain midi.
Krënnes n'attendait plus que la réponse de l'assassin, impatient.

Le tigrain expliqua alors à l’Epervier la mission qu’un alchimiste lui avait confiée. Au début, la femme chercha les failles dans son discours. Elle cherchait le moindre indice prouvant qu’il s’agissait d’un piège. Mais elle ne trouva rien. Elle continua donc à fixer longuement l’Homme-Panthère, les lèvres serrées et les sourcils froncés, ce qui lui donnait un air des plus agressifs. Elle finit par lui demander d’un ton brusque :

« Qui est cet alchimiste ? Quelle création veut-il faire ? Qu’est-ce qu’un saphir épineux ? »

Ses trois questions tombèrent en rafale, puis elle se tut, laissant au tigrain la chance de lui prouver qu’il ne faisait pas partie de ses ennemis. Si la création dont il parlait était une créature vivante, alors cette quête pouvait avoir un lien avec la Guilde du Corbeau. Mais si ce lien n’existait pas, elle pourrait le faire elle-même. Si les dires du tigrain étaient vrais, l’intérêt qu’elle pouvait trouver dans une telle quête ne serait pas seulement financier.

Pour le moment, il lui fallait donc tester la fiabilité de l’homme-panthère.

Les question de l'humaine tombèrent sur Krënnes sans qu'il s'y attende, et cela pour renforcer sa conviction qu'elle était loin d'être un simple mercenaire. L'assassine n'était visiblement pas en confiance, le cas contraire en aurait fait un être naïf dans ce monde sans pardon.
_Tu n'es pas bête! Tu m'as même l'air très futé! Mais tout ce que je te dis est bien vrai. L'alchimiste en question répond au nom de Dorin Cassrane, sa création est, selon ce qu'il m'a confié,
une sorte d'élixir de beauté, plus simplement une futilité de bourgeois.
Krënnes scrutait alors en ces quelques secondes le visages ainsi que la posture de l'épervier de Jaïs. Rien ne laissait transparaître ses émotions, son visage était toujours aussi fermé. Cependant ses traits plus fins traduisait légèrement une attitude déjà plus détendue qu'au début de leur conversation. Il repri.
_Et enfin, le saphir épineux est une fleur assez banale, mais qui ne pousse malheureusement qu'à la forêt des rois, ou parfois très rarement en basses montagnes. Du commun des mortels, elle ne présente aucune propriétés spécifique et c'est justement pour cela qu'elle ne se voit pas exporté.
Le peu d'informations que lui transmettait le visage de l'assassine renforçait un personnage méfiant et discret.
_Que veux-tu savoir d'autres?

Le tigrain répondit à chacune des questions de l’Epervier qui ne montrait toujours aucun signe d’émotion… sauf au moment où elle l’entendit parler d’élixir de beauté. Ses lèvre s’étirèrent pendant un bref instant en un fugitif sourire avant de reprendre leur aspect initial : serrées et peu avenantes. L’Epervier ne pouvait qu’être d’accord avec le tigrain quand celui-ci qualifiait une telle potion de « futilité de bourgeois ».

Après l’avoir écouté, elle ne savait toujours pas quoi penser de cette proposition étrange. Certes, si on lui avait proposé une telle mission dans un autre contexte, elle n’aurait pas hésité à accepter. Mais vu la façon dont les choses se présentaient, elle tâchait de rester méfiante. Mais après tout, que risquait-elle ? Il était seul. S’il tentait quelque chose contre elle, elle saurait se défendre.

Quand le tigrain finit par lui demander ce qu’elle voulait savoir d’autre, elle se contenta de demander :

« Ton nom. »

La nouvelle réponse toujours aussi vive est fulgurante s'échappa alors des lèvres de l'Eperier de jais.
_Ton nom
Plus que son nom Krënnes jugea utile de lui dire tout ce qu'il y avait à savoir sur lui. C'était sans aucun doute la plus simple manière de mettre son interlocutrice en confiance.
_Je suis Krënnes Lionaris, Tigrains des neiges des montagnes dominantes, je vis ici à Telbara depuis de longues années et j'y offre mes services de mercenaire pour payer ma croûte. Cependant je suis un peu lassé de cette routine.
Effectivement Krënnes avait depuis quelques années une soifs d'aventure, de découverte, de risque. Certes il ne manquait pas de combat en Telbara mais la vie y restait lassante, le tigrain voulait voyager, il n'avait en fait jamais ressentit d'attachement particulier à où que ce soit. C'était un homme de nature. Il souhaitait par dessus tout voir de ses propres yeux ces créatures dont on parle dans les rues, ces monstres mystiques, ces terres légendaires... Un monde à l'horizon infinit lui restait à découvrir, cachant tout ses mystères. La mission que lui confiait l'alchimiste était parfaite pour commencer à s’accommoder de cette nouvelle vie.
_Je n'affirme pas tout savoir de toi, mais je pense que tu es du même avis que moi sur ce point. La routine des citadins est lassante, j'ai horreur de cela. Je ne suis pas un homme de ville, je suis un homme de chemin, pas toi?

L’homme-tigre se présenta. Il se nommait Krënnes Lionaris et expliquait sa décision de partir à la quête des saphirs épineux par une recherche d’aventure. L’Épervier ne put s’empêcher de sourire un bref instant face à son air sérieux. Elle se reprit rapidement et il l’interrogea ensuite plus directement sur sa vision des choses.

Sa question lui rappela les journées qu'elle avait passées auprès de Bénoïc Maison Rouge et de sa fille. Elle aurait aimé vivre ce genre de routine toute sa vie. Mais Krënnes Lionaris avait vu juste en supposant qu’elle s’était lassée de son actuelle routine, c'est-à-dire celle qui consistait à capturer des créatures pour le compte de la Guilde des Corbeaux, à tuer pour le bon plaisir de ceux qui avaient les moyens d’éliminer leurs opposants, à dresser des esclaves pour les plus offrants… Cette routine-là commençait à lui peser. Et l’idée de se lancer dans une mission qui n’avait rien à voir avec son quotidien était ce qu’elle attendait sans même sans douter. Finalement, l’apparition inattendue de cet étrange tigrain pouvait être une chance. Par habitude, elle restait tout de même sur ses gardes.

« Oui, c’est possible… »

L’Épervier dévisagea longuement le tigrain. Sa fourrure dessinait de jolis ovales noirs sur fond de neige. L’idée de partir avec lui ne semblait plus si saugrenue.

Pour cette mission qui n’avait rien à voir avec celles qu’elle avait l’habitude d’honorer, elle choisit de ne pas se présenter sous son nom de code. Après tout, l’« Épervier de jais » était un sans-visage aux formes aussi multiples qu’improbables. Sa véritable apparence ne devait pas être mise en relation avec le métamorphe qui assassinait ou capturait à tout va. De plus, tant qu’à faire quelque chose qui sorte de l’ordinaire pour le plaisir, autant le faire en étant soi-même. Elle choisit donc de dire la vérité au tigrain :

« Je m’appelle Plume. Et tu as intérêt à ce que je touche mes quatre pièces d’or à notre retour, sinon… »  

La menace sonnait faux puisque la femme souriait au tigrain en lui tendant la main :

« Marché conclu ? »

" Et tu as intérêt à ce que je touche mes quatre pièces d’or à notre retour, sinon… "
La phrase de l'humaine sonna au oreilles de Krënnes comme un début de camaraderie. Il ne put retenir un sourire se dessiner sur son visage. Et avec joie et enthousiasme, il attrapa la main de Plume.
_Marché conclu !
Krënnes sentait une forte et intense sensation de bien-être l'envahir. Il était particulièrement heureux et impatient. de pouvoir se lancer à l'aventure aux côtés de sa partenaire. Krënnes en savait encore peu sur elle, mais il était certains qu'il n'aurait pas trouver meilleure compagnie.
Le soleil était déjà bas dans le ciel, et il ne restait plus que quelques heures avant qu'il ne se couche. Ils devaient vite aller réunir les provisions nécessaire pour le voyage. Il constatait à l'attitude de l'épervier de jais qu'elle était déjà bien plus confiante. Mais chose bonne à savoir, elle restait sur ses gardes. Cette assassine était loin d'être naïve, et ce n'était pas en cinq minute de discussion qu'elle se serait fait bernée, et cela mettait d'autant plus le tigrain en confiance.
Il proposa à Plume :
_Il faudrait que nous allions réunir quelques provisions. Compte tenu de la durée du voyage, nous devrions prendre de quoi manger jusqu'à Etrau, là bas, nous nous ravitaillerons pour la suite du voyage. Le mieux serait de pouvoir revenir ici avant le couché du soleil, je connais une auberge dont son maître me connais bien, juste à côté d'ici, nous pourrions y dormir pour être en forme demain. Qu'en penses-tu?

Le tigrain offrit un magnifique sourire à Plume avant de lui serrer chaleureusement la main. Sa patte était aussi douce que celle d’un chat, même si elle sentait le bout de ses griffes contre sa peau. Elle chercha à chasser son sentiment de bien-être : même s’il lui inspirait confiance, elle n’avait pas le droit de baisser sa garde.

Ils s’accordèrent ensuite pour aller chercher des provisions et se rejoindre au même endroit, ce qu’elle fit sans tarder. La nuit allait tomber et mieux valait ne pas perdre de temps. Quand elle revint, moins d’une heure plus tard, elle avait été cherché son sac de voyage et avait acheté de quoi tenir jusqu’à Etrau. Le Tigrain la mena jusqu’à l’auberge dont il lui avait parlé et Plume y entra en observant les lieux. Elle devait être fameuse car il y avait déjà du monde attablé. Elle trouva tout de même des places dans un coin, près d’une fenêtre.

Krënnes poussa la porte pour révéler une vaste pièce encombrés d'hommes de toutes espèces trinquant leur bonne humeurs. L'ambiance était plutôt chaleureuse comme par habitude, mais un poil plus lourde. Un minotaure écarquilla les yeux et voyant entrer les deux compagnons. Il se précipita vers Krënnes.
_Krënnes! Quel joie de te voir, je croyais que tu étais déjà parti sans me dire au revoir! Je savais que tu n'étais pas comme ça haha!
Krënnes le sourire au lèvre s'eclama.
_Nolgornis! Bien sûr que non, je ne t'aurais quand même pas fais ça vieux bouquetin!
Le Tigrain, remarquant le visage ahuri de sa partenaire s'empressa de faire les présentation.
_Nolgornis, voici Plume, Je viens de la rencontrer. J'étais certains au premier regard que ce serait une partenaire idéale, et pour mon plus grand plaisir elle a accepté de se joindre à l'aventure!
Le minotaure sourrit en notant la fier allure de l'humaine.
_Enchanté !
Déclara t-il en s'inclinant légerement.
_Plume, voici Nolgornis, un amis de longue date, et propriétaire de l'auberge!
Algorn était très grand, mais plus petits que la plupart des minotaure. Ses cornes ondulait, descendait légèrement tout en s'allongeant sur les côtés, puis se redressait, pointant l'avant. Elles étaient d'un noir profond. Son poil était d'un brun très assombri. Il portait des brassard de fer aux avant bras, et une sorte de peau et métal assez traditionnelle des minotaure.
_Bonsoir.
Annonça t-elle fermement.
Rapidement, Krënnes aperçu le regard de deux hommes se retourner vers lui.
_Sale chat de goutière! Te revoilà! Tu viens payer ta dernière tourné avant de partir?
Le Tigrain ne pu se retenir de rire.
_Et voici cet imbécile de Pheniln! un très bon ami, mercenaire tout comme moi qui plus est.
_Viens donc! Prenons un dernier coup avant que tu ne t'en aille!
_Je ne sais pas, il faudrait peut-être que nous nous reposions pour demain...
_Allons donc! Tu nous dois bien ça, à  partir du jour en lendemain comme un brigand!
Krënnes se tourna vers Plume.
_Qu'en penses tu?

Un minotaure fonça droit sur le Tigrain dès que ce dernier franchit la porte. Plume s’écarta par réflexe.

« Krënnes! Quelle joie de te voir, je croyais que tu étais déjà parti sans me dire au revoir! Je savais que tu n'étais pas comme ça haha! »

Le Tigrain répondit joyeusement avant de faire les présentations. La femme fut décrite comme étant une partenaire idéale, ce qui lui aurait fait monter le rouge aux joues si ledit Nolgornis n’était pas déjà en train de lui serrer la main. Le propriétaire des lieux était imposant, il faisait trois têtes de plus que la femme, quatre si on comptait ses cornes. Son attitude chaleureuse aurait dû l’apaiser et la mettre à l’aise, mais l’assassin n’avait pas l’habitude de côtoyer des gens sous sa véritable apparence.

S’il s’était agit d’une mission la poussant à trouver des indices dans une auberge, elle aurait pris l’apparence d’un homme ou d’un nain extraverti et n’aurait eu aucun mal à se lier d’amitié avec de telles personnes.

Mais c’était la première fois qu’elle rencontrait des gens avec son vrai visage et en leur donnant son véritable nom. Elle se sentait donc complètement nue et ne savait comment réagir. Heureusement pour elle, le minotaure ne se formalisa pas de sa retenue et, quand deux hommes leur proposèrent de venir boire avec eux, il ne lui laissa pas la possibilité de répondre à la question de Krënnes Lionaris.

« Qu’en penses-tu ? »
« Allez Plume ! Dès demain tu auras notre petit chaton rien qu’à toi pendant deux mois, laisses-le nous donc pour une dernière petite soirée ! Allez viens, c’est ma tournée ! »

Il fit un magnifique clin d’œil à la femme avant de l’emmener jusqu’à la table où les deux amis de Krënnes étaient déjà attablés. Sa poigne était douce… pour un minotaure. Quand elle atteint le niveau des deux hommes, son épaule semblait avoir été broyée.

Les amis de Krënnes étaient de bons vivants. Ils n’arrêtaient pas de plaisanter avec le Tigrain et Plume les trouvait gentils. Cependant, elle gardait un visage de marbre et son apparence froide la rendait peu avenante. Elle ne savait ni quoi faire, ni quoi dire.

« Allez, trinquons à votre mission ! »

Pheniln lui tendit une chope de bière naine, un très bon cru. Plume leva son verre en cherchant Krënnes du regard. Compte tenu de son gabarit, elle se promit de ne pas boire plus d’un quart de tout ce qu’il ingurgiterait.

Promesse que l’alcool lui fit rapidement rompre.

Une heure plus tard, elle se sentait légère et riait à chacun des plaisanteries qu’on lui faisait. Sa langue se déliait, elle se sentait plus joyeuse qu’elle ne l’avait été depuis bien des années. Elle discutait de tout et de rien avec les amis du Tigrain qui étaient tout aussi joyeux qu’elle. Ils imaginaient déjà toutes les aventures et les épiques combats que les deux aventuriers livreraient pour atteindre les Saphirs Épineux. Dans la discussion, Plume s’adressait par moment à Krënnes. Sa dernière question étant :

« Dis Krënnes, qu'est-ce que tu vas faire de l’or qu’on va gagner ? Tu as une famille à nourrir ? »

La soirée se déroula au rythme des rires et des litres de bières. Krënnes se sentait si bien, mais demain il quitterai ce petit cocon doux et agréable pour se confronter à la dureté de l'aventure.
Au fil de la nuitée, au milieu des blagues et des anecdotes, vint cette question, déroulé de la voix de Plume.
_Dis Krënnes, qu'est-ce que tu vas faire de l’or qu’on va gagner ? Tu as une famille à nourrir ?
Ces si simples mots ramenèrent à Krënnes d'innombrables souvenirs, et l’enfonça dans les limbes de sa conscience. Un instant, plus aucun bruits ne se fit entendre, Krënnes ne bougeait même plus. Puis enfin il prit la tant attendue parole.
_Ah! Une famille à nourrir ça non. Chez nous, les Tigrains, nous ne connaissons pas longtemps la gaieté de la vie en famille. Très tôt notre mère nous laisse nous confronter à la nature,
peut-être est ce cela  qui nous rend fort. Et pourtant, ma mère à toujours eu une place si importante au fond de moi, je n'ai connu qu'une faible partie de ma vie à ses côtés mais elle est tout. Sans elle,
sans ses paroles, ses enseignements... Elle est un guide pour moi, elle avait un caractère si fort, si combatif. Je donnerai énormément pour pouvoir la revoir...
Krënnes marqua une pause. Il baissa les yeux, mais vite se redressa, l'allure vaillante.
_Mais justement, je me suis longtemps dit que ma mère aurait été peu fier de moi si elle m'avait vu ainsi, en tant que petit mercenaire vivant dans la routine. Je veux changer cela.
Elle m'a souvent parlé de la place des races non humaines en orcande, c'était son combat.
Les compagnons de Krënnes intrigué et excité par le discours du Tigrain donnèrent d'autant plus d'attention à celui-ci.
Pheniln intervint :
_Raconte nous la suite!
_Elle s'est battue pour ses libertés dans sa jeunesses, et a vu bon nombres de camarades tomber sur le champ de bataille, pour nous forger cet éclat de liberté que reflète Telbara. Mais le combat est loin d'être finit, et ce n'est pas en faisait mes petits affaires de citadins que changerai quoi que ce soit. En m'engageant dans cette mission, j'ai pour réel but de commencer mon aventure. J'espère pouvoir me forger une réputation en menant cette vie aventurière, et essayer de changer l'orcande comme je peux.
_Je te reconnais bien en ces paroles mon fier Krënnes!
L’atmosphère avait prit tout à coup un ton beaucoup moins festif et plus solennelle et cela malgrès l'alcool qui s'était déversé...

Lorsqu’elle posa sa question, tout le monde se tut. Plume était sur le point d’éclater de rire. L’alcool lui faisait perdre ses repères et elle devait se reprendre. Elle déglutit sa salive avant de faire comme tout le monde ici présent : contempler le tigrain en pleine réflexion. Il avait l’air si sérieux ce Krënnes, ça en devenait mignon, presque touchant. Ce sentiment ne fit que grandir en elle quand le tigrain commença à parler.

Malgré le fait qu’il ait vite été confronté à la nature et à la solitude, il parlait de sa mère d’une façon qui fit chavirer le cœur de Plume. Pendant un instant elle se mordit les lèvres pour ne pas pleurer. Vraiment, l’alcool devait être proscrit pour elle : ça la rendait bien trop émotive.

« elle est tout… elle est un guide pour moi… je donnerais énormément pour pouvoir la revoir… »

Plume ne pouvait s’empêcher de repenser à sa fille, Aurore. Si elle avait survécu, elle aurait maintenant neuf ans. Aurait-elle parlé ainsi de sa mère ? Un instant, son regard se fit vague et elle imagina la fillette à la chevelure d’or lui dire « je donnerais énormément pour pouvoir te revoir ». Un sourire idiot passa sur ses lèvres. Puis elle se concentre à nouveau sur la conversation.

« Krënnes, où que soit ta mère, nous ferons de toi un tigrain dont elle pourra être fière. Pour tes premières aventures, je veillerais à ce que tu atteignes tes objectifs. Pour elle ! »

Un peu éméchée, elle avait levé un doigt en l’air afin de parler de la mère du tigrain.

« Et ce n’est pas en restant ici à boire toute la soirée que tu la rendra fière de toi. L’aventure commence à l’Aurore ! Il est temps de dormir car nous aurons une longue route à faire demain. Mes nouveaux et chers amis, ce fut un plaisir de partager cette soirée en votre compagnie, mais votre petit tigrain à une mission à accomplir ! Je vous souhaite une excellente nuit ! »

Elle attrapa le poignet de Krënnes et, telle une mère protective, l’emporta vers les chambres de l’auberge. Elle n’avait pas vu le temps passer. Il était déjà tard. Elle espérait qu’elle n’aurait pas trop la gueule de bois demain….

Il était tard lorsque les deux compagnons allèrent se coucher. La nuit fut brusque et rapide, et le levé se ferai difficile. Les rayons du soleils s'échappait déjà à travers les rideaux de la chambre lorsque Krënnes lança un profond et puissant bâillement. Après avoir pris le temps de s'habituer à la lumière, le Tigrain prit pleine conscience. A la vue des rayons de soleils, il devait déjà être tard dans la matinée. Krënnes se leva en vitesse un peu pris de panique et s'empressa d'aller réveiller Plume.
_Plume! Plue! Vite il faut se....
Le tigrain se rendit compte que son alliée été en fait assise, déjà prête sur son lit. Elle devait déjà être réveillée depuis un moement.
_Enfin! Voilà ce qui arrive quand boit avant une mission! J'espère que tu n'as pas trop la gueule de bois car nous partons bientôt.
Malgrès les mots de Plume, Krënnes perçus bien un petit sourire amusé, taquin. Il en sourit alors d'autant plus et se prépara rapidement.
Les deux se levèrent alors et après avoir réunit toutes leurs affaires, descendirent les escalier. En bas, dans la taverne, Krënnes reconnu ses amis, à moitié endormis à la même place que là ou il les avait laissés la vieille. Le Tigrain tenta de passer sans les réveiller, mais à peine il fit un pas que le grand minotaure releva la tête.
_Krënnes! Ouïe ma tête argn... Tu, Tu pars?
_Ouuu oulaa et! Ouh, si tu crois que hips je te lasserait par.. hips partir comme ça... Ouïe moins fort Nolgornis tu me fais mal au crâne!
_Mais j'ai rien dit crétin ARf
_Si tu.. tu...
Pheniln s'écroula sur la table comme un molusque. Krënnes ne put se retenir de rire, et ressentit sa gorge se serrer en pensant qu'il ne reverrait plus ses amis avant un moment.
_Prends.. Prends soins de toi vieux loubard!
_Je reviendrai vous voir dès que je le peux!
_ça ne doit pas être évident de les quitter comme ça...
_Oui... mais j'ai envie de goûter à l'aventure... et...
_Rendre ta mère fière de toi, combattre ce qu'elle à combattu...
_Que.. Comment sait tu ça ?
Plume avait certes une petit peu, voire beaucoup bu la vieille, cette histoires, ces paroles étaient restés encrées dans la mémoire de Plume. Cet étonnant reflet avec Aurore.

La chambre ne cessait de tourner et Plume avait beau fermer les yeux, son estomac semblait sur le point de chavirer. Elle avait pourtant appris à boire de l’alcool et à en supporter les effets puisqu’il lui était souvent arrivé d’utiliser la boisson pour mettre ses victimes en confiance avant de passer à l’acte. Cependant, cela faisait plusieurs années qu’elle ne s’était pas essayée à cet exercice. Son envie de dégobiller lui rappelait méchamment son récent manque de pratique.

Le lendemain, un mal de crâne l’empêchait d’ouvrir complètement les yeux. La moindre lumière et le moindre son l’agressaient. Elle émergeait lentement de la brume, tentant tant bien que mal de s’habiller en ignorant ses maux. Une fois qu’elle fut prête, le tigrain entra précipitamment dans sa chambre pour la faire lever. Elle lui grimaça un vague sourire et le suivi dans la salle pour qu’il puisse faire ses adieux à ses amis.

Elle vérifia encore une fois son matériel, jetant par moments quelques coups d’œil au Tigrain. Krënnes finit par revenir vers elle. Il avait l’air si jeune…. Elle repensa à sa première mission, ce jour où il lui avait fallu quitter le nid et ses frères-oisillons pour voler seule jusqu’à sa première proie.

« Ça ne doit pas être évident de les quitter comme ça… »

Sa voix n’exprimait aucune émotion, elle se contentait d’énoncer un fait. Le tigrain confirma ses dires, mais il avait l’air prêt. Elle hocha la tête et le suivi jusqu’à la caravane de commerce qu’il avait évoquée la veille. Ils sortirent de la ville et marchèrent quelque temps pour finir par la trouver, les attendant non loin de là.

Un homme leur fit un grand signe de la main et une jeune fille les héla. Quelqu’un d’autre était avec eux, mais se tenait un peu plus en retrait. Plume suivi Krënnes et alla à la rencontre du groupe.