Le début d'un voyage

Eh bien, quelle journée. Voilà quelque temps que je n’étais pas partie pour une mission. Suite à l’histoire de la goule, je n’avais plus fait grand-chose. Il fallait dire que le fait de ne pas l’avoir mis hors d’état de nuire ne m’avait pas apporté autant de prestige et de gloire que prévus. Même à la guilde certains en profitaient pour piaffer contre moi. Alors, quand je demandais une nouvelle mission ou tentais de proposer mes services, on préférait me repousser. Par tous les dieux ! J’étais une des meilleures lames du continent non ? Mais ces crétins de ploucs n’étaient jamais contents. Vous pouviez aussi bien leur sauver la vie face à une hydre par exemple, ils ne seraient pas contents, car soit la bestiole ne serait pas encore morte, ou bien vous n’avez pas sauver leur pognon. Je pourrais aller à Telbara pour un peu plus de considération, mais je ne pense pas qu’un humain, même vivant ailleurs, serait plus malin que les autres.

Ma chance semble avoir enfin tourner, alors que je remontais une des rues d’Estandre, cherchant à me changer les idées dans une taverne, qu’un homme vint à ma rencontre. Je me demandais bien ce que ce gars me voulait. Il se présenta comme l’envoyé d’une dame de haut rang qui souhaiterait louer mes services pour une périlleuse mission. Mes yeux brillèrent comme des étoiles et un large sourire se dessina. Enfin je pourrais prouver ma valeur à tous.

Haknam - Fantastique l'ami. De quoi s'agit-il ? Sauvez une damoiselle en détresse ? Retrouver un héritage familiale ? Et la dame est elle magnifique ?
Cochet - Euh... Elle est ravissante. Mais il s'agirait en réalité d'escorter madame jusqu'aux montagnes pour un voyage.
Haknam - Vous voulez que je joue les babysitteurs ? Vous rigolez !
Cochet - Si vous refusez la paye, très bien, je trouverais un autre guerrier de la guilde.
Haknam - Très bien je prends. Conduisez moi à votre maîtresse.

Étais-je dépité ? Oui, rien qu’un peu. Moi qui pensais partir affronter mille monstres et retrouver un trésor pour prouver pour de bon que j’étais le meilleur et que j’étais mal jugé, me voilà servi. Une noble, sans doute une capricieuse se prenant pour la reine du monde et qui vous regardait de haut. Elle a intérêt à être bien faite pour compenser. Mais quoi, j’allais sans doute affronter des bandits ou des gens voulant la kidnapper, y aura sans doute un peu d’action dans cette affaire. De toute manière, je n’étais pas trop en position pour refuser, ni discuter quoi que ce soit. Je pourrais sans doute imposer certaines conditions, mais je ne pouvais refuser de missions aussi futiles soit, soit car sinon, sinon, j’avais un peu peur de me voir virer d’une nouvelle guilde.

Je mettais permis un petit détour pour réaliser mes propres préparatifs. Il fallait bien que je prenne de quoi manger, boire, dormir, etc. Et même si j’imagine cette noble avoir de quoi se sustenter, il valait mieux que je prenne pour moi, au lieu de croire qu’elle avait prévu quelque chose pour moi. Comme quoi, dans la vie, il valait mieux être prévenant pour parer à tout imprévu. Je remplissais donc un sac auprès de certains marchands, avant de rejoindre la cliente là où son cochet m’avait indiqué l’endroit. Je ne mis pas longtemps à les rejoindre. Une calèche se repérait vite. Posant mon sac à mes pieds, je décochais un clin d’œil à la dame pour me présenter.

Haknam - Bon, tout est prêt. On part quand vous voulez madame. J’imagine que je monte devant avec vote cochet non ?

Evidemment, je ne pensais pas que j’allais m’assoir à côté de la noble. Soit, je serais avec son domestique, soit elle osera me faire courir derrière la chariote. Dans ce cas, elle n’avait pas intérêt. Je n’étais pas un gueux, bien que j’avais un peu loupé ma mission précédente, je demeurais un excellent combattant, et un tel talent méritait considération et respect. Et il vaudrait mieux, si elle compte que je protège sa peau de velours.  Surtout contre des bandits malpropre et complétement stupide.

En tout cas, voir une calèche se promenait sur des routes si peu protégé offrait une occasion de choix pour des voleurs de vouloirs s'attaquer à cette dame. Mais j'y pensais, le cochet ne m'avait pas dit pourquoi elle désirait faire ce voyage ? Raison d'état ? Visite chez de la famille ? Son voyage était-il si important qu'il pouvait attirer des dangers bien plus grands que ceux de coupe-jarrets ? Il était possible de tomber sur les hommes de main d'une famille rivale ou bien un sorcier si ce n'était monstre... Ce que j'espérais. J'avais besoin d'un immense exploit pour me relever de l'affaire de la goule, quelque chose pouvant faire oublier mon échec. Afin que les gens se disent " S'il a réussi à vaincre un dragon sorcier liche, alors ce n'était pas de sa faute si la goule ne fut vaincue." Et là, tout le monde rechanterait mes exploits... Même si c'était surtout moi qui le faisais. Mais j'aurais des témoins pour cela, j'imaginais que la baronne ne se priverait pas de faire les éloges de mes prouesses, de la publicité. Mais pour cela, il fallait bien qu'on tombe sur un danger assez important en route, et pas que je dois servir de compagnon de voyage, restant assis durant tout le trajet à s'ennuyer.

Pour m'en assurer, je préférais demander quelques renseignements, avant que le cochet ne fouette dans l'air, faisant avancer ses chevaux. Si je devais jouer les gardes du cops, j'aimerais en savoir un peu plus, je n'étais pas un stupide mercenaire qui se contentait de l'essentiel au risque d'avoir une mauvaise surprise. Non, j'étais un guerrier honorable, veillant à sa réputation, car je suis de la guilde.

Haknam - On ma dit que vous vouliez aller vers les montagnes. Parfait. Mais avant, je dois savoir, quel est le but de ce trajet ? Il faut que je puisse analyser les potentiels risques lié aux raisons de votre déplacement madame.

Ainsi, nous partions à l’aventure. Rien qu’avec une seule phrase, je compris que j’avais vue juste chez la petite princesse. Présomptueuse, hautaine et sans doute enfant pourrie gâtée. Le voyage risquait d’être plaisant. À peine quelques mètres avancés, j’imaginais qu’elle se mettrait à crier ses caprices et que mes nerfs arriveraient rapidement à bout. Le mieux pour éviter cela et voir en noir le voyage, était de se changer les idées. Là, où j’étais, je n’avais rien d’autre à faire que de discuter avec le cocher. On ne déballait pas vraiment nos vies, on se renseignait surtout sur des éléments importants. Comme par exemple, je lui demandais s’il savait où nous allions plus précisément, depuis combien de temps supportait-il sa maîtresse. Ce genre de chose.

Apparemment, il travaillait pour Madame que depuis aujourd’hui. Cela voulait dire qu’il serait incapable de me renseigner sur le caractère de notre cliente. Et bien qu’il ne sût rien des intentions de Khalina'j, il ne se priva pas de louer les qualités de son service de cocher en ville. Il me parla de divers clients qu’il a eu, parfois même des hauts dignitaires, mais comme j’avais l’impression que c’était parfois du pivot, je ne l’écoutais plus que d’une oreille. Au moins, il semblait sympathique, mais cela me perturber quand ce n’était pas moi qui contais mes exploits à l’épée, les monstres et seigneurs de guerre que j’ai occis. E genre d’histoires étaient bien plus intéressante que les balades en calèche qui se ressemblaient toutes.

Quittant Estandre, nous prenions la route qui menait à Cap d’Assouvin. C’était un coin du royaume que je connais bien. La ville portuaire juste à côté répondant du nom de Voragil, c’était là-bas où j’ai débarqué pour la première fois sur Orcande, la tête remplit de rêve. Depuis, je connaissais ce coin, et je savais qu’il pouvait abriter divers dangers comme des bandits ou des bêtes sauvages. Mais ceux qui se cachaient dans les montagnes, et bien c’était pire. Des monstres gigantesques, cacher dans des grottes obscures et des hordes de petites créatures cannibales qui se faufilaient sous les rochers…

Si je ne me trompais pas, il nous faudrait une semaine à peu près pour arriver là-bas. Plus une semaine pour revenir, sans compter le temps que cela nous prendra pour y rester. Khalina’j devait avoir pas mal d’argent sur elle pour payer des gens assez fous pour un tel long voyage. Mais si ce n’était qu’une simple visite… Enfin bref. Le véhicule avança tranquillement, croisant d’autre calèches, chariot ou voyageurs. Chacun se contentaient de sa besogne, sans se soucier de l’autre. Tant mieux, nous ne rencontrerons pas de problème pour le voyage. Et bien que j’avais mon épée qui me démangeait, je ne voulais pas trop tarder, de crainte de devoir trop supporter cette noble. Mais bon, jusqu’ici elle semblait rester tranquille. Jusqu’à ce que l’on s’arrête subitement quelques heures plus tard.

Sur la route, se trouvait un chariot en piteuse état, et un corps qui dépassait des herbes. Inquiétant.

Haknam - Attendez là. Je vais voir.

Je descendis de la calèche et m’approcha du corps, arme à la main. Cela pouvait aussi bien être ne pauvre âme en détresse, qu’un piège tendu par un groupe de brigands. Le mieux serait d’aller voir et laisser la calèche à l’arrière en cas d’attaque. Trop près, elle serait une cible trop facile. A quelques pas du corps inerte, j’essayais de me pencher pour distinguer du mouvement, mais rien. A quelques centimètres ensuite, je me mis à le frapper du pied, mais il n’eut aucune réaction. Etait-il possible que cette personne soit morte ? En m’approchant, je sentais une curieuse odeur. L’homme devait être dans cet état depuis un moment.

Je pouvais entendre la petite princesse jactait juste derrière. On venait tout juste de commencer à partir que déjà, elle me gonflait. Finalement, je ne le sentais vraiment pas ce voyage. J’ignorais le pourquoi de son voyage, mais il était hors de question d’abandonner ce pauvre bougre à son sort. Elle aimerait elle qu’on l’ignore et qu’on la laissait mourir sur le bord d’une route comme un rat ? Moi c’est ce que je ferais en tout cas, tellement elle me prenait la tête. Je préférais ne pas prendre cas de ses menaces et restais concentrer sur l’homme. S’il était mort, on pourrait partir de suite, mais il serait bon de savoir ce qui l’aurait tué. L’examinant, je constatais que ses blessures n’étaient pas de nature animale, mais faites par des armes. Mince alors ! Des bandits devaient rôder dans le coin. Je vérifiais s’il était bien mort, mais au moment où je me penchais sur lui, accroupis, il m’attrapa le bras et se redressa avec un visage figer dans la terreur :

Victime - Des monstres... Partout ! Une bête... cornus...

Puis il s’effondra sur le sol, inerte. Je vérifiais sa respiration et son pouls, mais rien. Le pauvre bougre venait de rendre son dernier souffle dans la terreur. Mais qu’est-ce qu’il voulait dire par là ? Une horde de monstres avec une bête cornue roderaient dans le coin ? Improbable, je ne voyais pas quelles créatures de ce genre pourraient vivre par ici. Et ses attaques, elles semblaient être commises par l’homme. Ce continent était si dangereux, que l’on soit en ville ou en pleine campagne, n’importe quoi pouvait vous tomber dessus pour vous arracher la tête. Allez savoir, un dragon pouvait rôder par ici et s’amuserait à dévorer les passants. Je n’en ai encore jamais croisé tiens.

Cocher – Madame s’impatiente, nous devons continuer.

M’informa le cocher en me rejoignant avec sa calèche sur un ton quelque peu gêner. Cette Jouvencelle à dû lui mettre la pression. Elle croyait quoi, qu’en engageant un garde, elle serait à l’abri de tout danger et qu’elle pouvait traverser un camp orc sans craindre de se faire trancher la tête comme si elle se promenait sur la plage ? Non, désolé, il y avait des précautions à prendre. Bien que j’étais un bon combattant, je n’allais pas attirer tous les dangers du monde et devenir une protection indestructible. Cette femme devait rester enfermer trop longtemps dans sa tour d’ivoire et ne rien connaître du monde. Elle ne devait le connaître que par les livres et les ouïe dire. Sans compter, qu’elle devait aussi croire que comme dans son petit château de campagne, tout le monde ici se plierait à sa volonté. Mais bon, il était vrai que nous devions partir, car si un danger tapissait par ici, il fallait mettre le plus de distance possible. Je bondissais sur la calèche pour rejoindre ma place.

Haknam - Allez-y. Mais faites attention ! On est pas seul ici.

Le cocher comprit le message et refit partir sa calèche, inquiet et guettant tout comme moi notre environnement. Je laissais ma main poser sur le pommeau de ma lame pour être prêt d’avance. A chaque buisson je m’attendais à voir surgir un bandit ou un gobelin si ce n’était un orc. Les plaines pouvaient être traitresses aussi, car sa végétation et son relief quelque peu irrégulier pouvait cacher une embuscade. Mais au moins, nous bénéficions d’un très bon champ visuel, permettant de surveiller les alentours. Le moindre signe suspect serait rapidement repérer, comme ces deux étranges ombres qui se mouvaient au loin, avant de disparaître…

Mais qu’est-ce qu’elle pouvait m’énerver celle-ci. Elle croyait vraiment que tout pouvait se plier à son bon vouloir. Et si on prenait le cadavre et qu’on abandonnait cette greluche ici ? Ce serait une bonne idée, je pense. Avec son impatience et son mépris de la sécurité, elle allait tous nous faire tuer. Je vous préviens, si après cette mission, on ne m’accordait pas les honneurs et les privilèges perdus, je ferais un malheur et je risquais de devenir un guerrier des ténèbres ou quelque chose comme ça. Même Borht le cocher n’en pouvait plus. Je pouvais le voir rouler des yeux et souffler par moment, mais ceux de manière très discrète.

Les ombres qui se mouvaient ne s’arrêtaient pas. Le pire était qu’on était encore loin de toute habitation, ville ou village. Nous n’aurions rien pour nous protéger. Borth fit accélérer la calèche, mais ceci ne suffisait pas. Même les chevaux ressentaient un danger tout proche. Ils hésitaient à presser le pas. Au moins, il y aura un peu de distraction. C’est alors que nous vîmes surgir tout autour un groupe d’individus avec des têtes monstrueuses. Ils s’agitèrent tout autour en poussant des cris d’animaux. Les chevaux furent effrayés et se dressèrent, agitant leurs pattes avant. Dans la précipitation, je fus déstabilisé de ma place assise, et je manquais de m’assommer en tombant par terre. Mais grâce à mon agilité, je parvenais à retomber sans soucis sur mes pieds.

Me redressant, j’ai pu voir qu’il s’agissait de créatures d’apparence humaine, recouvert de fourrure et ayant chacun une tête animale. Ils étaient également armés, de gourdins et de machette. Ils continuaient à pousser des grognements en nous bloquant toute possibilités de fuite.

"Haknam - Restez dans la calèche ! Je m'en occupe !" Criais-je à l’intention de la petite princesse.

L’un des agresseurs, qui avait une tête de sanglier, se jeta sur moi en brandissant sa petite hache. Il avait l’odeur en plus du phacochère. Mais il était étrange que ses lèvres ne suivissent pas ses couinements. En tout cas, il tentait une première attaque. De mon côté, j’avais dégainé ma longue lame et mettais mis en garde. À l’assaut de l’homme cochon, j’avais tourné sur moi-même, laissant passer l’attaquant pour qu’il se cogne contre la calèche. Un second avec une tête de chien voulu en profiter pour m’assommer, mais dans mon élan, je lui avais ouvert le ventre en deux d’un seul coup de lame. Il s’écroula au sol lentement, regardant sa blessure qui saignait beaucoup.

L’homme sanglier revenait à la charge, mais je frappais dans ses cotes le faisant se plier en deux, profitant du moment pour lui trancher la tête d’un coup net. Deux adversaires en moins en seulement quelques secondes, cela ne m’étonnait pas du tout. Je ne disais pas être le meilleur combattant d’Orcande pour rien.

"Haknam - Restez dans la calèche ! Je m'en occupe !"

Mais quand la tête bestiale roula à mes pieds, je vis sa peau se détachait, devenant le visage d’un humain barbu et aux yeux exorbiter. Des humains ? C’étaient des humains déguisés ? Voilà qui expliquait des choses.

Le combat se poursuivait, et avec toutes ces armes, aussi rudimentaire sont-ils, toutes ensembles pouvaient faire mal. Ma marge d’esquive se réduisait à vue d’œil, et j’avais de plus en plus de mal à en m’en débarrasser, tellement ils semblaient si nombreux. Un coup, je tournais sur moi-même pour éviter l’attaque d’une épée courte, je me retrouvais face à une massue qui manquait de peu ma tête. Parvenant à me dégager de cette mélasse, un coup de pied dans l’arrière-train de l’un d’eux pour sortir, je fis apparaître une seconde lame à partir de la première, me permettant ainsi de me battre de manière ambidextrie. Avec, je me sentais mieux, je pouvais me défendre sur deux fronts. Il n’eut qu’une dague qui me toucha au bras, mais ce ne fut pas grand-chose, comparait à la belle ouverture que je fis à l’un des bandits au niveau des côtés.

Je vis la petite noble sortir de la calèche et grimper. Mais que faisait-elle donc ? Elle se mettait en danger, car les bandits pourront la capturer, et je les soupçonnais d’être suffisamment intelligent pour comprendre que Khalina'j valait son poids en or. Sans doute, trouvait-elle tout cela distrayant et voulait avoir une meilleure vue. Ou bien piquait-elle une crise et allait gronder ces bandits de la mettre en retard. Ce n’était pas un garde du corps qu’elle aurait dû engager dans ce cas, mais un régiment, car il fallait être partout pour veiller sur elle.

Haknam - Mais que faites-vous ? Retournez dans la calèche !

Si seulement elle pouvait m’écouter pour une fois, surtout à ce moment. J’arrivais à repousser un bandit d’un coup de pied dans le vendre, et assommer un autre avec le pommeau de l’un de mes épées, mais jamais je n’arriverais à temps pour la sauver si un des bandits grimpait la calèche pour l’enlever. Il faudra alors que je lui cours après pour me débarrasser du futur kidnappeur et la ramener.

Khalina'j - Fuyez ! Avant que le froid ne dévore vos âmes !

Jamais je n’ai Mais de quoi parlait-elle ? Voulant jetais un coup d’œil pour m’assurer que tout allait bien pour elle, je vis foncer vers moi un souffle de glace, un nuage blanc qui balayait tout sur son passage, éjectant nos adversaires. Par réflexe, je sautais sur le côté pour éviter l’attaque, mais mon pied-droit fut touché au moment du saut. Je sentais la morsure du froid se refermait sur mon membre et je lâchais un râle. Roulant sur le côté, je me mis à frotter mon pied et à le comprimer. Râlant, je levais la tête et vis la noble recouverte par un manteau de neige et de vent qui lui donnait un aspect effrayant.

Je n’aurais jamais imaginé que Khalina’j serait une sorcière. Une sorcière des glaces. Mais dans quel guêpier me suis-je fourré ? Moi qui pensais juste accompagner une femme plus ou moins normal pour un endroit qui ne devait avoir de réelle importance, voilà que je me mettais à douter sur pas mal de chose. En tout cas, les bandits encore vivants, comprirent en voyant leurs camarades tomber sous l’attaque magique, qu’il valait mieux décamper pour ne pas finir en glaçon. Tous prirent la fuite pour se cacher à nouveau dans les bois. Ils étaient partis, aussi vite qu’ils étaient venus.

Mon pied était déjà moins engourdi, par chance, je ne fus pas gravement touchée par son attaque, je l’avais frôlé de peu. Me relevant avec plus ou moins de faciliter, je dévisageais la sorcière, choquer par une si soudaine révélation. Je n’avais pas vraiment de problème avec la magie. À la guilde, j’ai croisé quelques-uns sachant la manipuler. Mais je savais que beaucoup de catastrophes arrivaient à cause d’elle, responsable de pas mal de maux dans notre monde. Elle était imprévisible et corrompait l’esprit et le cœur. En gros, j’avais du mal à faire confiance à quelqu’un pratiquant cet art.

Haknam - Vous pratiquez donc la magie. Intéressant. Vous êtes quoi ? Une sorcière en exile ?

Khalina'j - Je suis une magicienne qui déteste être dérangé par des pouilleux. Et vous alors, vous êtes quoi ? Un guerrier accomplissant une quête personnelle ? Un maître épéiste ?

En voilà une drôle de question. Évidemment que j’étais maître épéiste, elle voulait engager un garde du corps sachant se battre, elle était servie. Après elle ne devait se douter que je survivrais à la première attaque de pouilleux comme elle disait qu’on rencontrerez, ou bien, c’était ma capacité à doubler mon arme qui la surprit. Il était vrai que j’oubliais souvent que ce détail pouvait surprendre pas mal de monde, alors que je n’en faisais pas spécialement attention. Mon mentor m’avait expliqué justement cet effet, le guerrier fusionne tellement avec son arme grâce à sa magie, que l’utiliser revenait comme se servir d’un couvert ou porter une chaussure. Je rengainais mon arme.

Haknam - Vous vouliez engagé un guerrier pour vous protégé, vous voici servit madame. Disais-je en effectuant une révérence devant elle. Mais il vaut mieux ne pas rester dans le coin trop longtemps. Nous ferions mieux de partir.

Aussitôt dit, aussitôt fait. Je sautais pour rejoindre ma place à côté du cocher, mais une triste découverte nous attendait. Le bougre tait encore vivant, mais gravement blesser. Il se tenait les côtes, là où un de ces sauvages l’avait frappé avec une arme blanche. Un couteau à la vue de la blessure. Inquiet, je découpais le bas de son manteau pour lui faire un premier bandage.

Haknam – Tenez bon Borth, cela va aller.

Le cocher de ne répondait pas, il râlait entre ces dents, comprimant la blessure. Nous voilà dans une sale situation, car nous étions privés pour un temps de notre moyen de transport. Lui faisant un bandage, je criais à l’attention de Khalina pour m’assurais qu’elle entendait dans la calèche :

Haknam – Le cocher fut blesser dans l’attaque ! Connaissez-vous un sort de soin ?

Je n’étais pas médecin, alchimiste ou guérisseur. Mais je savais identifier une blessure grâce à mes années de pratique du combat. Il a dû être blesser par un couteau ou une dague. La blessure n’était trop profonde, mais si nous ne le guérissons pas rapidement, cela pouvait s’aggraver au point où nous devrions creuser sa tombe au pauvre bougre. Sauf si nous tombions sur un prêtre en route, il devait bien avoir un temple, ou une chapelle dans le coin non ? Pour une fois que je voulais croiser un religieux, je n’en vis aucun dans les parages. Dans cette situation, je ne vis pas beaucoup de solution.

Haknam – Acceptez-vous qu’il se repose derrière avec vous ? Je vais essayer de conduire cet engin ?

Quelle ne fut pas ma surprise, en voyant Khalina'j préférait monter à l’avant avec moi, plutôt que de rester assise à l’arrière comme une vraie duchesse. La vue d’un pauvre homme blessé devait l’incommoder d’une certaine manière. J’aurais du mal à croire que la vue du sang ou sentir de la pitié pour un bougre en pleine souffrance devait en être la cause, mais bon. Une fois notre passagère installée, je me mis à jouer avec les rennes pour nous faire avancer.

Je devais l’avouer, je n’étais pas très doué avec les chevaux. Je n’avais rien à voir avec un cavalier, et jamais de ma vie, je n’ai conduit de calèche. Pour cela que j’eus un peu de mal au départ à faire avancer la carriole. Mais par chance, la paire de chevaux voulus bien avancer. L’inconvénient, c’était que j’avais un peu de mal à maintenir notre route bien droite et j’ai dû apprendre très vite à concevoir un trajet stable. Pour le moment, tout se passait bien, nous progression à travers la plaine et j’espérais que notre périple ne durera pas. Sur la route, nous devrions trouver un village avec un temple, ou une chapelle pour les voyageurs dans le coin, car je ne me voyais pas jouer les conducteurs longtemps.

Sans peine, j’arrivais à imaginer les ruminations de la bourgeoise dans sa tête. Sans doute se plaignait-elle de mes qualités de conducteur. Eh bien oui, je savais manier une arme, mais pas un cheval. Ce n’était pas pour rien que je me vantais un rien sur mes compétences guerrières. Si j’avais su que je devrais faire ça en plus, j’aurais pu demander une augmentation. Mais bon, c’était vraiment un cas particulier et puis, nous pouvions profiter du paysage qui défilait lentement autour de nous. Les arbres balancer par une brise légère, les nuages s’amusant à se déguiser en divers forme à la fois familière et insolite. Et ce soleil qui nous réchauffait juste avant que l’automne n’arrive, provoquant ma période froide de l’année. Pour se changer les idées, je tentais de questionner ma cliente, histoire de discuter.

Haknam - Alors, dame Khalina'j, où allons-nous ? Vous rendez visite à de la famille ou des amis dans les montagnes ?

Bon, c’était à la fois de la curiosité, mais aussi un besoin vital de savoir sur quoi, on pouvait tomber. Pour le moment, le cadre était calme hormis ces bandits. Mais j’aimerais savoir qu’elles étaient les chances pour que des sorciers rivaux, armées de sceptres renfermant une magie néfaste, accompagnées de monstres infernal ne nous tombent dessus. Si nous devions en affronter, soit cela ne me dérangeait pas plus que ça, mais un bon combattant augmenter ses chances de réussite s’il pouvait se préparer un minimum à ce qui pourrait l’attendre.

Où bon lui semblait… Il s’agissait d’une jeune noble qui devait croire que l’aventure était telle comme le contait troubadour et jongleur. Les riches devaient sans nul doute énormément s’ennuyer, et dépensaient donc leur argent en frivolité où tout ce qui pourrait les faire frissonner. Mais contrairement au récit héroïque qu’on nous narrait sur de grands héros courageux ou d’explorateur visitant des contrées inconnues et hostiles, tuant des monstres de la taille d’une montagne et revenant chez eux avec un fabuleux trésor. La réalité était tout autre, car quand on allait à l’inconnu comme ça, on avait une forte de chance d’y passer. Et il était très rare que je l’avoue, même en penser, mais même mes récits étaient quelque peu… Exagérés. Bien que j’en profitais pour me donner l’image d’un guerrier sans peur et sans faille aux ambitions nobles, la réalité était souvent autre. Revenant à notre sujet, je réfléchissais à ce qu’elle me disait sur les montagnes.

"Ces montagnes... Une si grande chaîne qu'il doit bien y avoir quelque chose à trouver. On raconte tant de choses à leurs sujets. De monstres maléfiques, de ruines enfermant des reliques magiques. De fée mystérieuse etc. Vous devriez trouvé votre bonheur, j'en suis sûr."

Je pourrais mentionner le danger de s’y rendre, même avec des pouvoirs magiques, mais elle semblait savoir se défendre, et de toute façon, elle ne m’écouterait sans nul doute pas. Et si je la convainquais de renoncer, elle pourra prétexter qu’elle n’aurait plus de raison de me payer. Et les dieux savent que j’ai besoin d’une bonne dose d’aventure justement et d’argent pour refaire ma renommée. Un guerrier de la guilde pouvait se faire passer pour un héros, un justicier usant de son arme pour le bien de tous. Mais en réalité, on s’approchait plus du mercenaire que du chevalier. Khalina'j enchaîna sur un tout autre sujet.

"Où avez vous appris l'art de l'escrime ? Et où avez vous acquis votre épée ?"

Que voilà une question inattendue, jamais on me l’avait posé et je préférais ainsi. Car cela impliquait de parler de mon passé, et il était loin d’être glorieux. Pour vous rassurer, il n’y avait rien de traumatisant, de tragique en quelque sorte. Juste que j’eus quelques différents avec les miens à cause d’un incident stupide et donc, que j’étais plus ou moins, en exil, mais c’était moi qui voulais partir à la fin. Alors, pour quelqu’un qui cherchait à se bâtir la meilleure réputation d’épéiste du continent, cet épisode risquait de faire tâche dans la légende. Mais bon, elle parlait juste de mon épée, alors il ne sera sans nul doute inutile de le mentionner.

"Cette épée me vient de ma terre natale. Les gens de ma tribu savent très bien forger le bronze, le cuivre, le fer et l'acier, bien que ce dernier reste rare. On est connu pour être de très bons combattants au corps-à-corps si ce n'est avec nos arcs. Alors, on est entraîné très jeune à manier la lame. C'est donc là-bas aussi où j'eus mon premier mentor avant de venir sur Orcande et perfectionner mon talent."

Voilà, inutile d’en dire plus, elle ne devait avoir cure de la situation géopolitique de Kemetra actuel et des raisons m’ayant poussé à quitter mon chez moi. De toute façon, ce n’était pas important, et puis, ici il y avait bien plus d’adversaires à affronter que dans un immense désert mort où il fallait parfois survivre pendant plusieurs mois seul sous un soleil pour trouver quelque chose d’assez gros à tuer pour revenir victorieux à la tribu. Mais cet échange me mit un peu en confiance et je me sentais d’humeur à échanger, ce que je ne me privais pas.

"Et vous donc ? Où avez-vous appris à utiliser la magie ? Est-ce inné ou bien par curiosité ?"