Les grandes oreilles font-elles bon ménage entre elles?

La route promet d'être longue. Mais Telbara me manque.

J'ai voyagé, beaucoup. Pour mieux comprendre le monde, cela nous semblait essentiel. De Telbara à Estandre, d'Estandre à Tacomnal, puis de Tacomnal à Estandre. N'ayant que peu de connaissances des mentalités des autres royaumes, mise à part tout ce que nous avions pu lire, j'ai pris la décision d'aller constater cela par moi-même. Quelle déception.

Dans le royaume d'Estandre, la quasi-totalité des humains ont une haine inouïe envers tout ce qui ne leur ressemble pas. Des fois, ils se haïssent même entre eux. C'est une mentalité pitoyable. J'y ai fait des "essais", si je puis dire. Des fois je montrais mes oreilles, des fois non. Les réactions des gens étaient si différentes. Quand ils ne savaient pas, ils se comportaient normalement, voire tentaient même de sympathiser. Lorsqu'ils savaient...

"Bâtard!"

"Erreur de la nature!"

"Fils de catin!"

Et j'en passe. Ils ne se contentaient pas d'insultes, de plus. En intérieur, ils n'hésitaient pas à venir en groupe pour tenter de me rosser. En extérieur, c'était une volée de pierres qui volaient en direction de ma tête. J'ai même eu droit à la garde, quelques rares fois. Ravaler sa fierté, s'écraser devant les autres, subir. C'est tout ce que j'étais en mesure de faire face à toute la violence et au mépris des hommes. Le jour, du moins. La nuit, je rendais visite à certains.

Il y a l'esclavage, aussi. Je suis jeune, et certains ne voient en moi qu'une attraction, une marchandise. Un "déchet amusant". Un de ces vendeurs a tenté de m'acquérir, comme il disait. Il faut dire que les demi-elfes ne courent pas les rues, et que des curieux seraient prêts à débourser une énorme somme d'argent pour avoir leur bâtard personnel. Vendre des personnes par appât du gain, acheter des personnes pour pure distraction. Et après, on va me demander de ne pas haïr la race humaine.

Toujours est-il qu'il n'a pas réussi. Il a sûrement plus perdu que gagné, dans cette histoire. Et moi, j'ai eu la certitude sur une chose: je n'ai rien d'humain. Je refuse de croire que je suis né de l'une des ces monstres. Je refuse de les appeler "mes semblables". J'ai beau être une sacré ordure moi aussi, je ne veux avoir aucun rapport avec ce condensé de haine qu'est la race humaine. Mais que faire, alors? J'avais voyagé, j'avais vu le racisme. J'avais vu bien plus de racisme que de bonté, j'avais la confirmation que je voulais. Et je me posais des questions. En soi, à Telbara, nombre de races sont tolérées et vivent sereinement. Mais qu'en est-il dans le cœur des hommes? Cette tolérance est-elle réelle, ou la haine trône-t-elle encore au fond d'eux? Même si là-bas, je ne recevais pas d'insultes ouvertes, j'avais droit à  d'autres choses. Des regards, des murmures parfois. Moins bruyant, mais tout aussi blessant.

Devais-je vraiment retourner à Telbara? J'y ai longuement réfléchi, je leur ai demandé conseil. Il semblerait que c'était tout de même le meilleur choix. Pour vivre dans un peu plus de quiétude. Et que faire, à Telbara? Ce que je faisais partout, sans doute. Je n'étais pas vraiment fait pour une vie casanière, et je n'avais pas vraiment de talents. A part me battre, à part tuer. Il ne me restait guère que le mercenariat. Mais il me fallait bien vivre.

Je voudrais bien voir le Sud du continent. Il paraît que les elfes y vivent, dans certaines forêts. Je serais curieux de rencontrer mon autre "moitié". J'ai assez vu des humains, autant chercher de l'autre coté. Mais avant cela, il me fallait renflouer mes poches. J'ai l'intention de faire halte dans la ville de Canaèles, avant de contourner les montagnes. Si je fais de cette manière, je pourrais rejoindre Telbara assez rapidement. Il faudrait que je m'arrête à Manys, aussi.

C'est comme ça que je me retrouve à marcher sur ce chemin. Le jour bat son plein, nous devons être en plein milieu de l'après-midi. La route passe non loin de la forêt: parfois la longeant, parfois la traversant partiellement. Le feuillage des arbres tamisent la lumière du jour, gardant sombre en toutes circonstances cette vaste étendue boisée. Le chant des oiseaux se fait plutôt rare, étrangement. L'on entend de temps à autres de légers bruissements: probablement de petits animaux qui passent par ici.

Une voix malicieuse traverse mon crâne. Cette voix, je la reconnais entre milles: c'est celle de Lylï, ma sœur. Sa mort m'a beaucoup attristé, et elle le savait. Aussi était-elle revenue, avec Deyn, pour m'accompagner durant ma route. Même si leurs corps n'était pas présent, leurs esprits me suivaient toujours. Ils sont tout deux de bon conseil, aussi, je les écoute souvent. Mais je me demandais bien pourquoi elle venait maintenant.

LYLÏ - Dis-moi, petit frère... Es-tu bien sûr d'être tout seul, sur cette route?

Sans même me laisser le temps de rétorquer, elle disparaît tout aussi subitement. Néanmoins, je savais bien que je devais prendre cet avertissement au sérieux. Je cesse alors ma marche, portant la main droite à mon glaive. Vague mouvement de tête. Rien devant, rien derrière. Si il y avait quelque chose, cela venait de la forêt... Peut-être ces bruissements insistants depuis tout à l'heure? La meilleure décision, c'était de bluffer... Et de vérifier ainsi si quelque chose, ou quelqu'un, me suivait depuis tout à l'heure. J'élève alors le ton, parlant d'une voix clairement audible pour quiconque rôderait non loin.

ZAKEN - Sortez d'ici. Je sais très bien que vous êtes là.

Je soupirai.

-Qu'elle est longue cette route ! Murmurais-je.

Je continuais paisiblement mon chemin en route pour le fort. J'aurais du attendre un peu en ville. Le temps de trouver un acolyte pour éliminer ces fichus bandits. Je suis compétant dans ma profession, mais eux sont nombreux. Et à l'instant ou cette pensée me traverse l'esprit, je vois un homme. Seul. Il est loin, mais grâce a ma vue de tireur d'élite, assez pour le jauger sans qu'il me remarque.
Je vois aussi trois bandits embusqués. Ils veulent tendre un piège au bougre.
D'ailleurs ce dernier et plutôt bien équipé. Il pourrait m'aider pour cette quête.
Cette embuscade tombe a pic. Elle va pouvoir me permettre de l'évaluer et de lui montrer mes talents.
Aussitôt, je file me planquer plus loin, vers les bandits. Juste assez pour que personne ne me remarque et avoir une ligne de tir dégagée.
Je le vois approcher. Il se doute de quelque chose. Il s'arrête et commence a crier. Il est plus futé que je croyais.

Je prends un couteaux de lancer, et me met en position de tir. Dans l'idéal, il faudrait que j'en tue un a son niveau avec mon couteau, que je le laisse éliminer le second, et que j'arrive a toute vitesse pour trancher la jugulaire du dernier sous les yeux de notre ami. Ce serait un bon début de conversation ! Pensais-je en ricanant un peu.

Ça y est ! Les idiots sortent de leur cachette ! Ils se ruent sur notre voyageur. J'attends que le plus proche soit a environ un mètre et demi du solitaire....

En pleine tête !

Mon avertissement fit mouche. A peine eus-je le temps de finir ma phrase que je pus voir sortir du bosquet un trio de bandits. J'avais quelques secondes pour les détailler du regard. Le premier semblait être le plus imposant des trois: en armure légère, il dégainait déjà son épée, un large sourire aux lèvres. Il semblait plutôt confiant; il est vrai qu'en face de lui, il ne voyait pour l'instant qu'un simple gamin qui faisait route seul... C'est à dire une proie facile. Je dissimulais mes oreilles sous un morceau de tissu, de plus. Il n'avait aucune raison d'avoir peur.

Le second empoigne sa dague pour la sortir de son fourreau. Moins grand que son premier collègue, il avait aussi l'air moins équipé. J'imagine que le premier est donc le chef de cette petite bande, ou du moins celui qui donne présentement les ordres, si leur groupe s'avérait être plus grand. Le troisième est resté quelque peu en retrait... Il porte déjà la main à son dos, un arc derrière celui-ci. La situation n'allait pas être aisée... Il allait falloir que j'agisse vite. Je voudrais éviter d'utiliser ma magie contre eux.

Alors que je dégaine mon glaive d'un mouvement vif, un bruit sourd vient attirer mon attention, comme celle des larrons d'en face. L'archer venait de s'écrouler au sol, un petit couteau fiché dans sa tête. Pas la moindre idée d'où il provient... Néanmoins, c'est l'occasion rêvée. Je ne pouvais pas espérer de meilleure diversion. Le plus grand des deux semble encore déboussolé. "Il n'était pas seul!" criait-il. C'était triste, comme derniers mots. Je fonds sur lui, et sans même lui laisser le temps de réagir, vient enfoncer ma lame directement dans sa gorge. Un râle étouffé s'échappe de sa bouche, tandis que je viens retirer mon arme de son corps.

Il ne reste qu'un seul des trois bandits. Tantôt, il me regarde d'un œil apeuré, tantôt, il zieute rapidement autour de lui. Il ne semble pas avoir l'intention de se battre, mais plutôt de fuir. Moi, je n'ai pas l'intention de le laisser faire. Mais autre chose m'intrigue. Le couteau. Il y a quelqu'un d'autre dans cette forêt, et je n'ai pas la moindre idée de ses intentions. Aussi, je me place bien en face du brigand. Si un autre couteau venait à partir, il pourrait me servir de bouclier. En position de garde, je suis aussi prêt à réagir si il venait à m'attaquer. Mon regard se dirige vers le bosquet. Ou peut donc se cacher le tireur?

Tout se passe très vite, mais exactement comme je le voulais.
Je constate au passage que notre bretteur solitaire est aussi compétant que ce que je souhaitais. Si ce n'est plus.
J'exécute alors la dernière phase de mon plan. Pendant que le cadavre qu'a créé notre ami termine de tomber au sol, je dégaine un de mes chères dagues. Mes sœurs. Les seules choses au monde qui n'ai jamais reçu mon affection. Objets comme personnes. Arme en main, je pars comme une flèche.
Une fois au niveau de mon adversaire, je bondis et tranche une bonne moitié gauche de mon adversaire. Il tomba ainsi a terre, baignant dans son sang. Ma vieille collègue la mort n'allait pas tarder pour cet insecte.

Une fois sa gorge tranchée, j'atterris sur le sol sur un dérapage maîtrisé. Je me remet debout, bras Lelong du corps, mais toujours dague en main. Je ne connais pas cet étranger. Et la vie m'as appris à me méfier des inconnus.

Ainsi, je rabats ma capuche en arrière et m'adresse à l'individu.
Le regard pacifique, mais sérieux.

-Tu es doué avec une lame. Ravi d'avoir pu utiliser la mienne aux côtés d'un tueur efficace.

J'attendis sa réponse tentant de prendre une posture diplomatique, ce qui n'était pas mon fort. Ce faisant je restai calme, mais tout de même prêt a fuir ou combattre en cas d'échec.

Ma question ne fut pas longue à trouver réponse...

Rapidement, une forme sombre sortit de la zone boisée. Vive comme l'éclair, elle trucida le dernier maraudeur encore debout. Le corps de ce dernier s'effondre alors sous mes yeux au sol, dans une flaque de sang. Tous les bandits étaient-ils réellement morts? On ne dirait pas... La silhouette se dessine peu à peu à mes yeux. Le lanceur de couteaux embusqués s'avère être... Un tigrain. Typé-léopard, on dirait. Bien armé, de toute évidence... Un arc, des dagues. Il me regarde d'un oeil insistant, avant de me... Complimenter, on dirait? Je ne comprends pas vraiment. Je garde toujours mon glaive devant moi, au cas où. Je ne connais pas ses intentions...

La voix de Deyn résonne dans ma tête. Visiblement, il n'a pas l'air satisfait de ma réaction face à lui.

DEYN - Qu'est-ce que t'attends? Dégomme-le, non?

Non, je n'allais pas le dégommer. Pas tout de suite, du moins. Il me fallait d'abord savoir ce qu'il attendait de moi. Il a tué les bandits, soit. Si j'en crois ses paroles, il a fait ça pour m'aider. Mais rien ne me dit qu'il n'a pas fait ça pour gagner ma confiance, et mieux m'occire après... De plus, il a l'air meilleur combattant que les trois autres. Rapide, en tout cas. Je dois être méfiant... J'ai encore un tour dans mon sac, et la surprise saurait me donner un avantage décisif.

ZAKEN - Qu'est-ce que tu me veux, toi?

Je reste sur la défensive, et j'attends ma réponse... Mon agilité et ma méfiance envers lui l'empêcheront de me prendre par surprise. Il m'a traité de tueur... Il n'a peut-être pas tort, après tout. Mais, si il se débrouille aussi bien lui-même... Pourquoi aurait-il besoin d'un tueur efficace? Cette phrase pique ma curiosité.

A voir ses réactions, il est dans la même position que moi. Pas agressif, mais prêt. Ma stratégie a l'air de fonctionner.

-Ce que je veux ? C'est très simple. Je veux ta lame, et l'efficacité avec laquelle tu la manies.

Un silence.

-Vois tu,
Commençais-je en rengeant ma dague comme symbole diplomatique, et comme premier pas.

-Je faisais route vers le fort plus loin, a l'ouest.
On dit qu'il a été investi par des bandits, et on m'a engagé pour nettoyer l'endroit. Je suis parti vite, et seul. J'aurai sûrement besoin d'aide. Et au vu du coup de main que je viens de t'apporter et de tes compétences, je me suis dit que tu pourrais me renvoyer la pareille.

Je sors calmement une de mes dagues, et la lance a ses pieds.

-Tiens, tu n'as qu'a la garder jusqu'à la fin de ce contrat. En guise de garantie. Et tu auras 50% de la prime.
Qu'en dis tu voyageur ?

J'attends ainsi sa réponse avec grande attention...

-Ce que je veux ? C'est très simple. Je veux ta lame, et l'efficacité avec laquelle tu la manies.

Je n'aime pas ce tigrain. Sa manière de parler, trop flatteur. Son ton, trop hautain. Son air, trop supérieur. Il pense être plus fort que moi, je le vois: il est bien trop confiant. Il rengaine même sa dague... Il me serait si aisé de l'empaler au bout de ma lame. Je vais vérifier s'il me sera nécessaire de le faire ou non...

Il me parle de la raison de sa venue, et me dit qu'il aurait besoin de mon aide. L'écoutant d'une oreille distraite, je profite de ses déblatérations pour venir retirer la pièce de tissu qui entoure ma tête. Ma courte chevelure se retrouve ainsi à l'air libre, ainsi que le point le plus important... Une paire d'oreilles pointues qui se dévoilent à mon interlocuteur. J'ai hâte de voir sa réaction, lorsqu'il s'en rendra compte...

Une dague atterrit alors à mes pieds. Une garantie, soi-disant... Même si la suite s'avère plus intéressante. Nettoyer un fort, et toucher la moitié de la prime. J'ai certes besoin d'argent, mais plusieurs choses me dérangent... Et je ne vais pas manquer de les lui annoncer à voix haute. Là aussi, je veux voir sa réaction. S'il se retrouve déstabilisé, il n'y aura plus le moindre doute quant au fait que c'est un piège.

ZAKEN - Premièrement, je n'ai aucune raison de te faire confiance. Ton couteau n'est en rien une garantie que tu ne vas pas me poignarder en route pour fuir avec mes possessions. De plus, tu sors de nulle part. Et rien ne me dit que tu ne comptes pas fuir avec l'argent une fois que les bandits seront morts. Si seulement nous arrivons à vaincre les bandits. Tu ne m'as même pas dit leur nombre. Il va te falloir être plus convaincant, si tu ne veux pas que je te trucide sur place.

J'entends les paroles de cet homme. Qui s'avère être un sang-mêlé. Mais cela m'est totalement égal. Pour moi tout être vivant à la même piètre valeur. Il commence à s'énerver. Je dois surveiller mes termes, si je ne veux pas que ça tourne au bain de sang.
Mais qu'est ce qu'il croit ?! Si je voulais le tuer pour le dépouiller, je l'aurais pas aidé ! Il a osé dire que ma précieuse dague n'avait aucune valeur ! Le fou...
Je dois me calmer. En même temps, à sa place, moi aussi je me méfierai. Il me connaît même pas après tout.
Calmons le jeu. Mais s'il tente quoi que ce soit, il sera mort avant de dégainer.

-Écoutes,
D'abord, je te demandes pas ta confiance. Ta collaboration me suffit. Ensuite, cette lame n'a peut être aucune valeur de garantie pour toi, mes à mes yeux, c'est comme si je te donnais mon propre frère. Je ne t'ai pas dit le nombre de bandits présents au fort car je ne le sais pas moi même. Et c'est pour ça que j'ai besoin d'aide. Et réfléchis un peu, si je voulais te faire la peau, je serais pas en train de te parler.
Et nul besoin de t'inquiéter que je fuisse avec la prime, car je ne fais pas ça pour l'argent.

Je marque un silence, et m'approche de trois pas avant de le fixer dans les yeux.

-Et j'en ai rien à battre de ta race. Tout ce que je veux, c'est que tu me files un coup de main. Comme je l'ai dit, si je voulais ta mort ou ta bourse, je t'aurai pas parlé et encore moins aidé.
Donc, tu acceptes ou pas ?

Lui adressant ces mots, je maudis ma maladroitesse de language. Si seulement ce vieux fou m'avait un peu plus appris l'argumentation, j'en serais pas là.

C'est pas vrai quand même ! La première fois qu'un gusse renifle un piège, c'est quand y'en a pas ! Bref.

En tout cas, avec ou sans lui, j'aurai des bouseux a trucider. Ça me détendra.

Il me parle toujours du même ton assuré qu'auparavant. Sa voix ne flanche pas, son regard ne fuit pas. Son ton reste le même tout le long, pas d'accentuations ou d'affaiblissements. Les chances qu'il mente se réduisent petit à petit. J'avais longtemps observé le visage des hommes. Certaines mimiques du visages ne trompaient pas quant à la présence de mensonge. Il n'en avait pas la moindre. Soit il mentait considérablement bien, soit il disait la vérité. Pour un simple bandit de chemin, un tel talent serait surprenant. Je me plais à penser qu'il dit la vérité. Ce n'est pas le cas de Deyn. Après qu'il m'ait exposé plus largement cette affaire de fort, il restait tout de même quelques points gênants...

ZAKEN - Admettons que ce fort soit empli d'une trentaine de bandits. Tu penses vraiment qu'on pourrait liquider ça à deux? Et enfin... Si tu ne fais pas ça pour l'argent, pourquoi le fais-tu?

Il s'approche doucement de moi, quelques pas. J'ai toujours mon glaive devant moi, en guise d'avertissement. Gare à lui s'il s'approchait trop prêt.

-Et j'en ai rien à battre de ta race. Tout ce que je veux, c'est que tu me files un coup de main. Comme je l'ai dit, si je voulais ta mort ou ta bourse, je t'aurai pas parlé et encore moins aidé.

C'était... Bien. C'était mieux que ce que j'aurais pu imaginer. Là aussi, il n'a pas sourcillé. Cela ne lui importait pas, et j'aimais ça. Pas de mépris, pas de valorisation... Juste de l'indifférence. De la part d'un tigrain, c'était compréhensible, cela dit. S'il avait connu l'esclavage, d'autant plus, il ne devait pas vraiment apprécier les humains non plus. Une facette intéressante de plus. Il m'intéressait, et c'était rare. A l'accoutumée, je n'appréciais pas spécialement les non-humains, les trouvant insipides, faibles de se laisser faire face à une race dominante pourtant plus faibles qu'eux. Malgré les protestations insistantes de Deyn, accepter pourrait être amusant. Oui, pour une fois, je n'allais n'en faire qu'à ma tête.

ZAKEN - Très bien. Je vais te suivre pour un moment, histoire d'aller voir ce fort en question. Mais pas d'entourloupes, tigrain. Quel est ton nom?

ZAKEN - Très bien. Je vais te suivre pour un moment, histoire d'aller voir ce fort en question. Mais pas d'entourloupes, tigrain. Quel est ton nom?

Je constate que mon parler n'est pas si mauvais. Cela me motive.
Je passe a côté de lui en lui donnant une tape amicale sur le bras, puis pars vers l'archer pour récupérer mon couteau encore planté dans son crâne.

-Je me nomme Vif-Trépas l'assassin. Mais ma génitrice m'a attribué le nom de Zaqual.
Et pour te répondre, fût un temps je tuais pour l'argent. Mais seulement en vue d'investir dans mon équipements. Maintenant que c'est fait, je tue pour le plaisir. Dis-je en repassant de son côté pour suivre la route, tout en remettant ma capuche.

-Et toi ? Qui es tu ?

Alors qu'il passe non-loin de moi, il vient me mettre une petite tape sur le bras. J'ai horreur de ça. J'essaie de paraître impassible, mais je lui en aurait bien retourné une dans le nez... Passons, il vaut mieux.

-Je me nomme Vif-Trépas l'assassin. Mais ma génitrice m'a attribué le nom de Zaqual.
Et pour te répondre, fût un temps je tuais pour l'argent. Mais seulement en vue d'investir dans mon équipements. Maintenant que c'est fait, je tue pour le plaisir.

Je n'aime pas ce genre de personnes. Tuer pour le plaisir, hein? Il y a toujours un objectif derrière un meurtre. Que ce soit l'argent, la rancœur, l'amour. Le plaisir, ce n'est pas un objectif. C'est la porte ouverte vers la perte de la raison. Il ne faut jamais perdre ça de vue... De plus, je note qu'il ne m'a pas répondu, pour le fort. Il compte nous envoyer tous les deux au casse-pipe, seuls contre cent? J'ai visiblement encore quelques informations à lui soutirer.

-Et toi ? Qui es tu ?

Maintenant, c'est lui qui désire en savoir plus. Normal, après tout, s'il désire faire un bout de chemin en "notre" compagnie.

ZAKEN - Je suis Zaken, un simple renégat.

Cela donnait suffisamment d'informations sans trop en donner non plus. Pour le reste, il s'amusera à déduire ce qu'il en voudra. Tout ce qu'il avait à savoir, c'est que j'étais dangereux pour lui, et ainsi le dissuader de tenter quoi que ce soit à mon égard. Qui sait, je pourrais peut-être même me servir de lui par la suite. Cette perspective m'amusait.

ZAKEN - Tu ne m'as pas répondu. Comment comptes-tu pallier notre sous-nombre dans ce fort? Ils ne risquent pas de nous accueillir à trois, là-bas.

-Je suis Zaken, un simple renégat.

En entendant cette phrase, je souris en répondant par un simple "mph" rieur

- Tu ne m'as pas répondu. Comment comptes-tu pallier notre sous-nombre dans ce fort? Ils ne risquent pas de nous accueillir à trois, là-bas.

-Ce fort est grand. Mais il n'est que suite de couloirs et de petites pièces. Sauf le salon ou ils mangent le soir. Je le sais, j'étais avec eux avant de me mettre à mon compte. Ils n'étaient qu'une dizaine a mon départ, mais au vu de leur récente activités, leur effectifs ont sûrement augmantés. C'est pour ça que je n'y vais pas seul.
Et pour répondre à la question que tu te poses déjà, j'étais avec eux parce que j'étais jeune et sans moyens. Plus tard, au moment que j'avais décidé opportun, j'ai tué le chef dans son sommeil, et suis parti errer en quête de contrats. Il y a pas grand chose d'autre à en dire.

Fatigué de raconter ma vie à un idiot, je me vets de silence en réfléchissant a quel était le meilleur moyen pour le garder a ma botte sans qu'il se sente trop à l'aise et se retourne contre moi.
Qui sait ? On pourrait devenir partenaires. Mais il est encore trop droit et sain d'esprit. Je vais avoir du pain sur la planche....

Je regarde le ciel s'assombrir, et serre les dents en voyant les premières gouttes tomber.


Je hais ce monde.

Savoir que je suis un renégat semble l'amuser. Qu'importe, pour le moment. Il devait sans doute s'imaginer des conneries qui l'amenaient à pouffer. Dans tous les cas, c'est une foule de renseignements qu'il m'envoie au visage, me révélant même qu'il avait fait partie de ces bandits. Sûrement pour ça qu'il tient à les éradiquer... Il doit y avoir un fond de vengeance personnelle dans cette histoire, quoi qu'il en dise. Une dizaine de bandits, donc les effectifs ont pu augmenter... Sachant qu'on venait d'en supprimer trois. Peut-être une quinzaine, alors? C'était abordable, mais il allait falloir une infiltration solide pour y parvenir...

Les nuages venaient aborder le ciel bleu petit à petit, avant de laisser s'échapper une fine pluie. Orage d'été, sans doute... Il n'empêche que cela risquait d'être pénible. Nous ne devrions pas tarder à se mettre en route. A mon agacement, c'est lui qui disposait des informations sur le fort... Je suis donc pour le moment dépendant de lui. Ca ne me plait guère, mais soit. Autant lui laisser la responsabilité du bon déroulement des plans, dans ce cas-ci.

ZAKEN - Dépêchons nous de partir. Tu connais la position du fort, tu nous y conduis donc. As-tu déjà un plan, ou pas le moindre?

Si il proposait quelque chose de louche, je ne manquerais pas de l'apercevoir. De mon coté, je réfléchissais à la configuration que pouvait avoir ce repère de brigands. S'il s'agissait réellement de petits couloirs, alors en agissant rapidement, de manière à ne pas sonner l'alerte, et en étant constamment en mouvement, nous devrions pouvoir nous en sortir. En cas de pépin, je déguerpirais... S'il a réellement tué leur ancien chef, nos amis les bandits seront certainement ravis de récupérer ce Zaqual. En tout cas, ce serait une diversion suffisante pour me permettre de m'enfuir. Finalement, il y a peut-être moins de risques que prévu...

Je l'entends me poser des questions. A croire qu'il ne sait faire que ça. C'est a croire qu'il est plus douer pour questionner que tuer.

Mon visage arbore alors un sourire.

Je brandis alors mon arc vers le visage de cet interrogateur, prêt à tirer.

Quelques longues secondes tendues semble durer une éternité dans le rythme régulier de l'averse, et immobiliser mon sourire malsain et son visage surpris.

Ma flèche vole.
Passe à 5 centimètres de sa tête et va se planter dans le cou d'une biche derrière lui.

-Le fort est a un jour de marche, et il se fait tard. Nous allons devoir camper. Et j'ai faim.

Je récupère ma flèche, et assez de viande pour le repas de ce soir et le petit déjeuner. Puis je pousse un brutal rugissement tigrain.

-Pour éloigner les prédateurs qui sentiraient la viande.
J'espère que tu aimes la biche. Disais-je en fourrant la viande dans un des sacs pris aux bandits.

-Marchons. La route est longue. Nous cuierons la viande et montrons le camp a la tombée de la nuit.

Je le dépasse, et commence a prendre la route. En marchant, je tournes ma tête vers lui et lui dit en souriant :

-Et si tu es sage, je t'expliquerais mon plan autour du feu !

Il... Sort son arc? Que compte-t-il faire avec ça? Deyn et Lylï me hurlent tous les deux de bouger, de m'écarter... Il ne compte pas me tirer dessus, quand même? Il me garde en joue... Je dois me réveiller! J'envoie un violent mouvement de cou du coté opposé à l'endroit où il visait. La flèche qu'il tire ne me touche pas, mais je sens clairement le mouvement d'air qu'elle a généré. Instinctivement, ma main se porte à mon glaive. Je ne le quitte pas des yeux une seconde. Il vient de tenter de me tuer? Ma main fait doucement glisser l'arme hors de son fourreau, s'arrêtant à mi-chemin. En effet, il rengaine son arme. A quoi joue-t-il?

-Le fort est a un jour de marche, et il se fait tard. Nous allons devoir camper. Et j'ai faim.

Je tourne très lentement la tête. Il a tiré sur un animal. Il y a un cadavre, sa flèche plantée dans la gorge de l'animal. Mais ce n'était clairement pas son intention... C'était une provocation. Il testait mon sang froid. Je n'allais pas lui faire le plaisir d'y répondre aussi facilement en lui sautant dessus. C'était un étrange petit jeu que nous menions tout les deux, et il fallait être subtil. Aussi le laissais-je passer à coté de moi, sans rengainer. Son visage trahissait un léger sourire. J'avais touché juste: il ne faisait tout ceci que pour me provoquer. Il risque d'être surpris.

-Et si tu es sage, je t'expliquerais mon plan autour du feu !

Voilà qu'il me traitait comme un gamin, désormais. Qu'importe, je l'avais percé à jour. J'allais me faire un plaisir de rester impassible à toutes ses piques. Tant qu'il ne va pas trop loin. Je décide de le suivre , un peu en retrait. J'ai bien évidemment rengainé: s'il allait trop loin, j'userais de ma magie pour en finir. Pour le moment, faisons profil bas: moins je lui en dévoilerais, plus j'aurais d'avance sur lui. Et je ne supporte pas qu'on me double.

C'est ainsi que nous nous mettons en route. Après quelques minutes, la pluie s'arrête. Je m'ennuie.
Il est chiant ce mec...
J'essaie de me montrer amical, et lui, il fait la gueule !
Il a pas dû apprécier ma petite blague avec la biche.

-Fais pas cette tête, tu veux ? J'ai trouvé notre dîner, tu étais sur ma ligne, j'en ai profité pour une blagounette...
T'es trop sérieux. Ok on secoués tous les deux. Mais on peut en rire une fois de temps en temps ! Et au fait, t'avais pas a bouger la tête. J'ai visé a côté exprès.

-Et vivement que la nuit tombe. J'ai la dalle.

-Fais pas cette tête, tu veux ? J'ai trouvé notre dîner, tu étais sur ma ligne, j'en ai profité pour une blagounette...
T'es trop sérieux. Ok on secoués tous les deux. Mais on peut en rire une fois de temps en temps ! Et au fait, t'avais pas a bouger la tête. J'ai visé a côté exprès.

Il semble que ce tigrain ait un brin de mal à saisir la situation. Il va falloir lui remettre les pendules à l'heure.

ZAKEN - Je crois que tu ne comprends pas quelque chose. Je viens d'échapper à deux tentatives de meurtre en cinq minutes, et visiblement, il va y en avoir un bon paquet de plus demain. Et je n'ai guère envie de m'entendre comme larrons en foire avec un simple assassin.

Ainsi, mon aversion envers le tigrain devrait être passée pour de bon. Il n'était pas exclu que je discute avec lui, non. Mais je ne supporte pas cette manière de parler. A l'entendre, on croirait avoir gardé les cochons ensemble. Alors que de fait, il ignorait jusqu'à mon existence il y a moins d'un quart d'heure. J'imagine que cette manière de se comporter de sa part n'était compatible qu'avec un interlocuteur semblable. Mais ce n'est pas mon cas. Avant d'entamer de longues conversations, il y avait une période d'observation nécessaire. Cependant, quelqu'un ne semblait pas d'accord avec mon point de vue... Une voix narquoise dans ma tête vint vite me rappeler à l'ordre.

LYLÏ - Tu sais, si tu comptes te servir de lui, t'attirer sa sympathie ou son admiration ne serait pas de trop... Tu fais les choses à l'envers, petit frère.

Hm... Bien que c'était pénible à admettre, elle avait raison. Je ne risque pas d'aller bien loin, si je continue avec mon comportement habituel. Il va falloir faire quelques efforts, et prononcer quelques mots que je n'ai pas l'habitude de prononcer... Mais ce n'est pas pour rien que j'ai tendance à suivre les indications de Lylï et Deyn. Ils sont de bon conseil... Généralement. Enfin, nous étions rarement en désaccord, de toute manière. Ce que je compte faire me coûte, mais c'est nécessaire.

ZAKEN - Désolé... Si je parais froid. Je n'ai juste pas l'habitude d'avoir de la compagnie.

Argh.

Je l'entends râler. Encore. Mais il y a quelque chose qui pique ma curiosité. D'abord, j'entends ses plaintes habituelles, puis d'un coup, il s'excuse.
Il n'obtiendra que mon silence comme réponse.
Du peu que je le connais, ce n'est pas dans sa nature. Il y a eu un temps de silence un peu trop court a mon goût entre ses deux manières de parler. Soit, quelque chose lui a fait changer d'avis, soit il s'est rendu compte que ses paroles étaient contre productives pour une quelquonque tactique. Sois je deviens paranoïaque. Ou alors un peu des trois.
Mais si je ne me trompe pas, je dois découvrir ce qui a provoqué ce changement soudain d'attitude, et ce qu'il a en tête. Ah ! Si il compte faire copain-copain pour me manipuler, il est cramé ! Mais pour l'instant, je ne suis sûr de rien. Je vais simplement laisser le temps m'apporter plus d'informations pour pouvoir penser et agir en conséquences.

Le silence s'installe donc entre moi et mon compagnon.
Après une longue heure de marche, la nuit commence a tomber. La forêt est toujours à notre côté, j'en profite donc pour faire signe au petit nerveux que nous montons le camp. Je repère un endroit où les arbres semblent être assez espacés. Je rassemble donc des pierres en cercle, et de quoi nous faire un feu et des pics a viande de fortune.

-C'est toi qui t'occupes de ta viande et de ton lit.
M'adressant ainsi a ma compagnie, je retire mon équipement, ne gardant que que mon pentalon auquel j'ai retiré les plaques de cuir, ma dague a ma taille, et un couteau de lancer attaché dans l'intérieur de la jambe gauche de mon vêtement. Ce stratagème m'a aidé un certain nombre de fois.
Au bout de quelques minutes, je réussis à allumer le feu.
Je prends donc un morceau de biche, le plante sur mon pic improvisé, et m'assied en face du feu pour cuir ma viande.

Sans quitter ma viande des yeux, je m'adresse au semi-elfe :
-Dis moi, mon jeune camarade, c'est quoi ton histoire ?

Sa réponse me donnera m'apportera beaucoup sur son caractère, ses intentions, et peut être son histoire.

Mes excuses n'ont pas l'air d'avoir réellement fait mouche. Quelle perte de temps.  Nous nous sommes engagés pour une longue marche, et ce fut bien silencieux. A croire que ma pointe de gentillesse l'avait dissuadé de me parler... Bah, ce n'était pas pour me déplaire. Au moins, le bout de trajet que nous avons fait n'était pas si désagréable que ça. On a fini par s'arrêter pour camper, et nous nous sommes installés à l'intérieur de la petite forêt qui trônait à nos cotés. Tandis qu'il installait vaguement un début de camp, je pose mon barda avant de soupirer. A moi de m'occuper de ma viande et de mon lit, alors? Pour l'instant, ça allait. Tandis qu'il allume le feu, et commence à faire cuire sa proie, je sors simplement de mon sac quelques morceaux de viande séchée. Frugal, mais suffisant.

Soudain, il ouvre enfin la bouche, rompant le silence pesant qui nous alourdissait depuis tout à l'heure. Une pointe de curiosité soudaine.

ZAQUAL - Dis moi, mon jeune camarade, c'est quoi ton histoire ?

ZAKEN - Je te l'ai dit. Je suis renégat, c'est tout.

ZAQUAL - Écoutes gamin. Renégat, ça peut vouloir dire tout et n'importe quoi. On se connaît depuis quelques heures, et tu connais déjà beaucoup de choses sur moi. Et déjà, que j'aime pas trop étaler ma vie, si la personne d'en face a le sens de la conversation d'une pierre, ça a tendance à me gaver assez vite. Et je te signale que demain, on devra se battre ensemble. Donc un brin de conversation ne peut pas faire de mal a mon avis. Donc, pour la troisième fois, je te demande qui tu es une partie de ton histoire, si tu le veux. Ensuite, si tu veux, je te parlerai un peu de moi.

Je vois. Il estime donc qu'après m'avoir parlé de lui, le juste retour des choses implique qu'à mon tour, il allait falloir que je parle de moi. Cela me semble assez justifié... Seulement, qu'avais-je à dire? Que pouvais-je dire, surtout? Il va me falloir peser mes mots.

ZAKEN - Bon. J'étais soldat, dans une baronnie non-loin du royaume de Telbara. J'y ai passé une certaine partie de ma vie. Seulement, j'étais en désaccord avec les idées et les manières de faire du maître de cette même baronnie. Alors, j'ai tué ce petit baron, et depuis, je me promène sur le continent sans trop savoir quoi faire. Ca te va mieux, comme réponse?

J'ai vraiment raconté l'essentiel, dans le strict minimum. Tant qu'il ne creuse pas trop, je devrais pouvoir répondre à ses questions sans ciller.

ZAKEN - Bon. J'étais soldat, dans une baronnie non-loin du royaume de Telbara. J'y ai passé une certaine partie de ma vie. Seulement, j'étais en désaccord avec les idées et les manières de faire du maître de cette même baronnie. Alors, j'ai tué ce petit baron, et depuis, je me promène sur le continent sans trop savoir quoi faire. Ca te va mieux, comme réponse?

Enfin ! Faut insister quand même !

-Effectivement, c'est mieux. Telbara hein ?  J'y ai eu quelque contrats là bas. J'ai aussi connu une catin lézard là bas. Elle était laide, mais perverse ! Dis-je en riant un peu.

-Au vu de ta race croisée, Telbara n'était pas le pire des choix. La vie y est plus tranquille qu'ailleurs pour les non-humains. Ah au fait, tu as d'autre compétences que le maniement de l'épée ?

Ma viande est cuite. Je mord dedans a pleine dents. Juteuse, comme j'aime. Oh mais quel crétin ! Je lui récupère de la bonne viande, et lui il entame ses provisions ! Bref. Ce n'est pas grave. Si il vient a manquer de bouffe, il se débrouille seul.
Tiens, un buisson de baies ! Il y en a beaucoup. J'ai déjà vu un des bandits que je cotoyais par le passé en manger des branches entières. Je me lève donc, fait un signe au renégat que je l'écoute toujours, et fait trois pas en direction du buisson auquel je coupe deux grandes branches d'une main. Je reviens au feu, et jette une des branches a côté de mon interlocuteur, et une à coté de moi. Je m'assied, et d'attaque mon repas que j'avais gardé en main. L'oreille tendue sur mon compagnon.

La première remarque de mon "compagnon" est digne d'un de ces ivrognes, qui passent tellement de temps dans leurs tavernes puantes qu'on croirait qu'ils y vivent, et dont le seul but de leur existence minable est de la raccourcir à grands coups d'alcool. Je ne relève donc pas. La seconde, en revanche, bien qu'elle n'apporte pas grand chose, est moins dénuée d'intérêt. Il est vrai que Telbara est mille fois plus agréable à vivre que les deux autres royaumes, je m'en faisais la réflexion précédemment.

Enfin, il cherche à s'informer de mes capacités au combat. Toujours normal, étant donné que nous combattons demain.

ZAKEN - Le glaive, et la dague. C'est amplement suffisant.

Presque suffisant.

L'autre va cueillir des baies. Il manquerait plus qu'il s'intoxique sur place, tiens... J'en profite pour le détailler plus amplement. Grand, sans trop l'être. Il était bien armé, de toute évidence: une légère aspérité sur sa botte trahissait même la présence d'une dague, ou d'un de ses couteaux de lancer. Il aime prendre les gens par surprise, de toute évidence. Cette technique est vieille comme le monde, mais reste toujours aussi efficace sur les personnes peu averties. Cela pourrait nous être utile en cas de rencontre indésirable.

ZAKEN - Je te retourne la question. A part tes couteaux et ton arc, de quoi es-tu capable?

ZAKEN - Le glaive, et la dague. C'est amplement suffisant.

Ce n'est pas très varié, mais il a raison. C'est suffisant.

ZAKEN - Je te retourne la question. A part tes couteaux et ton arc, de quoi es-tu capable?

-J'ai un bon niveau à ma la dague, même si je m'entraîne pour combattre avec une dans chaque main. Sinon, je suis très doué avec mes armes naturelles. Mes crocs, mais surtout mes griffes. Mais mes trois meilleures armes sont Vitesse, Précision, et Discrétion.

Après ce discours, je fait un signe de silence.
Le hululement d'une chouette se fait entendre. Suivi de près par un cri de corbeau.

-Tu entends ça ? La chouette. Une tueuse sublime et silencieuse. Symbole de la nuit, de la chasse, et de la furtivité. Et le corbeau. Figure du morbide, du malsain et de la mort. Ces deux animaux sont ce qui se rapprochent le plus de la vie qui me plaît de mener. Plus tôt, je t'ai dit que je tuais pour le plaisir. C'est vrai, mais pas exactement. En général, ôter une vie est jouissif. Mais on peut tuer de plusieurs manières. Sommaire et notoire comme nous l'avons fait avec les trois clowns de tout à l'heure, mais aussi avec passion, comme poignarder par cent fois sa compagne adultère, que je trouve belle. Presque....romantique. On peut aussi tuer par vengeance, par folie, que je trouve très inspirante, mais aussi de ma manière artistique. Ma façon préférée de tuer. Une fois, j'ai tué une jeune fille. C'était l'oeuvre la plus succulente que j'ai jamais faite. Cette fille, c'était la petite soeur d'un violeur. Je l'ai laissé a un orque véreux. Une fois qu'il avait fini, je l'ai poignardé en plein coeur. Puis j'ai posé son corps nu souillé de substance verdâtre devant la porte de son frère violeur. Et le plus drôle, c'est que c'est la mère d'une de ses victimes qui m'a engagé. C'était... Édifiant. La cruauté et l'immondice humaine. Je la hais au point de l'admirer. tous ces constats quotidiens ajouté a mon passif m'ont forgé.

Un silence de quelques secondes. Le vent soulève nos cheveux. Cette mortelle vie m'inspire à tuer et une envie de suicide délicieuse.

-Tu dois sûrement me croire fou, mais c'est la seule réponse que j'ai trouvé à ce monde de folie. Tu vois Zaken, pour moi, nous vivons dans un monde de loups. Et pour survivre, il faut être le plus fort et le plus sauvage.

Je viens de finir ma viande. Prends une gorgée d'eau dans ma gourde, et engloutis mes baies. Si seulement il pouvait me comprendre. Si seulement je n'étais pas seul...

-Qu'en pense tu, toi ?

Je lui adresse pour la première fois un regard sincère. Un nuage se retire, et la clareté lugubre de la lune nous éclaire, et m'emplis d'une paine joyeuse. De ténèbres savoureuses, et de douleurs aux traits familiers.

ZAQUAL - J'ai un bon niveau à ma la dague, même si je m'entraîne pour combattre avec une dans chaque main. Sinon, je suis très doué avec mes armes naturelles. Mes crocs, mais surtout mes griffes. Mais mes trois meilleures armes sont Vitesse, Précision, et Discrétion.

Il semblerait qu'il puisse avoir du mal contre quelqu'un sachant manier correctement une arme avec une portée ample, comme une lance ou une hallebarde. Au moins, de son coté aussi, cela suffira. Un petit flottement passe, et notre ami le tigrain commence une longue tirade. Au départ, je ne l'écoute que d'une oreille distraite. Il semble faire l'apologie du meurtre, m'expliquant les différentes manières d'ôter des vies...

Alors qu'il finit enfin, un profond sentiment de dégoût vint me sauter à la gorge, tentant de m'étouffer et de me laisser suffoquer sur place. En effet, alors qu'il parlait, la lubie lui vint de raconter une de ses "anecdotes"... Au fur et à mesure qu'il continuait son récit, ce concentré de mépris, d'émotions négatives, se faisait de plus en plus vif. Ce tigrain... Ce tigrain se dévoilait encore plus abject qu'il ne l'était déjà. Tous mes sens me submergeaient dans une vague d'émotions, avec deux voix qui répétaient, en chœur et en rythme, qui résonnaient à l'intérieur de mon crâne:

"Tue le."

L'immondice humaine, qu'il disait. Il la représente encore mieux que ceux qui sont censés l'incarner. Je ne peux pas croire que même les autres races, qui sont pourtant en conflit perpétuel avec les humains, soient pourries jusqu'à la moelle.

ZAQUAL - Tu dois sûrement me croire fou, mais c'est la seule réponse que j'ai trouvé à ce monde de folie. Tu vois Zaken, pour moi, nous vivons dans un monde de loups. Et pour survivre, il faut être le plus fort et le plus sauvage.

Répandre des horreurs telle une traînée de gupile partout où ils passent, en écrasant les innocents tels de simples dommages collatéraux, c'est ce qui me rebute le plus et m'a toujours rebuté le plus chez la race humaine, car c'est une caractéristique qu'ils partagent tous. Et les actes de ce Zaqual réponde à tous ces critères. Malgré ma profonde envie de l'occire sur place, une petite chose me retient encore: moi. J'essaie d'y repenser. Valais-je réellement mieux que lui? J'ai assassiné un baron, laissant derrière moi tout un territoire en proie aux conflits politiques. J'ai assassiné comme de vulgaires chiens de nombreux humains, mais qui était coupable, et qui était innocent, parmi eux? Qu'est-ce qui me disait que le monde de vengeance que je bâtissais autour de moi ne se construisait pas sur le sang d'innocent? Au yeux d'autres personnes, ne suis-je pas un simple monstre comme ce Zaqual?

Une question me sort brutalement de ma rêverie.

ZAQUAL - Qu'en pense tu, toi ?

ZAKEN - J'en pense que tu n'es qu'une immondice sans nom. Mais je ne vaux sûrement pas mieux que toi. Je tue des humains, et uniquement des humains, pour me venger d'eux. Mais mes actes sont vides. Ils ne prendraient sens qu'une fois que la race humaine ait totalement disparu de cette terre. Et je sais très bien que ça n'arrivera pas de mon vivant. Pourquoi je tue, alors? Peut-être simplement pour évacuer ma frustration... Par caprice...

Caprice, c'est le maître mot. Je tue simplement au gré de mes envies. Et pourtant, mes actes ont beau être dénués de sens.... J'ai beau en être au courant... Je continue. Beaucoup doivent me voir tel un simple monstre. Tel que moi, je perçois ce tigrain à cet instant.

ZAKEN - J'en pense que tu n'es qu'une immondice sans nom. Mais je ne vaux sûrement pas mieux que toi. Je tue des humains, et uniquement des humains, pour me venger d'eux. Mais mes actes sont vides. Ils ne prendraient sens qu'une fois que la race humaine ait totalement disparu de cette terre. Et je sais très bien que ça n'arrivera pas de mon vivant. Pourquoi je tue, alors? Peut-être simplement pour évacuer ma frustration... Par caprice...

Je souris intérieurement. Il n'est pas si différent de moi après tout. Il tue pour extérioriser sa haine. Comme moi. Sauf que lui ne se ment pas a lui même en se disant qu'il tue par folie. À la seconde ou ce constat me vient à l'esprit, mon masque tombe. Je serre des dents, sors mes griffe, gronde comme un prédateur. Il parle de haine ? Il me traite moi d'immonde ?! Il ne me connaît pas. Il ne sait pas a quel point ma rage et mon aversion pour tout ce qui vit sont combien de fois plus grandes et justifiées que les siennes ! Je pousse un rugissement dans sa direction puis lui hurle ces mots :

-Pauvre idiot ! Pour qui tu te prends ?! Tu vaux pas mieux que moi je te signale ! Les méchants humains ont étés vilains avec toi parce que tu es un semi-elfe ? Et donc, ta vie est détruite et tu tues des gens pour te défouler ? Pourquoi tu serais le seul a en avoir le droit ? Pourquoi tu serais le seul a avoir le droit de souffrir ?
Je pense pouvoir dire que moi aussi j'en ai bavé
Sûrement plus que toi. Et selon toi, vivre de la vengeance sur l'existence est immonde, mais errer sans but en tuant par caprice c'est noble ?! Et c'est moi l'immondice ?!

J'en peux plus. Cette pleureuse a besoin qu'on lui claque la tête pour le réveiller une bonne fois.

Je bondis a grande vitesse au dessus du feu, et en un éclair je me retrouve a califourchon sur Zaken le tenant par le col, lui hurlant ma colère.

-Y'a pas que toi dans ce monde ! T'es pas le seul a avoir mal ! Tu vaux pas mieux que moi !

Je le regarde dans les yeux d'un regard de braise sans faire un geste.

Ma phrase n'a pas l'air de lui avoir plu. A peine ai-je eu le temps de finir que son sang était déjà parti. On croirait réellement à un félin enragé: il sort ses griffes, il rugit. Je dois admettre que je suis un peu déçu. Lui qui était si calme, si impassible à l'habitude, voilà que toute cette part de lui s'envole à la mention d'une simple insulte. Et maintenant, voilà que c'est lui qui m'incendie. C'est un simple fou. Il déforme mes propos, en oublie d'autres, pour reformer une version qui lui convient et qui le place, lui, en victime. Je pourrais croire qu'il me traite comme un gamin. Pourtant, c'est lui qui se comporte tel un enfant, en réalité.

Il en vient même à me sauter dessus. Je n'esquisse pas un mouvement. Je sais très bien qu'au corps à corps, il n'a aucune chance d'éviter mon sort. J'ai juste à faire en sorte de ne pas malencontreusement prendre un coup fatal. Mais il se contente de m'écraser, me tenant par le col. Il ne sort pas d'armes, c'est suffisant. Lui, il me crie dessus, projetant son haleine féline à mon visage, ainsi que quelques postillons. Et il confirme ce que je pensais: il n'a écouté que ce qui l'arrangeait. S'il compte faire ça tout le temps, ça risque d'être ennuyant.

Sans laisser la moindre expression percer sur mon visage, je lève un index et vient tapoter son poignet avec.

ZAKEN - Tu n'écoutes pas ce que je dis, Zaqual. Et tu te plains beaucoup pour pas grand chose, j'ai l'impression.

Je reste tout de même sur mes gardes. Je ne suis pas à l'abri d'un coup de griffe en direction de ma gorge. Néanmoins, j'ai là une belle occasion de prendre l'ascendant psychologique sur le tigrain, en le laissant s'énerver tout en gardant mon calme de mon coté. Et s'il pense pouvoir me faire mal réagir en m'insultant, il se trompe lourdement.