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Du sang et du métal

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Du sang et du métal - Page 2 Empty Re: Du sang et du métal

Message  Aëleen Dim 22 Mai 2016 - 21:11

"Ouais. J'ai réussi à trouver un cheval, et j'ai refais le plein de provisions. On devrait arriver durant la nuit à ton village."

Une pointe d'excitation mêlée à de la peur me traversa. J'essayai de me représenter à quoi pouvait bien ressembler le nouveau village. Les villageois étaient-ils parvenus à s'en sortir, dans ce nouvel endroit ? Tandis que mes pensées filaient ainsi, le cheval accéléra soudain. Il se mit à galoper, et je retins un petit cri de frayeur. Ça secouait ! Je saisis la crinière du cheval à pleines mains et m'y cramponnai, espérant que l'animal ne m'en voudrait pas. Mais il me semblait savoir que les chevaux n'avaient pas mal quand on leur tirait la crinière. A chaque foulée, j'avais l'impression que j'allais être éjectée, ou me cogner dans l'encolure de notre monture. Je tentai de trouver une position pas trop inconfortable sur le cheval... mais je n'y étais pas du tout à mon aise. C'était peut-être bien pratique pour se déplacer plus vite et porter ses affaires... mais c'était effrayant. Et ça faisait mal au dos.

Baldrisson riait derrière moi, visiblement euphorique. Je ne savais pas comment il faisait pour tenir sur le cheval... Moi, j'étais maintenue par lui, et en plus je m'accrochais. Mais le barbare semblait tout à fait à l'aise. Arlax non plus n'aimait pas, visiblement. Toutefois, au bout d'un petit moment, quand je parvins à passer outre le rythme du galop qui me malmenait, voir le paysage défiler rapidement commença à me plaire. Les foulées du cheval donnaient un certain sentiment de liberté, sa puissance se communiquait à ses cavaliers. Grisée, je commençai à comprendre la joie que l'on pouvait ressentir à chevaucher. Je me laissai même aller à un petit sourire, malgré la peur qui était encore présente.

La nuit devait en être à sa moitié lorsque nous arrivâmes près d'un village. Je remarquai des hommes qui semblaient être des gardes, qui bavardaient en buvant dans une petite cabane. Je ne pus voir leurs visages, car Baldrisson fit passer le cheval à distance. Puis il l'arrêta, et m'aida à descendre. Je sentis mes entrailles se contracter. C'était le moment de vérité. Baldrisson m'expliqua qu'il allait attacher le cheval à la taverne et j'acquiesçai en murmurant un remerciement, la gorge nouée. Puis je m'éloignai entre les habitations.

Je marchais un peu au hasard. Je n'étais même pas sûre que ce soit le bon village... Mais cela était probable. La présence de personnes gardant le village m'invitait à la penser. Après tout, les villageois avaient migré par peur. Il était logique qu'ils se dotent de protections.

Une odeur familière me fit soudain m'arrêter. Si mon cœur avait pu battre... Il aurait réveillé toutes les âmes dormant dans ce village. Ma mère. C'était l'odeur de ma mère. Elle était là. Nous y étions parvenus. Je l'avais trouvée. J'aurais voulu me précipiter vers la porte où sa piste me menait, l'ouvrir, me jeter dans ses bras... je demeurai immobile. J'étais là, juste devant... et pourtant j'aurais pu me trouver à l'autre bout du monde. Je ne pouvais pas entrer. J'avais disparu. Puis je l'avais attaquée. Puis j'avais re-disparu. Je ne pouvais pas réveiller en elle tous ces souvenirs. C'était cruel.

L'image du visage du Patron s'imposa à mon esprit, me regardant d'un air perçant. Je l'entendis presque me dire que je me trouvais des excuses. Que ce n'était pas pour l'épargner que je me cachais, mais pour m'épargner, à moi, le risque d'un rejet. Cette voix n'avait pas tort... Je grondai doucement. Même à distance, il parvenait à m'agacer. Cela me fit sourire. Un sourire léger, à peine visible, qui ne dura pas... mais un sourire tout de même.

Je pris une grande inspiration, la relâchai. Puis, fébrile, la main tremblante, je frappai à la porte, consciente que me montrer ainsi, en plein milieu de la nuit, ne jouait pas en ma faveur.

Me surprenant, des voix s'élevèrent, venant de la petite habitation. Je me demandai avec frayeur si je ne m'étais pas trompée... Quand je reconnus la voix de ma mère. L'autre voix était masculine, et elle se proposait d'aller voir. La panique m'étreignit. Que faire ? Partir ? Rester quand même ? Et si... La porte s'ouvrit devant moi, coupant court à ma réflexion. Un homme se tenait devant moi, en tunique, l'air suspicieux. Non, pas un homme. Pas avec des oreilles pointues comme les siennes. Mais pas non plus un elfe... ses traits étaient trop proches de ceux de l'humain. Un croisement, sans doute. Comme le Comte Ontrose, l'amant de Salmissra. Même si, dans son cas, le croisement devait remonter à une génération supplémentaire, puisqu'il avait presque l'apparence d'un humain.

Quoi qu'il fût, je décelai de la surprise dans son regard lorsqu'il m'avisa. Je lui adressai un petit sourire, ne sachant absolument pas quelle conduite adopter. Qui était-il ? Que faisait-il chez ma mère... en pleine nuit ? Visiblement, il se posait les mêmes questions à mon égard, car il me demanda :

-Qu... Qui es-tu ? Tu as vu l'heure ?

Bon. Au moins ne m'avait-il pas menacée. Ça commençait plutôt bien.

-Je dois parler à... à Nora. C'est important.

Le demi-elfe haussa un sourcil. Je soutins son regard, espérant qu'il me laisserait passer et ne se déciderait pas à me fermer la porte au nez. Mais avant qu'il ait pris la moindre décision, la voix de ma mère s'éleva, demandant qui se trouvait là... et elle apparu à son côté. Elle avait à peine changé. Ses longs cheveux roux étaient lâchés et tombaient jusqu'à ses genoux, l'enveloppant d'un voile d'une nuance plus claire que ma propre chevelure, qui était auburn. Ses yeux verts étaient encore voilés de sommeil, et une robe légère la couvrait, mettant en valeur son corps, bien plus féminin que le mien... mais guère plus grand.

Quand elle m'avisa, son visage au teint hâlé par la vie au grand jour pâli, ses yeux s'écarquillèrent. Elle tomba en arrêt. Elle avait l'air d'avoir vu un fantôme. Ce qui n'était pas si loin de la vérité, quand on y pensait. J'aurais voulu parler... mais j'en étais incapable. Ma gorge était trop serrée, ma mâchoire trop contractée. Les yeux du demi-elfe se mirent à faire des allers retours entre ma mère et moi, mais nous étions toutes deux incapables de la moindre réaction. J'étais morte de peur. Incapable de savoir ce qu'elle pensait.

Finalement, ma mère se passa une main sur le visage, lentement, tout en baissant la tête. Puis elle recula, attrapa une chaise et se laissa tomber dessus. Enfin, elle leva de nouveau le regard vers moi. Une certaine émotion y brillait, que je ne parvenais à décrypter.

-Est-ce que... est-ce que c'est vraiment toi ?

J'acquiesçai, sans la lâcher du regard.

-Je ne sais pas comment c'est possible. Je ne comprends pas pourquoi tu as disparu, pourquoi tu réapparais maintenant. Je ne sais pas si c'est toi, que j'avais vu, cette nuit-là. Je ne sais pas ce que ça signifie. Mais si tu es vraiment ma fille... Entre. Assieds-toi. Tu m'as tellement manqué mais... Je ne sais pas quoi penser.

Elle avait l'air perdue et je me sentais tellement navrée. Tellement coupable. Je tremblais, quand je franchis le seuil. Je m'assis sur une autre chaise, non loin d'elle. Elle entortillait nerveusement une mèche de cheveux autour des doigts de sa main droite et sur son visage se succédaient des expressions contradictoires.

-Oh et peu importe, s'exclama-t-elle soudain. Peu importe. Tu es là. Je... Je t'écoute, Aëleen, je...

Elle se leva et vint vers moi, pour me prendre dans ses bras. Après un instant de surprise, je lui rendis son étreinte, ma peur s'envolant soudain, libérant ma poitrine de toute la pression. Elle m'acceptait. Elle ne me rejetait pas. Elle n'avait même pas peur de moi.

Au bout de quelques instants, un léger raclement de gorge interrompu notre étreinte. Ma mère me lâcha, se tournant vers le demi-elfe, qui nous regardait sans comprendre. Ma mère, l'air un peu déboussolée, lui expliqua :

-Völmar, voici ma fille, Aëleen. Aëleen, Völmar est mon compagnon.

La situation était vraiment bizarre. Je me sentais confuse. J'ignorais ce que le prénommé Völmar savait de moi. Je ne savais pas quelle conduite tenir. Ma mère était tout aussi perdue, et son compagnon également. Nous tombâmes tous trois dans un silence ébêté, avant que je ne pense soudain à Baldrisson, qui devait m'attendre. Je me tournai vers ma mère, lui dis :

-Je... Quelqu'un m'a aidée pour venir jusqu'ici... Il faudrait que j'aille le prévenir que tout va bien, ou il va s'inquiéter. Je reviens après... si tu veux bien, et je t'expliquerai tout. Je veux juste te dire que... je suis désolée. Terriblement désolée. Pour tout. C'est... très compliqué. J'ai plein de choses à te dire. Rien ne m'excuse, je le sais. J'ai tout le temps pensé à toi mais... Enfin bref. Je vais chercher Baldrisson.

Je me détournai rapidement et sortis dans la rue, laissant ma mère et ce Völmar. Ils pourraient remettre tous les deux un peu d'ordre dans leurs idées. Je courus jusqu'à l'auberge, où Baldrisson m'avait indiqué qu'il avait attaché son cheval. J'allais le trouver, lui expliquer que j'avais trouvé ma mère, et lui demander s'il voulait peut-être aller au chaud. Il pourrait sans doute dormir chez ma mère et Völmar, s'il le souhaitait. En tous cas, je lui devais beaucoup. Il m'avait permis de retrouver ma mère.

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Message  Baldrisson Ven 27 Mai 2016 - 0:37

Le Barbare attendait patiemment le retour d'Aëleen. Cette dernière devait avoir retrouvé sa mère, si c'était bien le village de celle-ci. Si c'était le cas, il était alors compréhensible qu'elle prenne son temps à fêter les retrouvailles. Arlax et lui jouaient aux dés et le cerveau vivant perdait largement face au colosse, à sa grande surprise :

"Bon, sérieusement, comment tu fais pour jouer aussi bien, alors que tu dois avoir un pois chiche en guise de cerveau ?"

"Joues avec des Nains pendant des années et tu auras le coup de main pour lancer les dés."

Ou pour tricher de façon éhontée et assez discrètement pour parvenir à dépouiller un Nain de deux pièces d'or. Il se sentait presque mal à l'aise, à plumer ainsi Arlax... Ce dernier était si simple à arnaquer... Et encore, Baldrisson n'était pas le plus doué, en partie à cause de sa main mutilée. On prenait les Barbares pour... Des barbares, alors qu'ils avaient apprit énormément chez les Nains : comment accepter un bon contrat, comment gagner de l'argent ainsi, et surtout comment pigeonner les races vivant dans les Plaines.
Alors que l'Humain souriait largement, tandis que le granl boudait, Aëleen revint à eux. Elle expliqua qu'elle avait retrouvé sa mère, et elle invitait le Barbare à venir dormir chez cette dernière. Il se leva et détacha son cheval :

"Je te suis. Arlax, tu viens ?"

Le granl l'injuria proprement pour toute réponse.
L'Humain suivit la jeune femme jusqu'à la maison en question. Il s'agissait d'une petite demeure, dont la porte était ouverte, laissant un rayon de lumière illuminer le porche. La mère de sa compagne de route lui ressemblait, en plus hâlée... Même si elle semblait plus pâle qu'elle ne devrait l'être... Ses cheveux étaient plus clairs, aussi. Toutefois, l'homme qui l'accompagnait ne ressemblait en rien à Aëleen. De plus, il avait le bout des oreilles légèrement pointues. Il haussa des épaules : quel que soit le sort qu'ai subi le père de son amie, sa mère avait trouvé quelqu'un d'autre pour la protéger.
Il fut invité à s'asseoir à la table de la maisonnée, avec une chope de bière.

"Je vous remercie d'avoir escorté ma fille jusqu'ici... Mais n'est-ce pas trop loin de chez vous ? Vous n'avez pas les habits d'un telbaran, si je puis me permettre..."

Il haussa des épaules, un sourire malicieux aux coins des lèvres.

"Bof... Ce n'est rien. Je viens des Montagnes, pour une mission que m'a confié mon Roi... Mais elle peut attendre. Son sourire s'élargit. dites-moi, j'ai entendu dire qu'il y avait des problèmes de démons, dans les parages..."

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Message  Aëleen Lun 30 Mai 2016 - 12:17

Lorsque j'arrivai, Arlax ne semblait pas de très bonne humeur, alors que Baldrisson, lui, arborait un grand sourire. Je ne les questionnai toutefois pas sur les raisons de ces humeurs discordantes, et les invitai plutôt à venir dormir chez ma mère. Baldrisson accepta et invita Arlax à les suivre tout en détachant son cheval, mais le granl se mit à parler au barbare de méchante façon. Je me demandai s'ils s'étaient disputés. Cela semblait leur arriver très souvent.

Lorsque nous arrivâmes, ma mère accueillit chaleureusement Baldrisson, et l'invita à table, où il lui fut servi de la bière. Völmar, quant à lui, demeurait silencieux, observant tout le monde. Je me demandais ce qu'il savait, exactement, quant aux raisons de mon absence, à ma nature... Il me semblait peu probable que ma mère lui en ait parlé, puisqu'elle-même ne savait véritablement pas grand-chose. Que pouvais-je dire devant lui, que devais-je dissimuler ?

Ma mère était reconnaissante à Baldrisson de m'avoir aidée à la retrouver, cela se voyait. De la curiosité brillait également dans son regard, et elle finit par lui dire :

-Je vous remercie d'avoir escorté ma fille jusqu'ici... Mais n'est-ce pas trop loin de chez vous ? Vous n'avez pas les habits d'un telbaran, si je puis me permettre...

Mon compagnon de route haussa les épaules, avant de répondre, la malice étirant ses lèvres :

Bof... Ce n'est rien. Je viens des Montagnes, pour une mission que m'a confié mon Roi... Mais elle peut attendre. dites-moi, j'ai entendu dire qu'il y avait des problèmes de démons, dans les parages...

A la mention des démons, je me figeai. Le barbare n'avait pas oublié cette histoire. Je jetai un regard à ma mère, qui avait pâli. Mais elle parvint à garder son calme, et ne regarda pas dans ma direction. Völmar, pour sa part, sembla s'assombrir, et se rapprocha de ma mère, comme pour la protéger contre une évocation pouvant lui faire du mal. Il ne savait donc pas. Ma mère ne lui avait pas dit que ce démon qui l'avait attaquée... c'était moi.

-J'ai été attaquée par un démon, oui... Mais nous l'avons chassé, et jamais il n'est revenu. On dit souvent que les démons brûlent d'une rage qui les pousse à attaquer. J'imagine que cette rage qui les dirige n'est pas sans raison. Je pense que celui-ci a fini par apaiser sa rage, quelles qu'en aient été les raisons. Je l'espère. Vivre sans autre moteur que le haine doit être très sombre... Moi-même, j'ai longtemps haï. J'ai haï ce qui avait pu m'enlever mon mari et ma fille, à quelques jours d'intervalle. Je me suis haïe, moi, de n'être pas partie immédiatement à la recherche de mon époux, avant que ma fille ne le fasse et disparaisse à son tour. Je les ai même haïs, eux, pour leur disparition. Mais la haine ronge. J'ai fini par pardonner. Et simplement souhaiter leur retour. Et voilà que vous me ramenez ma fille... Peut-être vais-je enfin pouvoir en apprendre davantage sur tout cela.

Ma mère se tourna vers moi. Pendant quelques instants, je ne sus que dire. Je ne pouvais pas révéler, comme ça, devant tout le monde, être une vampire. Je ne pouvais expliquer pourquoi n'être jamais rentrée. Baldrisson voudrait me tuer, sans doute, et Völmar aussi. Finalement, je pris une grande inspiration, puis expirai à fond, et expliquai simplement :

-Papa est mort. J'ai retrouvé ses meurtriers. Moi, je n'avais pas pardonné. Du coup, je ne vaux pas beaucoup mieux qu'eux, maintenant.

Ma phrase pouvait ainsi s'entendre de plusieurs façons. La première, la plus évidente ; en tuant les meurtriers, j'étais moi-même devenue une meurtrière. La seconde, que ma mère pourrait peut-être saisir ; c'étaient les meurtriers qui avaient fait de moi le monstre qui l'avait attaquée, cette nuit là.

Mon regard sonda les visages qui m'entouraient, pour voir comment ils prenaient mes paroles. Ma mère avait encore pâli, et elle me fixait d'un air douloureux. La nouvelle de la mort de mon père ? De moi-même comme étant une meurtrière ? Ou bien avait-elle plus ou moins compris ce qu'avaient fait les vampires ?

Je me tournai vers son compagnon. Il semblait plongé dans ses réflexions, me fixant d'un air songeur. Il avait l'air surpris, mais pas particulièrement choqué. Peut-être un peu... impressionné. Par le fait que j'ai par moi-même su venger mon père ?

Enfin, je dévisageai Baldrisson.
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Message  Baldrisson Mer 1 Juin 2016 - 0:55

La mère d'Aëleen expliqua qu'en effet, elle avait été attaquée par un démon, il y a quelque temps de cela, mais que ce même démon avait été chassé depuis... Ce qui déçut Baldrisson, en fait. Lui qui espérait avoir l'occasion d'en affronter... La femme poursuivit son petit discours, parlant des croyances locales selon lesquelles les démons sont poussés à attaquer autrui parce qu''en eux couvait une sorte de rage, qui les contrôlait. D'une certaine façon, cela rappela à Baldr la rage des Guerriers-Loups, rage dont il était coutumier. Toutefois, il avait apprit à maîtriser cette dernière. Pour les démons, il semblait qu'ils devaient avant tout assouvir la rage qui couvait en eux. C'était réellement différent des Barbares, qui avaient besoin de plantes spécifiques pour cela, du moins au début. Par la suite, seuls les Guerriers-Loups avaient le droit d'en prendre, et ce dans de rares occasions. Ensuite, on les pointait en direction de l'ennemi, puis on les laissait faire.

Son attention revint à la conversation alors que l'Humaine le remerciait chaleureusement. Avant qu'il ne puisse répondre, Aëleen prit à son tour la parole, et expliqua qu'elle avait retrouvé les meurtriers de son père, et qu'elle les avait tué. En entendant cela, sa mère pâlit, tandis que le Sang-Mêlé parut songeur. Baldrisson ne semblait ni surprit, ni choqué : pour lui, la jouvencelle avait agit selon les règles. Comme elle le regardait, il lui fit un clin d’œil complice, pour la féliciter de son exploit.

"Enfin... Vous n'avez pas vraiment à me remercier, pour vous avoir ramené votre fille. Je pense que je vais me diriger prochainement vers le sud. C'est une région que je ne connais pas."

Il fit craquer les articulations de son cou, complètement épuisé.

"Si cela ne vous gênes pas, je vais dormir. J'ai longuement chevauché, et j'ai l'impression de ne pas avoir prit de repos depuis un certain temps..."

Prenant sa chope de bière, il renversa la tête en arrière et vida cul-sec le liquide ambré, directement dans sa gorge, avant de se faire montrer une pièce où il pourrait passer le restant de la nuit à dormir.

......................................................

Pendant ce temps, Arlax continuait de pester contre Baldrisson et sa "chance insolente aux dés, inouïe quand on pensait que cela venait d'une personne au cerveau aussi étriqué !"
Il avait vaguement réussi à se créer un demi-golem, ne possédant que deux jambes reliées à un "plateau" sur lequel il trônait, tant bien que mal. Claudiquant, il tentait de rejoindre le colosse, ce qui n'était pas chose aisée, puisqu'un des habitants possédait un chat, et ce dernier tournait autour du granl, intrigué par ce dernier. Arlax parvint jusqu'à la maison de la parente d'Aëleen, qu'il repéra au cheval patientant devant. Alors qu'il allait toquer à la porte, le chat, se frottant contre lui, le fit tomber au sol, avant de le renifler. Il lui fila des coups de pattes, ignorant ses jurons et le faisant blobloter au sol, tel un tas de gelée, jusqu'à ce que le granl ne parvienne à le mordre, avant de le faire fuir tout en l'injuriant copieusement.
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Message  Aëleen Sam 4 Juin 2016 - 22:09

Baldrisson ne semblait pas le moins du monde choqué par le meurtre des assassins par ma main. Au contraire ; il m'adressa un clin d’œil. Je lui rendis un sourire discret. Puis le barbare reprit la parole :

"Enfin... Vous n'avez pas vraiment à me remercier, pour vous avoir ramené votre fille. Je pense que je vais me diriger prochainement vers le sud. C'est une région que je ne connais pas."

Il bougea la tête, et un craquement se fit entendre, qui venait de toute évidence de son cou. Il annonça alors :

"Si cela ne vous gênes pas, je vais dormir. J'ai longuement chevauché, et j'ai l'impression de ne pas avoir prit de repos depuis un certain temps..."

Ma mère sembla tirée de sa réflexion par ces paroles, et se précipita pour lui indiquer où dormir, s'excusant de ne pas lui en avoir plus tôt fait la proposition. Après avoir terminé sa bière, Baldrisson alla donc se coucher, laissant ma mère, Völmar et moi-même à trois. Ma mère proposa à son compagnon d'aller également se coucher et celui-ci, après l'avoir tendrement embrassée, nous laissa à deux. Ma mère se tourna alors vers moi, m'interrogeant :

-Tu ne voulais pas simplement dire que tu les avais tués, n'est-ce pas ?

Je secouai la tête.

-Ils ont... fait de moi un monstre. Quand je suis allée retrouver papa... La femelle l'a tué. Puis elle a menacé de te tuer aussi, si je ne leur obéissais pas. Je les ai servis. Et quand ils en ont eu marre de moi, ils m'ont relâchée pas loin de notre village... en prenant soin de me... contaminer avant.
-Mais que t'ont-ils fait ?

J'eus un petit rire sans joie.

-Je ne peux plus manger ni boire autre-chose que du sang. Quand j'ai soif, il m'est difficile de ne pas me jeter sur la première personne venue. Et il me faut lutter, toujours, pour arrêter de boire à temps. Je ne peux plus sortir le jour. Je brûlerais, si je le faisais. Je ne vieillis plus. Je suis... coincée. Et tout le monde me hait. Alors que je fais tout, tout pour ne pas être... pour ne pas tellement être un monstre...

Une larme m'échappa, et je l'essuyai rageusement. J'allais avoir l'air idiote, à pleurer. C'était normal que les gens me détestent. J'étais un vampire. Moi aussi, si j'avais été humaine et que j'avais vu un vampire, je l'aurais détesté. Mais c'était quand même terriblement injuste. Ce que je disais était vrai. Je faisais tout ce que je pouvais ! Et les autres étaient tous idiots de ne pas le voir.

Ma mère s'était figée. Je voyais sa douleur sur ses traits. Mais elle ne faisait pas mine de fuir. Elle me demanda :

-On ne peut rien faire contre ça ?

Je secouai la tête. Jamais je n'avais entendu parler d'un remède possible. A part me tuer, bien sûr. Ce qui me semblait de temps en temps être une bonne solution... sauf qu'il y avait les orphelins. Le Patron. Et quelques personnes qui ne me haïssaient pas, parfois même en sachant ce que j'étais.

Ma mère se rapprocha de moi, plantant ses yeux dans les miens :

-Pour moi, tu n'es pas un monstre. Tu luttes, comme chacun de nous, contre la part sombre en toi. La tienne est simplement plus effrayante que celle de biens des gens.

Elle me sourit.

-Je comprends que l'attitude des autres te semble injuste. Mais il te faut lutter contre ta colère. C'est elle, plus que ta soif de sang, qui risque de te dévorer, et de te faire faire de mauvaises choses.

Je me retins de grimacer. Des bruits venant de l'extérieur me permirent d'éviter de réfléchir plus avant à ce que ma mère venait de me dire. J'ouvris la porte, et découvris Arlax sur le seuil, qui semblait de mauvaise humeur. Je lui indiquai que Baldrisson était parti se coucher, et profitai d'être dehors pour respirer brièvement l'air nocturne. J'aimais l'odeur que me portait la nuit. Je sentais les odeurs du village, mêlées à celles des champs proches. Des senteurs qui me rappelaient ma jeunesse. Ou, du moins, mon humanité.

Perdue dans mes pensées, je ne captai l'approche d'une patrouille de deux hommes que lorsqu'ils passèrent devant la maison. Je me figeai, espérant ne pas être vue... mais le regard de l'un des deux capta ma présence, et son propriétaire se figea, tout en agrippant le bras de son allié. Ils me dévisagèrent tous deux, et je reconnus avec horreur le villageois que j'avais déjà croisé à Telbara. Je me glissai brusquement dans la maison, et la porte se referma sur moi. Mais il était trop tard. Je le savais. J'étais reconnue. Et il y avait fort à parier qu'ils allaient revenir après être partis chercher du secours.

Je me précipitai vers ma mère, horrifiée.

-Deux villageois m'ont vue. Ils savent que je suis un monstre. Ils vont revenir me tuer.

Le visage de ma mère afficha une expression de tristesse. Mais elle n'avait pas l'air désespérée. Juste lasse. Elle avait su, dès le départ, que je ne pourrais pas rester. Elle acquiesça, me serra dans ses bras, puis s'écarta de moi après m'avoir embrassée sur le front.

-Je vais réveiller Baldrisson. Viens me voir, à Telbara. Si tu ne me trouves pas, et que tu croises des enfants pauvrement vêtus mais n'ayant pas l'air trop mal en point... demande-leur à parler au Patron des orphelins des rues. Lui saura me trouver.

Puis je me hâtai vers la pièce où dormait Baldrisson et lui secouai doucement un bras en disant :

-Baldrisson, Baldrisson, il faut s'en aller.

Il allait falloir que je lui explique que les villageois me prenaient pour un monstre. C'était un peu risqué. J'espérais qu'il n'allait pas se retourner contre moi.
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Message  Baldrisson Mar 7 Juin 2016 - 1:30

D'ordinaire, quand on s'éveille brutalement, on passe par une série de phases diverses permettant de retrouver l'angoisse existentielle propre à l'être humain, lui permettant de déterminer s'il était encore bel et bien vivant, se déroulant sur une dizaine de secondes et se découpant approximativement de la façon suivante :
- Qui suis-je ?
- Où suis-je ?
- Dans quel état j'erre ?
- Que se passe-t-il ?
- Où est mon argent ?
- Pourquoi suis-je en train d'enlacer le casque cabossé d'un garde ?

Quand Aëleen éveilla Baldrisson, ce dernier traversa toutes ces phases en moins d'une seconde. Il passa sa main mutilée sur son visage, afin de chasser les restes du sommeil. Voyant le visage apeuré de l'enfant, il agrippa instinctivement sa hache, quand la mère d'Aëleen entra dans la pièce, se tordant les mains, le visage... Déchiré par une expression de douleur.

"Des gens en veulent à la vie d'Aëleen. Il faut que vous - "

Elle n'eut pas le temps d'achever sa phrase : la voix rauque d'Arlax se fit entendre, criant le nom du Barbare. Ce dernier déboula hors de la maison, pour voir ce qui ressemblait à la milice locale s'assembler non-loin, alors que quelques villageois portaient des torches. Tout cela ressemblait vaguement à un lynchage. Baldrisson avait eu l'occasion d'en voir quelques-uns, mais c'était la plupart du temps pour s'occuper d'une sorcière, ou de porteurs de maladies. Plaçant négligemment sa hache sur son épaule, et rejoint par Arlax qui s'était fait un golem taillé pour le combat, il repéra celui qui paraissait être le chef de la milice. C'était assez aisé, puisqu'il s'agissait du seul portant une armure à peu près correcte.

"Toi. Qu'est-ce que c'est que ce rassemblement ?"

L'homme regarda autour de lui, avant de se sentir rassuré : personne n'avait reculé, en tous les cas pas trop loin, lorsque que le colosse était sorti de la maison. Rassemblant son courage, il désigna de sa lanterne la demeure de la famille d'Aëleen :

"Il y a un monstre dans cette maison, et nous sommes venus pour nous en occuper. Un démon ! Une saloperie de succube venant attiser la convoitise des hommes pour dévorer leurs âmes !"

En entendant cela, Baldrisson supposa que le capitaine autoproclamé était aussi le prêtre du village : il n'y avait bien qu'eux pour sortir de telles phrases sans se perdre au milieu. Il sourit et prit une pose nonchalante.

"Et vous allez faire comment ? Utiliser vos petits brandons ? Essayer de lui percer le bide avec vos couteaux ? Ah ! Comme c'est risible ! Et pathétique ! Vous ne faites même pas le travail convenablement, typique des Trouillards des Plaines ! Dans les Montagnes, on les forces à ingérer du poison, avant de les noyer. Puis, on leur fracasse le crâne à la hache, avant de trancher la tête et d'enterrer le corps les pieds vers le ciel ! C'est ainsi qu'on se débarrasse des démons ! Mais si c'est d'Aëleen dont vous parlez, vous vous fourrez le doigt dans l'oeil ! Elle est autant démoniaque que je suis Orc !"

Le capitaine désigna le Barbare aux autres villageois :

"Il est trop tard, elle l'a envoûté et mis sous son contrôle démoniaque ! Nous devons le - "

Il fut violemment interrompu par la rencontre violente de son visage avec la botte de Baldrisson, qui fit salement craquer son nez. L'homme tomba à la renverse dans un fracas métallique. Baldrisson fit négligemment un moulinet à l'aide de sa hache, avant que ne se dessine un sourire carnassier sur ses lèvres.

"Alors ? A qui le tour ?"
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Message  Aëleen Mer 8 Juin 2016 - 1:23

Baldrisson fut rapidement debout, sa hache à la main. Alors que ma mère surgissait, dans le but sans doute de nous enjoindre de fuir, elle fut coupée dans sa phrase par un cri d'alerte d'Arlax. Le barbare se précipita alors hors de la pièce et je le suivis en dégainant mon sabre. Je ne comptais blesser personne, simplement parer d'éventuelles attaques tout en fuyant, et mes poignards me seraient donc inutiles. Je me figeai sur le seuil, avisant Baldrisson et Arlax, qui se trouvait dans un golem, face aux habitants, dont celui qui semblait s'être fait le chef était en train d'invectiver Baldrisson:

-Il y a un monstre dans cette maison, et nous sommes venus pour nous en occuper. Un démon ! Une saloperie de succube venant attiser la convoitise des hommes pour dévorer leurs âmes !

Je jetai un coup d'oeil au barbare. Comment allait-il prendre la chose? Les villageois ne m'avaient pas encore vue, tous concentré sur Baldrisson, qui répondit:

"Et vous allez faire comment ? Utiliser vos petits brandons ? Essayer de lui percer le bide avec vos couteaux ? Ah ! Comme c'est risible ! Et pathétique ! Vous ne faites même pas le travail convenablement, typique des Trouillards des Plaines ! Dans les Montagnes, on les forces à ingérer du poison, avant de les noyer. Puis, on leur fracasse le crâne à la hache, avant de trancher la tête et d'enterrer le corps les pieds vers le ciel ! C'est ainsi qu'on se débarrasse des démons ! Mais si c'est d'Aëleen dont vous parlez, vous vous fourrez le doigt dans l'oeil ! Elle est autant démoniaque que je suis Orc !"

Un élan de gratitude me traversa. Malgré les affirmations des villageois, il était prêt à me protéger, à soutenir face à ses opposants que je n'étais pas un démon. Heureusement, d'ailleurs, qu'il ne me considérait pas comme telle... je n'aurais pas voulu subir le traitement que son peuple réservait aux démons. Même la brûlure du soleil semblait douce, à côté. Malgré son assurance à me défendre, les villageois ne se laissèrent pas ébranler par ses mots, le chef hurlant aux autres:

-Il est trop tard, elle l'a envoûté et mis sous son contrôle démoniaque ! Nous devons le ...

Il ne termina pas sa phrase, la botte de Baldrisson l'ayant empêché de poursuivre en venant frapper sa tête. Le villageois tomba au sol, tandis qu'une odeur de sang me parvenait, me mettant malgré moi l'eau à la bouche. Baldrisson fit tournoyer sa hache, avant de défier le reste des villageois:

"Alors ? A qui le tour ?"

Les hommes restants se dévisagèrent, l'air d'hésiter devant cet adversaire qui venait d'écraser leur chef avec une violente efficacité. Toutefois, l'un d'entre eux m'aperçu soudain, sur le seuil de la porte, et hurla aux autres:

-C'est elle! Elle est revenu attaquer Nora!

Ma vue sembla donner un regain d'énergie aux villageois, car ils chargèrent tous, clamant qui "à l'attaque!", qui "mort au démon!", ou hurlant simplement pour se donner du courage. Jetant un regard à Baldrisson et Arlax, je tentai de ne pas laisser le remord m'envahir, de ne pas avoir l'impression de les tromper, eux qui se refusaient à penser que j'étais bien le démon qu'on décrivait. Je me focalisai sur le combat, serrant le sabre que m'avait offert le Patron pour me donner du courage. Puis je me précipitai aux côtés de mes deux compagnons, parant les coups des villageois, tâchant de ne pas les blesser trop grièvement. Il fallait simplement que nous parvenions à nous enfuir d'ici...

Avec mon agilité surhumaine, je passai sous le... couteau de cuisine duquel me menaçait un adversaire, lui frappai le visage avec le pommeau de mon sabre. Il s'effondra, et je parai de ma lame le bâton que tendait un autre villageois. Leurs armes étaient vraiment... dérisoires. Et leur science du combat n'était pas meilleure. Nous allions nous en sortir, malgré leur nombre. Je parvins à me retrouver près de Baldrisson, et lui hurlai:

-Il faut qu'on fuit! Je veux pas les blesser!

Je n'avais pas le temps de lui expliquer que ces hommes n'étaient au fond pas mauvais, qu'ils avaient simplement peur pour leurs amis et leurs familles. Peur de moi... Et qu'on ne pouvait pas vraiment leur en vouloir puisque j'avais réellement attaqué ma mère, à l'époque où cette soif de sang toute nouvelle échappait totalement à mon contrôle. J'espérais que, malgré l'absence d'explications, il comprendrait, et que nous pourrions tous trois fuir, plutôt que de demeurer combattre. Si trop de sang se mettait à couler autour de moi... je ne pourrais résister. Et alors, il comprendrait que j'étais réellement - à une faute d'appellation près - ce qu'affirmaient les villageois.
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Message  Baldrisson Sam 11 Juin 2016 - 17:19

Un des villageois, avisant Aëleen qui se trouvait sur le pas de la porte de sa mère, lança l'assaut. Baldrisson répliqua en beuglant son cri de guerre et chargea à son tour. Il fit une série de moulinets avec son arme, frappant un des agresseurs à l'aide du manche de la hache. Il rangea ensuite son arme : mieux valait éviter de tuer un des villageois... Deux villageois lui sautèrent dessus, et tentèrent de l'immobiliser. Mais, contrairement à lui, ils n'étaient pas habitués à se battre, sinon dans les concours de lutte, lors des fêtes villageoises. Il se débarassa aisément d'un de ses agresseurs, et roula au sol, entraînant le second avec lui.

Il se releva et souleva l'Humain, avant de le jeter sur deux autres qui s'avançaient vers Aëleen. Cette dernière lui enjoignit de fuir avec elle, avant qu'il n'y ai un mort. Il poussa un grondement : ce n'était guère honorable... Mais elle avait raison. Ils allaient finir par en tuer un, même accidentellement. Il prit ses marques et, poussant un grondement animal, fonça dans la mêlée, pour dégager un passage à ses alliés. Ses infortunées victimes, prises au dépourvues, furent violemment repoussées. Dans un geste rapide, il décolla le granl de son golem, avant de faire signe à Aëleen de le suivre.

"Vous prenez le cheval ! Traversez la rivière et attendez-moi de l'autre côté, je vais les retarder !"

Il se tourna vers la mère d'Aëleen et son compagnon. Il n'avait que peu de temps, avant que les villageois ne se remettent de sa charge.

"Désolé, mais vous allez devoir fuir. Rendez-vous à Telbara, ou dans un autre royaume. Tenez, pour vous... Dédommager."

Il fouilla sa bourse et en sortit une dizaine de pièces d'argent et deux pièces d'or, qu'il tendit à la femme. Puis, il se détourna. Les villageois se relevaient, doucement. Un sourire mauvais sur les lèvres, il s'avança lentement, leur laissant le temps de réaliser ce qu'il allait leur arriver. Puis, quand il jugea qu'ils étaient assez tétanisés, il chargea en riant.

...............................................................

Arlax, confortablement installé sur les genox d'Aëleen, s'accrochait de son mieux, car il était manifeste qu'elle ne savait pas monter à cheval et était mal à l'aise à l'idée de diriger la monture, qui elle, sentait la nervosité de la cavalière. Enfin, ils parvinrent à effectuer la traversée de la rivière. C'est alors que le granl prit la parole :

"Baldr est bête comme un rocher, ou bien c'est le froid des montagnes qui l'a rendu insensible, mais moi, je suis différent. Tu as la peau bien froide, pour une humaine. Et tu as des réflexes que même un Barbare qui a passé sa vie à se battre n'aurait pas. Enfin, j'ai vu ton regard, quand il a éclaté le nez du garde. Le sang, ça éveille parfois quelque chose chez les gens, tu peux me croire. Mais chez toi, ça semble éveiller autre chose... Ne t'en fais pas, je n'en parlerais pas à Baldr. Mais... Qu'es-tu ?"
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Message  Aëleen Jeu 16 Juin 2016 - 19:52

A mon grand soulagement, Baldrisson suivit ma demande. Il repoussa plusieurs adversaires en leur fonçant dedans, puis se saisit de Arlax, le séparant de son golem, et m'enjoignis:

"Vous prenez le cheval ! Traversez la rivière et attendez-moi de l'autre côté, je vais les retarder !"

Je fus un peu déboussolée. Prendre le cheval... toute seule! Je ne savais pas monter! Et puis, j'avis peur de le laisser derrière. S'il lui arrivait quoi que ce soit. Un regard vers lui me convainquit qu'il ne lui arriverait rien. Il était trop puissant. Et il fallait que je parte maintenant, avant de laisser mes instincts vampiriques m'envahir. Accompagnée d'Arlax, je me juchai sur le cheval, installai le granl sur mes genoux, et lançai l'animal vers la rivière, du mieux que je le pus. Je m'étais rendue compte la dernière fois que monter à cheval pouvait être très agréable. Mais, en même temps, le grand animal me faisait toujours peur, et mon inexpérience me mettait mal à l'aise. J'avais peur de tomber, et j'avais l'impression que l'animal ne se comportait pas aussi gentiment avec moi qu'avec Baldrisson. Il était plus nerveux. Peut-être que je le contaminais?

La rivière franchie, je me sentis envahie par le soulagement. J'avais réussi. J'étais parvenue à mener le cheval jusque là, et je n'étais pas tombée. Je soufflai de contentement, et arrêtai l'animal, tout en le caressant pour le remercier de sa coopération. Alors que j'allais regarder où Baldrisson en était, Arlax prit la parole:

"Baldr est bête comme un rocher, ou bien c'est le froid des montagnes qui l'a rendu insensible, mais moi, je suis différent. Tu as la peau bien froide, pour une humaine. Et tu as des réflexes que même un Barbare qui a passé sa vie à se battre n'aurait pas. Enfin, j'ai vu ton regard, quand il a éclaté le nez du garde. Le sang, ça éveille parfois quelque chose chez les gens, tu peux me croire. Mais chez toi, ça semble éveiller autre chose... Ne t'en fais pas, je n'en parlerais pas à Baldr. Mais... Qu'es-tu ?"

Je tressaillis. Il avait remarqué. J'étais moins discrète que je le pensais. Il m'avait percée à jour. Immédiatement, je sentis ma gorge se serrer, et fus sur la défensive. Qu'allait-il faire de ces informations? Il disait qu'il ne dirait rien à Baldrisson... Mais connaître mon secret lui donnait sur moi un certain pouvoir. Ce que je n'aimais pas. Toutefois, il me fallait me considérer heureuse qu'il m'en ait parlé en privé. Et il n'était pas agressif.

Je pris une grande inspiration, tâchant de me calmer. Puis je fixai mes yeux sur Arlax.

- Arlax... Si tu parles... Je suis morte. C'est presque sûr. Alors si tu dis que tu le feras pas, je te remercie. Tiens ta parole, s'il te plaît. Beaucoup me tueraient, s'ils savaient. Ils penseraient même me sauver en faisant ça. Ils auraient peut-être raison. Je suis peut-être lâche de vouloir "vivre" quand même...


Je me perdais, là. Ce n'était pas ce qu'il avait demandé. Je tâchai de me reprendre et de ne pas pleurer - dire que j'étais un vampire me faisait toujours aussi mal. Je tâchai de me détacher de tout sentiment, et dis d'une voix aussi morte que je l'étais moi-même:

- Je suis un vampire. Un nosferatu, si tu préfères. Comme celui que Baldrisson a tué. Je suis... morte, en quelque-sorte. Et je dois me nourrir de sang pour continuer d'être. Je fais mon possible pour pas tuer les gens que je mords. J'imagine que je suis quand même une aberration. Mais je fais ce que je peux pour pas être trop mauvaise. Tu peux penser ce que tu veux. Je m'en moque. Mais le dis à personne.

Je continuai de le fixer, guettant sa réaction tout en tâchant de ne montrer aucune expression. Je devais faire comme si je m'en moquais. Je devais m'en moquer. Je ne devais pas faire attention à ce qu'on pensait de moi. Ils avaient tous tort. Ils ne comptaient pas.
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Message  Baldrisson Ven 17 Juin 2016 - 23:35

Aëleen supplia Arlax de ne rien dévoiler, car cela mettrait la vie de la jouvencelle en jeu. Ce dernier parvint à prendre une expression mi-dubitative, mi-intéressée. Elle expliqua qu'elle était bel et bien une vampire, comme celui qu'avait tué Baldr. Elle avait certes besoin de sang pour survivre, mais tentait de ne pas tuer ses victimes.

"Tu sais, je vais avoir du mal à te juger. Quand tu te balades avec un type qui doit être capable d'aligner seulement deux pensées logiques en une heure, tu commences à te poser des questions. Puis, tu te rends compte que tous ses semblables sont comme lui... Les rares fois où un Barbare va réfléchir sainement, c'est quand il se bat. Et quand il vieillit et devient un Ancien. Enfin... Au moins, tu ne vas pas me mordre pour te nourrir... Par contre, évites de mordre Baldr. Si tu le transforme, je n'oses imaginer quel monstre sera relâché sur Orcande..."

.....................................................

Baldrisson s'adossa contre un mur, pour reprendre son souffle. Il ne restait pas beaucoup de villageois, les plus endurants, en fait. Enfin, ils n'étaient pas habitués à se battre, mais passaient clairement une grande partie de la journée à effectuer des tâches physiques. Le Barbare s'était caché dans une grange où l'on entassait, semblait-il, le blé des champs. Il toucha la poutre centrale et testa sa solidité du plat de la main, avant de sourire. Il s'écarta et se mit en position pour courir, avant de beugler :

"Oh ! Les Trouillards ! Je suis là !"

Ses proies entrèrent dans la grange, regroupés. Le Barbare poussa un long et puissant cri de guerre et chargea. Il percuta de plein fouet la poutre centrale. Le bois résista, juste quelques secondes, avant de céder dans un craquement violent. Baldrisson continua sur sa lancée, avant de percuter le groupe. Ils s'effondrèrent au sol dans un concert de jurons divers et variés. La poutre soutenait, entre autre, une mezzanine où étaient entreposés des sacs de farine. La plate-forme commença à se pencher dangereusement, alors que son soutien s'affaissait. Le bras douloureux, Baldrisson rua vers la sortie en boitillant. Les sacs s'effondrèrent au sol dans un fracas infernal, alors que les villageois fuyaient cette chute mortelle. Un seul n'y parvint pas, et l'on pouvait entendre ses hurlements de douleurs étouffés de dessous les sacs. Ereinté, le Barbare prit la fuite jusqu'à la rivière, où il se jeta dans l'eau.

Haletant, il remit pied à terre, sur l'autre rive, où l'attendaient Arlax et Aëleen. Cette dernière semblait craintive.
L'Humain monta sur la selle, avec difficulté.

"On va devoir y aller. Avec de la chance, il n'y a qu'un mort... Par les dieux, que j'ai mal ! Plus jamais je détruis une bâtisse de cette façon... Un incendie, il n'y a que ça de vrai !"
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Message  Aëleen Dim 26 Juin 2016 - 2:14

"Tu sais, je vais avoir du mal à te juger. Quand tu te balades avec un type qui doit être capable d'aligner seulement deux pensées logiques en une heure, tu commences à te poser des questions. Puis, tu te rends compte que tous ses semblables sont comme lui... Les rares fois où un Barbare va réfléchir sainement, c'est quand il se bat. Et quand il vieillit et devient un Ancien. Enfin... Au moins, tu ne vas pas me mordre pour te nourrir... Par contre, évites de mordre Baldr. Si tu le transforme, je n'oses imaginer quel monstre sera relâché sur Orcande..."

La réplique de Arlax me déstabilisa un peu. Je ne m'étais pas attendue à cela, et ses paroles brisèrent la barrière de colère dont j'étais en train de m'entourer. J'esquissai un sourire. Puis je lui assurai que je n'avais pas du tout l'intention de mordre Baldrisson et que, de toute façon, même si je l'avais voulu, je n'y serais sans doute pas parvenue. Je n'avais pas envie de me retrouver face à sa hache.

Une odeur détourna mon attention, et j'avisai Baldrisson, traversant l'eau à la nage. Il prit pied sur la terre ferme et se rapprocha d'Arlax et moi, avant de grimper sur le cheval, me libérant ainsi de mes responsabilités quant à celui-ci. Le barbare nous informa:

"On va devoir y aller. Avec de la chance, il n'y a qu'un mort... Par les dieux, que j'ai mal ! Plus jamais je détruis une bâtisse de cette façon... Un incendie, il n'y a que ça de vrai !"

Un mort... J'avais encore causé, bien qu'indirectement, le décès d'un des villageois. Bien sûr, le jeu en avait valu la chandelle... J'avais retrouvé ma mère... Elle m'avait acceptée... Mais je ne pouvais empêcher cette mort de venir assombrir mon succès. Enfin, bon, je n'avais pas à m'en vouloir. Après tout, nous n'avions fait que nous défendre. C'étaient eux qui m'avaient attaquée! Ce n'était pas ma faute! Je m'imprégnai de cette idée, avant de réfléchir aux autres paroles de Baldrisson. Détruire une bâtisse? Je me demandais bien comment il avait pu s'y prendre. Son combat avait dû être tout à fait épique! Dommage que je ne l'ait pas vu!

Le barbare, conformément à ses paroles, fit avancer le cheval. Libérée de la contrainte de diriger l'animal, je me laissai aller à profiter du voyage, et, comme j'appréciais de plus en plus ce mode de locomotion, je demandai à Baldrisson:

-Comment est-ce qu'on apprend à bien monter à cheval? Il faut être riche pour en avoir un?

J'imaginais bien que c'était hors de ma portée. Pour le moment. Mais un jour viendrait peut-être où je serais plus riche, et pourrais me payer un de ces animaux dont je commençais à avoir moins peur, et sur le dos desquels on pouvait faire des chevauchées si grisantes et rapides.

Lorsque je sentis l'aube s'approcher, je demandais au barbare si nous pouvions nous arrêter durant la journée, et nous remettre à voyager la nuit suivante. Je n'avais pas du tout envie de risquer de nouveau de m'exposer au soleil. Avancer durant la journée ne me plaisait pas, et j'espérais qu'il accepterait.
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Message  Baldrisson Sam 2 Juil 2016 - 22:23

Le cheval partit au petit trot, afin que Baldr ne puisse être gêné outre mesure. Durant la chevauchée, il sortit ce qui restait du baume médicinal qu'on lui avait donné et l'appliqua sur son bras douloureux, puis sur autant de parties de son corps qu'il lui était possible d'atteindre. Il essuya sa main sur son moignon gauche, avant de reprendre les rênes. Il pesta intérieurement : il n'avait aucune idée de la façon dont il pouvait refaire ce baume, et venait d'en gâcher ce qui restait à cause de ce village de Trouillards...
Il se demanda quand pourrait-il revenir dans les Montagnes ? Probablement prochainement, après tout, il n'y avait pas grand-chose à dire. Certains savaient se battre, d'autre non. Si son Roi souhaitait s'allier avec des habitants des Plaines, il pouvait toujours essayer avec les estanols, ces derniers étaient les plus prompts à se battre. Enfin, cela restait le point de vue de Baldrisson.
Aëleen lui demanda comment était-ce, de monter à cheval, et si il était nécessaire d’avoir de l’argent pour en avoir un.

"Monter un cheval n’est pas difficile. Même un enfant peut y parvenir. Mais diriger sa monture et rester en selle, c’est autre chose. Chez nous, nous apprenons à faire cela grâce à nos genoux, car nous devons garder les mains libres pour le combat. Il désigna sa hache en prononçant ces mots. Enfin, l’utilisation des rênes est toujours un atout… Les chevaliers apprennent à les garder dans la main tenant le bouclier, car ils ont besoin de leurs lances. Enfin, quant au coût d’un cheval, tout dépend surtout de ta rapidité, et de la distraction de son ancien propriétaire, dans les Plaines. Dans les Montagnes, nous élevons nos propres montures, plus trapues que celles des Plaines, et semblables à celles des Nains... Mais en plus grandes."

Arlax éclata de rire en entendant le Barbare parler du coût d’un cheval. L’attitude de ce dernier vis-à-vis des équidés ne l’étonnait en rien, et le fait que l’Humain vole des chevaux ne l’étonnait en rien : le prix de ces derniers était un véritable vol dans les Plaines, quand on les comparait à ceux des Montagnes, y compris quand ils étaient vendus par des Nains.
Le colosse grogna, avant de faire mouvoir ses muscles, en tentant de s'étirer au mieux. Puis, il reprit la parole.

"Je te montrerais peut-être comment monter… Mais demain. Je suis épuisé et endolori, pour le moment."
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Message  Aëleen Mar 5 Juil 2016 - 1:59

Lorsque j'avais demandé à Baldrisson comment on apprenait à monter à cheval, je ne m'attendais pas à ce qu'il y ait autant de choses à en dire. Le barbare m'expliqua qu'il n'était pas compliqué de tenir sur un cheval, mais qu'il était plus difficile de diriger un cheval tout en demeurant dessus. J'acquiesçai; j'avais pu me rendre compte de cela. Il m'expliqua que, chez lui, ils apprenaient à monter avec les genoux, de sorte à pouvoir se battre en même temps. J'écarquillai les yeux. Déjà que cela avait l'air compliqué de monter à cheval, ça devait l'être encore davantage s'il fallait se battre en même temps, et diriger l'animal uniquement avec ses jambes! En plus, je ne voyais pas comment on pouvait faire faire quoi que ce soit à un animal si imposant juste avec ses genoux, alors que ceux-ci étaient déjà occupés à nous maintenir en selle...

Il m'expliqua ensuite que les chevaliers, quant à eux, dirigeaient les chevaux avec les rênes, qu'ils tenaient dans la même main que le bouclier, pour pouvoir se battre de l'autre. J'acquiesçai, tâchant d'assimiler ce flot d'informations. Puis il aborda le problème de l'acquisition d'un cheval... Et je ne pus m'empêcher de sourire lorsqu'il m'expliqua que, dans les plaines, il fallait être rapide et profiter de la distraction de "l'ancien propriétaire" de la monture. Il me raconta aussi que, chez lui, ils élevaient leurs chevaux, qui ressemblaient à ceux des nains, en plus grands. Je n'avais même jamais fait attention au fait qu'il existait différentes sortes de chevaux. Je me fis la réflexion que, si je parvenais à en voler un un jour, il faudrait que j'en choisisse un pas trop grand, puisque cela existait.

Après ces explications sur les chevaux, Baldrisson enchaîna:

"Je te montrerais peut-être comment monter… Mais demain. Je suis épuisé et endolori, pour le moment."

Je laissai un grand sourire envahir mon visage. J'avais de quoi être contente. J'avais retrouvé ma mère. Baldrisson allait peut-être m'apprendre à diriger un cheval. Et, en plus, nous allions nous arrêter, et échapper ainsi au dangereux jour. C'était parfait.

Nous nous installâmes rapidement pour dormir. Tandis que Baldrisson s'était couché, je furetai quelques temps alentours afin de trouver un coin où m'abriter du jour. Je finis par dénicher, grâce à mon odorat, un terrier abandonné par un animal dont j'agrandis l'entrée à coups de griffes, sous ma forme féline. Je revins au camp, où je trouvai Baldrisson en train de dormir. Je m'adressai donc à Arlax:

-J'ai trouvé un terrier où me cacher. Si Baldrisson veut repartir alors qu'il fait jour, tu pourras insister pour ne pas le faire? Je pourrais mourir, si vous essayez de me déplacer.

Je retournai ensuite au terrier, dans lequel je me glissai. Il était temps. Le jour n'allait plus tarder à se lever. Je m'endormis en songeant à cette menace qui croissait à l'extérieur, à une épaisseur de terre de moi, et à Arlax et Baldrisson. Qu'allaient-ils faire? J'espérais que le granl ne me trahirait pas, et qu'il empêcherait Baldrisson de repartir durant la journée, si celui-ci le voulait. Ou, au moins, qu'il le persuaderait de me laisser, s'ils voulaient vraiment partir. Je ne voulais pas qu'ils me laissent. Baldrisson devait m'apprendre à monter à cheval. Et j'appréciais vraiment leur compagnie. Mais je préférais être seule que morte. Même si ça me pesait, de devoir laisser tout le monde. Enfin, presque tout le monde... J'emportai dans mes rêves l'image d'un regard noir.

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Message  Baldrisson Ven 8 Juil 2016 - 0:34

Ils trouvèrent un lieu où dormir, et Baldrisson s'allongea avant de sombrer dans un profond sommeil. Le granl, lui, avait dormi lors de la chevauchée, et se fit donc un golem pour monter la garde. Le Barbare ronflait à poings fermés, de la bave aux lèvres. Quand il s’éveilla à la mi-journée, perclus de courbatures douloureuses, sa première réaction fut bien entendu de se plaindre, tandis qu’Arlax parvenait à masquer le peu d’exaspération que cela lui procurait. L’Humain cessa de geindre pour boire de longues gorgées d’eau, afin d’étancher sa soif.

"Elle est où, la petite ?"

"Elle dort un peu plus loin, dans un terrier, ou quelque-chose comme ça."

"C’est bizarre ça. Enfin, elle est bizarre aussi, en même temps."

Arlax sursauta en entendant les paroles du Barbare, avant de le regarder, l’air interdit.

"B-bi-bizarre ? Pourquoi cela ?"

"Elle dort trop. Chez nous, les femmes se lèvent en même temps que les hommes. En plus, j’ai pas beaucoup senti son cœur battre."

"Ça ne veut rien dire, idiot. Tu n’as jamais entendu mon cœur battre, et pourtant cela ne t’étonnes pas. Elle a peut-être un cœur qui bat aussi vite que le tien. En même temps, tu es tellement dans l’action que tu dois avoir le cœur d’un cheval, ce qui veut dire qu’à priori, n’importe quelle personne moins active que toi doit te sembler bizarre."

"J’ai pas le cœur d’un canasson !"

"C’est une – Non, rien, je t’expliquerais le principe des métaphores une autre fois. Ce que je veux te dire, c’est qu’Aëleen est quelqu’un de normal ! Tu n’as jamais entendu mon cœur battre et pourtant, tu me trouves normal ! Alors qu’en conclus-tu ?"

Le colosse cligna des yeux à plusieurs reprises, tandis qu’il assimilait ce que venait de lui dire son compagnon de route. Ce dernier attendit patiemment que les rouages s’assemblent une bonne fois pour toutes, avant que l’Humain ne prenne la parole :

"C’est une sorte de golem, elle aussi ?"

Le granl se frappa le front.

Enfin, la nuit tomba. Arlax alla chercher Aëleen, tandis que Baldr préparait sa monture. De mémoire, il mis à niveau les étriers, afin que l'enfant puisse y placer ses pieds. Il ajusta les dernières sangles, avant de montrer le cheval à la jeune fille. Il lui expliqua que le principe de l'équitation était simple : il suffisait de tirer les rênes d'un côté pour diriger la monture dans la direction en question. Et accessoirement de rester en selle le plus longtemps possible. Il laissa les rênes entre les mains d'Aëleen et s'éloigna de quelques pas, en souriant largement, mais prêt à intervenir en cas de problèmes.
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Message  Aëleen Mer 13 Juil 2016 - 0:16

Je m'éveillai avec la tombée de la nuit. A peine m'étirai-je que je perçus l'odeur d'Arlax, qui était visiblement non loin de moi. Je m'extirpai du terrier, et tombai sur le granl, qui était à ma recherche. A sa suite, je rejoignis le camp, et trouvai Baldrisson, qui se tenait à côté de son cheval, en train de toucher aux diverses sangles de son harnachement. Est-ce que... C'était pour moi?

J'eus la réponse à ma question lorsque le barbare amena l'animal près de moi, et me le présenta pour que je me juche dessus, tout en m'expliquant qu'il fallait tirer les rênes d'un côté pour se diriger dans cette direction, avant de préciser qu'il fallait aussi éviter de tomber le plus longtemps possible. A ces mots, je me sentis un petit peu effrayée. Autant grimper sur les toits ne me faisait pas peur, autant l'idée de tomber du cheval m'effrayait. Sans doute parce-que, contrairement aux toits, le cheval bougeait, et avait sa propre volonté. Il pouvait se décider à me faire tomber, lui.

Finalement, Baldrisson me laissa les rênes. Je demeurai d'abord immobile sur le cheval. Celui-ci était plutôt calme. Il ne bougeait pas. Puis je serrai les jambes pour le faire avancer. D'abord, il ne répondit pas. J'insistai, et il se mit à marcher... avant de s'arrêter au bout de deux pas, et de baisser la tête pour brouter. Comme je ne m'y attendais pas, les rênes me tirèrent vers l'avant, et je crus que j'allais tomber par dessus son encolure. Je me ressaisis de justesse, en tirant en arrière de toutes mes forces, pour lui remonter la tête. Derrière moi, j'entendis claquer sa queue. Est-ce qu'il était énervé? Je jetai un petit regard vers Baldrisson, vis qu'il me regardait avec un sourire. Bon. Ce n'était pas tout à fait gagné. Savoir théoriquement quoi faire était une chose. Diriger réellement un cheval en était une autre. Déjà, il fallait qu'il avance.

Je serrai de nouveau les jambes, plus franchement, et l'animal se mit à avancer. Sa démarche me semblait plus molle qu'avec Baldrisson, mais c'était déjà un progrès. Comme il semblait m'écouter un peu, je tentai de le faire tourner vers la droite. Ce fut pour moi l'occasion de me rendre compte que je tenais mes rênes de façon un peu trop lâche, puisqu'elles se tendirent à peine quand je tirai. Je les raccourcis alors, et tirai de nouveau. Le cheval tourna. J'avais réussi! Je raccourcis encore les rênes, voulant arrêter le cheval, ce qui me força à me pencher en avant... mais cela ne fonctionna pas, et j'eus même l'impression que le cheval accélérait. Une pointe d'appréhension m'étreignit. Et s'il ne voulait plus s'arrêter? De peur, je me penchai en arrière, tout en tirant franchement sur les rênes... l'animal s'arrêta. Je soufflai de soulagement. Assez fière, je me tournai vers Baldrisson... et fus violemment tirée en avant par un mouvement de tête du cheval; je n'avais pas rallongé les rênes. Ne parvenant pas à me retenir, je vidai les étriers et me retrouvai soudain par terre, les rênes encore dans la main. Un peu ébêtée, je levai les yeux vers Baldrisson et Arlax.

-Aïe!
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Message  Baldrisson Sam 16 Juil 2016 - 13:32

Baldrisson observa Aëleen qui était assise sur son cheval. Elle lui faisait effectuer les mouvements de base, sans guère de problèmes. Arlax vint aux côtés du Barbare et l'observa à son tour. Il tapota la jambe de l'Humain, pour attirer son attention. Ce dernier baissa la tête et regarda le golem :

"Quoi ?"

"Elle va pas y arriver du premier coup, si ?"

"Non. Tout le monde tombe la première fois, ça fait partie de l'apprentissage."

"Ah... Alors, toi aussi, tu es tombé ? Cela t'as fait mal ?"

"Ouais. J'ai dû tomber sur la tête je pense."

Arlax prit une expression pensive, tandis que le canasson accélérait brutalement. Quelques secondes plus tard, Aëleen faisait un vol plané et tombait lourdement au sol. Baldrisson et Arlax s'approchèrent d'elle. Le granl, avant de l'atteindre, leva le regard en direction du Barbare :

"Remarque, ça doit expliquer bien des choses..."

La jeune fille avait l'air penaude et endolorie. Le cheval, quant à lui, commençait à s'éloigner. Le Barbare laissa Arlax au chevet de la jeune fille et rattrapa sa monture. Il prit les rênes dans sa main droite. Le cheval hennit, et flanqua un coup à la jambe de l'Humain, qui répliqua en tordant violemment l'oreille de l'équidé, jusqu'à le faire fléchir, quelques perles dans les yeux.

"Bon, on arrête de faire le con, d'accord ? Tu ne vas pas t'enfuir comme ça, crois-moi. Alors, tu reviens et on reprend l'entraînement d'Aëleen."

Il revint auprès de la jeune femme, et s'accroupit auprès d'elle.

"Ça va ? Tu tiens le coup ?"
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Message  Aëleen Dim 17 Juil 2016 - 11:32

Arlax et Baldrisson s'approchèrent de moi. Je craignais une moquerie, mais aucun des deux ne rit de moi, Baldrisson allant chercher le cheval qui s'était un peu éloigné, avant de revenir, en me demandant:

"Ça va ? Tu tiens le coup ?"
-Ça va...

Du moins, physiquement, ça allait. Par contre, j'étais un peu déconfite. Si j'avais été humaine, mon coeur aurait sans doute battu très vite. Est-ce qu'il fallait que je remonte maintenant? J'avais peur que le cheval me refasse tomber, et de me faire mal, cette fois. Je croisai le regard de Baldrisson, puis celui d'Arlax, et me relevai en ravalant ma peur. Pas question que j'ai l'air d'une pleutre devant eux. Il fallait que je sois courageuse. C'était moi qui avais voulu apprendre à monter sur le cheval, et je n'allais pas me dégonfler à la première chute. Il y en aurait sans doute d'autres. Mais je ne renoncerais pas si facilement.

J'expliquai à Baldrisson:

-J'ai du mal à trouver comment il faut tenir les rênes. Soit elles sont trop longues, et je n'arrive à rien, soit elles sont trop courtes et ça me déséquilibre.

Cela dit, le barbare m'aida à remonter sur l'animal. Une fois là haut et les rênes à la main, je pris une profonde inspiration. Puis je serrai les talons. Une fois encore, cela ne marcha pas du premier coup. Je raccourcis un peu les rênes, pour que le cheval arrête de manger et m'écoute, et serrai les jambes plus fort. Le cheval se mit à avancer. Je le fis tourner à droite en tirant à droite et, même si cela n'était pas si précis que quand c'était Baldrisson, je fus satisfaite. Je réitérai la manoeuvre à gauche. Puis, quelques pas plus tard, je me penchai en arrière pour arrêter le cheval. Il ne s'arrêta pas immédiatement, mais ralentit progressivement jusqu'à finalement tomber en arrêt. Bon, ce n'était pas très précis, même pas précis du tout, mais c'était déjà ça.

Toute contente, je voulus de nouveau faire avancer ma monture. Mais je dus cette fois serrer les jambes trop fort dans ma joie d'être parvenue à faire ce que je voulais... et le cheval partit au trot. Dès les premières foulées, je compris que je ne tiendrais pas. Cette allure était trop déstabilisante. Ça rebondissait! Je laissai échapper un petit cri, me penchait désespérément en arrière tout en tirant sur les rênes... fus désarçonnée par une foulée supplémentaire et tombai du dos du cheval. J'atterris violemment par terre, et me protégeai la tête des mains, de peur que l'animal ne m'écrase. Lorsque j'estimai que le danger était passé, je m'assis, tout en cherchant du regard ma monture et mes compagnons de route.
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Message  Baldrisson Dim 24 Juil 2016 - 0:12

Aëleen se releva, en tentant de ne pas montrer qu'elle avait peur. Si Arlax se fit avoir, Baldr avait bien souvent vu cette expression, ce regard particulier, chez certaines de ses victimes, généralement des bandits de grands chemins, qui découvraient sur le tard que se battre contre le colosse avait été une mauvaise idée. Là, la peur d'Aëleen était celle de remonter en selle, ce qui était compréhensible. Elle expliqua au Barbare qu'elle ne savait pas comment tenir les rênes. Ce dernier l'aida à remonter en selle, et lui indiqua un point sur les rênes.

"Prends-les à partir de là. Ce sera plus simple pour les tenir et diriger le canasson. Aller."

La jeune fille fit manoeuvrer sa monture à droite, et à gauche, avec un peu de difficulté, mais parvenait à conserver son équilibre. Elle fit s'arrêter sa monture, avant de la piquer des deux. Le cheval partit dans un trot soutenu, faisant rebondir Aëleen sur sa selle. Elle cria, avant de se pencher en arrière sur sa selle, tout en tirant les rênes à elle.

"Ah, une nouvelle erreur."

"Tu es cruel, Baldr."

"Comment veux-tu apprendre si tu ne tombes pas de temps à autre ? Il faut tomber pour apprendre à se relever. Et à diriger un cheval."

Quelques secondes après, elle fut désarçonnée et tomba au sol, en se protégeant la tête. Le cheval semblait avoir comprit la leçon précédente, et se dirigea vers Baldrisson, avant de s'arrêter auprès de lui. L'Humain lui flanqua une tape sur le museau et lui prit les rênes.

"Bon, un d'entre eux a comprit la leçon, maintenant, au tour d'Aëleen."

Il s'avança vers cette dernière et remit les rênes aux mains d'Arlax, tout en foudroyant l'équidé du regard, pour le prévenir de ce qui allait arriver si il tentait de se débattre ou de s'enfuir. La jeune fille était assise, et semblait quelque peu sonnée. Baldrisson sortit une gourde d'eau de sa sacoche, et une petite bouteille d'alcool. Il tendit la bouteille à la jouvencelle, alors qu'il versait de l'eau sur sa main gauche. Il appliqua cette dernière sur le front d'Aëleen, afin de la rafraîchir.

"On va avoir un long chemin à faire. Bon. Je vais te placer devant moi et te montrerais comment faire. Cela évitera que le cheval ne s'emballe de trop. Tu auras Arlax sur les genoux. Tais-toi Arlax."

Le granl avait commencé à protester, mais la remarque du Barbare le fit taire rapidement. Ce dernier aida la jouvencelle à se lever et l'installa sur le cheval, Arlax sur les genoux. Puis, il monta en selle. D'une certaine façon, il monterait à cru, mais ce ne serait pas la première fois qu'il aurait à faire cela. Il prit les rênes et donna un coup de talon à sa monture, avant de la laisser avancer à son rythme. Au bout de quelques minutes, il tendit les rênes à sa compagne de route :

"Tiens les bien. Assures ta prise. Ne montre pas au canasson que tu as peur."
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Message  Aëleen Ven 29 Juil 2016 - 16:09

Baldrisson tendit les rênes du cheval, qui était revenu vers lui, à Arlax, avant de s'approcher de moi. Ayant versé de l'eau sur sa main, il m'en passa sur le front. Je tâchai de ne pas me tendre ; je craignais instinctivement le contact des autres, car il risquait toujours de me faire démasquer, du fait de la froideur de ma peau. Toutefois, le barbare ne sembla pas relever ce détail, et dit:

"On va avoir un long chemin à faire. Bon. Je vais te placer devant moi et te montrerais comment faire. Cela évitera que le cheval ne s'emballe de trop. Tu auras Arlax sur les genoux. Tais-toi Arlax."

Le granl, qui avait commencé à râler, se tut aux dernières paroles de son ami. Quant à moi, je me relevai en m'époussetant. Nous allions repartir à cheval mais, à la différence des jours précédents, j'allais essayer d'avoir un rôle actif dans la direction de l'animal. Ça, c'était chouette. Je souris de toutes mes dents... resserrai rapidement mes lèvres. Il aurait été bête d'être démasquée pour un sourire.

Baldrisson m'aida à me jucher sur le cheval, plaça Arlax sur mes genoux, puis monta à son tour. Il fit avancer le cheval, qui prit rapidement une allure régulière, ni trop lente, ni trop rapide. Là, il me donna les rênes, en m'indiquant:

"Tiens les bien. Assures ta prise. Ne montre pas au canasson que tu as peur."

Je saisis les rênes à l'endroit qu'il m'avait montré précédemment, tâchant "d'assurer ma prise". Il ne fallait pas que le cheval voit que j'ai peur. Très bien, j'allais faire en sorte de dissimuler cette dernière. Je tâchai de réguler mon souffle, et de me détendre, dans ma position. Je me rendis compte que, lorsque je n'avais pas une posture trop crispée, il était plus aisé de manœuvrer le cheval et aussi de réagir à ce qu'il faisait. Grâce à la présence du barbare derrière moi, qui était prêt à m'aider si un problème survenait, je me détendis peu à peu, adoptant une position plus souple... bien que je sois très loin d'avoir l'air aussi détendue que mon compagnon de route.

Dans les premiers temps, je demeurai totalement concentrée sur ma tenue des rênes, les réajustant à chaque fois que je les laissais un peu glisser, ainsi que sur ma position, cherchant un bon équilibre et une bonne façon de mettre mes jambes pour que le cheval y réponde. Puis peu à peu, je commençai à trouver comment me placer, et comment tenir les rênes de sorte à ne pas me les faire arracher des mains au moindre mouvement du cheval. Je pus alors relâcher un peu mon attention du cheval, et demandai à Baldrisson:

- On retourne à Telbara ? Tu vas faire quoi, du coup ?

Maintenant qu'il m'avait aidée à retrouver ma mère, je me demandais ce qu'Arlax et lui comptaient faire. Retourner chez le barbare ? Voyager encore ? Rester en ville ? Moi-même, je ne savais pas précisément ce que j'allais faire... Il me semblait logique de retourner à Telbara. C'était un peu chez moi, cette ville... en grande partie grâce à la présence des orphelins dans ses rues. Même si je n'étais pas vraiment une des leurs, j'avais l'impression de faire partie d'un ensemble. Et au fond, grâce au Patron, c'était un peu le cas.
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Message  Baldrisson Dim 7 Aoû 2016 - 16:44

Aëleen se débrouillait relativement bien, pour diriger le cheval, mais Baldrisson soupçonnait l'apparente obéissance de ce dernier à sa propre présence sur la selle. Il se cala un peu plus confortablement, tandis que les galops du cheval avalaient les distances. La jeune fille apprenait à manier les rênes, non sans quelques difficultés. Le Barbare avait eu le même genre de problèmes : dans les Montagnes, les chevaux élevés par les siens étaient plus petits et plus trapus que ceux des Plaines, et le changement de taille l'avait légèrement surprit au départ. Depuis, il avait apprit à passer outre ce problème de taille. Il sentit que le galop du cheval s'était mué en un trot rapide, et Aëleen lui demanda vers où il songeait aller.

"Mmmmh... Pas à Telbara. Je connais déjà la Cité. Quoique si tu souhaites t'y rendre, je veux bien t'y conduire. Je poursuivrais ma route de mon côté par la suite."

Arlax, lui, bercé par les mouvements du cheval, avait fini par s'endormir, et un doux ronflement d'élevait de la masse rose gélatineuse. Le Barbare se passa la main dans la barbe, tandis qu'il réfléchissait à la prochaine étape de son périple. Il pouvait continuer à observer les Habitants des Plaines de Telbara, mais il trouvait qu'il n'y avait rien à dire dessus d'intéressant. Ils pouvaient faire de bons alliés, selon lui, mais leur force tenait au fait qu'ils étaient relativement organisés en une véritable armée, mais cette dernière n'avait pas le mordant qu'il avait perçu chez les Tacomans, et surtout chez les Estanols. Ces derniers, en particuliers, étaient belliqueux, et les soldats étaient particulièrement bien entraînés. Les vues estanoles sur la politiques reposaient aussi en très grande partie sur l'idée d'expansion et de domination des royaumes humains, ce qui expliquait cela. La politique... C'était si compliqué dans les Plaines. Dans le pire des cas, chez les Barbares, on mettait face à face deux champions représentant chacun sa tribu, et on les laissait s'affronter, tout en oubliant pas d'aiguiser les haches et d’affûter les épées, au cas où le verdict final ne plaisait pas à l'un des deux camps.

Alors que le jour commençait à poindre, ils rejoignirent une route pavée, qu'ils suivirent dans la vague direction du Nord-Est, en espérant pouvoir atteindre Telbara en la suivant, ou au moins parvenir à une route qui y mènerait.
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Message  Aëleen Lun 8 Aoû 2016 - 12:56

"Mmmmh... Pas à Telbara. Je connais déjà la Cité. Quoique si tu souhaites t'y rendre, je veux bien t'y conduire. Je poursuivrais ma route de mon côté par la suite."

A ces mots, je ne pus m'empêcher de ressentir un petit pincement au cœur. Bien sûr, il nous restait sans doute encore des jours de marches - je n'avais aucune notion de la distance ou du temps qui nous séparaient de Telbara - mais savoir que j'allais, à un moment, devoir me séparer du barbare m'attristait. Il était si gentil avec moi ! Il me défendait, et il m'apprenait même à monter à cheval. Grâce à lui, j'avais retrouvé ma mère. Il avait combattu les villageois pour m'aider, ne se doutant pas à un moment que ce que ceux-ci disaient de moi pouvait être en partie vrai. Mais bon. J'avais su qu'il nous faudrait nous séparer à un moment. C'était sans doute souvent comme cela, lorsque l'on voyageait. On faisait un bout de chemin avec quelqu'un, puis les routes se séparaient, et il fallait se quitter.

J'acquiesçai à la proposition du barbare. Nous chevauchâmes donc toute la nuit, sans doute dans la direction de la ville - moi, sans route, j'étais incapable de me diriger, et faisais donc confiance à mon compagnon. Alors que le ciel commençait à s'éclaircir, annonciateur de l'aube, nous rejoignîmes une route pavée, sur laquelle les sabots du cheval se mirent à claquer lorsque nous nous mîmes à la suivre. Sans doute nous mènerait-elle à notre destination. Il me semblait logique que les grandes routes mènent aux grandes villes.

Avisant la couleur qui commençait à s'emparer du ciel, je demandai à Baldrisson de nous arrêter pour la journée. A chaque fois que j'exprimais cette requête, j'étais prise de la peur qu'il refuse, ou bien commence à soupçonner quelque chose. La gorge serrée, je me tins sur le qui-vive en attendant sa réponse, toujours prête, si le besoin s'en faisait sentir, à prendre la tangente de toute la force de mes pattes de panthère, en laquelle il ne me faudrait qu'un instant pour me transformer. Tout en guettant la réaction du barbare, je me passai une main le long de la gorge et du ventre. Je commençais à avoir soif. Le jour étant déjà presque là, il me serait impossible de chasser avant d'aller me coucher. Il me faudrait donc le faire à mon réveil, la nuit suivante... A condition que Baldrisson ne demande pas immédiatement le départ. Une pointe d'angoisse me traversa. Que se passerait-il si je ne trouvais pas le moyen de m'éclipser pour aller chasser, ou si je ne trouvais pas de proie ? Etais-je assez forte pour me contenir si j'étais affamée ? J'en doutais fortement. Et je n'avais pas du tout envie de vérifier cela avec le barbare. L'expérience pourrait se révéler fatale... pour moi.
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Message  Baldrisson Jeu 11 Aoû 2016 - 23:23

Ils chevauchèrent longuement et, alors que le jour commençait à poindre, Aëleen demanda au Barbare s'ils pouvaient s'arrêter pour la journée. Le Barbare plissa les yeux et regarda au loin. Il pouvait apercevoir, pratiquement invisible à l'oeil nu, une formation de plusieurs bâtisses. Quand on était sur les routes avec des marchands Nains, on apprenait vite à reconnaitre les auberges de voyages, et le hameau qu'il observait en était indéniablement une. Il tapota la tête d'Aëleen et désigna le lointain.

"Tiens le coup jusque-là. J'ai pas envie de dormir sur la terre."

Il talonna sa monture, qui se cabra, avant de partir au grand galop. Il avala la distance tel une tornade, et le Barbare crut qu'il ne parviendrait pas à le maîtriser à temps. Mais son expérience en matière d'équitation, allant du pur-sang tacoman à la naine enragée, prévalut et il obligea le cheval à ralentir, avant de s'engager dans la cour de l'auberge de voyage, ceinte par de hauts murs de pierre. L'auberge en elle-même était divisée en plusieurs bâtiments : l'auberge en elle-même, l’hostellerie, les bains, l'écurie et bien entendu, la maison où dormait la famille de l'aubergiste et sa domesticité. Etant donné l'heure plus que matinale, seul un jeune palefrenier aux yeux lourds de sommeil les accueillit.

"Une chambre pour la gamine et moi. Et si tu t'occupes bien de mon cheval, tu auras une pièce."

Le jeune enfant se précipita dans l'auberge, d'où il ressortit vite, accompagné par une petite femme à l'allure sévère. Ne serait-ce qu'en la voyant, on avait l'impression de se retrouver devant cette tante acariâtre, qui vous fait marcher au pas, mais cachant un cœur d'or. Enfermé à double-tour, dans un coffre métallique. Elle observa rapidement l'enfant et se tourna vers le colosse.

"Vous dormirez dans deux chambre séparées. Et votre... Animal de compagnie dormira avec vous. 2 pièces d'argent, maintenant. Et vous ne vous pointez pas dans la salle commune sans être passé par les bains, car vous puez le bouc !"

Baldrisson et Arlax étaient aussi interloqués l'un que l'autre, et le Barbare tendit pratiquement mécaniquement les deux pièces requises. La femme prit Aëleen par le bras et la mena vers sa chambre, pendant qu'un domestique cornaquait l'Humain. Ce dernier portait le granl au creux de son bras, et failli l'écraser en s'écroulant sur le lit vers lequel il avait été mené. Rapidement, ses ronflements sonores commencèrent à faire trembler les murs. Il s'éveilla à la mi-journée et, comme le lui avait demandé l'aubergiste, il se rendit aux bains. Il s'agissait d'un nom fort pompeux pour des salles ne renfermant que des étuves de bois et non pas des bassins de pierre, comme les Nains en font. Mais il ne rechigna pas pour autant et se prélassa longuement dedans. Enfin, lavé de la crasse et de la fatigue de la route, il alla se restaurer, avant d'aller fourbir son équipement au coin du feu de la salle commune.
C'est en milieu d'après-midi qu'un homme de haute taille au visage tatoué, vêtu d'une armure composite, armé d'une lourde lame à deux mains et chevauchant une monture puissante arriva et provoqua un véritable remue-ménage, en menaçant de brûler l'auberge si on ne lui apportait pas de l'eau, de la viande, du foin et de la bière immédiatement, et pas nécessairement dans cet ordre-là. Baldrisson sortit de l'auberge, sa hache fraîchement affutée entre les mains.

"C'est plutôt facile de menacer quand on est sur un canasson. Descends de là et répète, si t'en as les couilles."

"Parce que tu crois qu'un bûcheron va me faire peur ! Retournes à ton bois, mauviette !"

Baldrisson soupira en haussant des épaules. Il commençait à tourner le dos à l'importun, quand il fit soudainement volte face, en effectuant un moulinet de sa hache. Le cheval poussa un hennissement de douleur et se cabra, tandis que son oreille fraîchement tranchée voltigeait dans les airs. L'homme tomba au sol, avant de se relever en dégainant son arme. Il se mit en garde et abreuva le Barbare d'insultes :

"Sale fils de chienne ! Je vais te couper les noix et te les faire bouffer, avant de te pendre avec tes tripes !"

Baldrisson répliqua avec une insulte naine, dont la traduction a malheureusement tendance à faire perdre la saveur et la subtilité de l'insinuation d'une mère couchant à droite et à gauche afin de garder les économies du foyer à flot, à cause d'un époux n'ayant pas assez de force pour soulever le manche d'une pioche ou pousser un wagonnet empli de pierres.
Puis, sans même chercher à savoir si son interlocuteur avait comprit l'insulte, il chargea en poussant son cri de guerre. Sa hache rencontra l'épée de l'homme, et les deux combattants se tournèrent autour, lançant de furieux assauts ponctués d'injures et de cris de douleurs, quand les armes parvenaient à blesser l'un d'entre eux. Finalement, Baldr parvint à désarmer l'homme et, le tenant à sa merci, s'apprêta à envoyer le coup final. Pourtant, il lâcha sa hache et lui envoya plutôt un formidable uppercut dans la mâchoire, qui fit valdinguer l'homme. Ce dernier retomba lourdement au sol, pendant que Baldr s'approchait. Soudainement, le colosse blond partit dans un rire tonitruant, les poings sur les hanches :

"Hahahahaha ! Rugort Mauvaise-Langue, qu'est-ce que tu fous ici, vieux salopard ?"
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Message  Aëleen Mer 17 Aoû 2016 - 18:47

Après une petite tape sur la tête, le barbare me désigna, au loin, un groupe de bâtiments, qui semblaient sur notre route.

"Tiens le coup jusque-là. J'ai pas envie de dormir sur la terre."

Une pointe d'angoisse me saisit. Je regardai le ciel. Le soleil ne tarderait plus. Avait-on le temps... Je n'eus pas le temps de réfléchir davantage. D'un coup, le cheval sur lequel nous nous tenions se dressa sur ses postérieurs et je me cramponnai à ses crins pour ne pas basculer, sans pouvoir retenir un petit cri. Puis l'animal s'élança en avant, nous entraînant dans un rapide qui fit voler ma longue natte en arrière. Après quelques instants passés à chercher mon équilibre, je me mis à apprécier la vitesse et la sensation de puissance éveillée par les foulées du cheval. Un grand sourire apparut sur mon visage, et j'en oubliai même la menace du jour.

A cette allure, nous arrivâmes rapidement au groupement d'habitations désigné par Baldrisson. Là, le barbare engagea le cheval dans une cour, puis enjoignit à un garçon à l'air ensommeillé :

"Une chambre pour la gamine et moi. Et si tu t'occupes bien de mon cheval, tu auras une pièce."

Le garçon entra dans le bâtiment auquel la cour appartenait, qui semblait être une auberge, avant d'en ressortir, accompagné d'une femme de petite taille qui, après nous avoir avisé, dit au barbare, pas l'air le moins du monde impressionné par son apparence :

"Vous dormirez dans deux chambre séparées. Et votre... Animal de compagnie dormira avec vous. 2 pièces d'argent, maintenant. Et vous ne vous pointez pas dans la salle commune sans être passé par les bains, car vous puez le bouc !"

Je jetai un regard à Baldrisson, un peu hébétée. Le barbare avait l'air tout aussi surpris que moi, et Arlax n'était pas en reste. Mon compagnon de voyage tendit deux pièces à la femme, et je n'eus pas le temps de réagir que celle-ci m'avait déjà saisie par le bras, et m'entraînait derrière elle à l'intérieur de l'auberge. Trop interloquée pour réagir, je la suivis sans protester jusqu'à une chambre qu'elle me désigna être la mienne. Là, j'eus à peine le temps de la remercier qu'elle disparut dans le couloir, me laissant seule.

Il me fallut un petit moment pour reprendre mes esprits. Finalement, je secouai la tête, me délestai de mes armes, puis me glissai sous les lit, où je me roulai en boule dans ma cape. Même si j'étais dans un bâtiment, dormir sans rien au dessus de ma tête me mettait mal à l'aise, et je préférais donc dormir au sol, même si le confort d'un lit aurait été appréciable. Je ne tardai pas à me laisser envahir par le sommeil.

#

Ce fut la soif qui me tira du sommeil. Ma gorge sèche me faisait mal, et tout mon organisme ne semblait désirer qu'une chose : du sang. Mon odorat, sans même que je le souhaite consciemment, traquait la moindre odeur, et mon ouïe épiait le moindre son. Mes muscles, à peine réveillée, étaient tendus, prêts à me propulser sur une proie.

Je m'extirpai de sous le lit en tâchant de refouler tous ces signaux, d'apaiser mes sens... Mais cela était très difficile. Je m'emparai de ma brosse, tout en dénouant ma natte, puis démêlai consciencieusement ma tignasse, tâchant de me concentrer sur cette tâche apaisante. Toutefois, une fois finie, j'étais à peine moins tendue. Je me dirigeai finalement vers la porte de ma chambre, et me glissai dans le couloir. A l'odorat, je parvins à trouver les bains, où la femme intimidante nous avait ordonné de passer. Je me lavai rapidement, prenant tout de même soin de laver mes cheveux, qui, sinon, auraient gardé un aspect poisseux et une odeur désagréable.

Une fois propre, je retournai à ma chambre et m'assis au sol, légèrement tremblante. J'avais soif. Et ma soif m'effrayait terriblement. J'avais peur de ne pas me contrôler, de me jeter sur quelqu'un à la vue de tous... Il me fallait du sang. Et vite. Mais comment faire pour en trouver ? Je ne pouvais attendre que tout le monde dorme, car Baldrisson n'allait sans doute pas tarder à s'inquiéter de moi, maintenant que la nuit était tombée. Je me pris la tête dans les mains. Il fallait que je boive, maintenant, au risque que l'on me voit faire.

Je me relevai, sortis de la chambre. Une fois dans le couloir, je laissai mon odorat me guider vers la porte d'une autre chambre, occupée par une personne seule. Je frappai à la porte et, après quelques secondes d'attente, me retrouvai face à face avec un halfelin. Un instant surprise par la petite taille de ma future victime - il était rare que mes proies fussent plus petites que moi - je repris rapidement mes esprits, et adressai à petit être mon plus beau sourire, avant de me jeter sur lui, incapable de me contenir davantage. La victime, que je n'avais pas pris le temps de charmer, bien trop assoiffée pour cela, se débattit violemment, mais ma main sur sa bouche l'empêcha de crier, et mes crocs se plantèrent dans le creux de son coude. Le sang jaillit et emplit ma bouche d'une saveur délicieuse avant de se déverser dans mon corps, substance libératrice et onctueuse, qui me rendait la vie. Un instant, je crus perdre la tête. Les gesticulations de ma victime pour se libérer m'agacèrent, et je lâchai la plaie pour lui gronder dessus et mieux l'immobiliser contre le sol, avant de plonger de nouveau mes crocs dans sa chair pour faire sortir plus de sang. Il était si bon de se nourrir ! Le sang était quelque-chose de tellement délicieux, et quand bien même il fût mon seul repas, il me semblait pouvoir affirmer qu'il était la chose la meilleure au monde. Quel autre met ravissait autant celui qui le consommait, ou lui manquait si cruellement lorsqu'il ne pouvait le savourer ? La vie qui courait dans les veines de ma victime se communiquait à moi lorsque je dégustais ce liquide rouge, et permettait à mon corps pourtant mort de continuer à vivre. Chaque repas venait me rattacher à un monde que, sans cette nourriture, j'aurais dû quitter.

Je fus tirée de ma dégustation par la soudaine conscience que ma victime avait cessé de se débattre. Sortie de l'espèce de transe qui m'avait envahie, je parvins à détacher ma bouche du bras de ma proie, et relevai la tête tout en décollant ma main de sa bouche. Le halfelin gisait sur le sol, inconscient. Toutefois, son pouls, bien présent, quoique rapide, m'indiquait qu'il vivait encore. Je me forçai à me reculer. Si je tentais de lui prélever plus de sang, j'allais le tuer. J'aurais pu lui ôter involontairement la vie, si je ne m'étais pas rendue compte qu'il avait perdu connaissance. Tout en m'essuyant la bouche de la main, je reculai vers la porte, avant de la franchir à reculons, et de la refermer devant moi. Après quelques instants à demeurer immobile, je balayai le couloir du regard. Personne. J'eus un petit soupir de soulagement. D'après les informations données par mon odorat, ma proie voyageait seule. Personne ne devrait donc remarquer son absence. Il ne valait toutefois mieux pas traîner dans les parages. Je pris la direction de la salle commune, pensant y trouver Baldrisson.

Lorsque je franchis la porte des lieux, je remarquai que des clients s'y trouvaient, qui buvant, qui discutant, qui mangeant. Baldrisson, comme je m'y attendais, se trouvait à une table avec Arlax... mais ils n'y étaient pas seuls. En effet, un homme au visage tatoué se trouvait avec eux. Je m'avançai vers le trio, me demandant qui était cet individu... une partie de mon esprit demeurant toutefois occupée par la peur que quelqu'un ne découvre ma victime inconsciente.
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Message  Baldrisson Jeu 18 Aoû 2016 - 18:40

Le colosse nouvellement arrivé attrapa la main gauche que lui tendait Baldrisson. Ce dernier aida son compatriote à se relever et les deux Barbares s'enlacèrent dans une étreinte digne de deux ours en éclatant joyeusement de rire, au grand étonnement des voyageurs et de la domesticité de l'auberge assemblés pour voir le combat.

"Et ben Baldr, comme toi, je suis allé voir les Trouillards des Plaines ! Mais ils sont pas foutus de savoir se battre, c'est honteux, bordel !"

"Je te crois sur parole, mon vieux ! Aller, viens te rincer le gosier, tu me donnes soif."

"Avec plaisir, mais j'espère que c'est pas de la pisse de cheval, c'est inain, ce qu'ils peuvent boire comme saloperie dans les Plaines !"

Même après le combat, il avait une voix rauque et semblait constamment crier, tout comme il jurait à pratiquement toutes ses phrases. Les deux Humains s'assirent en échangeant des plaisanteries dans un patois Commun, mâtiné de mots en langage Nain. Un des clients apporta Arlax, avec un certain dégoût sur le visage alors qu'il touchait le cerveau vivant.

"Juste à l'heure pour boire ! Comment as-tu su qu'on était là, Arlax ?"

"Simple : on cherche qui gueule le plus fort. C'est... Rugort, c'est ça ?"

"Ouais, tas de chair ! Aller, Baldr, on boit !"

Les deux hommes trinquèrent joyeusement, avant d'enchaîner coup sur coup deux chopes de bière naine. Ils enchaînèrent les toasts et les discussions jusqu'au crépuscule, quand Aëleen vint les rejoindre. Rugort demanda à son compère, de sa voix rauque mais quelque peu rendu pateuse par l'alcool bu, qui était sa compagne... Le tout agrémenté de quelques jurons. Le Barbare leva son moignon de main et se frictionna les yeux, en tentant de se concentrer sur une diction légèrement défaillante.

"Eeeuh... Eäleen... Je crois qu'c'est ça, ouais. Ou Aëleen, un truc comme ça... Une gamine que j'ai rencontré en ch'min..."

Arlax, qui n'avait pas bu, ou du moins, bien moins d'alcool que les deux colosses, se tourna vers la jeune fille :

"T'en fais pas, c'est un Barbare du clan de Baldrisson. Rugort Mauvaise-Langue. On l'appelle comme ça parce que... Le principal intéressé lui coupa la parole alors qu'il réclamait de nouveau de la bière, et de la viande, toujours en jurant. Comme tu le vois, il peut pas s'empêcher de dire des saloperies. Apparemment, il aurait reçu un coup de masse en pleine tête quand il était plus jeune. Depuis, il gueule pour parler et jure à tout instant. Contrairement à Baldr, il est trop instable pour faire un bon Guerrier-Loup ce qui en dit quand même long quand on voit ce que donne Baldr... Mais ça n'a jamais empêché Rugort d'être en première ligne : il est capable d'insulter dans toutes les langues connues."

Les deux Barbares étaient penchés l'un vers l'autre, chuchotant quelque chose... Si tant est que Rugort soit capable de chuchoter, tout comme Baldr une fois qu'il était largement imbibé de bière :

"A-Alors, tu vois, on va vers l'Sud, avec d'autres traînes-patins du Clan et de la Tribu des Crocs-Sanglants... Et même qu'on va rendre visite à ces foutues peaux-vertes, et qu'on va se couvrir de gloire en leur bottant le cul ! T'es partant ?"

"Bien sur que ouais !"

Les deux Barbares éclatèrent de rire en se flanquant de vives claques sur les épaules, avant que Rugort ne se tourne vers l'aubergiste.

"Oh, tavernier ! De la bière pour moi, pour le bûcheron, pour le tas de chair et pour la gamine ! On va vers le Sud et ça s'fête, bordel des dieux !"
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Message  Aëleen Lun 22 Aoû 2016 - 19:07

Sitôt le trio atteint, je compris que les deux hommes avaient dû bien boire. Baldrisson m'accueillit en me présentant à l'homme au visage tatoué... en buttant sur mon prénom. Son élocution n'était pas des plus fluides, et son compagnon ne semblait pas dans un meilleur état. Arlax, en revanche, s'exprima d'une voix claire lorsqu'il prit la parole à mon intention :

"T'en fais pas, c'est un Barbare du clan de Baldrisson. Rugort Mauvaise-Langue. On l'appelle comme ça parce que... Comme tu le vois, il peut pas s'empêcher de dire des saloperies. Apparemment, il aurait reçu un coup de masse en pleine tête quand il était plus jeune. Depuis, il gueule pour parler et jure à tout instant. Contrairement à Baldr, il est trop instable pour faire un bon Guerrier-Loup ce qui en dit quand même long quand on voit ce que donne Baldr... Mais ça n'a jamais empêché Rugort d'être en première ligne : il est capable d'insulter dans toutes les langues connues."

En effet, alors même que le granl me le présentait, le dénommé Rugort Mauvaise-Langue réclama à boire et à manger, tout en jurant abondamment. Je jetai un regard gêné autour de nous ; j'espérais que l'attitude du barbare n'allait pas déranger les clients... ou pire, la femme intimidante qui nous avait accueillis dans l'auberge.

Tout en balayant les environs du regard, je remarquai que le sol semblait tanguer légèrement... C'était plutôt étrange. J'avais l'impression que ma vision faisait des siennes, et que ma tête peinait à suivre les déplacements de mes yeux. C'était... bizarre. Est-ce que j'étais malade ? Qu'est-ce qui avait bien pu causer cela ?

Je me tournai vers Baldrisson, Arlax et Rugort Mauvaise-Langue. Ce dernier était en train de parler de partir vers le Sud pour se battre, ou quelque-chose comme ça... J'avais du mal à suivre, mon attention s'étant soudain mise aux abonnés absents. Mais qu'est-ce qui m'arrivait ?

J'entendis Baldrisson accepter la proposition de son ami, et commander à boire pour... pour nous quatre. Nous quatre ? Mais... je ne pouvais pas boire, moi, j'étais une vampire, et je pouvais juste boire du sang... Du sang... Le sang de ce client, là haut, que j'avais presque tué. C'était ça ! Le client ! Il avait dû boire, l'alcool était passé dans ses veines... Et maintenant, j'étais saoule. C'était idiot. Tellement idiot que je me mis à rire, pendant que la salle tanguait autour de moi, que des odeurs multiples me parvenaient, flottant dans l'air. L'odeur des êtres, autour de moi, de leur nourriture, de leur boisson, de la boisson qui m'attendait, moi, qui était apparue sur la table, à ma place, sans doute posée là par le serveur que je n'avais pas vu passer.

Arlax, Baldrisson et son ami barbare trinquèrent, et je me joignis à eux, d'un geste un peu gauche. Puis ils portèrent la boisson à leurs lèvres. Je regardai mon verre, méfiante. Mais ça n'avait pas l'air si mauvais. Et puis, j’avais trop la tête qui tournait pour réfléchir à la façon de le vider discrètement ailleurs que dans ma bouche. Je ne m’en sentais pas capable. Tout tanguait beaucoup trop. Ils allaient me voir. Et se vexer. Ou tout comprendre, peut-être. Il ne fallait pas qu’ils sachent que j’étais un vampire ! Ça, c’était une certitude.

Je fixai encore le verre pendant quelques secondes. Puis, la tête tournante, ne sachant que faire d’autre, je le portai à mes lèvres et bus une grande gorgée. Aussitôt, une grimace naquit sur mon visage, tandis que mon corps était secoué d’un tremblement. C’était… Le goût était… Trop, beaucoup trop bizarre. Ça piquait la langue, et brûlait la gorge et les boyaux. Je dévisageai Arlax, Baldrisson et le barbare très vulgaire dont j’avais oublié le nom, qui ressemblait un peu à rugueux… Comment faisaient-ils, eux trois, pour boire ça ? Bon, certes, ce n’étaient pas des vampires, ça y changeait sans doute quelque-chose…

Tandis que je fixais mes compagnons d’un air hébété, une sensation très désagréable me parcourut soudain. Je me plaquai les mains contre le ventre, d’où me parvenait une douleur croissante, tandis que ma tête se mettait à tourner de plus en plus. Comme le monde semblait décidé à me mettre à terre, je me levai de ma chaise, la faisant tomber dans un fracas qui me sembla assourdissant. Je titubai sur quelques pas, tombai au sol, ma tête se claquant violemment quelque-part. Dans un grognement, je me retournai, me mis à quatre pattes et parvins, je ne sais comment, à atteindre la porte et la sortie. Une fois à l’air libre, je m’effondrai au sol, fus prise d’une violente secousse… et régurgitai le contenu de mon estomac. Puis je me roulai en boule, secouée de frissons. Je me sentais un peu mieux, mais ce n’était pas encore ça. La tête me tournait toujours et, si la nausée avait disparu, mon corps me faisait souffrir.

Levant les yeux vers les étoiles, je me traitai mentalement d’idiote. L’alcool présent dans les veines de ma proie m’avait embrouillé les idées, à tel point que j’en étais venue à accepter de boire ce que Baldrisson m’avait fait donner… Idée totalement stupide, puisqu’en tant que vampire, j’étais incapable de digérer de la nourriture ou de la boisson humaine. J’avais bien manqué de m’empoisonner… En plus, en voulant éviter d’attirer l’attention sur moi en refusant le verre, j’avais au contraire dû me faire remarquer par toute la salle en traversant cette dernière à moitié à quatre pattes. Quelle idiote, mais quelle idiote… Qu’allait penser Baldrisson, maintenant ?

Je soupirai, décidant de ne pas rentrer immédiatement à l’auberge. Mes idées n’étaient toujours pas parfaitement claires, et l’air nocturne me faisait beaucoup de bien.
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Message  Baldrisson Mar 23 Aoû 2016 - 22:14

Le quatuor trinqua, puis les deux Barbares renversèrent la tête en arrière. Les chopes aux lèvres, ils ingurgitèrent avidement l'alcool, leur pommes d'Adam se soulevant et s'abaissant avec un rythme hypnotique. Du liquide s'échappa des commissures de leurs lèvres, se perdant dans les barbes drues des deux hommes. Enfin, ils reposèrent brutalement leurs chopes vides sur la table, de concert, avant d'essuyer leurs bouches. Ils éructèrent ensuite assez violemment pour donner l'impression que les poutres de la salle tremblent, avant d'éclater de rire, tels deux gamins. Arlax, lui, avait bu avec une certaine parcimonie, et se rendit compte qu'Aëleen semblait se sentir mal. Il parvint à expliquer cela à un Baldrisson hilare et au visage carmin. Mais la seule réaction du colosse fut d'éclater de rire, en s'amusant du fait que la jeune fille "ne tenait pas l'alcool !"
Rugort et lui éclatèrent de nouveau de rire, tandis que le granl descendait de table et, aidé par un client, sortait dehors. Afin de se déplacer, il se fit des "jambes" en terre, puis partit à la recherche de la jouvencelle. Cette dernière ne fut pas difficile à retrouver : elle était en boule, près d'une flaque de vomissure.

"Ca va pas ? Tu ne tiens pas l'alcool ? Ne prends pas en compte les paroles d'un alcoolique comme Baldr, la bière, ça convient pas à tout le monde. A moins que... Tu n'ais faim ?"

Pendant ce temps, dans la taverne, les deux Barbares chantaient, faux, des chansons à boire humaines, naines et barbares, tout en tanguant dangereusement sur leurs tabourets.

Le granl s'approcha de la jeune fille, et l'aida à s'allonger sur le côté, tout en lui parlant à voix basse afin de la rassurer.

"Si tu as faim... Eeeeuh... D'ordinaire, je te conseillerais de te nourrir sur l'un des deux Barbares, mais ils doivent être tellement alcoolisés que ce serait plus simple pour toi de t'allonger sous une barrique de bière avec un roseau creux... Pourquoi faut-il que les Barbares boivent autant d'alcool ?"
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Message  Aëleen Mer 24 Aoû 2016 - 14:35

La porte s'ouvrit non loin de moi, mais je ne fis pas l'effort d'ouvrir les yeux. Qui que cela soit, la personne n'allait sans doute pas faire attention à moi : de l'extérieur, je pouvais simplement sembler avoir été malade à cause de l'alcool - ce qui n'était pas loin de la vérité. Je fus surprise en entendant la voix d'Arlax:

"Ca va pas ? Tu ne tiens pas l'alcool ? Ne prends pas en compte les paroles d'un alcoolique comme Baldr, la bière, ça convient pas à tout le monde. A moins que... Tu n'ais faim ?"

Je levai les yeux vers le granl, vis qu'il marchait sur des jambes de terre. Nauséeuse, je ne parvins pas à répondre immédiatement à Arlax, qui eut la gentillesse de m'aider à trouver une position dans laquelle je me sentais moins mal. Il enchaîna, d'une voix douce :

"Si tu as faim... Eeeeuh... D'ordinaire, je te conseillerais de te nourrir sur l'un des deux Barbares, mais ils doivent être tellement alcoolisés que ce serait plus simple pour toi de t'allonger sous une barrique de bière avec un roseau creux... Pourquoi faut-il que les Barbares boivent autant d'alcool ?"

Je lui adressai un regard reconnaissant. Il était vraiment gentil. Puis, après avoir respiré un bon coup et m'être assurée que je n'allais pas vomir de nouveau, je lui expliquai d'une petite voix:

- En fait, je peux pas boire d'alcool. Ma nature de vampire m'empêche de digérer toute nourriture ou boisson humaine. J'aurais pas dû boire dans ce verre qu'ils m'ont servi... Mais j'avais oublié, parce-que juste avant de venir, je m'étais nourrie sur un client, et il avait sans doute de l'alcool dans le sang, parce-que je me suis sentie toute bizarre.

J'étais assez gênée d'expliquer ça à Arlax. Je me sentais idiote. En plus, le fait de vomir m'avait vidé l'estomac de tout le sang que j'avais ingurgité juste avant. Quel gâchis ! Il allait falloir que je me nourrisse de nouveau dans un délai assez court. Mais pas sur les deux barbares. Ni sur un autre client trop alcoolisé.

Ma tête commençant à aller mieux, je demandai à Arlax :

- Du coup, vous allez partir vers le Sud, c'est ça ?

Je ne savais pas trop ce que j'allais faire moi-même. Je n'avais pas envie de quitter Baldrisson. Mais si les autres, à Telbara, m'oubliaient pendant que j'étais sur la route ? En même temps, j'avais bien envie de partir voir ce qui se passait dans le Sud... Je n'avais jamais voyagé avant de partir à la recherche de ma mère. C'était peut-être l'occasion. Je m'ouvris de mes doutes à Arlax :

- Je sais pas trop quoi faire. J'ai des amis à Telbara, surtout un, et j'ai un peu peur qu'il m'oublie, ou qu'il aille mal sans que je le sache. En même temps, j'ai envie de venir avec vous. Mais bon... Le problème, aussi, c'est que je peux pas voyager de jour, et je sais pas comment faire pour que les deux autres veuillent bien avancer que la nuit.

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