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Message  Aëleen Sam 5 Mar 2016 - 20:55

J'étais perchée sur un toit, sous le ciel étoilé, soupesant dans ma main la petite bourse de pièces que Salmissra m'avait donnée. Je n'en revenais toujours pas qu'elle m'ait rendu ma liberté – en me confiant, de plus, un salaire. Lorsqu'elle m'avait annoncé mon départ, et le fait qu'elle me paierait, j'avais éprouvé beaucoup de joie... et, tout de même, une petite pointe de tristesse, à l'idée de quitter cette maison. Il était rare pour moi de dormir sous un vrai toit, de me fixer dans une maison, la partageant avec d'autres personnes avec qui j'étais amenée à nouer certains liens... et cela me faisait toujours un pincement au cœur de retourner à ma vie solitaire de vagabonde. Bon, j'avais bien mon petit refuge sous les ruines... mais cela n'était pas comparable.

J'avais remercié la nagi et avait fait mes adieux à Ina et Erker, avec beaucoup de sympathie pour la première, et une certaine méfiance pour le second, qui m'avait surprise parlant au Patron, et dont je n'arrivais pas toujours à comprendre les pensées. Puis j'avais regagné les rues. Là, j'avais d'abord pensé à rejoindre mon refuge, mais l'idée m'avait étrangement repoussée. Je n'avais pas envie d'aller m'enfermer dans cette espèce de petite tanière, dont j'avais l'impression qu'elle me renvoyait à ma condition de prédateur solitaire. Je m'étais donc assise sur ce toit, mon sabre à mes côtés, l'argent dans les mains. Je pensais le donner aux orphelins, et leur demander en échange s'ils n'avaient pas des vêtements en l'état sous la main. Pour cela, il me fallait les trouver.

Je me laissai tomber du toit, et me mis à marcher au hasard des rues, croisant çà et là quelques mendiants, qui semblaient souffrir du froid. Je savais que, parfois, des orphelins se mêlaient à eux, afin de ramener quelques pièces ou de la nourriture aux autres, mais je n'en vis pas. J'allai me résoudre à rejoindre l'entrée de leur repaire, bien que je n'aime pas m'y rendre, lorsque j'aperçus deux silhouettes familières, dont le souffle soulevait des nuages de buée dans l'air hivernal.

-Patte-Vive, Patron !

Tous deux se retournèrent vers moi, l'air surpris.

-Eh, Cannibale, qu'est-ce que tu fais là ?

Je me retins d'affirmer une fois de plus que mon prénom était Aëleen. Tous les orphelins semblaient m'appeler Cannibale, les surnoms primant bien souvent sur les noms réels dans leur groupe. Sans doute une façon de signifier qu'ils prenaient un nouveau départ lorsqu'ils rejoignaient ses rangs.

-Salmissra – la nagi – m'a libérée. Et elle m'a même payée.

J'envoyai la bourse dans la direction de Patte-Vive, qui la rattrapa à la volée.

-C'est pour nous ? S'enquit le garçon.

J'acquiesçai, ajoutant que je voulais simplement des habits en pas trop mauvais état en échange. Patte-Vive ne se le fit pas dire deux fois et glissa l'argent dans sa manche avec un sourire. Puis il se retourna vers son chef et lui glissa :

-Bon, je vais vous laisser...

Il tourna les talons et s'en fut, sans doute vers leur souterrain.

-Il faudra bien, un jour, que Fantôme accepte que tu es une de nos principales bienfaitrices, remarqua le Patron, tout en s'approchant de moi, sourire aux lèvres.

Lui désignant le sabre, que je portais à ma hanche, je répliquai :

-Échange de bons procédés.

Les yeux noirs du Patron brillèrent d'amusement. Encore une fois, j'avais l'impression qu'il se moquait de moi, et me trouvai de fait sur la défensive. Qu'est-ce que c'était, son problème ? Il me donnait toujours l'impression d'avoir des motifs incompréhensibles pour rire à mes dépends, ce qui lui donnait sur moi une certaine supériorité qui m'agaçait. Surtout qu'elle n'était absolument pas motivée.

Je partis d'un pas agacé vers mon refuge, en lui faisant signe de me suivre. Mieux valait ne pas trop rester en plein milieu de la rue, et discuter à l’abri. Or, je n'avais pas trop envie de me rendre dans leur souterrain, puisque la dernière fois que j'y étais allée, on avait tenté de me lapider.

Au détour de la rue, nous tombâmes sur un homme passablement éméché, qui chantait fort des paroles incompréhensibles, et semblait tituber au hasard. Me voyant, en tête, il me héla :

-Eh, petite, tu sais pas où trouver l'auberge de... de... Beh mince alors, c'est comment qu'elle s'appelle ?

J'eus un sourire amusé. Ce n'était pas avec ces informations que j'allais pouvoir lui apporter une quelconque aide. Jetant un œil au Patron, qui semblait également diverti par les mots de l'homme, j'eus soudain une idée. Il allait voir si j'étais si drôle qu'il le pensait...

Je m'approchai de l'homme, qui nous avait visiblement oubliés et semblait perdu dans une intense réflexion – sans doute à la recherche du nom de son auberge. Sans un coup de semonce, je me jetai sur lui, et le propulsai au sol, avant d'enfoncer mes crocs dans son cou. Seul un borborygme lui échappa, avant qu'il perde connaissance. Son sang emplit ma bouche et, mêlé au délicieux goût cuivré, je pus sentir une pointe étrange, sans doute du fait de l'alcool que ma victime avait bu, et qui s'était propagé dans ses veines. J'avalais goulûment plusieurs gorgées, jusqu'à sentir ma soif à peu près apaisée, puis me retournai vers le Patron, toute ensanglantée, un rictus bestial déformant mon visage.

Il souriait. Encore et toujours. Mon rictus se mua en grimace, je me redressai tout en m'essuyant, ma soif coupée. N'y avait-il aucun moyen de lui faire peur, une fois passé le lancer de poignard de la première rencontre ?

Tandis que je pestais intérieurement contre lui, des pas me firent me retourner. Un autre homme se dirigeait dans notre direction. Avant que j'ai pu réagir, le Patron m'attrapa par ma capuche, et m'attira à sa suite derrière un angle de mur. Il était temps. L'autre homme venait d'aviser celui allongé au sol, et accéléra le pas, en maugréant :

-Eh, Bremin, qu'est-ce que tu fais ? T'as encore trop bu, c'est ça ? Ça fait des heures que je t'attends !

La voix du nouvel arrivant trouva un certain écho en moi. C'était comme si... Je n'eus pas le temps d’approfondir la sensation que l'homme était arrivé à la hauteur du premier, et s'était mis à le secouer doucement pour le réveiller. Un grognement échappa au dénommé Bremin, qui s'assit en tanguant. Il porta une main à son cou, l'air totalement ahuri.

-C'est la p'tite Aëleen, j'l'ai vue, elle m'a sauté dessus ! Et après, c'est tout noir.
-Tu as trop bu... La petite Aëleen, elle a disparu, ça fait plusieurs années.
-Elle était revenue, elle avait attaqué Nora.
-C'était pas elle. C'était un démon avec sa forme. Je le sais, c'est moi qui l'ai chassé, pour pas qu'il tue Nora.

En moi, c'était la tempête. C'était comme un vent violent, qui soufflait dans mes entrailles, et menaçait de tout emporter. J'avais tout fait pour éloigner de les pensées ma mère, mon village, les événements... Et voilà que tout cela me rattrapait ici, à Telbara. Lentement, je me mis à reculer dans la ruelle adjacente, avant de prendre le pas de course pour gagner mon abris.
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Message  Aëleen Mer 9 Mar 2016 - 21:10

Je pénétrai mon refuge, m'y lovai, en boule. L'atmosphère était froide et humide. Pourtant, c'est là que j'étais le plus chez moi. En voyant une personne se faufiler à ma suite dans la cavité, je compris que le Patron m'avais suivie. Je l'avais presque oublié. Il se glissa à côté de moi, quelque-chose lui manquait : son sourire avait glissé, s'était modifié. Un moment, je me focalisai dessus, pour comprendre, et je saisis, c'est l'amusement qui en avait disparu. Ce sourire était plus... chaud, et triste, en même temps. Ses yeux d’onyx étaient insondables : une nuit noircie de nuages.

Le chasser. Voilà ce dont j'avais envie. Qu'il me laisse tranquille. Qu'on me laisse tranquille. Je voulais simplement être seule. Pouvoir laisser déborder mes émotions, jusqu'à l'épuisement. J'ouvris la bouche pour lui indiquer de partir... mes mots restèrent coincés dans ma gorge. Il venait de m'attirer à lui, de me prendre dans ses bras. Ça, c'était une drôle d'idée. D'abord, je me tendis, m'apprêtant à la repousser. Un grondement de protestation enfla dans ma gorge... avant de s'éteindre. Je me laissai aller, contre sa chaleur, si humaine, si... rassurante.

-Ils viennent de mon village. Ils connaissent ma mère.
-Je savais pas que tu avais encore ta mère.
-J'essaie de l'oublier. Faut pas que je l'approche.

Mettant ses mains sur mes épaules, il m'éloigna un peu de lui, de sorte à fixer ses yeux dans les miens, scrutateur.

-Pourquoi ?
-La dernière fois que je l'ai vue, je l'ai attaquée. C'est une bonne raison, non ?

Il plissa les yeux, l'air de réfléchir. Puis il reprit :

-J'imagine que c'était pas volontaire, quand tu l'as attaquée. J'imagine que... tu ne t'es pas contrôlée. Mais moi, ce que je vois, c'est que ça ne risque plus d'être le cas. Tu te contrôles bien. La preuve, tu ne m'as pas encore mangé !
-Je ne mange pas les gens !

Il m'adressa un clin d’œil, son sourire amusé de retour sur ses lèvres. Je fis la moue. Mais, au fond, je me sentais un peu mieux.

-Je pense que tu devrais essayer d'aller la retrouver. Ça te rendrait plus... légère.
-Je peux pas y aller.
-Pourquoi ?
-Parce-qu'elle doit me détester ! Elle a déjà dû supporter la mort de mon père, je veux pas en plus qu'elle sache que... ce que je suis devenue.
-Tu crois qu'elle préfère rester sur ton attaque, sans savoir pourquoi tu as fait ça ? Moi, je pense que tu te trouves des excuses, parce-que tu as peur.
-Moi, peur ?! Et de quoi ?
-De quitter tes repères. De l'inconnu. D'être vulnérable face à quelqu'un, aussi.
-D'être vulnérable face à quelqu'un ?
-En allant voir ta mère, tu lui laisses le pouvoir de t'accepter ou non. Et tu as peur de ça.

Ce n'était pas faux, ce qu'il disait. C'était peut-être finalement plus par peur du rejet que par peur de blesser que je me tenais à l'écart. Toutefois, je n'avais pas trop envie d'y réfléchir. Je secouai la tête, répliquai :

-Tu as vu, ce qui arrive, quand les gens savent ? Ils me jettent des cailloux !
-Ce sont des enfants. Ils avaient peur. Ils se sentaient vulnérables, donc ils ont attaqué d'abord. Un peu comme quand tu t'énerves contre moi, pour te défendre, juste contre une faiblesse que tu crains, que tu imagines. D'ailleurs, je ne t'ai pas jeté de cailloux, moi.

Je demeurai coite, les yeux écarquillés. Quoi ? Moi, je m'énervais parce-que j'avais peur... de lui ? Il n'y était pas du tout. Je détestais juste qu'il se moque.

-J'ai pas peur de toi.
-Tu as peur de t'attacher et, par là, de me donner du pouvoir.
-N'importe quoi.

Il m'agaçait. Parce-qu'il touchait trop juste. J'avais presque l'impression qu'il arrivait à savoir mieux que moi-même ce que je pensais. Sauf que justement, si moi je ne savais pas, c'était parce-que je n'en avais pas envie. Je me cachais à moi-même mes pensées, et c'était très bien comme ça. Qui lui avait demandé de se mêler de mes affaires ?

-Je t'ai rien demandé. Je sais pas pourquoi tu me dis tout ça. T'as déjà tous les orphelins à t'occuper, pas besoin de moi en plus.

Il eut un regard un peu triste et s'éloigna de moi.

-Comme tu veux. Je te laisse tranquille. Dis-moi juste quand tu partiras, que je sache que je ne pourrai plus compter sur toi pour nous aider. Et aussi, un peu parce-que tu me manqueras...

Il me tourna le dos après un dernier sourire, se faufila dans l'ouverture, retournant dans la rue. Je demeurai figée quelques instants, tandis que j'entendais ses pas s'éloigner. J'allais lui manquer. Il serait triste que je parte. Et je le laissais partir ? Le mouvement me revint brusquement, et je m'extirpai vivement de mon refuge, avant de me précipiter à sa suite. Entendant sans doute ma course, il se retourna, et je lui sautai au cou.

-Je suis désolée, t'as complètement raison, je t'aime bien et ça me fait trop peur parce-que je suis plutôt douée pour perdre les gens que j'aime bien...
-Je ne compte ni partir, ni mourir – à moins de me prendre de nouveau un coup de couteau à travers la porte d'une porte mais, dans ce cas, tu seras là pour me tirer de ce mauvais pas. Alors ne t'inquiète pas, d'accord ?

J'acquiesçai, le relâchant, un peu gênée.

-Je vais partir, je pense. Ça sert à rien que j'attende.

J'aurais voulu lui demander de venir avec moi, mais je ne le pouvais pas. Il avait trop de devoirs ici. Alors je me contentai d'avouer :

-Tu vas me manquer aussi.
-Quand tu reviendras, tu sais où me trouver, répondit-il avec un clin d’œil.

Puis il se pencha vers moi et... m'embrassa. J'eus à peine le temps de réaliser ce qui se passait qu'il s'était déjà redressé, me passait une main dans les cheveux avant de se détourner et de partir, sans un regard en arrière. Je demeurai figée, hésitant entre l'envie de lui crier que je n'étais pas une gamine – pour l'ébouriffement de cheveux- et celle de rentrer sous terre – pour le baiser. Finalement, je ne fis rien, me contentant de le regarder s'enfoncer dans la nuit. Une fois qu'il eut disparu, je me retournai et rentrai dans mon refuge. Je me sentais étrangement guillerette.

Je rassemblai mes maigres possessions, de sorte à pouvoir partir dès la nuit suivante. Puis je m'enroulai dans une vieille couverture et m'endormis tandis qu'à l'extérieur les premiers rayons du soleil faisaient leur apparition.

Lorsque je m'éveillai, la nuit suivante, je sus immédiatement que le Patron était revenu pendant mon sommeil. Son odeur imprégnait les lieux, trop vive pour être ancienne. Il venait sans doute de partir. Près de moi reposaient des vêtements en cuir qui seraient parfaitement adaptés à un long voyage à pieds ainsi... qu'une lyre. Je poussai un petit cri de joie, pris l'instrument dans mes mains et fis jouer mes doigts sur les cordes. Elles sonnaient magnifiquement bien. Cette fois, je lui étais vraiment redevable. Il devait s'être donné du mal pour dénicher cela.

Après une brève toilette à l'eau de pluie, j'attachai mes cheveux, revêtis mes nouveaux vêtements, m'enroulai dans ma cape, fixai mes poignards à leur place, ceignit mon sabre à ma ceinture, m'emparai de mon sac et sortit de mon repaire. Je traversai les rues de Telbara, jusqu'à atteindre la porte, où les gardes me laissèrent passer sans difficulté : ils filtraient davantage les entrées. Une fois à l'extérieur de la ville, je me retournai pour la regarder. J'y avais vécu toutes mes années de souffrance, d'abord avec les vampires, puis dans les rues, seule, et manquant de tout. Mais elle n'incarnait pas dans mon esprit que des choses négatives. J'y avais également vécu de bons moments, avec les orphelins, chez Morathi ou Salmissra. Je m'y étais fait des amis, perdant certains, en gardant d'autres. Et puis, ces murs abritaient le Patron. A elle seule, cette raison méritait que je me promette de revenir.

Je me détournai, prenant la route à travers le paysage nocturne, nimbé de la lumière argentée du croissant de lune. En route pour l'aventure !
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