Mystérieux contrat

La jeune femme a l'air vraiment très intimidée. Elle se cache derrière ses cheveux blonds. Elle semble gênée. Que nous l'ayons rencontrée dans cette situation ? D'avoir dû demander de l'aide ? Je n'en sais rien.

Après avoir expliqué à Yvël que non, elle ne sait pas se battre, elle répond à ma propre question, me rassurant d'abord ; l'homme n'a pas eu le temps de lui faire du mal, elle a juste eu très peur, mais elle va bien. A ma surprise, elle s'inquiète ensuite pour son poursuivant, exprimant le souhait qu'il retrouve son chemin. Je ne comprends pas. A sa place, je désirerais au contraire que cet homme se perde. Puis elle nous informe sur la raison de sa présence en ces lieux :

- Je voulais dormir dans une auberge, mais il m’a fait peur et… me voici. Je suis à la recherche d’une grotte qui ne devrait pas être très loin d’ici. J’imagine que vous avez dû en entendre parler…

Je tique. Elle cherche la pierre. Elle aussi. Et je suis presque certain qu'il en va de même pour le centaure. Que pourrait-il chercher d'autre dans les parages ? J'ai du mal à empêcher ma contrariété de s'afficher sur mon visage. Devoir partager m'embête véritablement. Ma mère a besoin de cet or pour retrouver sa jambe. Mais mieux vaut m'assurer que les autres ne partent pas avec le trésor en leur promettant une partie de la somme qui m'est promise, plutôt que de ne rien toucher. A moins que l'un d'eux ne surenchérisse, auquel cas j'abandonnerai mon premier contrat. Peu m'importe qui me paie. Tant que je touche une prime.

Tandis que je réfléchissais, Yvël s'est adossé à un arbre. Il nous prévient qu'il va dormir. Est-ce qu'il se moque de devoir partager? En tous cas, moi, cela m'inquiète. J'indique donc à Violette et Kihuctaelc:

-Je cherche également ce trésor. J'ai des indications assez précises, et une carte pour l'atteindre. Toutefois... J'ai un contrat, pour cette pierre. J'ai besoin de cet or. Il y a donc trois solutions. Ou bien nous partageons la somme qui m'est promise en amenant tous quatre la pierre à celui qui m'a engagé, ou bien l'un de vous m'offre davantage que l'on ne m'a offert pour cette mission et la pierre lui reviendra. Pour ma part, je n'en ai cure. Ou bien, si mes solutions ne vous conviennent pas... nous pouvons nous battre. Je préférerais toutefois éviter d'en arriver là, si cela ne vous dérange pas.

Quand je termine de parler, Yvël s'est déjà endormi. Il est vrai qu'il a dit être fatigué après sa démonstration magique. Sans doute a-t-il besoin de se reposer. Tant pis pour lui. Nous déciderons à sa place.

J'attends donc la réponse des deux autres.

Violette allait bien, l'homme n'avait pas eu le temps de lui faire du mal. Elle étonna tout le monde en plaignant celui qui avait cherché à abuser de son corps, elle culpabilisait de l'avoir vu terrifié et souhaitait qu'il retrouve son chemin. Comment pouvait-elle manifester de tels sentiments envers cette ordure ?! Ca n'avait pas de sens ! Kihuctaelc, à sa place, souhaiterait simplement que des corbeaux lui crèvent les yeux. Violette aurait-elle pensé la même chose si l'homme lui était “passé dessus” ? Etait-elle à ce point incapable d'éprouver de la haine ou ne serait-ce que de la colère envers ceux qui cherchaient à lui faire du mal ?

Bref, tout ceci aurait pu se finir ainsi : Violette aurait remercié l'Humain et le Centaure à l'avoir défendue, et serait retournée dans le village, à l'auberge ou ailleurs, et cet incident serait devenu une anecdote vite oubliée. Seulement voilà :

FLEUR – Je suis à la recherche d'une grotte qui ne devrait pas être très loin d'ici. J'imagine que vous avez dû en entendre parler...

Tout le monde avait entendu parler de cette grotte ou quoi ?! Kihuctaelc n'avait aucun doute que Violette cherchait la même grotte que Naliän et Yvël. Déjà, lui-même n'en avait pas entendu parler avant d'espionner, quelques instants plus tôt, la conversation entre Naliän et Yvël à l'intérieur de l'auberge grâce à son pouvoir particulier inné. Comment Violette, elle, connaissait cette histoire de trésor ?
Ils pouvaient être nombreux à partir explorer cette grotte. L'union faisant la force, la tâche deviendrait plus facile. Mais une question se posait : en quoi consistait le trésor et serait-il possible de le partager équitablement ?

NALIÄN – Je cherche également ce trésor. J'ai des indications assez précises, et une carte pour l'atteindre. Toutefois... j'ai un contrat, pour cette pierre.

Kihuctaelc espérait que cette pierre, que Naliän avait décrite comme « précieuse pour certaines personnes », n'était pas le seul élément du trésor, car comment se partager une pierre ?
En tout cas, Naliän parlait comme s'il avait déjà deviné que même Kihuctaelc était à la recherche de la même grotte au trésor. Parfait, cela évitait le moment de révélation.

NALIÄN – J'ai besoin de cet or. Il y a donc trois solutions. Ou bien nous partageons la somme qui m'est promise en amenant tous quatre la pierre à celui qui m'a engagé, ou bien l'un de vous m'offre davantage que l'on ne m'a offert pour cette mission et la pierre lui reviendra. Pour ma part, je n'en ai cure. Ou bien, si mes solutions ne vous conviennent pas... nous pouvons nous battre. Je préférerais toutefois éviter d'en arriver là, si cela ne vous dérange pas.

La première solution paraissait la plus sage, et Kihuctaelc aurait pu tout à fait l'approuver si Naliän n'était pas allé au bout de la troisième solution. Le Centaure piaffa avec un petit sourire enthousiaste et lâcha spontanément à Naliän :

KIHUCTAELC – Un petit duel sans verser le sang me va très bien pour déterminer lequel de nous deux gardera la pierre ! Si bien sûr tu te crois capable de prendre le dessus sur un Centaure...

L’homme aux étranges cheveux, celui qui s’est présenté sous le nom d’Yvël, dit qu’il va dormir. Il ne semble nullement affecté par ce qui pourrait se passer autour de lui puisqu’il s’endort directement.

L’autre humain, celui qui s’appelle Naliän, se met à parler. Il explique être lui aussi à la recherche du trésor. Pourquoi est-ce que ça m’étonne ? On voit bien qu’il s’agit d’un aventurier. Il porte une épée… En plus, il affirme avoir une carte au trésor. C’est inespéré. Je ne peux que me réjouir d’avoir eu la chance d’être aidée par cet homme. Et pour finir, il ne se moque pas de moi parce qu'il croit également que ce trésor existe. Je suppose qu'il a d’autres informations que celles obtenues auprès de prétentieux guerriers faisant halte dans des lieux mal famés. Des informations plus sérieuses.

Selon lui, nous avons trois solutions :
- Nous partager la somme obtenue auprès de celui qui l’a engagé,
- Que l’un de nous lui offre une somme encore plus importante pour récupérer le trésor,
- Nous… battre ?

La dernière solution fait tomber ma tête légèrement sur le côté. Je suis un peu perplexe.

Passé l'étonnement, je réfléchis à ses propositions. Je ne veux pas me battre. Et je n’ai pas de quoi lui acheter le trésor... Inutile de préciser que je choisis directement la proposition numéro un.

Violette – Il parait que le trésor est une pierre, nous pourrions la casser et en partager les morceaux.

Mon idée est forcément bête puisqu'elle vient de moi et également parce que rendre une pierre précieuse plus petite ne pourrait que lui faire perdre de sa valeur. Ce n’est pas rentable. Je me tais, honteuse. Heureusement, le centaure prend la parole et le ridicule de ce que j’ai dit n’est pas souligné.

Kihuctaelc – Un petit duel sans verser le sang me va très bien pour déterminer lequel de nous deux gardera la pierre ! Si bien sûr tu te crois capable de prendre le dessus sur un Centaure...

Oh, par Kaluni, ils vont vraiment se battre ? Je n’ai pas l’habitude de voir des hommes se battre entre eux. Chez moi, c’était toujours nous qui prenions les coups. Je ne suis pas certaine que cela soit une bonne idée. Je pense que nous allons rencontrer bien assez d'ennemis quand nous chercherons le trésor, aussi nous ne devrions pas nous battre entre nous. Mais d’un certain côté… il serait intéressant que nous connaissions mutuellement les forces de chaque membre du groupe. En plus, le centaure a précisé qu’il ne voulait pas verser de sang. Cependant…

Violette – Le perdant ne voudra jamais accompagner le gagnant dans la recherche d’un trésor qu’il n’obtiendra pas. Le vainqueur de votre duel se retrouvera seul dans cette quête. Et il lui sera bien plus difficile de trouver la pierre. Nous ferions mieux de partager la recette… Mais si vous avez envie, vous pouvez vous battre gentiment, juste pour vous amuser.

Je les encourage un peu parce qu’ils donnent l’impression d’avoir envie de cogner sur quelque chose et je préfère qu’ils se tapent dessus l’un l’autre plutôt qu’ils me frappent moi. Et aussi parce que je sais bien que c'était très mal placé de ma part d'oser donner mon avis.

L'idée de se battre ne semble pas plaire à Violette. Assez logique, puisque cela la désavantagerait. De toute façon, je n'ai énoncé cette éventualité que dans le cas où les deux autres possibilités rebuteraient les autres prétendants au trésor, puisque je ne compte pas abandonner sans livrer combat. Violette propose de casser la pierre pour nous la partager. C'est une étrange idée. J'imagine que des morceaux de la pierre perdraient beaucoup de valeur. Etant donnée la façon dont on m'en a parlé, elle ne doit valoir que si elle est entière. Mais, avant que je réponde, je remarque que Kihuctaelc ne semble pas avoir saisi que mes deux premières propositions primaient sur la dernière, et que l'idée du combat a l'air de bien lui plaire.

– Un petit duel sans verser le sang me va très bien pour déterminer lequel de nous deux gardera la pierre ! Si bien sûr tu te crois capable de prendre le dessus sur un Centaure...

Un petit duel sans verser le sang? Ce n'est pas vraiment ce que je voulais dire quand je parlais de se battre. Si ce combat détermine qui pourra partir à la recherche de la pierre, je ne compte pas me rendre si facilement... Ni laisser mon adversaire dans l'état de me poursuivre et de prendre une revanche, voire de me voler la pierre. Cela serait trop risquée. Je m'apprête à expliquer cela au centaure, quand Violette prend la parole:

– Le perdant ne voudra jamais accompagner le gagnant dans la recherche d’un trésor qu’il n’obtiendra pas. Le vainqueur de votre duel se retrouvera seul dans cette quête. Et il lui sera bien plus difficile de trouver la pierre. Nous ferions mieux de partager la recette… Mais si vous avez envie, vous pouvez vous battre gentiment, juste pour vous amuser.

Accompagner le gagnant dans la recherche d'un trésor qu'il n'obtiendra pas? Il n'en était pour moi pas question. Bien sûr, elle a raison de dire qu'il sera plus difficile de trouver la pierre seul. Je me tourne vers Kihuctaelc, et lui explique posément:

-Je n'ai pas l'intention de me battre. Je n'énonçais cette... alternative que pour les cas où vous auriez refusé de partager. Il est, pour moi, hors de question de faire cela pour repartir sans rien. Donc, si vous ne souhaitez pas partager... Battons-nous maintenant. Mais, si vous acceptez de diviser les recettes, cela me convient.

Cela me convient... C'est vite dit. Disons que je préfère cela à un combat. Je ne suis pas certain de l'emporter contre le centaure, et je ne veux pas rentrer bredouille. Je préfère donc jouer de prudence. Je jette un regard à Yvël. Il dort, inconscient de nos discussions. Je me retourne vers les deux autres, et leur propose:

-Si cela vous va, il nous faudrait peut-être dormir. Je pense que la recherche de cette pierre va requérir d'être bien reposé.

Pour montrer l'exemple, je me déniche une place où m'allonger, et je ne tarde pas à plonger dans le sommeil.

Kihuctaelc n'avait simplement pas réfléchi à toutes les solutions proposées par Naliän. Il était simplement tenté par l'idée de se battre, alors quand Naliän avait émis cette option-là, il avait eu envie de passer aux provocations. Il n'avait en réalité aucune animosité envers Naliän, il comptait l'aider à récupérer cette pierre peu importe le vainqueur de leur duel amical.

FLEUR – Le perdant ne voudra jamais accompagner le gagnant dans la recherche d'un trésor qu'il n'obtiendra pas. Le vainqueur de votre duel se retrouvera seul dans cette quête. Et il lui sera bien plus difficile de trouver la pierre. Nous ferions mieux de partager la recette... Mais si vous avez envie, vous pouvez vous battre gentiment, juste pour vous amuser.

De quoi Violette se mêlait-elle ? Lui avait-on demandé son avis ? Kihuctaelc et Naliän venaient de la sauver des griffes d'un Humain et de ses pulsions lubriques, et voilà que déjà elle se permettait d'intervenir dans leurs discussions. Qu'est-ce que ça pouvait bien lui faire, à elle, si Naliän et Kihuctaelc se mesuraient l'un à l'autre dans un duel sans sang versé ? Ca ne l'empêcherait pas de chercher le trésor avec eux ensuite. Kihuctaelc fut d'autant plus irrité que Violette s'opposait à l'envie de Kihuctaelc et qu'elle risquait d'influencer Naliän.

KIHUCTAELC – Vous n'êtes pas concernée, alors je ne vois pas pourquoi vous donnez votre avis.

Ce fut dit, et sèchement dit. Le Centaure agitait la queue nerveusement. Oui, c'était un sanguin. Si quelque chose le contrariait, cela se voyait tout de suite, il ne savait pas le cacher.
Kihuctaelc tourna la tête vers Naliän qui donna sa réponse :

NALIÄN – Je n'ai pas l'intention de me battre. Je n'énonçais cette... alternative que pour les cas où vous auriez refusé de partager. Il est, pour moi, hors de question de faire cela pour repartir sans rien. Donc, si vous ne souhaitez pas partager... Battons-nous maintenant. Mais, si vous acceptez de diviser les recettes, cela me convient.

Et voilà, il refusait, comme par hasard. Kihuctaelc n'avait pas compris que Naliän n'avait émis l'idée de se battre qu'en dernier recours, si chacun refusait de partager les biens. Il aurait pu le comprendre maintenant s'il n'y avait pas eu l'avis de Violette : Kihuctaelc ne put s'empêcher de penser que Naliän refusait le duel à cause de l'avis défavorable de Violette. Le Centaure lança un regard noir à l'Humaine qu'il avait défendue quelques instants plus tôt. Il lui en voulut d'avoir gâché une occasion de se battre amicalement.

NALIÄN – Si cela vous va, il nous faudrait peut-être dormir. Je pense que la recherche de cette pierre va requérir d'être bien reposé.

D'ailleurs, Yvël dormait déjà. Kihuctaelc n'avait même pas fait attention qu'il était allé se coucher. Naliän décida de l'imiter, et Kihuctaelc le suivit pour lui dire :

KIHUCTAELC – Je n'ai jamais été contre l'idée que nous nous partagions la valeur du trésor ; mais puisque l'idée a été lancée, j'espère que nous nous mesurerons l'un à l'autre, quand Violette ne sera pas là. Je veux voir ce que tu vaux.

Le Centaure s'accota contre un arbre.

KIHUCTAELC – Nous devrions faire des tours de garde. Je prends le premier. Naliän, je te réveillerai. Nous laisserons Yvël prendre le dernier tour.

Kihuctaelc – Vous n'êtes pas concernée, alors je ne vois pas pourquoi vous donnez votre avis.

Le centaure me remet crûment à ma place. Je baisse légèrement le visage pour que les autres ne voient pas qu’il est encore une fois devenu rouge cramoisi. Je baragouine une excuse en me recroquevillant et m’enfonçant plus profondément dans le sol. Je voudrais disparaître, mais ça ne fait malheureusement pas partie de mes compétences.

Naliän se rétracte, affirmant n’avoir pas vraiment l’intention de se battre et être prêt à partager la recette. J’aurais préféré qu’il combatte le centaure. Je vois bien qu’il en meurt d’envie et qu’il est en colère contre moi. C’est tout à fait normal, je n’aurais pas dû intervenir… S’il ne se bat pas, il ne pourra pas calmer son agressivité et n’oubliera pas de m’en vouloir.

L’humain propose que nous dormions et s’allonge afin de mettre ses mots en pratique. Je ne bouge pas d’un souffle en attendant que le centaure s’éloigne à son tour vers Naliän. Je vois que le centaure décide de faire un tour de garde, mais cette fois-ci, je n’interviens pas et ne me propose pas. J’ai trop peur de lui adresser la parole. Je suis restée avec Yvël qui dort à point fermé. Je n’ai pas l’habitude de dormir dehors. Les cris des oiseaux nocturnes ne me mettent pas à l’aise et je me demande si je serais trempée de rosée demain matin. Pour le moment, tout mon sang est monté à mon visage et la honte me tient chaud. Mais j’imagine que ça ne va pas durer très longtemps. Cependant je ne dis rien. Ces gens ont l’air d’être habitués à cette vie, alors je les imite et m’allonge à même le sol. Loin du centaure.

Cela n’est pas agréable, mais je ferme les yeux et attends que le sommeil me prenne. Je commence à avoir froid et reste une bonne partie de la nuit à attendre en frissonnant.

Le matin, je me réveille, preuve que j’ai fini par dormir un peu. Juste une ou deux petites heures, entrecoupées de longues périodes d’éveil. Je suis fatiguée mais de toute façon je n’arriverais plus à dormir, alors je m’assois en jetant immédiatement un coup d’œil anxieux au centaure.

Le soleil se lève tout juste.

Je me lève et défroisse ma robe en étirant mes muscles ankylosés.

J'entends la voix de l'épéiste. Il me demande de me réveiller.
Il me dit que c'est mon tour de garde.
Je me secoue la tête tout en gardant les yeux fermés.  
Le réveil va être difficile...J'ai tellement bien dormi...
Je m'étire tout en gardant les yeux clos.
L'épéiste s'est tu. J'ouvre les yeux mais je ne l'aperçois pas tout de suite...
Rapidement, il à déjà dû allé se coucher.
Je crois qu'il est la bas, non-loin de  Kihuctaelc.
Il ne fait pas encore jour et je distingue à peine les formes.
Il fait encore très sombre.
Oh ! Je viens de me souvenir du rêve étrange  que j'ai fais cette nuit...
J'ai rêvé que le centaure voulait se battre avec l'épéiste....
Bon, j'ai un peu froid. Allons faire un feu !
Ça rendra peut-être mes compagnons un peu plus joviales lorsqu'ils se réveilleront.
Je me lève brusquement.
Très rapidement je récupère quelques brindilles, de l'écorce et du bois sec puis je forme un tas.
Je sors un briquet de ma poche.
Je fais passer mes doigts dans les deux anneaux et je percute avec force les fragments de silex enfoncées au bout des deux lames du briquet.
C'est une tâche difficile et à cause de mes muscles engourdis je peine à faire des étincelles...
Aussi, j'espère qu'avec tout ce bruit je ne vais pas réveiller mes compagnons...
Ça va, ils ont l'air d'avoir le sommeil plutôt lourd.
Plusieurs heures s'écoulent.
Le feux est toujours bien entretenu. Et j'ai même eu le temps d'aller cueillir quelques fruits.
Je suis en forme. Cette bonne nuit de sommeil m'a remise sur pied !
Le soleil se lève.
La fille timide se lève en même temps que lui.
Elle s'étire et défroisse sa robe.
Je la regarde en souriant.

-Alors ! Bien dormi ?

Oh ! Le simple fait que je parle a réveillé l'épéiste. Ou peut-être qu'il ne dormait pas...Je ne sais pas.
Je me tourne vers lui en me grattant le cuir chevelu.

-Salut compagnon ! Hier je me suis assoupi assez rapidement ! Que c'est-il passé ensuite ?
Ahah ! Tu vas trouver ça drôle mais j'ai rêvé que Kihuctaelc voulait se battre avec toi !

Durant la nuit, Kihuctaelc me réveille pour que je prenne mon tour de garde. Je me lève donc et m'assieds sur un tronc d'arbre mort qui gît au sol, non loin des dormeurs. Dans le ciel dégagé, les étoiles brillent, je peux les voir entre les branchages des arbres qui nous entourent. Attentif, j'écoute les bruits nocturnes. Rien de menaçant, visiblement. Je demeure toutefois aux aguets. On ne sait jamais.

Je pense à ce que Kihuctaelc a dit la veille. Il voudrait livrer contre moi un combat, pour voir ce que je vaux. Cette idée ne me séduit pas. Je n'en vois pas l'intérêt. Un combat entre nous instaurerait une rivalité, et nous ferait perdre du temps et de l'énergie... Pour rien. Pour ma part, mon temps et mon énergie ne sont pas des choses que j'aime à gaspiller. Je ne comprends pas les motivations du centaure. Qu'il garde sa force pour la quête qui nous attend, il aura bien l'occasion de nous montrer de quoi il est capable, si c'est là ce qu'il veut. En ce qui me concerne, je préfère garder pour moi ce que je sais faire... au cas où. Et je n'ai rien à prouver.

Les heures passent, et je me décide finalement à réveiller Yvël. Je lui annonce que c'est son tour de garde, puis retourne me coucher non loin du centaure. J'espère qu'il n'insistera pas pour avoir son combat. Sinon, il me faudra le décevoir. Ou alors, s'il veut tant se battre, il n'aura qu'à combattre Yvël. Le magicien n'a pas l'air d'être avare de ses forces, étant donnée la démonstration qu'il m'a faite dans l'auberge. Je m'endors sans m'en apercevoir.

Je m'éveille avec le soleil. Je ne sais si ce sont ses rayons qui m'ont tiré du sommeil, en se faufilant à travers le feuillage des arbres, ou si c'est la voix d'Yvël, hélant Violette:

-Alors ! Bien dormi ?

Je me redresse en m'étirant et le magicien se retourne vers moi :

-Salut compagnon ! Hier je me suis assoupi assez rapidement ! Que c'est-il passé ensuite ?
Ahah ! Tu vas trouver ça drôle mais j'ai rêvé que Kihuctaelc voulait se battre avec toi !

Est-ce qu'il est toujours en train de rire ? Il y a des personnes comme ça. Et, s'il est capable de se montrer par ailleurs sérieux pour mener notre quête à bien, je n'y vois pas d'inconvénient. Je doute encore de son sérieux... mais il pourrait nous étonner. Et ses pouvoirs pourraient se révéler vraiment pratiques. Je lui réponds:

-Nous avons parlé de ce qu'il convient de faire, puisque nous cherchons tous quatre la même pierre. La meilleure solution semble être de partager la somme que nous pourrons obtenir en revendant ce trésor.

Je marque une pause, pour m'assurer qu'Yvël suive bien ce que je suis en train de dire, tout en jetant un regard à Violette. Puis je poursuis:

-Et pour le reste, tu n'as pas vraiment rêvé. Kihuctaelc aurait voulu avoir un combat amical avec moi, mais j'ai décliné sa proposition.

Je n'ajoute rien. Je ne me sens pas le besoin de leur exposer mes raisons. Elles ne concernent que moi. Je préfère attirer mes bagages à moi, pour y prendre un peu de nourriture et d'eau. Puis je dégaine mes épées, l'une après l'autre, pour vérifier qu'elles sont bien aiguisées et nullement endommagées. Seul, j'aurais de même vérifié mes lames d'os, au cas où. Mais je ne préfère pas les dévoiler inutilement à mes compagnons de route. Elles pourraient être un effet de surprise utile, si l'un d'eux se décidait à me trahir.

Chacun acquiesca l'idée des tours de garde. Enfin, surtout Naliän : Yvël était déjà endormi, et Violette s'était recroquevillée, se faisant discrète depuis que Kihuctaelc l'avait remise à sa place. Elle n'avait pas cherché le conflit, et c'était mieux ainsi. Elle se coucha à une certaine distance du groupe, à moins qu'elle ne cherchât juste à se tenir loin de Kihuctaelc qui ne pensait pas non plus l'avoir intimidée à ce point. Le Centaure était un peu en colère parce que Naliän avait refusé de se battre contre lui et qu'il en portait la faute sur Violette ; mais après une bonne nuit de sommeil, ce serait probablement oublié.

Au bout d'un moment, Kihuctaelc fut le seul toujours éveillé. Il passa son tour de garde debout. Par moments, il surveillait les alentours, les sens aux aguets, les oreilles bien droites ; et à d'autres moments, il laissait ses yeux se perdre dans les étoiles, tandis que ses oreilles captaient les sons des animaux nocturnes, formant un petit concert naturel au rythme des hululements de chouettes, des stridulations de grillons et des coassements de grenouilles. Tout cela l'aida facilement à se détendre.

Quand il estima que son tour était venu de dormir, il réveilla Naliän, sans ni douceur ni violence particulière, et alla s'endormir, debout, accoté contre un arbre. Il sombra rapidement dans un sommeil qui fut réparateur. Quand il se réveilla, il vit Naliän observer ses deux épées, une dans chaque main. Yvël et Fleur étaient également éveillés. Fleur avait eu le privilège de dormir la nuit entière ; Kihuctaelc fut quant à lui le dernier à se réveiller.

Le Centaure noir fit quelques pas pour se chauffer les membres inférieurs. Il plia ses deux pattes antérieures l'une après l'autre, en s'attrapant le boulet, pour observer ses sabots. Puis, il plia les pattes postérieures, sans se les tenir, observant de même ses sabots ; il tendit le bras pour se curer un peu le postérieur droit.

KIHUCTAELC – Bien, réapprovisions-nous en eau et partons.

Yvël - Alors ! Bien dormi ?

Le jeune homme me regarde en souriant. S’il fallait utiliser un seul mot pour le qualifier, j’aurais sans hésité choisi « optimisme ». Les choses importantes semblent lui passer au dessus de la tête sans l’affecter en rien, comme s’il n’en prenait pas la mesure. Ou bien comme si elles n’étaient pas graves. Son sourire est contagieux.

Violette – Très bien, merci.

Je n’ose pas préciser que j’ai failli mourir de froid, que tous les bruits de la nuit m’ont empêché de dormir et que l’inconfort du sol me fait mal au dos. Je me contente de lui sourire chaleureusement parce qu’il est le seul ici à se soucier des choses futiles, celles qui font la saveur de la vie, comme le fait d’avoir bien ou mal dormi.

Nalïan est également éveillé. Il commence à discuter avec Yvël et je les laisse parler pour m’occuper de la nourriture. Je n’ai pas assez pour tout le monde. Mais cela ne semble pas poser de soucis, chacun s’occupe de soi-même. Naliän aussi se met à manger.

Je reste à une certaine distance de Kihuctaelc. Le centaure est en train de toucher ses sabots. Je me contente d’attendre que tout le monde soit près à lever le camp.

Kihuctaelc – Bien, réapprovisions-nous en eau et partons.

Je me lève d’un bond, faisant tomber un morceau de pain que je ramasse rapidement pour l’enfouir au fond de mon sac. Une fois prêt à partir, je suis le groupe pour partir à la recherche d’eau. Je reste du côté d’Yvël afin d’être le plus loin du centaure et le plus près de celui qui rit tout le temps.

— Nous avons parlé de ce qu'il convient de faire, puisque nous cherchons tous quatre la même pierre. La meilleure solution semble être de partager la somme que nous pourrons obtenir en revendant ce trésor.

Je fronce les sourcils... Ça me semble être la solution la plus juste...

— Et pour le reste, tu n'as pas vraiment rêvé. Kihuctaelc aurait voulu avoir un combat amical avec moi, mais j'ai décliné sa proposition.

Étonné, je regarde l'épéiste les yeux écarquillés .

— Excellent ! J'ai donc confondu le l'imaginaire et la réalité ! Les combats amicaux c'est excitant mais tu as pris la bonne décision. Ça aurait été bête de se blesser bêtement avant de partir en quête... On aura tout le loisir de s'amuser lorsque nous aurons trouvé la pierre.

Hier j'étais dans un drôle d'état... La fatigue me rendait complètement incohérent. J'espère que le changement n'est pas trop flagrant...
Oh Kihuctaelc est réveillé, je crois qu'il est entrain de faire son échauffement matinal. La grosse voix du centaure retenti.

— Bien, réapprovisions-nous en eau et partons.

— Tout à l'heure en allant cueillir des fruits je suis passé non loin d'un puits public. Il est à quelques pas d'ici et même si je n'ai pas vraiment le sens de l'orientation je pense qu'il est sûr notre chemin.

Hier j'ai vraiment dû passer pour un nigaud. J'ai l'impression qu'ils sont tous étonnés par ce que je viens de dire. Il faut dire que par rapport à hier mes mouvements sont plus rapides et ma pensée plus vive...
Sur ces belles paroles, nous partons. Le centaure et l'épéiste marchent devant. La femme timide marche à coté de moi

                                                                                                  #

Cela fait plusieurs minutes que nous marchons et je commence à m'ennuyer un peu. Je vais essayer de faire plus ample connaissance avec la femme timide. Je sais que généralement, c'est difficile de faire connaissance avec des personnes timides. Parce qu'elles n'arrivent pas à répondre correctement aux questions qu'on leurs pose. Il répondent souvent par des phrases pré-construites soit ils se cachent. Et même lorsqu'ils ont quelque chose de très intéressant à dire. Je vais quand même essayer...

— Dit moi ! Est-ce que tu as un talent particulier ?

Elle me répond.

— Moi par exemple je pratique la magie de la foudre !

Je tends mon bras gauche vers le ciel ma main est dépliée, la paume de main tournée vers le ciel. De léger brins jaunes d'électricité se fond voir .

— C'es très utilise pour faire des massag......


Un énorme étron d'oiseau tomba violemment sur ma mains. Le claquement fit un bruit. Puis un grand silence ce fit entendre...
Puis tout d'un coup un énorme fou-rire me pris ! La situation était tellement absurde !
Et en même temps que je reprenais mes esprits j'essuyais ma main gauche sur des morceaux de lichens et des tas de feuilles.
Je me nettoierai mieux tout à l'heure, lorsque nous seront arrivés au puits public.

Yvël écarquille les yeux à mes propos, avant de répondre:

— Excellent ! J'ai donc confondu le l'imaginaire et la réalité ! Les combats amicaux c'est excitant mais tu as pris la bonne décision. Ça aurait été bête de se blesser bêtement avant de partir en quête... On aura tout le loisir de s'amuser lorsque nous aurons trouvé la pierre.

Assez surpris par sa réponse, je me retiens de hausser un sourcil. Le voilà qui tient un raisonnement qui me semble tout à fait juste. Bien sûr, je n'aurai pas pour ma part le loisir de m'amuser par la suite, mais ça, il n'est pas supposé le savoir.

La voix de Kihuctaelc me tire de mes pensées:

— Bien, réapprovisions-nous en eau et partons.

Bonne idée. Nous n'avons pas de temps à perdre.

— Tout à l'heure en allant cueillir des fruits je suis passé non loin d'un puit publique. Il est à quelques pas d'ici et même si je n'ai pas vraiment le sens de l'orientation je pense qu'il est sûr notre chemin.

Je me tourne vers Yvël, qui vient de parler. Décidément, il semble plus éveillé, aujourd'hui. Un puits public, voilà qui peut nous être utile pour faire provision d'eau. Je fais un signe de tête, pour montrer au magicien que j'apprécie cette information. Kihuctaelc et moi prenons la tête, tandis qu'Yvël et Violette marchent derrière.

Tandis que nous marchons, j'entends Yvël et Violette qui commencent à parler. Je ne fais pas attention à ce qu'ils disent. Je demeure silencieux, tâchant de m'orienter parmi les arbres, carte à la main. Soudain, le rire d'Yvël retentit, faisant s'envoler plusieurs oiseaux. Je me retournai vers lui, lui lançant un regard agacé. J'apprécie d'être discret et s'il continue ainsi, cela ne va pas être gagné... Ne se rend-il pas compte qu'il risque de nous faire repérer par d'éventuels ennemis? Toutefois, je ne dis rien. Communiquer n'est pas mon fort. Je reprends ma marche.

Nous ne tardons pas à arriver au puits indiqué par Yvël. Nous faisons provisions d'eau, puis reprenons notre marche. Un peu après que le soleil ait atteint son zénith dans le ciel, je tombe en arrêt. Devant s'ouvre une grotte qui s'enfonce dans la terre. Je regarde ma carte. D'après elle, c'est là qu'il nous faut entrer afin de trouver le trésor. Je me retourne vers les autres.

-Visiblement, c'est ici. Il nous faut entrer.

YVËL – Tout à l'heure en allant cueillir des fruits, je suis passé non loin d'un puits public. Il est à quelques pas d'ici, et même si je n'ai pas vraiment le sens de l'orientation, je pense qu'il est sur notre chemin.

Eh bien ! Peut-être pour la première fois, Kihuctaelc entendit Yvël dire quelque chose de pertinent et de sérieux. Ce type était peut-être un demeuré mais il lui arrivait parfois de dire des choses pas trop débiles.

KIHUCTAELC – Ca fera l'affaire, passons-y.

Kihuctaelc mena le groupe, quoique Naliän vint marcher à côté de lui, laissant Yvël et Fleur marcher derrière en discutant. Kihuctaelc n'écouta pas leur conversation, se disant qu'elle ne devait pas être bien intéressante. Il se concentra plutôt sur l'orientation, à suivre la première direction émise par Yvël. Naliän semblait lui aussi tenir à s'orienter, mais en jetant un œil à la carte de façon répétitive : le puits ne devait pas leur faire perdre leur objectif principal.
Le groupe trouva le puits qu'ils cherchaient. Ils s'arrêtèrent donc le temps de faire le plein d'eau. Le sentier et les traces de pas que Kihuctaelc observa, indiquaient la proximité d'un village. De toute façon, ce puits n'avait forcément pas été construit au milieu de nulle part.

Ceci fait, le groupe reprit la marche. Kihuctaelc demanda plusieurs fois à Naliän de pouvoir observer la carte avec lui, afin de pouvoir mieux s'orienter. A eux deux, ils surent facilement mener le groupe jusqu'à l'entrée d'une grotte, en pente, s'enfonçant dans la terre. Ils s'arrêtèrent.

NALIÄN – Visiblement, c'est ici. Il nous faut entrer.

Le Centaure agita la queue à quelques reprises et frotta un sabot au sol, le sourire aux lèvres. Il avait maintenant du mal à se retenir d'entrer tout de suite ; il savait cependant que ce serait imprudent. Cette grotte pouvait très bien être habitée par un monstre, par un ours, ou quoi que ce soit d'autre d'hostile. En plus, rien n'éclairait la grotte de l'intérieur, quoique le soleil était à son zénith, et la luminosité de cette journée de fin de printemps suffisait à éclairer les premiers mètres de la grotte, formant un couloir en pente qui prenait un virage à gauche assez vite.

KIHUCTAELC – Je vais faire une chose avant d'entrer, attendez.

Le Centaure bloqua les articulations de ses pattes comme s'il allait dormir, et se retint le front entre les doigts de sa main gauche, fermant les yeux. Il projeta son esprit dans la grotte, la visitant ainsi sans y entrer physiquement. Son don avait une portée limitée mais non dérisoire. Des torches éclairaient l'intérieur de la grotte passé les dix premiers mètres après le virage de l'entrée. Cet endroit était donc habité. La pente s'arrêtait au bout d'un moment sur une salle rectangulaire dont le sol était dallé, bien que les parois fussent toujours irrégulièrement taillés dans une terre rocheuse. Il y avait une odeur indescriptible qui régnait dans ce lieu. Un bruit de battements d'ailes attira l'attention de Kihuctaelc sur deux nocteras, et il y en avait certainement quelques autres dans cette grotte profonde. Kihuctaelc poursuivit sa visite jusqu'à rencontrer... quelque chose.
Son esprit revint à lui. Il ouvrit les yeux, sa queue s'agita nerveusement.

KIHUCTAELC – L'endroit est éclairé par des torches. Ca semble profond. Un flagellon y vit. Il faudra aussi faire attention à plusieurs nocteras.

Yvël mentionne la présence d’un puits sur notre route et nous partons tous quatre dans la direction dite.

Yvël - Dit moi ! Est-ce que tu as un talent particulier ?

Je vérifie qu’il s’adresse bien à moi. Les deux autres sont loin devant. J’ai quand même quelques doutes, même s’il me fixe en parlant. J’hésite un instant.

Violette – Je ne sais pas si on peut parler de talent… Je rend l’invisible visible aux gens.
Yvël - Moi par exemple je pratique la magie de la foudre !

Je hausse les sourcils. Serait-il en train de se moquer de moi ? L’homme tend la main devant lui et des étincelles apparaissent. Je lâche un petit cri d’admiration. Yvël est décidemment un bon gaultier. Il me met en confiance. Je souris et prépare à mon tour un petit sort.

Yvël - C'est très utilise pour faire des massag......

Je fais apparaître une énorme ch* d’oiseau sur sa main levée et j’accompagne cette vision d’une illusion sonore assortie. Yvël écarquille les yeux. Mince, je me suis emportée et suis allée trop loin. Je m’apprête à fondre en excuses quand le jeune homme éclate de rire. Tandis qu’il tente de se laver la main, je lui explique, un peu honteuse, qu’il s’agit de mon œuvre.

Violette – Ne t’inquiète pas, ce n’est qu’une illusion, ça disparait tout seul… En fait, cela fait partie de mes… « talents »…

Je l’observe pour vérifier qu’il n’est pas vexé et qu’il continue de m’écouter. J’hésite encore avant d’illustrer un peu plus ma réponse.

Violette – Je peux également faire ça…

Trois mignons petits mileïs s'approchent en voletant. L'un d'eux vient vers Yvël et lui renifle le bout du pied. L'autre l'observe d'un peu plus loin avec de grands yeux dorés. Le dernier s'approche de moi et monte dans mes bras. Je le porte un instant, il ferme les yeux et s'endort. Puis tous trois s'en vont comme ils sont venus.

Violette – Je peux aussi te faire voir des objets, des personnes, te donner l’impression d’être transpercé par une dizaine d’arme, modifier les traits des gens et j’ai appris, un tout petit peu, à me battre. J’ai des poignards sous ma robe !

Les deux autres sont loin devant et ne peuvent deviner ce qu’il se passe derrière eux. Cependant, à un moment, Naliän lance un regard agacé au mage de la foudre. Cela m’attriste car Yvël est très gentil avec moi. Je lui murmure :

Violette – Je vais améliorer ça…

Naliän explique que nous sommes arrivés à destination et, moi, je me concentre et fait en sorte que Kihuctaelc et Naliän soient en admiration devant Yvël. Parce qu’il le vaut bien. Il s’agit d’une de mes compétences particulières : je peux faire en sorte que les gens s’aiment, et ainsi éviter de me trouver dans des situations de conflit, car je déteste ça. Maintenant, Kihuctaelc et Naliän seront surement  plus agréables avec Yvël et l’ambiance sera moins tendue.

Je cherche à voir la réaction de Kihuctaelc mais le centaure a l’air absent. Je me demande ce qu’il est en train de faire.

Kihuctaelc – L'endroit est éclairé par des torches. Ça semble profond. Un flagellon y vit. Il faudra aussi faire attention à plusieurs nocteras.

J’ignore comment il sait tout cela, mais je veux bien le croire. Je ne connais pas bien ces animaux. Pour dire la vérité, je ne sais pas de quoi il s’agit. Mais ce doit être effrayant. Je ne dis rien, parce que Kihuctaelc est bien trop près. Je me contente d’avancer dans la grotte sans le regarder.

— Ne t’inquiète pas, ce n’est qu’une illusion, ça disparait tout seul… En fait, cela fait partie de mes… « talents »…

Woh ! Ce....truc. C'était donc l'illustration de ses talents. Cette femme est impressionnante...

— Je peux également faire ça…

Soudain trois étranges créatures volantes s'approchent de nous. L'une de ces créatures vient vers moi pour me renifler le pied...
Je crois qu'elles provoquent une sorte d'effet apaisant sur moi... Ce qui est sûr c'est que je n'avais jamais rien vu de tel...
Je ne saurais dire si cette fois ci, il s'agissait d'une illusion. Mais peu m'importe. Je préfère ne pas savoir et me laisser emporter par le rêve.  
Après être restées un moment avec nous les créatures et s'en vont aussi soudainement qu'à leurs arrivée.

— Je peux aussi te faire voir des objets, des personnes, te donner l’impression d’être transpercé par une dizaine d’arme, modifier les traits des gens et j’ai appris, un tout petit peu, à me battre. J’ai des poignards sous ma robe !

Je souris tout en regardant la femme illusionniste avec de gros yeux...

— Et bien ! Tu es vraiment très impressionnante ! Il faut qu'on fasse attention à toi ! Si on ne te surveille pas correctement tu risques de tous nous tuer sans même qu'on s'en aperçoive AHAHAHAH !

OH ! Maintenant c'est l'épéiste qui fait les gros yeux ! Sauf qu'il me regarde et lui, il ne sourit pas... J'entends la femme murmurer.

— Je vais améliorer ça…

Pourquoi dit-elle ça ? Que compte-t-elle faire ? Ahah cette femme qui aux premiers abords paraissait si sensible est en fait bien mystérieuse... Ça me plait !
Kihuctaelc à l'air ailleurs tout d'un coup... Il ne bouge plus... Je fixe ses yeux fermés... Il l'air encore plus tendu que d'habitude... Ce centaure aurait bien besoin d'un massage !
Kihuctaelc ouvrit les yeux tout d'un coup et se mit à parler. Je ne m'y attendais pas et je sursauta tout en poussant un léger cri grave.

— L'endroit est éclairé par des torches. Ca semble profond. Un flagellon y vit. Il faudra aussi faire attention à plusieurs nocteras.

OH ! Je viens de comprendre ! Il veut qu'on rentre dans cette grotte ! Le fait de savoir qu'il y à du danger m'enthousiame ! Un éclair d'énergie me prit ! Je me sens comme entouré de mon électricité.

— ALLONS Y COMPAGNONS ! Kihuctaelc, vu que tu as l'air d'avoir déjà visité cette grotte pars en tête ! Nous, ont te suit ! Vous êtes tous prêt ?!

— Je vais faire une chose avant d'entrer, attendez.

Je me retourne vers le centaure, à côté de moi. Faire une chose avant d'entrer ? Nous avons déjà fait provision d'eau, j'ignore donc ce qu'il a en tête. A ma grande surprise, il ne bouge pas, se contentant de fermer les yeux et de poser une main sur son front. Intrigué, je hausse un sourcil ; que fait-il ? On dirait presque qu'il dort... Mais je devine que ce n'est pas le cas. Kihuctaelc m'a l'air d'une personne sérieuse, et il semble aussi concentré que moi sur le trésor, même s'il a pu se laisser un peu distraire par son envie de se battre. Pas du genre à piquer un somme en plein chemin, quoi qu'il en soit.

Je me tourne vers Violette et Yvël, me demandant ce qu'ils en pensent. Ils ont fait la route à deux, sans doute trouvent-ils à s'entendre. Le magicien a le sourire aux lèvres. Je me fais la réflexion qu'il a l'air toujours assez enthousiaste. Je trouve soudain cela assez admirable, et je m'étonne de la raison pour laquelle j'étais auparavant agacé à s'en encontre. S'il aime à rire, je n'ai aucune raison d'en être agacé. Un être qui rit, cela permet de rendre les situations moins pesantes, de porter sur les choses un autre regard. De plus, c'est lui qui nous a permis de nous ravitailler en eau, en nous indiquant le puits. Et puis, ses pouvoirs ont l'air plutôt impressionnant. L'espace d'un instant, mon esprit semble perdre pieds. Me voilà qui me met à penser une chose, puis son contraire, je ne comprends pas vraiment ce qui m'arrive. La sensation de perdre pied m'enserre... avant de glisser, doucement, comme un rêve qui s'échappe de plus en plus à mesure qu'on tente de se raccrocher à lui.

La voix de Kihuctaelc attire mon attention sur le centaure :

— L'endroit est éclairé par des torches. Ca semble profond. Un flagellon y vit. Il faudra aussi faire attention à plusieurs nocteras.

Je plisse légèrement les yeux. Le centaure a visiblement le pouvoir de voir – ou de sentir, je n'en sais rien – des choses qui ne sont pourtant pas à la portée de ses sens. A moins qu'il possède une ouïe vraiment très développée. Peut-être est-il un peu magicien, lui aussi. Quoi qu'il en soit, les renseignements qu'il nous apporte sont précieux. Un flagellon... voilà qui ne va pas nous faciliter la tâche. J'ignore s'il nous faudra le combattre pour parvenir au trésor, ou si nous pourrons nous contenter de l'éviter. Si un combat doit avoir lieu, il nous faudra faire très attention, ou nous pourrions ne pas nous en sortir vivant. Broyé par un tentacule, immobilisé dans la glace... une mort causée par une de ces créatures ne sera pas des plus douces. Et la grotte est peuplée de nocteras, en plus.... Cette excursion promet de n'être pas une promenade de santé.

Cette perspective ne semble pas effrayer Yvël, car le mage répond, visiblement toujours aussi motivé :

— ALLONS Y COMPAGNONS ! Kihuctaelc, vu que tu as l'air d'avoir déjà visité cette grotte pars en tête ! Nous, ont te suit ! Vous êtes tous prêt ?!

Ses paroles m'arrachent un léger sourire. Je caresse les pommeaux des mes lames, gagné par son enthousiasme.

— Prêt.

Après une telle déclaration faisant suite à une posture de concentration, Kihuctaelc s'attendit à être tout naturellement bombardé de questions sur le moyen par lequel il pouvait bien savoir tout cela. Et en fait, rien. Violette demeura muette, Yvël s'exclama simplement avec entrain et Naliän approuva.

YVËL – Allons-y compagnons ! Kihuctaelc, vu que tu as l'air d'avoir déjà visité cette grotte, pars en tête ! Nous, on te suit ! Vous êtes tous prêts ?
NALIÄN – Prêt.

Les choses étaient si simples : pas de questions, ils allaient droit au but. N'avaient-ils vraiment aucune curiosité ? Fleur n'était pas bavarde, sauf avec Yvël, et ce dernier vivait un peu dans sa bulle, ce n'était donc peut-être pas très étonnant finalement que ceux-ci ne posent aucune question à Kihuctaelc ; mais Naliän ? A moins qu'il ne se soit dit tout simplement que Kihuctaelc était un magicien, et n'y connaissant rien, s'imaginait qu'un sort pouvait permettre de prendre connaissance de l'intérieur de toute une grotte. En réalité, Kihuctaelc était ici celui qui s'y connaissait le moins en magie.

Yvël avait certes tendance à trop souvent être dans sa bulle et à dire des choses insensées, mais Kihuctaelc se trouva sévère dans sa façon de le juger. Après tout, il savait reconnaître la place de chacun dans un groupe ou dans une communauté. Yvël était quelqu'un d'idéal pour maintenir le moral et la cohésion d'un groupe. Sa bonne humeur et son dynamisme étaient des atouts incontestables. Grâce à lui, Kihuctaelc, Naliän et Fleur ne risquaient pas de rester paralysés par une tension ou démoralisés par un échec. Et justement, Kihuctaelc, lui, qui avait tendance à prendre les échecs à cœur, avait finalement bien besoin de quelqu'un comme Yvël.

Il lui offrit un sourire des plus sympathiques, car il commençait effectivement à ressentir une franche sympathie pour lui. La blague raciste d'Yvël aux premiers instants de leur rencontre était déjà oubliée et enterrée.

KIHUCTAELC – Tu as raison, d'accord, je passe devant !

Lance à la main, Kihuctaelc marcha en tête dans la grotte, à pas lents. Derrière lui, Naliän, Yvël et Violette avaient la vue en plein sur les grosses fesses de cheval du Centaure, d'autant plus que le sol était en pente. Kihuctael franchit à tâtons le premier virage du couloir et déboucha sur la lumière des premières torches accrochées aux parois. Il posait délicatement ses sabots pour éviter de déraper sur un gros caillou. Il arriva à la fin de la pente, à l'entrée de la salle dallée rectangulaire. Les deux nocteras étaient toujours là, et ouvrirent leur gueule bavante de styx à l'arrivée des intrus. Kihuctaelc se décala pour laisser place à ses trois compagnons. La pointe de sa lance vers le haut, il se tint prêt à essayer d'embrocher le premier noctera à s'approcher d'un peu trop près.

Je mets en place mon sort, mais même si Naliän et Kihuctaelc doivent en ressentir les effets, ils restent stoïques. Je m’attendais à une effervescence qui se traduit uniquement par une meilleure ambiance. Les deux acceptent la proposition de Yvël avec joie, et nous entrons tous dans la grotte. Je ne lâche pas Yvël et Naliän d’une semelle tandis que le centaure marche devant nous. Désormais, je me sens presque à l’aise dans le groupe. Un petit sort et tout va mieux. Je me surprends à sourire malgré la fraicheur et la pénombre du lieu dans lequel nous nous enfonçons. Je trottine sans me méfiance, quand tout à coup je tombe nez-à-nez avec deux horribles monstres. Je ne peux m’empêcher de pousser un cri que j’étouffe en plaçant mes deux mains sur ma bouche. Qu'est-ce que c'est que ça ? Il doit s'agir des bêtes dont Kihuctaelc a parlé avant d’entrer dans la grotte. Des nocteras…

Les deux animaux ressemblent à des chauves souris géantes. Entre leurs dents aiguisées coule une matière noire qui ne m’inspire pas. Leur tête me fait froid dans le dos. On dirait des démons !

Je me mets à paniquer, je sens que je tremble. Je m’accroche à Yvël et lance un sort. Il me faut un effort incroyable pour me concentrer et aller au bout de mon incantation silencieuse. Enfin, pas si silencieuse que ça, même si mes compagnons de voyages ne peuvent l’entendre, il s’agit bien de sons, mais trop aigus pour leur ouïe. Les monstres ressemblent tant à des chauves souris, que je ne vois pas ce que je pourrais faire d’autre que des bruits qui déstabiliseraient leurs semblables. Je sais que quand j’utilise ces sons sur elles, elles se perdent, vont dans tous les sens et parfois même se cognent contre des obstacles. Je tente donc de faire cela sur l’un des monstres. L’effet est immédiat, il s’envole et avance dans une direction, puis l’inverse, il est totalement perdu. Je le vois qui monte très haut, se cogne contre la paroi de la grotte, redescend et s'en va foncer dans un pilier de pierre. Il continue ainsi sans s'arrêter, complétement fou. Il va finir par s’assommer tout seul.

Je ne sais pas que mon sort l’empêche en fait de se repérer puisque les ultrasons qu’il reçoit directement dans sa tête ne lui permettent plus de savoir où les obstacles se trouvent. Je m’imagine juste que mes illusions ont un effet particulier sur les chauves souris. Et visiblement, sur les nocteras également…

— Prêt.

Je vis sur le visage de l'épéiste un sourire qui me motiva d'autant plus.
Kihuctaelc répliqua.

— Tu as raison, d'accord, je passe devant !

Nous commencions tous à avancer dans la grotte. Le chemin était plutôt praticable.
Mais il y a quelque chose d'étrange... Le centaure n'a son air froid habituel... Et puis je me demande ce qu'ils ont tous d'un coup ? Mes compagnons on l'air beaucoup plus joviaux que tout à l'heure...  Et je n'ai jamais vu personne changer du tout au tout aussi rapidement. C'est comme si quelqu'un leur avait jeté un so...  MAIS OUI ! La femme illusionniste à peut-être ce genre de pouvoir. Même si ça me paraît impossible...
Elle m'a déjà fait voir de drôles de choses tout à l'heure même si tout ça m'apparait maintenant comme un lointain souvenir... C'était peut-être un rêve, pourtant ces choses me paraissaient tellement réelles. Je dévisage l'illusionniste. Cette femme aurait donc le pouvoir de modifier la réalité des êtres. Si c'est le cas, j'ai un tas de questions à lui poser.
En effet, après une discussion avec le mage fou nous nous étions rendu compte que les humains, de par leurs nature, étaient en règle générale extrêmement manipulables. Car même sans magie ou illusion on peut leurs faire croire un peu n'importe quoi et bien souvent, sans difficulté. Ce genre de constat à tendance à me faire un peu peur puisque je suis moi-même un être humain.
J'aimerais aussi savoir les limites de ses pouv...Soudainement l'illusionniste me prit le bras nerveusement, ce qui me sorti immédiatement de ma transe... J'étais tellement absorbé par mes pensés que je ne m'étais même pas rendu compte que deux énormes animaux ressemblant à des chauves souris se postaient devant nous. L'illusionniste à peur mais j'ai l'impression qu'elle se force à dompter son émotion pour ne pas s'enfuir. Les deux autres se trouvent non-loin de nous, en position d'attaque. Moi, je recherche une ouverture, prêt à dégainer mon épée. Soudainement, sans explication les deux chauves-souris géantes se mirent à partir dans tous les sens en se cognant contre les parois de la grotte. L'un d'eux se cogne vers le haut pendant que l'autre se dirige rapidement vers le sol. Il va s'écraser par terre. C'est ma chance.

— Je m'occupe de celui de gauche.

Je me détache du bras de l'illusionniste et je cours furtivement tout en dégainant ma lame. Dans ma course l'épée s'entoura d'une électricité jaune flamboyante. Aujourd'hui je me sens en forme et ma foudre à l'air plus violente et plus vive que la dernière fois.  
La bête s'écrasa sur le sol et sans perdre un instant je lui planta mon épée en pleine mâchoire. Le choc fît un bruit immensément fort. Pendant un combat, la discrétion, ce n'est pas truc...
La bête fût ensuite prise par de violentes convulsions provoquées par la charge électriques. On sent l'odeur de la chair qui a brulé à l'endroit de la plaie. L'autre monstre reprend subitement ces esprits et fonce vers moi. – L'immense bruit provoqué par le choc de l'épée d'Yvël empêche un instant l'ultrason de fleur de se propager correctement. – Mon épée est plantée profondément dans la mâchoire de l'autre montre, je n'ai pas assez de temps pour la dégainer et me protéger. Et rien à faire, mon aura électrique ne veut pas s'activer. J'ai dû mettre trop de charge pour l'attaque précédente...

Kihuctaelc reconnaît que l'idée d'Yvël est bonne, et passe donc devant nous. Il s'enfonce dans la grotte le premier. Sur la roche qui remplace la terre sous nos pas, ses sabots émettent un claudiquement régulier, qu'il nous est aisé de suivre à l'oreille, ce qui se révèle assez pratique, du fait de l'obscurité qui ne tarde pas à se refermer sur nous. Le chemin est en légère pente, et nous avançons prudemment. Derrière Kihuctaelc, nous amorçons un virage, et débouchons dans une section éclairée par des torches, fixées aux murs. Je préfère cela. Avancer sans voir ne me plaisait guère.

La pente s'adoucit, avant de cesser, et l'espace autour de nous croit, le chemin étroit laissant la place à une grande salle dallée... que gardent deux nocteras. Les monstres semblent nous attendre, en vol stationnaire devant l'entrée de la salle. A notre approche, ils ouvrent tous deux une gueule qui laisse dégoûter une substance noire et épaisse, à propos de laquelle je me souviens avoir lu qu'elle brûle et empêche le sang de coaguler... Dans un chuintement, je dégaine mes deux épées et me place en garde, tandis que Kihuctaelc s'empare de sa lance.

Soudain, un étrange phénomène s'empare de l'un des animaux. Celui-ci se met à voler en tous sens, à se cogner dans le plafond de la grotte, dans un pilier, dans le sol... Son attitude me semble tellement étrange que je ne pense pas immédiatement à réagir. Yvël se montre plus prompt que moi. Sa voix transperce le silence :

— Je m'occupe de celui de gauche.

Profitant du fait que le monstre s'écrase au sol, il se jette sur celui-ci, l'épée soudainement flamboyante d’électricité. Sa lame perce la mâchoire de l'animal, et une odeur de chair brûlée me parvient, tandis que la bête se met à convulser, sans doute du fait de l'électricité convoquée par le magicien. Nous voilà donc débarrassés de l'un des nocteras... mais l'autre, profitant du fait que l'épée du mage soit prisonnière des chaires de son compagnon mort, fonce vers Yvël, tous crocs dehors. Je me jette en avant, bloquant de mes lames l'attaque de la bête. Celle-ci, voyant sa proie lui échapper, s'élève dans les airs pour échapper à mes épées, avant de fondre de nouveau vers moi... sur son chemin, elle rencontre de nouveau mes lames. Elle remonte, hors de ma portée, avant que je puisse lui porter un coup. Je baisse légèrement ma garde, afin de l'inciter à revenir, tout en évaluant la situation d'un regard. La stratégie du noctera me fait penser à celle de la mère griffon. Le monstre m'attaque, puis s'envole pour se placer à bonne distance de mes lames. Je ne peux que le parer, et le fait de devoir me défendre d'une menace qui vient du haut me handicape. Yvël, l'épée toujours bloquée dans la mâchoire de la bête qu'il a tué, ne semble pas en capacité de m'aider. Violette, quant à elle, semble effrayée. En revanche Kihuctaelc... Le centaure est sans doute le seul à pouvoir m'apporter son aide.

Une nouvelle fois, le noctera attaque. Mes lames fendent l'air dans sa direction, mais le monstre esquive le coup, et se place de nouveau trop haut pour moi.

Telles des bestioles assoiffées de sang, agressives au possibles, les nocteras quittèrent leur position pour attaquer chacun une cible. Difficile de déterminer qui exactement, car avant de finir leur piqué, l'un des deux changea subitement de trajectoire et... se cogna contre une paroi. Il voleta en tous sens, se cogna encore plusieurs fois, sur la paroi ou sur le plafond. Sans aucune explication, il semblait déboussolé. Il faisait n'importe quoi, se faisait mal tout seul et oubliait ses cibles. Kihuctaelc fronça les sourcils, perplexe.

Yvël voulut s'occuper de ce noctera. Il se gardait la cible la plus facile. Pffff ! Aucune fierté. D'un autre côté, attaquer l'ennemi le plus faible en premier était une tactique éprouvée que même les animaux appliquaient pour se donner les chances maximales de réussite.
Le noctera tomba de lui-même au sol après un nouveau choc. Yvël le cloua avec son épée sans trop de difficulté, ajoutant même une décharge électrique. Kihuctaelc douta que cela fut nécessaire, la simple lame dans la gorge de la bestiole aurait suffi, mais bon... Yvël aimait faire démonstration de ses talents magiques. En tout cas, il n'avait pas loupé le noctera. Vite fait, bien fait.

L'autre voulut l'attaquer, voyant une opportunité. En effet, Yvël avait la lame de son épée engluée dans le styx de la mâchoire du premier noctera. Il avait un peu trop son attention fixée là-dessus et allait rester sans défense face à l'attaque du second noctera. Naliän fut le plus prompt à réagir pour le protéger. Ses deux épées forcèrent le noctera à dévier son piqué. La bestiole changea alors de cible, comprenant qu'elle devait percer la défense de Naliän d'abord si elle voulait pouvoir mordre Yvël ou Fleur. Sur le côté, Kihuctaelc trépignait, faisant tambouriner ses sabots sur le sol dallé, en agitant la queue. Il hésitait à donner un coup de lance, ne voulant pas risquer de blesser Naliän par mégarde.

Le noctera fondit sur Naliän mais dévia sa trajectoire au dernier moment pour rester hors de portée des deux épées. Il recommença la même chose une fois, puis une autre fois encore, comme dansant un ballet martial avec Naliän. Si ça n'avait pas été une bestiole corrompue par la magie noire, Kihuctaelc aurait presque pu trouver cela esthétique. Naliän risquait de baisser sa garde d'un moment à l'autre, et le noctera avait négligé le Centaure.

Kihuctaelc saisit donc sa chance : quand le noctera fondit sur Naliän pour la troisième fois consécutive, Kihuctaelc anticipa sa trajectoire et fendit l'air de sa lance. La pointe rencontra le corps du noctera et perfora sa chair. La chauve-souris démoniaque poussa un cri suraigu, et voleta maladroitement. Kihuctaelc ne l'avait pas proprement embroché, mais la blessure allait considérablement affaiblir la bestiole.

Alors que le noctera tentait de prendre de la hauteur pour se défendre alors que sa plaie saignait, Kihuctaelc fit un pas en avant, et leva la tête pour juger la hauteur du plafond et la possibilité de sa prochaine attaque. Son regard se fixa ensuite sur le noctera, dont il analysa les mouvements. Le Centaure était en concentration de chasseur. Le regard vif, les muscles prêts. Kihuctaelc se cabra en amorçant un geste de la lance vers l'arrière, puis tira. La lance fila droit pour aller transpercer le noctera qui fut emporté à l'autre bout de la pièce.

En reposant ses pattes avant au sol, le Centaure esquissa un geste victorieux, puis trotta jusqu'à sa lance. Il écrasa le noctera sous un sabot pour pouvoir retirer son arme, puis se tourna vers le reste du groupe.

KIHUCTAELC – J'en ai entendu quelques autres tout à l'heure, alors faisons attention.

Sans parler du flagellon...

Kihuctaelc – J'en ai entendu quelques autres tout à l'heure, alors faisons attention.

Je relève légèrement la tête et relâche ma main droite qui s’était posée sur le manche d’un de mes poignards. Je suis assise par terre, entortillée dans ma grande robe. Je suis tombée quand Yvël a attaqué le monstre, ce qui m’a déstabilisée. Ils se sont tous les trois battus avec fougue et je suis restée derrière sans savoir comment me dépatouiller de ma robe. J’étais prête à jeter mon poignard sur le deuxième monstre quand il s’est attaqué à Naliän, mais Kihuctaelc a été plus rapide que moi. Il maîtrise la lance à la perfection. Je me sens ridicule, assise comme ça par terre. Je me débrouille comme je peux pour me remettre debout et rejoindre les autres.

Le centaure a dit qu’il y en avait d’autre. Je frissonne malgré moi. Je n’aime pas du tout ces monstres. Je m’avance dans l’obscurité quand je sens quelque chose couler sur mon bras. Cette grotte est vraiment humide. L’eau est étonnement chaude. Plus que chaude, elle est brulante. Je cherche à la retirer avec le tissu de ma manche quand je remarque la marque rouge qu’elle m’a laissé. Ça me brule atrocement ! Je lève la tête pour voir d’où vient ce liquide quand je me retrouve nez-à-nez avec…

Violette – Des nocteras !

Ma voix n’est qu’un murmure. Dans la pénombre, ils ne sont pas bien visibles. Mais quand on regarde bien, on voit leurs effrayants visages tous orientés dans notre direction, comme s'ils n'avaient pas besoin de lumière pour percevoir notre présence. J’avance tout doucement, de peur de les rendre agressifs. Ils sont nombreux. Je n’ose pas les regarder, encore moins les compter. Je continue à avancer avec la plus grande discrétion, priant Kaluni de nous protéger.

Oh ! Je l'ai échappé belle ! L'épéiste à bloqué l'attaque de la bête. Maintenant je peux me permettre de retirer mon épée. L'épéiste va s'occuper du monstre restant. Puis j'imagine que Kihuctaelc ne va pas tarder à se joindre à lui. Bon, allons-y, retirons cette épée.
Après avoir tiré dessus pendant quelques secondes, je réussi enfin à retirer l'épée de la mâchoire du monstre. Le coup fût vif, ce qui projeta une goute de bave dans mes cheveux. Je sentais étrangement le postillon s'enfoncer dans ma chevelure, jusqu'à ce qu'il touche mon crâne. AH !! Mais ce truc me brûle !! Qu'est ce que c'est que ces bestiole étrange ! Leurs baves aurait-elle le  pouvoir de brûler ?
Mmmh les deux autres ont l'air d'avoir terminé leurs affaire. Tout en lui souriant, je me rapproche de l'illusionniste qui était restée en retrait.

— Continuons notre chemin !

La grosse voix du centaure raisonna dans la grotte.

— J'en ai entendu quelques autres tout à l'heure, alors faisons attention.

Nous nous enfonçons toujours plus dans cette grotte. Je me demande encore pourquoi les deux bestioles ce sont misent à délirer tout à l'heure. Qui sait, c'est peut-être encore un coup de l'illusionniste. Mmmh, si c'est le cas, je me demande vraiment où est la limite des son pouvoir... Mais du coup, pourquoi ne c'est elle pas mise à utiliser ses poignards ? Ahah ! Peut-être que j'aurais dû lui laisser le temps de réagir ! Maintenant que j'y pense, je suis le seul à connaitre les étranges pouvoirs de cette femme. Les deux autres doivent encore la penser faible. Peut-être que si je la pousse à montrer ses facultés aux autres elle sera ensuite plus légitime à leurs yeux...
Je regarde l'illusionniste en souriant et je lui mets ma main sur l'épaule.

— Si on se fait encore une fois attaquer, prépare toi à dégainer tes poignards et à utiliser tes pouvoirs bizarres. Je veux voir de quoi tu es capable. Puis au moins les deux autres arrêterons de te croire faible.

En lui parlant je ne faisais plus attention au sol et une roche mal placée me fît trébucher. Je faillis de tomber. L'attaque de tout à l'heure m'a un peu fatigué et mon attention à déjà beaucoup diminué. Il faut que je fasse attention à ne pas trop forcer, sinon les autres vont me retrouver aussi bizarre que l'autre jour...
En me redressant, je fais les gros yeux. Un quantité énorme de monstres chauves souris se postaient autour de nous. Mais eux ne nous attaquent pas, du moins pour l'instant. Tout ce que je peux  faire c'est avancer silencieusement en priant que tout ça ne soit qu'une hallucination de la femme illusionniste...

Soudain, la pointe de la lance de Kihuctaelc s'enfonce dans les chairs de mon assaillant. Celui-ci, visiblement souffrant, tente de s'élever, mais son vol faible n'est pas assez rapide, et la lance du centaure le transperce, le projetant loin de nous. Aucun doute, le monstre est mort. Je me retourne vers Kihuctaelc pour lui adresser un regard appréciateur. Il manie sa lance habilement, il n'y a pas à dire.

Le centaure nous conseille d'être prudent, puisqu'il a entendu d'autres spécimens de ces chauves-souris. J'acquiesce en silence. Nous reprenons notre marche, à l'écoute des bruits alentour, guettant la possible présence d'ennemis. Yvël et Violette échangent quelques mots, mais ils parlent trop bas pour que je saisisse ce qu'ils disent. Peut-être parlent-ils de ce qui nous attend, du combat qui vient de s'achever, ou de la pierre que nous recherchons. Moi, je me contente de suivre Kihuctaelc, qui ouvre toujours la marche, puisqu'il semble plus au fait que nous des dangers qui nous guttent en ces lieux.

Alors que nous avançons dans la grotte dont les ombres dansent à la lueur des torches murales, un murmure s'échappe des lèvres de Violette, troublant à peine le silence :

– Des nocteras !

Je lève les yeux dans la direction que ses yeux fixent. En effet, difficilement visibles dans l'obscurité, de nombreux nocteras volent au dessus de nos têtes. Leurs affreux visages sont tournés vers nous ; ils savent que nous sommes là. Ils ne font pour le moment pas mine d'attaquer, mais je crains qu'il ne faille pas grand-chose pour les faire changer d'avis. Peut-être sont-ils simplement en train de se demander combien de leurs estomacs nous pourrons remplir à nous quatre. En tous cas, étant donné leur nombre, il ne nous sera pas aisé de nous débarrasser d'eux s'ils se décident à fondre sur nous. Nerveux, je caresse la garde de mes épées.

Les autres ont repris leur marche en silence, et je suis le mouvement. Nous avançons tout doucement, et les nocteras ne bougent plus qu'à peine, leurs faces fixées sur nous. Le temps semble presque suspendu. Nous marchons sur une corde raide, en équilibre instable, et le moindre faux pas pourrait nous faire basculer dans le chaos des ailes de ces créatures.

Violette était ramassée dans sa robe, par terre, et la voyant ainsi, Kihuctaelc se demanda bien pourquoi elle restait avec eux. Elle avait dit qu'elle cherchait une grotte, soit, seulement elle n'avait rien précisé d'autre, il s'agissait peut-être d'une autre grotte, et même si c'était bien celle-ci, comment avait-elle pu espérer survivre seule ? Elle était tombée sur Nälian, Yvël et Kihuctaelc par hasard, eux-mêmes étant à la recherche d'une grotte abritant une pierre magique. Cela avait été une bienheureuse coïncidence pour elle. Seulement, Violette avait-elle vraiment espéré que cette grotte soit vierge de toute présence hostile ? C'était assez curieux. Soit elle était insouciante, soit elle cachait son jeu – mais quel intérêt avait-elle à se faire passer pour un boulet ?

Elle se releva et Yvël vint lui parler. Ces deux-là étaient décidemment très proches depuis le début. Kihuctaelc se contenta de reprendre la marche en tête, talonné par Nälian. Ils n'avancèrent pas longtemps avant que Violette s'exclame fébrilement :

FLEUR – Des nocteras !

Déjà ?! Kihuctaelc leva la tête, empoignant bien sa lance et agitant la queue. Il sursauta alors qu'Yvël venait simplement de trébucher sur une pierre. C'était bien le moment ! Cependant, les nocteras ne semblaient pas réagir. C'était étrange. Les deux premiers n'avaient pas hésité un instant avant de se montrer agressif, mais ceux-ci ne bougeait pas alors qu'ils étaient plus nombreux.

KIHUCTAELC – C'est quand même très étrange...

Ils ne pouvaient pas avoir peur des quatre aventuriers : les nocteras sont juste des bestioles agressives qui ne réfléchissent pas plus que ça ! Alors qu'est-ce qui les poussait à se tenir à distance comme ça ?
Alors qu'il réfléchissait tout en avançant lentement, le sabot antérieur droit du Centaure dérapa sur le sol, et il manqua se fouler la cheville. Réussissant à garder son équilibre, Kihuctaelc distingua par terre une petite flaque de glace qui n'avait rien à faire là. Comment aurait-elle pu se former ? Il ne faisait pas particulièrement froid dans cette grotte.

KIHUCTAELC – Le flagellon...

Et si les nocteras se tenaient à distance à cause de lui, justement ? Mais alors... cela signifierait qu'il se tenait tout près. Peut-être même dans cette pièce, dans un recoin d'ombre...

Yvël s’approche de moi et pose sa main sur mon épaule. C’est rassurant de le savoir ici. Je ne sais pas si j’aurais pu continuer seule avec les deux autres.

Yvël - Si on se fait encore une fois attaquer, prépare toi à dégainer tes poignards et à utiliser tes pouvoirs bizarres. Je veux voir de quoi tu es capable. Puis au moins les deux autres arrêteront de te croire faible.

J’écarquille les yeux. Ainsi donc ils me pensent faible. Voilà pourquoi ils estiment que je n’ai pas ma place ici. Les regards méfiants de Kihuctaelc confirment les mots d’Yvël. Mais dois-je pour autant leur faire croire que je suis forte ? Il me suffirait d’un petit sort pour me faire apprécier d’eux, cependant je n’en vois pas l’utilité puisque pour le moment, je veux juste trouver ce trésor le plus vite possible. Cependant, si Yvël veut vraiment voir ce dont je suis capable, même si ça n’a rien d’incroyable, je vais le lui montrer. Je le regarde droit dans les yeux et hoche cérémonieusement la tête, prête à me donner en spectacle.

Kihuctaelc – C’est quand même étrange…

De quoi ? Que se passe-t-il ? Les nocteras ne nous attaquent pas, nous restons discrets, tout va bien. Non. C’est justement trop calme. Les deux premiers nous ont attaqués, les autres sont dix fois plus nombreux mais se contentent de nous observer. Le centaure a raison, c’est étrange. En plus, il doit mieux comprendre les animaux que moi puisqu’il en est à moitié un, me dis-je sans imaginer à quel point j’ai tort.

Kihuctaelc – Le flagellon...

Déjà ? Je lève la tête et scrute l’horizon. Enfin, si on peut parler d’horizon dans une grotte sombre et pleine de parois. Je ne vois rien. Je retiens mon souffle et me concentre, faisant appel à mes autres sens que la vue. C’est la sensation de froid qui me permet de comprendre. Il se trouve sur notre gauche, à une distance respectable. Il ne fait aucun bruit, comme s’il était capable de ne pas respirer pour passer inaperçu. Je m’agrippe à la manche d’Yvël avant de me rappeler ses paroles. Ça va être à moi de jouer, je ne dois pas avoir peur.

D’un simple froncement de sourcils, je modifie la paroi de la grotte… du moins, c’est ce que le flagellon, Yvël et Naliän s’imaginent. Ils sont la cible de mon sort. Un inconsistant mur de pierre se dresse désormais entre notre ennemi et les deux humains. Il ne peut plus nous voir, il ne peut plus nous atteindre. D'autant plus que l'idée d'aller sonder ce mur ne va pas lui venir à l'esprit immédiatement quand il verra ma seconde illusion.

Pourquoi mon sort ne visait-il qu'eux-trois ? Simplement parce qu'ainsi le flagellon ne peut plus nous voir et Naliän et Yvël n'iront pas se faire tuer en l'attaquant au corps à corps.

Seuls Kihuctaelc et moi-même, sommes capable de le voir et… de le viser avec nos armes de jet.

Je n’en ai pas terminé pour autant. De l’autre côté de cet obstacle imaginaire apparaissent deux séfix. Ils défient le flagellon, s’approchent, s’éloignent, tournent autour de lui. Ça devrait l’occuper un moment. Je ne suis pas capable de permettre au centaure de les voir, mais je le lui explique sans faire aucun bruit. Encore une de mes illusions. Il entend directement dans sa tête mes instructions.



Le flagellon se contente de tourner légèrement sa tête de pieuvre, nous offrant la vision de son profil. Ses yeux brillent d’un éclat bleu. Il tend la main en avant et fait apparaitre de la glace. C’est impressionnant. Je peux voir le froid se déplacer dans la direction d’une de mes illusions. C’est le moment d'attaquer.

D’un geste vif, j’attrape un de mes poignards et le lance en direction de la tête de pieuvre, trop concentrée sur son sort pour se douter qu’une lame traversera la paroi de pierre pour se ficher dans son crâne.

Yvël et Naliän peuvent me voir lancer mon arme qui disparait à l’intérieur du mur.

La marche continue. Il y à tout ces monstres autour de nous. Si ils le voulaient ils pourraient en quelques secondes nous réduire en charpie...
L'illusionniste avait l'air d'accord lorsque je lui ai demandé de me montrer l'étendu de ses pouvoirs. J'ai hâte de voir ce que ça va donner et comment réagirons les deux autres.
La grotte est très sombre et il y a un courant d'air désagréable qui pousse ma mèche mes yeux. Du coup, je n'arrive pas a voir grand chose...
Une grosse voix résonne :

— C’est quand même étrange…

C'était le centaure Kihuctaelc. Il a dû capter quelque chose. Comment fait-il ? Et d'ailleurs, comment à t'il deviné les monstres de cette grotte sans y avoir poser un sabot ? Il a peut-être une technique particulière. J'irai lui poser la question tout a l'heure. Enfin, si nous sommes toujours en vie.

— Le flagellon...

Hein..? Le flagequoi ? Il parle d'un autre monstre ? Je remet ma mèche en place pour mieux voir. Mais je ne vois rien. L'illusionniste tient nerveusement la manche de mon haut. Je réponds à son geste par un regard motivé. Je crois voir le monstre, il est debout au fond de la salle. Il a une drôle de tête. Il me fait drôlement penser à un animal. Mais j'ai oublié lequel...
La partie de la grotte se met tout d'un coup à s'élargir jusqu'à former un mur entre le montre Naliän et moi. Ce mur, c'est forcement un coup de l'illusionniste. Je m'assoie par terre en observant patiemment la suite des événements. Je sens qu'elle va nous en mettre plein la vue.
J'entends le drôle de monstre s'agiter de l'autre coté du mur. Un le sifflement d'une lame qui se fait entendre puis le monstre se met à crier. Ses cris sont extrêmement désagréables...