Randonnées en montagne
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Orcande - forum de RP médiéval-fantastique :: Zones de RP :: Royaume d'Estandre :: Faeronhe et Denoronhe
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Randonnées en montagne
Nïn gémit, se retourne, passant d'une position inconfortable à une autre, tente de trouver le sommeil. La route n'en finit plus. Les cahots provoqués par le pas des chevaux et les accidents du terrain se répercutent dans sa tête, qui est posée au sol, tandis qu'elle cherche en vain le sommeil. Autour d'elle, les autres esclaves font de même. Elle remarque toutefois qu'elle est celle qui dispose du plus d'espace pour se rouler en boule : les autres ne veulent pas s'approcher d'elle. Tant mieux. Qu'ils la laissent tranquille. Elle sent encore dans sa chair les coups qu'elle a reçu la veille, à cause d'eux. Tout ça parce-que le tigrain et la femme lézard l'ont traitée de sorcière. Elle n'est pas une sorcière, elle a des mains magiques. Du moins, c'est ce que disait sa mère.
Elle soupire. Combien de temps ce trajet infernal va-t-il durer ? Elle a été embarquée à Tacomnal et, depuis, le convoi s'arrête dans toute ville susceptible d'accueillir un marché d'esclaves. Ils ont déjà traversé Estandre et sont repartis, sans que les vendeurs puissent lui trouver un acheteur. Ils lui en veulent pour cela, elle le sait, et cherchent n'importe quel prétexte pour s'en venger sur elle. Pourtant, elle essaie de se tenir tranquille, de présenter une bonne figure... Mais rien n'y fait. Ça doit être la façon dont les autres s'écartent d'elle, peut-être que cela met la puce à l'oreille des acquéreurs. Elle sait que les vendeurs pensaient pourtant avoir fait une bonne affaire avec elle. Ils l'ont achetée à ses anciens maîtres pur pas grand-chose. Elle a même eu envie de leur dire qu'ils se faisaient avoir... Mais, d'une part, on se moque de son avis et, de l'autre, ses maîtres étaient pressés de se débarrasser d'elle ; elle leur donnait mauvaise réputation. Leurs amis chuchotaient-ils qu'elle était une sorcière, eux aussi ?
Sous ses cheveux blancs et noirs en désordre, elle jette un regard mauvais aux autres. Ils ont bien raison de ne pas s'approcher. S'ils le font, elle se fera une joie de leur faire payer les coups qu'elle a reçu.
Soudain, le chariot s'arrête. Elle entend de l'agitation, dehors. Sans doute un centaure qui fait des siennes. Ceux là, ils ont du mal à comprendre qu'il leur faut obéir. La faute à une fierté mal placée, qui leur vaut bien des punitions. D'ailleurs, des voix s'élèvent, qui se mêlent aux cris du centaure. Quel idiot. Elle lui dirait bien de se calmer, que c'est le seul moyen de ne pas trop souffrir. Mais ce n'est pas ses affaires. Q'il se débatte, tant pis pour lui. Au fond d'elle, elle est un peu triste, car elle sait que cette flamme qui brûle encore chez lui ne va pas tarder à s'éteindre. Les hommes finiront par le briser, affirmant ainsi leur supériorité. Ou bien, s'ils n'y arrivent pas, le centaure finira par mourir. Elle ne peut rien pour lui, aussi s'efforce-t-elle de ne pas prêter attention au chahut.
Bientôt, celui-ci s'apaise, et on les fait descendre. Elle ne sait pas où ils sont, exactement, mais, d'après une des esclaves qui a quelques connaissances en géographie, c'est entre Tacomnal et les montagnes de Denoronhe. En tous cas, pour le moment, ils se trouvent dans un village moyen. L'un des vendeurs d'esclaves s'approche de Nïn, elle baisse humblement la tête tandis qu'il vérifie que les fers, à ses poignets et à ses chevilles, sont bien fixés. Malgré elle, elle jette un regard au centaure qui a lutté, un peu plus tôt. Il a la tête baissée, et semble épuisé. Toutefois, lorsqu'elle croise son regard l'espace d'un instant, elle peut voir ses yeux brûler d'un feu sombre... Il est loin d'être dompté.
Les esclaves sont entraînés à travers le village et Nïn, se cachant derrières ses mèches blanches piquetées de noir, essaie de voir ce que l'on y fait. En soit, voyager lui plaît. Elle découvre ainsi du pays, des personnes différentes... Les enfants, ici, ne sont pas habillés exactement comme ceux des maîtres qu'elle servait, avant. Les femmes ont des coiffures différentes. Elle trouve cela très nouveau, et très joli. Elle déplore simplement le terrible inconfort de ce voyage, la cruauté des hommes, et la bêtise des autres esclaves... D'ailleurs, rien que d'y penser, elle sent de nouveau la rage lui serrer la gorge. Si seulement ils pouvaient la laisser tranquille, ne pas la regarder ainsi, histoire qu'elle trouve enfin un acheteur, n'importe lequel... Elle sera toujours moins battue qu'ici. Il lui suffira de courber l'échine, de faire plaisir, et elle pourra se soustraire à la douleur. Ou du moins, elle l'espère.
Rapidement, les vendeurs d'esclaves trouvent une place de marché. Après quelques conciliabules, ils obtiennent un emplacement, commencent à y présenter les esclaves. Nïn tente de faire bonne figure. Elle regarde la foule, discrètement, pour ne manquer de respect à personne. Elle ne doit pas dévisager les humains, et surtout pas les regarder dans les yeux. Discrètement, donc, elle regarde ce qui se vend sur le marché. En attendant que ce soit son tours d'être présentée, elle s'émerveille des étoffes, regarde briller les bijoux. Elle renifle également tous ces effluves qui viennent à elle.
C'est le tour du centaure d'être présenté. Elle se désintéresse des autres éléments du marché pour le regarder. Il garde la tête haute. Elle voit dans son regard qu'il ne compte pas se laisser vendre. Elle retient son souffle. Un homme s'approche de lui, pour le jauger. Il palpe ses muscles, le mesure, caresse son poil. Le centaure frémit. Puis, soudain, alors que l'humain tente de vérifier ses sabots, le centaure abat son antérieur droit sur l'humain. Sous la force du coup, celui-ci est propulsé en arrière. Un grondement monte de la foule. Certains s'exclament, surpris, d'autres crient de peur, d'autres encore hurlent leur colère. Les yeux de Nïn restent fixés sur le centaure. Celui-ci se cabre. La demi-elfe voit bien que les chaînes, autour de ses jambes équines et de ses poignets humains, le gênent. Toutefois, il peut quand même frapper. Son sabot heurte un vendeur qui tentait de saisir sa laisse, qui pend à son cou, et l'envoie au sol. Les autres hésitent à l'approcher.
Nïn ne sait que faire. Certains des esclaves en profitent pour s'enfuir. Elle n'en voit pas l'intérêt. Quand bien même elle se sauverait des vendeurs, elle demeurerait ce qu'elle est : une demi-sang, et donc une esclave. Elle continue donc de regarder la scène, curieuse de voir si le centaure va pouvoir s'en sortir. Au fond d'elle, elle l'espère.
Elle soupire. Combien de temps ce trajet infernal va-t-il durer ? Elle a été embarquée à Tacomnal et, depuis, le convoi s'arrête dans toute ville susceptible d'accueillir un marché d'esclaves. Ils ont déjà traversé Estandre et sont repartis, sans que les vendeurs puissent lui trouver un acheteur. Ils lui en veulent pour cela, elle le sait, et cherchent n'importe quel prétexte pour s'en venger sur elle. Pourtant, elle essaie de se tenir tranquille, de présenter une bonne figure... Mais rien n'y fait. Ça doit être la façon dont les autres s'écartent d'elle, peut-être que cela met la puce à l'oreille des acquéreurs. Elle sait que les vendeurs pensaient pourtant avoir fait une bonne affaire avec elle. Ils l'ont achetée à ses anciens maîtres pur pas grand-chose. Elle a même eu envie de leur dire qu'ils se faisaient avoir... Mais, d'une part, on se moque de son avis et, de l'autre, ses maîtres étaient pressés de se débarrasser d'elle ; elle leur donnait mauvaise réputation. Leurs amis chuchotaient-ils qu'elle était une sorcière, eux aussi ?
Sous ses cheveux blancs et noirs en désordre, elle jette un regard mauvais aux autres. Ils ont bien raison de ne pas s'approcher. S'ils le font, elle se fera une joie de leur faire payer les coups qu'elle a reçu.
Soudain, le chariot s'arrête. Elle entend de l'agitation, dehors. Sans doute un centaure qui fait des siennes. Ceux là, ils ont du mal à comprendre qu'il leur faut obéir. La faute à une fierté mal placée, qui leur vaut bien des punitions. D'ailleurs, des voix s'élèvent, qui se mêlent aux cris du centaure. Quel idiot. Elle lui dirait bien de se calmer, que c'est le seul moyen de ne pas trop souffrir. Mais ce n'est pas ses affaires. Q'il se débatte, tant pis pour lui. Au fond d'elle, elle est un peu triste, car elle sait que cette flamme qui brûle encore chez lui ne va pas tarder à s'éteindre. Les hommes finiront par le briser, affirmant ainsi leur supériorité. Ou bien, s'ils n'y arrivent pas, le centaure finira par mourir. Elle ne peut rien pour lui, aussi s'efforce-t-elle de ne pas prêter attention au chahut.
Bientôt, celui-ci s'apaise, et on les fait descendre. Elle ne sait pas où ils sont, exactement, mais, d'après une des esclaves qui a quelques connaissances en géographie, c'est entre Tacomnal et les montagnes de Denoronhe. En tous cas, pour le moment, ils se trouvent dans un village moyen. L'un des vendeurs d'esclaves s'approche de Nïn, elle baisse humblement la tête tandis qu'il vérifie que les fers, à ses poignets et à ses chevilles, sont bien fixés. Malgré elle, elle jette un regard au centaure qui a lutté, un peu plus tôt. Il a la tête baissée, et semble épuisé. Toutefois, lorsqu'elle croise son regard l'espace d'un instant, elle peut voir ses yeux brûler d'un feu sombre... Il est loin d'être dompté.
Les esclaves sont entraînés à travers le village et Nïn, se cachant derrières ses mèches blanches piquetées de noir, essaie de voir ce que l'on y fait. En soit, voyager lui plaît. Elle découvre ainsi du pays, des personnes différentes... Les enfants, ici, ne sont pas habillés exactement comme ceux des maîtres qu'elle servait, avant. Les femmes ont des coiffures différentes. Elle trouve cela très nouveau, et très joli. Elle déplore simplement le terrible inconfort de ce voyage, la cruauté des hommes, et la bêtise des autres esclaves... D'ailleurs, rien que d'y penser, elle sent de nouveau la rage lui serrer la gorge. Si seulement ils pouvaient la laisser tranquille, ne pas la regarder ainsi, histoire qu'elle trouve enfin un acheteur, n'importe lequel... Elle sera toujours moins battue qu'ici. Il lui suffira de courber l'échine, de faire plaisir, et elle pourra se soustraire à la douleur. Ou du moins, elle l'espère.
Rapidement, les vendeurs d'esclaves trouvent une place de marché. Après quelques conciliabules, ils obtiennent un emplacement, commencent à y présenter les esclaves. Nïn tente de faire bonne figure. Elle regarde la foule, discrètement, pour ne manquer de respect à personne. Elle ne doit pas dévisager les humains, et surtout pas les regarder dans les yeux. Discrètement, donc, elle regarde ce qui se vend sur le marché. En attendant que ce soit son tours d'être présentée, elle s'émerveille des étoffes, regarde briller les bijoux. Elle renifle également tous ces effluves qui viennent à elle.
C'est le tour du centaure d'être présenté. Elle se désintéresse des autres éléments du marché pour le regarder. Il garde la tête haute. Elle voit dans son regard qu'il ne compte pas se laisser vendre. Elle retient son souffle. Un homme s'approche de lui, pour le jauger. Il palpe ses muscles, le mesure, caresse son poil. Le centaure frémit. Puis, soudain, alors que l'humain tente de vérifier ses sabots, le centaure abat son antérieur droit sur l'humain. Sous la force du coup, celui-ci est propulsé en arrière. Un grondement monte de la foule. Certains s'exclament, surpris, d'autres crient de peur, d'autres encore hurlent leur colère. Les yeux de Nïn restent fixés sur le centaure. Celui-ci se cabre. La demi-elfe voit bien que les chaînes, autour de ses jambes équines et de ses poignets humains, le gênent. Toutefois, il peut quand même frapper. Son sabot heurte un vendeur qui tentait de saisir sa laisse, qui pend à son cou, et l'envoie au sol. Les autres hésitent à l'approcher.
Nïn ne sait que faire. Certains des esclaves en profitent pour s'enfuir. Elle n'en voit pas l'intérêt. Quand bien même elle se sauverait des vendeurs, elle demeurerait ce qu'elle est : une demi-sang, et donc une esclave. Elle continue donc de regarder la scène, curieuse de voir si le centaure va pouvoir s'en sortir. Au fond d'elle, elle l'espère.
Nïn- Elite
- Race : demi-elfe
Re: Randonnées en montagne
Schizæ ferme les yeux pour se concentrer sur la sensation du vent qui lui caresse le visage, joue avec ses cheveux, se glisse partout sur sa peau, gonflant ses jupes en de grandes voiles bleues. S’il ne faisait pas si froid dans ce ciel d’automne, elle enlèverait quelques uns de tous ces excédant de tissus pour savourer la douceur des rayons de soleil sur sa peau. Le dragon la porte sur son dos. Le battement de ses ailes fait de grands bruits. Puis il se met à planer en silence. Ils n’ont pas échangé un mot depuis qu’il est venu la récupérer.
Cela fait un bout de temps que Schizæ grelotte. Ses lèvres bleuissent.
Le dragon finit par descendre. En dessous, c’est la fin de la forêt de Lagisse. Ils sont au pied des montagnes de Denoronhe. Mais Schizæ n’en sait rien, elle ne sait pas où elle se trouve. Elle sait seulement qu’elle est frigorifiée. Les arbres se rapprochent petit à petit. Ils finissent par se poser et Schizæ saute au sol. Devant elle s’étale une vaste étendue d’herbe. Quelques arbres poussent de-ci de-là. Leurs feuilles ont des teintes orange, rouges et ocre. Elles tombent en tourbillonnant, formant des pointes de couleur qui apparaissent et disparaissent au grès du vent. Le spectacle est splendide. Mais la fillette n’en a cure. Elle se tourne vers le dragon.
SCHIZÆ – Où sommes-nous ?
Le dragon ne répond pas. Il se contente de s’étaler au sol en crachant un petit nuage de fumé. Schizæ frictionne ses bras. Elle est toujours vêtue de sa robe Estanole bleue. Une chance que tante Ina lui ai choisi des robes cachant ses brulures, comme ça elles la couvrent bien. Mais ce n’est pas suffisant. Et puis, ils ont volé longtemps alors elle est affamée. La fillette se penche vers le dragon et pose son pied sur son museau pour le secouer un peu. Le dragon se relève d’un bond et la fait tomber au sol.
SCHIZÆ – Où sommes-nous ? Pourquoi tu me déposes ici et tu t’endors ? Fais au moins un peu de feu pour qu’on se réchauffe !
DRAGON – Occupe toi de toi-même petite fille.
Le dragon se retourne et s’enroule sur lui-même. Schizæ pousse un long soupire et s’assoit contre lui.
DRAGON –Il y a une ville d’humain pas loin. Va chercher ce dont tu as besoin pour te rendre là où tu dois te rendre.
SCHIZÆ – Retrouver… Jian ? Je ne sais même pas où il est.
DRAGON – Tu le sais.
SCHIZÆ – Dans les montagnes ? Je veux bien, mais c’est pas assez précis ça.
Le dragon redresse la tête, agacé. Il observe l’étendue montagneuse qui s’étend à l’horizon. Schizæ suit son regard.
Et il s’envole.
SCHIZÆ – HÉ ! Ne me laisse pas comme ça ! Je ne sais même pas où je suis ! Attends moi !
La fille a comme une impression de déjà vu. Elle se demande si cela se passera toujours comme ça avec ce dragon. Cette créature est une véritable énigme. Elle ne comprendra jamais rien à ce qu’il se passe dans sa tête.
Dépitée, elle observe le ciel de longues minutes. Puis le froid la décide à bouger. Elle n'a pas le choix. Elle avance tout droit. Il y a une route et elle la suit. La route la mène rapidement à un village. Le dragon n’a pas été bien prudent de s’approcher d’aussi près. Mais ça, la fille ne s’en rend pas compte. Elle s’avance à grand pas, ses jupes retroussées pour ne pas tomber. Elle finit par arriver à destination.
Elle marche le long des rues en maudissant le dragon. Il la fait débarquer dans une ville seule et sans autre affaire qu’une robe bourgeoise mais crasseuse. Elle revient d’Estandre. Du cimetière du domaine de Mortelune. Là où est enterrée sa famille de traitre. Enfin, plus maintenant puisque leurs tombes a été profanée. Elle ferme les yeux en essayant d’oublier le souvenir de sa sœur Valya réduite à l’état de cadavre ambulant. Dans cet état elle n’avait perdu son noble port. Elle n’était plus qu’un corps putréfié, amas d’os, certains encore entiers, d’autres brisés, reliés par des muscles atrophiés et noirs. Schizæ l'avait transformée en zombie. Et il y avait Solyana aussi. Mais son corps n’avait même pas pu tenir debout tellement il était abîmé. Les soldats Estanols s’étaient amusés avec elle, vivante, puis morte. Ils avaient saccagé son corps. Son corps n'était plus fonctionnel. Il ne restait plus que son esprit. Esprit qui avait pris possession de Salmissra, puis avait trouvé la force de prendre la forme d’un spectre. Schizæ frissonna en y repensant. Elles s’étaient vengées. Elles avaient tué Aliénor après lui avoir fait avouer ses crimes. Mais maintenant la fillette était dépositaire d’un bien lourd fardeau pour ses si frêles épaules. Elle avait fait une promesse qu’elle avait regretté avant même de l’avoir prononcée. Elle avait promis de rendre son titre de noblesse au descendant mâle de la famille de Triant. Le fils de Solyana, son neveu, devait devenir un noble gentilhomme. Et pas n'importe lequel. Il devait devenir le baron de Triant. Pour cela, il faudrait probablement qu’elle-même devienne une noble dame. Elle, la fille d’un traitre Estanol que plus personne ne connait. L’humour des dieux la laisse pantoise.
Si c’est une farce, elle était de très mauvais goût.
Bref, elle avance dans ses jupes sales et qui sentent encore la mort. Elle avance dans cette ville inconnue. Sans sous, sans amis, sans arme, sans nom. Sans rien. Elle se retrouve devant le marché. Un marché d’esclave. Elle se demande s’il vaut mieux faire la manche ou essayer de voler quelque chose. Il y a quelques enfants des rues. Elle les regarde regarder un centaure se débattre. Un esclave refusant sa condition.
En le regardant, Schizæ repense à Salmissra. Leur séparation n’a pas été prévue. La fillette a fuie, est monté sur le dragon et a disparu. Reverra-t-elle un jour la nagi ? Cette femme serpent est à la fois sa sœur, sa mère et son professeur. Un être si cher à son cœur. Mais désormais bien loin… De l’autre côté de la terre.
Le centaure la tire de ses pensées. Il se bat. Des esclaves s’enfuient. Il y a un tigrain typé chat qui escalade un mur et disparaît derrière les toits. Une femme essaie de courir, mais on la rattrape et la tabasse. Il y a une jeune minotaure tellement terrorisée qu’elle n’ose même pas bouger. Les yeux de Schizæ passent en revue le groupe désordonné d’esclaves. Il y a deux vieux séladiens, un demi-orc et une fille. Enfin, pas juste "fille", elle a une grâce inhumaine. Son regard est lointain. Très très lointain.
Les enfants de la rue commencent à pousser des cris pour exciter le centaure encore plus. Les maîtres d’esclaves ne sont plus maîtres de rien. Leurs marchandises sur pattes s’envolent d’elles même, trop heureuses de cette opportunité pour la laisser filer. Il n’y en a qu’une qui ne file pas. La jolie fille aux yeux dans le vague. Schizæ les croise, ces yeux de félin et elle lui lance un regard interrogateur. Qu’attend-elle pour s’échapper de cette vie d’esclavage ?
Et puis dans le tumulte, des gens essaient de rattraper les esclaves. Schizæ sent qu’on la tire par le bras.
HOMME – Là, j’en ai une !
Schizæ le traite de tous les noms, hurlant qu’elle n’est pas une esclave. Ses habits tous sales ne plaident pas sa cause, mais quand même, il faut être drôlement borné pour s’imaginer qu’elle est une esclave. Elle se tourne vers lui les yeux froncé et lui envoie tout le froid qu’elle est capable d’invoquer. L’homme la lâche en poussant un cri de surprise. Un vent glacé s’abat sur lui et le tétanise. Il n’est plus qu’un bloc de glace qui tombe au sol. Un de ses compagnons cherche à rattraper Schizæ mais la fille file entre les passants. Elle se retrouve à hauteur de la jolie esclave.
SCHIZÆ – Il faut fuir ! Cours !
Instinctivement, elle lui attrape le poignet et cours aussi vite que ses petites jambes le lui permettent.
Cela fait un bout de temps que Schizæ grelotte. Ses lèvres bleuissent.
Le dragon finit par descendre. En dessous, c’est la fin de la forêt de Lagisse. Ils sont au pied des montagnes de Denoronhe. Mais Schizæ n’en sait rien, elle ne sait pas où elle se trouve. Elle sait seulement qu’elle est frigorifiée. Les arbres se rapprochent petit à petit. Ils finissent par se poser et Schizæ saute au sol. Devant elle s’étale une vaste étendue d’herbe. Quelques arbres poussent de-ci de-là. Leurs feuilles ont des teintes orange, rouges et ocre. Elles tombent en tourbillonnant, formant des pointes de couleur qui apparaissent et disparaissent au grès du vent. Le spectacle est splendide. Mais la fillette n’en a cure. Elle se tourne vers le dragon.
SCHIZÆ – Où sommes-nous ?
Le dragon ne répond pas. Il se contente de s’étaler au sol en crachant un petit nuage de fumé. Schizæ frictionne ses bras. Elle est toujours vêtue de sa robe Estanole bleue. Une chance que tante Ina lui ai choisi des robes cachant ses brulures, comme ça elles la couvrent bien. Mais ce n’est pas suffisant. Et puis, ils ont volé longtemps alors elle est affamée. La fillette se penche vers le dragon et pose son pied sur son museau pour le secouer un peu. Le dragon se relève d’un bond et la fait tomber au sol.
SCHIZÆ – Où sommes-nous ? Pourquoi tu me déposes ici et tu t’endors ? Fais au moins un peu de feu pour qu’on se réchauffe !
DRAGON – Occupe toi de toi-même petite fille.
Le dragon se retourne et s’enroule sur lui-même. Schizæ pousse un long soupire et s’assoit contre lui.
DRAGON –Il y a une ville d’humain pas loin. Va chercher ce dont tu as besoin pour te rendre là où tu dois te rendre.
SCHIZÆ – Retrouver… Jian ? Je ne sais même pas où il est.
DRAGON – Tu le sais.
SCHIZÆ – Dans les montagnes ? Je veux bien, mais c’est pas assez précis ça.
Le dragon redresse la tête, agacé. Il observe l’étendue montagneuse qui s’étend à l’horizon. Schizæ suit son regard.
Et il s’envole.
SCHIZÆ – HÉ ! Ne me laisse pas comme ça ! Je ne sais même pas où je suis ! Attends moi !
La fille a comme une impression de déjà vu. Elle se demande si cela se passera toujours comme ça avec ce dragon. Cette créature est une véritable énigme. Elle ne comprendra jamais rien à ce qu’il se passe dans sa tête.
Dépitée, elle observe le ciel de longues minutes. Puis le froid la décide à bouger. Elle n'a pas le choix. Elle avance tout droit. Il y a une route et elle la suit. La route la mène rapidement à un village. Le dragon n’a pas été bien prudent de s’approcher d’aussi près. Mais ça, la fille ne s’en rend pas compte. Elle s’avance à grand pas, ses jupes retroussées pour ne pas tomber. Elle finit par arriver à destination.
Elle marche le long des rues en maudissant le dragon. Il la fait débarquer dans une ville seule et sans autre affaire qu’une robe bourgeoise mais crasseuse. Elle revient d’Estandre. Du cimetière du domaine de Mortelune. Là où est enterrée sa famille de traitre. Enfin, plus maintenant puisque leurs tombes a été profanée. Elle ferme les yeux en essayant d’oublier le souvenir de sa sœur Valya réduite à l’état de cadavre ambulant. Dans cet état elle n’avait perdu son noble port. Elle n’était plus qu’un corps putréfié, amas d’os, certains encore entiers, d’autres brisés, reliés par des muscles atrophiés et noirs. Schizæ l'avait transformée en zombie. Et il y avait Solyana aussi. Mais son corps n’avait même pas pu tenir debout tellement il était abîmé. Les soldats Estanols s’étaient amusés avec elle, vivante, puis morte. Ils avaient saccagé son corps. Son corps n'était plus fonctionnel. Il ne restait plus que son esprit. Esprit qui avait pris possession de Salmissra, puis avait trouvé la force de prendre la forme d’un spectre. Schizæ frissonna en y repensant. Elles s’étaient vengées. Elles avaient tué Aliénor après lui avoir fait avouer ses crimes. Mais maintenant la fillette était dépositaire d’un bien lourd fardeau pour ses si frêles épaules. Elle avait fait une promesse qu’elle avait regretté avant même de l’avoir prononcée. Elle avait promis de rendre son titre de noblesse au descendant mâle de la famille de Triant. Le fils de Solyana, son neveu, devait devenir un noble gentilhomme. Et pas n'importe lequel. Il devait devenir le baron de Triant. Pour cela, il faudrait probablement qu’elle-même devienne une noble dame. Elle, la fille d’un traitre Estanol que plus personne ne connait. L’humour des dieux la laisse pantoise.
Si c’est une farce, elle était de très mauvais goût.
Bref, elle avance dans ses jupes sales et qui sentent encore la mort. Elle avance dans cette ville inconnue. Sans sous, sans amis, sans arme, sans nom. Sans rien. Elle se retrouve devant le marché. Un marché d’esclave. Elle se demande s’il vaut mieux faire la manche ou essayer de voler quelque chose. Il y a quelques enfants des rues. Elle les regarde regarder un centaure se débattre. Un esclave refusant sa condition.
En le regardant, Schizæ repense à Salmissra. Leur séparation n’a pas été prévue. La fillette a fuie, est monté sur le dragon et a disparu. Reverra-t-elle un jour la nagi ? Cette femme serpent est à la fois sa sœur, sa mère et son professeur. Un être si cher à son cœur. Mais désormais bien loin… De l’autre côté de la terre.
Le centaure la tire de ses pensées. Il se bat. Des esclaves s’enfuient. Il y a un tigrain typé chat qui escalade un mur et disparaît derrière les toits. Une femme essaie de courir, mais on la rattrape et la tabasse. Il y a une jeune minotaure tellement terrorisée qu’elle n’ose même pas bouger. Les yeux de Schizæ passent en revue le groupe désordonné d’esclaves. Il y a deux vieux séladiens, un demi-orc et une fille. Enfin, pas juste "fille", elle a une grâce inhumaine. Son regard est lointain. Très très lointain.
Les enfants de la rue commencent à pousser des cris pour exciter le centaure encore plus. Les maîtres d’esclaves ne sont plus maîtres de rien. Leurs marchandises sur pattes s’envolent d’elles même, trop heureuses de cette opportunité pour la laisser filer. Il n’y en a qu’une qui ne file pas. La jolie fille aux yeux dans le vague. Schizæ les croise, ces yeux de félin et elle lui lance un regard interrogateur. Qu’attend-elle pour s’échapper de cette vie d’esclavage ?
Et puis dans le tumulte, des gens essaient de rattraper les esclaves. Schizæ sent qu’on la tire par le bras.
HOMME – Là, j’en ai une !
Schizæ le traite de tous les noms, hurlant qu’elle n’est pas une esclave. Ses habits tous sales ne plaident pas sa cause, mais quand même, il faut être drôlement borné pour s’imaginer qu’elle est une esclave. Elle se tourne vers lui les yeux froncé et lui envoie tout le froid qu’elle est capable d’invoquer. L’homme la lâche en poussant un cri de surprise. Un vent glacé s’abat sur lui et le tétanise. Il n’est plus qu’un bloc de glace qui tombe au sol. Un de ses compagnons cherche à rattraper Schizæ mais la fille file entre les passants. Elle se retrouve à hauteur de la jolie esclave.
SCHIZÆ – Il faut fuir ! Cours !
Instinctivement, elle lui attrape le poignet et cours aussi vite que ses petites jambes le lui permettent.
Schizae- Elite
- Race : Humain
Re: Randonnées en montagne
Les vendeurs abandonnent pour la plupart l'idée de reprendre le contrôle du centaure et essaient plutôt de récupérer ce qui reste des esclaves. Une fille est rattrapée alors qu'elle fuyait. Les coups pleuvent sur elle. Nïn, elle, reste là. Elle parvient à peine à comprendre ce qui les motive. Elle attend simplement de voir à qui sa possession va finalement échouer, dans tout ça.
Une voix enfantine s'élève soudain, chargée de colère. Elle a l'accent de l'indignation. Nïn se retourne, pour découvrir une fillette aux yeux verts qui se débat contre l'un des vendeurs. Elle n'était pas dans le convoi. De plus sa robe est certes sale, mais on peut voir qu'elle est de bonne facture, même si aucune des filles de ses anciens maître n'aurait accepté de la porter : sa coupe est plutôt démodée. Le vendeur n'en démord pas, et une chose étrange arrive soudain; l'homme se fige, comme glacé, et lâche l'enfant en s'effondrant au sol. La fille ne perd pas un instant, et part en courant. Nïn la voit arriver sur elle, criant:
-Il faut fuir ! Cours !
Courir? Mais pour... La main de l'enfant se referme sur son poignet et, de surprise, Nïn lui emboîte le pas dans un cliquetis de chaînes. Mais que fait-elle? Sait-elle qu'elle risque d'encourager les marchands d'esclaves à la suivre? Mais il faut remettre ces considérations à plus tard. Tout ce bazar va attirer des gardes, c'est certain.
Alors qu'elle fuit, une lourde main s'abat sur son bras. Elle est stoppée net dans son élan, et sent la poigne de l'enfant qui tire sur son poignet. C'est l'un des vendeurs qui l'a stoppée. Il va la punir, c'est certain, et sans doute de la façon la plus sévère. Son pouls s'affole, la panthère en elle hérisse sa fourrure. Elle se retourne d'un bloc, sa terreur se fond en rage, qui se focalise dans la main qui termine le bras que le marchand tient fermement, dans sa tenaille de main. Ce contact l'emprisonne, la brûle... Une flamme jaillit de sa paume en retour, qu'elle dirige vers les vêtements de l'homme. Au contact du combustible, le feu s'étend, elle en lâche le contrôle, revient à elle, découvre l'homme en feu, presque surprise du résultat. Il pousse un cri, la poigne qui l'emprisonnait disparaît. Les deux filles peuvent reprendre leur course.
Avec le poids des chaînes à ses pieds, Nïn a du mal à courir. Heureusement que la petite ne fait pas de grandes enjambées, elle ne pourrait pas suivre. La panique refluant, elle prend conscience de ce qu'elle a fait, et une vague de froid se répand en elle. Sous l'effet de la peur, la panthère a griffé son maître. Les inévitables représailles la font trembler.
Lorsqu'elles tournent à un coin de rue, elle attire la fillette dans un renfoncement du mur. Elle n'en peut plus et se sent incapable de courir davantage. Elle se laisse tomber au sol. Tandis qu'elle reprend son souffle, tout en espérant que personne ne les a suivies, elle jette un regard sur l'enfant. Elle se demande pourquoi elle l'a entraînée à sa suite. Que lui veut-elle? Un accès de méfiance la prend. Toutefois, celle-ci s'apaise rapidement. Elle se demande si la jeune humaine est perdue, ou s'il lui est arrivé un quelconque malheur, pour qu'elle se retrouve seule et sale, vêtue pourtant d'une robe de bonne facture. Elle voudrait demander à la fille ce qui lui est arrivé, mais elle ne veut pas être insolente. Avec ses maîtres, elle ne devait parler que lorsqu'elle y était invitée.
-Vous allez bien? Demande-t-elle simplement.
Une voix enfantine s'élève soudain, chargée de colère. Elle a l'accent de l'indignation. Nïn se retourne, pour découvrir une fillette aux yeux verts qui se débat contre l'un des vendeurs. Elle n'était pas dans le convoi. De plus sa robe est certes sale, mais on peut voir qu'elle est de bonne facture, même si aucune des filles de ses anciens maître n'aurait accepté de la porter : sa coupe est plutôt démodée. Le vendeur n'en démord pas, et une chose étrange arrive soudain; l'homme se fige, comme glacé, et lâche l'enfant en s'effondrant au sol. La fille ne perd pas un instant, et part en courant. Nïn la voit arriver sur elle, criant:
-Il faut fuir ! Cours !
Courir? Mais pour... La main de l'enfant se referme sur son poignet et, de surprise, Nïn lui emboîte le pas dans un cliquetis de chaînes. Mais que fait-elle? Sait-elle qu'elle risque d'encourager les marchands d'esclaves à la suivre? Mais il faut remettre ces considérations à plus tard. Tout ce bazar va attirer des gardes, c'est certain.
Alors qu'elle fuit, une lourde main s'abat sur son bras. Elle est stoppée net dans son élan, et sent la poigne de l'enfant qui tire sur son poignet. C'est l'un des vendeurs qui l'a stoppée. Il va la punir, c'est certain, et sans doute de la façon la plus sévère. Son pouls s'affole, la panthère en elle hérisse sa fourrure. Elle se retourne d'un bloc, sa terreur se fond en rage, qui se focalise dans la main qui termine le bras que le marchand tient fermement, dans sa tenaille de main. Ce contact l'emprisonne, la brûle... Une flamme jaillit de sa paume en retour, qu'elle dirige vers les vêtements de l'homme. Au contact du combustible, le feu s'étend, elle en lâche le contrôle, revient à elle, découvre l'homme en feu, presque surprise du résultat. Il pousse un cri, la poigne qui l'emprisonnait disparaît. Les deux filles peuvent reprendre leur course.
Avec le poids des chaînes à ses pieds, Nïn a du mal à courir. Heureusement que la petite ne fait pas de grandes enjambées, elle ne pourrait pas suivre. La panique refluant, elle prend conscience de ce qu'elle a fait, et une vague de froid se répand en elle. Sous l'effet de la peur, la panthère a griffé son maître. Les inévitables représailles la font trembler.
Lorsqu'elles tournent à un coin de rue, elle attire la fillette dans un renfoncement du mur. Elle n'en peut plus et se sent incapable de courir davantage. Elle se laisse tomber au sol. Tandis qu'elle reprend son souffle, tout en espérant que personne ne les a suivies, elle jette un regard sur l'enfant. Elle se demande pourquoi elle l'a entraînée à sa suite. Que lui veut-elle? Un accès de méfiance la prend. Toutefois, celle-ci s'apaise rapidement. Elle se demande si la jeune humaine est perdue, ou s'il lui est arrivé un quelconque malheur, pour qu'elle se retrouve seule et sale, vêtue pourtant d'une robe de bonne facture. Elle voudrait demander à la fille ce qui lui est arrivé, mais elle ne veut pas être insolente. Avec ses maîtres, elle ne devait parler que lorsqu'elle y était invitée.
-Vous allez bien? Demande-t-elle simplement.
Nïn- Elite
- Race : demi-elfe
Re: Randonnées en montagne
Schizæ s’est agrippée au poignet de la jolie fille, et elle court droit devant elle. Tout à coup sa course est stoppée. Elle se retourne pour découvrir avec horreur que la fille a été attrapée par un des vendeurs d’esclave. Mais… il se met à brûler ! Elle regarde la scène avec effroi sans comprendre ce qu’il se passe. La lumière de Kaluni a dû l’incendier sur place. Les dieux sont de leur côté ! Schizæ profite de la stupeur de la foule pour se remettre à courir. Cette fois-ci plus rien n’entrave leur course. Elle ne lâche pas la jolie fille parce que c’est rassurant de se retenir à quelqu’un. Ses escarpins la gênent et elle fixe le sol en zigzagant sur les pavés pour ne pas tomber. Elle peste en courant. Ses chaussures sont faîtes d’étoffes décorées. On habille les filles de trop longues jupes et on leur faire porter de belles chaussures pas fonctionnelles du tout. Tout ça pour les empêcher de s’enfuir devant les hommes.
Les dictons de la gouvernante lui reviennent en tête. "Jeune fille ne doit ni chanter, ni sauter, ni danser en public. Chasteté doit se montrer dans ses vêtements et sa contenance." Elle n’en a cure, de sa main libre elle soulève ses jupes et permet (ô sacrilège !) aux hommes de poser leurs yeux sur sa chaire nue. Qu’ils se fassent tous digérer par les entrailles de Sercanth, se dit la fillette, si on m’avait permis de porter des pantalons, personne n’aurait pu voir mes jambes !
Arrivée à un tournant, elle sent la jolie fille l’attirer dans une ruelle. Schizæ est emportée dans son élan et effectue un quart de tour sans même toucher le sol de ses pieds. Une fois parvenue au milieu de ce coupe-gorge, sa comparse tombe au sol, essoufflée. Schizæ est également à bout de souffle. Elle se retourne et jette un coup d’œil dans la rue principale. Mais l’agitation captive bien trop la foule pour qu’on fasse attention à elles. Le centaure doit continuer à faire des bêtises, et les autres esclaves aussi. C’est du gros n’importe quoi. La fillette aperçoit déjà des gardes qui écartent les gens sur leur passage.
SCHIZÆ – Rhaaaa quelle malaventure ! Ce fredain conchie ma réputation ! Balivernes ! Comme si MOI j’étais une esclave !
NÏN - Vous allez bien?
SCHIZÆ – Non. Je suis toute destourbée.
Schizæ est un peu étonnée par les intonations respectueuses, voir soumises, de la fille. Ça fait longtemps que plus personne ne la traite avec la déférence qu’elle mérite. A la fois parce que les gens ignorent qu’elle est noble, mais également du fait de son jeune âge. D’habitude on lui sourit comme si elle n’était qu’un bébé. Alors là, c’est agréable de s’entendre traiter de la sorte. Surtout par quelqu’un de plus âgé.
SCHIZÆ – Et toi, ça va ?
La fillette se tourne vers la jolie fille. Même si "une jeune fille doit garder les yeux baissés", elle dévisage sa comparse sans vergogne et envoie tous les opprimants dictons à Méphiti. La fuyarde a des yeux d’un bleu magnifique et profond. Elle est vraiment anormalement belle. Ses cheveux blancs et noirs sont un peu en bataille parce qu’elle a couru. Et, entre ses mèches folles, percent deux oreilles pointues. Schizæ les pointe du doigt.
SCHIZÆ – Oh ! Tu es une elfe ?
Les dictons de la gouvernante lui reviennent en tête. "Jeune fille ne doit ni chanter, ni sauter, ni danser en public. Chasteté doit se montrer dans ses vêtements et sa contenance." Elle n’en a cure, de sa main libre elle soulève ses jupes et permet (ô sacrilège !) aux hommes de poser leurs yeux sur sa chaire nue. Qu’ils se fassent tous digérer par les entrailles de Sercanth, se dit la fillette, si on m’avait permis de porter des pantalons, personne n’aurait pu voir mes jambes !
Arrivée à un tournant, elle sent la jolie fille l’attirer dans une ruelle. Schizæ est emportée dans son élan et effectue un quart de tour sans même toucher le sol de ses pieds. Une fois parvenue au milieu de ce coupe-gorge, sa comparse tombe au sol, essoufflée. Schizæ est également à bout de souffle. Elle se retourne et jette un coup d’œil dans la rue principale. Mais l’agitation captive bien trop la foule pour qu’on fasse attention à elles. Le centaure doit continuer à faire des bêtises, et les autres esclaves aussi. C’est du gros n’importe quoi. La fillette aperçoit déjà des gardes qui écartent les gens sur leur passage.
SCHIZÆ – Rhaaaa quelle malaventure ! Ce fredain conchie ma réputation ! Balivernes ! Comme si MOI j’étais une esclave !
NÏN - Vous allez bien?
SCHIZÆ – Non. Je suis toute destourbée.
Schizæ est un peu étonnée par les intonations respectueuses, voir soumises, de la fille. Ça fait longtemps que plus personne ne la traite avec la déférence qu’elle mérite. A la fois parce que les gens ignorent qu’elle est noble, mais également du fait de son jeune âge. D’habitude on lui sourit comme si elle n’était qu’un bébé. Alors là, c’est agréable de s’entendre traiter de la sorte. Surtout par quelqu’un de plus âgé.
SCHIZÆ – Et toi, ça va ?
La fillette se tourne vers la jolie fille. Même si "une jeune fille doit garder les yeux baissés", elle dévisage sa comparse sans vergogne et envoie tous les opprimants dictons à Méphiti. La fuyarde a des yeux d’un bleu magnifique et profond. Elle est vraiment anormalement belle. Ses cheveux blancs et noirs sont un peu en bataille parce qu’elle a couru. Et, entre ses mèches folles, percent deux oreilles pointues. Schizæ les pointe du doigt.
SCHIZÆ – Oh ! Tu es une elfe ?
Schizae- Elite
- Race : Humain
Re: Randonnées en montagne
Après s'être indignée contre le marchand qui l'a confondue avec une esclave, l'enfant lui répond:
– Non. Je suis toute destourbée.
Ses intonations sont franches, elle ne retient pas ses mots. Nïn croit deviner en elle un caractère bien trempée. Ses yeux verts sont volontaires et vifs, cette fille, malgré son jeune âge, ne doit pas se laisser marcher sur les pieds. Elle offre un contraste saisissant avec les enfants que la demi-elfe servait chez ses maîtres. Les filles n'avaient pas cette attitude directe, elles ne laissaient rien paraître, devant se montrer élégantes et discrètes en toutes circonstances. Cette enfant-là n'a pas cette retenue que Nïn a toujours trouvé si étrange. Elle semble plus... libre.
- Et toi, ça va ?
Elle ne lui parle pas de la même façon, non plus. La fillette se met à la dévisager sans discrétion, et Nïn ne sait trop où poser le regard. Le baisser devant cet examen l'angoisse, lui donne l'impression d'être sans défense. Quant à soutenir le regard vert vrillé sur elle, ce serait inconvenant. Elle baisse les yeux, les relève, les baisse derechef, légèrement hérissée. Soudain, la fille pointe le doigt sur elle -un geste mal accordé à la noblesse d'étoffe de ses robes- et l'interroge, désignant ses oreilles:
– Oh ! Tu es une elfe ?
Décidément, cette enfant est peu commune. D'un côté, cela inquiète Nïn, qui ne comprend pas son attitude, et qui ne sait trop comment réagir face à cette façon d'être. Mais, d'un autre, elle est intriguée. Le comportement de cette enfant, si naturel à côté de la façon guindée selon laquelle se tenaient ses jeunes maîtresses, a quelque-chose qui attire le regard. C'est un peu comme un rosier sauvage, qui n'est peut-être pas bien taillé comme son congénère domestique, mais a en lui quelque-chose de bien plus vrai. Nïn a toujours mieux aimé aimé les fleurs des bois que celles des jardins. Comme elle ne sait pas trop si l'enfant est de haut rang, elle le suppose, afin de ne pas lui manquer de respect:
-Une demi-elfe, Madame.
Puis, comme la fille n'a pas l'air du genre à la réprimander si aisément, elle a l'audace de demander:
-Vous êtes seule?
Il est vraiment très étrange de trouver une si jeune fille seule, avec de beaux vêtements tout sales, qui parcoure ainsi les rues. A moins qu'elle ne soit pauvre et n'ait volé ses vêtements... Mais quelque-chose dans son attitude -peut-être son indignation, sa façon de parler - ne corrobore pas avec cette hypothèse.
– Non. Je suis toute destourbée.
Ses intonations sont franches, elle ne retient pas ses mots. Nïn croit deviner en elle un caractère bien trempée. Ses yeux verts sont volontaires et vifs, cette fille, malgré son jeune âge, ne doit pas se laisser marcher sur les pieds. Elle offre un contraste saisissant avec les enfants que la demi-elfe servait chez ses maîtres. Les filles n'avaient pas cette attitude directe, elles ne laissaient rien paraître, devant se montrer élégantes et discrètes en toutes circonstances. Cette enfant-là n'a pas cette retenue que Nïn a toujours trouvé si étrange. Elle semble plus... libre.
- Et toi, ça va ?
Elle ne lui parle pas de la même façon, non plus. La fillette se met à la dévisager sans discrétion, et Nïn ne sait trop où poser le regard. Le baisser devant cet examen l'angoisse, lui donne l'impression d'être sans défense. Quant à soutenir le regard vert vrillé sur elle, ce serait inconvenant. Elle baisse les yeux, les relève, les baisse derechef, légèrement hérissée. Soudain, la fille pointe le doigt sur elle -un geste mal accordé à la noblesse d'étoffe de ses robes- et l'interroge, désignant ses oreilles:
– Oh ! Tu es une elfe ?
Décidément, cette enfant est peu commune. D'un côté, cela inquiète Nïn, qui ne comprend pas son attitude, et qui ne sait trop comment réagir face à cette façon d'être. Mais, d'un autre, elle est intriguée. Le comportement de cette enfant, si naturel à côté de la façon guindée selon laquelle se tenaient ses jeunes maîtresses, a quelque-chose qui attire le regard. C'est un peu comme un rosier sauvage, qui n'est peut-être pas bien taillé comme son congénère domestique, mais a en lui quelque-chose de bien plus vrai. Nïn a toujours mieux aimé aimé les fleurs des bois que celles des jardins. Comme elle ne sait pas trop si l'enfant est de haut rang, elle le suppose, afin de ne pas lui manquer de respect:
-Une demi-elfe, Madame.
Puis, comme la fille n'a pas l'air du genre à la réprimander si aisément, elle a l'audace de demander:
-Vous êtes seule?
Il est vraiment très étrange de trouver une si jeune fille seule, avec de beaux vêtements tout sales, qui parcoure ainsi les rues. A moins qu'elle ne soit pauvre et n'ait volé ses vêtements... Mais quelque-chose dans son attitude -peut-être son indignation, sa façon de parler - ne corrobore pas avec cette hypothèse.
Nïn- Elite
- Race : demi-elfe
Re: Randonnées en montagne
NÏN - Une demi-elfe, Madame.
La fillette ne peut retenir un pouffement. « Madame » qu’elle l’a appelée ! C’est drôle ! La jolie fille lui demande aussi si elle est seule, mais avant de répondre, Schizæ a des points à éclaircir.
SCHIZÆ – Demie-elfe ? C’est bizarre. Ma meilleure amie c’est une demie-serpent. Le bas de son corps est serpent, le haut est femme. Et toi ? T’as quelles parties du corps d’elfe et quelle partie d’humaine ?
Elle continue de la dévisager avec insistance et lui sourit à pleine dents.
SCHIZÆ – Tu es vraiment jolie. Comme les elfes. J’en ai jamais vu, mais c’est ce qui est écrit dans les contes. Tu as quel âge ? Tu es une esclave ? C’est qui tes maîtres ? Tu as quel âge ? Tu t’appelles comment ?
Elle se penche ensuite pour regarder les chaînes qui entravent les chevilles de la demie-elfe. Elle les attrape et essaie d’ouvrir le mécanisme pendant un long moment, tapant dessus, enfonçant des barrettes dans la serrure (parce que, c’est bien connu, les filles ont toujours des barrettes dans les cheveux). Elle tripatouille longuement le cadenas, mais rien n’y fait. Elle abandonne et se laisse tomber à même le sol. Elle retire une de ses chaussures pour regarder son pied tout abîmé. Et brusquement elle redresse la tête, se souvenant de la question que lui a posée la demie-elfe.
SCHIZÆ – Je ne suis pas seule. Je suis avec un dragon. Il m’a laissée ici pour que je récupère des affaires avant de le rejoindre. Le seul problème, c’est que je ne sais pas exactement où je dois le rejoindre. Quelque part dans la montagne… C’est pas très précis, mais c’est pas grave, il me retrouvera là haut. Il me retrouve tout le temps. Au fait, je m’appelle…
Elle se tait un instant. Réfléchis. Ki ? Schizæ ? Autre chose ? Elle peut se choisir le prénom qu’elle désire. Elle a longtemps voulu s’appeler Jehanne. Ou alors Guenièvre parce que ça sonne princesse, ou peut être Mélusine, parce que ça sonne fée. Elle hésite, hésite, hésite et se décide finalement.
SCHIZÆ – Schizæ. Et je suis une baronne. Je possède le domaine de Mortelune, à Estandre.
Ce n'est pas tout à fait vrai, mais ça le sera bientôt. Ce n'est donc pas un mensonge mais une vérité en devenir.
La fillette ne peut retenir un pouffement. « Madame » qu’elle l’a appelée ! C’est drôle ! La jolie fille lui demande aussi si elle est seule, mais avant de répondre, Schizæ a des points à éclaircir.
SCHIZÆ – Demie-elfe ? C’est bizarre. Ma meilleure amie c’est une demie-serpent. Le bas de son corps est serpent, le haut est femme. Et toi ? T’as quelles parties du corps d’elfe et quelle partie d’humaine ?
Elle continue de la dévisager avec insistance et lui sourit à pleine dents.
SCHIZÆ – Tu es vraiment jolie. Comme les elfes. J’en ai jamais vu, mais c’est ce qui est écrit dans les contes. Tu as quel âge ? Tu es une esclave ? C’est qui tes maîtres ? Tu as quel âge ? Tu t’appelles comment ?
Elle se penche ensuite pour regarder les chaînes qui entravent les chevilles de la demie-elfe. Elle les attrape et essaie d’ouvrir le mécanisme pendant un long moment, tapant dessus, enfonçant des barrettes dans la serrure (parce que, c’est bien connu, les filles ont toujours des barrettes dans les cheveux). Elle tripatouille longuement le cadenas, mais rien n’y fait. Elle abandonne et se laisse tomber à même le sol. Elle retire une de ses chaussures pour regarder son pied tout abîmé. Et brusquement elle redresse la tête, se souvenant de la question que lui a posée la demie-elfe.
SCHIZÆ – Je ne suis pas seule. Je suis avec un dragon. Il m’a laissée ici pour que je récupère des affaires avant de le rejoindre. Le seul problème, c’est que je ne sais pas exactement où je dois le rejoindre. Quelque part dans la montagne… C’est pas très précis, mais c’est pas grave, il me retrouvera là haut. Il me retrouve tout le temps. Au fait, je m’appelle…
Elle se tait un instant. Réfléchis. Ki ? Schizæ ? Autre chose ? Elle peut se choisir le prénom qu’elle désire. Elle a longtemps voulu s’appeler Jehanne. Ou alors Guenièvre parce que ça sonne princesse, ou peut être Mélusine, parce que ça sonne fée. Elle hésite, hésite, hésite et se décide finalement.
SCHIZÆ – Schizæ. Et je suis une baronne. Je possède le domaine de Mortelune, à Estandre.
Ce n'est pas tout à fait vrai, mais ça le sera bientôt. Ce n'est donc pas un mensonge mais une vérité en devenir.
Schizae- Elite
- Race : Humain
Re: Randonnées en montagne
Au lieu de lui répondre, la fillette se met à l'assommer de question. Un flot de paroles ininterrompues sort de sa bouche, et Nïn écarquille les yeux tout en tâchant de retenir toutes ces interrogations. L'enfant lui parle d'une amie à elle avec le haut du corps humain et le bas du corps serpent, lui demande comment il en va pour elle, lui dit qu'elle est jolie comme les elfes, tout en avouant n'en avoir jamais vu. Puis elle lui demande son âge, comment elle s'appelle... Nïn essaie de répondre tant bien que mal, tandis que l'enfant s'attaque à ses chaînes, sortant des épingles de ses cheveux pour forcer le mécanisme.
-Eh bien... Je ne sais pas trop, ce n'est pas partagé de la même façon chez moi, mais plutôt mélangé. J'ai seize ans, je m'appelle Nïn, oui je suis une esclave. Mes maîtres étaient de riches propriétaires terriens tacomans, mais ils m'ont revendue aux marchands ambulants.
La fille a abandonné ses chaînes, et a ôté une de ses chaussures, elle regarde fixement son pied. Nïn se demande si elle a mal quelque-part. Encore une fois, elle ne se comporte pas comme il sied à une noble, ce qui amuse la demi-elfe. La fillette se redresse soudain, brusquement, et Nïn se demande un instant si on les a repérées. Mais non, l'enfant reprend simplement la parole, pour lui expliquer que non, elle n'est pas seule, mais est avec un dragon qui lui a donné rendez-vous dans les montagnes. Nïn tique. Un dragon? La fille en parle comme si cela était tout à fait normal. Est-ce une façon de se moquer d'elle? Nïn doute, mais l'enfant est si naturelle... Soit. Un dragon. Après tout, elle a déjà entendu des humains qui pensaient que les elfes étaient éteints... N'importe quoi. Comment des demi-elfes pourraient-ils exister en ce cas?
La fille continue, lui annonçant qu'elle s'appelle Schizae, et qu'elle est baronne d'un domaine appelé Mortelune. Ainsi donc, Nïn avait raison. Cette enfant est bien une noble. Et elle doit être particulièrement importante, si elle traite avec des dragons. Tout cela est fascinant. Nïn en serait presque contente d'avoir été revendue, pour avoir pris part aux derniers évènements. Presque. Parce-que, en même temps, elle se sent un peu perdue. Elle s'est échappée. Un tel acte, pour une esclave, est très grave. Elle frissonne. Il ne faut pas qu'on les retrouve, ou elle ne donne pas cher de sa peau. Mais que va-t-elle faire? Schizae l'a-t-elle entraînée avec elle pour la prendre à son service? En tant que baronne, avoir des esclaves pour la servir doit certainement lui manquer.
Nïn se souvient que les autres esclaves avaient justement parlé de montagnes. Elles ne doivent pas être loin. Ce mot, teinté d'un certain mystère, la fait vibrer. Les montagnes, elle les a vues une fois - mais ce n'étaient pas les mêmes que celles-ci. Elle les a observées de loin, enfant encore et une corde, en elle, s'est tendue. La sensation en est gravée dans sa mémoire. Cette hauteur, qui écrase et invite dans le même temps à l'envol. Cette immensité, qui fait se sentir si petit, mais éveille un sentiment si grand. Oui, elle aimerait bien aller dans les montagnes, gravir ces pentes qu'elle a vues de loin, respirer l'air que fréquente les oiseaux.
Elle lève les yeux et, un instant, plonge dans le regard vert de Schizae. Elle demande, dans un murmure:
-Vous voudriez de moi pour aller retrouver votre... ami?
Elle pourra lui préparer à manger, lui laver ses vêtements, soigner ses cheveux... Cette petite noble est bien plus intéressante que tous ceux qu'elle a pu croiser jusqu'ici, et la servir semble promettre voyage et aventure. Si elle ne veut pas d'elle, Nïn a bien peur de se retrouver à la rue, cible des violences du premier humain hostile aux autres races venu, interdite de se défendre - une demi-elfe n'a pas à blesser un humain - incapable de manger, promise sans doute à une vie de misère, à moins de se vendre pour un autre type d'esclavage. Elle préfère servir un humain, surtout si elle peut avoir une maîtresse telle que celle-ci.
-Eh bien... Je ne sais pas trop, ce n'est pas partagé de la même façon chez moi, mais plutôt mélangé. J'ai seize ans, je m'appelle Nïn, oui je suis une esclave. Mes maîtres étaient de riches propriétaires terriens tacomans, mais ils m'ont revendue aux marchands ambulants.
La fille a abandonné ses chaînes, et a ôté une de ses chaussures, elle regarde fixement son pied. Nïn se demande si elle a mal quelque-part. Encore une fois, elle ne se comporte pas comme il sied à une noble, ce qui amuse la demi-elfe. La fillette se redresse soudain, brusquement, et Nïn se demande un instant si on les a repérées. Mais non, l'enfant reprend simplement la parole, pour lui expliquer que non, elle n'est pas seule, mais est avec un dragon qui lui a donné rendez-vous dans les montagnes. Nïn tique. Un dragon? La fille en parle comme si cela était tout à fait normal. Est-ce une façon de se moquer d'elle? Nïn doute, mais l'enfant est si naturelle... Soit. Un dragon. Après tout, elle a déjà entendu des humains qui pensaient que les elfes étaient éteints... N'importe quoi. Comment des demi-elfes pourraient-ils exister en ce cas?
La fille continue, lui annonçant qu'elle s'appelle Schizae, et qu'elle est baronne d'un domaine appelé Mortelune. Ainsi donc, Nïn avait raison. Cette enfant est bien une noble. Et elle doit être particulièrement importante, si elle traite avec des dragons. Tout cela est fascinant. Nïn en serait presque contente d'avoir été revendue, pour avoir pris part aux derniers évènements. Presque. Parce-que, en même temps, elle se sent un peu perdue. Elle s'est échappée. Un tel acte, pour une esclave, est très grave. Elle frissonne. Il ne faut pas qu'on les retrouve, ou elle ne donne pas cher de sa peau. Mais que va-t-elle faire? Schizae l'a-t-elle entraînée avec elle pour la prendre à son service? En tant que baronne, avoir des esclaves pour la servir doit certainement lui manquer.
Nïn se souvient que les autres esclaves avaient justement parlé de montagnes. Elles ne doivent pas être loin. Ce mot, teinté d'un certain mystère, la fait vibrer. Les montagnes, elle les a vues une fois - mais ce n'étaient pas les mêmes que celles-ci. Elle les a observées de loin, enfant encore et une corde, en elle, s'est tendue. La sensation en est gravée dans sa mémoire. Cette hauteur, qui écrase et invite dans le même temps à l'envol. Cette immensité, qui fait se sentir si petit, mais éveille un sentiment si grand. Oui, elle aimerait bien aller dans les montagnes, gravir ces pentes qu'elle a vues de loin, respirer l'air que fréquente les oiseaux.
Elle lève les yeux et, un instant, plonge dans le regard vert de Schizae. Elle demande, dans un murmure:
-Vous voudriez de moi pour aller retrouver votre... ami?
Elle pourra lui préparer à manger, lui laver ses vêtements, soigner ses cheveux... Cette petite noble est bien plus intéressante que tous ceux qu'elle a pu croiser jusqu'ici, et la servir semble promettre voyage et aventure. Si elle ne veut pas d'elle, Nïn a bien peur de se retrouver à la rue, cible des violences du premier humain hostile aux autres races venu, interdite de se défendre - une demi-elfe n'a pas à blesser un humain - incapable de manger, promise sans doute à une vie de misère, à moins de se vendre pour un autre type d'esclavage. Elle préfère servir un humain, surtout si elle peut avoir une maîtresse telle que celle-ci.
Nïn- Elite
- Race : demi-elfe
Re: Randonnées en montagne
Nïn répond consciencieusement à chacune des questions de la petite humaine. Il s’agit bien d’une esclave. Même qu’elle vient de Tacomnal. Heureusement, elle n’a pas l’accent dur qu’ont les gens de la région. Elle a une voix mielleuse, aussi douce que son visage. Ça doit venir de ses origines. Sans trop creuser la question, Schizæ suppose qu’elle n’est pas née esclave à Tacomnal.
NÏN - Vous voudriez de moi pour aller retrouver votre... ami ?
Son ami ? Schizæ met un certain temps à comprendre que Nïn parle du dragon. La fillette ne peut s’empêcher de faire une petite moue. Ce dragon n’a rien à voir avec un ami. Ce n’est qu’un aliboron qui se croit plus intelligent que tout le monde. Un pompeux reptile qui s’amuse à apparaître pour disparaître la seconde suivante. Certes, il l’a sauvée par deux fois. Il n’empêche, ce dragon aime bien trop jouer aux énigmes pour que la fillette le considère comme un ami.
Les intonations obéissantes de Nïn la laissent pantoise. La dernière fois qu’elle a voulu marquer la supériorité qui lui était due de par son sang bleu, on lui a rit au nez. Elle y repense un instant, à cet Artanis… un séladien bien trop sûr de lui pour reconnaître une quelconque hiérarchie. Il avait beau l’appeler « princesse », il ne lui montrait pas le respect que cette demie-elfe lui présente. Malgré son peu de discernement, la fillette devine qu’elle a tout intérêt à voyager aux côtés de Nïn. Pas seulement parce qu’elle aura à nouveau le rôle de la noble demoiselle _même si c’est la principale raison_ mais aussi parce que, quand même, c’est dangereux de voyager seule en montagne quand on est une petite fille.
SCHIZÆ – Tu veux venir ? Mais, tu sais, ça peut être dangereux pour une jeune fille comme toi. Hum… Qu’est-ce que tu sais faire ?
Schizæ aimerait vraiment avoir une esclave ! Ou juste un peu de compagnie. Parce que, en vrai, ça l’effraie un peu de devoir affronter la montagne seule. Mais comment faire passer Nïn pour son esclave alors qu’elle-même ressemble plus à une vagabonde qu’à une baronne dans ces vêtements tout sales ? Et à l’inverse, Nïn ne pourra jamais se faire passer pour une "femme" libre tant qu’elle aura ses fers aux pieds.
Voilà qui pose soucis…
SCHIZÆ – Bon, c'est d'accord. Je t'emmène. Mais comment on va faire pour ça ?
La fillette désigne les chaînes entravant les jambes de l'esclave.
NÏN - Vous voudriez de moi pour aller retrouver votre... ami ?
Son ami ? Schizæ met un certain temps à comprendre que Nïn parle du dragon. La fillette ne peut s’empêcher de faire une petite moue. Ce dragon n’a rien à voir avec un ami. Ce n’est qu’un aliboron qui se croit plus intelligent que tout le monde. Un pompeux reptile qui s’amuse à apparaître pour disparaître la seconde suivante. Certes, il l’a sauvée par deux fois. Il n’empêche, ce dragon aime bien trop jouer aux énigmes pour que la fillette le considère comme un ami.
Les intonations obéissantes de Nïn la laissent pantoise. La dernière fois qu’elle a voulu marquer la supériorité qui lui était due de par son sang bleu, on lui a rit au nez. Elle y repense un instant, à cet Artanis… un séladien bien trop sûr de lui pour reconnaître une quelconque hiérarchie. Il avait beau l’appeler « princesse », il ne lui montrait pas le respect que cette demie-elfe lui présente. Malgré son peu de discernement, la fillette devine qu’elle a tout intérêt à voyager aux côtés de Nïn. Pas seulement parce qu’elle aura à nouveau le rôle de la noble demoiselle _même si c’est la principale raison_ mais aussi parce que, quand même, c’est dangereux de voyager seule en montagne quand on est une petite fille.
SCHIZÆ – Tu veux venir ? Mais, tu sais, ça peut être dangereux pour une jeune fille comme toi. Hum… Qu’est-ce que tu sais faire ?
Schizæ aimerait vraiment avoir une esclave ! Ou juste un peu de compagnie. Parce que, en vrai, ça l’effraie un peu de devoir affronter la montagne seule. Mais comment faire passer Nïn pour son esclave alors qu’elle-même ressemble plus à une vagabonde qu’à une baronne dans ces vêtements tout sales ? Et à l’inverse, Nïn ne pourra jamais se faire passer pour une "femme" libre tant qu’elle aura ses fers aux pieds.
Voilà qui pose soucis…
SCHIZÆ – Bon, c'est d'accord. Je t'emmène. Mais comment on va faire pour ça ?
La fillette désigne les chaînes entravant les jambes de l'esclave.
Schizae- Elite
- Race : Humain
Re: Randonnées en montagne
Schizae semble contrariée par la proposition et, un instant, Nïn craint qu'elle ne refuse. Mais la raison de sa contrariété devait être autre, car elle lui répond:
– Tu veux venir ? Mais, tu sais, ça peut être dangereux pour une jeune fille comme toi. Hum… Qu’est-ce que tu sais faire ?
Par respect, Nïn ne lui fait pas remarquer que c'est sans doute encore plus dangereux pour elle. Une jeune noble comme elle aurait été si facile à prendre en otage, de sorte à faire du chantage à sa famille... Elle se contente de répondre:
-Je peux chasser pour vous, et vous trouver des végétaux comestibles pour assortir la viande. Je peux cuisiner, même si je ne suis pas à la hauteur des véritables cuisiniers -je me contentais de les assister. Je peux également vous défendre contre vos ennemis, je sais me battre. Je peux aussi m'occuper de vos vêtements et de vos cheveux, et je peux danser et chanter pour vous distraire.
Nïn n'aime pas se vendre ainsi. Devoir plier à ce point lui donne toujours un certain pincement au coeur, la hérisse. Elle aurait presque envie de montrer les crocs. Elle en veut aux humains, de l'avoir arrachée à sa forêt, d'avoir transformée l'enfant qu'elle était pour en faire une créature docile, d'avoir dressé l'once sauvage pour en faire un animal de spectacle. Mais c'est ainsi, elle n'a pas le choix, alors elle le fait, elle expose ses capacités, dans l'espoir que la jeune humaine jugera cela suffisant. Elle ne lui parle juste pas de ses mains magiques. Ça lui vaut toujours d'être traitée de sorcière. Sorcière, ça sonne négatif, ça fait peur. Elle n'est pas une sorcière. Elle a juste une affinité avec l'eau, la terre, le feu et l'air, qui se concentre dans ses mains. Et elle a l'âme d'une once, aussi. C'était ce que disait sa mère : "tu as l'âme d'une once, et la capacité d'assortir ton corps à cela... l'once est même tellement présente en toi qu'elle se reflète dans tes yeux et tes cheveux".
L'enfant semble réfléchir, puis lui donne sa réponse:
– Bon, c'est d'accord. Je t'emmène.
Nïn sourit. Une bouffée de joie et de soulagement la traverse. Mais Schizae poursuit, en désignant ses chaînes:
- Mais comment on va faire pour ça ?
Ça, c'est une bonne question. Les fers vont en effet la gêner pour marcher, et elle risque de ralentir Schizae. Elle grimace en se rendant compte qu'elle n'a pas trop le choix... A part les faire fondre, quelle option ont-elles? Elle va devoir dire à sa nouvelle maîtresse ce qu'elle peut faire, et cela ne l'enchante guère.
-J'ai peut-être une idée, mais il ne faut pas que cela vous effraie. J'ai... des mains magiques, je peux en faire jaillir du feu. Je pense que si je dirige la flamme sur les fers, ça devrait les faire fondre.
Elle approche ses deux mains de sa cheville droite et se concentre sur ses paumes. Lorsque c'est ainsi, elle ne voit plus rien de ce qui l'entoure, tant son attention se fixe sur ses mains et les éléments qu'elle tente de contrôler. Deux flammes surgissent, elle les dirige vers l'acier qui la retient prisonnière. Celui-ci rougeoie, puis commence à changer d'aspect. Bientôt, il se met à fondre. Nïn parvient à libérer sa cheville, et revient à elle. Aussitôt, une douleur irradie de sa jambe, et elle grimace. En fondant, le fer lui a laissé une brûlure, qu'elle n'avait pas senti durant l'opération, tant elle était concentrée. Le pire, c'est qu'elle ne peut invoquer l'eau comme elle le fait avec le feu. Comme il n'y a pas de source d'eau à proximité, elle ne peut rien pour sa brûlure.
Il lui faut maintenant s'occuper de son autre cheville. Elle invoque de nouveau des flammes dans ses mains, et réitère l'opération, tâchant cette fois d'éviter de se blesser. Lorsque le fer la libère, elle éteint ses flammes et sort de l'espère de transe dans laquelle elle se plonge. Sa cheville la pique un peu, mais elle ne s'est presque pas brûler. En revanche, elle est maintenant fatiguée. Faire apparaître du feu la fatigue, et diriger ses flammes de façon si précise l'épuise plus encore. Elle se retourne vers Schizae, en espérant que celle-ci ne décide pas comme ses anciens maître qu'une esclave qui contrôle le feu fasse mauvais genre.
-Les chaînes ne nous gêneront plus, Madame.
– Tu veux venir ? Mais, tu sais, ça peut être dangereux pour une jeune fille comme toi. Hum… Qu’est-ce que tu sais faire ?
Par respect, Nïn ne lui fait pas remarquer que c'est sans doute encore plus dangereux pour elle. Une jeune noble comme elle aurait été si facile à prendre en otage, de sorte à faire du chantage à sa famille... Elle se contente de répondre:
-Je peux chasser pour vous, et vous trouver des végétaux comestibles pour assortir la viande. Je peux cuisiner, même si je ne suis pas à la hauteur des véritables cuisiniers -je me contentais de les assister. Je peux également vous défendre contre vos ennemis, je sais me battre. Je peux aussi m'occuper de vos vêtements et de vos cheveux, et je peux danser et chanter pour vous distraire.
Nïn n'aime pas se vendre ainsi. Devoir plier à ce point lui donne toujours un certain pincement au coeur, la hérisse. Elle aurait presque envie de montrer les crocs. Elle en veut aux humains, de l'avoir arrachée à sa forêt, d'avoir transformée l'enfant qu'elle était pour en faire une créature docile, d'avoir dressé l'once sauvage pour en faire un animal de spectacle. Mais c'est ainsi, elle n'a pas le choix, alors elle le fait, elle expose ses capacités, dans l'espoir que la jeune humaine jugera cela suffisant. Elle ne lui parle juste pas de ses mains magiques. Ça lui vaut toujours d'être traitée de sorcière. Sorcière, ça sonne négatif, ça fait peur. Elle n'est pas une sorcière. Elle a juste une affinité avec l'eau, la terre, le feu et l'air, qui se concentre dans ses mains. Et elle a l'âme d'une once, aussi. C'était ce que disait sa mère : "tu as l'âme d'une once, et la capacité d'assortir ton corps à cela... l'once est même tellement présente en toi qu'elle se reflète dans tes yeux et tes cheveux".
L'enfant semble réfléchir, puis lui donne sa réponse:
– Bon, c'est d'accord. Je t'emmène.
Nïn sourit. Une bouffée de joie et de soulagement la traverse. Mais Schizae poursuit, en désignant ses chaînes:
- Mais comment on va faire pour ça ?
Ça, c'est une bonne question. Les fers vont en effet la gêner pour marcher, et elle risque de ralentir Schizae. Elle grimace en se rendant compte qu'elle n'a pas trop le choix... A part les faire fondre, quelle option ont-elles? Elle va devoir dire à sa nouvelle maîtresse ce qu'elle peut faire, et cela ne l'enchante guère.
-J'ai peut-être une idée, mais il ne faut pas que cela vous effraie. J'ai... des mains magiques, je peux en faire jaillir du feu. Je pense que si je dirige la flamme sur les fers, ça devrait les faire fondre.
Elle approche ses deux mains de sa cheville droite et se concentre sur ses paumes. Lorsque c'est ainsi, elle ne voit plus rien de ce qui l'entoure, tant son attention se fixe sur ses mains et les éléments qu'elle tente de contrôler. Deux flammes surgissent, elle les dirige vers l'acier qui la retient prisonnière. Celui-ci rougeoie, puis commence à changer d'aspect. Bientôt, il se met à fondre. Nïn parvient à libérer sa cheville, et revient à elle. Aussitôt, une douleur irradie de sa jambe, et elle grimace. En fondant, le fer lui a laissé une brûlure, qu'elle n'avait pas senti durant l'opération, tant elle était concentrée. Le pire, c'est qu'elle ne peut invoquer l'eau comme elle le fait avec le feu. Comme il n'y a pas de source d'eau à proximité, elle ne peut rien pour sa brûlure.
Il lui faut maintenant s'occuper de son autre cheville. Elle invoque de nouveau des flammes dans ses mains, et réitère l'opération, tâchant cette fois d'éviter de se blesser. Lorsque le fer la libère, elle éteint ses flammes et sort de l'espère de transe dans laquelle elle se plonge. Sa cheville la pique un peu, mais elle ne s'est presque pas brûler. En revanche, elle est maintenant fatiguée. Faire apparaître du feu la fatigue, et diriger ses flammes de façon si précise l'épuise plus encore. Elle se retourne vers Schizae, en espérant que celle-ci ne décide pas comme ses anciens maître qu'une esclave qui contrôle le feu fasse mauvais genre.
-Les chaînes ne nous gêneront plus, Madame.
Nïn- Elite
- Race : demi-elfe
Re: Randonnées en montagne
Nïn explique à Schizæ qu’elle a "des mains magiques". Elle affirme pouvoir en faire sortir du feu. La fillette n’en croit pas ses oreilles. La demie-elfe a le même pouvoir qu’Artanis ! Avec plaisir, elle se souvient des oiseaux de feu qu'invoquait son ami. Elle se rappelle aussi les enseignements qu'il lui avait prodigués. Il lui avait appris à maîtriser le feu. Enfin, il avait tenté de le lui apprendre. Elle avait juste réussi à créer une petite flamme sur une feuille morte.
Tout ça semble si lointain.
Nïn ne prête pas attention à l’air soucieux de la fillette. Elle est concentrée sur sa magie. Comme elle l’a prédit, elle fait fondre le métal qui entrave sa cheville droite. Quand Schizæ sent l’odeur de la chaire brûlée, il est déjà trop tard. Nïn s’est blessée. La fillette souffre pour elle. Se bruler la peau comme ça, ça doit être vraiment douloureux. Mais la demie-elfe ne laisse paraître qu’une petite grimace. Elle est courageuse, se dit Schizæ. Tandis qu’elle se penche sur sa seconde chaîne, Schizæ attrape un morceau de son jupon pour entourer la cheville gauche de Nïn pour faire un obstacle entre le fer et la peau. La deuxième opération se déroule mieux que la première, mais le jupon est en partie brulé. Cela ne pose aucun soucis à l’enfant qui le re-cache sous ses jupes.
NÏN - Les chaînes ne nous gêneront plus, Madame.
SCHIZÆ – Tu m'apprendras à faire ça ?
Schizæ sourit à la jolie fille. Elle se rend alors compte que cette dernière à l’air épuisée. Elles devraient trouver un endroit où dormir. Mais voilà, ce n’est pas si évident que ça… Elle se tourne vers Nïn en se demandant si elle doit lui avouer qu’elle n’a ni argent, ni… rien du tout.
Elle réfléchit un peu. Chez elle, où allaient les nécessiteux ? Hum… Ah oui, c’est vrai… Son père les "envoyait Sercanth" à coup de pied. Les pauvres-gens n’avaient aucune place au domaine de Triant. Mais par contre… ça y est, elle s’en souvient !
SCHIZÆ – Allons dans un temple. Même si ce village est minable, il doit bien avoir un temple quelque part ! On pourra s’y reposer.
La petite fille se lève et tend la main à Nïn en souriant.
Tout ça semble si lointain.
Nïn ne prête pas attention à l’air soucieux de la fillette. Elle est concentrée sur sa magie. Comme elle l’a prédit, elle fait fondre le métal qui entrave sa cheville droite. Quand Schizæ sent l’odeur de la chaire brûlée, il est déjà trop tard. Nïn s’est blessée. La fillette souffre pour elle. Se bruler la peau comme ça, ça doit être vraiment douloureux. Mais la demie-elfe ne laisse paraître qu’une petite grimace. Elle est courageuse, se dit Schizæ. Tandis qu’elle se penche sur sa seconde chaîne, Schizæ attrape un morceau de son jupon pour entourer la cheville gauche de Nïn pour faire un obstacle entre le fer et la peau. La deuxième opération se déroule mieux que la première, mais le jupon est en partie brulé. Cela ne pose aucun soucis à l’enfant qui le re-cache sous ses jupes.
NÏN - Les chaînes ne nous gêneront plus, Madame.
SCHIZÆ – Tu m'apprendras à faire ça ?
Schizæ sourit à la jolie fille. Elle se rend alors compte que cette dernière à l’air épuisée. Elles devraient trouver un endroit où dormir. Mais voilà, ce n’est pas si évident que ça… Elle se tourne vers Nïn en se demandant si elle doit lui avouer qu’elle n’a ni argent, ni… rien du tout.
Elle réfléchit un peu. Chez elle, où allaient les nécessiteux ? Hum… Ah oui, c’est vrai… Son père les "envoyait Sercanth" à coup de pied. Les pauvres-gens n’avaient aucune place au domaine de Triant. Mais par contre… ça y est, elle s’en souvient !
SCHIZÆ – Allons dans un temple. Même si ce village est minable, il doit bien avoir un temple quelque part ! On pourra s’y reposer.
La petite fille se lève et tend la main à Nïn en souriant.
Schizae- Elite
- Race : Humain
Re: Randonnées en montagne
Nïn est reconnaissante à Schizae d'avoir sacrifié un morceau de ses habits pour la protéger. Le bout de tissu est maintenant brûlé, mais la fillette ne semble pas s'en soucier. Elle lui demande plutôt:
– Tu m'apprendras à faire ça ?
Nïn en est très surprise. Cela ne lui fait pas peur? Ne la dérange pas? Elle adresse un sourire à l'enfant. Cette jeune dame est vraiment différente des autres, et sa visible soif d'apprendre séduit la demi-elfe.
-J'essaierai, promis!
L'enfant semble plongée dans ses pensées. Puis ses traits changent d'expression, et elle décide:
– Allons dans un temple. Même si ce village est minable, il doit bien avoir un temple quelque part ! On pourra s’y reposer.
Elle se relève, sourit, et tend une main à Nïn, qui la prend sans hésiter. Elle se met debout, et retiens un gémissement. La chair brûlée de sa cheville droite la fait souffrir. Toutefois, elle fait bonne figure. Lorsqu'on l'a capturée, enfant, on l'a marquée au fer rouge, et c'était bien pire que ça. Et les punitions qu'elle a reçu, du fait de leur répétition, étaient plus dures également. Elle tient donc bon, en se répétant que c'est sans doute tout ce qu'elle aura à subir avant un bout de temps, puisqu'elle voit mal Schizae la fouetter ou la battre.
Le duo arpente les rues, et Nïn fait de son mieux pour ne pas boiter. Le village n'est pas très grand, et elles ont tôt fait de trouver un temple. Là, Nïn se retourne vers sa jeune maîtresse. Elle ne s'est jamais reposée dans un temple, et ne sait pas grand-chose de ceux-ci, à part que l'on y prie les dieux, et qu'il y a même certaines personnes qui y restent tout le temps car elles ont voué leur existence aux dieux. Elle n'a jamais vraiment compris ce que ces lieux avaient de particulier, et pourquoi il valait mieux s'adresser aux dieux là qu'ailleurs. Pour elle, il est plus logique de faire cela dans la nature, mais les humains ont des traditions différentes. Elle demande à Schizae:
-Est-ce qu'on peut entrer juste comme ça? Personne ne va nous chasser?
Elle est un peu inquiète. Elle ne fait pas trop confiance aux humains, qui méprisent tout ce qui est en dessous d'eux. Elle craint que Schizae, du fait de ses vêtements sales et abîmés, ne soit mal traitée. Mais peut-être que les humains des temples sont différents. Elle se tient toutefois prête à invoquer des flammes ou à se transformer, au cas où. Elle n'a pas le droit de s'attaquer à des humains, elle le sait, mais s'ils s'en prennent à sa maîtresse, alors, c'est différent.
– Tu m'apprendras à faire ça ?
Nïn en est très surprise. Cela ne lui fait pas peur? Ne la dérange pas? Elle adresse un sourire à l'enfant. Cette jeune dame est vraiment différente des autres, et sa visible soif d'apprendre séduit la demi-elfe.
-J'essaierai, promis!
L'enfant semble plongée dans ses pensées. Puis ses traits changent d'expression, et elle décide:
– Allons dans un temple. Même si ce village est minable, il doit bien avoir un temple quelque part ! On pourra s’y reposer.
Elle se relève, sourit, et tend une main à Nïn, qui la prend sans hésiter. Elle se met debout, et retiens un gémissement. La chair brûlée de sa cheville droite la fait souffrir. Toutefois, elle fait bonne figure. Lorsqu'on l'a capturée, enfant, on l'a marquée au fer rouge, et c'était bien pire que ça. Et les punitions qu'elle a reçu, du fait de leur répétition, étaient plus dures également. Elle tient donc bon, en se répétant que c'est sans doute tout ce qu'elle aura à subir avant un bout de temps, puisqu'elle voit mal Schizae la fouetter ou la battre.
Le duo arpente les rues, et Nïn fait de son mieux pour ne pas boiter. Le village n'est pas très grand, et elles ont tôt fait de trouver un temple. Là, Nïn se retourne vers sa jeune maîtresse. Elle ne s'est jamais reposée dans un temple, et ne sait pas grand-chose de ceux-ci, à part que l'on y prie les dieux, et qu'il y a même certaines personnes qui y restent tout le temps car elles ont voué leur existence aux dieux. Elle n'a jamais vraiment compris ce que ces lieux avaient de particulier, et pourquoi il valait mieux s'adresser aux dieux là qu'ailleurs. Pour elle, il est plus logique de faire cela dans la nature, mais les humains ont des traditions différentes. Elle demande à Schizae:
-Est-ce qu'on peut entrer juste comme ça? Personne ne va nous chasser?
Elle est un peu inquiète. Elle ne fait pas trop confiance aux humains, qui méprisent tout ce qui est en dessous d'eux. Elle craint que Schizae, du fait de ses vêtements sales et abîmés, ne soit mal traitée. Mais peut-être que les humains des temples sont différents. Elle se tient toutefois prête à invoquer des flammes ou à se transformer, au cas où. Elle n'a pas le droit de s'attaquer à des humains, elle le sait, mais s'ils s'en prennent à sa maîtresse, alors, c'est différent.
Nïn- Elite
- Race : demi-elfe
Re: Randonnées en montagne
Les deux filles avancent au hasard. De rues en maisons, elles finissent enfin par arriver devant un temple. Les statues qui le décorent ont beau être bien plus simples que celles des temples d’Estandre, il n’est pas bien difficile de reconnaître la déesse de la lumière.
NÏN - Est-ce qu'on peut entrer juste comme ça ? Personne ne va nous chasser ?
SCHIZÆ – Bien sûr que non ! Kaluni est bonne. Ses serviteurs aussi. Viens.
Ses paroles ont beau être assurées, intérieurement la fille n’en mène pas large. Dormir dans un temple comme une vulgaire enfant des rues, c’est insupportable. Mais bon, elle est passée par bien pire dans sa vie. Elles entrent dans les jardins et avancent en silence entre les allées délimitées par des arbustes scintillants d’ocre et de vermillon. A chaque mouvement de leurs jupes, les feuilles mortes tourbillonnent. Schizæ n’est pas d’humeur à jouer avec ces éclats de couleurs, elle se contente d’avancer droit devant elle avec un air sérieux.
Il n’y a personne devant la porte principale. Comme celle-ci est grande ouverte, Schizæ entre sans manière et jette des coups d’œil alentours. Une moniale finit par arriver et les accueille avec un grand sourire. Schizæ fait une petite courbette.
MONIALE – Bonsoir. Que puis-je faire pour vous jeunes filles ?
SCHIZÆ – Bonsoir. Nous sommes à la recherche d’un abri pour la nuit. Serait-il possible que vous nous hébergiez ce soir ?
La moniale les regarde en hésitant. Elle finit par hocher la tête et leur demande de la suivre. Elles avancent donc toutes trois dans les entrailles du temple.
MONIALE – Les nuits commencent à fraîchir. L’air des montagnes a beau avoir du bon, il attire désormais les indigents vers nous. Bientôt il ne sera plus possible pour personne de dormir dehors. (Elle se tait un instant, puis reprend :) C’est ce que vous faisiez ? Vous savez, ce temple accueille les orphelins. Nous vous donnerons le pain et prierons avec vous, en échange de quoi vous n’aurez qu’à nous aider dans certaines tâches monastiques.
Les poils de la fillette se hérissent. Son nez se plisse. Non mais vraiment, pour qui cette femme la prend-elle ? Schizæ ne fait pas partie de ces personnes-là ! Mais elle garde son calme et se contente de refuser poliment. Elle utilise le langage élaboré dans lequel elle a bercé afin de donner une chance à la moniale de se rendre compte de son erreur. La pauvre, ce n’est pas sa faute si elle ne voit pas plus loin que le bout de son nez. On ne peut pas en vouloir aux imbéciles d’être ce qu’ils sont…
SCHIZÆ – Vous êtes bien brave. Cependant nous aurons à partir demain dès l'aube. Nous sommes attendues ailleurs.
Très loin de ce trou rempli de paysans illettrés, pense-t-elle en boudant.
Le village est bien plus petit que n’importe quelle ville du royaume. Il y a peu de clochards et de vagabonds. Le temple peut donc prendre en charge les plus démunis. Là où la fillette à grandi, les serviteurs des dieux ne pouvaient pas toujours se le permettre.
Les filles se retrouvent dans une petite chambre sans fenêtre. Il y a déjà une mère qui sert ses deux enfants contre elle, ainsi qu’un jeune garçon qui a l’air d’être tout seul. Sans leur adresser la parole, Schizæ prend deux des couvertures empilées dans un coin. Elle les étale au sol, plaçant celle destinée à Nïn tout près d’elle. Ce sera sa première nuit loin de Salmissra. C’est un peu effrayant, mais heureusement, Nïn est là. Son joli visage a quelque chose de rassurant.
SCHIZÆ – Ça te va Nïn ? Il faut que tu te reposes un peu. Demain, tu devras aller chercher tout ce dont on aura besoin pour le voyage. Mais pour l'instant tu peux dormir.
NÏN - Est-ce qu'on peut entrer juste comme ça ? Personne ne va nous chasser ?
SCHIZÆ – Bien sûr que non ! Kaluni est bonne. Ses serviteurs aussi. Viens.
Ses paroles ont beau être assurées, intérieurement la fille n’en mène pas large. Dormir dans un temple comme une vulgaire enfant des rues, c’est insupportable. Mais bon, elle est passée par bien pire dans sa vie. Elles entrent dans les jardins et avancent en silence entre les allées délimitées par des arbustes scintillants d’ocre et de vermillon. A chaque mouvement de leurs jupes, les feuilles mortes tourbillonnent. Schizæ n’est pas d’humeur à jouer avec ces éclats de couleurs, elle se contente d’avancer droit devant elle avec un air sérieux.
Il n’y a personne devant la porte principale. Comme celle-ci est grande ouverte, Schizæ entre sans manière et jette des coups d’œil alentours. Une moniale finit par arriver et les accueille avec un grand sourire. Schizæ fait une petite courbette.
MONIALE – Bonsoir. Que puis-je faire pour vous jeunes filles ?
SCHIZÆ – Bonsoir. Nous sommes à la recherche d’un abri pour la nuit. Serait-il possible que vous nous hébergiez ce soir ?
La moniale les regarde en hésitant. Elle finit par hocher la tête et leur demande de la suivre. Elles avancent donc toutes trois dans les entrailles du temple.
MONIALE – Les nuits commencent à fraîchir. L’air des montagnes a beau avoir du bon, il attire désormais les indigents vers nous. Bientôt il ne sera plus possible pour personne de dormir dehors. (Elle se tait un instant, puis reprend :) C’est ce que vous faisiez ? Vous savez, ce temple accueille les orphelins. Nous vous donnerons le pain et prierons avec vous, en échange de quoi vous n’aurez qu’à nous aider dans certaines tâches monastiques.
Les poils de la fillette se hérissent. Son nez se plisse. Non mais vraiment, pour qui cette femme la prend-elle ? Schizæ ne fait pas partie de ces personnes-là ! Mais elle garde son calme et se contente de refuser poliment. Elle utilise le langage élaboré dans lequel elle a bercé afin de donner une chance à la moniale de se rendre compte de son erreur. La pauvre, ce n’est pas sa faute si elle ne voit pas plus loin que le bout de son nez. On ne peut pas en vouloir aux imbéciles d’être ce qu’ils sont…
SCHIZÆ – Vous êtes bien brave. Cependant nous aurons à partir demain dès l'aube. Nous sommes attendues ailleurs.
Très loin de ce trou rempli de paysans illettrés, pense-t-elle en boudant.
Le village est bien plus petit que n’importe quelle ville du royaume. Il y a peu de clochards et de vagabonds. Le temple peut donc prendre en charge les plus démunis. Là où la fillette à grandi, les serviteurs des dieux ne pouvaient pas toujours se le permettre.
Les filles se retrouvent dans une petite chambre sans fenêtre. Il y a déjà une mère qui sert ses deux enfants contre elle, ainsi qu’un jeune garçon qui a l’air d’être tout seul. Sans leur adresser la parole, Schizæ prend deux des couvertures empilées dans un coin. Elle les étale au sol, plaçant celle destinée à Nïn tout près d’elle. Ce sera sa première nuit loin de Salmissra. C’est un peu effrayant, mais heureusement, Nïn est là. Son joli visage a quelque chose de rassurant.
SCHIZÆ – Ça te va Nïn ? Il faut que tu te reposes un peu. Demain, tu devras aller chercher tout ce dont on aura besoin pour le voyage. Mais pour l'instant tu peux dormir.
Schizae- Elite
- Race : Humain
Re: Randonnées en montagne
Schizae l'assure que personne ne les chasserai du temple, et lui ordonne de la suivre. Nïn lui emboîte donc le pas à travers des jardins plantés d'arbustes. Elle respire à plein nez le parfum de l'herbe et des feuilles, qui volettent autour d'elle, brunes et mortes. Elles arrivent à une grande porte, béante. Schizae entre, et une femme vient à leur rencontre - sans doute une de ces personnes qui demeurent dans le temple pour servir les dieux. Nïn laisse parler sa maîtresse et garde les yeux baissés tandis que celle-ci demande un refuge pour la nuit. La femme, après quelques instants de silence, accepte, avant de leur dire:
– Les nuits commencent à fraîchir. L’air des montagnes a beau avoir du bon, il attire désormais les indigents vers nous. Bientôt il ne sera plus possible pour personne de dormir dehors. (Elle se tait un instant, puis reprend :) C’est ce que vous faisiez ? Vous savez, ce temple accueille les orphelins. Nous vous donnerons le pain et prierons avec vous, en échange de quoi vous n’aurez qu’à nous aider dans certaines tâches monastiques.
Nïn voit Schizae se tendre. La femme la prend pour une enfant des rues, et cela ne plaît pas à la jeune baronne. Celle-ci adopte des intonations nobles pour répliquer:
– Vous êtes bien brave. Cependant nous aurons à partir demain dès l'aube. Nous sommes attendues ailleurs.
Sa voix a quelque-chose de pincé, qui laisse percevoir son mécontentement. Sans s'en offusquer, la femme les conduit jusqu'à une petite chambre, où les deux filles pourront passer la nuit. La pièce est déjà occupée : une femme et ses deux enfants partagent une étreinte, et un jeune garçon se tient dans un autre coin. Celui-ci semble être un véritable orphelin. Quant à la femme, elle est sans doute seule et doit craindre pour ses enfants si les nuits se rafraîchissent et qu'elle ne trouve rien à manger. Nïn trouve qu'il est bien généreux aux serviteurs des dieux de partager avec ces pauvres personnes leur nourriture. Ils sont sans doute ravis d'échanger quelques services contre cela.
Nïn croise le regard de la mère, et lui sourit. Ici, elle devrait être en sécurité avec ses enfants. Schizae, elle, a attrapé deux couvertures, qu'elle étend l'une à côté de l'autre. Puis l'enfant se retourne vers la demi-elfe, et lui demande :
– Ça te va Nïn ? Il faut que tu te reposes un peu. Demain, tu devras aller chercher tout ce dont on aura besoin pour le voyage. Mais pour l'instant tu peux dormir.
-Très bien, Madame.
Nïn sourit à sa jeune maîtresse, puis s'étend sur sa couverture. Sa cheville la lance, mais elle essaie de ne pas y penser. Ca passera. Demain, elle s'occupera des bagages, puis elles partiront à l'assaut des montagnes. Nïn sent un frisson la traverser, l'once en elle dresse les oreilles. Sa vie a pris une tournure inattendue, mais elle n'en est pas déçue. Elle jette un regard à Schizae. Elle est sûre que ses yeux verts pleins de vie ont vu bien des choses. A commencer par un dragon. La demi-elfe est bien contente d'avoir croisé le chemin de cette jeune baronne, et est curieuse de voir où cela va la mener.
– Les nuits commencent à fraîchir. L’air des montagnes a beau avoir du bon, il attire désormais les indigents vers nous. Bientôt il ne sera plus possible pour personne de dormir dehors. (Elle se tait un instant, puis reprend :) C’est ce que vous faisiez ? Vous savez, ce temple accueille les orphelins. Nous vous donnerons le pain et prierons avec vous, en échange de quoi vous n’aurez qu’à nous aider dans certaines tâches monastiques.
Nïn voit Schizae se tendre. La femme la prend pour une enfant des rues, et cela ne plaît pas à la jeune baronne. Celle-ci adopte des intonations nobles pour répliquer:
– Vous êtes bien brave. Cependant nous aurons à partir demain dès l'aube. Nous sommes attendues ailleurs.
Sa voix a quelque-chose de pincé, qui laisse percevoir son mécontentement. Sans s'en offusquer, la femme les conduit jusqu'à une petite chambre, où les deux filles pourront passer la nuit. La pièce est déjà occupée : une femme et ses deux enfants partagent une étreinte, et un jeune garçon se tient dans un autre coin. Celui-ci semble être un véritable orphelin. Quant à la femme, elle est sans doute seule et doit craindre pour ses enfants si les nuits se rafraîchissent et qu'elle ne trouve rien à manger. Nïn trouve qu'il est bien généreux aux serviteurs des dieux de partager avec ces pauvres personnes leur nourriture. Ils sont sans doute ravis d'échanger quelques services contre cela.
Nïn croise le regard de la mère, et lui sourit. Ici, elle devrait être en sécurité avec ses enfants. Schizae, elle, a attrapé deux couvertures, qu'elle étend l'une à côté de l'autre. Puis l'enfant se retourne vers la demi-elfe, et lui demande :
– Ça te va Nïn ? Il faut que tu te reposes un peu. Demain, tu devras aller chercher tout ce dont on aura besoin pour le voyage. Mais pour l'instant tu peux dormir.
-Très bien, Madame.
Nïn sourit à sa jeune maîtresse, puis s'étend sur sa couverture. Sa cheville la lance, mais elle essaie de ne pas y penser. Ca passera. Demain, elle s'occupera des bagages, puis elles partiront à l'assaut des montagnes. Nïn sent un frisson la traverser, l'once en elle dresse les oreilles. Sa vie a pris une tournure inattendue, mais elle n'en est pas déçue. Elle jette un regard à Schizae. Elle est sûre que ses yeux verts pleins de vie ont vu bien des choses. A commencer par un dragon. La demi-elfe est bien contente d'avoir croisé le chemin de cette jeune baronne, et est curieuse de voir où cela va la mener.
Dernière édition par Nïn le Sam 24 Oct 2015 - 16:42, édité 3 fois
Nïn- Elite
- Race : demi-elfe
Re: Randonnées en montagne
Nïn est satisfaite. En même temps elle doit être habituée à pire. C'est une esclave, quand même.
La fillette s’endort. Elle passe une nuit agitée. Elle fait des cauchemars de zombies, de dragons et d’Aliénor. Le lendemain, elle se réveille tardivement. La mère et ses enfants ne sont plus là. L’orphelin est déjà en train de quitter la chambre. Schizæ se frotte les yeux et se tourne vers sa voisine de lit.
SCHIZÆ – Tu as bien dormis Nïn ?
Sa voix est encore endormie. Elle s’étire et baille. Puis elle se lève et range les couvertures à leur place. Défaut professionnel. A force de jouer la dame de compagnie, elle en a oublié que les nobles ne font pas ce genre de choses.
SCHIZÆ – Je suis affamée !
Il faut dire qu’elles se sont couchées sans manger. La fillette propose à la demie-elfe de la suivre dehors. Elles rencontrent une moniale qui les guide. Sur le chemin, elles croisent la mère qui a dormi avec elles. La femme lave les pavés. L'un de ses enfants passe devant elle, les bras chargés de vêtements monastiques sales. Une fois dans la salle à manger, Schizæ retrouve l’orphelin en train de dévorer un morceau de pain. On leur propose un petit déjeuner rustique. Une fois rassasiées, la moniale les interroge sur la suite de leur voyage. Schizæ explique avoir besoin de nourriture et de vêtements chauds pour partir dans la montagne rejoindre son ami.
MONIALE – Les montagnes sont bien trop dangereuses pour deux enfants comme vous !
SCHIZÆ – Mais nous y sommes attendues…
MONIALE – Je vois… Si vous restez un peu ici et que vous partagez la vie communautaire, nous pourrons vous offrir les fournitures dont vous avez besoin. Et si vous attendez un peu, il est possible qu'on trouve une caravane qui se rend au même endroit que vous. Vous serez protégées. Où allez-vous exactement ?
Schizæ lève les yeux au ciel. Déjà, elle ne peut pas répondre à sa question. Et en plus, pourquoi cette femme veut-elle les emprisonner entre ces murs ? Elle a toujours détesté avoir à prier les dieux et suivre les règles de bonnes conduites imposées dans les temples. Cette idée la répugne un peu. Mais en même temps, comment obtenir nourritures et couvertures sans vendre sa force de travail ? Elle se tourne vers Nïn.
SCHIZÆ – Qu’est-ce que tu en penses ?
La fillette s’endort. Elle passe une nuit agitée. Elle fait des cauchemars de zombies, de dragons et d’Aliénor. Le lendemain, elle se réveille tardivement. La mère et ses enfants ne sont plus là. L’orphelin est déjà en train de quitter la chambre. Schizæ se frotte les yeux et se tourne vers sa voisine de lit.
SCHIZÆ – Tu as bien dormis Nïn ?
Sa voix est encore endormie. Elle s’étire et baille. Puis elle se lève et range les couvertures à leur place. Défaut professionnel. A force de jouer la dame de compagnie, elle en a oublié que les nobles ne font pas ce genre de choses.
SCHIZÆ – Je suis affamée !
Il faut dire qu’elles se sont couchées sans manger. La fillette propose à la demie-elfe de la suivre dehors. Elles rencontrent une moniale qui les guide. Sur le chemin, elles croisent la mère qui a dormi avec elles. La femme lave les pavés. L'un de ses enfants passe devant elle, les bras chargés de vêtements monastiques sales. Une fois dans la salle à manger, Schizæ retrouve l’orphelin en train de dévorer un morceau de pain. On leur propose un petit déjeuner rustique. Une fois rassasiées, la moniale les interroge sur la suite de leur voyage. Schizæ explique avoir besoin de nourriture et de vêtements chauds pour partir dans la montagne rejoindre son ami.
MONIALE – Les montagnes sont bien trop dangereuses pour deux enfants comme vous !
SCHIZÆ – Mais nous y sommes attendues…
MONIALE – Je vois… Si vous restez un peu ici et que vous partagez la vie communautaire, nous pourrons vous offrir les fournitures dont vous avez besoin. Et si vous attendez un peu, il est possible qu'on trouve une caravane qui se rend au même endroit que vous. Vous serez protégées. Où allez-vous exactement ?
Schizæ lève les yeux au ciel. Déjà, elle ne peut pas répondre à sa question. Et en plus, pourquoi cette femme veut-elle les emprisonner entre ces murs ? Elle a toujours détesté avoir à prier les dieux et suivre les règles de bonnes conduites imposées dans les temples. Cette idée la répugne un peu. Mais en même temps, comment obtenir nourritures et couvertures sans vendre sa force de travail ? Elle se tourne vers Nïn.
SCHIZÆ – Qu’est-ce que tu en penses ?
Schizae- Elite
- Race : Humain
Re: Randonnées en montagne
Nïn rêve. Elle est dans les bois, avec sa mère. Des bruits de sabots s'approche. Sa mère lui intime de fuir. Nïn veut refuser... Mais elle obéit. Ses jambes fonctionnent toute seule. Elle s'enfonce dans les bois. Dans sa tête, elle hurle. Il ne lui faut pas fuir. Si elle fait ça, jamais elle ne reverra sa mère. On fera d'elle une esclave. Elle parvient à retourner la tête et voit, là-bas, sa mère, embrochée par une épée, et son père, effondré à côté.
Nïn hurle.
Elle se réveille en sursaut, une flamme se met à danser dans sa paume, qu'elle éteint en voyant où elle est. Dans le temple, elle est dans le temple, dans la petite pièce, avec Schizae à ses côtés. Les bois de son enfance sont loin, et personne ne la menace. Elle se rallonge, le temps que les battements de son coeur s’apaisent. Combien de fois a-t-elle revécu cette scène, en rêve, depuis qu'on l'a ramassé dans cette forêt? Elle ne saurait le dire. Ce qu'elle sait, c'est que son inconscient rajoute des détails, chaque fois différents, à tel point qu'elle ne sait plus vraiment comment cela s'est passé. Mais il lui semble qu'elle n'a jamais vu sa mère morte, même si, très vite, elle a eu la certitude de ce qui s'était passé ce jour là. Sa mère s'est sacrifiée pour elle, après que le village de son père ait appris que celui-ci avait une enfant bâtarde dans les bois.
A côté d'elle, la jeune baronne remue, et se redresse. Elle se frotte les yeux, et demande à Nïn, d'une voix où le sommeil n'a pas totalement disparu:
– Tu as bien dormis Nïn ?
L'enfant se lève et, à la grande surprise de Nïn, se met à ranger les couvertures. Elle se fige soudain et, se retournant vers la demi-elfe, lui annonce:
– Je suis affamée !
Les deux filles sortent de la chambre, et suivent une des femmes qui vivent dans le temple. Des personnes travaillent dans les allées, et les deux filles croisent la femme qui a partagé leur chambre, ainsi que l'un de ses enfants. Puis elles arrivent dans la salle à manger, où on leur offre de quoi se nourrir. Nïn prend bien garde à ce que Schizae ait suffisamment de nourriture avant de se mettre elle-même à manger son pain. A la première bouchée, son ventre s'éveille, et elle se rend compte de sa faim. Une fois qu'elles ont fini, la femme qui les a guidées à travers le temple les questionne sur leurs projets, et Schizae lui expose devoir rejoindre un ami dans la montagne, et avoir besoin de matériel de voyage. La femme se récrie:
– Les montagnes sont bien trop dangereuses pour deux enfants comme vous !
Cela agace Nïn. Cette femme ne voit-elle pas que les affaires de la jeune baronne sont d'importance? Cette dernière répond d'ailleurs:
- Mais nous y sommes attendues…
La servante des dieux semble comprendre, et propose à Schizae d'aider pendant un moment à la vie du temple pour obtenir ensuite de quoi voyager. Puis elle lui parle d'une potentielle caravane, que les deux filles pourraient rejoindre, en attendant un peu. Finalement, elle demande à l'enfant sa destination. Tout cela éveille la méfiance de Nïn. Elle n'aime pas trop ça. Elle a l'impression que la femme leur tend une sorte de piège et que, si elles commencent à rester là, elles ne pourront plus partir. Ses poils se hérissent dans sa nuque, tandis que son coeur se met à battre plus vite. L'once en elle déteste être enfermée. Toutefois, elle garde son calme apparent. Sa maîtresse a besoin de ce matériel et, si elle le veut, elle fera les travaux nécessaires pour l'obtenir. En revanche, elle est farouchement hostile à l'idée d'attendre la caravane pour partir. Cela lui semble comporter trop de risques. Elle craint davantage les humains que les grands espaces naturels. Au moins, la nature ne cache pas son hostilité. Un animal agressif montre qu'il n'est pas amical. Les humains sont beaucoup plus fourbes, on ne sait jamais ce qu'ils veulent vraiment.
A sa grande surprise, sa jeune maîtresse lui demande:
– Qu’est-ce que tu en penses ?
- Si vous voulez que je travaille pour eux afin de nous obtenir de quoi voyager, je le ferai. Sinon, je chasserai et trouverai des plantes, le seul problème est pour les vêtements. Je pense être capable de vous protéger plus efficacement dans la montagne, mais si vous préférez voyager avec la caravane, j'essaierai de me débrouiller pour vous défendre contre d'éventuels ennemis internes.
Elle espère que Schizae ne décidera pas de rejoindre la caravane, mais n'ose pas se montrer plus tranchée, de peur que la jeune baronne ne croit son autorité remise en question. Elle lui montre simplement son hésitation, de sorte que l'enfant prenne d'elle-même la décision, en connaissant toutefois sa préférence.
Nïn hurle.
Elle se réveille en sursaut, une flamme se met à danser dans sa paume, qu'elle éteint en voyant où elle est. Dans le temple, elle est dans le temple, dans la petite pièce, avec Schizae à ses côtés. Les bois de son enfance sont loin, et personne ne la menace. Elle se rallonge, le temps que les battements de son coeur s’apaisent. Combien de fois a-t-elle revécu cette scène, en rêve, depuis qu'on l'a ramassé dans cette forêt? Elle ne saurait le dire. Ce qu'elle sait, c'est que son inconscient rajoute des détails, chaque fois différents, à tel point qu'elle ne sait plus vraiment comment cela s'est passé. Mais il lui semble qu'elle n'a jamais vu sa mère morte, même si, très vite, elle a eu la certitude de ce qui s'était passé ce jour là. Sa mère s'est sacrifiée pour elle, après que le village de son père ait appris que celui-ci avait une enfant bâtarde dans les bois.
A côté d'elle, la jeune baronne remue, et se redresse. Elle se frotte les yeux, et demande à Nïn, d'une voix où le sommeil n'a pas totalement disparu:
– Tu as bien dormis Nïn ?
L'enfant se lève et, à la grande surprise de Nïn, se met à ranger les couvertures. Elle se fige soudain et, se retournant vers la demi-elfe, lui annonce:
– Je suis affamée !
Les deux filles sortent de la chambre, et suivent une des femmes qui vivent dans le temple. Des personnes travaillent dans les allées, et les deux filles croisent la femme qui a partagé leur chambre, ainsi que l'un de ses enfants. Puis elles arrivent dans la salle à manger, où on leur offre de quoi se nourrir. Nïn prend bien garde à ce que Schizae ait suffisamment de nourriture avant de se mettre elle-même à manger son pain. A la première bouchée, son ventre s'éveille, et elle se rend compte de sa faim. Une fois qu'elles ont fini, la femme qui les a guidées à travers le temple les questionne sur leurs projets, et Schizae lui expose devoir rejoindre un ami dans la montagne, et avoir besoin de matériel de voyage. La femme se récrie:
– Les montagnes sont bien trop dangereuses pour deux enfants comme vous !
Cela agace Nïn. Cette femme ne voit-elle pas que les affaires de la jeune baronne sont d'importance? Cette dernière répond d'ailleurs:
- Mais nous y sommes attendues…
La servante des dieux semble comprendre, et propose à Schizae d'aider pendant un moment à la vie du temple pour obtenir ensuite de quoi voyager. Puis elle lui parle d'une potentielle caravane, que les deux filles pourraient rejoindre, en attendant un peu. Finalement, elle demande à l'enfant sa destination. Tout cela éveille la méfiance de Nïn. Elle n'aime pas trop ça. Elle a l'impression que la femme leur tend une sorte de piège et que, si elles commencent à rester là, elles ne pourront plus partir. Ses poils se hérissent dans sa nuque, tandis que son coeur se met à battre plus vite. L'once en elle déteste être enfermée. Toutefois, elle garde son calme apparent. Sa maîtresse a besoin de ce matériel et, si elle le veut, elle fera les travaux nécessaires pour l'obtenir. En revanche, elle est farouchement hostile à l'idée d'attendre la caravane pour partir. Cela lui semble comporter trop de risques. Elle craint davantage les humains que les grands espaces naturels. Au moins, la nature ne cache pas son hostilité. Un animal agressif montre qu'il n'est pas amical. Les humains sont beaucoup plus fourbes, on ne sait jamais ce qu'ils veulent vraiment.
A sa grande surprise, sa jeune maîtresse lui demande:
– Qu’est-ce que tu en penses ?
- Si vous voulez que je travaille pour eux afin de nous obtenir de quoi voyager, je le ferai. Sinon, je chasserai et trouverai des plantes, le seul problème est pour les vêtements. Je pense être capable de vous protéger plus efficacement dans la montagne, mais si vous préférez voyager avec la caravane, j'essaierai de me débrouiller pour vous défendre contre d'éventuels ennemis internes.
Elle espère que Schizae ne décidera pas de rejoindre la caravane, mais n'ose pas se montrer plus tranchée, de peur que la jeune baronne ne croit son autorité remise en question. Elle lui montre simplement son hésitation, de sorte que l'enfant prenne d'elle-même la décision, en connaissant toutefois sa préférence.
Nïn- Elite
- Race : demi-elfe
Re: Randonnées en montagne
NÏN - Si vous voulez que je travaille pour eux afin de nous obtenir de quoi voyager, je le ferai. Sinon, je chasserai et trouverai des plantes, le seul problème est pour les vêtements. Je pense être capable de vous protéger plus efficacement dans la montagne, mais si vous préférez voyager avec la caravane, j'essaierai de me débrouiller pour vous défendre contre d'éventuels ennemis internes.
Schizæ sourit. La première fois qu’elle l’a vu, elle a pensé voir en Nïn un petit chat de salon, câlin et doux. Mais quand la demie-elfe parle de défendre la fillette contre des ennemis, son regard est celui d’un indomptable félin. Ses yeux ont quelque chose de sauvage. Le mélange est saisissant.
MONIALE – Ah ! Les jeunes de nos jours !
Schizæ se retourne vers la femme avec étonnement. Cette dernière semble se faire du souci pour les jeunes filles. Elle se remet à parler avec lassitude.
MONIALE –Mes petites, je peux lire sur vos visages que vous avez vécu des moments difficiles et je devine que vous êtes fortes. Mais vous n’avez pas l’air de connaître les montagnes, vous n’y survivrez pas une nuit. Entre les risques d’avalanche, les orages, les animaux, le froid et je ne parle même pas des mauvaises personnes sur qui vous pourriez tomber.
SCHIZÆ – Nous n’avons besoin que de vêtements chauds.
MONIALE – Et de chaussures adaptées. De gourdes. D’aliments nourrissants et compacts pour les jours de disette. De couvertures. D’un habit de rechange. De sac de cuir qui empêchera le tout d'être trempé. De couteaux et de petites armes. Et surtout… de conseils ! Et quand vous serez trempées et glacées sous la pluie, vous remercierez les dieux de m’avoir placée sur votre route !
Schizæ ne dit rien. Elle a l’impression de se retrouver devant la gouvernante qui l’a élevée quand elle habitait le domaine de Triant. Elle hoche docilement la tête, un peu effrayée.
MONIALE – Et il n’est pas question que tu laisses ton amie travailler à ta place.
SCHIZÆ – Mais ! Je suis une baronne !
MONIALE – Aux yeux des Hommes. Pas à ceux des dieux. Nous devons tous les servir comme il convient, qu’on soit roi ou mendiant.
Schizæ se retient de répondre. Elle fulmine intérieurement, cependant, elle calme son indignation et se contente d’accepter de travailler au temple. Elle marchande un peu avec la moniale, mais cette dernière se montre intransigeante. Une semaine de travail et elles obtiendront tout ce dont elles ont besoin.
La moniale les dirige vers une autre salle. C’est une minuscule cellule où une vieille femme est attablée. Elle semble occupée à faire des comptes. Elle les accueille d’un sourire chaleureux et leur explique leurs devoirs pour la semaine à venir tandis que la première moniale s’en retourne vaquer à ses tâches.
COMPTABLE – Je suis heureuse de vous compter parmi nous. Pour nous, servantes des dieux, il est assez rare de rencontrer de nouveaux visages. La vie en communauté est parfois monotone. Oh ! mais ne dites pas que je vous ai dit ça ! Nous avons choisi notre vie et n’avons pas à nous en plaindre. Mais les jeunes apportent de la vie ici. Ce soir, vous mangerez avec nous. Il y aura une petite cérémonie où la grande prêtresse vous accueillera, elle vous lavera les mains, il faudra rester silencieuse durant tout le repas pendant que je lirais les mots du rois et les nouvelles du royaume… Ne vous en faites pas, on vous expliquera ça en détail plus tard. Voici votre emploi du temps.
Elle tend un bout de papier à Schizæ qui peut lire les mots suivants :
Schizæ n’a pas le temps de finir que la vieille femme se met à rire. Elle lui fait un clin d’œil.
COMPTABLE – J’étais certaine que vous saviez lire ! Quand à vous ma chère (elle s’adresse à Nïn) gardez la tête haute. Ici, nous ne faisons aucune distinction entre les maîtres et les esclaves, les riches et les pauvres… ou les humaines et les autres races. Allez, maintenant oust ! Il est l’heure pour vous d’aller travailler.
Schizæ sourit. La première fois qu’elle l’a vu, elle a pensé voir en Nïn un petit chat de salon, câlin et doux. Mais quand la demie-elfe parle de défendre la fillette contre des ennemis, son regard est celui d’un indomptable félin. Ses yeux ont quelque chose de sauvage. Le mélange est saisissant.
MONIALE – Ah ! Les jeunes de nos jours !
Schizæ se retourne vers la femme avec étonnement. Cette dernière semble se faire du souci pour les jeunes filles. Elle se remet à parler avec lassitude.
MONIALE –Mes petites, je peux lire sur vos visages que vous avez vécu des moments difficiles et je devine que vous êtes fortes. Mais vous n’avez pas l’air de connaître les montagnes, vous n’y survivrez pas une nuit. Entre les risques d’avalanche, les orages, les animaux, le froid et je ne parle même pas des mauvaises personnes sur qui vous pourriez tomber.
SCHIZÆ – Nous n’avons besoin que de vêtements chauds.
MONIALE – Et de chaussures adaptées. De gourdes. D’aliments nourrissants et compacts pour les jours de disette. De couvertures. D’un habit de rechange. De sac de cuir qui empêchera le tout d'être trempé. De couteaux et de petites armes. Et surtout… de conseils ! Et quand vous serez trempées et glacées sous la pluie, vous remercierez les dieux de m’avoir placée sur votre route !
Schizæ ne dit rien. Elle a l’impression de se retrouver devant la gouvernante qui l’a élevée quand elle habitait le domaine de Triant. Elle hoche docilement la tête, un peu effrayée.
MONIALE – Et il n’est pas question que tu laisses ton amie travailler à ta place.
SCHIZÆ – Mais ! Je suis une baronne !
MONIALE – Aux yeux des Hommes. Pas à ceux des dieux. Nous devons tous les servir comme il convient, qu’on soit roi ou mendiant.
Schizæ se retient de répondre. Elle fulmine intérieurement, cependant, elle calme son indignation et se contente d’accepter de travailler au temple. Elle marchande un peu avec la moniale, mais cette dernière se montre intransigeante. Une semaine de travail et elles obtiendront tout ce dont elles ont besoin.
La moniale les dirige vers une autre salle. C’est une minuscule cellule où une vieille femme est attablée. Elle semble occupée à faire des comptes. Elle les accueille d’un sourire chaleureux et leur explique leurs devoirs pour la semaine à venir tandis que la première moniale s’en retourne vaquer à ses tâches.
COMPTABLE – Je suis heureuse de vous compter parmi nous. Pour nous, servantes des dieux, il est assez rare de rencontrer de nouveaux visages. La vie en communauté est parfois monotone. Oh ! mais ne dites pas que je vous ai dit ça ! Nous avons choisi notre vie et n’avons pas à nous en plaindre. Mais les jeunes apportent de la vie ici. Ce soir, vous mangerez avec nous. Il y aura une petite cérémonie où la grande prêtresse vous accueillera, elle vous lavera les mains, il faudra rester silencieuse durant tout le repas pendant que je lirais les mots du rois et les nouvelles du royaume… Ne vous en faites pas, on vous expliquera ça en détail plus tard. Voici votre emploi du temps.
Elle tend un bout de papier à Schizæ qui peut lire les mots suivants :
Participer à quatre des six prières de la journée (prière du matin, du midi, du soir et celle avant d'aller se coucher).
Premier jour
- matin : laver les cellules des invités avec Martha
- midi : préparer le diner avec Germaine
Second jour
- matin : jardinage avec Martha
- midi : coudre vos habits avec Juliène
Troisième jour
- matin : cours de théologie avec Martha, puis vous rencontrerez Guuën, l'un de nos hôtes, qui vit dans la montagne
Premier jour
- matin : laver les cellules des invités avec Martha
- midi : préparer le diner avec Germaine
Second jour
- matin : jardinage avec Martha
- midi : coudre vos habits avec Juliène
Troisième jour
- matin : cours de théologie avec Martha, puis vous rencontrerez Guuën, l'un de nos hôtes, qui vit dans la montagne
Schizæ n’a pas le temps de finir que la vieille femme se met à rire. Elle lui fait un clin d’œil.
COMPTABLE – J’étais certaine que vous saviez lire ! Quand à vous ma chère (elle s’adresse à Nïn) gardez la tête haute. Ici, nous ne faisons aucune distinction entre les maîtres et les esclaves, les riches et les pauvres… ou les humaines et les autres races. Allez, maintenant oust ! Il est l’heure pour vous d’aller travailler.
Schizae- Elite
- Race : Humain
Re: Randonnées en montagne
Schizae lui sourit, mais la femme du temple soupire, réprobatrice:
– Ah ! Les jeunes de nos jours !
Immédiatement, Nïn se hérisse plus encore. La femme continue sur sa lancée:
–Mes petites, je peux lire sur vos visages que vous avez vécu des moments difficiles et je devine que vous êtes fortes. Mais vous n’avez pas l’air de connaître les montagnes, vous n’y survivrez pas une nuit. Entre les risques d’avalanche, les orages, les animaux, le froid et je ne parle même pas des mauvaises personnes sur qui vous pourriez tomber.
En effet, Nïn ne connaît pas les montagnes, juste la forêt. C'est sans doute très différent, et l'inquiétude qui perce dans la voix de la servante des dieux la pousse à écouter. Après tout, cette femme a des années d'expérience qu'elle n'a pas, et elle habite près des montagnes. Si elle dit que celles-ci sont dangereuses, elle doit avoir raison. Et puis, elle a l'air de s'inquiéter sincèrement, et non de vouloir les piéger là. Ses intentions sont peut-être tout à fait louables. Il existe quand même certains humains honnêtes. La demi-elfe s'apaise quelque-peu, acceptant d'écouter sans être sur la défensive. Schizae, elle, réplique:
– Nous n’avons besoin que de vêtements chauds.
– Et de chaussures adaptées. De gourdes. D’aliments nourrissants et compacts pour les jours de disette. De couvertures. D’un habit de rechange. De sac de cuir qui empêchera le tout d'être trempé. De couteaux et de petites armes. Et surtout… de conseils ! Et quand vous serez trempées et glacées sous la pluie, vous remercierez les dieux de m’avoir placée sur votre route !
Il est vrai que, dans les hauteurs, les proies se feront sans doute rares. Nïn peut certes leur trouver des racines, celles-ci seront peut-être insuffisantes par rapport à l'effort de la marche. Surtout que Schizae est une enfant, elle a sans doute besoin de manger assez pour sa croissance. Et puis, Nïn n'avait pas non plus pensé aux affaires qui pourraient être mouillées. Elles ne pourront sans doute pas s'abriter sous les arbres comme elle le faisait dans la forêt, et Schizae ne peut pas se transformer en once pour être protégée par une épaisse fourrure. Elle doit empêcher sa maîtresse de mourir de froid. Et la météo est peut-être également plus cruelle là-haut. La demi-elfe sent au fond d'elle que la femme du temple a raison. Partir comme cela, ce serait prendre des risques inutiles. Mieux vaut écouter cette femme. A côté d'elle, Schizae hoche la tête, et la servante des dieux reprend:
– Et il n’est pas question que tu laisses ton amie travailler à ta place.
Là, l'enfant s'indigne:
- Mais ! Je suis une baronne !
– Aux yeux des Hommes. Pas à ceux des dieux. Nous devons tous les servir comme il convient, qu’on soit roi ou mendiant.
Ça, c'est particulier. Nïn n'était jamais rentrée dans un temple, et n'avait jamais fréquenté les personnes qui servent les dieux auparavant, aussi cette notion est-elle nouvelle pour elle. Mais ça éclaire ce qui se passe ici. Les pauvres comme les riches doivent servir, s'acquitter de leurs tâches, car ils ne sont pas là au service d'un maître, mais des dieux, que leur condition place au dessus de tous. Ainsi, qu'ils soient maîtres ou esclaves, peu importe, ils sont tous inférieurs aux dieux. Elle doit, du fait de sa nature inférieure de demi-elfe, servir les hommes, mais ceux-ci, autant qu'elle, doivent servir les dieux, qui sont d'une nature encore supérieure.
Schizae semble énervée par ces paroles, mais elle ne dit rien, et suit la femme à travers le temple. Nïn sourit. La petite n'a pas l'air d'aimer qu'on lui dicte sa conduite. La femme les conduit dans une salle où se trouve une autre femme, plutôt âgée, qui se tient assise devant une table où l'on peut voir plein de feuilles avec de l'écriture dessus. Nïn se demande ce qu'elle peut bien faire. La première femme les laisse à son aînée, qui leur dit, sourire aux lèvres:
– Je suis heureuse de vous compter parmi nous. Pour nous, servantes des dieux, il est assez rare de rencontrer de nouveaux visages. La vie en communauté est parfois monotone. Oh ! mais ne dites pas que je vous ai dit ça ! Nous avons choisi notre vie et n’avons pas à nous en plaindre. Mais les jeunes apportent de la vie ici. Ce soir, vous mangerez avec nous. Il y aura une petite cérémonie où la grande prêtresse vous accueillera, elle vous lavera les mains, il faudra rester silencieuse durant tout le repas pendant que je lirais les mots du rois et les nouvelles du royaume… Ne vous en faites pas, on vous expliquera ça en détail plus tard. Voici votre emploi du temps.
Drôle de discours. Nïn en retient surtout une chose : on va leur laver les mains. Déjà, en soi, c'est bizarre. Elle sait se laver les mains seule, et n'a pas besoin que quelqu'un le fasse pour elle. Elle comprend bien que c'est une espèce de rituel, mais il ne lui plaît pas. Elle ne veut pas qu'on touche à ses mains. Qui sait ce que ces gens comptent lui faire? Peut-être qu'ils savent que c'est là que se concentre sa magie, et qu'ils veulent bloquer celle-ci, d'une façon ou d'une autre... Elle sent sa poitrine se serrer. Mais Schizae ne conteste pas, et la demi-elfe ne peut rien dire.
La vieille femme tend à sa jeune maîtresse un morceau de papier, qui doit être l'emploi du temps qu'elle vient d'annoncer. Nïn ne sait pas lire, aussi regarde-t-elle l'enfant parcourir le papier des yeux. La vieille femme se met soudain à rire, et dit à Schizae:
– J’étais certaine que vous saviez lire !
Nïn plisse les yeux. Cette femme semble être plutôt habile pour deviner les personnes qu'elle a en face d'elle, ce qui la rend potentiellement dangereuse. Elle a donné l'emploi du temps à sa maîtresse sans rien dire, pour la tester. Mais bon, elle n'a pas l'air mauvaise. En fait, tous les gens ici ont l'air meilleurs qu'à l'extérieur. Ça a peut-être un lien avec la vie qu'ils ont choisi. A la surprise de la demi-elfe, elle continue, en s'adressant à elle:
- Quand à vous ma chère gardez la tête haute. Ici, nous ne faisons aucune distinction entre les maîtres et les esclaves, les riches et les pauvres… ou les humaines et les autres races. Allez, maintenant oust ! Il est l’heure pour vous d’aller travailler.
Bizarrement, cela ne l'étonne pas vraiment. Comme elle l'avait compris, ici, ils servent tous les dieux, et n'ont pas d'autres maîtres qu'eux. Mais quand même, les demi-elfes sont une race inférieure aux hommes, et ils doivent obéir à ceux-ci à cause de leur nature. Ce sont justement les dieux qui ont fait les choses ainsi. Et l'obéissance qu'elle leur doit à eux est bien plus tangible que celle qu'elle est censée devoir aux dieux. En effet, aucun dieu ne l'a jamais punie parce-qu'elle n'a respecté leurs règles... elle ne connaît même pas vraiment celles-ci. En revanche, si elle n'obéit pas aux humains, là, elle est punie, et ça, elle a bien des fois eu l'occasion de l'expérimenter... Fouet, coups, brûlure, humiliation... En fait, la liste est interminable, car les hommes peuvent inventer tout ce qu'ils veulent pour punir la désobéissance d'un esclave. Ils peuvent même le tuer. Est-ce que les dieux peuvent faire ça, eux? En tous cas, elle ne l'a jamais vu.
Une fois qu'elles sont sorties de la pièce de la vieille femme, Nïn se tourne vers Schizae, pour l'interroger:
- Qu'est-ce que l'emploi du temps dit que nous devons faire?
Elle écoute les instructions, puis se rend vers les cellules des invités. Laver, elle a l'habitude. Si elle pouvait, elle dirait bien aux autres qu'elle fera la part de sa jeune maîtresse, mais ici les règles sont différentes de celles qui existent au dehors, elle l'a bien compris. Et elle a compris aussi que, visiblement, personne ne leur veut de mal. La seule peur qui lui reste, c'est à propos du repas du soir. La pensée de quelqu'un touchant à ses mains laisse dans sa poitrine un poids dont elle n'arrive pas à se débarrasser.
– Ah ! Les jeunes de nos jours !
Immédiatement, Nïn se hérisse plus encore. La femme continue sur sa lancée:
–Mes petites, je peux lire sur vos visages que vous avez vécu des moments difficiles et je devine que vous êtes fortes. Mais vous n’avez pas l’air de connaître les montagnes, vous n’y survivrez pas une nuit. Entre les risques d’avalanche, les orages, les animaux, le froid et je ne parle même pas des mauvaises personnes sur qui vous pourriez tomber.
En effet, Nïn ne connaît pas les montagnes, juste la forêt. C'est sans doute très différent, et l'inquiétude qui perce dans la voix de la servante des dieux la pousse à écouter. Après tout, cette femme a des années d'expérience qu'elle n'a pas, et elle habite près des montagnes. Si elle dit que celles-ci sont dangereuses, elle doit avoir raison. Et puis, elle a l'air de s'inquiéter sincèrement, et non de vouloir les piéger là. Ses intentions sont peut-être tout à fait louables. Il existe quand même certains humains honnêtes. La demi-elfe s'apaise quelque-peu, acceptant d'écouter sans être sur la défensive. Schizae, elle, réplique:
– Nous n’avons besoin que de vêtements chauds.
– Et de chaussures adaptées. De gourdes. D’aliments nourrissants et compacts pour les jours de disette. De couvertures. D’un habit de rechange. De sac de cuir qui empêchera le tout d'être trempé. De couteaux et de petites armes. Et surtout… de conseils ! Et quand vous serez trempées et glacées sous la pluie, vous remercierez les dieux de m’avoir placée sur votre route !
Il est vrai que, dans les hauteurs, les proies se feront sans doute rares. Nïn peut certes leur trouver des racines, celles-ci seront peut-être insuffisantes par rapport à l'effort de la marche. Surtout que Schizae est une enfant, elle a sans doute besoin de manger assez pour sa croissance. Et puis, Nïn n'avait pas non plus pensé aux affaires qui pourraient être mouillées. Elles ne pourront sans doute pas s'abriter sous les arbres comme elle le faisait dans la forêt, et Schizae ne peut pas se transformer en once pour être protégée par une épaisse fourrure. Elle doit empêcher sa maîtresse de mourir de froid. Et la météo est peut-être également plus cruelle là-haut. La demi-elfe sent au fond d'elle que la femme du temple a raison. Partir comme cela, ce serait prendre des risques inutiles. Mieux vaut écouter cette femme. A côté d'elle, Schizae hoche la tête, et la servante des dieux reprend:
– Et il n’est pas question que tu laisses ton amie travailler à ta place.
Là, l'enfant s'indigne:
- Mais ! Je suis une baronne !
– Aux yeux des Hommes. Pas à ceux des dieux. Nous devons tous les servir comme il convient, qu’on soit roi ou mendiant.
Ça, c'est particulier. Nïn n'était jamais rentrée dans un temple, et n'avait jamais fréquenté les personnes qui servent les dieux auparavant, aussi cette notion est-elle nouvelle pour elle. Mais ça éclaire ce qui se passe ici. Les pauvres comme les riches doivent servir, s'acquitter de leurs tâches, car ils ne sont pas là au service d'un maître, mais des dieux, que leur condition place au dessus de tous. Ainsi, qu'ils soient maîtres ou esclaves, peu importe, ils sont tous inférieurs aux dieux. Elle doit, du fait de sa nature inférieure de demi-elfe, servir les hommes, mais ceux-ci, autant qu'elle, doivent servir les dieux, qui sont d'une nature encore supérieure.
Schizae semble énervée par ces paroles, mais elle ne dit rien, et suit la femme à travers le temple. Nïn sourit. La petite n'a pas l'air d'aimer qu'on lui dicte sa conduite. La femme les conduit dans une salle où se trouve une autre femme, plutôt âgée, qui se tient assise devant une table où l'on peut voir plein de feuilles avec de l'écriture dessus. Nïn se demande ce qu'elle peut bien faire. La première femme les laisse à son aînée, qui leur dit, sourire aux lèvres:
– Je suis heureuse de vous compter parmi nous. Pour nous, servantes des dieux, il est assez rare de rencontrer de nouveaux visages. La vie en communauté est parfois monotone. Oh ! mais ne dites pas que je vous ai dit ça ! Nous avons choisi notre vie et n’avons pas à nous en plaindre. Mais les jeunes apportent de la vie ici. Ce soir, vous mangerez avec nous. Il y aura une petite cérémonie où la grande prêtresse vous accueillera, elle vous lavera les mains, il faudra rester silencieuse durant tout le repas pendant que je lirais les mots du rois et les nouvelles du royaume… Ne vous en faites pas, on vous expliquera ça en détail plus tard. Voici votre emploi du temps.
Drôle de discours. Nïn en retient surtout une chose : on va leur laver les mains. Déjà, en soi, c'est bizarre. Elle sait se laver les mains seule, et n'a pas besoin que quelqu'un le fasse pour elle. Elle comprend bien que c'est une espèce de rituel, mais il ne lui plaît pas. Elle ne veut pas qu'on touche à ses mains. Qui sait ce que ces gens comptent lui faire? Peut-être qu'ils savent que c'est là que se concentre sa magie, et qu'ils veulent bloquer celle-ci, d'une façon ou d'une autre... Elle sent sa poitrine se serrer. Mais Schizae ne conteste pas, et la demi-elfe ne peut rien dire.
La vieille femme tend à sa jeune maîtresse un morceau de papier, qui doit être l'emploi du temps qu'elle vient d'annoncer. Nïn ne sait pas lire, aussi regarde-t-elle l'enfant parcourir le papier des yeux. La vieille femme se met soudain à rire, et dit à Schizae:
– J’étais certaine que vous saviez lire !
Nïn plisse les yeux. Cette femme semble être plutôt habile pour deviner les personnes qu'elle a en face d'elle, ce qui la rend potentiellement dangereuse. Elle a donné l'emploi du temps à sa maîtresse sans rien dire, pour la tester. Mais bon, elle n'a pas l'air mauvaise. En fait, tous les gens ici ont l'air meilleurs qu'à l'extérieur. Ça a peut-être un lien avec la vie qu'ils ont choisi. A la surprise de la demi-elfe, elle continue, en s'adressant à elle:
- Quand à vous ma chère gardez la tête haute. Ici, nous ne faisons aucune distinction entre les maîtres et les esclaves, les riches et les pauvres… ou les humaines et les autres races. Allez, maintenant oust ! Il est l’heure pour vous d’aller travailler.
Bizarrement, cela ne l'étonne pas vraiment. Comme elle l'avait compris, ici, ils servent tous les dieux, et n'ont pas d'autres maîtres qu'eux. Mais quand même, les demi-elfes sont une race inférieure aux hommes, et ils doivent obéir à ceux-ci à cause de leur nature. Ce sont justement les dieux qui ont fait les choses ainsi. Et l'obéissance qu'elle leur doit à eux est bien plus tangible que celle qu'elle est censée devoir aux dieux. En effet, aucun dieu ne l'a jamais punie parce-qu'elle n'a respecté leurs règles... elle ne connaît même pas vraiment celles-ci. En revanche, si elle n'obéit pas aux humains, là, elle est punie, et ça, elle a bien des fois eu l'occasion de l'expérimenter... Fouet, coups, brûlure, humiliation... En fait, la liste est interminable, car les hommes peuvent inventer tout ce qu'ils veulent pour punir la désobéissance d'un esclave. Ils peuvent même le tuer. Est-ce que les dieux peuvent faire ça, eux? En tous cas, elle ne l'a jamais vu.
Une fois qu'elles sont sorties de la pièce de la vieille femme, Nïn se tourne vers Schizae, pour l'interroger:
- Qu'est-ce que l'emploi du temps dit que nous devons faire?
Elle écoute les instructions, puis se rend vers les cellules des invités. Laver, elle a l'habitude. Si elle pouvait, elle dirait bien aux autres qu'elle fera la part de sa jeune maîtresse, mais ici les règles sont différentes de celles qui existent au dehors, elle l'a bien compris. Et elle a compris aussi que, visiblement, personne ne leur veut de mal. La seule peur qui lui reste, c'est à propos du repas du soir. La pensée de quelqu'un touchant à ses mains laisse dans sa poitrine un poids dont elle n'arrive pas à se débarrasser.
Nïn- Elite
- Race : demi-elfe
Re: Randonnées en montagne
Nïn se tourne vers Schizæ.
NÏN - Qu'est-ce que l'emploi du temps dit que nous devons faire ?
SCHIZÆ – Ce matin, on doit laver les cellules des invités avec une certaine Martha. Et puis l’après midi on fera la cuisine avec Germaine.
Schizæ et Nïn se rendent à la cellule où elles ont dormi. Une moniale est déjà en train de laver la chambre. C’est Martha. Quand les filles lui annoncent qu’elles vont l’aider, un sourire enthousiaste éclaire son visage. Schizæ se dit que toutes les servantes des dieux sont de joyeuses idiotes, puis elle s’attèle à sa tâche.
Martha leur explique qu’elles doivent travailler en silence, mais c'est la moniale elle-même qui n’arrive pas à suivre ce règlement. Elle est bien trop excitée à l’idée d'en savoir plus sur l’histoire des jeunes filles, auxquelles elle ne cesse de poser des questions. Schizæ répond facilement : elle apprécie toujours d’être le centre d’intérêt.
Durant la pause, Martha les interroge toutes les deux sur leurs croyances. Qui prient-elles ? Est-ce différent chez les elfes ? … etc. Schizæ émet des doutes sur l’intérêt des pouvoirs de Kaluni. Elle essaie de remettre Sercanth sur son piédestal. En entendant ça, la moniale se contente de sourire et d’expliquer que pour elle chaque dieu a son importance. La fillette est étonnée de découvrir que la servante des dieux a l’esprit très ouvert. Elle est bien moins fanatique que la plupart des personnes extérieures à la religion. Si feu-sa-mère avait entendu cela, elle l’aurait immédiatement envoyée aux cours de théologie renforcés. Et ensuite elle l'aurait enfermée dans un couvent. Martha quand à elle n’est pas effrayé par les mots. Sa foi est si grande qu'aucun mot ne pourrait l'ébranler. Est-ce une bonne ou une mauvaise chose d'être aussi convaincue ? Elle s'en fiche car, là au moins, elle peut parler sans détour et sans se sentir jugée.
Une fois que toutes les cellules sont propres, les filles se rendent à la salle de prière. Les moniales entrent cérémonieusement par une porte sur le côté. Elles sont vêtues de robes jaunes et blanches ornées du symbole de Kaluni. Elles se mettent à chanter toutes ensembles. Martha joue de la viole pour accompagner la chorale. Le chant des femmes monte au ciel pour louer la déesse de la lumière. L’écho des voix résonne dans cette salle de pierre et de bois. La lumière filtre à travers de longues fenêtres et joue dans les bouquets de fleurs, imprimant des milliers de taches colorées sur les rétines de l’enfant. Les voix des moniales s’unissent et vibrent jusque dans sa poitrine. C’est beau.
Ensuite les filles vont manger avec les invités. L’après-midi, elles préparent le diner avec Germaine, une religieuse si âgée que Schizæ se demande comment elle fait pour encore respirer. A croire que la vie en communauté conserve la santé.
Quand les cloches sonnent c'est qu'il est l'heure de retourner à la salle de prière. Les moniales chantent encore. C’est toujours aussi beau, mais Schizæ a faim et s’ennuie. Elle attend la fin de la messe pour que la cérémonie commence et qu'elles puissent enfin manger.
NÏN - Qu'est-ce que l'emploi du temps dit que nous devons faire ?
SCHIZÆ – Ce matin, on doit laver les cellules des invités avec une certaine Martha. Et puis l’après midi on fera la cuisine avec Germaine.
Schizæ et Nïn se rendent à la cellule où elles ont dormi. Une moniale est déjà en train de laver la chambre. C’est Martha. Quand les filles lui annoncent qu’elles vont l’aider, un sourire enthousiaste éclaire son visage. Schizæ se dit que toutes les servantes des dieux sont de joyeuses idiotes, puis elle s’attèle à sa tâche.
Martha leur explique qu’elles doivent travailler en silence, mais c'est la moniale elle-même qui n’arrive pas à suivre ce règlement. Elle est bien trop excitée à l’idée d'en savoir plus sur l’histoire des jeunes filles, auxquelles elle ne cesse de poser des questions. Schizæ répond facilement : elle apprécie toujours d’être le centre d’intérêt.
Durant la pause, Martha les interroge toutes les deux sur leurs croyances. Qui prient-elles ? Est-ce différent chez les elfes ? … etc. Schizæ émet des doutes sur l’intérêt des pouvoirs de Kaluni. Elle essaie de remettre Sercanth sur son piédestal. En entendant ça, la moniale se contente de sourire et d’expliquer que pour elle chaque dieu a son importance. La fillette est étonnée de découvrir que la servante des dieux a l’esprit très ouvert. Elle est bien moins fanatique que la plupart des personnes extérieures à la religion. Si feu-sa-mère avait entendu cela, elle l’aurait immédiatement envoyée aux cours de théologie renforcés. Et ensuite elle l'aurait enfermée dans un couvent. Martha quand à elle n’est pas effrayé par les mots. Sa foi est si grande qu'aucun mot ne pourrait l'ébranler. Est-ce une bonne ou une mauvaise chose d'être aussi convaincue ? Elle s'en fiche car, là au moins, elle peut parler sans détour et sans se sentir jugée.
Une fois que toutes les cellules sont propres, les filles se rendent à la salle de prière. Les moniales entrent cérémonieusement par une porte sur le côté. Elles sont vêtues de robes jaunes et blanches ornées du symbole de Kaluni. Elles se mettent à chanter toutes ensembles. Martha joue de la viole pour accompagner la chorale. Le chant des femmes monte au ciel pour louer la déesse de la lumière. L’écho des voix résonne dans cette salle de pierre et de bois. La lumière filtre à travers de longues fenêtres et joue dans les bouquets de fleurs, imprimant des milliers de taches colorées sur les rétines de l’enfant. Les voix des moniales s’unissent et vibrent jusque dans sa poitrine. C’est beau.
Ensuite les filles vont manger avec les invités. L’après-midi, elles préparent le diner avec Germaine, une religieuse si âgée que Schizæ se demande comment elle fait pour encore respirer. A croire que la vie en communauté conserve la santé.
Quand les cloches sonnent c'est qu'il est l'heure de retourner à la salle de prière. Les moniales chantent encore. C’est toujours aussi beau, mais Schizæ a faim et s’ennuie. Elle attend la fin de la messe pour que la cérémonie commence et qu'elles puissent enfin manger.
Schizae- Elite
- Race : Humain
Re: Randonnées en montagne
La femme qui travaille avec elles et les guide est agréable. Elle est un peu bavarde, mais gentille, alors c'est plutôt amusant. Nïn peut se détendre, ce qui ne lui est pas arrivé depuis qu'elle a été vendue. Elle écoute distraitement Schizae répondre aux nombreuses questions de la femme. L'enfant a l'air d'aimer parler, ce qui arrange Nïn; elle n'a pas envie de s’épandre sur son aventure avec le convoi d'esclaves, et encore moins de parler de son enfance dans la forêt. Ça, c'est un passé qui n'appartient qu'à elle, et elle le garde jalousement enfermé et, si possible, le limite au domaine de ses rêves. Quant à ses anciens maîtres... Elle ne veut pas non plus en parler, mais pour des raisons mitigées. Déjà, parce-que ses tâches quotidiennes n’intéresseraient personne. Mais surtout parce-qu'elle ne peut s'empêcher de ressentir une certaine douleur, en pensant au fait qu'ils l'ont vendue. Elle ne sait pas trop pourquoi, et ne s'attarde pas à essayer de comprendre. Mais elle leur en veut, sans doute, et elle se sent trahie, en un sens. Bon, sa maîtresse, passe encore. La façon dont elle lui a exposé les choses puis s'est empressée de la vendre était un peu ridicule, mais cela ne déçoit pas Nïn : elle ne s'attendait à rien d'autre de sa part. C'était juste une noble comme une autre, intéressée uniquement par l'image renvoyée, qui s'est débarrassée d'elle lorsqu'elle est devenue encombrante. Les enfants, eux, n'ont pas eu voix au chapitre. Ils ne sont pas venus lui dire au revoir, mais c'est sans doute parce-que cela faisait mauvais genre, ils n'ont pas eu le choix. Ce n'est pas à eux qu'elle en veut. La mère, elle l'aura vite oubliée, et les enfants, auxquels elle était plus attachée, elle ne garde aucune rancoeur envers eux. Non, c'est l'attitude de son ancien maître qui, malgré elle, la fait souffrir.
Nïn ferme les yeux une fraction de seconde. Elle souffre plus que de raison à cette idée, et elle ne veut pas que les autres le voient. Heureusement, elles sont occupées à discuter en même temps qu'elles nettoient. La demi-elfe secoue la tête, reprend son travail. C'est tellement idiot de lui en vouloir. Qu'attendait-elle de lui? Qu'il refuse qu'on la vende? Pourquoi aurait-il fait pareille chose? N'empêche, il aurait pu venir lui dire lui même, plutôt que de s'abriter lâchement derrière sa femme. C'est lui qui l'a récupérée dans la forêt de son enfance, puis a fait d'elle son esclave. C'est lui qui l'a dressée, personnellement. Elle l'a haï. Elle l'a détesté, aussi fort que l'on peut détester quelqu'un. Elle a voulu le tuer... Et a essayé, à plusieurs reprises. Mais elle n'était qu'une enfant, et une esclave. Elle ne pouvait rien contre lui. Et cela faisait qu'elle le détestait encore plus. Mais en même temps, et paradoxalement, il a gagné son respect. C'est à lui, le premier, qu'elle a reconnu sur elle des droits. Et, de ce fait, il est devenu responsable d'elle. Responsabilité qu'il a complètement abandonné quand il l'a abandonnée, elle, sans même avoir le courage de la vendre lui-même. Il a délégué cette responsabilité, et le respect qu'elle avait pour lui a volé en éclats. Et ça, elle a beau essayer de se convaincre que c'est idiot, ça lui fait mal.
La femme - Martha - la tire de ses pensées en annonçant la pause. Elle les questionne sur leurs croyances. Schizae répond avec une franchise qui étonne Nïn; elles sont tout de même avec une servante des dieux, n'a-t-elle pas peur de se faire reprendre? Mais Martha se révèle surprenante, en prenant tout cela avec calme, et avec le sourire. Puis c'est à Nïn de répondre, puisque Martha lui pose des questions sur les croyances des elfes. Nïn est bien embarrassée pour répondre. Elle explique à la femme qu'elle n'a jamais vécu avec les elfes. Elle lui dit, en restant évasive, que sa mère lui parlait à la fois des dieux communs -Kaluni, Sercanth, Ezor, Théno et les autres- et des esprits de la nature, présents selon elle dans chaque arbre et plante, et même dans la pluie, le vent, les rivières... Elle ne sait pas si c'était une croyance propre à sa mère ou non. Elle, elle pense que les dieux existe, mais elle se sent plus proche des plantes et des éléments - et pour cause!
Vers le milieu de la journée, on les dirige vers la salle de prière. Les servantes de dieux commencent là une sorte de rituel : elles entrent par le côté, et se mettent à chanter. Leurs voix, qui s'entremêlent toutes, forment un choeur à la fascinante mélodie. Nïn écoute, captivée : elle n'a jamais rien entendu de tel. A entendre ces voix, qui s'accordent si bien, la demi-elfe ne peut douter que les dieux reçoivent ce chant. C'est tellement beau et pur que cela les atteint forcément. Nïn n'a pas vraiment l'habitude de telles prières, aussi ne sait-elle pas comment se comporter. Elle se contente donc d'écouter, les yeux mi-clos, se laissant emporter par ce chant qui a quelque-chose de si mystérieux qu'il semble échapper au domaine du terrestre.
Il est ensuite temps de manger. Nïn mange plus raisonnablement que la veille. Elle ne voudrait pas se rendre malade, à manger plus que ce à quoi elle est habituée. Puis elle suit Schizae jusqu'aux cuisines, où elles aident à préparer le repas. Ca aussi, c'est dans ses cordes, elle a souvent assisté les cuisinières. La servante des dieux qui les accompagne est très âgées, et elle rappelle à Nïn une parente de la famille qu'elle servait avant, qui donnait à la demi-elfe une impression étrange... en effet, elle était capable de dire des choses tout à fait insensées, ce qui faisait dire qu'elle n'avait plus toute sa tête, mais parfois elle avait des mots emplis d'une sagesse époustouflante. Cette vieille femme là s'appelle Germaine, et elle a l'air moins folle que celle qu'a connu Nïn, ce qui est plutôt rassurant, si c'est elle qui fait à manger.
Ensuite, elles retournent à la prière. Cette fois, Nïn ouvre les yeux, et remarque qu'il y a des fleurs dans la salle. Tandis que les femmes chantent de nouveau pour les dieux, elle envoie aux plantes des prières silencieuses. Elle a l'impression que, dans la montagne, elles auront davantage besoin de l'appui des esprits de la nature que de celui des dieux. Et puis, Schizae doit prier pour les dieux, donc elles auront peut-être le soutien des deux.
Lorsque le chant se termine, la demi-elfe se souvient soudain de ce qui les attend ensuite. Ses mains! On va lui laver les mains! L'angoisse remonte en elle, alors qu'elle l'avait oublié. Elle jette des coups d'oeil autour d'elle. En plus, elle a parlé de sa croyance en les éléments à Martha. Celle-ci a peut-être compris qu'elle avait un lien particulier avec eux. Peut-être que la femme, malgré sa gentillesse, trouve que cela est contraire à la volonté des dieux de contrôler les éléments. Peut-être qu'elle a compris qu'elle était une sorcière, et qu'elle va, d'une façon ou d'une autre, lui ôter ses pouvoirs.
Les nouveaux venus sont appelés pour la cérémonie. Nïn se tourne vers Schizae, le coeur battant à tout rompre. Elle croise le regard vert de l'enfant, s'accroche à lui. Tandis qu'elles suivent les servantes des dieux, elle essaie de se répéter que tout va bien se passer. Mais sa poitrine se serre, et ses pupilles se dilatent. Ses paumes la picotent, et elle doit lutter pour ne pas faire apparaître une rassurante flammèche.
Nïn ferme les yeux une fraction de seconde. Elle souffre plus que de raison à cette idée, et elle ne veut pas que les autres le voient. Heureusement, elles sont occupées à discuter en même temps qu'elles nettoient. La demi-elfe secoue la tête, reprend son travail. C'est tellement idiot de lui en vouloir. Qu'attendait-elle de lui? Qu'il refuse qu'on la vende? Pourquoi aurait-il fait pareille chose? N'empêche, il aurait pu venir lui dire lui même, plutôt que de s'abriter lâchement derrière sa femme. C'est lui qui l'a récupérée dans la forêt de son enfance, puis a fait d'elle son esclave. C'est lui qui l'a dressée, personnellement. Elle l'a haï. Elle l'a détesté, aussi fort que l'on peut détester quelqu'un. Elle a voulu le tuer... Et a essayé, à plusieurs reprises. Mais elle n'était qu'une enfant, et une esclave. Elle ne pouvait rien contre lui. Et cela faisait qu'elle le détestait encore plus. Mais en même temps, et paradoxalement, il a gagné son respect. C'est à lui, le premier, qu'elle a reconnu sur elle des droits. Et, de ce fait, il est devenu responsable d'elle. Responsabilité qu'il a complètement abandonné quand il l'a abandonnée, elle, sans même avoir le courage de la vendre lui-même. Il a délégué cette responsabilité, et le respect qu'elle avait pour lui a volé en éclats. Et ça, elle a beau essayer de se convaincre que c'est idiot, ça lui fait mal.
La femme - Martha - la tire de ses pensées en annonçant la pause. Elle les questionne sur leurs croyances. Schizae répond avec une franchise qui étonne Nïn; elles sont tout de même avec une servante des dieux, n'a-t-elle pas peur de se faire reprendre? Mais Martha se révèle surprenante, en prenant tout cela avec calme, et avec le sourire. Puis c'est à Nïn de répondre, puisque Martha lui pose des questions sur les croyances des elfes. Nïn est bien embarrassée pour répondre. Elle explique à la femme qu'elle n'a jamais vécu avec les elfes. Elle lui dit, en restant évasive, que sa mère lui parlait à la fois des dieux communs -Kaluni, Sercanth, Ezor, Théno et les autres- et des esprits de la nature, présents selon elle dans chaque arbre et plante, et même dans la pluie, le vent, les rivières... Elle ne sait pas si c'était une croyance propre à sa mère ou non. Elle, elle pense que les dieux existe, mais elle se sent plus proche des plantes et des éléments - et pour cause!
Vers le milieu de la journée, on les dirige vers la salle de prière. Les servantes de dieux commencent là une sorte de rituel : elles entrent par le côté, et se mettent à chanter. Leurs voix, qui s'entremêlent toutes, forment un choeur à la fascinante mélodie. Nïn écoute, captivée : elle n'a jamais rien entendu de tel. A entendre ces voix, qui s'accordent si bien, la demi-elfe ne peut douter que les dieux reçoivent ce chant. C'est tellement beau et pur que cela les atteint forcément. Nïn n'a pas vraiment l'habitude de telles prières, aussi ne sait-elle pas comment se comporter. Elle se contente donc d'écouter, les yeux mi-clos, se laissant emporter par ce chant qui a quelque-chose de si mystérieux qu'il semble échapper au domaine du terrestre.
Il est ensuite temps de manger. Nïn mange plus raisonnablement que la veille. Elle ne voudrait pas se rendre malade, à manger plus que ce à quoi elle est habituée. Puis elle suit Schizae jusqu'aux cuisines, où elles aident à préparer le repas. Ca aussi, c'est dans ses cordes, elle a souvent assisté les cuisinières. La servante des dieux qui les accompagne est très âgées, et elle rappelle à Nïn une parente de la famille qu'elle servait avant, qui donnait à la demi-elfe une impression étrange... en effet, elle était capable de dire des choses tout à fait insensées, ce qui faisait dire qu'elle n'avait plus toute sa tête, mais parfois elle avait des mots emplis d'une sagesse époustouflante. Cette vieille femme là s'appelle Germaine, et elle a l'air moins folle que celle qu'a connu Nïn, ce qui est plutôt rassurant, si c'est elle qui fait à manger.
Ensuite, elles retournent à la prière. Cette fois, Nïn ouvre les yeux, et remarque qu'il y a des fleurs dans la salle. Tandis que les femmes chantent de nouveau pour les dieux, elle envoie aux plantes des prières silencieuses. Elle a l'impression que, dans la montagne, elles auront davantage besoin de l'appui des esprits de la nature que de celui des dieux. Et puis, Schizae doit prier pour les dieux, donc elles auront peut-être le soutien des deux.
Lorsque le chant se termine, la demi-elfe se souvient soudain de ce qui les attend ensuite. Ses mains! On va lui laver les mains! L'angoisse remonte en elle, alors qu'elle l'avait oublié. Elle jette des coups d'oeil autour d'elle. En plus, elle a parlé de sa croyance en les éléments à Martha. Celle-ci a peut-être compris qu'elle avait un lien particulier avec eux. Peut-être que la femme, malgré sa gentillesse, trouve que cela est contraire à la volonté des dieux de contrôler les éléments. Peut-être qu'elle a compris qu'elle était une sorcière, et qu'elle va, d'une façon ou d'une autre, lui ôter ses pouvoirs.
Les nouveaux venus sont appelés pour la cérémonie. Nïn se tourne vers Schizae, le coeur battant à tout rompre. Elle croise le regard vert de l'enfant, s'accroche à lui. Tandis qu'elles suivent les servantes des dieux, elle essaie de se répéter que tout va bien se passer. Mais sa poitrine se serre, et ses pupilles se dilatent. Ses paumes la picotent, et elle doit lutter pour ne pas faire apparaître une rassurante flammèche.
Nïn- Elite
- Race : demi-elfe
Re: Randonnées en montagne
Sa tête était lourde. Il ouvrit péniblement les yeux. Il était allongé, mais sur un sol dur. Il avait dormi ? Où ? Il essaya de se souvenir. Il avait la tête terriblement lourde. Il se roula sur le dos et porta sa main droite sur son front, clignant des yeux. Il renifla, le museau pointé vers le sol. Les odeurs lui indiquaient qu'il était dehors, avec d'autres personnes. Il y avait du métal autour de lui. Il y avait aussi des chevaux. Qu'est-ce que tout cela signifiait ? Où s'était-il endormi ?
Il prit le temps de recouvrer ses esprits, et observa tout autour de lui.
Il était dans une cage. Un grande cage, avec quatre autres personnes. Il s'affola. Quoi ?! Il était dans une cage avec quatre autre personnes, sur une charrette. D'où l'odeur de cheval. La charrette avançait. Il y avait une autre charrette qui avançait à côté. Que faisait-il dans cette cage ?!
Voix féline – Calme-toi. Ne t'agite pas, tu vas nous faire mal.
Serpad Eoc'Deokad continua à observer et à renifler tout autour de lui avant de capter, avec cinq secondes de latence, que quelqu'un venait de lui parler, quelqu'un qui se trouvait dans la cage avec lui. C'était une Tigraine typée puma. Elle avait le regard fatigué et le poil sale.
Tigraine – S'il te plaît, ne t'agite pas. Nous sommes en cage, il faut attendre maintenant, et être sage.
SERPAD – Que fais-je ici ?
Tigraine – Tu t'es fait capturer, comme nous.
SERPAD – Comment ? Par qui ? Pourquoi ?
Tigraine – Par des pourritures de Telbarans qui trafiquent avec le Royaume d'Estandre. Nous allons être vendus là-bas. Comment tu t'es fait capturer, je n'en sais rien, je t'ai juste vu être déposé dans cette cage quelques heures après moi.
Serpad regarda les trois autres personnes : un Tigrain typé chat, une Humaine et une femelle Minotaure. Ils avaient tous l'air abattus. La femelle Minotaure avait un bandage partiellement imbibé de sang autour du torse. L'Humaine, elle, avait un gros hématome à la joue gauche.
Minotaure – Elle a raison : si tu t'agites, tu seras battu, cela ne fera qu'empirer ta situation. Il n'y a qu'à attendre d'être arrivés.
Des Humains à l'extérieur de la cage s'exclamèrent :
Humain 1 – Le Lézard vient de se réveiller apparemment !
Humain 2 – Tu le fouettes comme les autres s'il nous emmerde !
C'était donc vrai. Mais comment cela avait-il pu arriver ? Serpad Eoc'Deokad regarda dans le vide et s'efforça de reconstruire ses derniers souvenirs. Il était dans une taverne de Port Barbe. Oui, c'était le dernier endroit où il se souvint d'avoir été. Il avait commandé un potage et de l'hydromel. L'odeur... L'hydromel avait une mauvaise odeur. Serpad avait mis cela sur le compte d'une mauvaise qualité. Il n'avait pas voulu en boire. Cet hydromel avait quelque chose de pas net. Il en avait bu quand même ? Le tavernier... Serpad Eoc'Deokad se souvint du tavernier. Il s'était plaint de l'odeur de l'hydromel et le tavernier, un Humain, lui avait dit que c'était le seul qu'il avait à servir. Forcément, c'était un Humain, il n'avait pas pu sentir que l'hydromel avait une odeur alarmante. Serpad Eoc'Deokad aurait finalement voulu goûter ? Oui. Il avait goûté juste une gorgée. Et...
Non, plus moyen de se souvenir de la suite.
Cela expliquait l'odeur : l'hydromel avait été empoisonné. L'Homme-lézard avait su le détecter, mais il avait fait la mauvaise déduction. S'il avait reconnu l'odeur de poison, il aurait accusé le tavernier auprès de la garde. Malheureusement, ce poison n'avait pas été de ceux qu'il connaissait, et il avait bêtement pensé à une mauvaise qualité de la boisson, sans imaginer qu'elle avait été frelatée. Une erreur bête, vraiment, une simple erreur bête, mais voilà où elle l'avait menée.
Ainsi Serpad Eoc'Deokad avait été capturé par des esclavagistes clandestins à Port Barbe et enfermé avec d'autres prises. Grâce à son odorat, l'Homme-lézard aurait dû éviter le piège, il aurait dû écouter son instinct qui lui avait dit de ne pas boire cet hydromel.
Au fil du voyage, la cage se remplit et se vida. Par exemple, la Tigraine qui avait parlé la première à Serpad Eoc'Deokad, fut vendue à Ventraque, destination atteinte au bout de trois semaines à compter du départ de Port Barbe. Les charrettes avaient avalé la distance assez rapidement, escortées par des mercenaires sans foi, tous Humains comme par hasard.
Le convoi passa par plusieurs villes et bourgs, ne s'arrêtant qu'une demi-journée avant de se rendre au suivant, peu importe le nombre d'esclaves vendus. Sur les places de marchés où ils étaient exposés, les esclaves avaient des chaînes aux pieds et les mains liées dans le dos par de la corde. Pas le temps pour Serpad Eoc'Deokad de se faire des amis d'infortune : quand il commençait à faire connaissance avec un captif, ce dernier était vendu le lendemain et remplacé par un autre fraîchement capturé. Plusieurs étaient d'anciens esclaves ayant réussi à se libérer une première fois mais s'étant refait capturer par la suite.
Humain 2 – Je comprends pas comment ça se fait qu'on n'arrive pas à vendre le Lézard vert ! On se le trimballe depuis le début, personne n'en veut ! Pourtant il a l'air en pleine forme, il se porte bien, il n'a aucune blessure...
Humain 1 – Cherche pas, c'est la loi de la clientèle... Entre ceux qui n'aiment pas les reptiles, ceux qui ne veulent que des esclaves Humains, ceux qui n'ont pas beaucoup d'argent et veulent un esclave bon marché...
Humain 2 – Ouais, c'est vrai qu'on le vend un peu cher...
Humain 1 – Et on ne baissera pas son prix ! Toi-même tu l'as dit : il se porte bien, et en plus, il a l'air déjà docile sans même avoir été dressé ! Une marchandise comme lui, c'est une aubaine, alors ça se vend au prix fort ! Peu importe le temps que ça nous prendra de lui trouver un acheteur. Crois-moi, on en trouvera un !
En effet, Serpad Eoc'Deokad écoutait les conseils que plusieurs autres captifs lui avaient répétés : s'il voulait être bien traité, il ne devait causer aucun ennui. Alors il ne criait pas, ne se rebellait pas, obéissait à tous les ordres, et ne se plaignait pas des rations limitées de nourriture et du manque de sommeil. Il prenait sur lui. Tout ça pour quoi ? Pour valoir trop cher pour le citadin moyen et voir tous ses camarades être achetés avant lui.
Il arriva cependant ce jour où il nota que le verrou des chaînes à ses chevilles commençait à avoir un peu de jeu à cause de l'usure. Tous les jours, à l'abri des regards des esclavagistes, il fit travailler un peu plus le verrou, en essayant de le crocheter avec ses griffes et en tirant dessus. Les autres captifs le voyaient faire sans le trahir. Son acharnement paya : trois jours suffirent à rendre le verrou définitivement défectueux. Serpad Eoc'Deokad pouvait maintenant se libérer les pieds. Et aucun esclavagiste ne s'en doutait.
Il attendit le bon moment. En fin d'après-midi, il fut exposé sur une nouvelle place de marché, avec les autres captifs. C'était un village où il doutait que quelqu'un soit suffisamment riche pour l'acheter. Cela n'avait plus d'importance. Il y avait un temple. Il valait mieux tenter de s'enfuir là-bas et de chercher asile. Cela avait peu de chances de fonctionner, mais c'était toujours mieux que de courir au hasard hors de la ville, car il se ferait rattraper à coup sûr par n'importe quel cavalier.
Serpad Eoc'Deokad écarta les jambes d'un geste vif. La chaîne à ses pieds s'ouvrit. Il avait toujours un poids aux chevilles, mais il pouvait courir. Pas à pleine vitesse, mais il pouvait courir. Les mains toujours liées dans le dos, mais il pouvait courir.
Alors il courut. A perdre haleine.
Les gens furent pris par surprise. Les esclavagistes hurlèrent des ordres. Serpad Eoc'Deokad courait droit en direction du temple, et plus rien n'existait autour de lui.
Il arriva devant les portes, poursuivi par un esclavagiste. Il se débrouilla pour ouvrir le loquet avec la gueule, et poussa la porte avec tout son corps. Il déboula dans la grande salle principale du temple, au beau milieu d'un office, interrompant une chorale. Il courut au hasard vers les personnes, dont la plupart s'écartèrent avec des clameurs. Son adrénaline retomba : il ne pouvait pas faire plus, il était au temple, il n'avait maintenant plus qu'à espérer. Il s'écroula, se sentant soudain à bout de souffle, ce qu'il n'avait pas réalisé à cause de l'adrénaline. Il y avait deux filles à côté de lui, entre dix et quinze ans peut-être. Serpad Eoc'Deokad se roula sur le côté et vit l'esclavagiste surgir dans le temple à sa suite, déterminé à le récupérer.
Esclavagiste – Je suis navré de cet interruption. Cet esclave a essayé de nous échapper, je dois le récupérer pour qu'il soit châtié devant les autres. Pardon, encore une fois.
Il prit le temps de recouvrer ses esprits, et observa tout autour de lui.
Il était dans une cage. Un grande cage, avec quatre autres personnes. Il s'affola. Quoi ?! Il était dans une cage avec quatre autre personnes, sur une charrette. D'où l'odeur de cheval. La charrette avançait. Il y avait une autre charrette qui avançait à côté. Que faisait-il dans cette cage ?!
Voix féline – Calme-toi. Ne t'agite pas, tu vas nous faire mal.
Serpad Eoc'Deokad continua à observer et à renifler tout autour de lui avant de capter, avec cinq secondes de latence, que quelqu'un venait de lui parler, quelqu'un qui se trouvait dans la cage avec lui. C'était une Tigraine typée puma. Elle avait le regard fatigué et le poil sale.
Tigraine – S'il te plaît, ne t'agite pas. Nous sommes en cage, il faut attendre maintenant, et être sage.
SERPAD – Que fais-je ici ?
Tigraine – Tu t'es fait capturer, comme nous.
SERPAD – Comment ? Par qui ? Pourquoi ?
Tigraine – Par des pourritures de Telbarans qui trafiquent avec le Royaume d'Estandre. Nous allons être vendus là-bas. Comment tu t'es fait capturer, je n'en sais rien, je t'ai juste vu être déposé dans cette cage quelques heures après moi.
Serpad regarda les trois autres personnes : un Tigrain typé chat, une Humaine et une femelle Minotaure. Ils avaient tous l'air abattus. La femelle Minotaure avait un bandage partiellement imbibé de sang autour du torse. L'Humaine, elle, avait un gros hématome à la joue gauche.
Minotaure – Elle a raison : si tu t'agites, tu seras battu, cela ne fera qu'empirer ta situation. Il n'y a qu'à attendre d'être arrivés.
Des Humains à l'extérieur de la cage s'exclamèrent :
Humain 1 – Le Lézard vient de se réveiller apparemment !
Humain 2 – Tu le fouettes comme les autres s'il nous emmerde !
C'était donc vrai. Mais comment cela avait-il pu arriver ? Serpad Eoc'Deokad regarda dans le vide et s'efforça de reconstruire ses derniers souvenirs. Il était dans une taverne de Port Barbe. Oui, c'était le dernier endroit où il se souvint d'avoir été. Il avait commandé un potage et de l'hydromel. L'odeur... L'hydromel avait une mauvaise odeur. Serpad avait mis cela sur le compte d'une mauvaise qualité. Il n'avait pas voulu en boire. Cet hydromel avait quelque chose de pas net. Il en avait bu quand même ? Le tavernier... Serpad Eoc'Deokad se souvint du tavernier. Il s'était plaint de l'odeur de l'hydromel et le tavernier, un Humain, lui avait dit que c'était le seul qu'il avait à servir. Forcément, c'était un Humain, il n'avait pas pu sentir que l'hydromel avait une odeur alarmante. Serpad Eoc'Deokad aurait finalement voulu goûter ? Oui. Il avait goûté juste une gorgée. Et...
Non, plus moyen de se souvenir de la suite.
Cela expliquait l'odeur : l'hydromel avait été empoisonné. L'Homme-lézard avait su le détecter, mais il avait fait la mauvaise déduction. S'il avait reconnu l'odeur de poison, il aurait accusé le tavernier auprès de la garde. Malheureusement, ce poison n'avait pas été de ceux qu'il connaissait, et il avait bêtement pensé à une mauvaise qualité de la boisson, sans imaginer qu'elle avait été frelatée. Une erreur bête, vraiment, une simple erreur bête, mais voilà où elle l'avait menée.
Ainsi Serpad Eoc'Deokad avait été capturé par des esclavagistes clandestins à Port Barbe et enfermé avec d'autres prises. Grâce à son odorat, l'Homme-lézard aurait dû éviter le piège, il aurait dû écouter son instinct qui lui avait dit de ne pas boire cet hydromel.
Au fil du voyage, la cage se remplit et se vida. Par exemple, la Tigraine qui avait parlé la première à Serpad Eoc'Deokad, fut vendue à Ventraque, destination atteinte au bout de trois semaines à compter du départ de Port Barbe. Les charrettes avaient avalé la distance assez rapidement, escortées par des mercenaires sans foi, tous Humains comme par hasard.
Le convoi passa par plusieurs villes et bourgs, ne s'arrêtant qu'une demi-journée avant de se rendre au suivant, peu importe le nombre d'esclaves vendus. Sur les places de marchés où ils étaient exposés, les esclaves avaient des chaînes aux pieds et les mains liées dans le dos par de la corde. Pas le temps pour Serpad Eoc'Deokad de se faire des amis d'infortune : quand il commençait à faire connaissance avec un captif, ce dernier était vendu le lendemain et remplacé par un autre fraîchement capturé. Plusieurs étaient d'anciens esclaves ayant réussi à se libérer une première fois mais s'étant refait capturer par la suite.
Humain 2 – Je comprends pas comment ça se fait qu'on n'arrive pas à vendre le Lézard vert ! On se le trimballe depuis le début, personne n'en veut ! Pourtant il a l'air en pleine forme, il se porte bien, il n'a aucune blessure...
Humain 1 – Cherche pas, c'est la loi de la clientèle... Entre ceux qui n'aiment pas les reptiles, ceux qui ne veulent que des esclaves Humains, ceux qui n'ont pas beaucoup d'argent et veulent un esclave bon marché...
Humain 2 – Ouais, c'est vrai qu'on le vend un peu cher...
Humain 1 – Et on ne baissera pas son prix ! Toi-même tu l'as dit : il se porte bien, et en plus, il a l'air déjà docile sans même avoir été dressé ! Une marchandise comme lui, c'est une aubaine, alors ça se vend au prix fort ! Peu importe le temps que ça nous prendra de lui trouver un acheteur. Crois-moi, on en trouvera un !
En effet, Serpad Eoc'Deokad écoutait les conseils que plusieurs autres captifs lui avaient répétés : s'il voulait être bien traité, il ne devait causer aucun ennui. Alors il ne criait pas, ne se rebellait pas, obéissait à tous les ordres, et ne se plaignait pas des rations limitées de nourriture et du manque de sommeil. Il prenait sur lui. Tout ça pour quoi ? Pour valoir trop cher pour le citadin moyen et voir tous ses camarades être achetés avant lui.
Il arriva cependant ce jour où il nota que le verrou des chaînes à ses chevilles commençait à avoir un peu de jeu à cause de l'usure. Tous les jours, à l'abri des regards des esclavagistes, il fit travailler un peu plus le verrou, en essayant de le crocheter avec ses griffes et en tirant dessus. Les autres captifs le voyaient faire sans le trahir. Son acharnement paya : trois jours suffirent à rendre le verrou définitivement défectueux. Serpad Eoc'Deokad pouvait maintenant se libérer les pieds. Et aucun esclavagiste ne s'en doutait.
Il attendit le bon moment. En fin d'après-midi, il fut exposé sur une nouvelle place de marché, avec les autres captifs. C'était un village où il doutait que quelqu'un soit suffisamment riche pour l'acheter. Cela n'avait plus d'importance. Il y avait un temple. Il valait mieux tenter de s'enfuir là-bas et de chercher asile. Cela avait peu de chances de fonctionner, mais c'était toujours mieux que de courir au hasard hors de la ville, car il se ferait rattraper à coup sûr par n'importe quel cavalier.
Serpad Eoc'Deokad écarta les jambes d'un geste vif. La chaîne à ses pieds s'ouvrit. Il avait toujours un poids aux chevilles, mais il pouvait courir. Pas à pleine vitesse, mais il pouvait courir. Les mains toujours liées dans le dos, mais il pouvait courir.
Alors il courut. A perdre haleine.
Les gens furent pris par surprise. Les esclavagistes hurlèrent des ordres. Serpad Eoc'Deokad courait droit en direction du temple, et plus rien n'existait autour de lui.
Il arriva devant les portes, poursuivi par un esclavagiste. Il se débrouilla pour ouvrir le loquet avec la gueule, et poussa la porte avec tout son corps. Il déboula dans la grande salle principale du temple, au beau milieu d'un office, interrompant une chorale. Il courut au hasard vers les personnes, dont la plupart s'écartèrent avec des clameurs. Son adrénaline retomba : il ne pouvait pas faire plus, il était au temple, il n'avait maintenant plus qu'à espérer. Il s'écroula, se sentant soudain à bout de souffle, ce qu'il n'avait pas réalisé à cause de l'adrénaline. Il y avait deux filles à côté de lui, entre dix et quinze ans peut-être. Serpad Eoc'Deokad se roula sur le côté et vit l'esclavagiste surgir dans le temple à sa suite, déterminé à le récupérer.
Esclavagiste – Je suis navré de cet interruption. Cet esclave a essayé de nous échapper, je dois le récupérer pour qu'il soit châtié devant les autres. Pardon, encore une fois.
Serpad Eoc'Deokad- (personnage abandonné)
- Race : Homme-lézard
Re: Randonnées en montagne
Nïn lance des regards effrayés à Schizæ. Ses mains tremblent. La fillette ne comprend pas. Elle ne sait pas pourquoi son esclave a à ce point peur de la cérémonie. Tout s’est très bien passé jusque là. Alors quelle est cette réaction ?
Elle s’avance dans la salle. Les religieuses sont déjà là. Elles se remettent à chanter. Mais cette fois-ci la mélopée est différente. Dynamique, presque violente. On dirait qu’elles entrent en transe. Elles ont changé d’habits. Elles sont toutes vêtues de noir et il fait sombre. Il y a de la brume, une sorte de fumée à l’odeur âcre. Une bougie s’allume. La grande prêtresse la tient entre ses mains et s’avance vers les filles. La chaude lumière jaune éclaire son visage par en bas, lui donnant un air effrayant. Elle avance tel un fantôme, puis se retrouve devant Schizæ. La fillette tend les mains devant elle. La grande prêtresse dépose la bougie sur la tête de l’enfant, puis transvase l’eau d’une carafe dans un bol de fer. Elle prend ensuite une serviette et essuie les mains de l’enfant qui tente de ne pas bouger afin de maintenir la bougie en équilibre sur sa tête. Le chant des religieuses s’amplifie. Schizæ pense aux musiques tribales sur lesquelles dansait Salmissra. Ces sons là ont quelque chose d’entêtant et la fumée amplifie l’impression de surréalisme. Quelles plantes brulent-ils pour que la tête lui tourne à ce point ? Elle l’ignore. Elle se contente d’avancer avec l’étrange impression de flotter. Elle jette un coup d’œil à Nïn. Ses mains tremblent. La fumée monte jusque dans le cerveau de la fillette qui s’embrume tout autant que la salle. De petites lumières apparaissent de partout. Schizæ ne se rend pas compte que ce sont les moniales qui allument de petites flammes. Elle a l’impression d’être entourée de feux-follets qui veulent la perdre. Mais elle est déjà perdue. Kaluni, où es-tu ? Il fait si sombre. Kaluni… Les chants louent le nom de cette grande déesse et Schizæ se laisse emportée par l’union de toutes ces voix, elle chante elle aussi, appelant Kaluni de toutes ses forces. Et Kaluni répond en ajoutant de petites lueurs partout autour d’elle.
Nïn a peur qu’on éteigne la lumière qui brille dans ses mains ! Un éclair de lucidité vient de lui traverser la tête ! C’est Kaluni qui lui parle ! Nïn est l’envoyée de la déesse lumière, descendue sur terre pour éclairer l’humanité. Voilà pourquoi le feu sort de ses mains. Elle se retourne pour dire à la grande prêtresse de ne pas les éteindre, ces mains magiques, mais la déesse choisit un autre moyen d’empêcher ce sacrilège. Elle leur envoie son tout premier messager.
Artanis.
L’esprit brumeux, Schizæ fait un grand sourire à son ami Séladien. Le voilà revenu. Le Séladien capable, comme Nïn, de faire venir la lumière à lui. D’illuminer la terre par le pouvoir de ses mains. Les messagers de Kaluni sont tous réunis ici. Elle se penche vers l’homme-lézard qu’elle prend pour son ami et lui tend la main pour l’aider à se relever. Elle lui sourit.
C’est… psychédélique !
Un homme entre dans la salle. Il est essoufflé.
ESCLAVAGISTE – Je suis navré de cette interruption. Cet esclave a essayé de nous échapper, je dois le récupérer pour qu'il soit châtié devant les autres. Pardon, encore une fois.
SCHIZÆ – Vous n’en ferez rien. Cet esclave ne vous appartient plus, misérable mortel ! Vous ne le châtierez pas. Sa mission ici est bien plus importante que ce que vous êtes capable d’imaginer. Moi, Schizæ de Triant, baronne du domaine de Mortelune, fille de Gabrilain de Triant, lui même fils de Anthèlme de Linth, je réquisitionne ce Séladien.
L’esclavagiste n’a pas l’air d’accord avec l’enfant. Il n’a pas assez respiré la fumée pour ça. Schizæ tend les mains devant elle et commence à lui donner froid. L’homme se met à grelotter. Il regarde autour de lui, légèrement désorienté. Les chants n’ont pas cessé une seconde malgré l’apparition du séladien et de l’humain. Au contraire, ils grognent, de plus en plus bestiaux, si proches de la terre, si mystiques.
La grande prêtresse donne une discrète pichenette à Schizæ qui cesse son sort immédiatement. La représentante de Kaluni analyse la situation, puis fait son choix. Elle se tourne vers l’esclavagiste et parle d’une voix d’outre-tombe. Schizæ la regarde avec admiration. Elle est plus persuasive que ne le serait un couple de léviathan et de bohoron. Ses yeux foudroient l’humain qui se recroqueville sur place.
Il ne se fait pas prier et prend ses jambes à son cou. Les moniales chantent comme si rien n’avait affecté la cérémonie. Schizæ, toujours avec sa bougie en équilibre sur la tête, redresse l’homme-lézard et le fait s’asseoir avec elle à la table des invités. Elle sourit toujours, complètement désinhibée, en prise avec quelques hallucinations. Elle se tourne vers Nïn qui reçoit à son tour une bougie sur la tête. La grande prêtresse lui prend les mains. Ça se brouille tout partout. La fillette a l’étrange impression que la salle devient de plus en plus grande. Tout se dilate autour d’elle. Dans son délire, elle a l’impression de voir en Nïn un grand et gracieux félin. Elle rit.
Elle s’avance dans la salle. Les religieuses sont déjà là. Elles se remettent à chanter. Mais cette fois-ci la mélopée est différente. Dynamique, presque violente. On dirait qu’elles entrent en transe. Elles ont changé d’habits. Elles sont toutes vêtues de noir et il fait sombre. Il y a de la brume, une sorte de fumée à l’odeur âcre. Une bougie s’allume. La grande prêtresse la tient entre ses mains et s’avance vers les filles. La chaude lumière jaune éclaire son visage par en bas, lui donnant un air effrayant. Elle avance tel un fantôme, puis se retrouve devant Schizæ. La fillette tend les mains devant elle. La grande prêtresse dépose la bougie sur la tête de l’enfant, puis transvase l’eau d’une carafe dans un bol de fer. Elle prend ensuite une serviette et essuie les mains de l’enfant qui tente de ne pas bouger afin de maintenir la bougie en équilibre sur sa tête. Le chant des religieuses s’amplifie. Schizæ pense aux musiques tribales sur lesquelles dansait Salmissra. Ces sons là ont quelque chose d’entêtant et la fumée amplifie l’impression de surréalisme. Quelles plantes brulent-ils pour que la tête lui tourne à ce point ? Elle l’ignore. Elle se contente d’avancer avec l’étrange impression de flotter. Elle jette un coup d’œil à Nïn. Ses mains tremblent. La fumée monte jusque dans le cerveau de la fillette qui s’embrume tout autant que la salle. De petites lumières apparaissent de partout. Schizæ ne se rend pas compte que ce sont les moniales qui allument de petites flammes. Elle a l’impression d’être entourée de feux-follets qui veulent la perdre. Mais elle est déjà perdue. Kaluni, où es-tu ? Il fait si sombre. Kaluni… Les chants louent le nom de cette grande déesse et Schizæ se laisse emportée par l’union de toutes ces voix, elle chante elle aussi, appelant Kaluni de toutes ses forces. Et Kaluni répond en ajoutant de petites lueurs partout autour d’elle.
Nïn a peur qu’on éteigne la lumière qui brille dans ses mains ! Un éclair de lucidité vient de lui traverser la tête ! C’est Kaluni qui lui parle ! Nïn est l’envoyée de la déesse lumière, descendue sur terre pour éclairer l’humanité. Voilà pourquoi le feu sort de ses mains. Elle se retourne pour dire à la grande prêtresse de ne pas les éteindre, ces mains magiques, mais la déesse choisit un autre moyen d’empêcher ce sacrilège. Elle leur envoie son tout premier messager.
Artanis.
L’esprit brumeux, Schizæ fait un grand sourire à son ami Séladien. Le voilà revenu. Le Séladien capable, comme Nïn, de faire venir la lumière à lui. D’illuminer la terre par le pouvoir de ses mains. Les messagers de Kaluni sont tous réunis ici. Elle se penche vers l’homme-lézard qu’elle prend pour son ami et lui tend la main pour l’aider à se relever. Elle lui sourit.
C’est… psychédélique !
Un homme entre dans la salle. Il est essoufflé.
ESCLAVAGISTE – Je suis navré de cette interruption. Cet esclave a essayé de nous échapper, je dois le récupérer pour qu'il soit châtié devant les autres. Pardon, encore une fois.
SCHIZÆ – Vous n’en ferez rien. Cet esclave ne vous appartient plus, misérable mortel ! Vous ne le châtierez pas. Sa mission ici est bien plus importante que ce que vous êtes capable d’imaginer. Moi, Schizæ de Triant, baronne du domaine de Mortelune, fille de Gabrilain de Triant, lui même fils de Anthèlme de Linth, je réquisitionne ce Séladien.
L’esclavagiste n’a pas l’air d’accord avec l’enfant. Il n’a pas assez respiré la fumée pour ça. Schizæ tend les mains devant elle et commence à lui donner froid. L’homme se met à grelotter. Il regarde autour de lui, légèrement désorienté. Les chants n’ont pas cessé une seconde malgré l’apparition du séladien et de l’humain. Au contraire, ils grognent, de plus en plus bestiaux, si proches de la terre, si mystiques.
La grande prêtresse donne une discrète pichenette à Schizæ qui cesse son sort immédiatement. La représentante de Kaluni analyse la situation, puis fait son choix. Elle se tourne vers l’esclavagiste et parle d’une voix d’outre-tombe. Schizæ la regarde avec admiration. Elle est plus persuasive que ne le serait un couple de léviathan et de bohoron. Ses yeux foudroient l’humain qui se recroqueville sur place.
GRANDE-PRÊTRESSE – L’esclave a trouvé son maître. Ecoutez la voix des Dieux et partez maintenant.
Il ne se fait pas prier et prend ses jambes à son cou. Les moniales chantent comme si rien n’avait affecté la cérémonie. Schizæ, toujours avec sa bougie en équilibre sur la tête, redresse l’homme-lézard et le fait s’asseoir avec elle à la table des invités. Elle sourit toujours, complètement désinhibée, en prise avec quelques hallucinations. Elle se tourne vers Nïn qui reçoit à son tour une bougie sur la tête. La grande prêtresse lui prend les mains. Ça se brouille tout partout. La fillette a l’étrange impression que la salle devient de plus en plus grande. Tout se dilate autour d’elle. Dans son délire, elle a l’impression de voir en Nïn un grand et gracieux félin. Elle rit.
Schizae- Elite
- Race : Humain
Re: Randonnées en montagne
Les deux filles sont conduites dans une autre salle, où elles retrouvent les servantes de dieux, qui se sont visiblement changées entre temps. Leurs voix s'élèvent de nouveau, mais ce n'est plus la céleste mélodie qui sort de leurs lèvres. La musique est cette fois totalement différente, et si l'autre semblait faite pour les cieux, celle-ci est du domaine de la terre. Elle gronde, s'enfle, par saccades. Nïn sent ses entrailles se tordre. Dans l'obscurité ambiante, une étrange fumée se répand. Son odeur, particulière, inspire quelque-chose de sauvage à la demi-elfe, qui s'accorde bien au chant, qui continue de se heurter à elle. L'air est saturé. Elle cherche Schizae du regard. Elle a peur. Elle va se perdre. Le rythme l'enveloppe, la fumée s'infiltre en elle.
Une des femmes apporte justement une bougie jusqu'à sa jeune maîtresse, la pause sur sa tête. Nïn sent que ses pensées s'embrument. Elle n'arrive pas à penser clairement. Son coeur est appelé par le rythme du choeur des voix, s'accorde à lui. C'est comme si plus rien en elle ne lui appartenait. Elle a presque l'impression de vibrer avec les autres, organe faisant partie d'un corps. Elle perd son individualité.
Autour d'elles, des lumières s'allument, brillent, dansent. Ce sont des flammes. Nïn est fascinée. Elle se sent attirée par ces lueurs chaudes, qui tremblent sur la musique, en rythme. L'impulsion, dans son ventre, lui donne envie de danser aussi. Avec les flammes. Ses mains lui brûlent. Le feu appelle le feu. Elle se rend compte que sa voix a rejoint le choeur, qui gronde autour d'elle. Elle croise le regard de Schizae. Ses yeux lui semblent différents. Plus profonds. Ses mains ont été lavées. Ca va être au tour de Nïn. Elle avance, impuissante, quand une explosion de lumière troue l'obscurité. On a ouvert la porte. Un homme lézard entre, s'effondre, au milieu du chant, que rien ne peut troubler. Les flammes ondulent de plus belle.
Une voix résonne, étrangère à la mélodie. Décalée, étrangère à la communité. Schizae tend la main à l'homme lézard, tandis que la voix intruse le réclame. C'est un esclave, il s'est évadé, il doit le punir. Nïn trouve que ce n'est pas vraiment le moment. La pulsation ne la lâche pas, et la fumée entêtante non plus. Elle se sent attirée vers le sol. Un appel résonne dans tout son être, auquel elle n'aspire qu'à répondre.
Sa maîtresse, d'une voix emprunte d'une indiscutable autorité, répond:
– Vous n’en ferez rien. Cet esclave ne vous appartient plus, misérable mortel ! Vous ne le châtierez pas. Sa mission ici est bien plus importante que ce que vous êtes capable d’imaginer. Moi, Schizæ de Triant, baronne du domaine de Mortelune, fille de Gabrilain de Triant, lui même fils de Anthèlme de Linth, je réquisitionne ce Séladien.
Nïn fixe ses yeux sur l'enfant. Quelque-chose semble l'irradier. Elle comprend qu'elle a eu raison de penser que la jeune baronne n'est pas commune. Même si elle ne pourrait pas dire pourquoi. Les chants grondent de plus belle. Est-ce ça, ou est-ce à cause de Schizae, l'homme semble se perdre. Ses yeux papillonnent, il passe de prédateur à proie. Puis la femme qui dirige la cérémonie, d'une voix venue d'ailleurs, chasse l'homme:
– L’esclave a trouvé son maître. Ecoutez la voix des Dieux et partez maintenant.
L'esclavagiste ne peut que s'exécuter. Il ressort. Nïn suffoque. L'atmosphère pèse sur elle de tout son poids. Elle pèse même en elle. Elle aspire à se fondre dans les chants, à se fondre dans la terre, à rejoindre les flammes, à s'élever vers le bas. La servante des dieux lui pose une bougie sur la tête. La demi-elfe a une conscience suraiguë de la flamme qui danse, là, au dessus d'elle. L'espace d'un instant, elle échappe à elle-même, se projette dedans, ondule avec elle, goûte aux grondements du chant qui emplisse l'air. Comme on lui prend les mains, elle revient à elle. Mais tout se mélange. Les flammes. Le chant. La fumée. Elle ne sait plus qui elle est, où elle est est. Une esclave, une flamme, l'air, un battement de coeur, une impulsion du choeur? Une once, peut-être. L'eau, qui ruisselle sur ses mains. Elle y est projetée, un instant, elle la fait danser, elle aussi. Puis on l'essuie. Dommage. Le chant la porte, sinon elle s'effondrerait au sol.
Elle avance, voit Schizae rire en la regardant. Schizae, en qui quelque-chose pulse. Quoi, Nïn ne sait pas, mais c'est puissant. L'esclave ronronne. Est-ce le moment, l'air saturé, ou son propre pouvoir? Peu importe, mais la puissance de l'enfant l'attire. Elle voudrait frotter sa tête de gros chat sur sa main, s'imprégner de ce qu'elle sent en elle. Le pouls de la musique l'emporte. Ses yeux se révulsent, tandis que son être se disloque, à l'intérieur. Son esprit se perd, elle n'est plus que sang qui pulse, corps qui se meut, rythme qui se répercute. Elle se mêle à la panthère et aux flammes.
Une des femmes apporte justement une bougie jusqu'à sa jeune maîtresse, la pause sur sa tête. Nïn sent que ses pensées s'embrument. Elle n'arrive pas à penser clairement. Son coeur est appelé par le rythme du choeur des voix, s'accorde à lui. C'est comme si plus rien en elle ne lui appartenait. Elle a presque l'impression de vibrer avec les autres, organe faisant partie d'un corps. Elle perd son individualité.
Autour d'elles, des lumières s'allument, brillent, dansent. Ce sont des flammes. Nïn est fascinée. Elle se sent attirée par ces lueurs chaudes, qui tremblent sur la musique, en rythme. L'impulsion, dans son ventre, lui donne envie de danser aussi. Avec les flammes. Ses mains lui brûlent. Le feu appelle le feu. Elle se rend compte que sa voix a rejoint le choeur, qui gronde autour d'elle. Elle croise le regard de Schizae. Ses yeux lui semblent différents. Plus profonds. Ses mains ont été lavées. Ca va être au tour de Nïn. Elle avance, impuissante, quand une explosion de lumière troue l'obscurité. On a ouvert la porte. Un homme lézard entre, s'effondre, au milieu du chant, que rien ne peut troubler. Les flammes ondulent de plus belle.
Une voix résonne, étrangère à la mélodie. Décalée, étrangère à la communité. Schizae tend la main à l'homme lézard, tandis que la voix intruse le réclame. C'est un esclave, il s'est évadé, il doit le punir. Nïn trouve que ce n'est pas vraiment le moment. La pulsation ne la lâche pas, et la fumée entêtante non plus. Elle se sent attirée vers le sol. Un appel résonne dans tout son être, auquel elle n'aspire qu'à répondre.
Sa maîtresse, d'une voix emprunte d'une indiscutable autorité, répond:
– Vous n’en ferez rien. Cet esclave ne vous appartient plus, misérable mortel ! Vous ne le châtierez pas. Sa mission ici est bien plus importante que ce que vous êtes capable d’imaginer. Moi, Schizæ de Triant, baronne du domaine de Mortelune, fille de Gabrilain de Triant, lui même fils de Anthèlme de Linth, je réquisitionne ce Séladien.
Nïn fixe ses yeux sur l'enfant. Quelque-chose semble l'irradier. Elle comprend qu'elle a eu raison de penser que la jeune baronne n'est pas commune. Même si elle ne pourrait pas dire pourquoi. Les chants grondent de plus belle. Est-ce ça, ou est-ce à cause de Schizae, l'homme semble se perdre. Ses yeux papillonnent, il passe de prédateur à proie. Puis la femme qui dirige la cérémonie, d'une voix venue d'ailleurs, chasse l'homme:
– L’esclave a trouvé son maître. Ecoutez la voix des Dieux et partez maintenant.
L'esclavagiste ne peut que s'exécuter. Il ressort. Nïn suffoque. L'atmosphère pèse sur elle de tout son poids. Elle pèse même en elle. Elle aspire à se fondre dans les chants, à se fondre dans la terre, à rejoindre les flammes, à s'élever vers le bas. La servante des dieux lui pose une bougie sur la tête. La demi-elfe a une conscience suraiguë de la flamme qui danse, là, au dessus d'elle. L'espace d'un instant, elle échappe à elle-même, se projette dedans, ondule avec elle, goûte aux grondements du chant qui emplisse l'air. Comme on lui prend les mains, elle revient à elle. Mais tout se mélange. Les flammes. Le chant. La fumée. Elle ne sait plus qui elle est, où elle est est. Une esclave, une flamme, l'air, un battement de coeur, une impulsion du choeur? Une once, peut-être. L'eau, qui ruisselle sur ses mains. Elle y est projetée, un instant, elle la fait danser, elle aussi. Puis on l'essuie. Dommage. Le chant la porte, sinon elle s'effondrerait au sol.
Elle avance, voit Schizae rire en la regardant. Schizae, en qui quelque-chose pulse. Quoi, Nïn ne sait pas, mais c'est puissant. L'esclave ronronne. Est-ce le moment, l'air saturé, ou son propre pouvoir? Peu importe, mais la puissance de l'enfant l'attire. Elle voudrait frotter sa tête de gros chat sur sa main, s'imprégner de ce qu'elle sent en elle. Le pouls de la musique l'emporte. Ses yeux se révulsent, tandis que son être se disloque, à l'intérieur. Son esprit se perd, elle n'est plus que sang qui pulse, corps qui se meut, rythme qui se répercute. Elle se mêle à la panthère et aux flammes.
Nïn- Elite
- Race : demi-elfe
Re: Randonnées en montagne
La chorale avait repris comme si de rien n'était. Serpad Eoc'Deokad était trop absorbé par son sort et sa situation pour remarquer la sorte de transe dans laquelle les chanteuses – puisque la chorale était entièrement féminine – s'étaient plongées. Et il n'y avait pas que la chorale. La plupart des personnes s'étaient écartées en s'exclamant de surprise lorsque Serpad Eoc'Deokad avait fait irruption dans le temple, mais pas les deux enfants auprès desquelles il s'était écroulé. La plus jeune des deux tendit même sa main à l'esclave pour l'aider à se remettre debout. Sans se poser de questions, Serpad Eoc'Deokad saisit cette main. L'enfant s'adressa à l'esclavagiste d'un ton stupéfiant tant il fut solennel, comme si elle était dans la même transe que les choristes :
SCHIZÆ – Vous n'en ferez rien. Cet esclave ne vous appartient plus, misérable mortel !
Pour parler comme ça, c'est soit qu'elle était effectivement dans un état second, soit que les gens ici étaient tous cinglés. A moins que... cette fille... N'était-elle pas elle-même une « misérable mortelle » ? Etait-elle d'une nature autre que celle dont elle avait l'apparence ? Il y avait quelque chose de bizarre, mais Serpad Eoc'Deokad n'avait pas encore toutes les idées en place pour y réfléchir.
SCHIZÆ – Vous ne le châtierez pas. Sa mission ici est bien plus importante que ce que vous êtes capable d'imaginer.
De quoi parlait-elle ? Serpad Eoc'Deokad avait une mission ici ?! Mais bon sang, où venait-il de mettre les pieds ?
Pour l'instant, il en était toujous à penser que même si les gens autour de lui étaient fous, cet endroit ne pouvait être pire que la condition d'esclave à laquelle on avait voulu le réduire.
SCHIZÆ – Moi, Schizæ de Triant, baronne du domaine de Mortelune, fille de Gabrilain de Triant, lui même fils de Anthèlme de Linth, je réquisitionne ce Séladien.
Serpad Eoc'Deokad venait-il de bien entendre ? « Séladien » ?! Il comptait sur les doigts d'une seule main le nombre de personnes, dans sa vie, qui avait appelé sa race par ce terme. C'était montrer un respect particulier que de les appeler “Séladiens” plutôt que “Hommes-lézards”. La plupart des gens ne savaient même pas l'origine de ce mot, ou sa signification ; d'aucuns ignoraient même l'existence de ce mot.
En même temps la fille lui montrait du respect en l'appelant par le vrai nom de sa race, mais en même temps, elle le « réquisitionnait » en faisant valoir son titre de noblesse. Serpad Eoc'Deokad fut perplexe : que devait-il en penser ? Il n'échapperait peut-être pas à une vie d'esclave – il avait eu peu d'espoir de toute manière – mais il serait peut-être mieux traité.
L'esclavagiste n'en mena pas large. Il eut même l'air de frissonner, à un moment. Une femme-prélat souffla la fille qui venait de parler. Elle venait de porter la main sur une baronne ?! Etait-elle sa mère ? Sinon, c'était un geste grave. Elle s'adressa ensuite à son tour à l'esclavagiste :
Prélat – L'esclave a trouvé son maître. Ecoutez la voix des Dieux et partez maintenant.
En transe comme les choristes, la femme parlait d'une voix d'outre-tombe, comme si ses mots étaient en fait des incantations. Serpad Eoc'Deokad connaissait bien ce genre de tons déclamatoires, en tant que nécromancien.
Cela acheva de faire repartir l'esclavagiste, abandonnant l'esclave qu'il désirait châtier.
Voilà, Serpad Eoc'Deokad venait de quitter un marché aux esclaves pour tomber directement dans les bras d'une baronne Humaine de moins de quinze ans qui l'obtenait gratuitement.
La baronne, dont Serpad Eoc'Deokad n'avait pas bien retenu le nom – d'autant qu'elle avait noyé sa présentation par sa généalogie – invita son nouvel esclave à s'asseoir. Elle tenait en équilibre un cierge sur sa tête. Cela faisait partie de la cérémonie. Elle ne le garda pas longtemps, le passant à sa voisine, la fille un peu plus âgée qu'elle, après s'être fait laver les mains.
Maintenant qu'il se détendait, Serpad Eoc'Deokad fut frappé par un élément de cette cérémonie : les fumées parfumées. Dégagées par les multiples cierges, elles participaient à cette ambiance rituelle démente. Le nez de l'Homme-lézard s'en trouva assez irrité. Pour ne pas paraître impoli et ne pas attirer le courroux de sa nouvelle maîtresse, il fit de son mieux pour tousser discrètement. Il se frotta le museau à plusieurs reprises comme si cela allait empêcher la fumée de s'insinuer dans ses narines reptiliennes. Il toussa encore.
Il espérait que cette cérémonie touchait à sa fin. Il avait l'impression d'avoir déjà la tête qui lui tournait un peu. Assis à la table des invités, il cala son museau entre la table et son ventre, essayant de tousser en silence et de respirer la fumée le moins possible.
SCHIZÆ – Vous n'en ferez rien. Cet esclave ne vous appartient plus, misérable mortel !
Pour parler comme ça, c'est soit qu'elle était effectivement dans un état second, soit que les gens ici étaient tous cinglés. A moins que... cette fille... N'était-elle pas elle-même une « misérable mortelle » ? Etait-elle d'une nature autre que celle dont elle avait l'apparence ? Il y avait quelque chose de bizarre, mais Serpad Eoc'Deokad n'avait pas encore toutes les idées en place pour y réfléchir.
SCHIZÆ – Vous ne le châtierez pas. Sa mission ici est bien plus importante que ce que vous êtes capable d'imaginer.
De quoi parlait-elle ? Serpad Eoc'Deokad avait une mission ici ?! Mais bon sang, où venait-il de mettre les pieds ?
Pour l'instant, il en était toujous à penser que même si les gens autour de lui étaient fous, cet endroit ne pouvait être pire que la condition d'esclave à laquelle on avait voulu le réduire.
SCHIZÆ – Moi, Schizæ de Triant, baronne du domaine de Mortelune, fille de Gabrilain de Triant, lui même fils de Anthèlme de Linth, je réquisitionne ce Séladien.
Serpad Eoc'Deokad venait-il de bien entendre ? « Séladien » ?! Il comptait sur les doigts d'une seule main le nombre de personnes, dans sa vie, qui avait appelé sa race par ce terme. C'était montrer un respect particulier que de les appeler “Séladiens” plutôt que “Hommes-lézards”. La plupart des gens ne savaient même pas l'origine de ce mot, ou sa signification ; d'aucuns ignoraient même l'existence de ce mot.
En même temps la fille lui montrait du respect en l'appelant par le vrai nom de sa race, mais en même temps, elle le « réquisitionnait » en faisant valoir son titre de noblesse. Serpad Eoc'Deokad fut perplexe : que devait-il en penser ? Il n'échapperait peut-être pas à une vie d'esclave – il avait eu peu d'espoir de toute manière – mais il serait peut-être mieux traité.
L'esclavagiste n'en mena pas large. Il eut même l'air de frissonner, à un moment. Une femme-prélat souffla la fille qui venait de parler. Elle venait de porter la main sur une baronne ?! Etait-elle sa mère ? Sinon, c'était un geste grave. Elle s'adressa ensuite à son tour à l'esclavagiste :
Prélat – L'esclave a trouvé son maître. Ecoutez la voix des Dieux et partez maintenant.
En transe comme les choristes, la femme parlait d'une voix d'outre-tombe, comme si ses mots étaient en fait des incantations. Serpad Eoc'Deokad connaissait bien ce genre de tons déclamatoires, en tant que nécromancien.
Cela acheva de faire repartir l'esclavagiste, abandonnant l'esclave qu'il désirait châtier.
Voilà, Serpad Eoc'Deokad venait de quitter un marché aux esclaves pour tomber directement dans les bras d'une baronne Humaine de moins de quinze ans qui l'obtenait gratuitement.
La baronne, dont Serpad Eoc'Deokad n'avait pas bien retenu le nom – d'autant qu'elle avait noyé sa présentation par sa généalogie – invita son nouvel esclave à s'asseoir. Elle tenait en équilibre un cierge sur sa tête. Cela faisait partie de la cérémonie. Elle ne le garda pas longtemps, le passant à sa voisine, la fille un peu plus âgée qu'elle, après s'être fait laver les mains.
Maintenant qu'il se détendait, Serpad Eoc'Deokad fut frappé par un élément de cette cérémonie : les fumées parfumées. Dégagées par les multiples cierges, elles participaient à cette ambiance rituelle démente. Le nez de l'Homme-lézard s'en trouva assez irrité. Pour ne pas paraître impoli et ne pas attirer le courroux de sa nouvelle maîtresse, il fit de son mieux pour tousser discrètement. Il se frotta le museau à plusieurs reprises comme si cela allait empêcher la fumée de s'insinuer dans ses narines reptiliennes. Il toussa encore.
Il espérait que cette cérémonie touchait à sa fin. Il avait l'impression d'avoir déjà la tête qui lui tournait un peu. Assis à la table des invités, il cala son museau entre la table et son ventre, essayant de tousser en silence et de respirer la fumée le moins possible.
Serpad Eoc'Deokad- (personnage abandonné)
- Race : Homme-lézard
Re: Randonnées en montagne
SCHIZÆ – Je ne me souviens plus de ce qu’il s’est passé après. J’ai rêvé ou Artanis est réellement apparu durant le rituel ? Et il est devenu mon esclave ?
Martha rit et acquiesce. Il y a bien un homme lézard qui est arrivé et Schizæ l’a réquisitionné. La fillette s’impressionne elle-même. En moins de trois jours, elle a acquis deux esclaves ! Et la grande prêtresse elle-même a donné son accord. Bien sûr, elle ignore encore que cette dernière a d’autres idées en tête que d’agrandir le prestige de la jeune baronne. En vérité, la grande prêtresse s’était simplement dit que, d’une part les jeunes filles seraient plus en sécurité accompagnée d’un homme - même si ce dernier est demi-lézard - et d’autre part, la religieuse est certaine que le partage de connaissance permettra à ces trois personnes d’évoluer sur la voie de Kaluni. Elle espère que ce choix est le meilleur pour le séladien qui aura un maître inoffensif et ne risquera plus de se faire attraper par d'autres esclavagistes, pour la fillette qui verra son obtus esprit s’aggrandir et ses buts devenir plus altruistes. Elle souhaite également que la demie-elfe réussisse, à l’aide des deux autres, à découvrir qui elle est vraiment. Mais elle ne dit rien de tout ça et se contente de laisser Kaluni guider leur chemin.
MARTHA – Maintenant que la prière du matin est terminée, il faut se rendre au réfectoire. Et surtout, silence.
Schizæ et Nïn ont encore suivi la messe. Elles ne peuvent pas voir le séladien qui se trouve dans les parties mixtes du temple. Les religieuses affirment qu’elles le prennent en charge, qu’il n’a pas été très bien traité par les esclavagistes et qu’elles doivent l’aider à se ressourcer avant qu’il puisse avoir de la visite.
Durant le petit déjeuner, comme durant tous les repas, une moniale lit les mots du roi. Schizæ a l’impression que la politique entre jusque dans la religion. En effet, ce matin on parle de la vision quelque peu différente que les Tacomnans ont de Sercanth. « Ces gens-là, qui sont des gens très bien, n’ont pas gardé la vraie version des fait ». Les informations sur le royaume sont plutôt bonnes, si ce n’est quelques habituelles batailles entre les deux royaumes, quelques plaintes à propos de centaures qu’on réduirait en esclavage malgré le décret… etc. La fillette s’intéresse plus à la nourriture (pas assez variée à son goût) qu’à la politique. Fromage, pain, lait froid… Après la politique, la lectrice passe aux textes sacrés sur Kaluni, l’origine de la lumière et tout et tout. Schizæ s’ennuie royalement.
Après cela, elles consacrent leur journée au jardinage le matin et à la couture l'après-midi. Elles s’occupent donc de fabriquer leurs propres habits de montagne sous les conseilles avisés d’une certaine Juliène. Quand elles finissent, elles sont autorisées à visiter l’homme-lézard avant la troisième prière. Schizæ propose à Nïn de s’y rendre. Quand elle le voit, Schizæ ne peut s’empêcher d’être un peu déçue : ce n’est pas Artanis. Elle s’en doutait bien sûr. Mais quand même, elle est un peu désappointée.
La fillette s’approche de son nouvel esclave et se présente à lui.
SCHIZÆ – Bonsoir, je me nomme Schizæ de Triant, baronne de… Mortelune, dans le royaume d’Estandre, fille de Gabrialain de Triant, petite-fille d’Anthèlme de Linth. Je suis ta nouvelle maîtresse. Et voici Nïn qui est également à mon service.
Schizæ désigne la demie-elfe, la laisse se présenter puis reprend la parole.
SCHIZÆ – Et toi, tu es qui ?
Martha rit et acquiesce. Il y a bien un homme lézard qui est arrivé et Schizæ l’a réquisitionné. La fillette s’impressionne elle-même. En moins de trois jours, elle a acquis deux esclaves ! Et la grande prêtresse elle-même a donné son accord. Bien sûr, elle ignore encore que cette dernière a d’autres idées en tête que d’agrandir le prestige de la jeune baronne. En vérité, la grande prêtresse s’était simplement dit que, d’une part les jeunes filles seraient plus en sécurité accompagnée d’un homme - même si ce dernier est demi-lézard - et d’autre part, la religieuse est certaine que le partage de connaissance permettra à ces trois personnes d’évoluer sur la voie de Kaluni. Elle espère que ce choix est le meilleur pour le séladien qui aura un maître inoffensif et ne risquera plus de se faire attraper par d'autres esclavagistes, pour la fillette qui verra son obtus esprit s’aggrandir et ses buts devenir plus altruistes. Elle souhaite également que la demie-elfe réussisse, à l’aide des deux autres, à découvrir qui elle est vraiment. Mais elle ne dit rien de tout ça et se contente de laisser Kaluni guider leur chemin.
MARTHA – Maintenant que la prière du matin est terminée, il faut se rendre au réfectoire. Et surtout, silence.
Schizæ et Nïn ont encore suivi la messe. Elles ne peuvent pas voir le séladien qui se trouve dans les parties mixtes du temple. Les religieuses affirment qu’elles le prennent en charge, qu’il n’a pas été très bien traité par les esclavagistes et qu’elles doivent l’aider à se ressourcer avant qu’il puisse avoir de la visite.
Durant le petit déjeuner, comme durant tous les repas, une moniale lit les mots du roi. Schizæ a l’impression que la politique entre jusque dans la religion. En effet, ce matin on parle de la vision quelque peu différente que les Tacomnans ont de Sercanth. « Ces gens-là, qui sont des gens très bien, n’ont pas gardé la vraie version des fait ». Les informations sur le royaume sont plutôt bonnes, si ce n’est quelques habituelles batailles entre les deux royaumes, quelques plaintes à propos de centaures qu’on réduirait en esclavage malgré le décret… etc. La fillette s’intéresse plus à la nourriture (pas assez variée à son goût) qu’à la politique. Fromage, pain, lait froid… Après la politique, la lectrice passe aux textes sacrés sur Kaluni, l’origine de la lumière et tout et tout. Schizæ s’ennuie royalement.
Après cela, elles consacrent leur journée au jardinage le matin et à la couture l'après-midi. Elles s’occupent donc de fabriquer leurs propres habits de montagne sous les conseilles avisés d’une certaine Juliène. Quand elles finissent, elles sont autorisées à visiter l’homme-lézard avant la troisième prière. Schizæ propose à Nïn de s’y rendre. Quand elle le voit, Schizæ ne peut s’empêcher d’être un peu déçue : ce n’est pas Artanis. Elle s’en doutait bien sûr. Mais quand même, elle est un peu désappointée.
La fillette s’approche de son nouvel esclave et se présente à lui.
SCHIZÆ – Bonsoir, je me nomme Schizæ de Triant, baronne de… Mortelune, dans le royaume d’Estandre, fille de Gabrialain de Triant, petite-fille d’Anthèlme de Linth. Je suis ta nouvelle maîtresse. Et voici Nïn qui est également à mon service.
Schizæ désigne la demie-elfe, la laisse se présenter puis reprend la parole.
SCHIZÆ – Et toi, tu es qui ?
Schizae- Elite
- Race : Humain
Re: Randonnées en montagne
Nïn ouvre les yeux, s'étire, baille, puis se redresse. Elle est dans la pièce où sa maîtresse et elle dorment. Schizae est à côté d'elle, et s'éveille également. La tête de la demi-elfe lui pèse légèrement. Elle a l'impression d'avoir dormi d'un sommeil très lourd... Pour une fois, elle ne se souvient d'aucun de ses rêves, même si elle a la certitude d'avoir rêvé. Elle rassemble ses esprits, reconstitue le fil de la journée de la veille... frissonne. La cérémonie lui revient en mémoire, de façon confuse, mais très présente. Elle a l'étrange sensation que ses souvenirs sont plus attachés à son corps qu'à son esprits, et se rappelle de ses sensations plus que des pensées qu'elle a eu. En tous cas, c'était très étrange. Après... elles ont dû aller manger. Sa mémoire est floue. Elle se demande ce qui peut bien avoir eu cet effet sur elle. Elle se souvient des chants, de la fumée, des flammes... C'est peut-être un mélange de tout cela.
Schizae et elle se rendent à la prière matinale, escortées par Martha. Une fois la prière terminée, Schizae interroge la servante des dieux sur les évènements de la veille. Ses souvenirs doivent être aussi confus que ceux de la demi-elfe. Puis elles s'en vont au réfectoire, où on leur lit les mots du roi. Nïn écoute à peine. Les affaires des humains ne l'intéressent pas vraiment. Distraitement, elle rompt un bout de pain afin de le manger, tandis que ses pensées s'échappent, au loin. Le temple ne lui déplaît pas, mais elle a hâte de sortir. L'espace clos lui pèse. Et comme elle n'est jamais seule, elle ne peut pas se transformer, ni jouer avec le feu, l'air, l'eau ou la terre. La cérémonie de la veille l'a laissée avec une envie très forte de laisser sortir un peu ses pouvoirs.
On leur lit ensuite des textes sur les dieux, ce qui intéresse davantage Nïn. Ca la fascine, ces histoires-là. Elle aimait bien écouter lorsqu'on donnait à ses maîtres des leçons sur les dieux. Ici, en plus, elle n'est pas obligée de tendre l'oreille tout en exécutant des tâches diverses: elle peut être complètement attentive.
La lecture se termine, et les filles doivent se rendre dans le jardin, pour entretenir ce qui y pousse. Dès qu'elle met le nez dehors, Nïn inspire une grande goulée d'air. Les effluves de terre et de plantes la font sourire. Elle s'agenouille au sol, et entreprend de s'occuper des légumes et des plantes. Le contact avec la terre l'apaise. Toutefois, même si ce jardin lui fait du bien, comme il fait partie de l'enceinte du temple, elle a toujours cette sensation d'être enfermée. Elle n'est pas vraiment dehors. Mais cela viendra. Il lui faut juste être patiente.
L'après-midi, sa maîtresse et elles s'adonnent à la couture. Nïn a l'impression de n'être pas à sa place. Ses jeunes maîtresses avaient des leçons de couture, mais elle, en tant qu'esclave, devait s'occuper des tâches plus physiques. La demi-elfe se concentre, pour essayer de bien faire. Ce n'est pas facile, et elle se pique les doigts. A regarder, le geste semble simple, mais elle comprend vite que ce n'est pas le cas. Elle fait de son mieux, pour ne pas devoir aller en montagne avec des vêtements mal cousus. Elle a certes sa fourrure d'once, mais elle ne pourra passer tout son temps sous cette forme, puisqu'il lui faudra prendre soin de sa maîtresse.
Avant la troisième prière, l'enfant lui propose d'aller voir l'homme lézard qu'elle a réquisitionné pendant la cérémonie. Nïn n'a pas compris tout ce qui s'était passé à ce moment. Elle ne sait pas pourquoi sa maîtresse a ainsi tenu à avoir cet autre esclave. Est-ce qu'elle ne lui suffit pas? Nïn sent en elle une pointe de jalousie, mêlée à une certaine peur. Elle espère que Schizae ne compte pas se débarrasser d'elle. Pourtant, l'enfant a semblé apprécier ses mains magiques. Tout comme tu pensais que ton maître t'appréciait, toi, sa petite panthère, et pourtant il t'a vendue sans même te dire au revoir. Nïn secoue la tête. Son maître était un idiot. Elle n'a cure de ce qu'il pouvait bien penser d'elle.
L'homme lézard se trouve dans les parties communes. Schizae se présente à lui, avant d'introduire Nïn tout en la désignant. La demi-elfe se prétend "enchantée" et incline la tête. Mais, dans le même temps, elle jette à l'esclave un regard glacé de panthère des neiges. Qu'il ne croit pas qu'elle va se laisser évincer par un reptile.
Schizae et elle se rendent à la prière matinale, escortées par Martha. Une fois la prière terminée, Schizae interroge la servante des dieux sur les évènements de la veille. Ses souvenirs doivent être aussi confus que ceux de la demi-elfe. Puis elles s'en vont au réfectoire, où on leur lit les mots du roi. Nïn écoute à peine. Les affaires des humains ne l'intéressent pas vraiment. Distraitement, elle rompt un bout de pain afin de le manger, tandis que ses pensées s'échappent, au loin. Le temple ne lui déplaît pas, mais elle a hâte de sortir. L'espace clos lui pèse. Et comme elle n'est jamais seule, elle ne peut pas se transformer, ni jouer avec le feu, l'air, l'eau ou la terre. La cérémonie de la veille l'a laissée avec une envie très forte de laisser sortir un peu ses pouvoirs.
On leur lit ensuite des textes sur les dieux, ce qui intéresse davantage Nïn. Ca la fascine, ces histoires-là. Elle aimait bien écouter lorsqu'on donnait à ses maîtres des leçons sur les dieux. Ici, en plus, elle n'est pas obligée de tendre l'oreille tout en exécutant des tâches diverses: elle peut être complètement attentive.
La lecture se termine, et les filles doivent se rendre dans le jardin, pour entretenir ce qui y pousse. Dès qu'elle met le nez dehors, Nïn inspire une grande goulée d'air. Les effluves de terre et de plantes la font sourire. Elle s'agenouille au sol, et entreprend de s'occuper des légumes et des plantes. Le contact avec la terre l'apaise. Toutefois, même si ce jardin lui fait du bien, comme il fait partie de l'enceinte du temple, elle a toujours cette sensation d'être enfermée. Elle n'est pas vraiment dehors. Mais cela viendra. Il lui faut juste être patiente.
L'après-midi, sa maîtresse et elles s'adonnent à la couture. Nïn a l'impression de n'être pas à sa place. Ses jeunes maîtresses avaient des leçons de couture, mais elle, en tant qu'esclave, devait s'occuper des tâches plus physiques. La demi-elfe se concentre, pour essayer de bien faire. Ce n'est pas facile, et elle se pique les doigts. A regarder, le geste semble simple, mais elle comprend vite que ce n'est pas le cas. Elle fait de son mieux, pour ne pas devoir aller en montagne avec des vêtements mal cousus. Elle a certes sa fourrure d'once, mais elle ne pourra passer tout son temps sous cette forme, puisqu'il lui faudra prendre soin de sa maîtresse.
Avant la troisième prière, l'enfant lui propose d'aller voir l'homme lézard qu'elle a réquisitionné pendant la cérémonie. Nïn n'a pas compris tout ce qui s'était passé à ce moment. Elle ne sait pas pourquoi sa maîtresse a ainsi tenu à avoir cet autre esclave. Est-ce qu'elle ne lui suffit pas? Nïn sent en elle une pointe de jalousie, mêlée à une certaine peur. Elle espère que Schizae ne compte pas se débarrasser d'elle. Pourtant, l'enfant a semblé apprécier ses mains magiques. Tout comme tu pensais que ton maître t'appréciait, toi, sa petite panthère, et pourtant il t'a vendue sans même te dire au revoir. Nïn secoue la tête. Son maître était un idiot. Elle n'a cure de ce qu'il pouvait bien penser d'elle.
L'homme lézard se trouve dans les parties communes. Schizae se présente à lui, avant d'introduire Nïn tout en la désignant. La demi-elfe se prétend "enchantée" et incline la tête. Mais, dans le même temps, elle jette à l'esclave un regard glacé de panthère des neiges. Qu'il ne croit pas qu'elle va se laisser évincer par un reptile.
Nïn- Elite
- Race : demi-elfe
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