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Chanson pour un Centaure

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Message  Vagabonde Mer 3 Juin 2015 - 4:29

Arrive l’heure où les chiens rêvent qu’ils ont été des loups. Une femme centaure dépose un enfant sur un lit de mousse. Elle glisse ses doigts le long du nez retroussé du fils de l’Homme, puis dépose ses lèvres sur son front pâle. Le bébé pousse un long soupir. Son esprit est déjà au pays des rêves. Ses points sont serrés et il est pris de petits mouvements incoordonnés. Sa respiration est lourde, tranquille.

Le regard aveugle de la centauresse est emprunt de tendresse et de douceur. Elle s’allonge à son tour tout près de l’enfant pour le réchauffer de son corps.

Alors se fait entendre un murmure entre les arbres. Un simple frisson glissant de feuilles en feuilles qui se transforme doucement en comptine. Vagabonde, la centauresse, chante à ce fils de l’Homme la mélodie que sa mère défunte lui fredonnait. Et puis sa voix s’éteint comme s’éteindrait la flamme d’une bougie.

Les yeux tournés vers un ciel qu’elle ne peut voir, elle repense à cette femme morte trop tôt. Cette femme qui voulait trouver un mestre afin de pouvoir à nouveau prendre soin de son petit. Mais un mal la rongeait depuis trop longtemps. Il l’a dévorée avant même qu’elle n’atteigne la ville. Vagabonde les accompagnait, elle et son fils. Sur la fin, elle les portait sur son dos. Elle se servait des pouvoirs que la Terre lui a accordés pour soigner la mère. Mais cela n’a pas suffit. Cette femme mourut en lui léguant son unique enfant.

« Ta mère se prénommait Tilleul, murmure Vagabonde à l’oreille du fils endormi. Elle faisait partie des villageois qui m’ont soigné. Elle a sauvé la vie de l’inconnue que j’étais, malgré nos différences. Tu es l’enfant d’une dame au grand cœur. »

Ses yeux se ferment et elle rejoint le petit dans le monde des rêves. Une brise vient caresser leurs visages. Les plumes ornant la chevelure de la centauresse frémissent, comme si une partie de l’esprit de sa fille, Nirvelli, y était resté accroché.
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Message  Vagabonde Jeu 4 Juin 2015 - 4:07

Il était encore jeune pour un elfe sylvestre. Un demi-millénaire, plus ou moins un centenaire. Son peuple vieillissait et il n’avait pas pour habitude de rencontrer d’humanoïde aussi jeune que ce petit endormi contre le corps d’une centauresse.

Il savait qu’elle avait entendu le bruissement des feuilles sous son pied lorsqu’il s’était approché. Mais elle avait dû deviner qu’il ne représentait aucun danger, ni pour elle, ni pour son petit, aussi s’était elle rendormie. L’esprit de la centauresse flottait donc entre le monde des rêves et celui de la Terre.

Il s’assit non loin des corps assoupis et respira profondément. Les centaures sont des créatures respectueuses de la Terre et des esprits vivant en toutes choses. Ces êtres fiers apprécient peu les humains mais sont acceptés par les elfes des bois. Cependant à côté de cette centauresse se trouve un brassard et un gantelet de cuir englobant deux doigts. Ils sont tous deux cousus à la façon des humains. Et ses cheveux sont ornés de plumes, comme le font certaines femmes. L’elfe les caresse du doigt et Vagabonde ouvre les yeux. Il les trouve beau, ces yeux d’un vert brisé. Et la voix mélodieuse  de la centauresse sonne à ses oreilles comme de l’eau claire coulant entre les rochers d’une rivière.

« Bonjour », dit-elle avec simplicité.

« Bonjour »
, répond-il aussi sobrement.

Il la regarde encore, allongée sur son lit de mousse. Ses cheveux encadrent un visage aux traits équins et couvrent le corps du petit humain.

Il tend la main vers l’enfant. Vagabonde ne fait aucun mouvement, alors il soulève le petit dans ses bras et commence à le bercer. Depuis combien de siècle déjà n’a-t-il plus fait ces gestes là ? Il ne s’en souvient même pas. Il sourit malgré lui en pensant à la fin du règne des elfes. Tout se fini pour eux. Tout se fini car ils ne bercent plus d’enfant...

« Quel âge a-t-il ? » demande-il à la centauresse. « Je l’ai vu naître au printemps dernier », répond-elle. L’elfe le sert un peu plus fort contre lui, et le petit se réveille. Il émet quelques gazouillis avant de se mettre à pleurer. Il a faim. L’elfe le replace contre la centauresse avant de s’en aller, aussi silencieux qu’un serpent dans l’eau.

Vagabonde dépose l’enfant sur son sein puis se redresse. Elle murmure une mélodie tout contre son oreille en le soumettant à un de ses sortilèges. Le petit sent alors l’énergie des esprits alentour se déverser en lui. Sa faim décroît quelque peu, il se calme et sourit.  

La centauresse prend ses affaires. Elle passe son brassard à son avant bras gauche, afin de le protéger du claquement de la corde de son arc. Elle noue les lanières de son carquois autour de sa taille et y place également son arc et un sac de toile. Vagabonde ceint sa poitrine d’un morceau de cuir afin de n’être gênée ni dans ses déplacement, ni dans le maniement de son arc. Ensuite, elle dépose le fils d’Homme contre son dos, et, telle une humaine, noue habilement une longue bande de tissus pour l'y maintenir, les jambes de l’enfant entourant son tronc. Une fois prête, elle s’enfonce plus profondément dans la forêt.

Elle marche ainsi durant de longues minutes, puis l’elfe la rejoint. Dans ses bras se trouve une gourde. L’odeur qui s’en dégage fait sourire la centauresse. Elle ralentit le pas et décroche l’enfant de son dos pour le donner à l’elfe. Celui ci pose alors le goulot contre la bouche du petit qui se met à boire le lait avec plaisir. Il avale une énorme quantité de liquide par rapport à son si petit corps. Une fois repu, il se rendort.

« Viens », dit l’elfe à la centauresse. Et ils avancent tous deux là où la lumière, petit à petit, ne trouve plus la place de se glisser entre les feuilles des arbres.
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Message  Vagabonde Mar 9 Juin 2015 - 4:43

En s’approchant de leur lieu de vie, Vagabonde comprend pourquoi il est dit que les elfes sylvestres font partie de la forêt. Ils ne s’appartiennent pas l’un l’autre. Non. Ils sont la forêt. Comme la forêt est les elfes des bois.

Elle se trouve au milieu d’un village elfique, mais ne ressent rien de différent. Ses doigts ne peuvent distinguer la fin des arbres du début de leurs maisons car ils forment un tout. L’elfe qui l’a guidé jusqu’ici lui prend la main et l’attire vers un faune. Elle reconnaît aisément l’odeur de la créature aux pattes de bouc, ainsi que sa voix joviale. Ses mots se finissent sur une petite note chèvre. « Tu as trouvé un nouvel animal de compagnie l’ami ? demande-t-il à l’elfe en désignant le bébé blottit dans les bras de Vagabonde, puis il s’adresse à la centauresse : soyez la bienvenue gentille Dame ! ». Vagabonde lance un sourire dans sa direction avant de se laisser entraîner un peu plus loin. Elle entend alors le rire d’un jeune homme qui accourt vers eux. Pendant un instant elle se demande si ses sens ne sont pas en train de la tromper, mais non, il n’y a pas d’erreur, il s’agit bien d’un humain. Cependant sa voix a des intonations elfique, et même son odeur est légèrement différente de celle des Hommes. Avant qu’elle ne pose de question, le faune lui donne une explication : « Eldrönn fait un élevage d’humains. Ce garçon a grandi parmi les elfes ».

L’humain s’approche d’elle et caresse immédiatement ses pattes. « Tu ne devrais pas toucher un centaure aussi spontanément petit, cela pourrait s’avérer dangereux ». Il retire aussitôt ses mains et s’éloigne effrayé, comme s’il s’était brulé.

Le bébé se met à gigoter entre les bras de la centauresse. Son protégé a encore faim. Elle le tend à l’elfe qui le prend avec tendresse et le nourrit encore une fois.

Vagabonde sent alors l'odeur d'un nouvel humain. Une petite femelle qui s’approche discrètement et s’accroche au pantalon de l’elfe. « Qui est ce bébé ? » demande-t-elle, en suçant son pouce. « Enlève les doigts de ta bouche avant de parler, Sable », murmure l’elfe avant de laisser la parole à la centauresse. Le silence se fait quand celle-ci explique les origines de ce fils d’Homme. « Tu vas le donner à Eldrönn ? », demande Sable avec innocence. Vagabonde ne répond pas, elle se contente de tourner son visage vers l’elfe. « J’ai trouvé cette petite abandonnée à la lisière de la forêt, ses parents ont fait des prières avant de la laisser derrière eux, elle venait juste de naître. Je l’ai nommée Sable », lui explique son guide avant de s’asseoir à même le sol. La centauresse se demande si la fillette avait été offerte en sacrifice aux esprits de la forêt, ou si elle représentait une bouche en trop à nourrir et dont il fallait se délivrer. Qu’importe, la petite a survécu. L’elfe lui passe tendrement une main dans les cheveux comme on caresserait un chiot. Puis il reprend : « Et lui, ce garçon, c’est Erable. Ses parents l’ont jeté derrière eux pour mieux fuir une bande de loup. Je l’ai récupéré avant qu’il ne se fasse dévorer ». Avec désarroi, Vagabonde imagine une mère offrir le fruit de ses entrailles à ses assaillants afin de détourner leur attention et s’enfuir saine et sauve. Erable, quand à lui, n’est nullement gêné par les propos de l’elfe et s’approche du bébé pour mieux le regarder tété la gourde de lait. « Je les ai élevés, ni comme des elfes, ni comme des Hommes. Je les protège. Car les humains sont si éphémères... J'ignore s'il est bien ou mal de les domestiquer. Mais ils apportent une nouvelle jeunesse à un peuple qui se meurt. Je voudrais leur transmettre nos valeurs avant de les libérer. Et ils transmettront ces principes aux générations suivantes. Ainsi, quand notre race s’éteindra, une petite partie de nous restera là, dans le cœur des races qui survivront… ». Il garde la tête baissé, comme intimidé par ce que la centauresse pourrait penser de lui. Le faune ne se prive pas de faire des commentaires : « C’est un fou qui cherche à se donner bonne conscience ! ». Les enfants se mettent à crier furieusement qu’Eldrönn n’est pas un fou et que le faune est un menteur. Celui-ci se contente de rire en allumant une longue pipe elfique. « Qu’en penses-tu, Dame centaure ? ». Vagabonde réfléchit de longues secondes avant de répondre : « Ces humains n’auraient pas pu vivre sans lui. Ils n’ont pas l’air malheureux ici ».  

Le soir tombe et Vagabonde est invitée à rester dans le village. La centauresse visite pour la première fois de sa vie une ville elfique. Eldrönn l’y guide et le faune se joint à eux. La centauresse reste plusieurs jours dans cette ville-forêt, appréciant de partager du temps avec ceux qui y habitent.

Avec émerveillement, Vagabonde découvre les armes elfiques, la façon dont ils fabriquent leurs flèches et leur équipement. Leurs arcs sont d’une longueur déconcertante et même leur façon de tirer est différente. Elle passe de longs moments avec un groupe d’archer, échangeant avec passion sur le sujet.

Et les soirs où les étoiles tendent l’oreille, Vagabonde chante. Et même les elfes à la voix si claire, ne peuvent qu’écouter la centauresse faire pleurer leurs cœurs et danser leurs jambes. Ils lui racontent des histoires d’elfe, et elle, elle mêle les comtes des Hommes à ceux des centaures.

Le faune l’emmène également voir la bibliothèque, mais la centauresse ne sait pas lire. Elle ne peut même pas voir les images. Cependant, quand elle tend l’oreille, elle arrive à entendre le bruissement du papier, et des bruits étranges. « Origami », commente simplement le faune tandis qu’elle sent quelques aberrations grimper le long de ses bras. Les petites pointes de papiers se pose sur sa peau à une vitesse étonnante, ils filent aussi vite que la plume d’un poète sur un parchemin.

Et puis, un matin, vient l’heure de partir. Eldrönn s’approche du lit d’herbe sur laquelle elle est allongée. L’enfant dort au creux de ses bras. « Ses parents sont morts n’est ce pas ? ». Sa question n’en est pas une. Vagabonde se contente de le déposer entre les bras protecteurs de l’elfe. Et pour la dernière fois, elle ressent toute la tendresse qui se dégage d’Eldrönn quand il regarde le visage joufflu de l’enfant. Elle sourit et s’éloigne sans un mot. Sans un regard en arrière.



Lorsqu'elle se trouve à mi-parcours entre le monde des elfes et celui des centaures, un cris retentit. « Attend ! », s’écrit le faune. La centauresse s’arrête instantanément et attend que son ami la rattrape. Quand il arrive à sa hauteur Vagabonde entend battre son cœur à toute allure et sent son souffle court contre son poitrail. Elle pouffe discrètement, et, vexé, il lui tend la petite harpe qu’Eldrönn et les enfants ont fabriquée pour elle. La centauresse caresse le bois du bout des doigts et admire les lignes de l’instrument. Elle pince une corde et un son cristallin les enveloppe tous les deux. Charmée, Vagabonde penche son buste vers le faune pour poser un baiser d’adieu sur le front de son ami.

Ce n’est que lorsqu’elle arrive à la lisière de la forêt qu’elle se rend compte que le faune a coincé un petit souvenir entre les lanières de son gantelet. Un morceau de papier sur lequel est noté une phrase qu’elle ne peut pas lire. Entre ses doigts, le papier volète sous la bise. Se plie. Se replie. Et prend vie.
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Message  Vagabonde Mar 16 Juin 2015 - 3:00

« Aignaz », murmure la centauresse. Bonjour, en langue des centaures. Et sous son souffle, l’origami se met à courir le long de son bras pour se fourrer sous sa crinière auburn. Vagabonde rit sous la chatouille des pattes de papier.

La centauresse avance et sent la caresse du soleil sur sa peau nue et halée. Elle s’ébroue joyeusement et commence à trotter vers une rivière. Elle se repère aisément au son cristallin des gouttes d’eau sur les galets, au discret changement de température et à l’odeur particulière qui se dégage de cette direction.

Au bout d’une demi-heure, la centauresse se retrouve les sabots dans l’eau. Elle se désaltère avec avidité et rempli une gourde faite de peau d’animal qu’elle noue ensuite autour de sa taille. Comme une humaine. Quelques oiseaux piaillent non loin de là, le bruit caractéristique de leurs griffes sur le sol fait dresser les oreilles de Vagabonde. L’eau chante et le frétillement des poissons attire également son attention. D’autres sons révèlent la présence de quelques rongeurs et des insectes. Mais ce n’est que lorsque le vol lourd d’un pigeon fait vibrer l’air que la centauresse attrape le corps de son arc _un long morceau de bois d’if_ ainsi qu’une corde de chanvre. Elle tord l’arc pour y accrocher la corde avant de tendre doucement la main droite vers son carquois et y attraper une flèche entre l’index et le majeur.

L’arc est bandé, pointé vers la source du roucoulement de l’oiseau. Concentrée, elle se focalise sur sa cible, tous les muscles tendus et les sens en alerte, avant de lâcher la corde qui vibre tandis que la flèche se fiche dans sa proie.

Moins d’une heure plus tard,  repue et fraîche, Vagabonde s’éloigne de la Méterre. Elle n’a aucune difficulté à deviner le nom de cette rivière, elle qui avait si longtemps eu la charge de guider le troupeau au travers d’Orcande. La vision n’a jamais été le sens sur lequel elle se reposait pour connaître la géographie du pays, aussi avance-t-elle sans hésitation vers le Nord Ouest, direction vers laquelle elle avait lancé sa tribu.

Elle n’espère plus retrouver le père de ses enfants, ni même Tadi ou Nirvelli. Ce morceau de vie fait maintenant partie de son passé. Sans se retourner, elle galope vers son futur.

Vers la Vallée des Rois
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