Les traqueurs traqués
Les traqueurs traqués
Eol Lun 17 Juin 2019 - 0:01
- Que nenni ! Je suis un marchand d’esclaves, et pas d’épaves. Triés sur le volet, ils ne sont pas laids. Belle prestance et bonne panse, dressés et habillés. Alors vêts-toi de tes belles parures et montre ta belle carrure. Et surtout ferme ta jolie gueule de sauvage, ou je vais faire un carnage ! Qu’au grand jamais, il ne soit dit que je vends des marchandises à Rabais !
Les autres captifs disent qu’en vrai, ces habits servent à cacher les marques que laisse son fouet sur nos peaux. Moi, ça m'est égal. J'aurais juste aimé savoir où se situe « Rabais ».
J’avance dans l’herbe. J’ai envie de la sentir sous mes pieds. Mais je ne peux pas. Parce que mon maître veut que je garde mes chausses. Je ne sais pas à quoi elles servent. Mais je les garde. Je pense à Yawldaec. Je pense à Nïn. Eux, ils avaient le droit de ne pas avoir de chaussures.
Ils me manquent.
Je regrette d’avoir demandé à Nïn d’aller chercher du bois pour le feu. Si elle était restée au campement, on aurait couru ensemble lorsque les orcs ont attaqué. Yawldaec s’était éloigné pour chasser. J’étais tout seul. Ils étaient sept. Un contre sept, c’est très inégal. J’ai calculé mes chances de réussite. J’ai pris en compte leur surnombre, la taille de leurs muscles, celle de leurs armes et leur agressivité. J’ai conclu que j’allais perdre. Donc j’ai fui. Mais Nïn et Yawldaec n’étaient pas avec moi.
Je me suis retrouvé devant un village d’hommes. Je leur ai dit que je cherchais mon centaure et mon esclave. Un grand garçon m’a jeté une pierre. Alors je l’ai tué. Et après, tous les villageois m’ont couru après. Ils m’ont traqué pendant des jours. Je suis parti très loin. Je n’ai pas pu rentrer chercher Nïn et Yawldaec. J’ai du attendre longtemps. Quand je suis revenu, ils n’étaient plus là. Ils m’avaient abandonné.
Ça m’a rendu triste.
Plus tard, j’ai rencontré un homme. Il ne m’a pas dit son nom. Lui, il m’appelait toujours « le Drow ». Je n’aimais pas ça, mais il disait :
- Diantre! Ce politiquement correct me semble abject !
Il avait beaucoup d’esclaves. Il leur faisait du mal. Je n’aimais pas ça, mais il disait :
- Parbleu ! Ces gens-là ne comprennent que les coups de fouets, ne dérogeons pas à leurs souhaits.
Comme je n'avais pas de maître, il a dit qu'il serait le mien. Je n'aimais pas ça, mais il disait :
- Ma foi, tu n'as pas le choix. Je te sors d’une bien mauvaise passe, je te tire de ta propre crasse. Ton esprit est fêlé donc tu as besoin d'être guidé. Les hommes veulent te voir mort et les drows sont encore plus retors. Je vais te protéger, tu seras hors de danger. Sans moi tu serais traqué à vie, avec moi, tu seras ravi.
Il me fait penser à Théobald.
Et j’ai toujours obéis à Théobald.
Maintenant, je travaille avec Thyou. Ça fait trois-cent dix-sept jours que je lui obéis. Ensemble, nous traquons des esclaves pour mon maître. Thyou est un humain avec de gros biceps. Il m’appelle le débile. C’est la preuve qu’il est stupide. Parce que je suis intelligent et lui, il est trop bête pour le voir.
Depuis une semaine, quelqu’un rode dans le coin. Thyou parle d’une drow. Il la piste depuis ce matin. Et moi je le suis. Je me tais en priant Kaluni pour qu’il ne me fouette pas.
- On approche…
Je retiens ma respiration. Thyou a attaché nos chevaux un peu plus loin. Nous avançons à pied depuis plus d’une heure. On aurait dû la trouver depuis longtemps. Thyou est doué pour pister nos proies. Mais on dirait qu’il a du mal aujourd’hui. Je ne sais pas pourquoi.
- Passe devant.
Elle doit être tout près si Thyou me met en première ligne. Mon rôle est de le protéger car il est humain, et les humains sont importants.
Si la proie se défend, je me battrais pour la vie de Thyou.
Eol- Champion
- Race : Demi-sang
Re: Les traqueurs traqués
Xalys Dorhos Mer 19 Juin 2019 - 14:11
Encore des sueurs froides. Encore ses cauchemars. Je me réveil une nouvelle fois en larmes et en hurlant. Je ne sais, si un jour, ses affreux cauchemars cesseront. Je vois leurs yeux me suppliant de ne pas les abandonner, et puis elles disparaissent dans les cris et le sang. Je ne sais toujours pas ce que les femmes qui m'accompagnaient sont devenues. Je les cherche depuis si longtemps. Aucune traces des mes compagnes de souffrance. Ont-elles réussi à s'échapper, suite au meurtre de notre maître, que j'ai tué de mes propres mains – et dont je suis recherché par pas mal de monde, pour ça. Ou ont-elles été capturé par un autre de ses amère tortionnaire ? Ou alors, sont-elles simplement morte ? Aucune réponse. Je désespère.
J'en ai tué bien d'autre de ses monstres, qui croient que nous sommes que de la chair à vendre. Ce ne sont pas eux, ni lui, qui hantent mes nuits. Je n'ai pas peur d'eux. Mais le souvenir de mettre enfui en laissant derrière moi, les femmes, qui étaient ma famille, ça je le vis mal. Je les cherche partout, à chaque marché que je fais j'espère les retrouver. Mais je dois faire attention, parce que je sais que d'autres me traquent. Et ce ne sont pas des tendres. Je sais que certains offrent une belle récompense pour ma tête. Et plus je traque, torture et tue les marchands, plus la prime devient importante. Mais l'argent ne m'intéresse pas. Je ne fais pas parti des gens avide de pouvoir ou de bien. Moi, tout ce que je souhaite c'est la liberté de chacun. Même si cela veut dire, faire enduré à ses monstres tout ce qu'ils ont fait subir à mes semblables.
Il fait plutôt froid ses derniers temps. Dans ma petite chaumière, je m'y sens bien. Seule et isolée, je ne rends des comptes à personne. Perdu au milieu des bois, je ne rencontre que très peu de monde. Mes cicatrices me font de nouveau souffrir ce matin, mais je n'ai plus d'onguent. Mes pots sont vides. Je dois aller sur le marché le plus proche, pour trouver les plantes qu'il me faut. Certaines sont encore dans la forêt, mais d'autres plus rare ne se trouve que sur le marché. Cela fait un moment, que je ne suis pas sorti. Mais là, je n'ai pas le choix.
Bien dissimulé sous ma cape, la capuche recouvrant une bonne partie de mon visage, je referme la porte de ma chaumière. Et à cet instant précis, je ressens une chose qui ne me plaît pas beaucoup. Posant délicatement mon panier juste à côté de ma porte, je ferme les yeux et inspire profondément. Un sourire se dessine sur mon visage. Je n'avais pas du tout pensé me battre aujourd'hui.
On veut me traquer. Mais je ne suis pas du genre à me laisser faire. Par ailleurs, je connais ses bois bien mieux que mon traqueur. Ici, il y a très peu d'autres créatures. Ce bois est surtout connu pour ses loups sauvages et ses fantômes. La réputation de ce bois en fait un endroit très peu fréquenté. Si les gens peuvent l'éviter au maximum, ils le font. Et pour cela ça en fait un endroit bien tranquille. Personne ne sait que j'y habite. Alors comment il m'a trouvé ? Ça ne me rassure pas du tout de savoir, que l'on peut me trouver. Mais est-ce bien moi qu'il cherche ?
Quelques pas dans la forêt me suffisent pour trouvé celui, ou plutôt ceux, qui me cherche. Pas besoin de me cacher, juste savoir où bien se positionner pour ne pas être repéré. Par contre ce que je vois ne me plait pas du tout. Un humain… et sa créature…
Xalys Dorhos- Novice
- Race : Demi-sang
Re: Les traqueurs traqués
Eol Mer 19 Juin 2019 - 20:58
Je ne comprends pas. D’habitude nos proies essaient de s’enfuir. Notre travail est de les rattraper. Parfois de nous battre. Mais là, c’est différent.
Deux pieds avancent sur l’herbe. Ils viennent droit vers nous. En marchant, ils n’écrasent pas les pousses. Ils sont légers. Ils sont tout petits. Ils ne ressemblent pas du tout à ceux des humains. Je regarde juste au dessus de ces pieds. Je vois des chevilles. Elles sont fines. Beaucoup plus minces que les miennes. Et beaucoup plus fragiles. J’en déduis que j’ai l’avantage physique. Ces chevilles sont recouvertes d'une peau pâle. Je ne sais pas quelle est sa couleur. C’est entre le blanc, le gris et le bleu. Ça me fait penser à la couleur des nuages en automne. C’est une jolie teinte. Mais Thyou ne me laisse pas le temps de regarder plus longtemps. Il crie :
- Attaque !
Je ne comprends pas pourquoi il veut que j’attaque. Mon maître dit qu’il faut utiliser en priorité la voie passive parce que ça évite d'abîmer les esclaves. Mais Thyou ne veut jamais parler avec nos proies. Je crois qu’il aime me regarder les combattre. Et je crois qu’il aime quand je me fais blesser. C’est comme un jeu. Mais moi, je ne trouve pas ça très drôle.
Je lève le bras vers mon cimeterre. Je ne peux pas utiliser mon arc parce que ma cible est trop proche. Je ne comprends pas pourquoi elle est venue si près de nous. Mais j’obéis à Thyou. Je serre la garde de mon arme. Et je dégaine très vite. J’aime le bruit de la lame qui frotte son fourreau. Ça fait un "shhhhh" métallique. C’est un son agréable. J'ajuste ma garde. Mon arme est lourde. Elle est puissante. Je la positionne sur mon côté droit. Je fléchis les genoux pour me mettre en position de combat.
Mon visage est neutre. Ma mâchoire est relâchée. Je suis concentré sur l’ensemble de mon corps et sur mon arme. Elle est le prolongement de mon bras. Ma main et la garde de mon cimeterre sont unis. Souple. Mes yeux fixent ma proie. Je vois des jambes fines avec beaucoup de muscles. Elle doit être agile. Peut-être plus que moi. Je distingue des épaules tendues. Elle est prête à se défendre. Je fixe ses mains. De petites mains prêtes à tuer. J’essaie de prévoir son prochain mouvement. Ses hanches tournées sur ce côté. Sa main droite est ici. L’autre orientée vers là. Le dos penché dans ce sens. Je cherche la brèche. La tenue de son corps est harmonieuse. Mais je remarque quelque chose. Son épaule droite est crispée. Ses mouvements ne sont pas souples. Il y a une tension à ce niveau. Je pense que la créature a mal. C’est un avantage. Peut-être même une brèche. Je pari sur le fait que sa douleur va la ralentir si j’attaque à cet endroit.
- Ne te défend pas, sinon je risque de te faire mal. Il te faut un maître. Je vais juste te captu…
- Attaque Eol !
Thyou n’aime pas que je parle aux futurs esclaves. En fait, il n’aime pas que je parle tout court. Mais je préfère prévenir notre proie. C’est quand même plus poli. Donc je termine en parlant très vite :
- Je vais te capturer pour mon maître.
Je suis un bon drow. Je suis bien dressé. Alors j’obéis : j’attaque. Un pas en avant. Genoux fléchis. Je regarde la réaction de la créature. Et puis je me lance. Je me déporte légèrement sur son côté droit. Je vais frapper l’arrière de son épaule avec mon cimeterre. Je pense qu’elle est agile, donc je suis prêt à protéger mon flanc exposé.
Eol- Champion
- Race : Demi-sang
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