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Le sang de la montagne

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Message  Müss Lun 17 Aoû 2015 - 12:33

Sous une charrette retournée, voilà où j’avais passé la journée. Elle m’avait épargnée du soleil brulant de l’été. A tout moment son propriétaire, ou n’importe qui d’autre, aurait pu passer et la retourner. Je l’avais même espéré. La lumière de Kaluni aurait enfin débarrassé l’Orcande d’une créature de la nuit. Mais personne n’était venu et je vivais encore. Enfin, si on pouvait appeler cela vivre.

J’avais fini par m’avouer vaincue. Non, les vampires n’existaient pas. J’avais dû éliminer le dernier d'entre eux le jour où ce dernier m’avait contaminé à son tour. J’étais l’unique représentante de cette maudite race et la malédiction me suivrait jusqu’au jour où un voyageur se déciderait à retourner la charrette sous laquelle je dormirais.

A moins que je ne crée mes propres descendants. Non, je n’aurais pas d’enfants, inutile d’y penser, mais je pouvais contaminer d’autres humains. Je l’avais déjà fait par deux fois, l’adulte s’était suicidé le jour même, tandis que le bébé… c’est moi qui l’y avait aidé. Ce n’avait été que des expériences sur des moribonds qui, avec ou sans moi, n’auraient pas survécu plus de deux jours. La prochaine fois ne serait pas un test. Je les guiderais. Je repeuplerais le monde de gens qui me comprendraient. Des gens malades comme moi.

J’avoue que l’idée de rendre l’humanité dépressive me mettait tout de même mal à l’aise. J’avais moi-même tué celui qui m’avait transformée, aussi il était à prévoir que mes victimes me haïraient de tout leur être. Mais quoi, la vie est injuste !

Pour que ma victime soit le moins traumatisée possible, je voulais choisir quelqu'un à qui le soleil ne manquerait pas. Or les gens d’ici n’adoraient pas la lumière, loin de là. Les quelques nains que j’avais aperçu restaient terrés sous la montagne. Ils y construisaient leurs mines et leurs habitations. Voilà pourquoi j’étais venue accomplir mon projet dans ces sombres montagnes. Cependant j’avais tenté, il y a trois jours de cela, de contaminer un nain. Ce fut un échec et il avait fini par mourir sous mes coups de dents. Les résultats sur les animaux étaient similaires. J’en avais déduis qu’il me fallait un Homme.

Je sorti donc de sous la charrette, enroulais mes affaires à la va vite dans un baluchon et me dirigeais sur le chemin reliant Minestour à Sileth. J’y trouverais surement quelques campements humains. L’idée de boire leur sang m’égaya. C’est donc le cœur (presque) léger que je me mis en route.

La montagne. C’était la première fois de mon existence que j’y venais, et pourtant je m’y sentais chez moi. Les bruits de la nuit et les odeurs de sève me racontaient d’anciennes histoires. J’entendais même le chant d’un ruisseau accompagner les pleurs d’un violon.

D’un… violon ?

Aucun nain ne jouerait jamais du violon ! Impossible, ils préféreraient se raser la barbe que de jouer d’un tel instrument. Un sourire carnassier se dessina sur mon visage et je m’approchais de ma proie, silencieuse comme seul un vampire peut l’être.

L'Homme était là devant moi, et au lieu de me précipiter pour le manger, je me contentais de l'écouter. Nous avions toute la nuit. Autant en profiter un peu.

C’était triste. Déchirant. Un son à briser n’importe quel cœur. Mais le mien était devenu bien trop froid pour pleurer à chaude larme.
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Message  Mirko Lun 17 Aoû 2015 - 13:25

Je voyageais toujours avec l’espoir faiblissant d’un jour trouver quelqu’un qui me comprenne. Bien sûr, au cours de mes voyages en Orcande, j’avais quelques fois rencontré des personnes aimables et gentilles avec moi… Tant qu’elles ignoraient mon appartenance à la race des vampires. Ainsi je voyageais seul, toujours de nuit, évitant les rayons assassins du soleil une fois le jour levé. Je vivais aussi avec l’espoir de trouver le destin qu’avait connu ma sœur, car elle pouvait toujours être vivante quelque part. Mais pour le moment, j’étais seul, incompris, et abandonné par tous ceux qui m’accueillaient.

J’avais vu quelques vampires, mais bien trop peu. J’avais été accompagné par l’un d’eux pendant quelques nuits avant qu’il ne s’expose au soleil qui lui manquait tant, un autre était simplement parti seul. Comment se faisait-il que je ne sois pas déjà mort ? Bien souvent, j’avais eu envie de retrouver la chaleur, de quitter ce fichu froid qui habitait en permanence mon corps. Bien souvent, j’avais voulu aller vers la lumière, disparaitre. Qui me pleurerait ? Je n’avais plus de famille. Et la seule idée de m’en créer une en transformant des humains me donnait des frissons.

J’y avais aussi gagné en charme faut-il croire, et nombre de femmes m’avaient fait des avances que je ne pouvais pas accepter, je ne pouvais leur infliger la vie avec une créature de la nuit comme moi. Donc, même après tout ce temps, rien n’avait changé. J’étais toujours seul, accroché uniquement à mes espoirs pour ne pas sombrer comme les autres dans la dépression.

Marcher ne m’épuisait pas, je ne ressentais même pas la fatigue après avoir marché des heures sous la lueur de la lune et des étoiles, alors chaque nuit, je parcourais le plus de distance possible avant de me trouver un abri pour dormir. Cette journée, j’avais pu trouver un bosquet suffisamment ombragé pour m’abriter la nuit. Je marchais comme qui dirait à l’aveugle, la nuit, dans une direction aléatoire. Mais je savais toujours plus ou moins où je me trouvais, j’avais eu le temps d’étudier les cartes. Cette journée, je l’ai passée à dormir près des montagnes dominantes. Parfois, j’étais réveillé par la douleur cuisante d’un infime rayon de lumière assassin traversant les feuillages. Au bout d’un moment, j’avais déployé ma couverture en toile.

Une fois la nuit tombée, je me mis en route, le cœur toujours alourdi par ma solitude. Ici vivaient les nains, comment cette noble race réagirait si elle me trouvait ? J’avais pu en voir quelques-uns une fois au cours de mes voyages, mais jamais je n’avais pu les approcher. Un ruisseau coulait des montagnes, et la végétation bruissait sous la légère brise nocturne. Ici, dans les montagnes, la nuit était fraiche même en plein été. Cela dit, je ne ressens plus le froid, car il est une partie de moi.

Ce cadre me rend nostalgique. Combien de fois avais-je joué avec ma sœur dans le ruisseau près de mon village Estanol ? Je me rappelle avec douleur mon humanité perdue, ma vie perdue… Je sens la dépression poindre en moi, mais je sais comment réagir. Alors je me poste contre un tronc et pose tout mon attirail près de moi. J’ouvre l’étui qui contient le violon de ma sœur, et je me prépare à jouer, tentant de me rappeler les notes. Puis je laisse ma musique, emplie de ma tristesse, s’envoler dans les airs en même temps que mes soucis. Dans un sens, je savais que c’était très risqué car n’importe quel animal ou humain pouvait entendre cela et me tomber dessus. Mais je me disais que, si le cas se présentait, au moins je serai libéré de ce mal qui me ronge par la mort.

La réalité se rappela à moi, j’avais soif. C’était une autre facette de ma malédiction éternelle, je devais boire du sang, et de préférence du sang humain. Je ne devais pas trop traîner si je voulais atteindre un nouveau village avant le jour. Je pouvais résister à cette soif un certain temps, mais alors je devais prendre plus de sang. Mieux valait-il que je boive le strict nécessaire pour laisser ma proie innocente en vie. Je rangeais mon violon et me levais quand un bruit non loin me fit réagir. Animal, humain, nain ? Je devais essayer de ne pas paraître suspect, pourquoi ne pas me faire passer pour un barde itinérant ?

"Ma musique n’est pas gratuite normalement, et écouter en cachette n’est pas non plus très poli. Sortez de votre cachette que nous puissions discuter, je ne suis qu’un barde errant, vous ne risquez rien."

Par discuter, j’entendais parler d’un don généreux, plus ou moins forcé, de sang. Si c’était un animal, j’aurai juste l’air idiot d’avoir joué cette comédie.
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Message  Müss Lun 17 Aoû 2015 - 18:29

Il était beau. Vraiment très très beau. Comme une tourte sortant tout juste du four. J’en salivais d’avance. En plus il était jeune. Son sang n’en serait que meilleur. La pâleur de son teint sonnait comme une provocation : il n’avait pas dû voir le soleil depuis longtemps, alors je ne le priverais de rien. Et sa mélodie était d’une tristesse… comme s’il n’avait pas besoin de mon aide pour n’être plus qu’à moitié vivant. Le seul bémol à la scène venait du fait que le vent ne m’apportait pas son odeur.

Quand il eu cessé de joué, je m’approchai sans méfiance en faisant craquer une brindille. Il se leva et parla : « Ma musique n’est pas gratuite normalement, et écouter en cachette n’est pas non plus très poli. Sortez de votre cachette que nous puissions discuter, je ne suis qu’un barde errant, vous ne risquez rien ». Sa voix masculine était emplie d’une sensualité qui me mit mal à l’aise. Non, ce n’était pas que sa voix, c’était toute sa personne qui me troublait. Il avait un charme étrange, ensorcelant. Ce petit truc pas tout à fait humain qui ranimait en moi d’anciens souvenirs. J’avais déjà rencontré quelqu’un comme ça auparavant, et je ne m’en étais pas sortie indemne. Les fantômes du passé resurgissaient face à moi. Tout remontait en bloc. Le souvenir de la première morsure et de toutes les suivantes. Je Le revoyais là, face à moi, à aspirer mon sang nuit après nuit, à se servir de mon corps pour finir par me dévorer vivante.

Dire que je croyais avoir tout oublié. Je ne voulais pas trembler. Je ne voulais penser à "Ça". Et pourtant je tremblais telle une feuille en pleine tempête. Je ne pouvais le quitter des yeux. Apeurée comme la jeune humaine que j'étais à l'époque.

« Je suis perdue », murmurais-je sans bouger alors que tout mon corps me hurlait de fuir.
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Message  Mirko Lun 17 Aoû 2015 - 19:30

J’attendais que l’inconnu se manifeste, je ne savais pas encore ce qui se terrait dans les buissons non loin. Le vent soufflait doucement dans mes cheveux, dans les feuillages, dans l’herbe rase. Aucune réponse ne vint pendant un long moment, pourtant je me sentais sûr de moi, il y avait bien quelque chose dans ces buissons. La personne qui était là avait-elle déjà compris ce que j’étais ? J’en venais presque à craindre la confrontation qui pouvait s’en suivre si j’étais démasqué. Puis j’entendis une petite voix tremblotante de jeune femme s’élever des buissons, et l’espace d’un instant, je crus entendre la voix de ma sœur.

"Je suis perdue."

Je ne pouvais croire que ce soit elle, sinon pourquoi se cacher ? C’était quelqu’un d’autre sans doute, quelqu’un sur qui je pourrais peut-être me nourrir. Après tout, il le fallait, même si je le faisais à contrecœur car je savais bien la sensation désagréable que cela procurait. Mais mon appétit allait en grandissant, et si je me nourrissais maintenant, je n’aurai pas besoin d’en prendre de trop. Je m’approchais doucement de l’endroit où j’avais entendu la voix pour mieux y voir.

J’étais encore à quelques mètres mais j’aperçus enfin la fine silhouette féminine recroquevillée dans les buissons. Une jeune femme en effet, pas encore vingt ans apparemment. Une pensée me traversa l’esprit, une pensée typique de vampire qui souhaite se nourrir : Elle semble appétissante. Je chassais immédiatement cette idée de mon esprit, la pauvre semblait terrorisée et tremblait. M’avait-elle déjà percé à jour ?

"Hé bien… Nous pourrions essayer de retrouver le chemin ensemble, qu’en penses-tu ? Où veux-tu te rendre ?"

J’essayais de me montrer rassurant, même si j’étais un vampire de corps, je n’étais pas un monstre d’esprit. Je m’approchais encore un peu plus, lui tendant la main. C’est alors que quelque chose me frappa chez elle, quelque chose que je n’avais que peu vu ces dernières années, elle dégageait une sensualité qui lui semblait naturelle, comme je l’avais observé chez ma sœur. Elle n’était pas juste attirante par sa beauté, elle avait ce charme inhérent à ma race… Etait-elle vraiment un vampire ? J’en avait peu vu depuis ma transformation, mais j’en avais bien l’impression. Mais je préférais rester prudent, juste au cas où mon imagination, et mes espoirs de rencontrer une personne qui puisse me comprendre, me jouent des tours.

"Pourquoi trembles-tu ? Tu as peur ?"
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Message  Müss Mar 18 Aoû 2015 - 18:29

« Hé bien… Nous pourrions essayer de retrouver le chemin ensemble, qu’en penses-tu ? Où veux-tu te rendre ? », dit le barde avec un sourire avenant. Un sourire qui dévoilait des canines juste un peu trop pointues. Il était proche de moi et j’aurais dû sentir son odeur. Pourtant je ne sentais rien d’autre que le froid.

Il s’approcha et la terreur m’envahit. C’était comme de me retrouver à nouveau face à Lui. Mes pensées défilaient à toute allure. L’homme se pencha vers moi pour me tendre la main et nos regards se rencontrèrent. Il stoppa soudainement son geste. Ses pupilles s’agrandirent. Je compris à mon tour.

Un vampire.

« Pourquoi trembles-tu ? Tu as peur ? » Quelle question, bien sûr que j’avais peur. N’importe qui hurlerait de terreur face à un vampire. Certes, de ma part, une telle pensée paraissait saugrenue. Il me fallut quelques secondes avant de me souvenir de ce que j’étais et de ce que je cherchais.

Toutes mes attentes et espoirs se trouvaient là, juste devant mon nez, en la personne de ce… barde.

J’aurais dû lui prendre la main pour me lever. Au moins pour le plaisir de sentir la froideur de son corps. Ou juste pour vérifier. Mais mes appréhensions retinrent mon geste. Il Lui ressemblait trop.

Je contractai les muscles de mon visage de façon incoordonnée, étirant ma bouche sur la droite, tentant difficilement un sourire qui dissimulerait mon air traumatisé. En même temps, je bégayai les mots suivants : « c’est la première fois que je rencontre un vampire… ». Ma phrase sonnait plus comme une question qu'une affirmation.
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Message  Mirko Mar 18 Aoû 2015 - 19:12

Je la regardais toujours, elle paraissait véritablement traumatisée. Pourquoi une telle réaction ? Elle semblait pourtant bien être ce que je pensais, une personne qui, comme moi, était malade… Elle était un vampire.

Mes espoirs renaissaient alors que je la regardais, j’avais la chance de rencontrer une telle personne ici, dans ce lieu reculé. Mais quelque chose chez moi lui faisait peur, cela sautait aux yeux. Je reculai de deux pas, pour lui laisser plus d’espace. Elle tenta de sourire, mais il sonnait désagréablement faux. Peut-être qu’elle essayait de ne pas me vexer en masquant sa peur de moi, mais c’était inutile.

"C’est la première fois que je rencontre un vampire…"

Je n’en fus pas si surpris, elle m’avait percé à jour bien sûr. Moi, j’en avais déjà rencontré deux, l’un dépressif, l’autre sans cœur, et j’espérais toujours que la race à laquelle j’appartenais ne soit pas composée que de l’un et l’autre. Peut-être cette jeune femme terrorisée serait-elle celle que je cherchais. Je m’assis dans l’herbe face à elle.

"Alors toi aussi tu en es un… Un vampire…"

Prononcer ce mot me faisait presque mal, les humains l’utilisaient contre moi comme une insulte, me le crachant à la figure. Je n’aimais pas ce terme, même si il était douloureusement exact. J’avais été humain, et je n’avais pas changé, du moins intérieurement…

"Pas besoin de te cacher que je ne suis pas barde alors. Je voyage depuis un certain temps…"

Je ne voulais pas lui révéler que je marchais dans le monde avec un espoir illusoire d’être accepté par quelqu’un, qu’on me comprenne. J’étais en revanche bien plus intrigué par ce qui pouvait traumatiser ainsi un vampire. Si elle savait ce que j’étais, et puisqu’elle était dans la même situation, elle n’aurait pas dû avoir si peur. Mais je me gardais de lui demander, j’essayais simplement de paraitre détendu, calme et bienveillant en espérant qu’elle se calme et puisse entamer une conversation plus ordonnée.
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Message  Müss Mer 19 Aoû 2015 - 0:40

Il s’éloigna et je pus à nouveau respirer normalement. Ensuite, il s’assit sur l’herbe en face de moi.

« Alors toi aussi tu en es un… Un vampire ». Même si prononcer ces mots semblait lui arracher la bouche, ces derniers marquaient la fin de mes trop longues recherches. Un sentiment d’euphorie montait en moi. Je me laissai tomber au sol, me retrouvant à mon tour assise en tailleur dans l’herbe. Et lui, il restait à distance sans manifester le besoin de s’approcher, si bien que mon sentiment de malaise diminuait. Je le dévisageais sans vergogne.

Finalement, il ne lui ressemblait pas tant que ça. Mis à part ce charme surnaturel servant à envouter ses victimes, il était même complètement différent. La lumière de la lune se reflétait sur son visage pâle et sur ses cheveux étonnamment clairs pour quelqu’un de son âge. Son regard profond lui donnait un air strict, un peu mélancolique. Il avait les traits fins et harmonieux à l’origine de son inhumaine beauté. Beauté dont je me méfiais forcément. J’avais tellement honte d’avoir succombé à ce genre de charme par le passé…

« Pas besoin de te cacher que je ne suis pas barde alors. Je voyage depuis un certain temps… », murmura-t-il calmement. Son ton serein n’avait rien à voir avec celui de l’autre affamé. Il ne cherchait pas à obtenir quelque chose de moi. D’un autre côté, je n’avais désormais plus rien à offrir puisque mon sang s’était tari. En plus de ça, je n’avais plus rien à voir avec la jeune fille que j’avais été par le passé. J’étais bien plus forte. Presqu’invincible. Alors, même si les terreurs du passé étaient tenaces, je me décidai finalement à parler. « Je ne suis pas vraiment perdue, enfin… pas géographiquement. Moi aussi je voyage depuis…heu… longtemps ».

Son visage était détendu. Ses lèvres fermées dissimulaient ses crocs. Il ne peut rien me faire, me dis-je avant de reprendre : « En vérité tu es le deuxième que je rencontre. C’est le premier qui m’a… enfin, tu vois quoi. Alors me retrouver à nouveau face à un vampire c’est »… Je me tue. Les mots d’un vieil ami arachnéen me revinrent en tête : "Il ne faut pas que l'on vous voie pleurer. Ne montrez pas vos faiblesses", mais c’était peine perdue et ma voix se brisait déjà. Le barrage se rompit, laissant place à une logorrhée verbale : « C’était ma faute, je suis vraiment trop bête ! Au départ, je croyais l’aimer. J’en étais persuadée. Je l’ai laissé faire. Il buvait mon sang. Toutes les nuits. Il m’affaiblissait. Il allait de plus en plus loin, et quand j’ai voulu l’arrêter, il m’a forcée à continuer, j’étais trop faible. Il a fini par obtenir de moi tout ce qu’il voulait. Il a tout pris. Jusqu’au bout. Jusqu'à ce que je ne sois plus celle que j'étais. Transformée. Entre la vie et la mort. Incapable d'avoir une vie normale, d'être acceptée, de manger, d'aimer, de... vivre. Je suis tellement stupide ! Coincée dans ce corps qui n’est plus le mien. J’ai beau le haïr à l’en détruire, le blesser, le taillader, il ne m’appartient plus, il reste éternellement figé à l’âge de ma bêtise pour me faire payer ma débilité jusqu’au bout ! »

Je ne le connaissais pas, alors pourquoi est-ce que je lui racontais ça ? Je n’en avais jamais parlé à personne avant. C’était ridicule. Je m’étais comporté comme toutes ces faibles filles aveuglées par l’amour qui vendent leur âme au diable puis s’en mordent les doigts. Qu'avais-je espéré ? J'avais mérité tout ça.

Je restais silencieuse, priant pour qu'il n'ait pas la mauvaise idée de s'approcher de moi alors que j'étais dans cet état. A fleur de peau, j'étais prête à empaler la première chose (ou personne) qui oserait m'effleurer.
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Message  Mirko Mer 19 Aoû 2015 - 1:53

Le fait que j’aie pris mes distances semblait l’avoir rassurée, et je la voyais essayer de se calmer. Je ne comprenais toujours pas ce qui pouvait déclencher une émotion si forte chez elle. Je la sentais me dévisager, peut-être me comparait-elle à quelqu’un. Moi je n’en fis pas de même, bien que je jetais de temps à autres des regards pour mieux voir à quoi ressemblait mon interlocutrice.

Elle semblait plus jeune que moi -bien que pour des vampires, le terme de jeunesse n’ait plus de sens- physiquement parlant. Elle avait un beau visage pâle, encadré par de longs cheveux noirs qui volaient au gré de la brise nocturne. Comme ma sœur quand elle était venue me visiter, elle dégageait cette sensualité et ce charme inhérent aux miens, charme qui paraissait irréel et qui devait sans doute faire chavirer bien des cœurs chez les hommes. Et que dire de ses yeux rouges tirant vers le rose, une couleur exceptionnelle que je n’avais jamais vue auparavant.

Je ne suis pas vraiment perdue, enfin… pas géographiquement. Moi aussi je voyage depuis…heu… longtemps.

Je levai les yeux vers la voûte céleste emplie d’étoiles. Avec le temps, j’avais compris comment m’orienter grâce à chacune d’elles, et elles me tenaient compagnie toutes les nuits. Elle aussi appréciait-elle le ciel nocturne ? Où était-elle une dépressive en sursis qui ne souhaitait que revoir le soleil ? Le soleil me manque bien sur… Je ne le verrai plus jamais… C’est alors qu’un sanglot étouffé me parvient, et je baisse les yeux vers la vampire. Elle tente de retenir des larmes. L’émotion semble la submerger.

En vérité tu es le deuxième que je rencontre. C’est le premier qui m’a… enfin, tu vois quoi. Alors me retrouver à nouveau face à un vampire c’est…

Elle marqua une pause. Alors j’étais le premier qu’elle voyait depuis celui qui l’a maudite ? La pauvre sanglote toujours en retenant ses larmes, alors que sa voix se brise. Je comprenais cette émotion, elle devait se sentir seule, tout comme moi. Ou bien était-ce pire encore pour elle, avait-elle au moins eu un compagnon de voyage ? Je me posais beaucoup de questions sur ce qui pouvait la mettre dans cet état, mais je peux la comprendre. Rien n’est si horrible que la solitude.

C’était ma faute, je suis vraiment trop bête ! Au départ, je croyais l’aimer. J’en étais persuadée. Je l’ai laissé faire. Il buvait mon sang. Toutes les nuits. Il m’affaiblissait. Il allait de plus en plus loin, et quand j’ai voulu l’arrêter, il m’a forcée à continuer, j’étais trop faible. Il a fini par obtenir de moi tout ce qu’il voulait. Il a tout pris. Jusqu’au bout. Jusqu'à ce que je ne sois plus celle que j'étais. Transformée. Entre la vie et la mort. Incapable d'avoir une vie normale, d'être acceptée, de manger, d'aimer, de... vivre. Je suis tellement stupide ! Coincée dans ce corps qui n’est plus le mien. J’ai beau le haïr à l’en détruire, le blesser, le taillader, il ne m’appartient plus, il reste éternellement figé à l’âge de ma bêtise pour me faire payer ma débilité jusqu’au bout !

J’étais ébahi. Pourquoi me confiait-elle cela, alors même que je ne connais pas son nom ? Elle avait été bernée par l’amour, chose horrible. C’était le genre de chose qui vous dégoute de l’amour à tout jamais, qui vous ronge jusqu’à la fin de vos jours. Je vis une larme rouler sur sa joue, suivie par une autre. Elle pleurait. Si elle avait été ma sœur, je l’aurai prise dans mes bras pour la réconforter, mais il s’agissait d’une inconnue, et cela aurait été déplacé. Je sortis de ma poche un mouchoir que je lui tendis à bout de bras.

Tu sais… Ma sœur a été transformée par son fiancé. J’aimais beaucoup ma sœur, alors quand elle est venue me voir, pour… Voilà. Je me suis laissé faire, car elle était au bord du suicide. Je me disais que je pourrais lui éviter cela… Un concours de circonstances a fait que ma première victime soit la femme que j’aimais… Ma sœur ne se l’est jamais pardonné je pense, elle a fui et je ne l’ai jamais revue, je ne sais même pas si elle vit toujours. Je ne lui en ai jamais voulu, même si ma vie d’avant me manque souvent… Peut-être vas-tu trouver ca stupide…

En reparler ranimait en moi des souvenirs douloureux, mais je ne pleurais pas… je ne pleurais plus. J’avais déjà trop revécu cette scène en rêve, et pleuré toutes les larmes de mon corps plusieurs fois. Seule ma voix trahissait à présent la peine immense que je ressens en permanence.

Depuis, j’erre en solitaire en Orcande, à la recherche de quelqu’un qui me comprenne, qui soit comme moi… A vrai dire, je ne sais même pas ce que je ferais si je trouvais une telle personne.
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Message  Müss Mer 19 Aoû 2015 - 15:37

Il me regardait ébahi et je ne m’en senti que plus bête. J’acceptai le mouchoir qu’il me tendait du bout des doigts puis détournai honteusement le regard. Il s’agissait d’un épais morceau de tissus de qualité supérieure, mais mon peu de connaissances dans le domaine ne me permettait pas de le remarquer. Je me contentais de l’imbiber de mes larmes avant de le garder serré au creux de mon poing.

C’est alors qu’il se mit à parler de lui. Ou plutôt de sa sœur. Elle avait été transformée par son propre fiancé avant de s’occuper de son frère. Et ensuite arrivait la femme qu’il aimait et qui devint sa première victime. Sombre histoire de famille… Qu’était-il arrivé à cette femme exactement ? L’avait-il juste mordue, transformée, ou était-il allé jusqu’à la tuer ? La suite de son histoire et la tristesse de sa voix me firent pencher pour la troisième solution. Cette idée me révulsa.

« Je ne lui en ai jamais voulu, même si ma vie d’avant me manque souvent… Peut-être vas-tu trouver ça stupide… », finit-il par lâcher avec un regard sombre. Je ne répondis rien, me contentant de garder les yeux baissés, pensant à l’histoire qu’il venait de me conter.

Pour nous, survivre signifie mentir car un vampire honnête est un vampire mort. D’ailleurs, n’avait-il pas commencé par se présenter comme un barde itinérant ? Il aurait donc été normal de ma part de ne pas accorder de crédit à son histoire, et pourtant je le croyais.

« Depuis, j’erre en solitaire en Orcande, à la recherche de quelqu’un qui me comprenne, qui soit comme moi… A vrai dire, je ne sais même pas ce que je ferais si je trouvais une telle personne ». Je levais les yeux pour croiser son regard et lui souris. Nous étions peut-être devenus des prédateurs solitaires, mais nous avions tout de même besoin de liens. Je m’imaginais que toute personne transformée partirait un jour à la recherche de ses pairs, de sa meute en quelque sorte.

En lui désignant mes canines de l’index pour éclaircir mes propos, je lui demandai : « Tu n’as pas essayé de la créer, cette personne que tu recherches ? Sans même avoir à les forcer, j’imagine qu’elles seraient nombreuses à le vouloir ». Moi la première, stupide comme je l’étais à l’âge d’être encore humaine, pensais-je avec regret.

Je m’étais présenté sous un jour désastreux, mais la curiosité remplaçait progressivement la peur et la honte. J’avais tant de questions à lui poser que je ne savais pas par quoi commencer.
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Message  Mirko Mer 19 Aoû 2015 - 16:56

Nous étions toujours assis là, dans l’herbe rase des montagnes dominantes, sous le clair de lune qui passait entre les feuillages des arbres. Après lui avoir raconté ma propre histoire, je la regardais plus en détail, comme si j’avais du mal à croire qu’elle était vraiment une vampire, alors que ça ne faisait aucun doute. Puis elle leva les yeux vers moi, ses yeux roses troublants, et me fit un sourire, cette fois bien plus sincère que le précédent.

"Tu n’as pas essayé de la créer, cette personne que tu recherches ? Sans même avoir à les forcer, j’imagine qu’elles seraient nombreuses à le vouloir."

Non, je n’avais jamais essayé. Ma sœur l’avait fait, et voilà où je me trouvais. Elles seraient surement nombreuses à se laisser faire, les femmes qui venaient écouter ma musique en ville, mais rien ne m’assurait qu’elles resteraient comme elles sont en étant humaines. La transformation entraine souvent une dépression, ou un sentiment de supériorité. Le second m’était inconnu et je répugnais cet état d’esprit, tandis que je menais une lutte de tous les jours - ou plutôt toutes les nuits – contre le premier.

"Non… Je ne veux pas infliger ma… Notre malédiction à qui que ce soit."

Elle semblait plus calme maintenant, et je commençais à comprendre ce qui l’avait terrorisée chez moi. Elle n’avait vu aucun autre vampire que celui qui l’avait changée, alors elle avait dû généraliser cette personne à tous les vampires.

"Et donc toi… Je suppose que si tu n’en as jamais vu d’autres, c’est que toi non plus tu n’as pas voulu créer de compagnon ?"

C’était un moment rare, de pouvoir discuter calmement avec un autre vampire. En général, mes rapports aux autres, vivants ou non, avaient toujours été compliqués à cause de ma race. C’est pour cela que je bougeais beaucoup dans le monde, pour ne pas compliquer les choses. Et je marche avec l’espoir d’être compris par d’autres, de trouver une attache, comme l’avait été ce vampire Estanol pour moi… Mais il était mort maintenant, en regardant une dernière fois le soleil.

"Au fait ! Je ne me suis pas présenté. Je m’appelle Mirko."

Je lui rendis son sourire, je ne savais pas si cette attache serait durable, mais au moins il me semblait avoir trouvé quelqu’un qui m’était semblable.
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Message  Müss Jeu 20 Aoû 2015 - 0:51

Les sourcils froncés, il affirma ne pas vouloir transmettre notre malédiction à un autre. Cela validait donc ma théorie sur sa première victime. Puisqu’il n’avait pas transformé celle qu’il aimait, il l’avait donc tuée.

Je trouvais honorable qu’il refuse de faire du mal à d’autres au point de se condamner à vivre l’éternité seul et incompris.

« Et donc toi… Je suppose que si tu n’en as jamais vu d’autres, c’est que toi non plus tu n’as pas voulu créer de compagnon ? », déduit-il en toute logique.

Je me passai la langue sur les lèvres avant de les mordiller, cherchant quoi répondre. J’avais créé des vampires, mais ça n’était pas vraiment comme si je les avais rencontrés. « En vérité j’ai déjà essayé. Je travaillais avec un chirurgien, je gérais les saignées. Et un jour je me suis occupée d’un homme qui agonisait. Boire mon sang l’a fait revenir à lui. Il a tout de suite compris, m’a maudite et s’est précipité dehors sous le soleil. Il y a aussi eu un bébé au seuil de la mort. Mais un bébé, ça reste un bébé… Ce n’était pas vraiment ce que j’appelle rencontrer un vampire ».

Après l’avoir prononcée, je me dis que ma tirade pouvait l’avoir choqué. Il devait être altruiste puisqu’il refusait l’idée de convertir d’autres personnes à nos rangs. Alors maintenant qu’il savait à quel type de monstre il avait à faire, il était possible qu’il cherche à s’éloigner. J’espérais que cela n’allait pas arriver trop rapidement car j’avais encore beaucoup de questions à lui poser.

Il se présenta sous le nom de Mirko et me sourit. Il y avait quelque chose d’apaisant dans son sourire. Pour la première fois depuis longtemps, j’avais l’impression qu’on me parlait en cherchant à me connaître vraiment. Et le fait d’être vampire ne posait plus aucun désagrément.

« Et moi c’est Müss », lui répondis-je rapidement pour l’interroger ensuite, espérant obtenir le plus de réponses possibles avant qu’il ne me fuit : « Depuis combien de temps es-tu vampire ? En as-tu rencontré d’autres que ta sœur ? Tu as tué son fiancé pour la venger ? Est-ce que tu sais des choses sur les origines de cette malédiction ? Tu as des pistes pour trouver un remède ? Ou juste un moyen d’en limiter les effets ? Comment fais-tu pour vivre avec ? Tu la caches toujours ou est-ce que tu as réussi à être accepté par d’autres gens ? Comment te débrouilles-tu pour te nourrir ? D’où viens-tu ? Comment était ta vie d’humain ? Et celle que tu aimais… tu avais des enfants ? Est-ce que tu es aussi devenu plus agile et tu ne ressens plus la douleur ? »

J’étais capable de continuer comme ça toute la nuit.
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Message  Mirko Jeu 20 Aoû 2015 - 9:06

Je la comprenais, qu’elle ait transformé d’autres vampires. A vrai dire, plus d’une fois j’avais failli le faire moi aussi, et je comprenais très bien l’horrible solitude qu’elle devait ressentir. Il n’y avait pas de mal à ce qu’elle ait tenté sa chance. Par contre, pour ce qui est du bébé… Cela ne me plaisait pas du tout, et j’avais peur d’être à nouveau tombé sur un vampire sans cœur et sans morale. Mais cette femme, qui se présentait sous le nom de Müss, ne m’avait pas l’air d’être ce genre de personne. J’espérais que ce n’était qu’une erreur qu’elle ne reproduirait plus.

Elle me bombarda de questions ensuite, elle en avait beaucoup. Müss était curieuse, et certainement le fait d’avoir enfin trouvé un vampire, une personne à qui elle pouvait parler franchement, sans se cacher et sans être repoussée, devait lui donner l’envie d’en savoir le plus possible. Je pris un instant pour réfléchir à chacune de mes réponses. Je ne lui mentirai pas, pas à elle, elle semblait sincère et ces questions devaient vraiment lui tenir à cœur.

"Alors… Dans l’ordre. J’ai été transformé à 19 ans, et ça fait un peu plus de quatre ans maintenant. J’ai rencontré deux autres vampires. Le premier était ce que je pourrais appeler un ami, mais, porté par la dépression, il s’est suicidé. L’autre était sans cœur ni compassion. Je n’ai jamais vu le fiancé de ma sœur, je devais le voir au mariage… J’ai lu quelques bouquins sur le vampirisme, mais rien de bien concluant. A priori certaines théories parlent d’un vampire alpha au sang pur, comme une race à part. Impossible de savoir si c’est vrai ou non. De même son sang serait le seul remède."

Je pris un instant pour souffler, elle semblait très intéressée par mes réponses et me dévisageait un peu. Elle aussi semblait espérer un remède, mais je ne pense pas qu’il en existe un réellement.

"On ne peut pas dire que je vive avec, j’essaye de ne pas mourir, et l’espoir me maintient en vie. Je marche dans Orcande à la recherche d’une place dans ce monde. Personne qui l’ait vu ne m’a jamais accepté, j’ai toujours voyagé seul. Pour me nourrir… Je n’en suis pas fier, mais ma couverture de barde itinérant a plutôt la cote auprès des demoiselles de villages en quête d’amour… Je ne les tue jamais, je leur en prélève juste ce qu’il faut, elles en sont un peu affaiblies le jour qui suit, mais rien de plus."

J’avais peur de m’être montré trop sincère, elle avait vécu cette situation en pire. Je ne voulais pas qu’elle aussi me rejette pour ça.

"Ma vie d’humain était simple, dans un village Estanol, je travaillais pour un menuisier et je vivais seul, en attendant que la femme que j’aimais puisse me rejoindre. Je n’avais pas d’enfants, heureusement dans un sens, avec ce qu’il m’est arrivé… Ils auraient eu une vie insupportable. Et oui, je pense que c’est un effet secondaire du vampirisme."

J’avais répondu à chacune de ses questions, moi aussi j’aurai aimé la connaitre plus. A croire que sa curiosité était contagieuse. J’espérais vraiment ne pas commettre d’erreur qui me vaudrait son mépris. C'était certainement naturel de ressentir tant de curiosité envers une personne qui nous est semblable, surtout quand c'est si rare d'en rencontrer.

"Ta vie d’avant te manque ? Et toi, comment tu vis ta vie nocturne ? Tu as déjà rencontré d’autres gens qui t’ont acceptée comme tu es ?"
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Message  Müss Jeu 20 Aoû 2015 - 18:42

Il avait vécu quelques années de plus que moi en tant qu’humain, mais il était devenu vampire plus récemment. Malgré cela, il avait eu la chance d’en rencontrer d’autres.

Mon visage s’anima quand il se mit à parler de livres. Cet homme savait lire ! Nombre de bardes m’avaient parlé de ça. Ils évoquaient des lieux en ville dédiés entièrement à la lecture, des bibliothèques abritant tous les secrets de ce monde. Mirko parla de livres traitant du vampirisme. Cela signifiait que des gens avaient écrit des livres entiers sur le sujet ! Ils devaient avoir de grandes connaissances dans le domaine pour élaborer des théories sur les remèdes possibles. Mirko me faisait entrevoir de nouvelles pistes, des idées qui ne me seraient jamais venues à l’esprit. Lui à mes côtés, la lecture devenait un savoir presque accessible. Je me voyais déjà le trainer en ville et lui faire lire à voix haute tous les livres des bibliothèques.

Mirko me parla ensuite la façon dont il vivait avec cette malédiction. Il cherchait sa place dans un monde qui ne l’acceptait pas. Il exprimait à voix haute ce que je ressentais et même s’il avait l’air triste, je ne pouvais m’empêcher de sourire. Mais quand il m’expliqua la façon dont il se nourrissait, je me senti retomber sur terre. Il se nourrissait du sang de femmes aveuglées d’amour pour le personnage qu’il jouait. Certes cette fois ci, j’étais du côté du prédateur, mais je ne pouvais m’empêcher de ressentir une douloureuse compassion pour ces femmes à qui il mentait pour boire leur sang.

Il parla ensuite de sa vie d’humain, ce qui me détourna de mes pensées sombres. « Ta vie d’avant te manque ? Et toi, comment tu vis ta vie nocturne ? Tu as déjà rencontré d’autres gens qui t’ont acceptée comme tu es ? », finit-il par me demander. J’étais heureuse de voir qu’il semblait aussi curieux que moi.

« Ma vie d’avant ne me manque pas particulièrement, j’habitais un village du Royaume de Telbara, je travaillais aux champs et les jours se ressemblaient souvent. Non, ce n’est pas cette vie qui me manque, mais plutôt… le soleil. Et pouvoir être avec les gens sans avoir à mentir et sans craindre à chaque seconde d’être découverte… ça aussi, ça me manque. Maintenant, je voyage de nuit, je bois plus souvent le sang d’animaux sauvages que celui d’humains et  j’évite de parler de ma nature aux gens que je rencontre, ça m’épargne des problèmes. Une fois, des gens l’ont découvert et on m’a transpercé les poumons d’une flèche ! », sur le coup, l’évènement m’avait paru tragique mais, maintenant, cela ne me touchait pas du tout. Au contraire, j’étais contente de partager ça avec un autre vampire. « Après, c’est vrai que c’est difficile à vivre. J’avais décidé de mourir quand j’ai rencontré pour la première fois des gens qui m’ont accepté. C’était un minotaure et un arachnéen. Quand j’en ai parlé au minotaure, il est resté gentil, fidèle à lui-même. C’est quelqu’un de bon. Quand à l’arachnéen… », l’un des rares avantages à cette malédiction, c’est que je ne pouvais plus rougir. Je levais les yeux vers les étoiles pour cacher ma gêne. « Un arachnéen, ça paraît aussi monstrueux qu’un vampire. Il savait ce que ça fait de se faire traiter de monstre. Je pense qu’il voulait que je m’accepte comme je suis. Mais voyager avec un vampire était trop compliqué pour eux, alors on a fini par se quitter… Je n’aime pas trop y penser ».

Mes yeux lui souriaient, des fossettes s’étaient creusées sur mes joues. Je m’immergeais totalement dans ce sentiment d’euphorie oublié depuis trop longtemps. Mes pensées défilaient à toute allure, amorçant des tas de projets. Je me mis à penser à voix haute.

« Peut-être existe-t-il des groupes de vampires ? Des sortes de familles ? Si c'est le cas, ils ne doivent pas vivre trop loin des humains. Que disaient plus précisément ces livres dont tu as parlé ? Qui étaient les auteurs, des amis, ou par des chasseurs de vampire ? S’ils évoquent un remède, c’est qu'ils font des recherches dessus. Donnaient-ils des pistes pour trouver un vampire alpha... ? Et que se passerait-il si nous buvions le sang non pas d’un alpha mais d’un vampire normal ? ». Je m’interrompis. Sans le vouloir je m’étais mise à le regarder comme un enfant jugerait l’aspect d’un repas inconnu. Je secouais la tête pour faire disparaître ces pensées saugrenues.
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Message  Mirko Jeu 20 Aoû 2015 - 19:54

Tandis que je lui répondais, je voyais son visage s’illuminer d’une joie sincère, surtout lorsque je lui parlais des livres. Peut-être ne savait-elle pas lire ? Si tel était le cas, et si elle le désirait, je pourrais essayer de le lui apprendre en temps voulu, mais pour le moment, ce n’était pas à l’ordre du jour. Elle semblait vraiment euphorique de m’avoir rencontré, comme si elle redécouvrait la joie de parler à quelqu’un. Non, c’est aussi parce que je suis un vampire. Moi-même je sentais mon cœur un peu plus léger en lui parlant, car je ne parlais que rarement avec d’autres personnes, par peur d’être découvert.

Elle me parla elle aussi de sa vie en tant que vampire, et peu importe ce qu’elle me racontait, elle ne cessait de sourire. Et quel beau sourire ! N’importe quel humain qui ignorerait que ce charme vient aussi du vampirisme serait tombé amoureux. Et comme s’il était contagieux, je souriais moi aussi. Mes yeux brillaient un peu sous la lueur de la lune, j’en avais presque oublié le plaisir qu’on ressent à parler à quelqu’un, à force d’errer dans le monde.

Elle me parla aussi d’anciens amis. Oui, je ne le savais que trop bien, les amitiés durent rarement lorsqu’on est un vampire. Mais eux avaient eu le mérite de ne pas se montrer violents avec elle. Elle les avait appréciés de ce que je comprenais, mais comme pour tout vampire, une telle amitié, forçant à vivre de nuit, est compliquée. Je compatissais à la peine qu’elle avait dû ressentir à ce moment, et a de nombreux autres moments certainement, la même peine que je ressentais moi en me séparant de personnes gentilles.

Puis elle recommença à me bombarder de questions, elle était curieuse, et semblait maintenant portée par un engouement nouveau. J’étais heureux aussi, c’est si rare d’avoir une personne heureuse proche de soi quand on est un vampire…

Les textes sont en général écrits par des religieux, qui nous donnent plein de sobriquets pas toujours très drôles à lire. Leurs chasseurs de vampires classent les vampires en deux groupes : Les solitaires, et les familles. Les solitaires, c’est nous. Les familles sont décrites comme des groupes de vampires issus, à l’origine, d’un vampire parent. Les familles s’étendent d’après eux, et sont très à cheval sur les liens familiaux, mais restent cachées. Je ne pense pas qu’elles existent vraiment, mais des groupes de vampires… C’est possible. Pour ce qui est de remèdes, la plupart des écrits sont considérés comme faux ou blasphématoires, alors je n’en sais pas plus… Ils cherchent eux aussi un vampire alpha, car ils pensent qu’en le tuant, tous les vampires mourront, c’est comme couper la tête d’un serpent. Mais impossible de savoir s’ils existent vraiment.

Je levais mes yeux vers le ciel, la lune était déjà haute, le temps était passé drôlement vite alors que je discutais avec Müss. Je me levais donc et lui tendis la main pour l’aider à se lever, je souriais toujours, le regard brillant de joie.

Si tu veux bien, on pourrait continuer de parler en marchant. Il faudrait qu’on trouve un abri pour le jour.
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Message  Müss Ven 21 Aoû 2015 - 14:41

Mirko n’en savait pas beaucoup plus sur les remèdes existants.

Il leva la tête vers le ciel et les étoiles se reflétèrent dans ses yeux gris. La nuit laisserait bientôt la place aux mortels rayons du soleil. Il se leva pour tendre sa main vers moi. J’hésitais un bref instant, puis la saisit pour me redresser. Je ne pus m’empêcher de frissonner au contact glacé de sa peau contre la mienne. De tenaces souvenirs remontaient, mais je les chassais farouchement. Je n’étais plus une humaine et plus rien ne pouvait m’arriver.

« Si tu veux bien, on pourrait continuer de parler en marchant. Il faudrait qu’on trouve un abri pour le jour », dit-il de sa voix grave. J’approuvais et nous nous mimes à marcher le long du cours d’eau. L’air était frais et l’herbe empreinte de rosée. Nous avions fini par nous taire et nous avancions dans ce paysage, aussi silencieux que des ombres. N’était-ce qu’un rêve ? Peut être me réveillerais-je la nuit suivante aussi seule que d’habitude, l’esprit brumeux, troublée à l’idée d’avoir imaginé une telle scène.

Je progressais d’un pas assuré sur ce chemin en dénivelé. Nous finîmes par arriver face à de grands blocs de pierres. Nous aurions pu traverser la rivière, mais une entrée se dessinait entre les rochers. Il devait s’agir d’une de ces nombreuses grottes creusées dans la montagne où les nains avaient élu domicile. Des mots étaient gravés dans la pierre. J’avais vu de nombreuses autres gravures dans les horizons, j’imaginais qu’elles servaient de repère aux nains, leur donnant des indications dont je n’avais pas accès.

L’avantage et l’inconvénient des grottes, c’est qu’aucun rayon de lumière n’y filtre. On n’y risque donc rien, mais si on entre trop en profondeur, on n’y voit plus rien. Je désignais l’entrée à mon compagnon de route d’un air interrogateur.
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Message  Mirko Ven 21 Aoû 2015 - 16:34

Je la vis hésiter, et je craignais que mon geste lui fasse de nouveau peur. Puis elle saisit ma main et je la remis sur pieds. Sa peau était froide, comme la mienne. Cela faisait longtemps que je n’avais pas ressenti ces contacts sans chaleur avec un autre vampire. Debout, elle était plus petite que moi, mais nos corps à tous les deux étaient mince et élancés, et lorsque nous nous mîmes en route, je constatais que nous avions aussi tous deux des démarches similaires, aériennes et gracieuses. Pour moi, marcher de nouveau aux côtés d’un vampire était un plaisir, et Müss était sans doute la vampire que j’avais rencontré qui m’était le plus semblable.

Nous avons marché silencieusement, côte à côte, pendant un long moment, passant entre les arbres en silence. Sans même un bruissement de feuilles. Le dénivelé montagneux ne nous posait aucun souci. La rivière nous avait servi de repère, et nous l’avions suivi de plus ou moins près.

Pendant la marche, j’étais perdu dans mes pensées. Je me sentais vraiment heureux d’avoir trouvé une vampire ici, mais j’avais peur que ça se finisse mal, comme avec les autres. Je regardais Müss, qui marchait en tête, de temps à autres. J’avais peur qu’elle me distance et que je la perde de vue. Puis, toujours pris par mes pensées, je faillis la heurter quand elle s’arrêta.

Elle me montrait du doigt l’entrée d’une grotte, surement naine. Un bon abri pour la nuit, même si je craignais de voir les nains débarquer au petit jour. Le village humain le plus proche, me semblait-il, se trouvait encore à cinq bonnes heures de marche, on ne pourrait pas l’atteindre avant le jour. La regardant à mon tour, je hochais la tête pour lui indiquer mon intention de dormir ici.

Le tunnel n’était pas très haut, de toute façon, on n’avait pas à aller bien loin. Un autre tunnel perpendiculaire pas très long donnait sur un cul-de-sac. L’endroit parfait. Je me retournais et fut heureux de voir ma congénère toujours derrière moi, je l’invitais à s’asseoir elle aussi dans la galerie alors que je posais mon baluchon. Je reportais mon regard sur elle et lui souris.

"J’espère que ça te va ici. Bon, on en était où ? Ah ! Oui ! Müss, ça te dirais de faire la route à mes côtés ? Si toi aussi tu cherches un remède, et que tu es seule, autant faire la route à deux tu ne crois pas ? Je pense qu’on a beaucoup à y gagner tous les deux."

Je la voyais mal refuser, au vu de son excitation précédente, mais j’espérais vraiment qu’elle ne refuserait pas. Je préférais lui demander, d’abord pour ne pas qu’elle pense qu’elle me gêne, ce qui était loin d’être le cas, et aussi par peur de la voir partir seule, me renvoyant à ma solitude.
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Message  Müss Ven 21 Aoû 2015 - 23:39

Une faible lueur filtrait jusqu’à nous, formant un halo opalin autour de sa peau blanche.

« J’espère que ça te va ici. Bon, on en était où ? Ah ! Oui ! Müss, ça te dirais de faire la route à mes côtés ? Si toi aussi tu cherches un remède, et que tu es seule, autant faire la route à deux tu ne crois pas ? Je pense qu’on a beaucoup à y gagner tous les deux ». Je hochais la tête avec entrain, acceptant joyeusement sa proposition. Mes recherches solitaires ne m’avaient pas beaucoup avancée et ensemble nous avions plus de chance de trouver des pistes. Cela augmentait les risques de se faire repérer, mais à deux nous serions invulnérables. Et si par la suite cette alliance nous déplaisait, il nous suffirait de redevenir des chasseurs solitaires. En attendant, il avait raison, nous avions tout à y gagner. De plus l’idée d’avoir de la compagnie n’était pas pour me déplaire, bien au contraire !

« Merci », lui murmurais-je simplement.

Le sol n’était qu’un éboulis de roches peu propice au confort mais maintenant que j’avais enfin trouvé un vampire, cette couchette improvisée me semblait être la plus douillette au monde. C’était exactement là que je voulais être et nulle part ailleurs.

En temps normal, je serais resté sur mes gardes, un peu plus loin de cet homme qui, au final, restait tout de même un inconnu. Je n’aurais dormi que d’un œil, une main sur la garde de mon sabre, mais le mélange de toutes les émotions de la nuit m’acheva trop rapidement. Le soleil commençait tout juste à se lever que je m’endormais déjà, à la merci de Mirko.

***


Il s’approchait. J’étais trop faible pour le repousser et ça lui plaisait. Son rire glacial dévoila ses crocs acérés. Il me dominait de toute sa taille, appuya sa main sur mon épaule pour me plaquer au sol pendant qu’il enfonçait profondément ses dents dans mon corps. Ses mains m’immobilisaient, la douleur et la peur m’empêchaient de réagir. Et puis… plus rien. Je ne sentais plus rien. Je n’étais plus dans ce corps déchiré, j’observais la scène d’en haut. Je flottais. Quand il remarqua qu’il ne me terrorisait plus, il frappa. Excité par le goût du sang dans sa bouche, il envoya son poing à quelques millimètres de mon visage avec tant de force que les pierres explosèrent. Il voulait me faire peur, mais je ne sentais plus rien. Il frappa plus fort, encore et encore, le visage défiguré par la colère. Ce visage se transformait progressivement pour devenir celui de Mirko.


***

Je m’éveillais en sueur, haletante. Ça frappait réellement. Le martellement qui m’avait éveillé venait de plus loin dans la galerie. Je lançai un coup d’œil en direction de Mirko. Nous étions dans une mine. Les nains avaient dû se mettre au travail durant la journée. Les premiers s’étaient mis à creuser la roche à l’autre extrémité du tunnel. Nous n’allions pas tarder à nous faire remarquer…

Ce qui devait arriver arriva. Un nain mécontent se planta devant nous, les poings sur les hanches. « Bééééé ! Nom de [insulte naine non transcrivable] ! Qu’est s’vous fichtez dans s’ichite ? [grognement goguenard] Aha ! D’ach, j’ai compris ! » et il éclata de rire en faisant quelques blagues salaces à un autre nain qui, curieux, s’approchait déjà. Je n’eus pas le temps de prononcer un mot qu’un attroupement de nain se forma autour de nous, se battant à coup de phrases grasses et vulgaires pour déterminer la raison de notre présence ici. L'imagination des nains semblait sans fin...

Malgré une joute verbale acérée, ils ne parvinrent à se mettre d'accord que sur deux points : mon visage était beaucoup trop imberbe à leurs goûts et la carrure de Mirko était celle de « sté fiote d’elf’ èd bois ».

Cependant, même s'ils n'étaient guère polis, ils ne semblaient pas nous vouloir de mal.
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Message  Mirko Sam 22 Aoû 2015 - 0:25

Elle hocha la tête pour accepter ma proposition, puis me souffla un remerciement. Je ne savais pas combien de temps notre alliance durerais, mais je souhaitais qu’elle soit la plus longue possible pour ne pas avoir à retourner à ma solitude. J’étais si heureux d’avoir rencontré une autre vampire, pour le moment en tout cas, il me semblait avoir trouvé ma place dans ce monde, avec elle.

Je la regardais s’allonger sur le sol, et je m’installais moi-même non loin, mais pas trop près d’elle non plus pour ne pas la gêner. Le sol était dur, fait de roches éboulées, et au bas mot inconfortable. Pourtant, c’était là que je devais dormir ce jour. J’essayais tant bien que mal de trouver le sommeil qui se refusait à moi.

J’étais dans un état de semi-conscience quand parvinrent à mon oreille des bruits répétés. Ce n’était pas un rêve, c’était bien trop réel, bien trop proche. J’ouvris mes yeux, mes paupières encore alourdies par le manque de sommeil, pour découvrir des hommes travaillant à miner les galeries. Des nains. En regardant l’endroit où s’était couchée Müss, je la vis qui me regardait. Au moins, notre rencontre n’était pas un rêve.

Un nain s’approcha, jurant et grommelant à cause de notre présence. Il appela les autres, qui nous entourèrent. Leur discussion manquait cruellement de noblesse, les injures succédaient aux phrases déplacées et indécentes, ils se demandaient ce qu’on faisait ici. Ils trouvaient que Müss n’était pas suffisamment barbue, et que je ressemblais à un elfe des bois, au moins, là-dessus, ils étaient d’accord. Je préférais presque qu’ils me prennent pour un elfe, au moins, ils ne nous avaient pas démasqués.

Par précaution, j’avais bandé ma volonté, préparant mon froid intérieur à s’étendre à l’extérieur de mon corps. Mais même s’ils avaient l’air grossier, ils semblaient assez amicaux. Espérant qu’ils comprenaient l’humain, ce qui était fort probable, je me mis à leur parler.

"Veuillez nous excuser, on ne savait pas que c’était votre mine ici. On a fait un long voyage et on était trop fatigués pour continuer…"

Mes paroles déclenchèrent l’hilarité des nains, peu habitués à des phrases si distinguées, supposais-je. Ils se concertèrent un moment en langue naine, puis un homme, le plus costaud, se campa devant moi.

"Bah ! Si v’zetes si fatigués, z’avez qu’à rester là un peu, toi et ta femme. J’suis sûr qu’le chef d’not clan vous laissera passer la journée dans la cité. V’zavez pas l’air d’mauvais bougres !"

Je regardais Müss, d’une part gêné que le nain l’ait désignée comme ma femme, et d’autre part pour avoir son avis sur l’invitation faite par les nains. Rares sont ceux à avoir pu entrer dans les cités naines sans appartenir à cette race. Quelques marchands des autres races pouvaient y entrer également, mais seulement sur invitation, car les nains sont une race secrète et ne partagent que difficilement leurs biens.
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Message  Event Sam 22 Aoû 2015 - 9:32

Müss & Mirko

Un bruit sourd s'ajoute à celui que vous entendez déjà, provenant d'un peu plus profondément dans l'excavation servant de mine aux Nains. Il ne s'agit pas du bruit d'un outil frappant la pierre, non, plutôt celui de voix qui s'élèvent toutes en même temps. Le bruit se fait grandissant, et rapidement vous reconnaissez des cris. Des cris de Nains.

Deux Nains déboulent dans le couloir souterrain où vous êtes, menant vers l'extérieur. Ils ont l'air paniqués, et l'un d'entre eux vous crie :
« Un flagellon ! »
Un souffle glacial déferle sur les deux Nains dans leur dos, et une gangue de glace se forme sous leurs bottes, immobilisant leurs deux jambes jusqu'aux hanches. Le flagellon se montre. Il vous jette un regard, mais s'avance vers l'un des deux Nains immobilisés par la glace. Ses quatre tentacules s'étendent en s'ouvrant avant de se refermer tout autour de la tête du Nain alors que le flagellon a approché sa propre tête. Pour vous empêcher d'intervenir à temps, il tend un bras vers vous et lève un mur de glace entre vous et lui.
Vous ne pouvez qu'entendre les hurlements du Nain alors que le flagellon lui injecte son acide pour le dévorer.


Signé : Athyl
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Message  Müss Sam 22 Aoû 2015 - 14:10

Ces nains étaient de bons vivants. Même s’ils se montraient peu raffinés, voir carrément grossier, ils nous proposèrent de rester là sans nous chercher querelle. Il me fallu un peu de temps pour me réhabituer à ce genre de personne, mais je fini par me sentir bien avec eux. L’ambiance alcoolisée me rappelait celle de l’auberge où j’avais travaillé comme serveuse et cuisinière. Cela me plaisait d’être entourée de personnes qui ne me considéraient pas comme une femelle à féconder (je les dégoûtais bien trop pour cela). Ils se fichaient de qui nous étions et ça me mettait à l’aise. A chaque pause, ils buvaient de la bière naine à l’odeur forte. Ils se moquèrent évidemment de ma « petite nature » quand je refusais de boire.

Le martellement lancinant m’endormait un peu. Et puis des voix s’ajoutèrent à ce bruit. Ou plutôt des cris. Je me relevais en alerte. Il y avait quelque chose d’anormal. Deux nains passèrent à toute allure. Ils couraient aussi vite que leurs courtes jambes le leur permettaient. L’un d’eux hurla à gorge déployée qu’il s’agissait d’un flagellon.

Un coup d’œil vers la sortie me fit comprendre que nous n’avions pas le choix. Le soleil, ou le flagellon, inutile de réfléchir plus longtemps… Il fallait se battre.

La créature entra rapidement dans mon champ de vision. Elle avait la tête d’une pieuvre avec des tentacules qui se tortillaient en bas de ce qui lui servait de visage. Le reste de son corps s’apparentait à celui d’un humain, sauf que ses doigts étaient bien plus longs et se terminaient en griffes acérés. Ses muscles saillaient sous sa peau translucide et ses yeux brillaient dans la pénombre de la grotte.

L’un des nains trébucha et son assaillant s’approcha tranquillement de lui. Le nain ne bougeait pas. Son corps était immobilisé par de la glace, son souffle se transformait en bué et ses lèvres étaient violette. Ses poils se hérissaient, il tremblait de froid. Le flagellon continuait d’avancer et j’accouru pour m’interposer. Malheureusement je ne pu rien faire d’autre que de tomber lamentablement par terre puisque le sol était devenu une glissante patinoire de glace.

Le flagellon prit la tête du nain entre ses doigts effilés. Ses tentacules gesticulaient, s’accrochèrent à la barbe rousse pour remonter le long du visage de sa victime. Le nain poussa un hurlement atroce quand l’acide gicla. Son visage se mit à fondre, ses traits ne résistaient plus à la pesanteur et coulaient vers le sol. Le flagellon approcha sa bouche et aspira dans un bruit de succion immonde. Le corps du nain fut pris de soubresauts qui ne suffirent pas à briser sa prison de glace.

Le flagellon redressa la tête d’un mouvement brusque pour me dévisager. Son souffle se condensait en s’échappant de derrière ses tentacules. Le froid envahissait toute la grotte. Je me trouvais entre Mirko et le flagellon prête à nous défendre.

Les tentacules de l’aberration se levèrent, dévoilant une bouche d’où coulait la chaire fondue du nain. Il planta ses yeux dans les miens et poussa un cri strident. Sans le quitter des yeux, je fléchis les genoux et posai ma main gauche sur le fourreau de mon sabre. J’empoignais la garde de l’autre main, mais sans dégainer. Nous continuâmes à nous dévisager.

Il n’y avait plus rien au monde que lui et moi.

D’un seul coup, il couru pour se jeter sur moi. J’inspirais profondément, attendant le bon moment. Juste avant qu’il ne soit à ma portée, je dégainais d’un mouvement vif et ample. Dans le même temps, la lame de mon sabre s’allongea. J’entamais sa chaire. J’avais l’intention de le décapiter en un seul mouvement, mais je n’y parvins pas. Avec agilité, le flagellon n’avait eu aucun mal à se tourner lors de l’attaque, protégeant ainsi son cou. Ma lame coupa donc… son bras gauche.

Je n’eu pas le temps de réagir qu’il m’attrapait déjà le bras de sa main valide. Je fis volontairement passer la lame de mon sabre à l’intérieur de mon corps pour la faire ressortir à l’endroit exact où il me tenait, si bien que sa main fut transpercée. Cependant je n’avais pas fait attention à sa bouche. Il m’avait déjà craché son acide en pleine face. Je reculais brusquement. Je ne voyais plus rien, j’approchais mes mains de mon visage et… Quelle horreur ! Il était en train de fondre !
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Message  Mirko Sam 22 Aoû 2015 - 15:13

Nous sommes restés une partie de la journée, pendant laquelle j’aurai bien aimé dormir, avec ces nains qui parlaient fort et usaient de nombre d’injures et de phrases salaces. C’étaient de bons vivants, sympathiques et qui, pour le moment, ne s’intéressaient pas à notre race à Müss et à moi. L’on passa un bon moment avec eux, non loin de leur tunnel de sortie où je voyais filtrer les rayons meurtriers du soleil que je reverrais sans doute jamais. Leur bière avait un goût fort, et de toute façon je ne pouvais la boire à cause de ma condition, alors ils disaient que je n’étais pas un homme. Si ils savaient…

Puis, venant de plus profond, des voix fortes, surement d’autres nains, s’élevèrent. Que pouvait-il bien se passer de si drôle pour qu’on les entende jusqu’ici ? Je tendis l’oreille, et fus frappé d’horreur. Ce n’étaient pas des rires, c’étaient des cris qui se rapprochaient. Ils hurlaient à tout va, et en passant près de nous, ils prirent à peine le temps de nous donner la raison de cette agitation. Flagellon.

Les autres nains qui étaient avec nous fuirent, nous demandant de les suivre. Je regardais derrière moi, le soleil était toujours là, même si sa lumière déclinait. Je regardais de l’autre côté, toujours rien ne venait, à part des cris. Puis je regardais Müss, qui semblait aussi hésitante que moi.

Il apparut, un flagellon, de ce que j’avais pu lire dans des ouvrages, il maitrisait la magie de glace, lui aussi. J’en eus la preuve lorsqu’il gela deux nains. Un corps humanoïde surmonté d’une tête de pieuvre, son crâne bulbeux semblable à de la gelée. Il était aussi fort, ses muscles saillants en attestaient. Il se rapprocha de l’un des nains, entoura son crâne de ses tentacules, et dévora tout bonnement le pauvre mineur. Il n’y avait pas le choix, se battre contre lui était la seule option, la seule chance de survie pour nous qui ne pouvions pas nous réfugier dehors.

Avant que je puisse faire quoi que ce soit, Müss était debout, entre le flagellon et moi. Je me saisis de mon épée à deux mains et préparais l’enchantement de givre. D’un autre côté, je craignais pour mon amie, je devais me dépêcher pour l’aider. Mais tout se passa trop vite. Il la chargea, et le sabre de Müss… s’allongea ? Je n’avais jamais rien vu de tel, la matière de son arme semblait obéir à la volonté de la vampire, qui se battait avec une grâce féline. Elle tenta d’en finir vite, mais le flagellon recula et évita la décapitation en perdant son bras gauche. La lame disparut alors que le flagellon se saisit de Müss, et réapparut en tranchant dans la chair de la main restante, mais il lui jeta quelque chose au visage. Müss se désengagea, l’échange avait duré à peine plus d’un battement de cœur. Elle toucha son visage, que je ne voyais pas. Mais elle semblait horrifiée.

Les mots de mon incantation sortirent à une vitesse encore accélérée par la situation délicate de mon amie, et soudain, ma lame se mit à générer de la brume, preuve qu’elle était maintenant plus froide encore que la glace. Je ne pourrais certainement pas faire ressentir le froid au flagellon, pas plus qu’il ne le pourrait pour moi, mais le gel était lui bien réel physiquement.

Il s’approchait de Müss, blessée, qui ne semblait plus en l’état de combattre. Une brume sombre enveloppa ma main gauche alors que je chargeais, et je projetais un tir de ténèbres vers la créature. Elle encaissa sans grande difficulté mais fut forcée de reculer sous l’impact, me laissant la place pour me camper devant Müss, décidé à la protéger. Je n’étais pas gêné outre mesure par le givre au sol, car je me battais souvent avec cette même arme pour déstabiliser mes ennemis.

Le flagellon émit un bruit de mécontentement, je me dressais entre lui et sa proie et cela ne lui plaisait pas. La créature ne tenta pas de me geler, elle devait avoir compris que moi aussi je connaissais son petit tour. Elle se déplaça avec une célérité impressionnante et tenta de me frapper de sa main valide. J’esquivais avec un léger temps de retard, mais j’étais plus focalisé sur sa bouche que sur sa main griffue et d’un revers de lame, dirigé vers son crâne, je le forçais à reculer de nouveau. Ma lame enchantée pouvait générer du givre, utile pour bloquer les joints des armures par exemple. Ici, cela semblait inutile, car le flagellon ne portait que des habits de tissu.

Je préparais un second projectile de ténèbres et visais sa tête, il esquiva rapidement, mais ce n’était qu’une diversion. Je fonçais droit sur lui et plantai ma lame dans son torse, manquant malheureusement le cœur. Mais ma lame fit son effet, et le givre commençait à se former autour de la plaie, et certainement dans son corps aussi. Il devait bien être vulnérable de l’intérieur, et une minute, peut être deux, devraient être suffisantes refroidir assez son cœur pour le tuer. Sauf que je n'avais pas tout ce temps.

Il me laboura le dos de sa main valide et griffue, et avec une force incroyable me projeta contre une paroi. Je la heurtais lourdement et ma vision se troubla. J’avais lâché mon arme. J’étais sonné et j’essayais tant bien que mal de me relever.


Dernière édition par Mirko le Dim 23 Aoû 2015 - 9:56, édité 1 fois
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Message  Müss Sam 22 Aoû 2015 - 16:57

J’avais lâché mon sabre quand l’acide m’avait atteinte. Je ne voyais plus rien du tout. Avais-je encore des yeux ? La sensation que faisaient les morceaux de visage coulant entre mes doigts était insupportable.

J’entendais Mirko se battre. Il prononça une incantation et le froid devint encore plus mordant. Je notais le bruit d’une épée qu’on dégaine, celui d’un projectile qui éclate, leur respiration haletante et les coups qui pleuvaient. Et tout d’un coup, juste à côté de moi, le bruit sourd d'un corps contre les rochers. Une épée qui tombe, un gémissement.

Mirko… Oh non ! Il n’allait pas tuer celui que j’avais cherché des années durant… Pas Mirko !

A quatre pattes, je me dirigeais vers le vampire à l’aveuglette, les mains tendues devant moi. Mes doigts se posèrent sur sa tête. A peine sentis-je la douceur de ses cheveux que le flagellon m’attrapa par la cheville pour me tirer en arrière. Je tentais de me retenir à quelque chose, mais sa force dépassait largement la mienne, si bien que je me retrouvais suspendue en l’air, la tête vers le bas. Les tentacules du flagellon entourèrent ma jambe et je sentais sa bouche s’ouvrir autour de mon mollet, prête à me dévorer vivante. Sa salive n’allait pas tarder à faire fondre mon membre.

Mais en attendant, j’avais accès à sa tête.

Telle une mouche prise dans un toile d'araignée, je gesticulais à la recherche de mon sabre.

« Mirkooooooo ! Hurlais-je sans savoir où il se trouvait, ni même s’il était conscient ou non, Mirko ! Transperce-moi avec mon sabre ! »
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Message  Mirko Sam 22 Aoû 2015 - 17:42

J’étais allongé au sol, à demi conscient. J’avais certainement des côtes cassées mais je ne ressentais pas la douleur. C’est un contact qui me tira de l’inconscience, un contact froid. Pas celui du flagellon, mais la douceur de doigts dans mes cheveux. Müss ! J’ouvris les yeux avec difficulté, essayant de calmer le battement dans ma tête. Müss, son visage… était défiguré ! Ce n’est pas de l’horreur que je ressentis à ce moment, mais la crainte que ces blessures ne guérissent pas, je ne connaissais pas les limites de la régénération des vampires. C’était horrible à contempler, et je sentis des forces nouvelles en moi, une haine profonde envers le flagellon qui avait infligé ça à mon amie.

Il la saisit et la leva sans que je puisse la retenir, elle m’échappa, pas question qu’il prenne une de mes congénères, pas question qu’il la prenne elle ! Il l’avait levée au niveau de son visage, mais elle n’avait pas son arme. Elle m’appela, avec un mélange d’espoir et d’urgence. Je vis son arme, un magnifique sabre, qui reposait plus loin. Je rampais et l’agrippais hors de la vue du flagellon. Je pourrais tenter quelque-chose. Plus loin, mon arme reposait au sol, prise dans une couche de givre qu’elle avait elle-même formé sur la roche. L’enchantement était toujours actif.

"Mirko ! Transperce-moi avec mon sabre !"

En l’entendant, je me refusais à faire ça. Puis je me forçais à réfléchir à son affrontement avec le flagellon. Son arme avait intégré son corps ! Je pris l’arme à deux mains, forçant sur mes membres pour me lever, et avec la force du désespoir, avec l’espoir de ne pas perdre Müss si tôt, je plongeais le sabre dans son corps.

Le flagellon me remarqua alors et tenta une nouvelle fois de me balayer, mais je plongeais sous son bras, agrippant mon arme et tirant pour la libérer du givre. Je regardais Müss, le sabre toujours plongé dans son corps, priant pour qu’elle s’en sorte.
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Message  Müss Sam 22 Aoû 2015 - 21:04

Mirko n’était pas mort ! Il s’était emparé de mon sabre. Je le sentais. Il me revenait. Et puis… il m'empala. La lame se fondait dans mon corps pour devenir une partie de moi-même. Je la maîtrisais de la même façon que je maîtrisais mon propre corps.

Durant ce laps de temps, le flagellon éloigna sa tête de ma jambe. Mirko avait attiré son attention en m’embrochant. L’aberration me tenait à bout de bras, gesticulant en tout sens. Je devinais qu’il se battait contre Mirko.

Il avait l’air affaibli. J’ignorais que la blessure que lui avait infligée Mirko avant qu’il ne soit projeté contre la paroi se propageait. Le givre s’étendait dans sa poitrine, envahissait ses poumons et atteindrait bientôt le cœur. L’aberration s’essoufflait.

Dans l’immédiat, je n’avais plus accès à sa bouche, et je me débattais tant bien que mal en envoyant de furieux coups de pieds dans le vide. Je fini par faire sortir la lame là où il me tenait, la déformer pour remonter le long de son bras jusqu’à sa poitrine. Mais il réagit trop vite, je ne pu atteindre son cœur. Il lâcha ma jambe. Le flagellon avait voulu s'éloigner de mon arme, mais il ne pu sauver son second bras qui, entouré par ma lame se retrouva découpé à son tour.

Je tombais au sol la tête la première. A moitié assommée, je me relevais avec difficulté.

J’ignorais ce qu’il se passait entre Mirko et le flagellon devenu manchot. Notre attaquant pouvait encore cracher son acide, mais il perdait du sang, et sans ses bras il devenait moins dangereux. De plus la magie de mon allié continuait d’agir et le givre s’étendait, figeant son sang à l’intérieur de ses vaisseaux, bouchant ses poumons, paralysant son cœur… Bientôt il n’allait plus pouvoir respirer. Que ce soit l’hémorragie provoquée par mon sabre, ou l’étouffement dû au gel, il finirait bien par mourir. Mirko continuait-il à se battre ?

Les bruits diminuaient, mais je ne voyais toujours rien. J’appelais Mirko d’une voix faible, me demandant s’il s’était évanoui ou s’il était toujours conscient. Je ne m’imaginais même pas qu’il puisse être mort.

Et, ce n'était pas vraiment le bon moment, mais je pris conscience de mon visage défiguré. L’avait-il vu ? Je chassais cette pensée dérangeante de ma tête et rabattis ma capuche sur ma tête afin de la dissimuler. J’avançai à tâtons en direction de Mirko. Mes mains rencontrèrent nos affaires étalées un peu partout sur le lieu de bataille. Je ne pu m’empêcher de prendre un morceau de tissus traînant par terre pour l’enrouler sous ma capuche, autour de mon visage, et en même temps, je continuais à chercher Mirko dans le noir complet, murmurant son prénom avec une certaine angoisse.
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Message  Mirko Sam 22 Aoû 2015 - 22:39

Je forçais sur le givre qui maintenait ma lame clouée au sol, et il finit par céder. Avec difficulté, la vision toujours un peu troublée, je me relevais alors que le flagellon était aux prises avec Müss qui se débatait. La vision de son visage me troublait, et j’espérais qu’elle retrouverait son doux visage plutôt que la face défigurée qu’elle abordait à présent. Soudain, son sabre intégra son corps et ressortit sur sa jambe où le flagellon la tenait. Il ne dut qu’à un réflexe incroyable de ne pas avoir le cœur perforé, mais il perdit son autre bras, et Müss tomba au sol lourdement et cessa de bouger.

La créature porta son regard sur moi, ses yeux laiteux me scrutant. Il reporta alors son regard vers mon amie, comme s’il me jugeait trop blessé pour continuer le combat. Pour un humain, peut-être son raisonnement aurait-il été exact, pour un vampire, ces blessures n’étaient pas si handicapantes. Alors qu’il voulait se saisir d’elle à nouveau, avec ses appendices faciaux, je me jetais sur lui et enfonçais ma lame plus près de son cœur encore. La plaie commença à se givrer.

Le flagellon enserra mon crâne de ses tentacules, comme pour l’écraser, la pression devenait insoutenable. Puis, tout s’arrêta, et l’emprise autour de ma tête se desserra. Je pensais un instant être mort, puis je compris que le givre avait pris sur le coeur de la créature immonde. Le corps de l’aberration tomba mollement, et moi avec, incapable de me tenir debout. Ma vision était trouble, je voyais très mal.

Puis j’entendis une petite voix s’élever. La voix de Müss qui m’appelait. Je lui répondis, et fus surpris d’entendre ma voix brisée et aussi peu forte. Je tournais mon regard en tous sens, jusqu’à apercevoir une silhouette qui ne pouvait qu’être celle de Müss. Je rampais difficilement jusqu’à elle. Elle semblait aveugle et ne me vis pas arriver, alors je passais mon bras derrière son dos de manière apaisante.

"Je suis là Müss, je suis là…"

Elle avait masqué son visage, je la comprenais. Peut-être emporté par l’émotion du moment, je la serrais doucement contre moi pour la rassurer, car elle paraissait effectivement aveugle. Je m’assis, la tête me tournait, mais nous étions vivants elle et moi, c’est tout ce qui m’importait.
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