Des idées plein la tête et des muscles plein les bras

Le soleil était haut dans le ciel. Pour Kama, c'était plus ou moins étonnant. D'ordinaire, quand il arrivait en ces lieux, il lui restait du temps avant le zénith. Avait-il dormi plus que de raison, cette fois-ci?
Il était plus ou moins habitué à venir ici. Il ignorait la fréquence réelle de ces visites, mais il se doutait bien qu'une fois par semaine était un bon début. Pour lui, se recueillir à cet endroit était important. Pas pour lui, non, mais pour elle.
Elle. Syrianelle... Combien de temps s'était-il écoulé depuis ce jour, il l'ignorait, tout comme il avait cessé de compter ses visites. C'était ici qu'il avait rendu à l'eau le corps de celle qu'il aimait, et même si ça n'avait peut-être pas été la démarche à suivre, il ne regrettait pas sa décision. Il était persuadé que la famille de son aimée avait retrouvé le corps et lui avait rendu les derniers hommages. Hommages qu'il n'avait pas pu lui rendre lui-même, et cet état de fait l'attristait. Assister à la mort d'un proche sans pouvoir rien y faire est une expérience traumatisante, et notre ami ne la souhaitait à personne, sauf bien sûr à tous ceux qui, il le savait, voulaient du mal à leur prochain...
Le lieu était calme, comme à l'accoutumée. Comme toujours, rien ne pouvait perturber la sérénité qu'il ressentait. Il savoura le rayon de soleil sur son visage, il écouta le silence, et il y trouva repos et calme, comme à chaque fois.
Après un regard rapide autour de lui, il prit place sur la souche proche de l'eau, comme il avait l'habitude de le faire. Il repsira quelques secondes, comme pour un rituel dont lui seul avait le secret...

-Ça fait combien de temps?

Il ne s'adressait à personne en particulier. A personne de vivant, s'entend. Il était persuadé qu'elle l'entendait. Il lui parlait comme si il faisait la conversation à une amie, rien de plus.

-Tu sais... T'oublier est impossible, et pourtant... La vie continue, c'est toi qui l'a dit... Ça ne te dérange pas de savoir que la vie continue sans toi?

Bien sûr, il n'y avait pas de réponse, et pourtant, il continuait.

-J'espère que tu ne m'en veux pas... Là où tu es, je ne peux pas te voir, ni t'entendre, mais je sais que tu es là, quelque part... Et que même si tu es hors d'atteinte, tu resteras là...

Il savait pertinemment qu'i pouvait paraître ridicule, mais il poursuivait. Ces visites étaient pour lui l'occasion de se vider le cœur, après tout...

Quand enfin il eut terminé, il se redressa. C'est à ce moment, et uniquement à ce moment, qu'il ressentit une présence. Quelqu'un l'épiait, là, quelque part. Poings serrés, le Tigrain se tourna vers la présence en question.

-Je ne sais pas qui vous êtes, mais vous avez tout intérêt à sorti à la lumière si vous tenez à la vie!

Voilà un long moment que je marchais pour mener ma croisade. Ces derniers temps, j’explorais les campagnes et les villages après avoir appris mon nouvel art. Sûr ma route, de nombreux esclaves en Estandre étaient mal mener par leur tortionnaire de maître. Comme je l’avais prévu, je les libérais. Que ce soit un séladien, un demi-sang, un tigrain ou autre espèce, j’humiliais leur maître en le faisant tomber dans la boue ou le faisant pleurer, si je ne les tuais pas. Ensuite, je brisais les chaînes de ces pauvres malheureux, les laissant aller retrouver la liberté dont ils furent séparés. Par contre, quand il s’agissait d’humains asservis, j’avais quelques réserves. Ayant une grande rancœur envers cette espèce, je leur venais en aide avec une grande résignation. En tout cas c’était bien beau d’accomplir toutes ces libérations et combattre ces ordures d’esclavagiste. Mais je devais faire face à la réalité, j’étais tout seul, un seul centaure contre tout un royaume, contre tout un système englobant le continent devrais-je dire. Je pourrais m’entraînais encore longtemps si je le voulais, faire tomber des esclavagistes dans les villages et les domaines isolé… Tout cela ne représenterait qu’une goutte d’eau dans l’océan. Une peine perdue d’avance ? J’aurais voulu faire tomber fort hybride, le symbole de l’humiliation centaure. Mais beaucoup des miens étaient en doctriner, et malgré ma soif de vengeance et de liberté, je ne voulais pas risquer les vies d’innocent. Je voulais qu’ils soient tous libres.

En parlant d’Océan, je me souvenais de celle qui m’avait sauvé de la noyade et qui avait guéri mes blessures. Je ne savais pas vraiment ce qu’elle était, une sirène ? Une dryade ? Une déesse ? Ou autre chose ? Je sentais un fort lien entre elle et moi et sans trop savoir pourquoi, j’étais persuadé qu’elle pourrait m’aider. Ayant eu le pouvoir de guérir, elle pouvait avoir bien d’autre pouvoir. Et puis, pouvoir mieux la contempler me ferais bien plaisir, si j’arrivais à la revoir. Je pris donc la route, menant là où j’avais connu ma seconde naissance. Il me faudrait traverser la forêt de Lagisse avant d’atteindre les cotes. Mon voyage dura plusieurs jours avant d’arriver dans cette forêt. C’était ici que j’avais croisé un druide une fois. Il m’avait parlé et enseigner sur certains domaines de magie, mais c’était avec quelqu'un d’autres qui m’apprit la magie de combat. Tout le voyage se passa dans le calme, malgré le fait que je sois sur le territoire Estandre, je n’avais connu le moindre problème. Pas un seul humain en vue, comme si tout le royaume fut désert et ce n’était pas plus mal. Je chassais et manger ce que je trouvais et m’abreuvais auprès des cours d’eau sur ma route. Dans la forêt, l’air était frais et la verdure des arbres m’apaisait. Je continuais ainsi jusqu’à arriver dans une belle grande clairière.

C’est alors que je vis quelqu’un dans cette étendue dégager. En réalité, c’était plus à la sortie de la forêt je dirais. Au loin, je vis quelqu’un assit. Croyant qu’il s’agissait d’un humain, je me cachais derrière les arbres et me mis à l’observer. Je voulais savoir si oui ou non, il s’agissait d’un humain et s’il était dangereux. De ce que je voyais, il était assis et calme, profitant du soleil et de l’air frais. Je n’entendis pas ce qu’il disait, ni ce qu’il faisait. Encore moins s’il faisait quelque chose. Avec un peu d’attention, je découvris qu’il s’agissait d’un tigrain. Il me semblait de loin imposant avec sa grosse armure sur le dos qui brillait. Sans doute un guerrier ou un mercenaire, peut-être même un bandit. Je préférais évitais le combat et le contourner. Soudain, le tigrain se tourna vers moi et rugissait :

Kama Praetor - Je ne sais pas qui vous êtes, mais vous avez tout intérêt à sorti à la lumière si vous tenez à la vie!

Visiblement, il m’avait senti. Les félins étaient de bons chasseurs et pouvaient détecter une proie à plusieurs mètres selon l’espèce. Comprenant que je ne pourrais pas l’éviter, je dus me résoudre à lui faire face. Je m’assurais que mes armes étaient bien là. Mes lances n’avaient pas bougé dans mon dos et ma faucille de guerre était bien attacher à ma ceinture. Je choisissais cette dernière pour me défendre si le tigrain désirait m’attaquer. Retirant l’arme de son fourreau, je sortais de ma cachette, arme au poing. Je fixais ce guerrier d’un air menaçant pour ne pas me laisser m’intimider.

Tecowaka – Me voici Tigrain.

Kama n'avait pas peur de grand-chose, et encore moins d'un combat, fut-il déloyal. Quand bien même son adversaire aurait été une armée entière, il aurait fait tout ce qui est en son pouvoir pour la vaincre. Et dans le cas hautement défavorable où il serait réellement submergé, eh bien... il se contenterait probablement de vendre chèrement sa vie.
Dans l'instantanéité du moment, il oublia tout ce qu'on lui avait enseigné. Sa garde était franchement baissée, ce qui était très peu souhaitable quand on savait les dangers que pouvait courir l'aventurier moyen dans un tel endroit. Après tout, l'endroit était reconnu par les plus superstitieux comme recelant de nombreuses espèces, tout particulièrement d'araignées, certaines toutes plus venimeuses les unes que les autres...
Réalisant son état, Kama se concentra. Après tout, d'ici quelques instants, un combat débuterait peut-être..
C'est le moment que choisit l'invité surprise pour quitter l'ombrage des arbres... Que les dieux, qu'ils existassent ou non, soient loués, ce n'était qu'un centaure... De fait, le tigrain était sur leur territoire, certes, mais... Seulement, il avait toujours été habitué à rencontrer des centaures voyageant en groupe... Dans le doute, et ne voulant pas s'attirer d'ennuis, il s'adressa à cet inconnu dans un centaurique presque parfait.

-Je ne suis pas armé, monsieur, mais je sais me défendre. je ne veux pas me battre, et je pense que vous non plus, mais si vous ne rangez pas cette arme, il y aura un blessé!

...Et ce ne serait pas moi lui hurlait ton orgueil, mais il n'eut pas la vanité de l'ajouter. De fait, il était prêt à se battre. Mais étant donné qu'il préférait dialoguer pacifique. C'était une manière comme une autre de montrer qu'il souhaitait un minimum de cordialité...et pour cela, le centaure devrait ranger son arme.

-Je viens souvent ici, mais je dois admettre que je suis étonné de ne pas vous avoir rencontré auparavant... Nous serions-nous déjà croisés sans que je le sache?

Kama Praetor - Je ne suis pas armé, monsieur, mais je sais me défendre. je ne veux pas me battre, et je pense que vous non plus, mais si vous ne rangez pas cette arme, il y aura un blessé!

Il s’adressait à moi dans un dialecte centaure plus que convenable. Je fus bien surpris de voir que quelqu’un qui n’était pas centaure, ce soit donner la peine d’apprendre notre langue. Surtout sur ces terres grouillantes de peuples xénophobe qui chacun voyait sa race au-dessus des autres. Un bon point pour ce combattant tigrain. Mais allez savoir pourquoi il avait appris ma langue, ce n’était pas forcément par sympathie. Un esclavagiste qui la parlerait pour communiquer avec sa « marchandise » ? Grosse possibilité.

Kama Praetor - Je viens souvent ici, mais je dois admettre que je suis étonné de ne pas vous avoir rencontré auparavant... Nous serions-nous déjà croisés sans que je le sache?

Il usait de la parole et non de ses poings et griffes. En voyant un tel imposant guerrier, n’importe qui aurait cru qu’il s’agirait d’un bourrin qui n’aurait pas tardé à frapper. C’était ce que je pensais au début, une sorte de berserk qui anéantirait tout sur son passage. Ah moins que ce ne soit qu’un aventurier ou un brigand isolé qui aurait un minimum de jugeote. Peu importe ce qu’il était, j’étais tout aussi un guerrier entraîner aussi bien dans l’art de la guerre que celui de la magie, combiné en plus par ma colère, je savais que je pouvais surmonter n’importe quel défi. Mais ce n’était pas une raison de se lancer dans le conflit en premier, ce serait une erreur fatale. J’hésitais à ranger mon arme, de peur qu’une fois retourné dans son fourreau, il se lancerait sur moi, me laissant que peu de temps pour contrer. Je restais donc en garde pour l’instant, les yeux fixer sur lui.

Tecowaka – Contrairement à toi, je ne viens que rarement dans cet endroit et à juste titre. Tu dis venir ici souvent ? N’as-tu pas peur des hauts elfes qui vivent ici ?

Et oui, j’avais oublié au début ce détail, mais nous étions en plein sur leur territoire, et ses présomptueux avaient un égo bien plus énorme que celui des humains, nous trouver ici les irriteraient fortement et chercheraient à nous le faire payer. Voilà pourquoi je trouvais étrange que ce tigrain puisse aller et venir ici, sans s’y’ inquiéter, et s’il disait être en paix avec eux, j’aurais bien du mal à le croire.

Kama comprenait l'appréhension de son interlocuteur. Il était parfaitement conscient que certains Tigrains perdaient tout discernement devant la perspective d'un affrontement, comme un enfant cesse de réfléchir dès qu'il est question de manger des gâteaux...
Mais il se savait fait d'un autre mortier que celui-ci... Non seulement il ne levait pas la main sur qui que ce soit sans une bonne raison, mais il avait de plus l'avantage de préférer la diplomatie quand c'était possible, même s'il était infiniment plus redoutable avec ses poings qu'avec des mots...
La réticence du centaure était compréhensible. De fait, personne ne voulait se trouver désarmé face à un Tigrain en armure lourde qui pouvait potentiellement tuer pour survivre...
Visiblement, le fait qu'un Tigrain puisse dialoguer dans sa langue natale le perturbait tout autant que le fait qu'il ne l'ait pas encore attaqué. L'expression de Kama se mua en une parodie de sourire alors qu'il laissait échapper un rire rauque.

-Ha ha ha... Tu joues la prudence? C'est toujours un point pour toi... Mieux vaut garder son adversaire à la merci de sa lame plutôt que de le laisser se faufiler dans votre dos, n'est-ce pas?

Question purement rhétorique, à laquelle le centaure répondit pourtant, mais pas de la façon à laquelle on aurait pu s'attendre. Non, il posa des questions sur une peur potentielle, ce à quoi Kama laissa échapper un rire plus "humain"

-Ha ha! Les Elfes? Ils savent que je suis ici, et il ne m'aiment pas, je le sais... Tu veux que je te dise? Grand bien leur fasse! Cela fait je ne sais combien de temps que je viens ici, et je ne les ai jamais vus, jamais...

Et c'est avec son étrange sourire animal qu'il haussa les épaules en secouant légèrement la tête.

-Je me sais capable de venir à bout d'un Elfe, quoi qu'ils puissent en dire, le prochain qui passe ne sera pas le premier à mourir des mains de ma race, et...

Il balaya l'ensemble de la forêt du bras.

-Le pire, c'est qu'ils en sont conscients, ces imbéciles! Mais non, ils jouent les élites... C'est d'une tristesse...

Il se tut et regarda ses pieds pendant quelques instants, comme s'il réfléchissait. Mais c'est sur un tout autre sujet qu'il reprit la parole en se tournant vers le centaure.

-Et pour commencer, je dois avouer que même si j'ai une excellent mémoire, je ne me rappelle pas avoir pris connaissance de ton nom... Aurais-je l'honneur de le connaître?

Le tigrain se mit à rire à ma question. Il devait avoir une sacrée assurance ou être bourrin pour rire de la menace des hauts elfes.

Kama Praetor -Ha ha! Les Elfes? Ils savent que je suis ici, et il ne m'aiment pas, je le sais... Tu veux que je te dise? Grand bien leur fasse! Cela fait je ne sais combien de temps que je viens ici, et je ne les ai jamais vus, jamais...

Il n’avait pas peur de ces prétentieux. Etait-il fou ? Il était certes impressionnant avec sa carrure et son armure, mais s’il devait faire face à une troupe d’elfe, je doutais qu’il en rirait encore.

Kama Praetor - Je me sais capable de venir à bout d'un Elfe, quoi qu'ils puissent en dire, le prochain qui passe ne sera pas le premier à mourir des mains de ma race, et...

Il balaya la forêt de son bras.

Kama Praetor - Le pire, c'est qu'ils en sont conscients, ces imbéciles! Mais non, ils jouent les élites... C'est d'une tristesse...

J’étais d’accord de dire que les elfes étaient des présomptueux, se prenant pour des rois ou des dieux même alors qu’ils n’avaient aucune raison de se penser si « supérieure », mais ils restaient de redoutable guerrier. Un seul d’entre eux pouvait venir à bout d’une troupe humaine, il pouvait rivaliser avec l’adresse d’un centaure et leur force était incroyable. Aussi soit fort ce tigrain, face à un elfe ou un groupe, il allait en baver, ça s’en était sûr. En réalité, ce guerrier avait un ego tout aussi énorme que ces derniers. J’aurais bien voulu le voir au combat contre l’un d’eux, histoire de rigoler et lui faire ravaler sa fierté.

Kama Praetor - Et pour commencer, je dois avouer que même si j'ai une excellent mémoire, je ne me rappelle pas avoir pris connaissance de ton nom... Aurais-je l'honneur de le connaître?

Ah oui, je ne lui avais pas encore communiqué mon nom. Et je n’avais pas trop envie de le lui dire. Ce guerrier, avait plus le comportement d’un mercenaire qu’un « valeureux combattant ». Au moins, il n’avait l’air d’un bandit. Oh après tout, il savait parler le centaure et que risquais-je si je lui indiquais mon nom ? Ce ne sera pas avec cette information qu’il me nuirait. J’étais sans chez-moi, errant de terre en terre sans chemin prédéfini, me connaître de ne l'avancerait pas d’avantage :

Tecowaka – Je me nomme Tecowaka.

Mon arme restait toujours dégainer. On n’était jamais à l’abri d’une mauvaise surprise, mais je l’avais un peu baissé. Je m’attendais qu’en retour, le tigrain daigne me donner son identité également. Je ne le connaissais pas non plus. Mais vue son côté un peu « vantard », il était possible qu’il me donne son nom et qu’il en profite pour narrer quelques exploits contre tels ennemis ou quêtes bien remplis. En y réfléchissant, il n’y avait pas beaucoup de différences entre un mercenaire et un guerrier, en réalité, ils étaient très proches. Mais je me disais aussi, que si ce tigrain était ainsi, il serait plus jovial et « amicale » que l’on pourrait le croire. À moins de recevoir un sale coup de poignard dans le dos, il ne devrait être une menace.